mer.

12

déc.

2012

Inde, conclusion : nos impressions

Ca y est, une destination de plus. Presque un mois dans ce pays particulier, qui ne ressemble à aucun autres, qui n'est ni en Asie, ni au Moyen-Orient, et au carrefour de tellement de choses qu'on le nomme sous-continent. Nous comprenons pourquoi en étant venu ici. Le temps de faire un bilan, à chaud, et d'alimenter votre imagination, en essayant de résumer ce que nous ressentons.

 

Sans parler de la rue, après avoir essayé à peu près tous les types d'hôtels (guesthouses, hôtels moyenne gamme ou haut de gamme), la notion de propreté est ici toute relative. Vous le saviez, mais c'est clairement quelque chose qui vous interpelle dès vos premiers pas sur le sol indien. Encore une fois, en dehors des rues et des choses que vous avez peut-être lues dans nos articles, ou vues sur les photos/vidéos, l'eau pour laver un hall d'hôtel n'est pas changée entre le début et la fin - alors que le hall est sacrément sale et grand - les toilettes sont rarement propres (sauf dans le palace), surtout, les mains se salissent à une vitesse impressionnante (car tout ce que vous touchez généralement est sale, dans le sens où il y a beaucoup de poussière dessus, ou autre...). Bref, ce n'est pas un mythe ni un cliché, mais une réalité. L'Inde est plus développée que le Népal, un des pays les plus pauvres au monde (peu de routes goudronnées, aucune infrastructure... d'ailleurs, les népalais viennent travailler en Inde, pas le contraire), mais tout aussi sale que Katmandou, et dans la campagne, plus que celle du Népal pour ce que nous avons vu. En outre, il ne se passe pas 5 min sans odeurs nauséabondes. Les hommes urinent partout et tout le temps. Les enfants de moins de 5 ans sont souvent nus ou les fesses à l'air. Paradoxalement, les indiens sont, ou ont l'air, propres sur eux. Dans les campagnes, nous les avons souvent vus se laver, alors qu'ils n'ont rien et que tout est sale autour. Les gens ne sentent pas mauvais, ce qui pourrait être le cas étant donné ce que nous disons. En fait, c'est l'environnement qui est sale, et les comportements. Une forme de paradoxe qui nous a souvent interpelés.

 

Les couleurs sont partout également. Les femmes sont ornées, portent des saris de toutes les couleurs, car elles ont refusé il y a longtemps de porter des burkas noires ou de s'effacer. Elles ont le ventre nu aussi. Nombreuses sont celles qui sont complètement voilées, mais c'est un tissu coloré et un peu transparent qui couvre leur tête, pas un vêtement sombre et d'un seul tenant. Cela rend donc les rues gaies, d'une certaine manière, et la vie vous saute aux yeux.

 

Nous avons ressenti une grande diversité, dans les religions, les comportements, les attitudes, les lieux, les discours... mais aussi, parallèlement, une forme d'unité, que nous n'avons jamais ressentie ailleurs. Diversité et unité sont les deux mots qui résument le mieux le pays, à notre sens.

 

Nous n'avons pas trouvé les indiens très polis, cela nous a surpris. Quand vous prenez une photo, la seule personne autour ne pense même pas à s'arrêter pour que vous puissiez faire votre cliché. Quand vous faîtes la queue, deux ou trois personnes essaient de passer devant vous, en vous bousculant ou en se serrant contre vous, comme dans un musée ou au guichet du métro par exemple. En revanche, tout le monde s'arrête pour vous aider, vous venir en aide. Les indiens sont de toutes façons très curieux. Au cinéma, en prenant notre place, l'indien avant nous a fait en sorte que nous soyons assis à côté de lui afin qu'il nous explique le film. Nous racontons aussi dans un des premiers articles la rencontre avec cet étudiant indien en arrivant à Delhi par le train, il y a trois semaines, avant de partir pour Agra. Tout est dit.

 

Nous avons eu le sentiment qu'ils profitent un peu de notre gentillesse, ou bon fond, parfois. Pas toujours mais parfois, au-delà de leur gentillesse. Mais c'est clairement un sentiment positif que nous avons concernant la population. Pas sûr en revanche que cela soit le cas entre les indiens, ou si nous vivions en Inde et parlions l'hindie.

 

Le système social est parfois violent. Nous avons vu des hommes se faire frapper ou tirer violemment l'oreille par d'autres, qui devaient appartenir à une caste (il y en a 4 principales) ou une sous-caste plus élevée. Cela nous a choqué car nous n'avions jamais vu ça. La hiérarchie sociale est probablement plus violente que le peu que nous en avons vu. En revanche, les rapports entre adultes et enfants n'ont pas l'air violent, malgré la pauvreté, comme cela peut ête le cas au Brésil, d'après ce que nous a dit une brésilienne avec qui nous avons discuté.

 

Nous avons aussi observé ce contraste entre les regards directs et froids de prime abord, et les sourires deux secondes après. Deux visages en moins de deux secondes.

 

La condition des femmes est, ici comme dans trop de pays, bafouée. Elles doivent rester à la maison, même si elles sont nombreuses dans les rues (et les jeunes filles modernes à Delhi) à aller et venir, mais jamais présentes dans les restaurants ou magasins, car, selon les dires des hommes, elles ne sont pas allées à l'école (et pourquoi eux y sont-ils allés du coup?) et ne peuvent donc rien faire d'autre que des tâches ménagères. En fréquentant des touristes, ou en étant un peu plus libres, cela leur permettrait peut-être aussi d'avoir accès à des choses dangereuses pour cette société d'hommes. Par ailleurs, c'est la femme qui organise la réception du mariage, souvent entre 15 et 17 ans (peut-être plus à Delhi), et doit apporter la dot. Les filles ne sont pas toujours souhaitées par les femmes enceintes, car c'est une bouche de plus à nourrir. Les avortements existent et sont toujours interdits par la loi. Par contre, plusieurs jeunes (mais des garçons) nous ont dit qu'ils acceptaient les mariages arrangés ("de raison" ici, par opposition à ceux "de coeur") car selon eux, les parents sont plus aptes pour savoir ce qui est bon pour eux. Choc des cultures....

 

Les hommes sont tous très frustrés. Les regards ne sont pas justes curieux, et les sites pornographiques ou autres choses du genre sont bannis, ce qui engendre - dans une société où l'on se marie jeune et vierge - de grandes frustrations. On est loin de nos sociétés occidentales, ou beaucoup d'interdits existent, mais bien des choses sont tolérées, acceptées ou font partie des moeurs, et où la liberté à un vrai sens.

 

En Inde, on ramasse et vous rapporte un objet que vous avez fait tomber par inadvertance, même si l'objet est à 15m de vous. Cela, ajouté à d'autres choses, participe au sentiment que les indiens souhaitent bien faire pour leur pays aux yeux des touristes. Un documentaire sur l'Inde, réalisé ici pour promouvoir le pays sur la scène internationale, dont le titre est "Incredible India" (voir sur you Tube), a comme sous-titre: "Members are gods". On en rit quand on voit le nombre de fois où nous avons payé trop cher à cause de nos têtes d'occidentaux, et tous les systèmes organisés pour "sucer" l'argent des touristes, mais il y a quelque chose de vrai que nous avons ressenti plusieurs fois. En fait, les indiens sont fiers de leur pays et veulent pouvoir l'être. Ca reste à nuancer encore une fois à la vue de certaines expériences. Mais ces deux facettes ne sont-elles pas une réalité dans bien des pays?

 

Sinon, le code de la route est inexistant, ou une blague, au choix. On roule à contre sens, les files sont là pour le décor, on est à 5 sur une moto avec des enfants, on traverse un passage à niveau jusqu'au dernier moment en moto en se baissant, toujours à 4 dessus. Génial quand ce n'est pas votre pays!

 

Enfin, nous avons fait le bon choix dans le sens de nos visites, en commençant par Varanasi et en allant dans le sens inverse des circuits classiques, car nous avons trouvé les dernières villes plus riches et plus entretenues qu'au début. Pas trop de déception donc, en évitant par exemple l'impression que les meilleures choses sont derrière nous depuis une semaine et demi.

 

L'Inde, c'est donc un pays que nous sommes contents d'avoir inclus dans nos plans. Cela aurait clairement manqué, et c'est un pays qu'il faut avoir vu si l'on veut voir un peu toutes les populations sur notre planète. Les craintes que nous avions se sont vite dissipées, et cela n'était pas aussi difficile d'accès que nous le pensions. Si c'était à refaire, nous signerions tout de suite. Par contre, on dit souvent que c'est une contrée que l'on adore ou que l'on déteste, mais ce n'est pas notre cas. Nous avons aimé, c'est tout. Nous souhaitons y revenir, ne serait-ce que pour voir le sud, mais si nous rentrions en France, ce ne serait pas une de nos prochaines destinations, avec l'envie de vite retrouver tout cela au plus vite. Nous conseillons à tout le monde de venir ici. C'est un pays riche. Ce sont surtout les gens et les contacts, plus que les monuments (sauf pour le Taj) qui sont intéressants. Niveau bouffe, nous sommes déçus, et cela n'a pas été le grand moment culinaire que Fred attendait un peu (voir rubrique "bouffe", et la rétrospective qu'il a écrite).

 

- On a aimé :

Les couleurs

Le Taj Mahal

Les visages souriants et expressifs

Le peu d'agressivité, à part dans certains regards curieux parfois

Le contact avec les gens, la grande interaction, quotidienne

Voir de l'intérieur une superpuissance de demain, à ce moment de son existence

Prendre le train comme les locaux

Le climat au mois de décembre

Les lassis

Aller au cinéma voir des films de Bollywood

L'accueil en général, et l'impression que les indiens souhaitent donner un sentiment positif aux touristes

Etre sur un dromadaire dans le désert

Le sentiment de sécurité en général

La diversité du pays

L'apparence d'unité dans cette diversité


- On a moins aimé :
Les crachats, rots bouche ouverte et raclements de gorge partout, tout le temps

La saleté, le manque d'hygiène, sans parler de conscience écologique, partout

Devoir systématiquement tout négocier

Passer par l'agence DTS à Delhi pour panifier les 2/3 de notre parcours & hôtels

Avoir un chauffeur quelquefois

Certains regards trop insistants

Avoir parfois l'impression d'être une bête de foire

Les klaxons qui ne s'arrêtent pas, à moins d'un mètre de vous, toute la journée

 

 

Dans l'ordre de visite:

 

- Varansi: la ville la plus mystique, fascinante

- Le Taj Mahal, Agra; le plus époustouflant

- Jaïpur, la plus interessante, et hétéroclite

- Pushkar: la plus amusante

- Udaïpur: la plus jolie et différente

- Jaisalmer: la plus inattendue

- Bikaner: la plus insignifiante, car dernière ville visitée

- Delhi: la plus moderne (facile!)

 

 

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mar.

11

déc.

2012

Jour 22, 23 & 24 : Back to Delhi

Ca y est, notre dernière ville en Inde. Sniff, un peu. Non pas que nous soyons tristes à ce point de quitter l'Inde, mais ça fait un peu bizarre, après avoir fait tant de choses, passé plus de trois semaines dans ce pays au contact de gens gentils, avoir observé et plus que senti l'atmosphère des rues, des villages aux grandes villes, du désert et de cinémas.... et de nous dire que nous partons demain pour la Chine. D'autant que ce n'est pas comme si nous partions depuis la France; nous avons déjà été dépaysés par le sous-continent, et nous apprêtons à l'être de nouveau dans la foulée. Se dire aussi que demain, comme si c'était juste au bout de nos doigts, nous sommes à 4240 km d'ici, dans un environnement totalement différent, et dans une partie du monde très différente. Après, nous resterons dans la région, si l'on peut dire, pour un bout de temps, mais aujourd'hui, nous changeons de région. C'est un peu ça en fait, notre sentiment.

 

Notre arrivée à Delhi s'est bien passée. Tôt le matin, comme d'hab, mais moins que d'habitude. La guesthouse était ouverte! Delhi est une ville à part, un peu comme Paris l'est en France. Presque 13 millions d'habitants, plusieurs quartiers, des jeunes habillés plus à l'occidentale, on se sent dans un vrai centre urbain. Le quartier dans lequel nous logeons est sympa, pas beau, mais vivant, et représente bien l'image que l'on peut avoir de l'Inde (bon, nous disons ça après avoir vu le pays, peut-être notre image a-t-elle changé par rapport au mois dernier.. mais quand même.. et puis vous avez une image sûrement plus proche de la réalité si vous avez lu nos posts et regardé nos photos). On aime, donc. Le métro n'est pas loin. Nous allons le prendre tout de suite d'ailleurs, et nous faire faire un pass pour 3 jours, bien plus avantageux. Le métro est assez clean, il y est interdit de cracher (un comble ici... mais 200 roupies d'amende sinon, et c'est respecté). A chaque station, juste avant de passer son badge pour accéder aux quais, il y a un contrôle comme à l'aéroport, avec fouille et dépose du sac! Nous sommes regardés comme toujours en montant dans le wagon. C'est bondé, et ça se presse pour monter et descendre. On se serre lorsqu'on est assis pour que quelqu'un puisse se rajouter, même si l'on est tous compressé les uns contre les autres. Nous rejoignons ainsi un quartier du sud de la ville, un peu loin, après 2 changements. Nous avons décidé de voir un peu de verdure, et d'aller visiter le "jardin des cinq sens", que nous trouvons après 15 min de marche, un peu perdu au bout d'une route mal entretenue, avec tout et n'importe quoi sur son bord. Comment dire... l'impression d'aller visiter un jardin public est...faible, ou pas très engageante, au choix. Mais nous y parvenons, et sommes habitués aux faces cachées du pays. Nous avons un peu appris à aller au bout des choses, sans se laisser impressionner par ce que nous voyons. Ce ne sera peut-être pas le cas dans tous les pays, mais en Inde, nous nous sentons en sécurité. Voilà donc ce jardin, où se promènent des couples d'adolescents. L'endroit est visiblement un lieu de rencontres, un havre de paix pour laisser libre cours à ses envies et ses sentiments. Les couples se mettent dans un coin un peu abrité pour jouer au docteur, version indienne. C'est drôle, nous regardons tout cela avec amusement, et constatons les différences avec nos sociétés. Le jardin en lui-même est décevant. C'est que c'est l'hiver ici, monsieur ! Quelques arbres et bouts de pelouse se battent en duel, quelques fleurs égayent le parcours, mais rien de bien luxuriant. Les chemins sont mal dessinés, et des statues dont les formes nous échappent sont posées un peu partout. En revanche, le lieu est un peu vallonné. Nous faisons par conséquent assez vite le tour du propriétaire, et repartons par la même route qui nous a conduits jusque-là. 

 

Ayant pris un petit déjeuner léger juste après avoir posé nos affaires, il fait faim. Fred, ayant balisé le terrain niveau bouffe depuis plusieurs jours, souhaite aller chez Olive, un restaurant couru du tout Delhi. Nous ne sommes pas loin, mais les distances sont grandes. Rickshaw de rigueur. A l'entrée, assez classe, nous nous apercevons qu'il n'est que 11h30. Oups ! Allez, on achète un paquet de chips, une bouteille d'eau, et direction un des endroits à visiter sur notre liste, tout proche de là. Nous allons voir un monument classé à l'Unesco, la Qutb Minar. C'est une ancienne mosquée, dont le minaret s'élève à 76m au-dessus du sol. Nous prenons un audio guide et en apprenons plus sur l'histoire de ce lieu de culte, le premier construit en Inde par les musulmans. Il fait beau, nous sommes contents d'être là, et savourons l'instant en réalisant qu'il fait partie des derniers dans le pays. La visite à ciel ouvert, le toit de la mosquée n'existant plus, est agréable, et prend une bonne heure. Il faut dire que ce minaret en impose. La mégalomanie des hommes laisse quand même, un peu partout sur notre planète, de belles traces. En outre, tout une vie et une activité intellectuelle avaient lieu ici. Comme bien des fois, nous nous imaginons ce que pouvait être la vie d'alors, sans probablement réussir à s'en approcher. Mais qu'importe, nous voyageons dans notre voyage ! Pouvoir de l'esprit....


Une fois terminé les quinze stations d'écoute, nous retournons tranquillement vers ce fameux restaurant. Une hôtesse vérifie si nous avons réservé à l'entrée, ce qui n'est pas le cas. Nous ne pourrons donc être à l'extérieur, et nous dirigeons vers une salle avec de grandes baies. Les personnes présentes n'appartiennent pas aux classes sociales que nous avons eu l'habitude de voir. Chaussures à talons, bijoux, Ipad, lunettes de marque... une table d'une dizaine de femmes s'affaire dehors. A côté de nous, à l'intérieur, des jeunes d'une vingtaine d'années commandent et discutent l'esprit apparemment léger. Nous sommes en bermudas, tee-shirt et tongues. Mais français, et en reportage culinaire armée de notre caméra. Nous commandons, filmons périodiquement, et Fred demande à la fin du repas si le chef est présent aujourd'hui. C'est le cas, et ce dernier vient nous saluer, sachant que Fred a demandé s'il pouvait le féliciter sur sa cuisine. Lorsqu'il lui annonce un peu après pendant la conversation qu'il assiste un critique culinaire français, le chef - sacré meilleur chef indien en 2012, et dont la récompense a été remise par le président indien - devient plus intéressé et attentif. Il nous propose un café et veut en savoir plus. Nous lui expliquons que nous partons dans deux jours pour Pekin afin de visiter d'autres restaurants, et que nous étions à Katmandou auparavant. Lorsque Fred demande aimablement s'il accepterait d'être interviewé, et filmé, c'est un oui souriant que nous entendons. Et l'homme est à l'aise, et bavard. La rubrique "bouffe" devrait vous permettre d'apprécier autant que nous cette expérience différente de toute celle que nous avons eue jusqu'à présent. Nous restons donc trois quart d'heure à discuter. Rencontre extrêmement instructive pour qui est intéressé par la nourriture et la cuisine. Nous réglons notre note et partons. Un peu d'audace nous a ouvert une porte de la scène culinaire indienne. A refaire (il suffira d'attendre le lendemain!).


Ce soir, nous souhaitons aller au cinéma. Nous voulions y retourner, c'est le bon moment. Nous partons pour le centre de la ville, Connaught Place (une grande place avec des rues périphériques encerclant un jardin central, et divisée en bloc pour se repérer plus facilement). Faire le tour par la rue la plus éloignée du jardin (formant le troisième et dernier cercle concentrique) prend environ 25 min. C'est assez grand. La place et les arcades abritent des boutiques occidentales, mais pas de luxe. Les jeunes sont modernes. C'est un peu les Champs Elysées de Delhi, sans rien de véritablement commun visuellement. Nous faisons un tour au guichet de deux cinemas, mais aucun n'affiche de sous-titres anglais. Nous souhaitons aller voir "Khiladi 786", une comédie Bolliwoodienne. Tant pis, nous prenons quand même nos billets. On ne va pas se laisser arrêter quand même. Une personne prenant ses billets avant nous engage la discussion, et fait en sorte que nous soyons placés à côté pour qu'il puisse nous expliquer le film si nous souhaitons. Cool. Nous rentrons à l'hôtel pour prendre une douche. ll est 18h30.

 

N'ayant pas très faim, et par commodité, nous retournons en métro sur Connaught Place (à 1 station de métro de notre guesthouse) et allons au Mac Do. Envie de frites, comme on les connait, cuites et chaudes. Pour un indien, le Mac do, c'est cher. Ici, le Mc Chicken coûte 1,10 euro, soit quatre fois moins qu'en France. Ah oui, dans un autre domaine, l'essence coute 0,85 euro/l et le diesel 0,7 euro/l. Un sprite coute en général 0,5 euro. Ca, c'est parce qu'on voulait que vous ayez une idée. Une fois les fameuses frites avalées, nous rejoignons le cinéma tout proche. Juste à l'heure, 19h30. Notre ami est bien là, assis avec sa mère handicapée. Le film commence. C'est une comédie dans laquelle joue un acteur très populaire, un peu comme celui du premier film que nous avions vu (Sharuk Khan), mais avec moins de classe, et plus de muscles. Le film est une sorte de comédie française style "La tour Montparnasse infernale", ou dans ce genre d'humour un peu basique. Beaucoup de couleurs. De la danse et des chorégraphies impressionnantes, typiques du cinéma indien. Les bruitages sont géniaux : ils sortent de nulle part, sont hyper accentués, et pas du tout crédibles. Nous ne comprenons pas toutes les subtilités de l'histoire, mais ça va. "L'intermission" est encore là (comprenez la pause au milieu du film), les annonces anti-tabac aussi (ah oui, ici, on mâche le tabac autant qu'on le fume). La salle est moderne, le son est fort, le public moins réactif que l'autre fois. Un bébé pleure parfois. De nouveau, les gens se lèvent et partent avant la fin du film. Drôle. Nous, bien sûr, nous restons. Nous sentons que notre "ami" d'à côté souhaite se lever, en tous cas sa mère, mais attend que nous partions. Nous sortons donc tous ensemble, pendant le générique. Nous discutons, et comme d'habitude, cela prend trois plombes. Ils nous donnent les bonnes adresses de la ville pour visiter, pour manger, et faire du shopping. Il souhaite aussi nous donner son portable, au cas où nous ayons un problème. Mais il a 4 téléphones! On les prend tous, à sa demande. 


Nous marchons tous les quatre jusqu'au métro, où, par chance, sa ligne n'est pas la même que la nôtre. Il était sympa quand même, gentil et avec un bon fond. C'est ce genre de choses qui font que l'on s'attache à l'Inde quand on est français (car ça ne nous est pas beaucoup arrivé dans notre beau pays), même si ça devient lourd parfois.

 

Le lendemain, après avoir pris notre petit-déjeuner, nous restons dans la chambre et à l'hôtel pour aller sur Internet, discuter avec d'autres backpackers. Puis, en milieu d'après-midi, nous nous décidons enfin à retourner à l'agence dont nous avons été clients ces deux dernières semaines. Nous vous laissons lire l'article spécifique sur ce grand moment. Après tout ça, et nous être aéré la tête en arpentant les rues, nous rentrons à l'hôtel. Nous avions en effet prévu ce soir d'aller chez Bukhara, le restaurant où Clinton et Obama sont allés dîner en 2000 et 2007. Poutine y est allé également. Un indien nous a prêté son portable dans la rue, pour que nous puissions réserver, mais aucune réservation n'est possible. Nous nous changeons, et mettons pour la première fois du séjour des vêtements plus agréables, comme une chemise pour Fred, ou du maquillage pour Audrey, et nous dirigeons en rickshaw vers le quartier des ambassades où se situe l'hôtel de luxe hébergeant le restaurant. Le quartier est bien différent, avec de grands jardins, des bâtiments administratifs ou diplomatiques, des voitures de police avec gyrophares en faction, ou bien le palais présidentiel sur notre gauche à un moment. L'hôtel est luxueux, le premier prix des suites à 450€/nuit (plus cher que le Marina Bay sands à Singapour!). Nous nous inscrivons pour avoir une table et allons prendre un verre dans un des bars de l'hôtel. Ambiance rafraichissante après le mois écoulé, sentiment de bien-être, et de retrouver des terrains connus que nous apprécions. Ca fait du bien. Au hasard d'un moment, Fred rencontre et discute avec un homme d'affaire occidental, puis en rencontrera un deuxième un peu plus tard. Ils lui donneront leur avis sur le business en Inde, souvent difficile à cause de la corruption, du travail des enfants, des process, des choses découvertes après la signature des deals etc.... Nous passons ensuite à table. L'expérience fut géniale. Nous nous disons que c'est l'agence de Delhi qui paie le restau ce soir ! Nous sommes étonnés de ne pas voir de menu dégustation. En fait, il est disponible sur demande, et c'est justement celui-là qu'a pris Clinton. Il l'appelle du coup le "presidential menu". Et le menu végétarien, le "Chelsea Menu", du nom de la fille de Bill et Hillary. 

 

Les détails de ce beau repas, bien indien, et plein de surprises, d'attentions et de cadeaux, se trouvent dans la rubrique "bouffe", dans l'article sur le récap de la bouffe indienne. Nous fermons le restaurant, après que le chef de rang ait voulu faire déguster à Fred deux vins pour obtenir son avis (il savait que le père d'Audrey était viticulteur). Malheureusement, la nuit se passera mal pour Audrey, qui sera malade, et qui restera couchée toute la journée suivante. Fred en profitera pour écrire des articles et mettre les vidéos en ligne, avancer sur d'autres choses, mais nous restons tous les deux à l'hôtel et perdons une journée de visite. Les aléas du voyage. Enfin, les choses vont mieux pour Audrey pour ce dernier jour en Inde, même si ce n'est pas la grande forme. Après avoir été couchée pendant plus de 24h, elle se lève et avale un timide bout de pain (avec un peu de Nutella dessus quand même) et prend un thé. Nous partons pour visiter en accéléré le Fort Rouge (en gros le City Palace de la capitale, un peu décevant), la grande mosquée (impressionnante, mais dans laquelle nous ne pouvons rentrer à cause des horaires de visite qui tombent mal), la sépulture d'un roi ancien, Humayun's Tomb (et dont le palais autour a inspiré - cela se sent immédiatement - le Taj), et enfin le Lotus Temple, qui est, en dehors de son nom explicite (en forme de fleur de lotus), un lieu de médiation ouvert à toutes les religions (quel calme à l'intérieur, nous avions oublié depuis le Népal). Retour à l'hôtel pour prendre nos affaires, regarder une dernière fois ces rues agitées typiques de l'Inde, et prendre notre taxi pour l'aéroport. Le trajet sera sportif car notre chauffeur se prend pour un pilote, sillonne les files, s'impose, et passe à ras de camions et autres voitures. L'aéroport est très moderne, bien plus agréable que ceux de Paris. Nous enregistrons parmi les derniers, dépensons nos dernières roupies, et montons dans l'avion où les hôtesses de l'air sont asiatiques, et les inscriptions près des sièges indiquées en chinois. Ca y a est nous sommes partis. Décollage à l'heure pour le pays du milieu... une nouvelle aventure commence.

 

Photos (sous peu) et dernières vidéos à venir à la fin du mois à cause de problème d'accès à You Tube depuis la Chine.

 

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mar.

11

déc.

2012

Le débrief houleux avec l'agence DTS de Delhi

Nous nous décidons enfin à retourner à l'agence dont nous avons été clients ces deux dernières semaines, un peu à reculons, car nous savions que cela serait une prise de tête, et qu'il allait falloir se battre pour récupérer quelque chose. Nous avons préparé nos arguments hier, listé toutes ces choses qui ne se sont pas passées comme prévu ou qui ne sont jamais arrivées (comme les personnes qui devaient nous attendre après les trains ou bus pour nous conduire à l'hôtel) et avons noté le prix des hôtels, des transports etc... afin de pouvoir être crédible. 

 

Nous y sommes allés en fin d'après-midi, à un moment où il y avait encore de futurs clients assis devant différents bureaux, comme nous avant. Nous étions assez énervés. Calmes mais en colère. L'homme qui s'était occupé de nous l'a tout de suite senti. Nous avons commencé à lui expliquer tout ce qui n'était pas allé, et il s'est mis à nous couper pour tenter de s'expliquer, avec des arguments un peu foireux, comme le fait que l'Inde était encore un pays en développement et que tout n'est pas aussi parfait qu'en Europe. Certes, mais ces types ont une agence clean, parlent parfaitement anglais, et sont censés répondre à une demande que d'autres agences bien moins entretenues ne peuvent pas traiter. Le ton est monté, et l'atmosphère est agitée. Ca commence alors à gueuler sévère. Un type est arrivé en se présentant comme le manager (alors que Fred l'a reconnu et lui avait demandé il y a 15 jours si c'était le manager - car il était un peu mieux habillé que les autres - et la réponse avait été négative). Fred lui répond qu'il bluffe car il lui avait demandé justement. S'ensuit alors un nouveau récap (nous n'avions pas fini d'énoncer tous nos points d'ailleurs), en étant de nouveau coupés dans nos propos. Lorsque nous lui disons que nous avons payé trop cher le palace, car nous avons les prix dans le Lonely Planet, il nous dit que le Lonely Planet n'est pas fiable ! Nous rigolons. Ce fameux "manager" nous dira plus tard qu'il connait bien le Lonely car il travaille pour eux. La blague. C'est alors que Fred se penche et demande tout haut à tous les clients présents de ne pas faire confiance à cette agence, que ce sont des menteurs, et de venir écouter le débriefing de notre voyage pour savoir pourquoi. Du coup, bien sûr, l'ambiance a continué de chauffer. Ca l'était déjà, cela dit, avec quatre personnes autour du bureau. Nous reprenons la liste de nos griefs, comme par exemple notre chauffeur qui nous a demandé 10% du prix de notre voyage en pourboire, au moment où nous l'avons laissé à Pushkar, alors qu'il n'avait jamais été question de pourboire (en tous cas pas de cet ordre). Bien sûr, nous avons donné 5 fois moins. Pour faire sérieux, l'homme dit à un des autres de trouver immédiatement le nom de notre chauffeur, de l'appeler, et de lui dire qu'il est viré. Dallas, vous connaissez? Ca fait son petit effet en tous cas, car jamais nous n'avons été témoin et acteur d'une telle situation. Nous restons cependant imperturbables, mais énervés, car après tout, ce n'est pas notre problème (nous en avons déjà assez avec eux). La suite sera du même acabit, nous nous faisons prendre pour des cons, ouvertement. Ils nous diront même que nous leur faisons perdre leur temps et devons rembourser l'heure de travail perdu à cause de nous. Fred s'énervera pour de bon un peu plus tard, en renversant par terre une bonne partie de ce qu'il y avait sur le bureau. Ils tentent de nous impressionner en disant qu'ils vont nous faire un procès, ou peuvent nous bloquer à l'aéroport grâce à la photocopie de nos passeports. Une blague de plus. Fred bluffera, quand il lui demande sa profession (plusieurs fois dans la discussion, notamment au début quand nous étions plus calmes et impassibles devant leurs foutaises) en leur répondant qu'il est Financial Controler dans un cabinet d'avocats (merci Arnaud !). Bon, arrêtons d'en parler, car le stress et l'énervement reviennent rien que d'y repenser aussi précisément, alors que nous avons depuis rapidement tenter de passer à autre chose.

 

Finalement, ils nous rendent en cash 5 ou 6% du montant que nous avons payé. La situation prend fin quand nous acceptons leur deal. Notre sortie est brutale, car Fred a fait mine - comme le manager une dizaine de minutes avant - de filmer le décor et les différentes personnes avec l'Iphone, et en disant qu'il avait tout enregistré. Ca en a mis un hors de lui, qui a saisi l'Iphone et s'est senti insulté (car il avait fait en sorte que nous récupérions un peu plus que la somme proposée initialement). Il a failli le jeter par terre pour s'assurer que rien ne resterait, mais ne l'a pas fait. Il a menacé Fred, qui ne s'est pas laissé impressionner. D'autres personnes de l'agence l'ont aussi un peu calmé. Voilà comment nous sommes partis, avons fermé la porte et réglé nos comptes avec cette agence privée, nommée DTS (Delhi Tourism Service), et située sur Connaught Place. Nous repartons assez furieux, mais content d'avoir toujours l'Iphone en bon état.

 

Quelques mètres plus loin, Audrey craque. Et là, nous croisons un indien chauffeur de tuk tuk, jeune, qui s'arrête pour nous réconforter et nous expliquer que cette agence n'a pas bonne réputation, qu'il est désolé pour l'image que cela donne de l'Inde, qu'il n'aime pas voir les gens pleurer etc... après le froid, le chaud. Ou comment vous réconcilier avec le pays. C'était saisissant. Il nous dit que c'est une agence particulière, et mêle dans son discours des éléments d'ordre religieux. Comme quoi l'apparence d'unité que nous avons n'est pas à prendre - évidemment- sans une pincée de recul (cela dit, une française connaissant très bien l'Inde, rencontrée le jour de notre départ à l'hôtel, nous confirmera la plupart des choses que nous avons écrites à ce sujet dans nos différents articles, et que l'unité n'est pas seulement apparente ici... et donc qu'on est bien loin de la France). Il nous dit - et insiste sur ce point - que nous pouvons appeler la police, et qu'ils seront clairement de notre côté, car nous sommes les touristes. Nous hésitons à le faire. Et d'un autre côté, il nous reste peu de temps dans la ville, qu'il vaut mieux utiliser de manière plus positive. Nous discutons comme cela dix minutes, et partons nous changer les idées, en marchant autour de la grande Connaught Place, sous les arcades de ses galeries marchandes. Pendant un certain temps, nous avons envie à 50% de passer à autre chose, 25% d'appeler quand même la police, et 25% de revenir demain matin, se poster pas très loin, et faire fuir leurs futurs clients. Nous optons pour le premier choix, et d'être raisonnables. Audrey va moyennement, Fred n'est pas trop énervé et arrive à breaker assez vite, à moitié satisfait d'avoir pu récupérer quelque chose, d'avoir fait fuir un client, et d'avoir a priori bien énervé la plupart des employés de l'agence, une belle bande d'enfxxxxx, alors que nous aurions pu rentrer les mains dans les poches.

 

 

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sam.

08

déc.

2012

Jours 21 et 22: Bikaner

L'arrivée dans cette ville - un peu plus petite que les autres, comme Jaisalmer - et par laquelle débute la majeure partie des voyages touristiques dans le Rajasthan, fut mouvementée.

 

Encore une fois arrivés aux aurores, ce fut tout une histoire pour récupérer nos sacs, entreposés dans la soute. Le type censé s'occuper de ça voulait en effet que nous payions pour les récupérer. Evidemment, no way. Pendant que tout le monde descend, Fred s'en va à l'arrière et refuse de payer. Le type n'en démord pas. Cela commence à énerver Fred, qui se met à ouvrir lui-même le coffre (une simple ficelle enroulée plusieurs fois autour de la poignée faisait office de serrure!). L'homme, pas très effrayant, essaie de s'interposer et baragouine tout un tas de choses incompréhensibles. Il pensait réellement nous la faire, et voulait aller au bout. Fred retourne à l'avant et trouve les étudiants français pour leur demander de l'aide, qui lui répondent comment dire en indien quelque chose du style "me prend pas pour un con". Content d'avoir appris cette phrase bien utile - mais qu'il oubliera assez vite - Fred retourne et regarde le type bien en face en la lui répétant. Puis il essaie de nouveau d'ouvrir le coffre, bien décidé. Le type s'interpose encore, et Fred le bouscule pour libérer la voie, sans être trop violent néanmoins car on ne sait jamais ce qui peut se passer (cela dit, notre impression du pays, les discussions, et ce que nous avons appris nous font dire, et continuer de penser, que nous aurions pu continuer, car les indiens souhaitent en très grande partie préserver les touristes, et connaissent bien ce genre d'arnaques basiques). La tension monte un peu et d'autres indiens arrivent et nous entourent (en gros les chauffeurs des rickshaws autour du bus), afin de calmer tout ça, et de nous aider. Ils n'étaient clairement pas du côté de leur compatriote, et commençaient même à s'énerver (car cela fait du tort au pays pour ce qu'ils nous ont dit ensuite). Finalement, nous arrivons à récupérer nos sacs, les seuls dans la soute, plein de poussière (merci le sur-sac protecteur!). Un parmi la dizaine de rickshaws nous propose tout de go de nous conduire à notre hôtel avec un bienvenu "you give me what you want". Ce sera donc 20 roupies pour le voyage, et nous lui en donneront 20 de plus pour nous avoir aidés précédemment, car il s'était sérieusement impliqué dans ce moment le plus sportif du séjour.


Allez, pour le plaisir, nous réveillons encore les gardiens de l'hôtel, et en enjambons certains pour traverser le hall. Bonne nouvelle, nous obtenons une chambre immédiatement. L'homme qui nous la donne, celui qui fait le service du soir et de nuit à la réception, deviendra pour les prochaines 24 heures notre nouveau copain en Inde. Nous nous installons, le mot est fort, et nous nous rendormons pour plusieurs heures. Au réveil, nous nous faisons du thé dans la chambre, car pour une fois, il y a des sachets et une bouilloire. Nous captons aussi le wifi, après avoir eu le code d'accès en refusant de payer ce qui est normalement compris dans notre package et demandant à la personne (pas notre copain, malheureusement) de joindre notre contact à Delhi. Il préfèrera ne pas perdre son temps et nous donner ledit code. Par contre, connexion difficile et impossible de mettre en ligne quoi que ce soit.


Bon, à Bikaner, il n'y a pas cinquante choses à faire. Visiter le fort, un peu comme partout, et chercher des restaurants corrects. Nous en trouvons un, et rencontrons une vingtaine de français, en provenance de Toulouse. Ah, l'accent du midi, ça faisait longtemps ! Le Junagarh Fort est en face, et nous y allons le ventre plein. Tiens, un des seuls à ne pas être en haut d'une colline. Imposant pourtant, la bête. Aucune défaite non plus pour les soldats l'ayant protégé depuis 1593. Nous y retrouvons les éléments classiques de ce genre de visites, un peu répétitives désormais, ainsi que des documents administratifs du 19ième, des photos d'officiels, et un avion de la première guerre mondiale, le Maharadja d'alors ayant souhaité participer au conflit, aux côtés des anglais. Nous nous promenons ensuite un quart d'heure puis rentrons, car nous avons encore demain, et encore une fois, pas énormément de choses à faire. En outre, les regards ici sont un peu plus insistants qu'ailleurs. Moins de touristes en général dans cette ville secondaire, ou en avons-nous un peu marre d'être des bêtes de foire?


Le soir, nous partons dîner dans un endroit conseillé dans le guide dont disposait le couple d'allemands du camel safari, que nous avons croisé dans le fort. Mauvais choix, car l'endroit est loin, paumé dans une rue mal éclairée, sale (mais tout est toujours sale en Inde), où trainent comme souvent des chiens, une vache et quelques porcinets. Surtout, la carte sera on ne peut plus "non-inspirante (uninspiring)", donc le choix de sécurité, croyons-nous : pizzas (cheese et poivrons only, pas possible d'y rajouter quoi que ce soit, comme des oignons ou des champignons, alors qu'ils sont dispo pour le plat d'à côté... et même en proposant de payer un peu plus ou en disant qu'on nous a répété avec fierté que "tout est possible en Inde", sous forme de clin d'oeil taquin). Nous partons le ventre à moitié rempli, et avons du mal à trouver un rickshaw pour rentrer. Nous marchons vingt minutes sans succès avant d'en attraper un. On ne cherche pas à faire des prouesses de négociation devant la faible offre à cette heure et cet endroit. Back to home. Dodo.


Le lendemain, nous laissons passer la matinée, libérons la chambre, et posons nos sacs dans la locker room qui permet d'y entreposer ses affaires, avant de prendre un train ou un bus. Nous allons dans la vieille ville. Nous sommes un peu dépités, avons envie de passer des moments un peu différents, la fin approche, et peut-être le pays suivant nous appelle trop, les regards sont toujours insistants et gênent Audrey, la saleté s'accroche plus que jamais à nos tongues (pas question de mettre des baskets en général, mieux vaut se laver les pieds en rentrant et garder nos chaussures propres, n'oublions pas que nous avons notre maison avec nous), marcher au milieu des rues encombrées et bruyantes devient un peu répétitif, lassant, et de temps en temps un peu dangereux. Cependant, le soleil et la chaleur sont là, et nous nous disons que nous avons de la chance d'être en Inde, que bientôt, nous serons loin, que nous ne reviendrons sûrement pas de sitôt, et que nous aurons aussi un petit pincement en prenant l'avion après tous ces moments de vies, sourires, couleurs et rencontres qui ont animé nos semaines. Nous positivons du coup. A propos de rencontres, une nouvelle s'offre à nous. Comme souvent sortie de nulle part, au moment où justement nous avons un peu plus besoin d'énergie. C'est un peu ça l'Inde, ça vous pompe des forces, vous en met plein la vue et les narines, et vous redonne de la force au moment où vous ne vous y attendez pas. Sans rien demander, ça s'offre à vous. Drôle, enfin, étrange. Plutôt positif. Nous voilà donc à parler avec un jeune homme dont les yeux sont, chose peu commune, clairs. Ses cheveux sont mi-longs. Il porte un jean, des tongs, un pull. Il est sympa. Le voilà qui nous accompagne un bout de chemin. Nous parlons de l'Inde, une fois les questions classiques terminées (comment vous appelez-vous, d'où venez-vous, depuis combien de temps êtes-vous en Inde, qu'en pensez-vous, où allez-vous après Bikaner....), et de l'évolution de la société, du pays, depuis la dernière décennie. Intéressant, comme toujours lorsqu'il s'agit d'échanger et de comprendre des points de vue, racontés de l'intérieur. Nous marchons donc sans vraiment savoir où nous allons. C'est agréable. Il nous montre une haveli, moins ornée que celles de Jaisalmer, mais aux couleurs rouges et bleues. Il nous emmène à notre demande voir le temple jain de la ville. Sur le chemin, nous passons sur le marché local aux épices (voir rubrique "bouffe"), pas très grand mais authentique. Le temple est coloré, très joli. Nous montons sur le toit pour voir la ville vue de haut. Enfin, nous passons chez notre accompagnateur, car son père est peintre et dispose de lithographies européennes qu'il n'arrive pas à estimer. Bon, ça sentait un peu l'opportunité pour lui de nous vendre ses tableaux, et il nous a sorti bien trop de choses à notre goût, mais bon, ce n'était pas méchant, ni forcé. Nous décidons de reprendre notre chemin et de rentrer à l'hôtel. Nous attrapons un rickshaw.


A l'hôtel, nous nous installons dans le restaurant central, prenons une bière, travaillons sur l'ordinateur, et dînons. Audrey apprécie réellement, une chose rare ces dernières semaines, ce qu'elle prend (du poulet dans une sauce curry au fromage). Le temps passe et l'heure de partir pour la gare arrive. Le train sera à l'heure, nous trouverons nos places facilement, et la voyage sera classique. Nous réussirons à dormir à peu près.

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jeu.

06

déc.

2012

Jour 20 - Une nuit dans le désert

Ce soir, nous partons dans le désert faire du dromadaire. Pas commun. La soirée et la nuit sont prévues de longue date, puisqu'elles font partie du package que nous n'aurions pas dû prendre auprès de cette agence de Delhi.

 

La soirée commence tôt : 13h30. Rendez-vous à la réception de l'hôtel, pour prendre une jeep qui va nous emmener dans un village dans la grande banlieue de Jaisalmer, à 40min de route. Comme d'hab, personne ne nous donne le planning ni ne nous indique comment va se dérouler cette expérience. Nous sommes seuls dans la jeep, une petite 4 places, et notre chauffeur n'est pas bavard. Au moment de quitter la ville, il s'arrête faire ses courses et achète carottes, patates, oignons etc... serait-ce pour le dîner de ce soir ? No one knows. Nous prenons donc la route et sommes rapidement sur une longue ligne droite goudronnée, entourés de sables et de quelques arbres. De temps en temps, nous croisons un troupeau de chèvres, ou un petit village où des enfants jouent et nous saluent le bref moment où ils nous aperçoivent. De la poussière s'élève de l'arrière de la voiture. A un moment, nous prenons un autre homme en stop, qui descendra un peu plus tard avant que nous arrivions. Il fait chaud, mais l'air circule dans ce 4x4 sans vitre, qui fait un bruit monstre. Nous ne savons pas où nous allons, ni combien de temps nous allons rouler. Mais bon, nous sommes en vacances, et finalement, peu importe, nous avons le temps et pas grand-chose d'autre à faire ici que de profiter de tout cela, pas d'emploi du temps réglé au millimètre ou d'impératif particulier. C'est aussi bon de se laisser aller vers une forme d'inconnu, toute relative bien sûr compte tenu de ce moment tout à fait anecdotique. Nous regardons donc passer les éoliennes flambant neuves qui jalonnent au loin la ligne que nous suivons. Puis nous arrivons enfin.


Le village semble petit. Des maisons dont le toit est en paille dessinent un paysage différent, avec des dunes de sable au loin, et une végétation disparate. Nous patientons et attendons que l'on s'occupe de nous avec un sympathique couple d'allemands. On nous offre un thé. Puis vient le moment de partir chevaucher nos montures, situées un peu plus loin. Nous partons tous les quatre. Pour ceux qui ne sont jamais montés sur un dromadaire, être dessus quand la bête se lève est toujours surprenant. D'abord, les pattes arrières se dressent, vous projetant par surprise vers l'avant, puis les pattes avant se tendent, vous faisant basculer de l'autre côté, sans vous prévenir. Tout cela bien sûr à plus d'un mètre du sol au début, un peu sur un  équilibre que vous cherchez à trouver, mais qui vient rapidement (surtout pour ceux étant déjà montés à cheval). Une fois l'opération effectuée, vous êtes à 2 bons mètres du sol. Des mouches tournent fréquemment autour de vous. Parfois, le dromadaire éternue, et vous êtes bien content de ne pas être devant. D'autres fois, c'est celui de devant qui décide tout en marchant de faire ses besoins. Mais tout cela est vite oublié, car vous contemplez des dunes de sable au mois de décembre, alors que le soleil, maintenant un peu plus bas, tape presque directement sur votre front. Des repères estivaux en plein hiver. Un moment un peu hors du temps.


Nous partons en balade pendant environ deux heures. A la mi-temps, nous nous arrêtons faire une pause, pour attendre sagement le coucher du soleil. Tout est calme, et propre. Un changement supplémentaire par rapport aux dernières semaines. Au moment où nous évoquons avec le couple allemand le plaisir que serait celui de prendre une petite bière dans cet endroit qui ne s'y prête pas de prime abord, nous voyons arriver quelqu'un avec un sac rempli... de soft drinks et de bières ! Sorti de nulle part, il semble connaître la demande. Nous sifflotons donc ce rafraichissement bienvenu, allongés dans le sable, à jouer avec la finesse des grains, pieds nus, en échangeant nos points de vue sur l'Inde, en train d'attendre que l'étoile la plus proche de la Terre veuille bien disparaître. La température commence simultanément à baisser, pour rejoindre un probable 20°C idéal. Nos dromadaires sont assis derrière nous, un autre broute un peu plus loin les branches d'un petit arbuste, et nos guides sont un peu plus loin. Un petit scarabée du désert vient s'amuser entre nos jambes, et s'enterre lorsque Fred essaie de le faire venir sur sa main. Nous attendons toujours que le soleil s'éclipse à l'horizon, et craignons ne pas être les témoins du spectacle tant attendu lorsque nous découvrons que le ciel s'est voilé, et qu'une sorte de brume traîne au loin, en plein dans la trajectoire de l'astre. Effectivement, la lumière décline mais nous apercevons seulement ce que la nature veut bien nous offrir, à savoir des bouts de soleil rouges entre les nuages, le temps de quelques minutes. C'est pourtant lorsque les nuages sont éclairés par dessous par les derniers rayons que le ciel est le plus impressionnant, et les couleurs les plus vives. Mais aujourd'hui, lesdits rayons n'arrivent pas à rejoindre ces nuages, cachés par d'autres, et obscurcissant l'horizon. Ce n'est donc qu'un demi-spectacle. Le moment n'en reste pas moins sympathique.


Vient du coup le moment de repartir, et de terminer la boucle pour retrouver notre point de départ. La lumière continue de baisser, peu à peu, et le ciel rosit légèrement. Afin de rompre la monotonie qui commence à s'installer, Fred demande à l'enfant qui tient les rênes du dromadaire de le faire trottiner. Les gestes prennent le relai des mots pour se faire comprendre. La bête commence alors à s'exécuter, et Fred à bondir légèrement de son siège par intervalles réguliers. Rien de bien nouveau pour ceux ayant déjà fait du cheval. Bien sûr, Fred indique que Audrey aimerait aussi faire la même chose, tout comme nos allemands, en train de nous regarder amusés. Nous arrivons ainsi à notre point d'arrivée.


Ensuite, une soirée un peu ennuyeuse débute. Nous qui croyions aller dans le désert et profiter de la fin de journée, nous en serons pour nos frais. Une vingtaine de touristes, dont nous faisons rapidement partie, attendent sagement le début d'un spectacle de danse. Une soupe de tomates nous est offerte, puis un thali, c'est-à-dire du riz servi avec un ensemble de petites coupes dans lesquelles se trouvent des patates, légumes, haricots du désert, lentilles et deux sauces, est servi. On se croirait dans Capital, genre reportage sur les spectacles aménagés spécialement pour les touristes en voyage organisé. L'impression d'être un peu prisonniers d'un système rodé. Tout cela aurait été bien plus sympathique sur les dunes, éloigné de tout ce qui pourrait ressembler à la civilisation, loin de ces deux guirlandes qui s'agitent sur le balcon d'en face, avec des bougies posés sur les dunes le long des arrêtes, des tapis sur le sol, un feu au milieu, les tentes sur le côté, les dromadaires quelque part, et la liberté de vaquer tout autour, comme Fred l'avait fait une fois dans le désert tunisien. Il essaiera d'ailleurs de poser la question un peu plus tard, arguant du fait que les indiens pourraient gagner bien plus d'argent en reproduisant cette expérience, mais son interlocuteur lui répondra que cela est plus facile à faire comme cela. Dommage. Du coup, nous nous ennuyons, et attendons que tout cela finisse. Lorsque ce moment arrive, nous prenons une jeep et partons à 20 min de route rejoindre enfin le calme. Nous nous arrêtons dans une sorte de nulle part, simplement éclairés par les phares de la voiture. Notre chauffeur sort un matelas, et deux couvertures. Nous sommes plusieurs, d'autres jeeps s'étant arrêtées dans les environs. Nous sommes donc seuls sans l'être, mais ce n'est pas gênant, au contraire. Le sable est froid sous nos pieds. Nous allumons nos frontales. Heureux d'avoir pris nos duvets, nous aménageons notre lit de fortune sous le ciel étoilé. Il fait frais, mais pas froid. Nous sommes au milieu d'une vaste étendue de sable. Nous nous couchons - pas grand-chose à faire de toutes façons - et observons les étoiles, en cherchant une Grande Ourse que nous ne trouvons pas. Un chien passe à côté de nous sans prévenir, discrètement, et fait sursauter Audrey. Dans le noir, la nuit, à cet endroit qui n'est pas familier, l'imagination joue son rôle. Fred suggère qu'elle garde l'oeil ouvert, car nous pourrions être sur le chemin de fennecs du désert, qui sortent, c'est bien connu, la nuit pour chasser. En fait, il n'en sait rien et la taquine gentiment. Nous nous endormons. Il est 22h.


Le matin, la lumière nous réveille, aux aurores. Il doit être 6h. Tout est calme. D'autres se réveillent également un peu plus loin. La nuit s'est très bien passée. Nous n'avons pas eu froid et avons bien dormi. Ni vent, ni bruit, ni fennecs, ni chiens. Rien que nous, le sable et les étoiles. La lune s'est levée vers 4h, et sa lumière, éclairant le sable clair et reflétant sa lumière, nous a réveillés l'espace de quelques minutes. Mais désormais, il fait jour. La lumière, dans cet environnement beige clair, est douce. Nous nous levons, puis nous écartons un peu pour apprécier les premiers rayons qui ne vont pas tarder à arriver. Nous prenons un peu de hauteur. Nous faisons quelques photos panoramiques, car nous devons probablement voir à quelques kilomètres à la ronde. Un petit point incandescent apparait alors. Il grossit. Puis joue à cache-cache derrière les nuages. C'est beau sans être grandiose. Pas de nouvelle claque visuelle à ajouter aux chiffres du voyage. S'étant réveillés trop tard, nous n'avons pas eu ce mince millimètre de lumière qui caresse l'horizon lorsque les toutes premières lueurs naissent chaque matin, vers 4h et quelques, tranchant avec le noir de la nuit au dessus, comme certains l'ont peut-être déjà vu en avion, ou mieux, en haute altitude. Peu importe, nous restons là côte à côte à regarder ce spectacle simple qui se répète inlassablement depuis et pour encore plusieurs milliards d'années. Une fois le soleil bien installé dans le ciel, nous paquons notre lit de fortune et reprenons la jeep, pour retourner au village. Là-bas nous attend un petit déjeuner. C'est à ce moment que nous croisons cette star du rock imaginaire qui nous a fait bien rire (cf rubrique "divers"). Enfin, nous retrouvons notre chauffeur de la veille et reprenons la route pour Jaisalmer. Nous sommes en milieu de matinée. Pour une fois, le ciel est un peu couvert, une première depuis notre départ de France. Le personnel de l'hôtel nous prête aimablement une chambre afin de pouvoir nous doucher. Nous passons la journée dans la ville, à visiter des temples jaïnistes, magnifiques,  le lac de la ville (sans grand intérêt), à essayer un sandwich baguette dans un restaurant tibétain (cf rubrique "bouffe"), et à attendre à l'hôtel l'heure de notre bus de nuit.


A 21h30, ce dernier arrive. Bus local. Nous nous installons sur les couchettes en hauteur, rencontrons 4 étudiants français passant plusieurs mois en Inde, et nous endormons péniblement, secoués par les trous dans la route pendant une bonne heure avant de trouver le sommeil pour les 6 heures à venir.

 

 

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mer.

05

déc.

2012

Jours 18 à 20 - Jaisalmer

C'est reparti pour une nouvelle nuit passée dans les couchettes d'un train express, qui va mettre presque 7h pour parcourir les 350km qui nous séparent de Jaisalmer, la ville à la couleur de sable aux portes du désert. La nuit passe difficilement, agitée par les secousses de la voie, les odeurs des toilettes toutes proches, et les klaxons du convoi (vous savez, ces longs sifflements que l'on entend que dans les films, puissants et continus). Il se trouve en effet qu'ici, les machinistes ont la même manie, le même goût, pour se faire remarquer que les automobilistes. Nous nous sommes régulièrement demandés s'il tentait de faire peur aux troupeaux avoisinants les voies (afin d'éviter un accident) - où le conducteur serait de toute manière en tort - si la législation le lui obligeait (mais on n'y croit pas!), et pourquoi il fallait que les trains se fassent autant remarquer alors que leur chemin est pourtant tout tracé. Néanmoins, nous arrivons à bon port vers 6h du matin. L'heure désormais habituelle pour réveiller le personnel de l'hôtel!

 

Nous sortons ainsi du lit les personnes dormant sur les matelas à même le sol à côté de la réception, lorsque nous sonnons avec insistance à notre arrivée. Il fait presque jour, mais pas tout à fait encore. Notre chambre n'étant pas prête, on nous conduit sur le toit, où se situe également le restaurant, pour finir notre nuit sur des matelas posés autour d'une ou deux tables dans un petit coin. Nous ressortons nos duvets pour un peu plus de deux heures. A notre réveil, nous apercevons plusieurs clients pas très loin, en train de prendre leur petit déjeuner. Nous sortons nos têtes et regardons autour de nous. Le moment est un peu décalé, et amusant. Il fait frais, mais ca va. Nous découvrons l'instant d'après le fort, à une centaine de mètres, en haut de sa dune de sable. Jaisalmer est en effet une petite ville, et notre hôtel bien situé, juste au pied de cette dernière. La surprise est totale quand nous croisons notre ancien chauffeur, Babou, qui conduit de nouveaux clients et s'est arrêté ici aujourd'hui. Nous ingurgitons un thé, à peine terminé lorsque quelqu'un nous indique que notre chambre est prête. Nous allons de suite y poser nos affaires, prendre une douche, et planifier le reste de la journée. Le temps passe vite, nous traînons. Nous avons le temps, car nous avons une nuit ici, une dans le désert, et toute la journée qui suit.

 

Après avoir déjeuné en plein soleil face au fort, nous partons à la découverte du palace protégé par celui-ci. Les teintes sont jaunes, beiges, sablées, et parfois rouges ou ocres. Nous croisons quelques ouvriers en train de tailler, à la main et au burin, des pierres d'environ cinquante centimètres sur cinquante, destinées à consolider les fondations. D'un coup, un bref instant, nous sommes transportés au temps où cet édifice fut construit, et revivons par ce simple détail le travail que tout cela a dû demander. Nous le savions, évidemment, mais de voir ces hommes travailler à côté de cet échafaudage en bambou et en corde, accroupis avec leur marteau et leur burin, nous interpelle. Nous avions vu ce genre de chose une fois au Népal, lorsque des hommes aménageaient une route. Retour au Moyen Age. D'ailleurs, ces hommes font un travail utile, car l'endroit est menacé partiellement d'effondrement, à cause de certaines canalisations (et surtout fuites) d'eau qui fragilisent les murs (tous faits de grès et de sable provenant du désert aux alentours). A l'époque, le débit et la circulation de l'eau n'avait rien à voir avec ceux d'aujourd'hui (même si l'on est loin de ce qu'il existe plus ou moins dans les grandes villes indiennes, sans parler de Delhi, et encore moins de nos agglomérations). Nous apprenons qu'une association anglaise travaille activement pour éviter le pire, et que cette construction fait partie des 100 les plus menacées au monde. Dans un autre registre, nous croisons aussi une famille dont la petite fille, qui doit avoir 8 ans, marche sur une corde à longueur de journées pour attirer les touristes. Tristes réflexions sur la condition et les perspectives de toute une frange de la population.

 

Le fort, construit en 1156, est composé de plusieurs murs de fortifications, et s'y trouve à l'intérieur une série de ruelles entremêlées, de boutiques diverses donnant directement sur l'étroit passage que nous empruntons, des temples jains et hindous... La visite du City Palace dure une heure et demi, nous y découvrons des sculptures, une salle aux miroirs, qui était en fait la chambre du Maharadja (et qui reflétait à l'époque les rayons des lanternes posées un peu partout) et autres armureries. Comme d'habitude, les passages sont étroits, les plafonds bas (afin de réguler le flot des ennemis en cas d'attaque, et donc de mieux pouvoir se défendre) et constituent un réel labyrinthe. Nous allons ensuite nous promener dans les rues, à la recherche de ces maisons d'époque richement décorées, qui appartenaient aux marchands, négociants, et notables régionaux, qu'on appelle "havelis". En arrivant devant la Patwa-ki Haveli, nous tombons sur un guide parlant parfaitement français, que nous embauchons pour découvrir les cinq sections qu'elle comporte. Elle a appartenu à cinq frères ayant fait fortune dans les bijoux durant la première moitié du 19ième siècle. Aussi bien l'extérieur que l'intérieur témoignent d'un pouvoir financier important. Les sculptures dans la pierre ont par exemple la finesse de broderies. Nous apprenons que la femme de Gandhi est à l'origine de la bonne conservation de l'endroit, suite à son intervention lorsqu'elle découvrit que tout cela n'était pas entretenu. En outre, pas de publicité, pas d'étalages sur la façade ou sur les côtés, et des règles drastiques concernant les quelques boutiques, adjacentes afin de respecter les contraintes et le statut de ce bâtiment classé. Enfin, nous rejoignons notre hôtel par une grande boucle, dans la mesure où nous faisons le tour du fort par le cercle extérieur. Le soleil se couche doucement, et les murailles changent délicatement de couleurs au fur et à mesure. Des enfants jouent au criquet. Repas tranquille à l'hôtel, basique, sauf la pizza au nutella que nous prenons comme dessert.

 

Le lendemain, nous partons le matin visiter des temples Jains, nos premiers du séjour. Ils nous surprennent par leur beauté. L'architecture recherchée, travaillée, fine, précise, détaillée et minutieuse tranche avec le relatif dépouillement de certains temples hindous de certains moments (mais pas pour l'ensemble d'entre eux). Nous tombons sous le charme de ces monuments construits aux 15 et 16ième siècles. La religion Jain est dérivée de l'hindouisme, et date du 5ième siècle avant JC. Après un déjeuner rapide, dans un restaurant meilleur que d'habitude (Natraj Restaurant, conseillée par la Lonely Planet) , l'heure de notre rendez-vous pour le "camel safari" approche. Nous devons être à 13h30 à l'hôtel. Un article spécifique détaille la suite.

 

Le lendemain, à notre retour, nous avons eu droit à une chambre (qui n'était pas prévue) pour prendre une douche. Sympa, ça c'est du service ! Retour ensuite dans le fort pour visiter les temples hindous qui sont, malheureusement, fermés. Changement de programme donc, nous décidons d'aller voir une autre haveli, puis le lac de la ville situé un peu plus loin. Sur le chemin, comme souvent, nous croisons quelqu'un et restons à discuter. Aujourd'hui, c'est une femme. Elle vend des babioles, ainsi que des étoles, fabriquées par d'autres femmes n'ayant aucune éducation et ne pouvant faire valoir leurs droits. Conversation extrêmement instructive. Elle nous explique les signes que portent les femmes mariées hindoues, comme cet anneau dans le nez, ou encore ceux des femmes musulmanes mariées (qui portent le même anneau, et une chaine le reliant à une boucle d'oreille), et découvrons le sens de l'esthétique indienne, dans ce cas à propos des ornements et bijoux. Elle raconte également que les femmes ont peu de droits (comme souvent dans bien des pays en voie de développement ou émergents, ou ceux à forte dominance religieuse), qu'elles doivent rester à la maison, et qu'elle-même est rejetée par sa famille suite à l'ouverture de sa boutique et à cause de son combat. Poids des traditions, de la peur et du non-dit. Importance de l'éducation. On comprend que les 2/3 de la population mondiale nous envie, nous, occidentaux. Lorsqu'un peu plus tard, Fred posera la question à des hommes pour comprendre pourquoi il n'y a jamais de femmes travaillant dans les restaurants, dans les hôtels ou boutiques, ils répondront qu'elles ne sont pas allées à l'école et ne peuvent donc faire du commerce ou travailler étant donné leur illéttrisme. Regret de ne pas avoir demandé sur l'instant pourquoi, elles, ne vont pas à l'école (c'est un peu l'histoire de l'oeuf et de la poule). Pour nuancer, nous dirions que nous n'avons néanmoins pas l'impression que les femmes sont enfermées comme cela peut être le cas comme on pourrait l'imaginer autre part.

 

La Salim Singh-Ki-Haveli est plus décevante que l'autre, mais ne bénéficie pas du même soutien financier non plus. En aparté, nous constatons le peu d'entretien du patrimoine culturel du pays, suite à tout ce que nous avons vu et visité depuis trois semaines. Les choses exposées sont rarement dépoussiérées, certaines choses pas protégées (des mains des touristes, des pigeons omniprésents... ou encore de la pollution ambiante) et, pour l'anecdote, bien des cadres ne sont pas droits. Ensuite, pour nous réconforter de notre tour du lac très décevant et sans intérêt, si ce n'est de prendre du recul pour observer le fort d'un peu plus loin, nous décidons de prendre un lassi, qui s'avère toujours aussi goûtu !  Back to the hôtel en fin d'après-midi, écriture des articles, chargement et tri des photos et vidéos, repas... puis départ vers notre station de bus, pour aller vers Bikaner, notre avant dernière étape en Inde.

 

En fait, pas de station de bus. Nous sommes au bord d'une grande route, en ville. A l'heure dite, 21h30, un bus local passe en ralentissant, avec un homme debout sur le seuil de la porte en train de crier "Bikaner Bikaner". Nous lui faisons signe, le bus s'arrête le temps d'une minute, un peu plus loin, pour nous laisser monter. Les bagages seront mis dans la soute au prochain arrêt, et après avoir insisté lourdement. Nous voilà donc dans un bus-couchette local, un peu en hauteur dans une sorte de cage de moins de deux mètres, au-dessus des sièges classiques, avec de la place pour deux et un rideau pour passer la nuit. Marrant, quatre étudiants français font aussi le trajet. Ils sont là pour plusieurs mois, et nous font part de leur sentiment et aventures, comme nous le faisons lorsque leurs yeux s'écartent avec envie au moment où nous leur disons que pour nous, c'est tour du monde. La route sera accidentée, mais nous parviendrons à dormir, tant bien que mal, pour arriver à l'arrêt final, le nôtre.

 

 

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dim.

02

déc.

2012

Jours 14, 15 & 16 - Jodhpur

Après notre épopée en bus local, qui s'est avérée aussi intéressante que celle du train, nous voilà dans ce qu'on appelle "la ville bleue", étant donné le nombre de maisons peintes en bleu dans la vieille ville. Un joli bleu pastel. Cette couleur est censée éloigner les moustiques, et conserver la chaleur l'hiver (c'est-à-dire en ce moment, lorsqu'il fait plus froid, soit... 27°C la journée !). Toutes les maisons ne le sont pas, mais il y en a suffisamment pour que cela crée une forme d'harmonie et donne une jolie couleur vue de haut, tel un océan au pied du fort (dixit les indiens).

 

Après avoir été déposés par le bus en milieu d'après-midi, nous avons rejoint notre hôtel, situé un peu à l'écart des principaux sites à visiter. Négociation en règle pour le prix du rickshaw (maintenant, on arrive à diviser par deux assez souvent leur prix de départ.. mais on doit quand même payer trop cher, c'est sûr), puis découverte de la chambre que nous occuperons les trois prochaines nuits. Sur proposition du personnel, nous en visitons plusieurs, et acceptons la dernière, dont la salle de bain fait la différence. Du coup, désormais, nous demanderons toujours s'il n'y a pas une autre chambre à voir au lieu d'accepter la première que l'on nous propose. Nous restons à l'hôtel et terminons la journée tranquillement.

 

Le lendemain, dimanche, nous partons pour visiter une place forte impressionnante (le fort Mehrangarh, terminé en 1459) par ses dimensions et sa position sur les hauteurs de la ville, ce qui explique le fait qu'elle n'est jamais été prise. Une sorte de cité de Carcassonne moins étendue, mais plus compacte et plus haute. On imagine les batailles et les sièges qui ont dû avoir lieu, dont l'un dura d'ailleurs près de six mois. C'est ici que commencent nos visites de la journée. A l'intérieur, nous découvrons dans l'allée menant à la porte principale une plaque en souvenir d'un indien qui se porta volontaire pour être enterré vivant dans les fondations, afin de vaincre une malédiction qui aurait sinon privé le palais d'eau. Dans le palais défendu par ces remparts, nous pouvons voir le trône où étaient sacrés les Maharadjas (certains dès 4 ans), des palanquins, des sièges ornés utilisés lors des cérémonies à dos d'éléphants, des berceaux royaux, des costumes d'époque, une armurerie, un carrosse majestueux, des peintures, de grandes salles de réception, et les traditionnels Zenana (le quartier des femmes) et Merana (quartier des hommes). Nous prenons notre temps, et tombons un peu plus tard, après avoir testé du lait de coco ouverte devant nos yeux (elles sont un peu différentes de celles que nous connaissons, la chair est plus molle, un peu gluante, et leur goût est plus fade), sur un jardin rajpoute parfaitement entretenu, un peu caché, où nous flânons quelques moments sous les bananiers.

 

Pas très loin, à environ un kilomètre, se trouve Jaswant Thada, un mémorial en marbre abritant les restes du Maharadja Jaswant Singh II (le nom de pratiquement tous les Maharadjas ici et depuis des siècles se termine par Singh), datant de 1899, entouré d'un jardin bien sympathique de calme et de verdure, et situé en plein milieu d'un décor aride, sec et de pierres aux teintes rouges. Nous en faisons le tour, et descendons vers le quartier de la tour de l'Horloge, en plein milieu de la ville. Là-bas, nous nous promenons dans le bazar (Sardar Market), un marché classique de légumes, d'épices, bonbons, vêtements et ustensiles de cuisine en tous genres. L'endroit est bondé dans ce carré autour de l'horloge (nous faisant penser à Big Ben en miniature). Nous allons prendre un lassi dans ce qui passe pour l'un des meilleurs café (mais on est loin de ce que l'on appelle "café" en France) de la région (cf rubrique "bouffe") et rentrons à l'hôtel nous changer avant de partir diner dans un restaurant face au fort, éclairé de nuit.

 

Il se trouve que Jodhpur est sympathique, mais que le nombre de choses à faire est finalement un peu limité. Nous passons donc la matinée suivante à nous reposer, prendre notre temps, avant de partir nous perdre dans les ruelles de la ville bleue. Il est 14h. Nous croisons peu d'occidentaux, les rues sont calmes, colorées, mais toujours aussi sales. Quelques vaches dorment paisiblement ci et là, comme quelques chiens craintifs. Au hasard d'un détour, nous nous retrouvons sur le bord d'un étang avec les remparts du fort en arrière-plan. Deux jeunes sont là à discuter, et s'approchent pour nous parler. Ils sont de la caste des brahmis, la plus haute, celle représentant l'intellect (brahmi vient de "brahma", le dieu créateur, et "mi", l'homme). Nous restons une heure et demi à échanger, à raconter comment les mariages se déroulent ici et chez nous, les relations hommes/femmes, à donner des conseils sur la manière d'être romantique, ou encore à leur apprendre des mots français. Nous aurions aimé interviewer l'un d'entre eux, mais nous n'avons pas de stylo ni nos questions avec nous. Too bad. Nous repartons ensuite, et continuons notre balade, en repassant dans les rues agitées du marché de la veille. Nous y croisons d'ailleurs deux autres participants occidentaux aux jeux de Pushkar, et discutons avec eux un long moment. Aide précieuse, ils nous indiquent une guesthouse convenable au Cambodge pour nos aventures à venir, et quelques astuces pour la Nouvelle-Zélande (ils sont en effet eux aussi partis pour plusieurs mois et ont parcouru l'Asie et l'Océanie). Nous éternisant en face d'une boutique de thé et d'épices, nous nous en faisons offrir un sans rien demander. Bon, l'homme aurait probablement bien aimé que nous entrions ensuite et achetions quelque chose, mais nous déclinons avec le sourire.

 

Il est environ 20h, l'après-midi est finalement passé plus vite que nous ne l'imaginions, et nous nous dirigeons vers le restaurant "On the rocks" recommandé par le cousin de Fred il y a quelques jours, et par le Lonely Planet (qui ne nous a jamais déçu pour l'instant). En entrant, la déco est sympa, style jardin ombragé aux allures du restaurant "Pirates des Caraïbes" d'Adventureland, à Eurodisney. Petite rétrospective dans la rubrique "bouffe". En sortant, nous allons faire un tour dans la boite de nuit du restau, réservée aux couples uniquement. Rien de particulier, nous n'y restons pas. Retour comme d'habitude en rickshaw, mais cette foi-ci avec la musique à fond et les lumières (on l'aura eu la boite de nuit finalement!).

 

Aujourd'hui, troisième et dernier jour (un de trop probablement), nous partons en fin de matinée pour l'Umaid Bhawan Palace, la demeure du Maharadja actuel comportant aussi un musée et un restaurant. Nous apprenons, au gré d'une discussion avec le chauffeur d'une brésilienne croisée hier à notre hôtel, que les Maharadjas de chaque province n'ont quasiment aucun pouvoir, si ce n'est celui de l'argent. L'édifice est impressionnant par sa grandeur et son style Art Déco. Nous souhaitons visiter l'hôtel adjacent, mais nous ne pouvons y accéder sans être client. Au-dessus de nous, quelques avions de chasse tournent - pour le plus grand plaisir de Fred - une école militaire majeure se trouvant à Jodhpur. Nous retournons, cette fois-ci pour déjeuner, au restaurant d'hier soir puis rentrons à notre base. Après-midi administrative en vue, profitant du temps que nous avons et du Wifi disponible. Notre train pour Jaisalmer est à 23h45. Nous dînons à l'hôtel avant de partir pour la gare et se diriger vers le nord-ouest, à presque 100km du Pakistan.

 

 

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jeu.

29

nov.

2012

Jour 12 & 13: Udaïpur

Nous quittons la ville par le train de nuit, que nous prenons vers 1h du matin. Nous patientons jusqu'à cette heure dans notre hôtel de Pushkar, et en profitons pour mettre à jour le site et charger les vidéos sur You Tube, ce qui prend toujours trop de temps à notre goût. Nous nous demandons un peu comment cette deuxième expérience ferroviaire va se dérouler. La gare est à Ajmer, une ville située à 20km de là; nous la rejoignons par taxi, et sommes déposés devant vers minuit. Contrairement à celle de Delhi, qui nous avait surpris par son effervescence, ici, c'est plutôt calme, il y a un peu de monde, mais la plupart des gens se sont installés sur un lit de fortune par terre (un simple drap à même le sol, et une couverture) en attendant leur train, sachant que ces derniers circulent toute la nuit. Nous attendons sagement le nôtre, et achetons quelques gâteaux, qui nous serviront de petit déjeuner au matin, puis rejoignons le quai numéro 4. Un peu plus de monde sur ce quai-ci, en tout cas au moment où le train arrive. Nous repérons très vite notre wagon, ainsi que nos couchettes du bas. Comme la dernière fois, les compartiments sont ouverts sur le couloir, et ni couverture, ni oreillers ne sont fournis. Nous le savons, et avons acquis nos premiers réflexes de baroudeurs en ayant nos duvets (et notre oreiller gonflable) à portée de main (et non pas au fond du sac comme des débutants). 300km à parcourir, qui ne prendront que 5h30 (merci le train "express", et non classique, permettant d'avoir moins de stops).

 

Arrivée au petit matin à Udaïpur. Il fait déjà jour, et direction notre hôtel, qui accepte de nous donner une chambre pour terminer notre nuit (nous réveillons d'ailleurs à 6h30 le personnel afin qu'ils ouvrent la porte). Deux nuits sont prévues dans cet endroit du sud du Rajasthan.

 

Vers 11h, nous partons à la découverte de la ville, qui semble moins grande que les autres. Nous traînons, et nous dirigeons vers un restaurant dont la vue sur le lac est, dit-on, imprenable. L'une des fierté de cette cité est en effet son lac, le Pichola Lake, d'environ 9km², et hébergeant plusieurs îles, dont l'une abrite l'un des palaces les plus chers de l'Inde : le Taj Lake Palace. La plupart des présidents occidentaux ont passé quelques nuits là-bas, et ont dépensé au minimum 2000€ par nuit. L'accès se fait par bateau depuis le City Palace (toujours la même chose, le City Palace étant la résidence des Maharadjas rajpoutes respectifs de chaque territoire du Rajasthan). Sur le chemin du restaurant, nous rencontrons un indien parlant parfaitement français et revenant de notre beau pays. Il nous explique qu'il s'apprête à y retourner dans quelques jours sur invitation de l'Ambassadeur et de notre nouveau président. Il va en effet présenter une collection d'étoles et de pashminas, confectionnées selon une méthode particulière, pour en exposer certaines à Toulouse et au Louvre. Intéressés, nous le suivons dans sa boutique. Il nous montre l'une des pièces qu'il va présenter, les feuilles d'or utilisées pour sa fabrication, des photos de son précédent voyage en France, d'autres de ses produits en vente chez Hermès et Diwali, ainsi que quelques-unes avec diverses personnalités. Il nous explique aussi d'où provient le cachemire : nous apprenons avec surprise que cette matière première tient sa noblesse de sa rareté. Explication : lorsque les chèvres en liberté broutent les arbustes de l'Himalaya entre 3000 et 4500m d'altitude, à une certaine période de l'année, elles déposent sur ces derniers des poils provenant de leur barbiche. Ceux-là sont récupérés à la main, teintés, puis tissés. D'où leurs prix, toujours plus important que la soie ou la laine de chèvre, de yak ou de chameau.

 

Après cette petite heure bien instructive, nous nous mettons enfin à table pour déjeuner. Le décor fait honneur au Taj Lake Palace situé en face de nous : la vidéo parle d'elle-même. Les plats (Fred tente pour la première fois de prendre de la viande, du poulet) sont à la hauteur. Le "paneer massala" d'Audrey fut un régal pour Fred, parfaitement assaisonné, correctement dosé en herbes et arômes, et épicé juste comme il faut. Malheureusement, il ne passe pas auprès d'Audrey, qui ne se sent pas au mieux de sa forme aujourd'hui. Nous, euh Fred, digérons tranquillement, bien installés sur les sofas face au lac. Le ciel est bleu et le soleil se reflète sur l'eau.

 

Le temps passe, et nous décidons de rentrer à pied en faisant le tour de la vieille ville. Nous sommes surpris de découvrir des ruelles plutôt propres, plutôt calmes. Dans ce quartier et à cette heure, il y a peu de klaxons. Ici, les rues montent et descendent. L'imposant City Palace, que nous visitons le lendemain, surplombe  la ville et donne sur le lac. Nous rentrons à l'hôtel et nous assoupissons avant de nous préparer pour retrouver le cousin de Fred et son amie, de passage à Udaïpur aujourd'hui et demain (géniale coïncidence!). 

 

Nous décidons d'aller tous les quatre dîner en terrase, aux chandelles, au bord de l'eau et face au City Palace. Le décor ressemble légèrement à Budapest, dans cette ville que l'on appelle la "petite Venise indienne". Pour info, quelques scènes du film "Octopussy" ont été tournées dans cette ville (d'ailleurs, la majorité des guesthouses projètent le film à 19h30, trop drôle!). Dîner et retrouvailles bien agréables dans ce coin de bout du monde où nous échangeons avec passion nos sentiments sur nos expériences indiennes respectives. Nous adorons l'endroit et nous éternisons. Sur le chemin du retour, nous réveillons le chauffeur d'un tuk-tuk qui accepte notre prix (il faut toujours négocier en Inde : le type voulait 150 roupies nous lui en avons proposé 50 pour payer au final 80). Nous découvrons en route, lorsque nous manquons par deux fois de rentrer dans une voiture ou dans une vache, qu'il avait dû abuser de l'alcool local peu de temps avant! Nous arrivons néanmoins sains et saufs. Il est 23h30. Nous réveillons pour la deuxième fois de la journée le personnel de l'hôtel, afin qu'il nous ouvre la porte, ces dernières fermant à 23h. Oups!

 

Le lendemain, journée classique de visites : le City Palace (qui nous plaît beaucoup, le plus grand du Rajasthan avec ses 245m de long et 30m de haut), la "Crystal Gallery" (une galerie d'objets en cristal commandés par le Maharadja d'UdaÏpur en 1877 auprès de la société la plus réputée d'Angleterre, Osler and Co. Malheureusement pour lui, il mourut avant qu'elle n'arrive en Inde - et ne profitera donc jamais de son lit en cristal, de son incommensurable service de vaisselle et de ses autres folies - et elle restera enfermée dans les cartons pendant 110 ans. Le Maharadja actuel découvrira cette collection extraordinaire, et décidera de l'exposer à la fin des années 80. C'est à ce jour, encore, la plus grande collection au monde d'objets en cristal), une ballade sur le lac et le Jagdish Temple dédié au dieu Vishnu (un des trois principaux dans l'hindouisme avec Brahma et Krishna).

 

Ah oui, on a tenté un bluff, lorsque nous avons appris qu'un somptueux mariage se tenait dans un palace sur une île. En bermuda et tongs, Fred a respectueusement et poliment expliqué qu'Audrey était une chanteuse et danseuse professionnelle ayant performé à Paris et New-York, et que les mariés seraient peut-être intéressés d'entendre quelques chansons françaises à l'occasion de leur mariage, comme cadeau de la France. Malheureusement, tout était déjà organisé, et nous n'avons pas eu la chance de tomber sur, par exemple, le frère du marié. Peut-être une prochaine fois, ou dans un autre pays. Nous rôdons notre discours...

 

18h30, rendez-vous avec le cousin de Fred et son amie dans un ancien palais gouvernemental pour un spectacle de danse (on espère qu'on ne va pas avoir de nouveau droit au même spectacle type oriental qu'à JaÏpur). Le destin en décide autrement, puisque le spectacle est annulé, l'ancien premier ministre indien (celui d'il y a 10 ans) etant décédé. Nous allons donc prendre un apéritif comme il se doit. Nous les laissons ensuite partir pour la gare, et allons dîner en rooftop face au City Palace (encore lui) merveilleusement éclairé. Enfin, surprise sur le chemin du retour lorsqu'un masseur thérapeutique nous propose dans la rue d'examiner gratuitement les mains d'Audrey. De manière très surprenante et inattendue, en lui palpant les muscles, il énonce une grande partie de ses maux, en premier lieu le fait qu'une de ses jambes soit plus courte que l'autre. Convaincue, elle accepte un massage de 45min. Rien à voir avec le massage ayurvédique d'il y a quelques jours, celui-ci est plus profond et beaucoup plus douloureux, mais plus au goût d'Audrey, qui ressort plus en forme. Sur ce, nous allons nous coucher. Le bus part demain à 8h pour Jodhpur. Les 250 km à faire avec les locaux (voir vidéo) devraient prendre 6h.

 

Le trajet passera finalement assez vite, malgré les routes indiennes bien cabossées.

 

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mar.

27

nov.

2012

Videos de Pushkar

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mar.

27

nov.

2012

Jour 11: D'autres vidéos de Pushkar

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mar.

27

nov.

2012

Jours 10 & 11 : Pushkar et sa fête des dromadaires

Dernier trajet avec notre chauffeur, et arrivée un peu tardive suite au cinéma qui s'est terminé vers 15h. Le temps de prendre notre premier Mc Do indien, à emporter (un Mc Maharadja!), et 2h30 plus tard, nous y sommes. Désormais, nous retrouvons la liberté du voyage même si nos trains/bus sont déjà réservés pour les deux semaines restantes. Nous ne sommes pas mécontents de le laisser rejoindre Delhi, car, bien que sympathique et souvent de bon conseil, il était parfois un peu pressant et pressé. Nous lui donnons son pourboire, dont il n'est pas satisfait, et nous précise que ce dernier est normalement de 10% du prix total payé. Première nouvelle, nous n'avons jamais été mis au courant et aurions refusé, vu l'inflation du prix que cela aurait représenté. Nous le lui indiquons et restons fermes. Il comprend, mais est un peu dégouté, et nous quittons néanmoins en bons termes. L'hôtel est sympa, mais surtout, le wifi est disponible dans la chambre. Enfin!

 

Le lendemain (le 27/11), nous partons comme à chaque fois découvrir la ville à pied. Pushkar est une ville qui nous plaît bien, plus petite que les autres, mais bien bondée. Il faut dire aussi que la fête annuelle des dromadaires (mais aussi bétail et chevaux) attirent des dizaines de milliers d'indiens. C'est aussi une des villes sacrées du pays, où se trouve l'un des seuls temples de Brahma du sous-continent. C'est en effet ici qu'il est censé avoir jeté une fleur de lotus dans le lac de la ville, lui aussi sacré. Les hindous doivent visiter la ville au moins une fois dans leur vie, et se purifier dans le lac en descendant les ghats, un peu comme à Varanasi. La ville a un magnétisme particulier avec ses rue étroites, ses temples colorés (bleus ou roses), ses échoppes innombrables (vendant tout et n'importe quoi, de chemises aux fruits, en passant par des disques)... et sa fête foraine. Une sorte de foire du trône impressionnante pour les locaux, amusante pour nous, mélangée à une espèce de salon de l'agriculture. Il y a 3 sortes de manèges que l'on retrouve tous les 30m, datant des années 50 : une grande roue, un grand huit ovale (et plat!) et un spectacle de motos. Ah oui, il y a aussi les curiosités de la nature, style freakshow (femme serpent, homme sans tête, femme à barbe...). Toujours autant de monde, on est pressé les uns contre les autres et impossible de s'entendre parler avec toutes ces baffles hurlantes. Nous marchons en tong sur le sable.

 

Juste à côté, le festival ne bat plus son plein depuis deux jours, et les milliers de dromadaires que nous nous attendions à voir ne sont plus là. Nous en croisons cependant régulièrement, mais ce n'est pas la foire à laquelle nous nous attendions. De nombreux chevaux sont là, souvent très beaux, ainsi que du bétail (beaucoup moins beau). Nous croisons aussi plusieurs campements présentant les différents produits culinaires indiens, mais rien de renversant. Nous ressentons du coup cette ambiance de foire qui fait vivre la ville depuis une semaine. Nous sommes salués ou dévisagés tous les 5m, comme la plupart des occidentaux, et serrons des mains à tout va. Le chauffeur d'un 4x4 blindé s'arrête même devant nous, à la demande de l'indienne assise à l'arrière, pour nous poser quelques questions (pourquoi nous sommes en Inde, ce que nous faisons dans la vie et si nous aimons son pays). Elle ira même jusqu'à demander une carte de visite à Fred.

 

Nous nous promenons sur les ghats, et faisons le tour du bazar. Nous rencontrons sur le pont principal une famille avec qui nous discutons, et apprenons que le père est professeur de danse. Il est impressionné par le grand écart d'Audrey et tient absolument à lui montrer la magnifique posture de son art (cf photo). Le pont, pas très large, est du coup un peu bloqué. Nous trouvons une excuse pour nous échapper, et finissons la soirée dans une pizzeria.

 

Le lendemain matin, c'est la cérémonie de clôture de la fête. 9h, direction le stadium. Nous ne savons pas trop par où rentrer, et suivons le flot qui nous conduit à l'intérieur, au milieu d'un bon millier d'indiens. Nous cherchons où nous mettre sachant que toutes les places sont prises, que ce soit dans les gradins ou sur le sable par terre. Nous apercevons de l'autre côté des places libres. En s'approchant, nous nous apercevons qu'elles sont en fait réservées aux touristes étrangers. Très bien, c'est nous! A peine installés, un indien vient chercher Audrey pour la faire participer à un jeu qui aurait bien sa place dans "Intervilles" : la course de jarres remplies d'eau, opposant touristes et indiens. Audrey essaiera même de corrompre l'un des juges, avec succès, pour avoir moins d'eau que les autres, en échange d'un bisou sur la joue. Malheureusement, cela ne l'aidera pas beaucoup, mais elle ne finira ni dernière ni première, et sa jarre contiendra toujours pas mal d'eau, contrairement à certaines qui ressortiront trempées. Fred s'étant approché pour prendre quelques photos, devra participer au prochain jeu : le tir à la corde opposant toujours touristes et locaux. Défaite écrasante, mais moment sympa lorsque les télévisions locales viendront l'interviewer avec un autre occidental. Audrey, toujours dans les parages, devra elle aussi tirer à la corde et passer par la séance d'interview, non sans s'être fait auparavant remarquer par le désormais traditionnel grand écart, qui n'a pas manqué d'attirer les journalistes présents.

 

Commence ensuite le défilé et la remise des prix, devant le ministre de l'éducation et celui des communications. Fanfares, danseuses, groupes folkloriques, défilé de dromadaires et de chevaux, tout y passe pendant environ une heure et demi. C'est drôle car la tribune des touristes est située à côté de la tribune officielle (avec les ministres), et les occidentaux comme nous peuvent descendre sur la piste pour prendre des photos et filmer à leur guise. Du coup, les indiens, bien moins lotis, ne doivent pas voir grand-chose, leur champ de vision étant obstrué par tous ces types en short à peau blanche. Un peu plus tard, Fred réussira - tel Rémi Gaillard - à s'incruster dans le défilé des membres étrangers du centre équestre de la ville pour aller saluer les ministres (en bermuda et chaussures de rando). Nous verrons la course de dromadaires, le saut d'obstacle à cheval et l'élection de la plus belle vache. 

 

Une dernière ballade à trainer dans les rues et à manger un morceau face au lac, et nous rentrons à l'hôtel profiter une dernière fois du wifi (et taper cet article) au soleil avant de décoller pour la ville voisine d'Ajmer prendre notre train de nuit. 

 

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lun.

26

nov.

2012

Voir un film de Bollywood en Inde

Avant de partir pour Pushkar et faire les quelques heures de route qui nous séparent de cette ville, il fallait que nous allions au cinéma à Jaïpur. Pourquoi ici? Car c'est là que se situe l'un des cinémas les plus populaires/importants du pays. Nous allons donc à la première séance de la journée, à 11h45.

Le lieu :

Le Raj Mandir, LE cinéma le plus réputé du pays. Nous l'avons connu grâce au Lonely Planet, qui le cite comme attraction de la ville. Une fierté nationale. Des cars de touristes ou d'indiens s'arrêtent devant, lorsque nous attendons que le ciné ouvre, pour prendre le bâtiment en photo. Ce cinéma opulent ressemble à un énorme gâteau rose à la crème, avec un auditorium en forme de meringue à l'intérieur. On se croirait un peu dans Grease. 

 

Ici, on ne diffuse qu'un seul film. Le hit du moment. Nous avions demandé à plusieurs personnes ce qu'il fallait aller voir, et toutes nous avaient répondu la même chose : Jab Tak Hai Jaan ! Même le jeune que nous avions interviewé dans le train nous avait fait écouter la musique du film (nous nous en sommes souvenus rétrospectivement). Les gens font la queue 1h30 avant le début du film, et attendent que les portes ouvrent (environ 20 min avant). On se demande un peu pourquoi. Il n'y a pas énormément de monde, ce n'est pas blindé. C'est néanmoins loin d'être vide. Ce n'est que la première séance.

La salle :
A l'intérieur, l'endroit ressemble un peu au Radio City Hall à New-York. Il y a de la place pour s'asseoir, de la moquette recouvre le sol, la configuration du lieu est un peu la même. Inattendu. C'est assez kitsch. Dans 20 ans, on imagine que ce lieu sera un lieu d'époque, un peu comme certains cinémas de banlieue ayant eu leur heure de gloire dans les années 70, face aux complexes cinématographiques actuels.


La salle en elle-même est moderne. Les sièges ne sont pas très confortables, mais s'inclinent un peu comme les sièges d'avion. Fred n'a pas beaucoup de place pour ses jambes, les indiens sont petits en général. L'écran est semblable à ceux que nous connaissons. Grand et à haute définition. Le son est également similaire à nos salles, avec effet surround ou traitement digital et enceintes de haut niveau. Ca envoie du bois !

Le film :
Nous allons voir une des dernières superproductions, sortie le 13 novembre : Jab Tak Hain Jaan. C'est un film à moitié romantique, à moitié d'action. Clairement, il n'a rien à envier aux prods américaines, et tient parfaitement la route. Les moyens mis en oeuvre sont importants. La réalisation est bonne, tout à fait dans nos standards. On imaginerait bien ce film en occident et faire un carton. La mise en scène est aussi à la hauteur, parfaitement maitrisée. On est loin de l'image que l'on pouvait s'en faire, en prenant un peu de haut les productions du pays. Les acteurs sont tous crédibles. L'histoire est romantique mais pas mielleuse, et plutôt sympa, avec un habile mélange d'action, d'amour et d'humour (même si on ne l'a pas toujours saisi, il est vrai). C'est celle d'un héros au grand coeur et séduisant (un mélange de Stallone, Patrick Bruel et Cruz, vous vous rappelez, celui de Santa Barbara) qui poursuit 2 histoires d'amour parallèles malgré lui. Le film en lui-même est tout à fait moderne. La grosse différence par rapport aux films auxquels nous sommes habitués, c'est qu'ici, il y des musiques, des chansons complètes chantées par le héros, et bien plus de danse que dans nos productions.


Ah oui, il y a aussi avant le film des publicités préventives contre le tabac, avec images chocs et témoignages. Est également diffusé juste avant le début le certificat d'homologation du film. Autre différence, à notre grande surprise, en plein milieu d'une discussion importante entre deux protagonistes, une note en bas d'écran prévenant des dangers du tabac lorsqu'une cigarette apparaît à l'écran (façon, abus d'alcool en France, voir photo) est apparue. Quel ne fut pas non plus notre étonnement quand les lumières se sont allumées juste après une scène du film, et ce dernier s'arrêter : c'était l'entracte, au milieu du film ("Intermission" comme ils appellent ça) ! Inimaginable.


On allait oublier, mais inutile de vous dire que tout est en indien, qu'il n'y a pas de sous titres. Heureusement, des phrases en anglais sont parfois prononcées et mélangées à de l'indien (cf les arabes français mélangeants français et arabe lorsqu'ils parlent). Cela ne nous a pas empêché de comprendre toute l'histoire et de ne pas nous sentir frustrés ou de nous embêter. Un peu comme on comprend un film américain même si on ne parle pas anglais (à part JFK ou quelques-uns, c'est vrai).

Mais le moment que l'on a adoré, c'est lorsque pendant une scène en extérieur, à Londres, dans Hyde Park, pendant une discussion dramatique, filmée en plan large, du héros avec l'une des deux héroïnes, nous voyons un pigeon sortir de l'écran, et comprenons qu'il est en fait dans la salle. Le pigeon traverse alors l'écran et nous éclatons de rire. Il refera quelques apparitions, notamment pendant une scène romantique où il n'a rien à faire là et sort de nulle part d'un coup sans prévenir. Excellent, le détail qui tue au moment où l'on ne s'y attend pas.

 

Ah oui, au fait, le film dure 3h complète avec entracte !

L'ambiance :
Une attraction à elle toute seule. C'est à l'opposé de la France. Entre les applaudissements nourris et les cris dès la première apparition du héros (une star ici en Inde) quelques minutes après le début du film, les sifflements enjoués pour l'apparition de chacune des héroines, les encouragements insistants lorsque des scènes romantiques et baisers ont lieu, les chants, les paroles des chansons récitées pendant les scènes chantées (qui durent en général plusieurs minutes... de vrais clips), des cris des bébés à la toux du grand père jusqu'aux téléphones portables qui sonnent et leur propriétaire qui répond, c'est un vrai film dans le film. Et pourtant, on s'habitue, on arrive à suivre le film et ça ajoute un peu de charme à tout cela. On est loin des ambiances froides et concentrées de nos contrées.

 

Enfin, chose étonnante, les gens partent avant la fin du film (quelques minutes, lorsque tout est conclu). Ils n'attendent pas le générique de fin.

Verdict :
Clairement, une vraie expérience, à essayer absolument, surtout ici, à Jaïpur. Nous, on a adoré (le film en lui même d'une part, qu'on reverrait bien en anglais pour comprendre les subtilités des dialogues, et l'ambiance). On a qu'une envie, y retourner ( peut-être pour voir "Son of Sadaar", un autre blockbuster!)

 

 

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dim.

25

nov.

2012

Jour 9: Still in Jaïpur

Aujourd'hui, journée de visites.

 

Nous sommes allés dès le matin dans le centre de la ville, que l'on appelle Pink City, car tous les murs sont faits d'une même matière aux couleurs rosées, pour visiter les musées et autres lieux touristiques, comme le City Palace (là où habite le Maharadja, mais aussi un musée de collections de costumes, d'armes et de carrosses royaux, la salle d'audience où sont entreposés les deux plus grands objets en argent au monde - 2 urnes de 80 000 litres qui ont servi à apporter de l'eau du Gange en Angleterre en 1902), Jantar Mantar ou encore Hawa Mahal (aussi appelé Palace of the Winds - un bâtiment du 19ième dont la façade est quasiment uniquement composée de fenêtres pour que les femmes du Maharadja puissent observer la vie extérieure). Nous avons aussi pas mal marché dans la ville, où il y a toujours quelque chose à regarder, des gens qui vous arrêtent parce qu'ils veulent vous prendre en photo ou discuter avec vous (ça n'arrête vraiment jamais, c'est fou). Il fait chaud, presque 30°C. Nous nous éternisons dans les rues et prenons notre temps. Nous avons cherché un restaurant indiqué sur le Lonely Planet, le Ganesh Restaurant, et sommes tombés sur un boui-boui en haut d'un toit qui ne nous a pas du tout inspiré confiance. En voyant la pancarte et le petit couloir qui y mène, on s'est regardé en se demandant si ce n'était pas une blague. On n'ose pas manger de viande en Inde, ni prendre de street food, mais là, c'était pire. Mais comme nous sommes un peu fous, nous y sommes allés. L'endroit est vraiment paumé dans une rue commerçante en haut d'un toit, et il n'y avait que quelques locaux. La cuisine est quasiment à même le sol, mais bon, si le Lonely en parle, c'est qu'il ne faut peut-être pas se fier aux apparences. Finalement, c'était moyen, mais nous sommes contents de ne pas avoir été malades. Ca a été un peu l'épreuve du feu. Photos et vidéo à venir dans la section "bouffe".


Trajet inverse pour retourner à notre point de départ. Nous nous baladons, mais ne pouvons pas nous éterniser et visiter le grand bazar, car une grande fête musulmane a lieu aujourd'hui dans la ville, et les rues sont bloquées à partir de 17h (décidemment, il n'y a que des fêtes en ce moment dans le pays!). Il va y avoir des milliers de personnes dans les rues. Il est environ 15h, et nous repensons à ce que nous avions hésité à faire hier matin dans le palace : un massage ayurvédique. Notre chauffeur connait un endroit et propose de nous y emmener. On est évidemment d'accord. Comme ça commence à s'agiter dans les rues (on sent que l'on est dans un pays de centaines de millions d'habitants, l'agitation n'est pas la même, les rassemblements n'ont pas la même dimension, la foule est bien plus grande, même quand seulement une fraction de la population est concernée) et que la circulation semble se compliquer, notre chauffeur nous fait patienter quelques instants dans une boutique de souvenirs pour touristes (pas vraiment intéressante) et revient avec une moto. Nous montons tous les deux dessus, sommes donc à trois sur le siège, et nous partons pour un autre quartier de la ville, au milieu de cette circulation typiquement indienne. Des hauts parleurs crachent de la musique, des jeunes se regroupent, ca sent la fête de ce soir (et peut-être les débordements qui vont avec). Des flics sont postés tous les 500m aux carrefours. Nous arrivons et posons la moto. Notre chauffeur nous demande de ne pas nous arrêter pour discuter avec les gens (sachant qu'ils sont toujours curieux en plus) en marchant. Il nous prévient que ça peut être dangereux une fois que la nuit est tombée. Mais pour l'instant, tout va bien.

 

Nous entrons dans ce centre ayurvédique. Nous choisissons un massage complet d'une heure, avec notamment de l'huile chaude versée sur le front en continu pendant le dernier quart d'heure. C'était un bon moment, mais pas aussi grandiose que ce que nous avions imaginé. Cela nous a couté 25 euros environ. Ca aurait facilement été le triple, voire plus, à Paris. Nous repartons en moto vers notre hôtel. Là-bas, l'homme derrière la réception nous dit qu'il n'est pas prudent de sortir ce soir. Nous souhaitions aller au cinéma, car celui de la ville est particulier apparemment, et dîner dans un restaurant à proximité, mais notre chauffeur n'est pas rassuré non plus. Nous entendons la musique dans la rue, très forte, mais c'est le cas tous les soirs. Nous abandonnons donc cette idée, vu que son attitude n'est pas la même que d'habitude. Il nous emmène dans un autre restaurant où nous retrouvons des occidentaux, et assistons à un spectacle similaire à celui de l'avant veille. Ce n'était pas terrible, mais au moins nous n'avons pas passé la soirée dans notre chambre. Le retour du restau sera laborieux, limite, car les rues sont barrées et la foule, principalement des jeunes, a envahi les rues. Les flics nous interdisent de passer. Nous essayons un autre chemin, sans succès. Nous mettons des cache-soleil sur les vitres, afin que nos têtes pas banales n'attirent pas les regards, ni les envies. Notre chauffeur n'est pas rassuré, car beaucoup de monde est autour de la voiture. Nous sentons que la situation peut nous échapper. Nos portes sont fermées à clé. Finalement, en revenant sur le carrefour, le flic nous laisse passer devant notre insistance. Nous rejoignons alors l'hôtel sans trop de difficulté. Tout s'est bien passé, mais c'était limite. Nous irons au cinéma demain.

 

 

Une photo représentant la fin de notre massage
Une photo représentant la fin de notre massage
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sam.

24

nov.

2012

Jour 8 : Charmeur de serpent

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sam.

24

nov.

2012

Jour 8 : 4 vidéos de Jaïpur

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sam.

24

nov.

2012

Jour 8 : Jaïpur, capitale du Rajasthan

Arrivés vers 16h dans notre fameux palace, un ancien palais de Maharadja, nous profitons du temps que nous avons devant nous : piscine, bain dans notre baignoire, apéritifs dans le patio et dîner dans le jardin avec spectacle folklorique (musiciens, danseuses, marionnettes...), un peu touristique il est vrai. Le service est à la hauteur du lieu, les chambres un peu moins. Après une nuit dans un lit king size bien confortable, nous savourons pendant plus d'une heure trente un petit-déjeuner copieux sous forme de buffet.

 

Et c'est parti pour la visite de Jaïpur. Notre chauffeur nous laisse en fin de matinée devant le Central Museum Albert Hall, fierté de la ville lorsqu'il ouvra en 1887. Nous prenons notre temps pour le visiter, et sommes étonnés de trouver ici une authentique momie, des répliques d'oeuvres européennes, égyptiennes et japonaises (Vénus de Milo, peintures italiennes, sculptures gréco-romaines...). Attention, il n'y en a pas beaucoup, et certaines sont approximatives, mais elles ont le mérite de montrer à la population à quoi ressemble l'art en dehors de leurs frontières. Nous découvrons l'art et l'histoire indienne à travers bijoux, tapis, documents, peintures, instruments de musique, costumes traditionnels, sculptures religieuses hindous et bouddhistes (dont certaines du 8ème siècle). Comme souvent, nous sommes arrêtés pour nous faire prendre en photos, mais cette fois-ci un peu plus que d'habitude car, à un moment, des gens feront la queue pour avoir une photo avec nous. On s'est demandé quelques instants ce qui finalement les intéresse ici le plus ! On a bien dû poser avec une trentaine de personnes successives, pendant 10 bonnes minutes! Le bâtiment d'influence anglaise est joli, mais nous sommes loin de l'architecture précise, recherchée, complexe et détaillée de nos constructions européennes de la même époque.

 

Nous partons ensuite à l'extérieur de la ville pour Nahargarh Fort, construit en 1734, étendu en 1868, et surplombant la ville. Il abritait les nombreuses femmes du Maharadja, et est agencé de manière à ce qu'un dédale de couloirs permette au roi de rendre visite à chacune d'elles en toute discrétion. Cette ville de plus de 3 millions d'habitants est en effet entourée d'une muraille protectrice, façon muraille de Chine, et cet endroit servait à protéger le palais impérial à l'époque. L'endroit est sympa, mais nous trouvons l'architecture indienne un peu pauvre de manière générale. La couleur jaune des murs contraste avec le bleu du ciel, et nous imaginons les peintures qui devaient recouvrir tout cela auparavant. Peut-être un jour tout cela sera-t-il restauré.... 

 

Direction ensuite l'Amber Fort, qui ressemble plus à un palace en marbre qu'à une place forte. Nous montons l'imposant escalier partant de l'immense cour intérieure et visitons les quatre sections principales. Encore plus qu'auparavant, il est très facile de se perdre dans cet endroit qui nous a bien plus impressionnés. Ici, les femmes n'avaient pas le droit de sortir et contemplaient la vie depuis des fenêtres où elles ne pouvaient être vues, et l'eau arrivait du lac situé une trentaine de mètre plus bas par un système d'irrigation à trois étages ingénieux. Nous avons pu visiter ce qu'il reste des appartements du Maharadja, du harem, du sauna et des jardins intérieurs. Pas une goutte d'eau n'était perdue, et on imagine l'importance de cette ressource à cette époque (et aujourd'hui aussi, bien sûr). Des combats d'éléphants avaient également lieu ici. A la fin de notre visite, nous croisons nos premiers charmeurs de serpents, qui invitent Fred à se joindre à eux.  

 

Retour agité dans le centre de la ville, notre chauffeur dévalant en trombe la route sinueuse pour rentrer, passant plusieurs fois de justesse à côté de motos et autres voitures arrivant dans le sens opposé. Nous nous arrêtons pour quelques photos devant le "Water Palace", ancien palais au milieu du lac principal de la ville. Quelques éléphants et chameaux marchent au milieu des voitures. Détour par notre hôtel, où nous déposons nos affaires et prenons une bonne douche, puis direction le restaurant "Four seasons" (rien à voir avec la chaîne hôtelière), apparemment l'un des meilleurs restaurants végétariens de la ville. Effectivement, nos plats, surtout celui de Fred, sont succulents (cf rubrique "bouffe"). Nous goûtons également notre premier "lassi" à la banane (yahourt sucré ayant reposé plusieurs heures, glacé, avec de la banane mixée à l'intérieur : trop bon!).

 

En rentrant, nous voyons beaucoup de mariages en cours dans les rues. La "saison" vient effectivement de commencer. Le marié doit arriver sur le lieu de la fête sur un cheval blanc. Nous en croisons plusieurs. Il y en a un à côté de notre hôtel. Bien sûr, nous nous sommes approchés au lieu de rentrer dans la chambre pour aller voir!  Et lorsque nous avons doublé le cortège pour mieux voir et filmer, les gens ont commencé à devenir excités et nous attirer près du marié pour danser avec eux. On s'est laissé faire, et les avons accompagné une trentaine de mètres comme cela. Un orchestre jouait en même temps. Ils ont tous voulu faire des photos avec nous, les femmes aussi. On a même failli rentrer dans le lieu réservé pour l'occasion et se faire inviter. Mais notre chauffeur ne le sentait pas, et a demandé au gardien de ne pas nous laisser rentrer. Peut-être a-t-il bien fait, il connaît son pays. On s'est attardé car les gens ne voulaient pas partir, nous demandaient notre adresse, notre téléphone, notre mail... surréaliste ! Certains sont venus nous toucher les genoux en faisant un signe ensuite comme si cela leur portait chance. Des gens dans le train la semaine dernière avaient fait la même chose. Ce serait bien que l'on comprenne.... il peut arriver n'importe quoi n'importe quand ici !

 

 

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ven.

23

nov.

2012

Jour 7: Ranthambhore National Park

Cette halte entre Agra et Jaïpur n'a qu'un seul intérêt : faire un safari pour voir des tigres.

 

Bon, le  parc est un ancien terrain de chasse d'un maharadja et regroupe des léopards, des hyènes, des renards, de nombreuses variétés de cerfs, biches et antilopes, tout comme de nombreuses espèces d'oiseaux, des crocodiles et des singes. Lever à 4h du matin pour Fred, sachant que le safari commence vers 7h30 : c'est en effet tôt le matin que les chances d'apercevoir un tigre sont les plus élevées. L'administration indienne ayant ses raisons que la raison ignore, il est nécessaire que les visiteurs se présentent avant l'ouverture du guichet (5h normalement) pour s'inscrire. Impossible de faire autrement, ils veulent voir la tête des visiteurs avant de délivrer les billets. Comme quoi, il y a pire que l'administration française! Réveil donc en pleine nuit, quelques kilomètres de voiture à parcourir pour arriver devant un guichet qui ouvrira finalement une heure et demi plus tard. Il y a déjà d'autres personnes. Les indiens présents ont froid, peu habitués aux températures "fraîches" de 13°C. Ils étaient tous avec des couvertures! Attente donc interminable le ventre vide, à discuter et s'énerver d'être un peu là pour rien. Enfin, le petit bâtiment ouvre, tout le monde se presse, c'est un peu la foire, et Fred montre sa tête au guichetier avec notre chauffeur et obtient son ticket. Il est 6h30. Audrey, restée à dormir (nous n'avions pas besoin d'être deux), est réveillée précipitamment par Fred. Le guichet ayant ouvert en retard, il faut se presser pour rattraper ce temps bêtement perdu. Nous avalons quand même quelques toasts à l'hôtel (faut pas abuser non plus, on a trois heures de safari devant nous), et rejoignons une des vingt places à ciel ouvert du bus qui nous attend depuis 10min devant l'hôtel. Après une dizaine de kilomètres, nous arrivons à l'entrée du parc. D'autres passagers nous ont rejoints sur le chemin.

 
La ballade a duré plusieurs heures. Il faisait un peu frais, et nous nous sommes vite rendus compte que nous étions des débutants : quand les autres avaient pris des couvertures ou des jumelles, nous, nous étions les mains dans les poches. Nous nous sommes mis à l'arrière, en pensant que nous pourrions profiter d'un angle de vue supplémentaire. En fait, ça n'a servi à rien car quand un animal était proche, le bus s'arrêtait, et tout le monde se rassemblait au même endroit. Dès le début, nous avons eu de la chance. Alors que certains en étaient à leur quatrième safari pour voir un tigre, nous en avons eu un très rapidement. Mais nous ne l'avons malheureusement pas vu (rires!). Trop de voitures devant nous, et notre place au fond ne nous a pas aidé. Nous l'avons quand même vu sur l'écran d'autres passagers un peu plus tard. Nous avons par contre pu apercevoir à peu près la totalité de la faune du parc (léopards exceptés). Des marques sur le sol relevées par notre chauffeur ont fait naître un peu d'espoir, mais peine perdue. Plus de tigres, et pas de léopard. Ce qui était sympa, c'est que la plupart des animaux était souvent à quelques mètres du camion. Nous avons d'ailleurs été étonnés qu'ils ne soient pas effrayés par son bruit (on nous demandait cependant de rester silencieux à ces moments précis). On est loin des safaris africains, la faune est aussi différente, mais nous avons passé un bon moment, retrouvé un peu de nature, loin des klaxons et de la pollution. Par contre, à peine sortis du parc (une grande arche le signale), nous avons immédiatement retrouvé ces désagréments.


La suite de la journée sera de la route jusqu'à notre prochaine destination : JaÏpur.

 

 

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jeu.

22

nov.

2012

Jour 6 : Beautiful Taj

Bon, on ne va pas s'éterniser, et allons laisser les photos parler d'elles-mêmes. Petit-dej avalé, un guide différent de celui de la veille nous attend à l'hôtel, beaucoup plus sympa. Direction le Taj Mahal à 2km. Il est 7h. On se gare, on arrive, on prend les billets, on entre dans le parc, et après 10min de marche, on arrive sur une porte imposante qui cache le Taj.

 

Et là, il est devant nous. Certes assez loin, mais il éclate devant vos yeux. Il est magnifique. Il y a déjà pas mal de monde, mais ça va encore. Il n'est possible de filmer que jusque-là, après, c'est interdit. Alors on commence à marcher doucement à travers les jardins qui bordent ce monument classé. Nous restons ébahis et excités par notre présence ici. Notre guide est vraiment très sympa. Nous le faisons rigoler par quelques blagues ou remarques marrantes. De son coté, il nous fera aussi rire lorsqu'il demandera timidement à Fred s'il est un acteur en France, car il trouve qu'il ressemble à celui qui à joué dans un film avec un gros bateau qui coule (ndlr: oui, il parle bien de Titanic et de Di Caprio!). La visite dure environ deux heures. Nous faisons le tour du bâtiment, allons à l'intérieur (une simple salle, un mausolée) et repartons avec déjà l'envie d'y revenir un jour. A noter que le monument peut être visité de nuit les soirs de pleine lune pour voir briller les pierres spéciales (noires, reflétant la lumière de la lune) ornant le toit.

 

Nous visitons ensuite le Fort d'Agra, autre monument important de la ville, mais tout est un peu décevant après avoir vu cette preuve d'amour que symbolise le Taj, construit en 1631. Nous avons d'ailleurs appris qu'un autre Taj Mahal, noir celui-ci, devait être construit à l'identique dans la foulée, face au premier. L'histoire en a décidé autrement, puisque le fils du roi a fait emprisonné son père (dans le Fort d'Agra justement, avant la fin - le père a ainsi vu les travaux se terminer depuis sa cellule !).

 

Nous quittons Agra vers midi, et prenons la route pour environ 5 heures. Nous entrons ainsi dans la Rajasthan. En chemin, un problème de pneu nous obligera à nous arrêter. Une nouvelle occasion de discuter avec les locaux et de prendre, souvent à leur demande, quelques photos.

 

 

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jeu.

22

nov.

2012

Célébration

Au fait, juste pour vous, on vient de s'en rendre compte... on a franchi la barre des 10 000km parcourus..... pour la peine, on se fait un palace demain à Jaïpur. Na !

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mer.

21

nov.

2012

Jour 5 : Delhi - Agra

L'arrivée dans cette capitale de 12,5 millions d'habitants fût un peu mouvementée cette nuit, comme nous l'avons rapidement dit dans notre article précédent (cf "Prendre le train en Inde"). La gare de Dehli (enfin une parmi les cinq que compte la ville) au milieu de la nuit, c'est pour un français comme la gare Montparnasse en deux fois plus grand un départ de 15 août. Ca grouille de partout, tout les quais sont blindés, des familles entières dorment par terre en attendant leur train - on a dû en enjamber au moins une dizaine - et comme on ne fait pas très local, surtout avec nos sacs sur le dos, on est dévisagé par tout le monde. En suivant notre étudiant bienfaiteur, après 20min de tuk tuk pour rejoindre une autre gare et trouver un lieu pour dormir, nous avons été frappés par les très fortes odeurs d'égouts, l'air pollué et les gens qui dorment par terre dans des rues pour une fois silencieuses. Impression un peu dérangeante d'une pauvreté dont nous n'avons pas l'habitude. Il était 2h du matin. Paradoxalement, nous nous sommes sentis beaucoup moins à l'aise qu'à Varanasi (que nous avions aussi découverte de nuit), réputée pourtant comme l'une des villes les plus difficiles d'accès. 

 

Ce matin, l'objectif est de booker nos billets de train pour le reste du séjour. Ce sera une bonne chose de faite, et au moins, on sera tranquille. Retour donc à Delhi Junction, où se trouve le Tourist Desk qui devrait pouvoir nous aider. Une fois là-bas, nous suivons les panneaux bleus censés nous y conduire (on s'était renseigné sur d'autres blogs depuis la France, et savions que cela se trouve au premier étage) mais surprise, pas de Tourist Desk! Nous serions-nous trompés? Après avoir tourné, on décide de demander. Une personne de la gare nous indique que, pour cause de travaux, le bureau a été transféré au centre-ville. Nous trouvons cela un peu étrange mais, un peu fatigués, pressés de booker nos billets, et ne souhaitant pas rester dans cette ville où ne devrions pas être, nous l'écoutons et partons pour le Delhi Tourist Center. 


Après 20min de rickshaw, qui nous permettent de voir la ville de jour, déjà plus sympa, nous arrivons. Nous y voyons d'autres occidentaux. L'endroit est plutôt propre et le personnel accueillant. Nous nous installons derrière un bureau en face d'un homme parlant bien anglais, nous prenons un peu de chaï. Nous lui expliquons que nous voulons booker nos billets. Il nous indique qu'il est compliqué de réserver tous ces billets, et nous suggère de prendre un chauffeur, chose assez courante pour les touristes en Inde. Nous nous regardons, et après quelques minutes de discussions tous ensemble, nous tombons d'accord pour une partie de notre séjour de 20 jours. Notre chauffeur, Babou, nous conduira de villes en villes, et là où nous voudrons dans chacune d'elles. Environ un millier de kilomètres à parcourir. Ensuite, ce sera trains de nuit et bus couchettes. Nous décidons également, puisque cela est possible, de réserver nos hôtels pour le séjour. Un gain de temps et de stress appréciables, mais qui a un prix, car certains trajets s'avèreront plus long en voiture qu'en train, et nous serons mieux logés que nous le souhaitions si nous avions été livrés à nous même. Conscients aussi d'être passés par un intermédiaire qui prend sa commission au passage. Nous procèderons peut-être différemment à l'avenir, en prenant plus notre temps, mais nous ne sommes qu'au début de notre voyage et apprenons sur le tas. Cela dit, l'avantage des pays en voie de développement ou émergents, c'est que même en payant plus ou trop cher, ça reste abordable pour un occidental!


Il est 13h. Nous voilà donc partis avec un chauffeur pour Agra, notre destination initiale. Détour par notre guesthouse de misère pour récupérer nos sacs, et direction la maison du chauffeur pour prendre ses affaires. N'ayant pas déjeuné, sa famille nous prépare le plat traditionnel que nous mangerons tous les deux dans la chambre adjacente à la cuisine. Succulent pour Fred, trop épicé pour Audrey.


7h après, nous arrivons à Agra, encore de nuit, basses résonnantes (il y a un caisson dans le coffre), et trouvons l'hôtel réservé à notre attention. Nous sommes loin des lodges népalais et premières guesthouses : lit confortable avec matelas et draps, eau immédiatement chaude, baignoire et télé. Ce n'est pas le grand luxe mais c'est au-dessus de la norme pour les backpackers que nous sommes.


Un homme nous attend à l'hôtel, c'est notre guide du lendemain. Depuis quand avions-nous demandé un guide? Nous nous sentons un peu prisonniers, surtout quand il souhaite nous emmener dans le restaurant de son ami et nous dit qu'il vaut mieux arriver au Taj Mahal vers 8h alors que nous souhaitions y aller pour 6h30. Il nous dit que nous sommes fatigués et que le site n'ouvre qu'à 7h. Il commence à nous énerver, et nous lui imposons notre horaire. Le lendemain matin, un autre guide nous attendra (et qui nous conviendra parfaitement).

 

 

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mar.

20

nov.

2012

Jour 4 - Prendre le train pour la 1ère fois en Inde

Bon, on avoue, on a triché, on a été petit joueur, pourtant on a essayé, mais on a cédé à la facilité : on a pris notre billet via la guesthouse. On est bien allé à la gare, on voulait vérifier que tous les trains étaient bien complets, mais quand d'autres occidentaux nous ont confirmé qu'il n'y avait pas de train pour aller à Agra avant deux jours, on est rentré à la guesthouse et avons pris un billet pour aller directement à Delhi et changer de plan. Le type de la guesthouse a réservé notre billet pour nous, nous faisant gagner pas mal de temps. A la gare, c'était un vrai capharnaüm (mais pas plus qu'imaginé), avec un bureau spécial pour les touristes.

 

Départ à 9h30. Nous quittons les lieux à 8h (après avoir de nouveau navigué près des Ghats en ce jour de fête - voir autre article). En mangeant un morceau, le manager nous conseille de nous dépêcher. Nous écoutons ses conseils, il peut en effet y avoir du monde sur la route suite à la fête, mais savons que le trajet n'est pas si long puisque nous l'avons fait la veille. Nous partons donc nos sacs sur le dos pour trouver un rickshaw, marchons quelques mètres, et apercevons Diamond qui nous en trouve un rapidement. Audrey a la bonne idée de lui montrer notre billet : il nous dit que notre train est à une gare différente de celle d'hier, à 20km. Heureusement que nous sommes partis dans la bonne direction! Nous quittons donc Varanasi pour une ville extérieure. Après une heure de route et "d'autoroute" (traversée du Gange, innombrables camions garés sur la route...) sur ce tricycle motorisé, nous nous faisons déposer dans une gare où nous sommes les seuls blancs. A la recherche de notre train, qui n'est pas indiqué sur le panneau central, nous demandons de l'aide à quelqu'un. Fred est aussi allé voir à un guichet bondé avec son 17kg sur le dos, et un indien lui a proposé de prendre le relai pour obtenir l'info. Du coup, nous recroisons nos informations, qui concordent. Ce sera le quai numéro 5. Nous traversons une partie de la gare et le rejoignons.

 

Là-bas, un local d'une vingtaine d'années vient vers nous pour là encore nous aider. Il parle un bon anglais, et passe son MBA. Il nous explique comment reconnaitre le numéro du train, le numéro du wagon et sa place. Cela ressemble pas mal au système français, et surement à presque tous les trains du monde (quand on comprend l'écriture locale bien sûr). Notre train a une demi-heure de retard. En l'attendant, deux jeunes filles s'assoient timidement à côté de nous, curieuses. Nous entamons la discussion (limitée à quelques mots d'anglais). Echanges de regards et de sourires. Notre ami étudiant revient et nous prend en charge jusqu'à nos places. Nous le savions, nous sommes dans la classe la plus populaire. Pas de climatisation, il fait quasiment 30°C, mais les fenêtres sont ouvertes. Ce n'est pas, et ne sera pas, une étuve. Les compartiments sont ouverts, donnent sur un couloir central un peu déporté. Nous sommes normalement trois par banc, face à face, avec deux couchettes au-dessus de nous. Nous serons bientôt une dizaine, à discuter tous ensemble. Les gens sont très curieux et avides de contact. Ils le font comprendre, mais ne sont pas à l'initiative. Deux espagnols sont à côté de nous. Ils montent rapidement s'installer sur les couchettes et y resteront tout le voyage. Nous échangeons quelques mots, notamment lorsqu'ils sortiront un saucisson, mais ils resteront dans leur coin alors que nous passerons tout le voyage à discuter et voyager comme les indiens. Nous avons 12h devant nous. Passée la première heure à regarder le paysage, principalement des rizières, et à somnoler, nous commençons à être l'objet de toutes les attentions. Les deux personnes âgées devant nous sont timides, mais des jeunes ne sont pas loin, et les gens passant dans le couloir nous dévisagent. Encore une fois, un regard droit dans les yeux et un sourire désamorcent toutes craintes ou suspicion. Il y a deux occidentaux (quatre en fait avec les espagnols) et tout le monde veut les voir ou les entendre. Cela ira du môme de 12 ans qui n'ose pas dire un mot, à la mère qui veut se faire photographier avec nous (puis son fils veut faire de même). D'autres jeunes s'installent discrètement, et un homme ayant aperçu Audrey s'asseoit et entame la discussion. La situation est drôle. Melting pot de visages, d'âges et de religions (nous apprendrons que les deux personnes âgées sont musulmanes. Un de leurs frères part à Londres). L'homme nous parle de lui, veut en savoir plus sur nous, il fait des regards doux à Audrey. C'est un charmeur. Mais pas trop pénible (pour le moment). Nous regardons son manège amusés. Le temps passe. Nous sommes toujours nombreux dans le compartiment. Il va nous chercher un mélange de céréales épicées se mangeant à la main pour nous faire découvrir ce qui pourrait servir chez nous d'apéritif (voir rubrique "bouffe"). Fred aime, et en reprend. Audrey moins. Les deux hommes en face mangent un fruit local que nous ne connaissons pas. Il nous en offre un, le goût ressemble à de la goyave. Un homme aveugle et cul-de-jatte passe dans le couloir en tapant sur une assiette. Plus tard, des vendeurs ambulants passeront pour servir à manger à qui veut, vendre de l'eau, du jus de fruit, ou du chaï (sorte de thé au lait à moitié salé à moitié épicé, c'est assez bon). 

 

Nous arrivons à une gare. Fred descend pour tenter de trouver les fameux fruits, puisqu'ici, les quais sont remplis de vendeurs ambulants. Certains passent près des fenêtres pour en vendre directement aux voyageurs. Le train redémarre. Audrey s'inquiète car il n'est pas revenu. L'un des jeunes présent dans le compartiment se lève pour parcourir les wagons à sa recherche. L'un a même suggéré de tirer la sonnette d'alarme. Fred a en fait croisé sur le quai l'étudiant du début. Ce dernier lui expliquait comment savoir quand le train redémarre. Fred est monté alors que le train roulait déjà, comme d'autres indiens, des bananes et un coca dans les mains. Ici, les trains démarrent doucement et les portes restent ouvertes. Audrey est soulagée quand elle entend les indiens l'avertir de son retour, et le voit arriver.

 
Il y a toujours autant de monde dans le compartiment. Tout le monde sourit. Nous décidons alors d'interviewer un jeune s'étant glissé près de nous depuis le début, parlant particulièrement bien anglais, une des personnes âgée ayant sa place à côté et notre charmeur invétéré (devenu un poil lourd il est vrai). Il nous chantera même quelque chose, quelques vocalises locales, qui donneront à ce décor une atmosphère un instant envoutante. Audrey répondra par un "La vie en rose" qui interpellera tout le monde. Nous interrogeons donc nos trois amis et écoutons attentivement leurs réponses (cf rubrique "rencontres"). Le jeune parlant anglais traduit pour les autres afin d'être sûr qu'ils aient compris et tous les autres en profitent, écoutent les réponses successives et apportent leurs propres réponses en silence. Tout le monde est intéressé. Notre jeune homme nous explique qu'il part à Delhi pour s'inscrire à l'école d'ingénieur. Il commence en mars. C'est la première fois qu'il quitte la maison.


L'aiguille tourne. Nous sentons que les gens veulent nous aider. En discutant, nous comprenons que cela est culturel, qu'en aidant les autres, Dieu t'aide en échange. Nous sentons que cela a un véritable sens pour eux. C'est vrai que tous les indiens nous répètent que c'est très important d'aider les "invités". Une devise ici est "guest is god", et cela ne semble pas une plaisanterie, ou juste des mots. La différence avec la France est grande dans les rapports humains, pour le peu que l'on en voit et au regard de notre statut. Cela explique probablement une partie du fait que nous nous soyons bien sentis jusqu'à présent ici, en ayant en plus commencé par Varanasi.


Il est 19h. Nous avons écouté de la musique indienne, discuté avec d'autres personnes, écrit en partie cet article. L'attroupement du début s'est bien sûr dissipé après 9h de trajet. Il en reste encore facilement trois ou quatre. Lorsque nous serons arrivés, nous aurons fait 1000km !


L'indien séducteur sera revenu, nous aurons discuté, tout affairé qu'il est à commenter nos traits, notre visage, l'importance de la méditation, ce qu'il pense (il pense que Fred est un acteur et trouve qu'il ressemble à Tom Cruise; un ou deux autres indiens avaient déjà interpellé Fred ces derniers jours pour savoir s'il était acteur...On a bien rigolé!). Nous traversons différents paysages, des villages extrêmement pauvres en bois, nous arrêtons dans des gares, ou au milieu de la voie. Parfois, un indien d'une vingtaine d'années vient s'asseoir près de nous pour observer ce que l'on fait, nous poser des questions...

 

La fin du voyage est un peu longue, mais ce trajet qui aura duré un peu plus d'un aller-retour Paris-New-York se sera bien passé. De nouveau, ce qui s'annonçait comme une grande aventure l'a été, mais nous n'avons pas particulièrement subit ce moment. Nos craintes ont été dissipées, et seule les dernières heures ont été un peu longues. Mais même à la fin, alors que plusieurs personnes dorment, une mère à la dentition parfaite et au sari multicolore viendra voir Fred, alors qu'Audrey tente de dormir elle aussi, pour lui présenter son bébé. Son mari viendra également pour nous parler, et nous dire encore une fois que l'Inde est très diverse mais qu'il y a une grande unité. Il s'étonnera que nous soyons dans cette classe de wagons au milieu de la population indienne, car nous sommes des invités en Inde ("guests of India"). Nous lui expliquerons le pourquoi du comment, et discuterons une petite dizaine de minutes. Il travaille chez UBS et nous donnera son mail, puis nous laissera car doit descendre à cet arrêt, l'avant dernier avant Delhi.


Le retard n'a pas été rattrapé, et nous avons donc trouvé un endroit au dernier moment pour dormir. L'étudiant du début du voyage, toujours aussi prévenant, nous attendra sur le quai pour nous aider. Il se démènera pendant deux heures, cherchant, essayant de négocier une chambre dans la gare, puis dans un autre quartier de Delhi (dans lequel nous irons tous les trois en tuk-tuk, en passant près de nombreuses personnes dormant dans des rues mal éclairées après avoir emprunté un bout d'autoroute) pour enfin nous trouver quelque chose qui ressemble plus à un hôtel de passe qu'autre chose. Mais il est 2h du matin, et nous avons un lit. Il nous mettra en garde contre bien des choses, et nous donnera pleins de conseils précieux. Nous serons stupéfaits par ce geste et cette attitude, qui lui aura pris plusieurs heures... A suivre.

 

 

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mar.

20

nov.

2012

Jour 4 - La fête du Punjab

Lever à 5h pour aller de nouveau prendre le bateau pour le lever du soleil. Encore une fois direz-vous, mais s'en doute la meilleure aujourd'hui. C'est pourtant le jour où nous prenons le train pendant 12h (finalement 14h). C'est aussi celui où toutes les femmes vont attendre sur les escaliers - les ghats - que le soleil se lève pour offrir au Gange toutes les offrandes qu'elles ont préparées. En arrivant au niveau du fleuve, nous sommes immédiatement frappés par le monde et le bruit, notamment des pétards. Nous sommes encore une fois - privilège supplémentaire - quasiment les seuls occidentaux. Une foule est amassée. Nous sommes un peu dévisagés. Les hommes regardent surtout Audrey et les femmes Fred. Des adolescentes sont intriguées. Nous montons dans notre embarcation, partons dans le sens opposé à celui de d'habitude, et observons depuis le bateau la foule préparer les offrandes et allumer les innombrables bougies sur la rive. Tout le monde attend l'apparition du soleil en priant, en discutant, en chantant ou en se baignant. Les femmes s'avancent de plus en plus dans l'eau.

 

Vers 7h, notre étoile apparaît. C'est l'effervescence. Tout le monde pousse des cris de joie en levant les bras au ciel et entame un rituel. Une femme de la famille, souvent la mère, prend l'offrande dans les mains, tourne sur elle-même pendant que les autres membres familiaux versent du lait sur l'offrande. Les couleurs prennent vie. A un moment, les petits cousins du rameur montent sur notre embarcation. Superbe moment où s'échangent des sourires, des regards et des clins d'oeil. Les photos fusent. Nous rentrons émerveillés par le début de la journée.

 

 

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lun.

19

nov.

2012

Jour 3 - Vidéos Varanasi

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lun.

19

nov.

2012

Jour 3 - Still in Varanasi

Aujourd'hui, nous souhaitons quitter Varanasi pour poursuivre notre programme et aller à Agra où se situe le Taj Mahal. Hier, le personnel de la guesthouse nous a dit que tous les trains vers ce haut lieu touristique étaient pleins, toutes classes confondues. Néanmoins, nous souhaitons le vérifier par nous-même, car il se pourrait qu'ils souhaitent simplement nous faire payer une ou deux nuits supplémentaires.

 

Nous nous éclipsons donc après le petit-déjeuner et partons comme des grands vers la gare. Nous attrapons un tuk-tuk (ou rickshaw) qui demande à notre avis beaucoup trop, et refuse de baisser son prix. Nous tombons d'accord avec le prochain. Une demi-heure plus tard, nous arrivons. Sur le chemin, nos regards se perdent parmi tous les détails que les rues nous offrent, comme très souvent dans les pays en développement (bien que cette superpuissance en devenir ne dévoile ici que peu de ses capacités, exceptées touristiques) : les vaches, toujours aussi impassibles au milieu de cette effervescence urbaine, les enfants dénudés ou en costume sortant de l'école, des vendeurs ambulants, des femmes - en sari turquoise ou rose - par terre à vendre des légumes verts, des barbiers sur ce qui devrait être un trottoir, des échoppes délabrées, et toutes ces voitures, motos et rickshaws. Le bruit est à la hauteur du visuel : ça klaxonne dans tous les sens, pour n'importe quoi. Cela est presque ce qu'il y a de plus gênant ici, tant la pollution sonore rivalise avec celle plus classique des ordures et des odeurs.


A la gare, nous trouvons le Tourist Desk, réservé - comme son nom l'indique - aux gens du voyage, et discutons avec quelques français attendant que la seule personne du bureau s'occupe d'eux quand viendra leur tour, c'est à dire après au moins 2h d'attente. Nous décidons de ne pas insister et rentrons à la guesthouse, où nous donnons notre accord à Diamond pour lui acheter nos billets de train pour Delhi le lendemain matin. Nous changeons donc notre programme initial et allons l'adapter à la situation. Il est midi. Nous allons nous promener à pied sur les ghats, et longeons le fleuve pendant une trentaine de minutes. Tous les cinquante mètres, quelqu'un nous propose un bateau pour nous transporter, mais nous refusons systématiquement avec le sourire. Audrey fait à un moment tomber le châle qu'on lui a offert la veille, sans s'en rentre compte. Deux jeunes indiens nous interpellent de loin, alors que le châle est déjà une dizaine de mètres derrière nous, pour nous mettre au courant.


Nous décidons de nous aventurer dans une rue et de quitter la rive. Quasiment aucun occidental, toujours le même genre de décor, beaucoup de couleurs et d'agitation. L'heure tourne, et nous faisons une boucle pour rejoindre le Gange et rentrer. Sur le chemin, on nous propose un massage des mains et du dos pour une bouchée de pain. Nous refusons, avec regret quelques instants plus tard, pressés par le temps. Diamond a en effet proposé de nous emmener voir un astrologue renommé dans l'après-midi. A moitié curieux, à moitié anxieux, nous avons accepté. Nous prenons néanmoins le temps d'avaler un morceau.


Nous partons avec lui en milieu d'après-midi. Il nous emmène en rickshaw, puis à pied, par des ruelles où nous ne croisons que misère, saleté et mini lieux de culte colorés et parfumés par l'encens qui brûle à proximité. Nous nous sentons en tranquilité et aimons, surtout Fred, ce côté aventure. Nous repensons aux émissions que nous regardions sur France O retraçant les péripéties de tour du mondistes. Cette fois, c'est nous. The real thing. Nous arrivons enfin dans ce petit lieu où nous devons enlever nos chaussures. L'homme en question, barbe longue, commence par nous montrer son book, où sont inscrits plusieurs dizaines de témoignages. Il parle un peu français et nous montre l'extrait du "Petit Futé" où il est cité comme astrologue des stars. Une autre personne enseignant et pratiquant la méditation est aussi présente. L'ambiance est étrange. Il nous propose différentes séances, selon que nous souhaitions avoir des infos sur notre vie actuelle, celle d'avant ou celle qui suivra (n'oublions pas que l'on croit à la réincarnation ici!). Nous souhaitons juste savoir pour notre vie présente. Audrey monte à l'étage. La séance dure 20min environ. Fred suit ensuite. Nous ressortons intéressés, un peu interloqués par une ou deux infos, et amusés. Un croisement de plusieurs sensations. En dehors de notre chiffre et couleurs magiques, nous avons entendu des choses sur notre futur. Nous n'y croyons pas beaucoup, et qui vivra verra. Nous passons à autre chose.


Diamond nous propose ensuite de nous emmener dans une boutique d'huiles essentielles. Attention, par boutique, il est question ici d'aller franchir une porte à laquelle nous n'aurions jamais prêté attention, dans une ruelle tout aussi perdue, où deux ou trois vaches broutent dans le patio. Nous nous asseyons dans une petite pièce remplie de fioles, bouteilles et flacons indexés, posés sur de multiples étagères. Un homme de petite taille à lunettes et à blouse blanche entre et se présente paisiblement et aimablement. Il collecte, trie, sélectionne et mélange des huiles essentielles provenant de toutes les régions du pays selon une méthode ayurvédique. Il prépare aussi des mélanges d'épices aux vertus gustatives bien sûr, mais également thérapeutiques. Très intéressés, même si le temps nous manque car Diamond doit rentrer à la guesthouse, nous lui posons de nombreuses questions.

 

Compte rendu : concernant les épices, il propose deux mélanges. L'un de six épices (Tea Masala : cannelle, cardamone, noix de muscade, fleur de noix de muscade, trêfle et safran) à ajouter après la cuisson, l'autre de 15 épices (Curry Masala : les 6 précédentes + cumin, coriandre, cumin noir, poivre noir et poivre blanc, cardamone noir, thym et fangurie - sorte de petites billes, cf rubrique "bouffe"). Il collecte ses épices sur les marchés locaux sauf pour la cardamone, achetée en Arabie Saoudite, et le safran, au Cachemire et Kerala d'octobre à décembre, car la qualité n'est pas à la hauteur dans les marchés locaux. Il n'utilise pas de poivre rouge car les effets sont négatifs. Seul les poivres blancs et noirs sont utilisés en provenance d'Inde du centre et du sud. Ces mélanges aident à la digestion et pour le cholestérol. Concernant les huiles essentielles, le choix est énorme. Elles sont à utiliser pour le bain, les massages ou comme parfum. On peut aussi en boire certaines car tout est organique, par exemple en déposant deux gouttes sur un morceau de sucre. L'homme dépose une toute petite goutte sur notre paume : le parfum est très fort. L'Agar, par exemple, provient d'un arbre très rare et est utilisé contre la dépression, en déposant par exemple deux gouttes sur l'oreiller ou en s'en servant comme parfum. La distillerie est familiale et située à Kannauj, la place native des huiles essentielles en Inde. Audrey tousse volontairement et plusieurs fois. L'homme s'en rend compte et prends une huile, lui en met sur le front et les tempes, puis une autre, et lui masse le cou. C'est un mélange de menthe, camphre et thym utilisé contre les migraines, la toux, les problèmes de gorge et de nausées. Fred décide d'acheter un peu des mélanges d'épices. Nous devons partir et parcourons les rues où tout le monde semble sorti de chez soi. Il fait nuit. C'est jour de fête et demain matin aussi. C'est la fête du "Punjab" en l'honneur du soleil. Nous resterions bien à suivre cette marée humaine mais restons derrière Diamond et rentrons, non s'en avoir fait un détour par chez lui pour qu'il nous donne un anti-moustique local dont il ne se sert pas. Sympa de sa part (nous voulions acheter la crème Odomos dont nous avons entendu parler plusieurs fois). Nous arrivons à la guesthouse, mettons entre autre à jour le site, puis nous couchons.

 

 

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dim.

18

nov.

2012

Jour 2 - Crémations à Varanasi

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dim.

18

nov.

2012

Jour 2

Lever matinal. Nous ne sommes pourtant plus en trek! Il fait nuit. Nous rejoignons le fleuve, comme hier soir. Même schéma, même itinéraire. Plus de cérémonie cette fois-ci après quinze minutes de bateau. La lumière éclaire peu à peu les rives du Gange que nous n'avons vues que de nuit. Toute une vie prend forme. Des couleurs apparaissent. C'est beaucoup plus beau. La saleté se fait aussi plus voyante, avec tout ce que l'on veut qui flotte sur l'eau. Les monuments - anciens palais de Maharadjas - sont laissés apparemment à l'abandon. Des hommes et des femmes plongent plusieurs fois leur tête dans l'eau (12 fois exactement) dans une sorte de rituel religieux dont nous ne connaissons pas bien le sens (notre guide donne quelques informations mais ce n'est pas très élaboré). Plus loin, des crémations ont lieu. D'autres lavent du linge, d'autres pêchent ou se purifient en s'aspergeant d'eau. Allers et venues de bateaux de touristes, comme nous. Certains prennent tout en photo, avec des appareils à objectif géant. Nous croisons une pirogue avec des indiens ayant une télé (qui fonctionne) sur l'avant du bateau. Sur la rive, nous nous demandons comment les indiens vivent tout cela. Impression bizarre de voir tous ces occidentaux photographier sans retenue, alors que nous essayons d'être un poil discret. Nous limitons à quelques shoots les photos des crémations et respectons les consignes de celui qui nous mène en bateau (quel jeu de mot!). En revanche, c'est indéniablement un décor très photogénique. Les scènes de vie sont innombrables. Les couleurs contrastées. Pas d'uniformité, et pourtant c'est un tout! Comme la religion hindouiste? Les indiens nous aperçoivent, nous sourient, nous font un signe de la main, d'autres ne nous remarquent pas. Nous aimons ce moment. Nous appréhendions, nous nous sentons assez bien. Nous retrouvons l'hôtel, nous rendormons un peu (il est 7h30) puis prenons un petit-déjeuner (pancakes nutella!) et partons avec Diamond (celui que nous interviewerons) pour visiter les temples. Nous prenons un tuk tuk. Beaucoup de bruit, énormément de klaxons.

 

C'est simple. Un indien klaxonne:
- quand il s’apprete à doubler, par la droite ou par la gauche
- quand il décide finalement de ne plus doubler
- quand il arrive à une intersection (50 mètres avant)
- quand il tourne à droite ou à gauche
- quand il va tout droit
- quand il accélère
- quand il freine
- quand il se trouve derrière un autre véhicule
- quand il se trouve devant un autre véhicule
- quand il croise une vache sacrée
- quand il croise un piéton, un chien, un chat, un rat, une poule, une chèvre ou un cochon

- quand il n'y a personne pour prévenir qu'il va y avoir quelqu'un

- quand il n'y a pas de raison car ce n'est pas normal


Nous visitons l'académie universitaire puis 7 temples pendant les 2h qui suivent : Shiva, Durga, Mahayama, Krishna, Ganesh (voir photo) et Hanouman, le dieu singe. A chaque fois, il faut enlever ses chaussures, parfois marcher dans la terre ou sur des parterres mouillés. Nous ne faisons pas de chichis. Le temple d'Hanouman est impressionnant. Sa couleur est orange, un parc l'entoure. Nous devons y laisser nos affaires, dans un casier. Des centaines de singes nous entourent, crient, sautent, se promènent. Nous devons emprunter le chemin jusqu'au temple et traverser. Audrey n'est pas rassurée. Fred aime. Des singes, de grands mâles, de petits bébés, passent à côté de nous, parfois à un mètre. Malheureusement, aucune photo (interdites dans les temples + appareils laissés dans le casier). La seule photo d'un temple que nous aurons (bien qu'ils soient tous différents dans leur style, certains propres, d'autres sales, certains vieux d'autres récents) est celle prise discrètement par Diamond dans le temple de Ganesh (dieu éléphant). Thanks Diamond.


Nous partons ensuite visiter une fabrique de tissus (pashmina, foulards, housse de couette...), et, dans une petite rue, nous découvrons une machine en bois qui pourrait dater du Moyen-Age et pourtant extrêmement sophistiquée, pour créer fil à fil ce tissu. Nous apprenons que de la laine de yak, des poils de chèvre (dos, ou la meilleure qualité, barbe) ou de la soie, sont utilisés. Nous rentrons ensuite dans une pièce voisine et nous asseyons sur des matelas blancs pour découvrir toute la collection de cette manufacture. Les couleurs sont vives, les motifs précis et travaillés, tous aussi doux les uns que les autres. Il semble que Hermès et le Bon Marché se fournissent ici d'après le vendeur. Nous restons bien une heure et demi à découvrir toutes les pièces. En sortant le vendeur nous offre un châle à chacun.


Nous revenons tranquillement à l'hôtel, ravis d'avoir vu tout cela et été au contact de la culture indienne, et des indiens (nous nous sommes faits arrêter plusieurs fois pour être pris en photo avec eux, et souvent un ou deux mots en français pour nous saluer). L'après-midi passe tranquillement, nous travaillons, écrivons les articles, discutons avec des espagnols ou un australien. Le soir, nous reprendrons le bateau pour revoir les ghats (il devait y avoir une fête spéciale mais elle a lieu le lendemain). Refaire cela une nouvelle fois n'apporte pas grand-chose. Nous revoyons la même cérémonie que la veille.

 

 

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sam.

17

nov.

2012

Jour 1 - Varanasi - Cérémonie de nuit

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sam.

17

nov.

2012

Jour 1 - Varanasi

Vol début d'après-midi 

350km à parcourir depuis KTM, 30 min de vol


En arrivant à Varanasi, surprise : nos bagages ne sont pas là, apparemment oubliés à Katmandou suite à notre enregistrement tardif. On nous emmène alors vers un café dans l'aéroport pour patienter. On craint de nous faire balader, suite au premier contact que l'on avait eu à Bombay, mais pas le choix! Finalement 1h après, comme prévu (quelle surprise!), la même personne vient nous chercher. Nos bagages sont là, arrivés par le vol Bouddha Air. Ouf.

 

Nous sortons de l'aéroport, accompagnés par un des employés qui nous conseille de prendre un taxi prépayé pour rejoindre le centre de la ville. A peine dehors, une trentaine d'indiens nous sautent dessus pour offrir leur service de taxi-men. Certains baragouinent quelques mots en français. Toujours avec notre employé, très sympa, nous achetons un taxi prépayé pour Assi Ghat, le quartier où nous avons prévu d'aller (et donc de faire confiance aux deux israéliens rencontrés pendant le trek). Nous montons dans une vielle voiture anglaise, pas très entretenue mais pleine de style. La route pour rejoindre la Singh Guest House conseillée prend 45min.

 

Ici, on fait brûler les ordures directement dans la rue, les vaches impassibles et les chiens se baladent en liberté, ça klaxonne de partout, chacun se fraye un chemin en voiture, moto ou camionnette comme il peut, le ciel est voilé en permanence, des bâtiments sont à l'abandon, d'autres en construction depuis une éternité, puis l'on croise sorti de nulle part un magasin Sony tout neuf... Bienvenu en Inde. Proximité animale, étrangeté des lieux, ferveur des cultes, voir des bûchers... Voilà Varanasi, la plus sacrée des 7 villes sacrées indiennes.

 

Notre premier vrai contact avec l'Inde n'est pas, finalement, autant un choc que ça. La nuit est tombée lorsque la voiture entre dans le quartier d'Assi Ghat, l'un des plus au sud de la ville. Ghat. Cela indique les escaliers qui se jettent dans le Gange, là où les morts sont brûlés, là où l'on lave le linge, où l'on se baigne (quand on est pas occidental!), où l'on se lave les dents, où l'on jette ses ordures. En ce faisant incinérer ici, l'âme atteint directement le Nirvana et saute les cycles de réincarnation, selon la religion indoue (85% des indiens le sont). En parlant du Gange, c'est simplement un désastre écologique pour un occidental. Quand on sait que le taux de coliformes fécaux dans le Gange est de 1,5 million d’unités par décilitre, le maximum autorisé pour une eau de baignade étant de 500 unités (sources : Lonely Planet, Wikipedia), c'est un endroit où l'on n'oserait pas mettre un pouce, une vraie décharge à ciel ouvert. La notion d'hygiène en Inde semble pour le moment ne quasiment pas exister.

 

Nous trouvons notre guesthouse dans une rue parallèle. En quittant la rue principale pour y parvenir, nous nous regardons et nous demandons si nous avons fait le bon choix : c'est sombre, il fait nuit, c'est très sale, ça sent mauvais, la ruelle est très étroite, des chiens errent, une vache passe, nous n'avons jamais mis les pieds ici et allons dans un endroit indiqué sur un simple bout de papier. Nous croisons une personne et lui demandons la "Singh Guesthouse". Coup de chance elle travaille là-bas (cela dit, quelques jours après, nous nous rendrons compte que les indiens sont assez serviables, et pas agressifs dans cette ville extrêmement pauvre). Nous apercevons deux grandes portes métalliques qui nous rassurent. En franchissant les portes, nous tombons sur un grand jardin très propre et voyons d'autres occidentaux. Nous visitons une grande chambre et salle de bain, la plus chère à 800RS (11€/nuit) et sommes ok pour rester sachant qu'il y a en plus du WIFI. Une des personnes de l'hôtel - un indien aimable que nous interviewerons plus tard - nous propose un tour des ghats dans la demi-heure (ballade en pirogue, à rames, le long des rives du Gange) puis une autre le lendemain à 5h30 pour voir le soleil se lever et enfin une visite de temples dans la foulée vers 10h, pour 8€ chacun. Excités et ravis de trouver un endroit accueillant après avoir un peu craint de commencer en Inde par Varanasi, nous donnons notre accord. Nous nous reposerons plus tard, allons sur le Gange! Ni une ni deux, nous posons nos sacs et parcourons quelques dédales de rues toutes aussi sales et étroites que les autres pour arriver, grâce à celui qui sera notre rameur, face au Gange. De grandes lumières jaunes éclairent les escaliers (les ghats) et la rive. Il fait noir autour. Une française est là aussi. Il est 18h. Tous les soirs a lieu une cérémonie hindoue en l'honneur du Gange ("la Mère Gange") composée de 4 personnes faisant des prières et des rituels. Du feu, de la musique, des couleurs orangées. Après une quinzaine de minutes à flotter sur le fleuve sacré, nous atteignons le lieu-dit. La musique se rapproche au fur et à mesure. Des tonalités étrangères. Des dizaines de pirogues amassées. De petites fleurs et bougies flottent autour de nous. Nous sommes en Inde et aimons-nous répéter que ça y est, nous sommes sur le Gange. Exotisme. Nous restons une demi-heure à assister à cet évènement finalement un peu touristique puis faisons le chemin inverse. Nous observons des scènes de vie. Enfants se lavant les dents dans le fleuve, d'autres pétrissant du pain, toutes sortes de choses. Il fait sombre. L'ambiance est particulière. Nous retrouvons notre "ponton", reparcourons ses ruelles (nous nous croyons dans une favela mais surement cela n'est pas aussi dangereux, simple impression) et retrouvons notre havre. Dans deux jours nous referons ce dédale sans crainte et sans danger, plus habitués à l'environnement indien, en tout cas "Varanaisien". Nous mangeons un bout puis nous couchons.

 

 

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