Jours 21 et 22: Bikaner

L'arrivée dans cette ville - un peu plus petite que les autres, comme Jaisalmer - et par laquelle débute la majeure partie des voyages touristiques dans le Rajasthan, fut mouvementée.

 

Encore une fois arrivés aux aurores, ce fut tout une histoire pour récupérer nos sacs, entreposés dans la soute. Le type censé s'occuper de ça voulait en effet que nous payions pour les récupérer. Evidemment, no way. Pendant que tout le monde descend, Fred s'en va à l'arrière et refuse de payer. Le type n'en démord pas. Cela commence à énerver Fred, qui se met à ouvrir lui-même le coffre (une simple ficelle enroulée plusieurs fois autour de la poignée faisait office de serrure!). L'homme, pas très effrayant, essaie de s'interposer et baragouine tout un tas de choses incompréhensibles. Il pensait réellement nous la faire, et voulait aller au bout. Fred retourne à l'avant et trouve les étudiants français pour leur demander de l'aide, qui lui répondent comment dire en indien quelque chose du style "me prend pas pour un con". Content d'avoir appris cette phrase bien utile - mais qu'il oubliera assez vite - Fred retourne et regarde le type bien en face en la lui répétant. Puis il essaie de nouveau d'ouvrir le coffre, bien décidé. Le type s'interpose encore, et Fred le bouscule pour libérer la voie, sans être trop violent néanmoins car on ne sait jamais ce qui peut se passer (cela dit, notre impression du pays, les discussions, et ce que nous avons appris nous font dire, et continuer de penser, que nous aurions pu continuer, car les indiens souhaitent en très grande partie préserver les touristes, et connaissent bien ce genre d'arnaques basiques). La tension monte un peu et d'autres indiens arrivent et nous entourent (en gros les chauffeurs des rickshaws autour du bus), afin de calmer tout ça, et de nous aider. Ils n'étaient clairement pas du côté de leur compatriote, et commençaient même à s'énerver (car cela fait du tort au pays pour ce qu'ils nous ont dit ensuite). Finalement, nous arrivons à récupérer nos sacs, les seuls dans la soute, plein de poussière (merci le sur-sac protecteur!). Un parmi la dizaine de rickshaws nous propose tout de go de nous conduire à notre hôtel avec un bienvenu "you give me what you want". Ce sera donc 20 roupies pour le voyage, et nous lui en donneront 20 de plus pour nous avoir aidés précédemment, car il s'était sérieusement impliqué dans ce moment le plus sportif du séjour.


Allez, pour le plaisir, nous réveillons encore les gardiens de l'hôtel, et en enjambons certains pour traverser le hall. Bonne nouvelle, nous obtenons une chambre immédiatement. L'homme qui nous la donne, celui qui fait le service du soir et de nuit à la réception, deviendra pour les prochaines 24 heures notre nouveau copain en Inde. Nous nous installons, le mot est fort, et nous nous rendormons pour plusieurs heures. Au réveil, nous nous faisons du thé dans la chambre, car pour une fois, il y a des sachets et une bouilloire. Nous captons aussi le wifi, après avoir eu le code d'accès en refusant de payer ce qui est normalement compris dans notre package et demandant à la personne (pas notre copain, malheureusement) de joindre notre contact à Delhi. Il préfèrera ne pas perdre son temps et nous donner ledit code. Par contre, connexion difficile et impossible de mettre en ligne quoi que ce soit.


Bon, à Bikaner, il n'y a pas cinquante choses à faire. Visiter le fort, un peu comme partout, et chercher des restaurants corrects. Nous en trouvons un, et rencontrons une vingtaine de français, en provenance de Toulouse. Ah, l'accent du midi, ça faisait longtemps ! Le Junagarh Fort est en face, et nous y allons le ventre plein. Tiens, un des seuls à ne pas être en haut d'une colline. Imposant pourtant, la bête. Aucune défaite non plus pour les soldats l'ayant protégé depuis 1593. Nous y retrouvons les éléments classiques de ce genre de visites, un peu répétitives désormais, ainsi que des documents administratifs du 19ième, des photos d'officiels, et un avion de la première guerre mondiale, le Maharadja d'alors ayant souhaité participer au conflit, aux côtés des anglais. Nous nous promenons ensuite un quart d'heure puis rentrons, car nous avons encore demain, et encore une fois, pas énormément de choses à faire. En outre, les regards ici sont un peu plus insistants qu'ailleurs. Moins de touristes en général dans cette ville secondaire, ou en avons-nous un peu marre d'être des bêtes de foire?


Le soir, nous partons dîner dans un endroit conseillé dans le guide dont disposait le couple d'allemands du camel safari, que nous avons croisé dans le fort. Mauvais choix, car l'endroit est loin, paumé dans une rue mal éclairée, sale (mais tout est toujours sale en Inde), où trainent comme souvent des chiens, une vache et quelques porcinets. Surtout, la carte sera on ne peut plus "non-inspirante (uninspiring)", donc le choix de sécurité, croyons-nous : pizzas (cheese et poivrons only, pas possible d'y rajouter quoi que ce soit, comme des oignons ou des champignons, alors qu'ils sont dispo pour le plat d'à côté... et même en proposant de payer un peu plus ou en disant qu'on nous a répété avec fierté que "tout est possible en Inde", sous forme de clin d'oeil taquin). Nous partons le ventre à moitié rempli, et avons du mal à trouver un rickshaw pour rentrer. Nous marchons vingt minutes sans succès avant d'en attraper un. On ne cherche pas à faire des prouesses de négociation devant la faible offre à cette heure et cet endroit. Back to home. Dodo.


Le lendemain, nous laissons passer la matinée, libérons la chambre, et posons nos sacs dans la locker room qui permet d'y entreposer ses affaires, avant de prendre un train ou un bus. Nous allons dans la vieille ville. Nous sommes un peu dépités, avons envie de passer des moments un peu différents, la fin approche, et peut-être le pays suivant nous appelle trop, les regards sont toujours insistants et gênent Audrey, la saleté s'accroche plus que jamais à nos tongues (pas question de mettre des baskets en général, mieux vaut se laver les pieds en rentrant et garder nos chaussures propres, n'oublions pas que nous avons notre maison avec nous), marcher au milieu des rues encombrées et bruyantes devient un peu répétitif, lassant, et de temps en temps un peu dangereux. Cependant, le soleil et la chaleur sont là, et nous nous disons que nous avons de la chance d'être en Inde, que bientôt, nous serons loin, que nous ne reviendrons sûrement pas de sitôt, et que nous aurons aussi un petit pincement en prenant l'avion après tous ces moments de vies, sourires, couleurs et rencontres qui ont animé nos semaines. Nous positivons du coup. A propos de rencontres, une nouvelle s'offre à nous. Comme souvent sortie de nulle part, au moment où justement nous avons un peu plus besoin d'énergie. C'est un peu ça l'Inde, ça vous pompe des forces, vous en met plein la vue et les narines, et vous redonne de la force au moment où vous ne vous y attendez pas. Sans rien demander, ça s'offre à vous. Drôle, enfin, étrange. Plutôt positif. Nous voilà donc à parler avec un jeune homme dont les yeux sont, chose peu commune, clairs. Ses cheveux sont mi-longs. Il porte un jean, des tongs, un pull. Il est sympa. Le voilà qui nous accompagne un bout de chemin. Nous parlons de l'Inde, une fois les questions classiques terminées (comment vous appelez-vous, d'où venez-vous, depuis combien de temps êtes-vous en Inde, qu'en pensez-vous, où allez-vous après Bikaner....), et de l'évolution de la société, du pays, depuis la dernière décennie. Intéressant, comme toujours lorsqu'il s'agit d'échanger et de comprendre des points de vue, racontés de l'intérieur. Nous marchons donc sans vraiment savoir où nous allons. C'est agréable. Il nous montre une haveli, moins ornée que celles de Jaisalmer, mais aux couleurs rouges et bleues. Il nous emmène à notre demande voir le temple jain de la ville. Sur le chemin, nous passons sur le marché local aux épices (voir rubrique "bouffe"), pas très grand mais authentique. Le temple est coloré, très joli. Nous montons sur le toit pour voir la ville vue de haut. Enfin, nous passons chez notre accompagnateur, car son père est peintre et dispose de lithographies européennes qu'il n'arrive pas à estimer. Bon, ça sentait un peu l'opportunité pour lui de nous vendre ses tableaux, et il nous a sorti bien trop de choses à notre goût, mais bon, ce n'était pas méchant, ni forcé. Nous décidons de reprendre notre chemin et de rentrer à l'hôtel. Nous attrapons un rickshaw.


A l'hôtel, nous nous installons dans le restaurant central, prenons une bière, travaillons sur l'ordinateur, et dînons. Audrey apprécie réellement, une chose rare ces dernières semaines, ce qu'elle prend (du poulet dans une sauce curry au fromage). Le temps passe et l'heure de partir pour la gare arrive. Le train sera à l'heure, nous trouverons nos places facilement, et la voyage sera classique. Nous réussirons à dormir à peu près.

Commentaires: 2 (Discussion fermée)
  • #1

    christiane (mercredi, 12 décembre 2012 13:48)

    apres un mois en inde je vois que c est le moment de changer de decor

  • #2

    François P. (mercredi, 12 décembre 2012 23:24)

    Pas encore de bagarre mais ça se rapproche j'ai l'impression...