Visiter la Chine, ça veut dire ne pas avoir accès à You Tube. Pas de vidéos donc dans nos articles sur la Chine pour le moment, jusqu'à temps que nous soyons au Japon ou peut-être à Hong-Kong, pour les inclure rétrospectivement. Il faudra donc revenir à ce moment sur ces articles qui dateront un peu pour voir les films ultérieurement (certains sont terribles, n'oubliez pas!).
Bisous à tous, et merci de nous lire, et de laisser de super commentaires....
jeu.
27
déc.
2012
Ca y est.
Quoi donc ?
La barre des 20 000 kilomètres.
On repense au moment où nous avions indiqué que nous en avions fait 10 000, et là, c'était pourtant hier, il y a à peine 3 semaines, nous en avons fait le double. C'est fou. Cette fois, pas de palace. Juste une bière.
mer.
26
déc.
2012
De retour à Beijing, tôt ce matin, nous retournons à la guesthouse des jours précédents, où nous avons réservé nos deux dernières nuits. Il est presque 9h, et le métro est bondé. Avec notre gros sac sur le dos, nous sommes les deux intrus au milieu de la rame. Aujourd'hui, nous restons ici. Pas de visites. Ne rien faire, en tous cas ne pas avoir de programme, fait du bien. Nous en avons besoin. Nous allons en profiter pour écrire les articles manquants, et il y en a un bon paquet, d'autant que nous avons fait pas mal de choses ces derniers temps. Nous croisons quelques têtes connues, comme cet anglais avec qui nous avions sympathisé, étudiant les arts martiaux. Nous prenons un chocolat chaud, assis dans un des canapés de la salle, à côté du baby-foot. Le temps passe rapidement, nous mettons en ligne des photos, répondons à nos mails et autres choses de ce style.
En début de soirée, nous décidons d'aller dans ce restaurant qu'avait réservé l'oncle de notre ami Fred, la semaine dernière, pour manger un canard laqué, et dans lequel nous n'étions
finalement pas allé, pour en essayer un autre (voir rubrique "bouffe"). L'endroit est juste à côté, et nous y allons à pieds. Le lieu est plutôt classe, rien à voir avec celui dans
lequel nous étions allés l'autre fois. Et la nourriture nous réconcilie avec la spécialité de Beijing. Nous apprécions, puis rentrons terminer ce que nous étions en train de faire, à
savoir finir d'écrire certains articles. Fred veille un peu plus tard qu'Audrey, et discute avec un Européen du Sud ayant grandi au Pakistan, et ayant travaillé quelques temps pour une
grande banque d'affaire américaine, avant de partir comme nous en tour du monde. Echange d'expérience et de points de vue.
Le lendemain, le 27, est la dernière journée complète ici. Nous nous levons, pour aller visiter le Temple du Paradis, au sud de la ville. Le temple est situé dans un parc de 260 hectares, et nous croisons en ce milieu de matinée de nombreux groupes de chinois, la plupart du temps agés, faisant de la gymnastique, s'étirant, dansant ensemble sur une musique asiatique, ou encore jouant à différents jeux. Le moment est un peu incongru, nous ne pensions pas être témoin de la vie de ces personnes en venant ici voir ce temple, construit en 1420, et ses annexes. Les vidéos à venir parleront d'elles mêmes. Le temple en lui même est un bâtiment dans le plus pur style de Confucius, à base ronde (car selon la tradition, le Paradis est rond), d'une trentaine de mètres de haut, et servait à sacrifier des animaux pour que les récoltes soient fructueuses. Nous goûtons nos derniers moments dans cet environnement proprement chinois. Nous croisons un couple de jeunes mariés, se faisant photographier ici. Elle porte une robe rouge caractéristique des mariages chinois. Nous passons sur un autel de marbre blanc, surélevé de quelques mètres, et dont le diamètre en fait neuf. Le nombre 9 revient tout le temps. C'est le nombre impérial. Les nombres impairs ont en effet un sens divin, et 9 est le plus grand parmi ceux à un chiffre (et 1 est un nombre impair également). Il y a par exemple deux séries de 9 marches pour rejoindre le centre de l'autel. Nous visitons enfin d'autres bâtiments, en rapport avec le temple, tout autour. La neige persistante rend le décor aussi joli que les autres jours, avec ces couleurs bleutées, vertes, rouges, et dorées. Il est un peu plus de midi quand nous repartons.
Nous regagnons en métro le quartier de Sanlitun, où nous logeons. Nous passons l'après-midi à terminer notre travail administratif, ou encore à aller déposer les affaires que nous n'avons pas pu envoyer il y a quelques jours chez l'oncle de notre ami, afin qu'il puisse les ramener en France avant notre retour dans dix mois.
Enfin, pour notre dernière soirée, nous trouvons un restaurant vietnamien qui n'a pas l'air mal du tout. Nous avons en effet envie de nems. Nous n'en avons trouvés nulle part jusqu'à présent, et pour cause, puisque ce n'est pas du tout chinois, mais vietnamien. Nous recherchons sur google, et nous apercevons qu'un des meilleurs restaurants de la ville est vietnamien, et situé pas très loin d'ici. Nous prenons un taxi, après nous être fait marqué l'adresse en chinois. Heureusement, car une fois dans la bonne rue, nous avons un mal fou à trouver l'endroit. La rue est faite d'habitations à bas étages, petite, mal éclairée. Quelques restaurants peu engageants la parsème. Nous arrivons au bout, sans avoir trouvé notre endroit, et les personnes à qui nous avons demandé ne connaissent pas. Nous persévérons. Et tombons sur un couple qui connait, et nous fait signe de tourner à droite, pour prendre cette toute petite ruelle que nous n'avions même pas remarquée. Difficile en plus de se repérer, car tout est inscrit en chinois, comme le nom de chaque rue. Le restaurant est au fond, sans aucun moyen de savoir que c'est là. Pas d'enseigne, rien, juste une porte avec un rideau devant. Et quand nous entrons, nous savons tout de suite que nous sommes au bon endroit. Les 20 tables sont éclairées à la bougie, la clientèle jeune et branchée, le personnel immédiatement aux petits soins. Nous prenons place et commençons l'un des meilleurs repas de notre séjour. Nous rentrerons en taxi, en ayant la chance d'en trouver un rapidement alors que nombreux sont ceux qui en attendent tous les 100 mètres. Dernière soirée à Beijing. Nous serions bien restés un peu plus longtemps. Mais le Japon nous appelle...
mer.
26
déc.
2012
C'est vrai ça, pas facile comme question. Nous n'avons malheureusement pas eu l'occasion de la poser à des chinois, pour connaître leur définition du communisme. Le pays se décrit lui-même comme un " Etat socialiste de dictature démocratique populaire, dirigé par la classe ouvrière et basée sur l'alliance des ouvriers et des paysans " selon la constittution. Pour qui a suivi ces derniers mois le processus de désignation du nouveau dirigeant, on se demande quand la classe ouvrière et les paysans sont intervenus.
Du coup, on ne sait pas bien, même en étant ici, où le pays se situe. Peut-être ne le sait-il pas réellement lui même, pour le chinois de tous les jours. Peut-être y a-t-il une façade, et la réalité. L'idée et la forme....
Nous ne savons pas nous mêmes, en étant ici. Nous nous sentons en occident, en voyant tous ces centres commerciaux, ces voitures haut de gamme, cette volonté de consommer et de ressembler aux occidentaux, et même temps, la propiété foncière est interdite, le droit de vote n'existe pas, la possibité de critiquer le régime ou la liberté individuelle restreinte, la censure présente, et la corruption clairement la régle dans l'administration des provinces et au niveau local.
A vos commentaires....
mar.
25
déc.
2012
En ce 25 du dernier mois de l'année, quand la plupart se réveillent avec des cadeaux, un sapin, au chaud, à préparer le déjeuner et l'apéritif, nous, nous nous levons et partons en visite. Un jour comme un autre depuis notre départ de France. Ici, ce n'est pas un jour férié. Tout est ouvert. Cela ne nous pose pas de problème. Vers 9h30, un peu plus tard que d'habitude, nous prenons notre petit déjeuner, et les espagnols viennent nous rejoindre. Nous sommes tous un peu lents à la détente. Ils souhaitent visiter la ville, nous souhaitons suivre le conseil du Lonely Planet. D'après ce dernier, s'il n'y a que deux choses à voir ici, c'est l'armée de Terracotta (youpi, déjà fait !), et la tombe de l'empereur Jingdi (188-141 BC). Nous passerons donc la journée en duo.
Bon, c'est sympa comme programme, mais comment s'y rendre ? Et bien, soit en taxi, et laisser un bras, soit, comme hier, en transport en commun : métro, puis bus. C'est parti. Nous nous en tirons bien, et ne nous perdons pas. Comme d'habitude, nous demandons fréquemment notre chemin, surtout quand nous cherchons le bus N°4, juste en sortant du métro, presque en retard (il n'y a qu'un bus toute les heures et demi pour rejoindre le site). Coup de chance, la personne à qui nous demandons, après avoir un peu erré autour des différents abris, est le contrôleur... du bus N°4 ! Départ dans 4 minutes. Coût: 2 yuans, et 2 pour le métro. C'est pas beau ça ? Nous sommes les seuls à l'intérieur. Pendant 35 minutes, nous parcourons de grandes avenues, et sommes très surpris de constater à quel point la ville s'urbanise, se développe. Les rues sont des 8 voies, très larges, et tout au long du trajet, nous passons à côté de groupes d'immeubles impressionnants. Ils sont généralement regroupés par vingtaine, et font facilement 15 ou 20 étages. On dirait des cités du 93, en plus étendues et plus haut. Et bien d'autres sont en construction. Quelle différence par rapport à l'Inde, où une ville comme Jaïpur, pourtant elle aussi habitée par plus de 3 millions d'âmes, est loin derrière en terme d'urbanisme et de développement. Les grues ici sont modernes, et les constructions ne semblent pas au point mort, loin de là, alors que nous nous demandions si certaines finiraient un jour dans le sous-continent. Fred est vraiment impressionné par l'étendue de la ville, et se dit que le PNB potentiellement généré à terme par cette agglomération dépasse ce qu'il pouvait imaginer avant de venir en Chine. Et des villes comme celle ci, il y en a bien d'autres. Clairement, on ressent aujourd'hui que la Chine est la superpuissance de demain, sinon déjà actuelle, et la croissance annuelle du pays, proche des 9%, une réalité, alors qu'il n'a jamais eu cette impression en Inde. Ce pont gigantesque, long de plusieurs kilomètres, que nous longeons depuis un autre, est une construction qui n'existe pas en France. Les dimensions du pays sont différentes.
Nous arrivons au milieu de ces deux collines, sous lesquelles reposent les tombes de l'empereur et de son épouse. L'endroit est quasiment désert, au point que cela fait presque peur. Nous visitons le musée sous-terrain, impressionnant de modernité, renfermant les tombes. Lorsque nous voyons des photos de présidents français ayant visité l'endroit, nous nous disons que cela valait peut-être le coup de venir. Nous passons dans une salle à la lumière tamisée, et la température élevée (on aime), après avoir mis de petits sacs plastique conçus spécialement pour mettre autour des chaussures, et destinés à protéger les vitres sur lesquelles nous allons marcher. Car, en effet, nous allons parcourir les découvertes faîtes ici, regroupées en 21 fosses, quelques mètres au dessus de celles-ci. Cela est d'une part assez novateur, et rend la visite beaucoup plus agréable et intéressante d'autre part. Nous retrouvons, un peu comme hier, des statues et poteries en terre cuite enterrées à côté de la tombe de cet empereur. D'ailleurs, savait-il que son prédécesseur avait fait de même, mais avec des soldats d'une autre dimension, pas très loin ? Mystère. 50 000 figurines, incluant statues d'hommes miniatures, animaux domestiques ou d'élevage, poteries ou encore sceaux royaux, ont été découvertes. C'est assez impressionnant, surtout la galerie regroupant un millier d'animaux, allant de la poule au boeuf en passant par le chien, le cochon, le cheval ou la chèvre. L'idée était de montrer à quel point les techniques d'élevages étaient maitrisées et sophistiquées pour l'époque. Certaines de ces figurines sont présentées encore à moitié enterrées, et on imagine le travail qu'il a fallu pour les déterrer. Ici aussi, elles sont toutes différentes, et étaient habillées de robes en tissu, souvent en soie, de différentes couleurs. Le corps est en terre cuite, mais les bras, articulés au niveau des épaules, en bois. Ce qui explique pourquoi ils ont disparu aujourd'hui. Nous apprenons les techniques de moulage utilisées, comme par exemple le fait que les détails du visage (le nez par exemple) étaient collés une fois le corps fabriqué. Devant ce nouveau trésor archéologique, nous ne regrettons pas une seconde d'être venus jusqu'ici. Et dire que de l'extérieur, on ne voit qu'une banale colline sans intêret. Nous nous disons qu'avec les travaux en cours un peu partout dans le pays, et leur dimension parfois pharaonique (comment ne pas penser au barrage des Trois Gorges), qui vont s'accélérer dans les ving prochaines années, le pays va encore découvrir bien des choses sur son histoire. Même pour les archéologues, la Chine est l'endroit où il faut être ! Pour rappel, ce que nous visitons aujourd'hui n'a été découvert qu'en 1997.
En milieu d'après-midi, nous repartons en sens inverse, car nous ne souhaitons pas louper notre bus, ni attendre le prochain dans le froid assis sur un banc, surtout que nous prenons le train ce soir pour retourner à Beijing. De retour à Xian, nous mangeons sur le pouce notre repas de Noël, dans le fast food d'un petit centre commercial, puis reprenons le métro, aussi propre et moderne qu'à Shanghaï ou Beijing. Nous récupérons nos valises à la guesthouse, et partons pour la gare. Là bas, les espagnols nous attendent pour nous saluer. Ils sont venus juste pour cela, car ils restent ce soir dormir dans la ville. Nos chemins se séparent, après ces 48 heures et ce Noël 2012 passés ensemble. Adios amigos. Ils étaient bien sympas.
19h, nous rejoignons notre quai, habitués que nous sommes désormais aux gares chinoises. Le train part à l'heure. Petit tour dans le wagon restaurant, où nous commandons du riz et du poulet sauté, pas mauvais du tout. Un peu d'ordinateur, enfin beaucoup pour Fred qui travaille sur les articles, puis nous nous endormons dans nos couchettes du haut, après le rituel du contrôleur qui passe, ferme les rideaux, et éteint les lumières.
mar.
25
déc.
2012
On a pensé à vous, et nous souhaitions vous faire partager quelques souvenirs d'hier soir, en compagnie de nos amis espagnols, rencontrés la veille à Pingyao, et qui étaient avec nous à Xian....
Nous espérons que tout s'est bien passé en France
lun.
24
déc.
2012
Comme hier, nous sommes réveillés par le contrôleur une demi heure avant notre arrivée. Il fait toujours nuit quand nous descendons du train. La gare est grande, et dehors, une grande place déjà bondée pour cette heure matinale s'offre devant nos yeux, tout comme ce mur de pierre, telle une muraille, qui part de gauche à droite. Un peu plus loin, toujours devant nous, des enseignes lumineuses, un Mac Donald dont les néons éclairent tout le trottoir, et pas mal de circulation. Cette ville de plus de 3 millions d'habitants semble bien plus urbanisée que nous ne l'avions imaginé. Nous retrouvons facilement nos amis espagnols. Nous prenons tous un tuk tuk, chacun le notre, pour rejoindre nos quartiers. Notre guesthouse n'est pas très loin, à environ 10 minutes. Tout près, un grand bâtiment rectangulaire, dans le plus pur style soviétique, avec le drapeau chinois flottant au dessus. Probablement quelque chose d'administratif, ou du gouvernement. Nous apprendrons plus tard que c'est une préfecture. A la réception, nous bookons une chambre pour ce soir. Elle sera prête deux heures plus tard, vers 9h, le temps pour nous de prendre un petit déjeuner, et de regarder si nous avons quelques commentaires à lire! Nous sortons juste après pour rejoindre nos amis dans leur guesthouse, à 20m de la notre. Nous convenons de nous retrouver vers 9h30, et de voir si nous allons ensemble voir l'armée en terre cuite, et comment s'y rendre, car nous sommes cinq. Notre chambre est enfin prête. Elle est terrible. Grande, la couette épaisse, et la salle de bain presque luxueuse, avec une cabine de douche et un carrelage en imitation marbre. Ca tombe bien, ce soir, c'est la nuit de Noël.
Après avois étudié les différentes options avec nos compères ibériques, et nous être renseignés auprès de la réception, nous concluons qu'il vaut mieux aller voir l'armée en bus local, même si nous avons un changement, plutôt que de prendre deux taxis, ou de passer par le service de la guesthouse (qui comprend un guide, un arrêt shopping, un arrêt boisson...). Nous repartons ainsi vers ce bâtiment administratif, sur la grande place, et prenons notre premier bus. Dedans, rien pour composter. Il faut simplement glisser un billet de 1 yuan dans la petite tirelire. Et tant pis pour vous si vous n'avez pas la monnaie. Nous sommes un peu bruyants, et nos amis en forme. Nous nous installons au premier étage. De retour à la gare, nous cherchons pas mal de temps cet endroit où se trouve le second bus, le 306. Coup de chance, quand nous le trouvons, il s'apprête à partir. Le trajet coûte 7 yuans par personne (presque 1 euro), et prend un peu plus d'une heure. Nous en aurions payé 200 en taxi. Nous prenons une autoroute, et ne quittons jamais les zones urbaines. Nous passons à côté d'une grande centrale thermique, avec deux grandes cheminées, comme dans le Rhône avec nos centrales nucléaires. Nous sommes déposés à une gare routière, juste à côté de l'entrée du parc où se trouve l'armée. Comme souvent, nous prenons un "audioguide", afin d'avoir des commentaires et informations sur ce que nous allons voir, et mieux comprendre tout cela. L'armée en terre cuite, ou Army of Terracotta Warriors, est une des découvertes archéologiques les plus célèbres au monde. Pendant plus de deux millénaires, ces milliers de soldats à taille humaine, enterrés sous terre, ont silencieusement gardé la tombe de celui qui a, pour la première fois, unifié la Chine: l'empereur Qin (à ne pas confondre avec la dynastie Qing, entre le 17 et le 20ième siècle, juste après celle des Ming). Dire qu'à cette époque, Platon n'était décédé que depuis 200 ans! On ne sait toujours pas à ce jour s'il était terrifié par les esprits de ceux qu'il avait vaincus de son vivant, croyant qu'ils l'attendraient dans l'au-delà, ou, comme beaucoup d'archéologues pensent, qu'il espèrait que son règne continue une fois mort, dans l'autre monde. Quoiqu'il en soit, l'occasion nous est donnée de porter un regard sur ce que fût le monde de la Chine ancienne. La découverte de cet ensemble fût fortuite. Incroyable quand même. Un pur hasard. En 1974, des paysans ont creusé un puit et découvert une voute enterrée renfermant tous ces soldats. On imagine ce que les experts ont du ressentir lorsqu'ils ont découvert une, puis deux, puis dix, puis cent, puis mille, et enfin plus de 6000 statues, en formation de bataille, mais aussi des chevaux, au fur et à mesure de la progression des recherches. Aujourd'hui, les guerriers ne tiennent plus leurs armes à la main, car celles-ci étaient en bois, et ont donc pourri avec le temps, tout comme des chariots de guerre eux aussi enterrés, et dont on aperçoit les vestiges. Et comme beaucoup le savent, aucun des fantassins n'est identique. La plupart n'ont pas le même visage, mais c'est parfois un détail sur la robe de guerre, la manière dont elle tombe juste sous le genou, ou les protections sur les épaules, qui diffèrent les unes des autres.
Nous avons commencé notre visite, après concertation avec les espagnols, dans l'ordre inverse de ce que font la plupart des gens. Les soldats sont en effet exposés dans 3 fosses distinctes. Délibérement, nous avons débuté par la plus petite, la N°3, afin de terminer par la N°1, la plus grande, et conserver le "wow" effect ! Dans chacun des bâtiments, des photos des fouilles sont exposées, expliquant le travail effectué pour mettre à jour cette armée. Nous découvrons que les soldats étaient peints, ou bien habillés. Certains d'entre eux sont exposés individuellement, protégés par une vitre autour de laquelle vous pouvez tourner pour observer les détails, comme la semelle d'un archer agenouillé, totalement gravée, comme si la chaussure devait accrocher le sol. La fosse N°3 ne contient qu'une soixantaine de soldats, mais est considérée comme étant le quartier général, étant donné la proportion de hauts gradés parmi les statues. La fosse N°2 contient environ 1200 soldats et chevaux, et est toujours en travaux pour les sortir de terre. Nous n'apercevons pas grand chose dans ce grand hall, beaucoup de terre couvrant toujours la chair à canon en terre cuite. Cependant, c'est là que 5 d'entre eux sont exposés derrière une vitre : un archer agenouillé, un debout, un cavalier et son cheval, un officier de rang moyen, et un général. Tous ont des expressions différentes, et des détails différents sur leur tenue. Enfin, nous entrons dans le "Pit 1". Il fait la taille d'un hangar d'avion, voire de deux. 2000 guerriers sont diposés, en formation longiligne, prêt à la bataille, ainsi qu'une première ligne transversale d'archers, sur 3 ou 4 rangs. Il paraît que la salle contient 6000 personnages, devant encore être mis à nu. Autrefois, tous tenaient une arme, que ce soit un arc, une arbalète, une épée, une masse d'arme, ou bien une lance. De même, l'infanterie était accompagnée de plusieurs dizaines de chariots, aujourd'hui désintégrés. A côté de ces 3 halls s'en trouve un autre, présentant une autre découverte faite sur le site : 2 chariots et leurs chevaux, entièrement coulés dans le bronze, placés juste à 20m de la tombe du premier empereur. Ce dernier est d'ailleurs connu pour sa tyrannie, et son dédain du confucianisme, à tel point qu'il fît brûler tous les livres en parlant, et, d'après la légende, fît enterrer vivants près de 500 étudiants. Il a néanmoins créé un gouvernement centralisé efficace, modéle pour les futures dynasties, et unifié les mesures, la monnaie et l'écriture à travers le pays, sans parler de toutes les routes construites pendant ses 36 ans de règne (qui débuta à l'âge de 13 ans), par la force des bras de milliers d'esclaves.
Nous sortons de l'enceinte du musée, après avoir pris notre temps à observer, scruter les détails et contempler ce qui pourrait bien être une merveille du monde. Avant de reprendre le bus pour retourner à Xian, nous nous arrêtons tous un peu au hasard dans un des nombreux restaurants, juste à la sortie. Nous pensions nous rechauffer, mais pas du tout, la seule source de chaleur était le poêle au milieu de la salle. Petite pensée pour le Népal. Auparavant, nos amigos de Saragosse ont fait quelques emplettes et négocié dur pour acheter quelques figurines en terre cuite. Ce n'est pas le choix qui manquait, vu le nombre d'étallages et le peu de touristes à cette époque de l'année. Enfin, nous repartons. L'ambiance est bonne, la bonne humeur du Sud de l'Europe n'ayant pas de fin. Nous nous mettons à chanter 'Viva Espana" au mileu de passagers asiatiques, et faisons quelques pas de passo doble. Aucune réaction de nos voisins aux yeux bridés. Drôle. Il fait encore jour quand nous descendons tous du bus, après avoir effectué notre changement, comme à l'aller. En traversant la place, nous sommes témoins de la descente du drapeau national, juste devant la grande porte d'entrée de la fameuse préfecture. Une musique militaire retentie dans un haut parleur, et les gardes se mettent à marcher au son du clairon, en portant le drapeau à l'intérieur.
Une fois notre guesthouse rejointe, nous nous préparons pour notre soirée de Noël. Nous avons proposé aux espagnols de nous rejoindre le soir, une fois qu'ils auront visité un peu la ville, comme ils le souhaitaient, alors que nous préférions rester tranquillement dans notre chambre et prendre notre temps. Un sapin orne l'entrée de notre résidence de Noël, décorée pour l'occasion. Fred s'installe dans la grande salle, où un concert à lieu ce soir, et Audrey le rejoint un peu plus tard. N'ayant pas d'emploi du temps à respecter, nous en profitons pour mettre un peu le site à jour, et nous pencher sur ce que nous souhaitons faire demain, avant de reprendre le train pour Beijing. Cocktail en attendant les espagnols. Les tables de la salle sont quasiment toutes réservées, par des asiatiques, et non par les locataires de la guesthouse, mais le personnel est super et nous trouve un endroit qui va bien. Du monde arrive, et s'installe. L'ambiance est bonne, ça s'agite, discute, et rigole. Nos amis arrivent eux aussi, avec toujours la même bonne humeur. Séance photo avec nos voisins. Nous trinquons tous ensemble. Nous sommes conscients que c'est Noël, mais cela est très différent de d'habitude. Pensée pour nos proches en France, avec 8h de décalage. Le concert commence à 22h, et dure 1 heure. Une fois terminé, tombola pour tirer au sort les chanceux qui ont droit à un cocktail gratuit. Arrivée du Père Noël local, qui distribue un cadeau symbolique (fruits, bonbons, biscuits) à chaque table. Un "Vive le vent" traverse la salle, et nous nous rendons un peu plus compte que Noël est aujourd'hui. Avec toutes nos visites, et le fait que cette fête ait moins de portée ici (bien que nous ayons vu plus de décorations qu'imaginé en Chine), nous n'avons pas senti la date approcher, avec l'excitation qui caractérise généralement ce mois de décembre. A minuit, nous nous souhaitons tous un "Joyeux Noël", et allons nous coucher dans l'heure qui suit.
lun.
24
déc.
2012
Joyeuses fêtes à tous !
Nous pensons à vous, et l'éloignement ne nous empêche pas d'être avec vous aujourd'hui et demain. Nous sommes à Xian, pour voir l'armée en terre cuite, dans une guesthouse très sympa. Il devrait y avoir un petit concert ce soir, l'ambiance sera bonne.
Sweet kisses from China...
dim.
23
déc.
2012
La nuit s'est bien passée. Nous avons relativement bien dormi, et pas été dérangés. L'arrivée à Pingyao est prévue pour 7h30. A 6h30, les lumières du train se rallument. Eclat brutal sur les yeux, d'autant que nous sommes tout en haut, à moins d'un mètre de cette satanée ampoule. Le contrôleur passe vers 6h dans le couloir, et vient réveiller ceux qui sont censés descendre ici, dans une demi-heure. Nous devons alors rendre cette petite carte que nous avions récupérée hier en montant. Il la range dans un grand porte-carte, sachant exactement quelle est sa place. Tout cela est bien ordonné. Nous rangeons les quelques affaires que nous avions sorties, nous assurons que nous n'avons rien oublié, et descendons de notre lit d'un soir. Ca y est nous sommes arrivés. Ce n'est pas l'arrêt final. Nous avons parcouru environ 750 km, vers le Sud-Ouest, et sommes bien plus dans les terres qu'à Beijing. La lumière est douce, le soleil s'est levé il y a peu. Le ciel est clair. Dehors, au moment où nous posons notre premier pas dans cette ville fortifiée, notre visage se glace. Il fait beaucoup plus froid que les jours précédents, et que dans note ville de départ. Des tuk-tuk proposent de nous emmener là où nous souhaitons aller, à savoir dans la vieille ville. Pour l'instant, ce que nous voyons, c'est une ville urbanisée, pas une vieille ville authentique comme marqué dans le guide. Détour par l'endroit où nous pouvons déposer notre sac, contenant nos affaires pour 3 jours, pour le reste de la journée. Nous reprenons le train ce soir. Il paraît qu'une journée suffit pour visiter cette magnifique cité. Nous refusons les propositions des tuk tuk, et partons à pied. Nous n'avons d'après le plan que 400 mètres à faire avant d'atteindre les fortifications. Peu de monde sur la route, l'endroit est presque désert. Nous tournons à gauche, comme indiqué, et voyons, au loin, une tour de garde, dans le plus pur style asiatique, bordant une muraille, qui s'allonge au fur et à mesure de notre approche. Une fois plus près, la muraille part des deux côtés, et s'étend sur plusieurs centaines de mètres. Fabuleux, comme bien des villes fortifiées. Nous contournons cette tour par la droite, pour passer sous le porche nous permettant d'accéder à la vieille ville. Une longue rue s'étend devant nous. Les bâtisses sont basses, un ou deux étages tout au plus. Toutes sont d'époque. Lanternes rouges, vieilles demeures, et cours intérieures pleines de clichés s'offrent à nous. On se croirait dans un film, vous savez, comme ces films chinois se déroulant au Moyen-Age (enfin, on imagine, car on n'y connait rien en film du Moyen-Age en Chine, et on imagine que vous non plus, enfin, on espère...). Tout ça pour dire que nous aimons beaucoup, et sommes en quelque sorte transportés. Et, petit détail appréciable, il n'y a aucune voiture, et peu de bruit. Ce sera le cas toute la journée, car ces dernières sont interdites dans l'enceinte.
Il fait vraiment froid. Nous sentons à peine nos mains, et décidons d'entrer dans un café, dont la devanture est surperbe, pour prendre un chocolat chaud et un petit déjeuner. En face, un magasin vend des sabres. Il n'y a quasiment personne, la ville se réveille. Enfin, la vieille ville, car, au delà des remparts, c'est très urbanisé. Nous nous en rendons compte lorsque nous montons sur ces derniers, et parcourons la muraille sur 400 mètres. Le périmètre fait 6 km. Nous passons devant une partie des 72 tours de garde intégrées aux fortifications. Chacune d'elles renferme un passage de "l'Art de la Guerre", écrit par Sun Tzu. Nous allons aussi visiter le temple de Confucius, bien plus grand que nous le pensions. Idem, la devanture est d'époque, et nous plonge 700 ans en arrière. A l'intérieur se trouve également le plus ancien bâtiment de la ville, érigé en 1163. L'ensemble est assez impressionnant. Il y a plusieurs centaines d'années, c'est ici que les bureaucrates en devenir passaient leur examen impérial. Ca bossait dur, et ça ne devait pas rigoler, vous ne croyez pas ? Il fait tellement froid que nous rentrons dès que nous pouvons dans les salles entourant chacune des cours, bien que celles-ci ne soient pas chauffées, mais juste protégées par une porte d'entrée faite de bandes verticales de plastique un peu épais. Nous visitons donc statues, peintures, sculptures ou temples, même si c'est parfois rapide. Les sculptures ont, à plusieurs reprises, des formes diaboliques, afin de repousser les mauvais esprits. Nous voyons aussi des peintures n'ayant pas été restaurées, magnifiques, authentiques. Authentique. C'est le mot qui correspond le mieux à la ville, et à notre sentiment. Au milieu de la vieille ville, la City Tower, sur laquelle nous montons. Et comme dans la Cité Interdite, se trouve à Pingyao un des rares murs composés de neuf dragons, en relief, situé derrière un vieux théâtre plein de charme.
Nous partons déjeuner, et nous arrêtons un peu au hasard. Nous rencontrons un groupe de trois espagnols, que nous recroiserons un peu plus tard dans l'après-midi, en continuant nos visites.
Il se trouve qu'ils vont aussi à Xian ce soir, par le même train que nous. Cela veut dire du coup que nous passerons le réveillon, demain soir, ensemble, car nos guesthouses sont juste
à côté l'une de l'autre là bas. Un peu plus réchauffés, nous ressortons et allons visiter une demi-douzaine de cours intérieures. Encore une fois, nous sommes de nouveau propulsés en
arrière. Très peu de choses vous rappellent en effet que vous êtes dans le troisième millénaire après JC, à quelques détails près, et comparativement à ce que nous avons vu de la Chine
depuis notre arrivée. Enfin, nous allons voir la bâtisse qui abritait le centre administratif et financier, sachant que la ville fut la capitale financière du pays un peu plus tard, au
19ième siécle, et centralisait les principaux flux monétaires.
Etant toujours frigorifiés - il fait -13°C, nous avons plus froid qu'au Népal, malgré nos collants thermiques - nous nous installons en fin d'après-midi, après avoir arpenté toutes ces rues,
dans un café pour prendre un chocolat chaud, et avancer un peu dans l'écriture de nos articles, vu le retard que nous avons dans l'administraton du site. Le temps passe, et nous restons
dîner là. Notre train est à 21h30. Quand nous ressortons, pour partir vers la gare, il fait évidemment nuit. Quelques lanternes rouges sont éclairées, et les quelques rues que nous
parcourons pour rejoindre la porte Ouest prennent une nouvelle dimension, sachant en plus qu'il n'y a pas d'eclairage public. La City Tower, comme les tours de garde, sont illuminées.
Nous repartons ainsi, contents d'avoir pu voir une ville différente de Beijing, connue pour avoir aussi bien préservé son patrimoine, inscrit à l'Unesco. Nous aurions pu continuer un jour de plus, et voir les environs, mais ce fut suffisant pour un premier contact, et profiter, sentir ce qui se dégage du lieu. A la gare, nous trouvons nos amis espagnols. Leur place est dans la voiture d'à côté. Le train part à l'heure. Nous ne faisons pas long feu et nous endormons assez vite.
sam.
22
déc.
2012
Aujourd'hui, nous quittons Beijing pour partir à 750 km d'ici, vers Pingyao. Notre train part ce soir, à 18h55. La gare n'est pas très loin, à quelques stations de métro, sans changement. Tant mieux, à part rejoindre la station à pied d'ici, nous irons assez vite. Pour le moment, nous avons d'autres choses à faire, comme récupérer nos billets, nos affaires que nous avons données à laver avant-hier, défaire nos sacs pour n'en prendre qu'un seul, libérer la chambre, et passer à la Poste d'à côté pour envoyer un colis en France (principalement des choses que nous avons acheté en Inde, et quelques unes ici). Nous faisons donc tout cela, et partons vers le bureau de poste avec les affaires que nous souhaitons envoyer. Nous étions passés devant plusieurs fois ces derniers jours, pas de problème donc pour le trouver. A l'intérieur, c'est assez moderne, nous voulons dire par là que c'est comme chez nous, et nous voyons vite l'endroit où nous devons aller pour faire emballer nos affaires. Par contre, la personne ne parle pas un mot d'anglais. Heureusement, une jeune chinoise est là, et parle anglais. Elle nous propose spontanément son aide. La personne derrière le bureau sort de nos sacs toutes nos affaires, afin de les inspecter une par une. Dire que nous les avions organisées d'une manière particulière. Bonne surprise, elle les remet dans le même ordre, et pas n'importe comment. Elle inspecte en fait ce que nous envoyons, car des choses peuvent être refusées à la douane. Elle met de côté les épices que Fred avait achetées, et de la nourriture prise ici que nous souhaitions envoyer. Pourtant, tout est bien emballé, parfois même sous vide. Mince, nous nous retrouvons avec quelques paquets qu'il va falloir transporter, ou envoyer depuis un autre pays (mais où, car ce n'est pas sûr à notre avis que cela sera accepté depuis le Japon, HK ou Singapour ?). Nous verrons avec Fred, au Cambodge depuis aujourd'hui, s'il peut ramener ça pour nous dans sa valise. Le temps de poser des questions, de remplir les formulaires, de comprendre pourquoi ils refusent que nous envoyons ces produits, le temps passe, et cela fait bien une heure que nous sommes dans ce bureau. Enfin, notre paquet, ainsi que nos cartes postales, partent. Nous nous en tirons quand même pour une centaine d'euros. Ouch! Nous reprenons sous le bras les éléments refusés, et partons déjeuner pas très loin. Il fait très beau, mais toujours aussi froid. Nous apprendrons plus tard que la Chine a connu ses plus basses températures de tous les temps cette semaine. Nous nous installons dans un endroit sympa, lumineux, fréquenté par des asiatiques aisés, et quelques étrangers, où nous commandons un jus de mangue fraîchement pressé, une salade composée, et des pâtes à la crème et aux champignons, assis dans des fauteuils bien confortables. Pas mal de gens surfent sur leur Ipad, qui a l'air de très bien se vendre en Chine, car nous en voyons souvent. Rassasiés, nous retournons à la guesthouse. C'est le début d'après-midi. Le train étant ce soir, et la nuit tombant vite, nous restons ici, et profitons de ce temps pour écrire un article pour le blog, ayant accumulé pas mal de retard.
Décollage vers 17h15. La station de train est grande. Dehors, pour entrer, vous devez montrer votre ticket, puis poser votre sac ou votre valise sur un tapis roulant, comme dans les
aéroports (ou le métro, en Chine ou en Inde). L'intérieur de la gare est très propre, quasiment aucun papier ne traîne. Il y a deux grands palmiers, à côté des escalators. Nous
cherchons notre quai, et apercevons deux européens, dont nous nous rapprochons pour prendre des infos. En vain, car ils sont comme nous, un peu paumés. Il suffit alors de montrer notre
ticket à un agent, pour qu'il comprenne ce que nous cherchons et nous indique où aller. Nouveau contrôle des sacs sur le tapis roulant, juste avant d'accéder à notre quai. Il est grand,
large. Le train est là. A côté de chaque wagon, un homme ou une femme de la SNCF locale attend, et contrôle les billets. Nous l'échangeons alors contre une petite carte, au format de
carte bancaire, que nous échangerons de nouveau 30 minutes avant l'arrivée à notre arrêt. Cela lui permet de savoir qui descend où, et de prévenir les passagers pour qu'ils ne le
loupent pas. Cette même personne dispose d'une petite cabine, d'un mètre carré, entre deux wagons. Il y a donc un "contrôleur" à chaque wagon. Nous avons presque douze heures de train. Nous
arriverons demain à Pingyao à 7h30 du matin. Comme en Inde, un long couloir latéral parcourt le wagon, avec des cabines ouvertes de six couchettes sur l'un des côtés. En revanche, cette
fois ci, de la moquette par terre, et de petits matelas sur chaque couchette. Et, grosse surprise, une couette et un oreiller, qui ont l'air propre. La classe! Par terre, c'est propre,
et la personne dans la cabine - sûrement en charge de son wagon - passe de temps en temps avec une petite balayette pour nettoyer. Quasiment tout le monde a apporté son plat, et
mange dans son compartiment. Beaucoup font des allers et retours vers le bout du wagon : c'est pour aller chercher de l'eau chaude, afin de remplir leur gourde, et de faire du thé, ou
de préparer leur soupe. Bruits de raclements de gorge (mais toujours moins qu'en Inde). Nous sommes regardés, observés. Nous sommes les seuls occidentaux. Nos couchettes sont en
haut. Ah oui, on peut fumer dans les trains, comme avant en France, près des toilettes. Nous avions aperçu un wagon restaurant sur le quai. Nous partons le découvrir. Dans le wagon N°13,
surprise, des tables, des serveurs. Nous nous asseyons à côté de deux chinois, dans un endroit à quatre place. Nous commandons du poulet sauté, pas mauvais, et du riz. La bouffe ressemble à
celle servie dans les avions. Les deux chinois nous offrent une bière. Ils nous parlent, répètent leurs propos, mais nous ne comprenons pas. Nous pensons qu'ils nous demandent notre
prénom, ou notre age, mais ils veulent en fait savoir d'où nous venons. "Faguo". France. Nous avions appris ce mot pour envoyer notre colis, ce midi. C'est drôle, et frustrant, de ne
pas pouvoir communiquer. Nous repartons ensuite vers notre place. Vers 21h30, le contrôleur passe et vient pousser les tissus qui servent de volets. Nous revoyons passer cet homme, qui
pousse un chariot, pour proposer des fruits, des plats chauds, des livres, des jeux de cartes ou encore des pantoufles ! A 22h, les lumières centrales, et celles de chaque compartiment,
s'éteignent. Couvre feu, c'est l'heure de dormir. Tout le monde est couché. Le train est silencieux, en dehors du rythme régulier des rails, ponctué par les ronflements de certains. La
couchette est un peu étroite, mais nous sommes bien mieux installés qu'en Inde. Et nous n'avons pas peur de poser nos affaires quelque part, de peur de trop les salir. Nous n'aurons pas
besoin de sortir nos sacs de couchage, que nous avons pris par précaution (mais qui se serait douté qu'il y avait des couettes ?).
ven.
21
déc.
2012
Allez, pour une fois, rien de prévu ce matin. Nous dormons un peu, prenons notre temps, n'avons pas d'emploi du temps à suivre en particulier. Cet après-midi, nous irons visiter une rue de Beijing dans le même style que nos puces, mais pour l'instant, on reste au Sanlitun Youth Hostel. Le rythme est lent. Demain, c'est samedi, le jour où nous souhaitons partir pour quelques jours. Et nous n'avons toujours pas nos billets. Nous passons donc une petite heure à la guesthouse pour regarder les horaires, les prix, et planifier ce voyage vers Pingyao et Xian. Heureusement, les filles de l'hostel nous aident (en insistant un peu cependant), et appellent la gare une fois nos choix d'horaires effectués pour voir s'il y a de la place. C'est bon, sauf que nous aurons les couchettes du haut, et pas celles du milieu (sur lesquelles on peut s'assoir) comme nous le voulions initialement. Et bien sûr, nous devons payer une commission. Mais ça a été clairement plus facile, et nous avons eu ce que nous voulons, aux horaires que nous voulons. Nous partirons donc demain soir en train de nuit pour Pingyao, visiter une ancienne cité, puis repartirons le soir même pour Xian, toujours en train de nuit, où se situe la célèbre armée en terre cuite. Nous y resterons une nuit, celle du 24, et repartirons le 25 au soir, encore en train de nuit, pour rentrer à Beijing et teminer notre séjour en Chine du nord. Nous ne sommes pas mécontents que tout cela soit booké, car nous craignions de ne pas pouvoir partir, et de perdre une journée.
Une fois cela derrière nous, nous partons en métro rejoindre Fred, sa femme (qui va mieux) et leur petit bonhomme. Nous avons rendez-vous dans la ville, proche de ce fameux marché. Nous
souhaitons aller là bas car une rue est particulière, selon les dires de tous : la street food est très... originale. C'est en effet là que l'on peut trouver pleins de bêbêtes à déguster en
brochettes. Il parait qu'il y a aussi d'autres choses peu communes. Il faut aller voir. Nous retrouvons donc nos amis (nous nous étions dit "rendez-vous à la sortie A de telle station de métro...
sauf que cela donnait dans un centre commercial et qu'il y a plusieurs sorties A... pas de pot), après avoir fait un petit tour, ne les ayant pas trouvés immédiatement.
La rue est grande, animée, presque piétonne. On se croirait un samedi près des Galeries Lafayette à Paris, mais en plus large. Il fait assez beau. Beaucoup de magasins, dont celui de baguettes
comme celui que nous avions vu il y a quelques jours. Nous entrons dans un de ces magasins de bonbons, sucrés ou salés, très colorés, qui sont installés un peu partout dans la ville, et en Chine.
Impossible de savoir ce qu'il y a dans ces petits sachets individuels. Sur certains, heureusement, c'est quand même écrit : langue de canard, coeur de canard, poisson séché, fruit séché, ailes de
poulet... et tellement d'autres choses, en vrac, entreposées dans de grands bacs en libre service. Nous regardons, nous appelons réciproquement. En gros, ça a donné ça :
"nan, tu as vu ça ?"
"oui, et toi, regarde ce truc, c'est quoi à ton avis...."
"ça a l'air bizarre, je ne sais pas.. oh regarde, et ça..."
et ainsi de suite, à fouiller, fouiner, observer, prendre en photo ou filmer...ne vous inquiétez pas, vous pourrez goûter... on pense à vous.
Nous continuons, et partons sur la gauche, à l'entrée de cette fameuse rue si populaire. Une arche est à l'entrée. La rue est relativement étroite, comparée à celle d'avant. Ca s'agite, il y a beaucoup de monde. Des marchands de bonnets, de tout et de rien, de boucles pour les cheveux... et des magasins de bouffe, comme ceux que nous avons vus juste avant, et d'autres, beaucoup plus... spéciaux. Il vaut mieux avoir faim, ou pas, au choix. Toutes ces petites échoppes vendent des animaux exotiques ou insectes en brochette. A 20 yuans la brochette, nous trouvons cela un peu cher. Mais surtout, nous n'avons vraiment pas envie d'essayer. Il y a en effet des scorpions, petits, un peu comme ceux que l'on trouve dans l'Aude, puis plus loin, de plus gros, noirs. A côté, des larves, ou des insectes que nous ne parvenons pas à identifier. C'est bon peut-être. Mais notre esprit formaté a du mal à s'y faire. D'autres brochettes de viande, à côté, paraissent plus appétissantes. Nous posons la question afin de savoir ce que c'est. Du serpent, et du chien! Fred demande de quelle race de chien il s'agit, mais impossible de savoir. Est-ce d'ailleurs vraiment du chien ? Nous ne le saurons pas. C'est la première fois que nous en voyons. Il paraît que l'on en mange dans certaines régions du pays, mais cela ne semble pas commun néanmoins. Sûrement beaucoup moins qu'on l'imagine. Nous ne goûtons pas. Un peu plus tard, nous regretterons de ne pas avoir tenté le serpent, qui a goût de poulet d'après un européen nous faisant part de son témoignage. Nous continuons, et demandons ce qu'est ce truc qui ressemble à de la langue. C'est de l'estomac de boeuf. Encore plus loin, de gros criquets, qui doivent croquer sous la dent, ou encore des espèces de salamandre. Anyone interested ? Plus appétissantes sont ces sucreries, genre nougat, dont la pâte est frappée à grands coups de marteau géants, retournée, puis de nouveau frappée une multitude fois. Fred pose la question et s'empare du marteau, pour faire de même. Nous goûtons, et c'est assez bon. Un goût de cacahuètes. Nous parcourons ainsi la rue, puis faisons marche arrière. Sur le chemin, quelque chose que nous n'avions pas vu à l'aller : de petites poches d'eau, qui tiennent dans la paume de la main, et dans laquelle sont emprisonnés... de petits lézards, ou des tortues d'aquarium. Vivants, bien sûr. Nous les voyons bouger, en regardant bien. Oups.
Il fait froid, et nous nous dirigeons tous vers le centre commercial, endroit chauffé et où Véro et Fred peuvent trouver du lait pour Mathias, leur fils. Nous prenons tous un chocolat chaud au Starbucks du coin. Nous nous baladons un peu, voyons un superbe bonnet blanc et noir, qui irait bien avec l'écharpe trouvée dans les Hutongs. Mais le prix, malgré les 15% de rabais offerts, et le manque de chaleur de la vendeuse ne nous donne pas envie de dépenser tout cet argent. Ce ne serait pas raisonnable en plus, même si c'est Noël. Nos amis décident de rentrer, leur fils est un peu fatigué. Nous les retrouverons ce soir, pour dîner chez leur oncle et tante pour le dîner de la fin du monde ! Nous continuons donc tous seuls, et retournons dans la rue pour être au contact des gens et sentir l'atmosphère de cette fin d'après-midi. Nous marchons jusqu'à la prochaine station de métro, plus loin que nous ne pensions. Nous passons devant quelques hôtels, décorés pour Noël. Sur le chemin du retour, avant de rentrer pour nous préparer, nous nous arrêtons chez Black Swan Luxury, la pâtisserie découverte avant-hier, pour acheter le dessert pour ce soir. Le métro est bondé. Comme à Paris, les gens rentrent avant de laisser sortir les autres. Nous mettons plusieurs minutes avant d'atteindre la rue. Il commence à faire nuit. Nous passons devant la tour Sinopec, un des géants chinois de l'industrie pétrolière. Nous choisissons un dessert, puis retournons affronter la foule. Heureusement, nous ne sommes qu'à une station de chez nous.
Douche, un peu de parfum (pour une fois), puis nous repartons. Il est 19h lorsque nous sonnons à la porte. Nous prenons un apéritif, discutons du voyage qu'ils vont tous faire demain, vers le
Cambodge, où l'oncle de Fred a ses origines, de la température qu'il va faire là bas (28°C), mangeons des tomates farcies, buvons du vin. Nous avons même droit à une baguette, une salade et du
camembert, surprise divine après un mois et demi de voyage. Nous sommes gâtés. Il s'agit aussi de célébrer dignement cette fin du monde à laquelle nous ne croyons pas une seconde. Nous terminons
le repas sur une note sucrée, Fred va jouer un peu de guitare avec le neveu de Fred, puis nous quittons cette agréable compagnie, en nous éternisant sur le seuil de la porte. Il est environ
minuit. Nous rentrons et nous couchons repus.
jeu.
20
déc.
2012
En ce jeudi 20 décembre, le temps est couvert. Nous avons bien fait de faire nos principales visites hier et avant, quand le ciel était bleu. Nous souhaitons commencer tôt aujourd'hui. Lever vers 8h. Thé et brioche à la guesthouse, douche, puis départ vers le mausolée de Mao, au sud de la place Tianan Men. Marche jusqu'au métro, arrêt à la station Quienan Men, quatre ou cinq après la notre, puis sortie devant la Front Gate, comme le premier jour. Nous faisons le tour, pour arriver au centre de la place, devant l'entrée du mausolée. Il est 9h et quelques. Et là, surprise, sacs interdits à l'intérieur. Nous allons donc y aller chacun notre tour. Audrey y va la première. Fred garde le sac à dos. Malheureusement, la sortie est de l'autre côté, près de la Front Gate. Obligé de refaire tout le tour, un bon 300m. A l'intérieur, impossible de s'arrêter. Vous devez avancer, sinon, un garde vous rappelle à l'ordre. Tout les chinois ont une rose blanche à la main, achetée juste après le portique de sécurité, qu'ils déposent en se courbant par respect, toujours emballée sur un présentoir, devant la statue de Mao, imposante, dans la première salle, et ne contenant rien d'autre. Le corps de Mao, exposé sous un drap vert, dont le visage n'est pas couvert. La lumière orangée rend l'expérience un peu étrange. Nous percevons la forme des pieds sous le drap. Nous nous demandons pourquoi il est impossible de s'arrêter. Certains disent que c'est pour ne pas s'apercevoir que le vrai Mao est enterré autre part, peut-être quelques mètres sous terre, et que ce que nous voyons n'est qu'une reproduction. Nous n'en savons rien. Par contre, nous pensons fortement que toutes ces roses déposées sont récupérées, puis remise en vente le jour d'après. Le moment est assez fort, car devant nous se tient un personnage les plus emblématique du pays, et de l'histoire des 50 dernières années. Et tous ces locaux, qui sont en pélerinage, dont le sens à une toute autre portée. Du coup, la visite est rapide.
Comme nous souhaitons quitter Beijing dans deux jours, pour aller voir la ville de Pingyao, à 750 km, puis l'armée en terre cuite à Xian, nous allons au Ticket Office pour essayer de trouver nos
billets de train. Nous pourrions passer par la guesthouse, mais nous souhaitons essayer par nous même, afin d'éviter de payer une commission, sachant que nous avons 3 billets à prendre
(Beijing-Pingyao, Pingyao-Xian, puis Xian-Beijing), et que nous souhaitons voyager en train de nuit, en couchette premier prix ("hard sleeper"). Bonne nouvelle, un petit bureau semble être placé
à côté du quartier dans lequel nous souhaitons nous balader aujourd'hui, les Hutongs. C'est là où l'âme de la ville peut être ressentie, avec ses petites allées, ses petites cours intérieures,
ses bâtisses typiques.... après que Genghis Khan ait réduit la ville en cendres, elle fut reconstruite sur ce modèle. Auparavant, ce furent 6000 allées qui formaient la cité. Aujourdhui, avec
l'urbanisation, et la volonté de faire de Beijing une ville du 21ième siècle, ce nombre est considérablement réduit. Et les maisons typiques de la dynastie des Qing se mélangent à d'autres
d'influences socialistes, quand d'autres encore ont été reconstruites pour abriter une mercedes flambant neuve. Le quartier s'étend au nord de la Cité Interdite, de l'Est à l'Ouest. Les maisons
les plus honorables sont gardées par deux statues de lions chinois, et ont une épaisse porte rouge.
Nous trouvons le petit office pour prendre nos billets de train. Difficile par contre de se faire comprendre. Nous montrons les noms des villes où nous souhaitons aller en chinois. Apparemment,
plus de places en hard sleeper, seulement en soft sleeper, certes plus confortables, mais aussi bien plus chères (50 euros par personne au lieu de 30, pour chaque trajet). Idéalement, nous
souhaiterions demander tous les horaires, pour nous organiser de façon optimale, mais il ne faut même pas essayer, cela semble mission impossible sans parler chinois. L'office donne directement
dans la rue, et fait 3 mètres de large, avec deux personnes à l'intérieur. Rien à voir avec une agence SNCF. Nous aurions aussi pu aller à la gare, mais préférons visiter au maximum. Du coup,
nous abandonnons l'idée et décidons de voir ça ce soir à la guesthouse, où nous pouvons au moins faire le point avec le personnel parlant anglais (en général, des filles d'une vingtaine
d'années). Nous remontons la rue, qui doit nous conduire vers l'allée la plus célèbre des Hutongs. Nous regardons plusieurs fois notre carte afin de ne pas nous perdre. Nous remarquons en plus
que, sur le chemin, figure un restaurant où nous souhaitions aller. Malheureusement, nous ne le trouverons jamais. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir demandé et re-demandé, même en ayant
l'adresse. Peut-être n'existe-t-il plus. Nous mangerons plus tard, sur le pouce, dans cette fameuse rue. Nous tournons à gauche, pour la rejoindre un peu plus loin. Pour l'instant, c'est la rue
des magasins de musique, notamment des guitares. Fred rentre pour regarder le matos, et les prix, quasiment les mêmes qu'en France. Nous redemandons du coup s'ils connaissent le restaurant, mais
non, pas là non plus. Nous continuons. Nous bifurquons à gauche, pour entrer dans Nanluogu Xiang, une des plus célèbres allées du quartier. Nous nous balladons, les mains serrées dans les poches
malgré les gants, et l'écharpe recouvrant le bas du visage. Brrr.... Des deux côtés, de petites boutiques de vêtements, des maisons typiques, des échoppes, de la street food. Nous nous arrêtons
au hasard dans un petit restaurant, sans bien arriver à nous décider lequel choisir. Nous commandons du poulet sauté (en fait des cartilages, avec très peu de chair, des oignons et des poivrons),
des St Jacques (servies entières, pas seulement la noix, avec de l'ail), et des brochettes de poulet. Voir la rubrique "bouffe" pour les photos. Ca fume à l'intérieur, comme dans pleins
d'endroits en Chine. Puis nous repartons, pour continuer notre marche. Nous faisons un ou deux petits achats, comme cette écharpe blanche en lapin (du faux, comme presque toujours en Chine...
non, on rigole, on pense que c'est du vrai tellement c'est doux... au choix pour ceux qui veulent!) pour Audrey. Puis nous tombons sur ce point de vente de boulettes de viande et de poisson, si
colorée, si originale. Impossible de ne pas goûter. Quelques photos en partie "bouffe", mais la vidéo pour bientôt.
Enfin, après une centaine de mètres, nous tombons sur un lac gelé, bordé de maisons et toits à pagode. Nous prenons à droite pour arriver face à la Drum Tower, cette tour qui permettait à
l'époque de sonner l'heure dans toute la ville. Nous voulions prendre notre temps avant de rejoindre Fred pour aller - enfin - chez Din Taï Fung, mais nous cédons à notre envie de monter en haut,
maintenant que nous sommes là. Et en plus, cela va bientôt être 15h30, pour assister à la sonnerie, manuelle, en tapant sur de grands tambours en cadence, selon un rituel bien établi. L'escalier
pour monter est pentu, c'est le moins que l'on puisse dire. En haut, ces fameux tambours. Il doit y en avoir une petite dizaine, répartis en forme de U. Nous apprenons comment les chinois, la
civilisation la plus ancienne, existant déjà il y a 5000 ans, comptaient le passage du temps, à travers par exemple le temps que mettait de l'eau à s'écouler (via un système de goutte à goutte
régulier), ou encore l'encens à brûler. Génial, et ingénueux. C'est vrai qu'on ne s'était jamais vraiment posé la question, de savoir comment l'homme faisait quand l'horloge n'existait pas. Nous
patientons environ 10 minutes, trois coups retentissent, et voilà que 5 personnes en tenue traditionnelle arrivent en rang, chacune se plaçant face à un des tambours, de manière synchronisée.
Celui placé au centre, devant le plus gros, commence alors à battre la mesure. Puis s'ensuit pendant 5 bonnes minutes un ballet, en rythme, chacun jouant sa propre partition. Effet garanti. A
l'époque, les portes de la Tour étaient ouvertes, permettant de résonner dans toute la ville. Aujourd'hui, elles sont fermées, accentuant l'effet par résonnance. Une fois tout cela terminé, nous
repartons tranquillement vers le métro.
Arrivés à la maison, nous nous préparons, et ressortons pour nous diriger sous la neige, qui tombe à gros flocons, vers le restaurant. A pieds, puisqu'il est finalement à côté de chez nous. L'ami
de Fred nous croise sur la route, à vélo. Nous arrivons ensuite, contents de pouvoir nous mettre au chaud, et aussi de faire découvrir ces dumplings à quelqu'un. L'endroit est moins classe que
celui de Shanghaï, la carte un peu moins remplie, mais tout ce que nous commandons aussi bon. Nous prenons, comme nos voisins, un alcool local, servi chaud, comme du saké. Nous prenons des
champignons comme apéritifs, un peu sucrés, tout fins, longs. C'est bon. Nous passons commande, nous régalons, puis en recommandons d'autres après une petite pause. Quels dumplings, on adore,
vraiment. C'est Noël, et le personnel est habillé avec des bonnets à pompoms sur la tête. Nous sommes biens. Nous nous en allons vers 22h, une demi-heure avant la fermeture, direction la
guesthouse pour un dernier verre ensemble. Là encore, plusieurs nationalités, avec qui nous discutons. Un français étudiant le chinois nous offre une bière, sans même avoir discuté avec lui. Ce
sera chose faite peu après. Dodo vers 1h du matin.
mer.
19
déc.
2012
Comme hier, journée de visite aujourd'hui. Il fait toujours aussi froid. Nous croisons comme les jours précédents le bonhomme de neige à l'entrée de la guesthouse. Audrey, chef de l'organisation des journées de visite, souhaite voir le Palais d'Eté (Summer Palace), un site aussi incontournable que ceux des jours passés. Cet endroit est là où la cour et les proches de l'Empereur venaient se détendre l'été, pour fuir la torpeur de la Cité Interdite. Il est composé d'un lac, gelé aujourd'hui, de temples, de pavillons, de ponts, de tours de garde et de corridors. Gigantesque. Un superbe décor. Nous partfons avec l'ami de Fred dans la matinée, prenons le métro, et arrivons. Plaisir de la basse saison, quasiment personne. L'endroit a été embelli au 18ième, puis a été vandalisé par les troupes anglaises et françaises durant la deuxième moitié du 19ième, pendant la seconde guerre de l'Opium (1856-1860). Les strutures portent des noms bien d'ici, comme le fameux Hall de la Longévité, qui surplombe le lac.
Nous marchons, rentrons parfois dans quelques boutiques pour nous réchauffer, avançons vers le lac, où nous voyons certains marcher dessus en plein milieu. Une scène est d'ailleurs en train
d'être installée en plein dessus. Il doit y avoir plusieurs dizaines de centimètres de glace. Au milieu du lac, une île, reliée par un pont aux 17 arches. Trop loin pour nous, malgré notre forme.
D'ailleurs, Audrey va mieux. Nous allons saluer un grand buddha, puis une statue de femme aux mille bras et mille yeux, qui en a autant suite aux prières de son père, pour qui elle avait sacrifié
les siens afin de le soigner auparavant. Plus loin, nous empruntons une longue allée couverte, richement décorée de 14 000 peintures. Au loin, un petit pont en forme de bosse de dromadaire,
entièrement en jade.
Le ventre creusé par la faim, et le froid commençant à avoir raison de nous, nous prenons le chemin du retour après quelques heures de marche. Nous décidons d'aller enfin chez Din Taï Fung, pour
faire découvrir à l'ami de Fred cette superbe expérience culinaire. Il y en a 3 dans Beijing. Nous prenons le métro, effectuons un changement, et demandons notre chemin une fois sortis, avec
difficulté. Si votre adresse n'est pas écrite en chinois, impossible de vous faire comprendre. Dans ce quartier de la ville, de grandes tours, de la circulation, des panneaux lumineux. Nous
découvrons par hasard une boulangerie de luxe, Black Swan Luxury. On se croirait chez Lafayette Gourmet, mais avec une décoration noire et argent. Les pâtisseries sont originales, raffinées, et
l'emblême de la boutique, le cygne, revient souvent. Nous voyons en vitrine un gâteau de mariage géant, au prix de 10 000 euros ! Heureusement, le reste est plus abordable, et nous achetons de la
brioche, ultra moelleuse et sentant bon, pour 3 euros. Ce sera notre petit déjeuner demain matin et ensuite, au lieu de commander des toasts à la guesthouse. Ou comment faire des économies. Nous
nous attardons, regardons toutes les pâtisseries. Notre faim est encore plus aiguisée. Nous repartons, pressés de commander nos dumplings juteux et merveilleux. Ce sera pour plus tard, car nous
ne trouvons pas notre chemin, partons dans une direction, longeons une grande artère fréquentée (les rues sont bien plus grandes qu'à Paris, c'est un peu comme à New-York), et décidons d'entrer
dans un hôtel de luxe, richement décoré pour Noël, pour demander notre chemin. Au moins, ici, ils parlent anglais ! Sympa, ils nous impriment l'adresse en chinois, nous commandent un taxi, et
indiquent sur le papier les instructions pour s'y rendre. 15 minutes plus tard, le taxi n'est toujours pas là. Enfin, il arrive. Nous lui tendons le papier. Nous arrivons enfin, vers 16h30, et
apercevons que nous sommes à côté de chez nous! Tout ça pour ça. Et, devinez quoi ? le restau est fermé ! Bref, deux heures que nous sommes partis du Summer Palace, le ventre toujours vide, et
tout ce mal donné pour rien. Allez, c'est comme ça. Le restau ouvre dans une heure. Nous n'attendons pas, et rentrons à pied, en faisant attention à ne pas glisser sur les trottoirs, pas dégivrés
dans cette partie de la ville. De toutes façons, nous n'avons pas beaucoup de temps, car ce soir, nous avons décidé d'aller voir un spectacle d'acrobates.
Il faut être à 18h à la réception de la guesthouse, par laquelle nous passons pour ce faire. Nous avons en effet étudié les différents lieux où nous pouvons voir ce genre de spectacle, célèbres dans le monde entier. Mais après échange de mails rapides, hier soir ou ce matin avant de partir, les différents théâtres indiqués dans le Lonely Planet sont fermés ou en travaux. Nous avons donc choisi de passer par la guesthouse, où des affiches sont entreposées un peu partout, ou encore pour un spectacle de kung fu, ou pour aller à l'opéra. Le taxi commandé est en retard. Il arrive enfin. Nous sommes trois, accompagnés pendant le trajet par un anglais allant à l'opéra. La circulation est dense. Il fait nuit, évidemment. Nous craignions d'être en retard. Nous stressons un peu. Finalement, nous arrivons juste à l'heure. Le théâtre n'est pas plein. Un groupe de pakistanais est là. Nous nous asseyons vers le 7 ou 8ième rang, décalés sur la droite. Le spectacle commence. Nous aurons droit à des acrobaties, de la gymnastique, aux assiettes tournantes, à un ballet de 4 motos dans une boule, un main à main masculin, ou encore à un couple éxécutant un ballet aérien les pieds enroulés autour de draps. Nous sommes déçus. Les artistes sont des étudiants. Ils sont bons, certes, mais nous ne sommes pas du tout époustouflés, ou scotchés. C'était sympa, mais nous souhaitions en prendre plein la vue. Parfois, les musiques sont mal coordonnées. Certains mouvements sont approximatifs, certains détails mal finis. Nous ne sommes pas devant des artistes de niveau international. Tant pis. Ce n'était pourtant pas faute d'avoir essayé de trouver le bon spectacle. Nous rentrons en métro. Arrivés à la guesthouse, nous croisons Cathy, une des filles s'occupant des backpackers, auprès de qui nous avions réservé. Nous lui disons gentiment que c'était moyen, et qu'il vaut mieux qu'elle ne vende pas cela comme un spectacle de premier ordre, car Audrey, qui travaille dans le milieu, est un peu déçue. Nous lui exliquons pourquoi. Nous gardons bien sur le sourire, et lui disons que ce n'est pas un problème. No big deal, comme on dit. Un peu gênée, elle nous offre deux bières, et nous dit que le spectacle habituel est clos pour le moment, et qu'ils orientent donc les gens vers un autre. Tout cela s'explique donc.
Comme il n'est pas très tard, environ 21h30, nous joignons Fred, et décidons d'aller boire un verre dans Sanlitun, la rue bordée de bars, pas très loin, ou des filles dansent ou chantent. Nous
croisons un anglais de Sheffield que nous avions rencontré il y a quelques jours, et lui proposons de se joindre à nous. Tous les trois, nous partons vers chez Fred, qui nous attend au coin de la
rue. Nous passons une bonne heure dans un bar, où un chinois et sa copine nous offrent une tournée de bières, qui arrivent sans que nous n'ayons rien demandé. Thanks, dude ! Nous allons le
remercier et trinquer avec lui. Puis nous rentrons, vers minuit, d'un pas pressé par le froid.
mar.
18
déc.
2012
... mais quoi ?
En cette journée ensoleillée, Fred s'est permis de faire le con quelques instants. Mais qu'a-t-il donc fait ?
Eh eh eh...
Vous pouvez essayer de trouver, on ne sait jamais !
Pour savoir, il faudra attendre que nous puissions mettre en ligne la vidéo.
mar.
18
déc.
2012
Allez, lancés depuis quelques jours, et tant de choses à voir dans cette ville, nous allons profiter du beau temps pour voir la Cité Interdite.
Rendez-vous avec l'ami de Fred, sa femme Véronica et leur fils d'un an et demi à 10h devant le portrait de Mao. Facile comme point de rendez-vous, on ne peut pas le louper, et on le voit de loin.
Temps magnifique et froid, encore. Par contre, cette fois-ci, les rues ne sont pas verglacées : ça travaille dur pour enlever la glace à la pelle, partout sur la place, et même en sortant de la
guesthouse ou en allant au métro. Et dans deux jours, lorsqu'il reneigera, ce sera pareil, tout sera nettoyé rapidement et partout où nous irons. En attendant nos amis, nous reprenons quelques
photos, regardons les touristes, l'ambiance sur la place, et avons la chance de voir la relève de la garde. Dans un rituel militaire, les quelques gardes généralement immobiles à cet endroit
saluent la relève, se tournent par quarts de tour en tandem, l'un prenant la place de l'autre, et l'autre partant se détendre, fumer une cigarette et discuter avec d'autres, proches de nous.
D'ailleurs, une fois qu'ils sont plusieurs - peut-être une dizaine - ceux-ci se rangent "en formation" et quittent la rue en marchant de manière ordonnée.
Nos amis arrivent ensuite, et nous passons sous le grand bâtiment supportant le portrait de Mao, de l'autre côté. La Cité Interdite est devant nous, et s"étend sur un bon kilomètre, sans pouvoir
véritablement s'en rendre compte à cet instant. Nous savons juste que c'est immense. Il y a pas mal de monde. Rapidement, nous rejoignons la construction que l'on voit dans le film "Le Dernier
Empereur", le hall de l'Harmonie Suprême, où était par exemple fêté l'anniversaire de l'empereur. Nous l'imaginions plus imposante. Mais tout ce que nous voyons nous plaît beaucoup, le style
architectural nous dépayse, nous croisons des dragons de bronze, des trônes dans plusieurs salles de reception (où l'empereur devait rendre justice devant des officiels terrorisés, ou organiser
de somptueuses célébrations), des lions en bronze à chaque entrée, tout cela avec les toits recouverts d'une mince couche de neige. Le ciel est bleu, les bâtiments rouges, de nombreuses
peintures, juste sous les toits, bleues ou vertes, des décorations dorées, et la neige apporte un blanc qui rend tout cela propre et doux. Le froid, néanmoins, attaque nos mains, notre nez, et
nos pieds. On a quasiment aussi froid qu'au Népal (mais nos corps ne sont peut-être plus habitués, depuis notre long séjour en Inde). Véronica est fatiguée, et la poussette n'aide pas. Nous
faisons une pause, prenons un thé, et elle décide de rentrer. C'est clairement plus sage, en effet. L'ami de Fred a envie de continuer, car nous n'en sommes qu'à la moitié environ. Nous convenons
d'un rendez-vous à un point précis dans 30 minutes, s'il souhaite effectivement revenir, le temps de faire le parcours inverse, d'attendre le taxi avec sa femme, et de refaire le trajet tout
seul. Nous, nous nous promenons pendant ce temps dans le jardin dans lequel nous sommes, et nous aventurons dans les quartiers Est de la Cité. C'est qu'il y a de véritables rues, longues,
fuyantes vers l'horizon, larges de trois ou quatre mètres, et toujours bordées par ces dorures et ces murs dont la peinture rouge est parfaite (une rénovation a eu lieue il y a quelques années).
C'est un véritable dédale. Les sections sont organisées, et c'est une vraie ville. Certains endroits n'étaient à l'époque accessibles qu'à une catégorie sociale, ou interdits à d'autres. La Cité
fut interdite d'accès pendant 500 ans. D'ailleurs, toute personne qui tentait d'y entrer sans y être invitée était immédiatement éxécutée. Aujourd'hui, 40 yuans (5 euros) font l'affaire. Et dire
que l'Empereur à vécu là, sans pouvoir en sortir !
Fred revient, et nous le retrouvons au point de rendez-vous. Pause rapide pour grignoter un bout (saucisse sucrée presque infâme, poulet et riz), et repartons à la découverte de cette prison
dorée. Plusieurs boutiques sont disposées de temps en temps. De nombreuses salles peuvent être vues, avec dedans des décorations d'époque, des objets ayant appartenu à l'empereur, en or massif ou
en jade, certains tout petits, comme des bijoux, d'autres d'un mètre de haut, comme des sculptures. Un théâtre aussi, où avaient lieu des représentations, avec différents décors dans la même
pièce (tringles et fausses trappes existaient alors, le système est expliqué grâce à une maquette). A l'extérieur, toujours ce même décor, tel que vous vous l'imaginez quand vous pensez aux
images typiques de la Chine. Nous nous sentons loin de chez nous. Nous repensons à avant-hier, à la guesthouse, quand nous avons regardé sur une carte du monde où nous étions. Quelle distance.
Plus loin de Paris que Buenos Aires peut l'être. C'est un peu fou d'être là. Merci le progrès, car il y a 100 ans à peine, hier, c'était une autre paire de manches. Et sur une echelle de
plusieurs millénaires, cela fait juste quelques instants que cela est possible, aussi facilement, aussi rapidement, et dans des conditions de confort inimaginables pour les grands explorateurs du
13 ou 16 ième siècle. Clairement, l'épopée de notre époque n'est plus là même. Ce n'est plus d'aller au bout du monde. C'est d'aller dans l'espace, sur une autre planète. Le voyage, quel qu'il
soit, est source de rêves, d'imagination, de réflexions, d'interrogations sur ce que l'homme a pu accomplir, et comment il l'a réalisé. Le pourquoi et le comment. A n'en pas douter, l'armée en
terre cuite que nous souhaitons aller voir alimentera ces pensées, tout comme d'autres lieux qui nous replongeront dans l'Histoire et la grande aventure de l'espèce humaine, la seule à laisser
autant de témoignages fabuleux et presque intemporels à ces ayeux, malgré les autres, plus négatifs, comme les dommages écologiques dont les effets ne font probablement que débuter. De manière un
peu ironique, en réalisant tous ces chefs d'oeuvre faits par l'Homme, comme aussi les cathédrales, palais ou autres en Europe ou ailleurs, on se dit que la mégalomanie de certains a parfois du
bon.
Nous terminons l'après-midi en sortant de la Cité par la porte Nord. Nous l'avons par conséquent complètement traversée, mais n'avons parcouru qu'une partie, en ayant laissé de côté l'aile Ouest.
Nous sommes un peu fatigués, et avons toujours froid. Mais pas assez pour manquer cette tour en face, en haut de cette colline dans le Jingshan Park, qui permet d'apercevoir la Cité de haut, et
offre une vue sur l'ensemble du complexe. Une centaine de marches, et hop, nous voilà devant un grand buddha qui contemple le dédale que nous venons de parcourir. La vue est géniale. Nous
pouvons, en outre, regarder les autres parties de la ville, malgré le ciel un peu plus nuageux en cette fin de journée, et apercevons quelques tours au loin. Nous nous rendons aussi compte de la
taille de Beijing, et de la toute petite partie que nous avons vue, comme chaque fois que l'on ne passe que quelques jours dans une capitale.
Nous resdecendons, et prenons un tuk-tuk pour rejoindre la station de métro, à l'autre bout. Bonne expérience si l'on peut dire, petite galère, car ce dernier mettra un temps fou à nous emmener à
l'endroit où nous souhaitons nous rendre, en nous faisant passer par un chemin alambiqué, croyant que nous souhaitons aussi voir le quartier tout proche du vieux Beijing - les Hutongs. Nous
finirons à pied en partant, sachant que l'homme pensait nous arnaquer en nous demandant le prix convenu PAR personne, et non pour tout le groupe comme nous l'avions compris. Nous avons bien fait
de ne rien lâcher, car l'oncle de l'ami de Fred rigolera quand nous lui raconterons le moment, en nous disant que, malgré ses insultes à la fin, il avait déjà gagné suffisamment pour cette courte
distance. Nous rentrons chacun chez nous, et devons normalement tous aller dîner pour goûter un canard laqué quelque part.
Une heure et quelques plus tard, l'ami de Fred décommande, sa femme n'allant pas très bien. Nous décidons d'aller quand même manger un canard laqué. C'est après tout la spécialité de la ville,
non ? Ce fut décevant, mais nous ne regrettons pas l'expérience que nous avons eue. C'est ça le voyage, et ce qu'il en reste. Pas que les belles choses, heureusement. Voir la rubrique "bouffe"
pour le détail.
Nous rentrons vers 23h, en métro, et partons nous coucher. Encore une fois, une journée bien remplie. Il va falloir qu'on se pose un peu un de ces jours....
lun.
17
déc.
2012
Il y a quelque chose en Chine, en tous cas à Shanghaï ou Beijing, qui nous a frappés, surtout en arrivant d'Inde : c'est la propreté des rues, des métros, des bus, et des endroits en général. Alors que nous nous attendions à trouver un pays plutôt sale, c'est exactement le contraire qui se produit.
Bon, attention, la Chine reste l'un de pays qui pollue le plus la planète, à cause comme tous les autres de l'agriculture, l'utilisation d'énergies fossiles, la faible part du nucléaire dans
le mix énergétique, et l'absence de normes anti-pollution au niveau industriel. Mais dans la vie de tous les jours, pour l'instant, nous découvrons un environnement bien plus propre
qu'à Paris par exemple. Les poubelles dans la rue ont systématiquement deux sacs, l'un pour le recyclable, l'autre pour le reste. Nous ne voyons pas de gens jeter de papiers n'importe
où. Etonnant. Pas de scooters ou de mobylettes non plus, que des vélos à moteur électrique, silencieux au point qu'il faut faire attention car vous ne les entendez pas arriver derrière
vous. Par rapport à l'Inde, où tout le monde klaxonne pour trouver sa place, c'est l'opposé. La pollution sonore est ainsi considérablement réduite. Et tout cela est généralisé. C'est
vraiment tout à fait inattendu, et agréable (surtout pour le métro, sans odeur, poussière, et autres incivilités détestables).
Tout cela sera de nouveau vérifié à 1000 km de là, à Xian par exemple, où la ville et le métro seront tout aussi propres.
lun.
17
déc.
2012
"Qui n' pas monté la Grande Muraille n'est pas un vrai homme"
Mao Zedong
Programme du jour : voir la Grand Muraille!
Hier soir, nous avons discuté tous ensemble de l'endroit où nous allons aller pour ce faire, car plusieurs points de vue sont accessibles, plus ou moins touristiques, et plus ou moins bien
entretenus. Cela va du spot ultra touristique (même s'il doit moins l'être à cette saison) à celui complètement en ruine, nécessitant de grimper, d'escalader, et de s'aventurer dans des endroits
un peu périlleux. Sachant que tout est enneigé, nous en avons choisi un plus éloigné que le premier possible, et entretenu : Mutianyu, une section de 3 km. L'oncle et la tante du pote de Fred ont
réservé un taxi, car 90km nous séparent du lieu, au nord de Beijing. C'est là que Clinton est allé. Rendez-vous à 10h. Arrivés en bas de l'immeuble, Véro, la femme de Fred, ne vient pas : elle
est malade. Fièvre et grosse toux. Audrey, de son côté, n'en a pas tout à fait terminé avec sa tourista importée d'Inde. Maux de ventre persistants. Pas cool pour elle. Heureusement, il fait très
beau, pas comme hier, et elle pourra donc voir la muraille par le meilleur temps qu'il soit. Nous voilà donc en voiture pour un peu plus d'une heure d'autoroute. Le taxi est grand, avec la place
derrière pour pouvoir s'installer face à face, un peu comme à Londres. Nous quittons la ville, parcourons la campagne, et arrivons enfin. C'est calme. Quasiment personne. Dire que ça doit être
bondé l'été ! La muraille est en hauteur. Nous apercevons les premières pierres d'en bas. Pour monter dessus et la parcourir, nous devons tous les trois prendre un télésiège, comme au ski. Nous
côtoyons ainsi nos premiers paysages montagneux, ou plutôt vallonés, depuis le Népal. Tout est blanc, une fine couche, et le ciel est bleu. La température est toujours aussi basse par contre,
environ -2°C. Peu importe, nous sommes là, devant cette merveille du monde. Quand on sait que la construction de la grand muraille de Chine a commencé il y a 2000 ans, sous la dynastie Qin
(221-207 BC), on reste ébahi. Il paraît même que les os des ouvriers décédés ont été utilisés en plus de la terre et des pierres. Oups. La Muraille est composée d'un système de tours de garde
rapprochées, qui permettait de transmettre un message très vite, via la fumée ou les sons successifs, jusqu'à la Capitale. Effectivement, cela peut aller très vite si toutes les tours se
coordonnent pour transmettre le message, un peu comme une chaîne humaine. Bien plus tard, sous la dynastie Ming (qui débute en 1400AD), une grande partie fut rénovée, pendant environ 100 ans,
avec un coût humain et en ressources phénoménal (60 millions de mètres cubes de briques et de pierres). Ce que l'on voit aujourd'hui date de cette époque. La Grande Muraille n'a en effet pas
toujours été ce mur de pierre imposant, mais au début juste un mur peu épais, et pas forcément consolidé partout. Quelques autres parties ont été restaurées depuis 1950. Par ailleurs, elle n'a
pas été imprenable, comme Genghis Khan l'a montré au 13ième siècle. De même, son rôle défensif fut partiel quand les "barbares" européens (nous !) arrivèrent par la mer au 19ième. Enfin,
l'apparition de l'aviation a considérablement réduit son rôle, notamment lors de l'invasion japonaise du 20ième siècle. Mao a encouragé l'utilisation des pierres de la Muraille comme matériau de
construction gratuit, pour édifier des barrages, ou bien des routes ; il paraît que cela continue officieusement de nos jours (voir le site www.wildwall.com pour d'autres infos sur la Muraille).
Une nouvelle fois, un pan de l'histoire - aujourd'hui de la Chine - se tient impassible devant nos yeux.
Enfin, attention aux mythes ! On ne la voit pas de l'espace (elle fait 10m de haut sur 6 de large, ridicule à plusieurs dizaines de kilomètres de haut, et en 2003, le premier chinois dans
l'espace n'a pas réussi à l'identifier).
Nous passons plus d'une heure à marcher, monter des escaliers, visiter les petites tours de garde qui la parsèment, nous envoyer des boules de neige, et prendre de la hauteur pour mieux
apercevoir ce serpent minéral qui s'étend bien plus loin que le bout qui nous est donné de contempler. Certains escaliers sont bien pentus. Nous avions émis l'idée d'aller tout en haut, là-bas
sur notre gauche, sur le point le plus haut, pour voir derrière le versant qui obstrue notre champs de vision. Nous laissons tomber l'idée après avoir passé une demi-heure dessus, et continuons
notre chemin devant nous. Nous croisons un couple de touristes, qui nous conseille de continuer malgré le panneau interdisant l'accès. Nous les écoutons, sans regret lorsque nous passons outre
les arbustes qui bloquent le passage sur 30 ou 40 mètres, pour arriver sur les ruines d'une tour nous permettant de profiter d'un superbe point de vue. Elle s'étend, pas toujours le long de
l'arrête de la montagne, étonnament. Le sol blanchi par la neige donne une touche particulière au décor, qui doit de toutes façons être magique quelque soit la météo. Mais quand même, nous ne
sommes pas mécontents d'avoir pour nous ce cocktail blanc/bleu, rarement noirci par les touristes allant et venant. Pour redescendre, même belote, télésiège obligatoire. Le couloir
permettant de faire de la luge est fermé, car verglacé. Dommage, nous aurions bien essayé le bobsleigh. En bas, des dizaines de marchands de souvenirs en tout genre (d'un bout de pierre provenant
soi-disant de la muraille au bonnet style soviétique). L'ami de Fred négocie pour acheter un bonnet et des gants en forme de panda. Notre taxi est toujours là, et nous attend sagement. Nous
repartons. Comme il est 14h30, nous lui demandons, lorsque nous approchons de la banlieue de Pékin, de faire un détour par le complexe sportif construit pour les JO de 2008. Nous mourrons en plus
de faim. Tour rapide au Mac Donald, le seul endroit rapide dans lequel nous pouvons aller, puis promenade dans l'enceinte, bordée de buildings neufs ou en construction. Piscine olympique, que
nous ne voyons que de l'exterieur (il est trop tard pour la visiter), mais surtout, le célèbre stade de football, aussi appelé "Nid d'oiseau" de part sa forme. Comme le soleil se couche
doucement, nous sommes privilégiés et assistons à la mise en route des lumières, lui donnant une couleur rouge vive, tranchante dans le ciel bleu clair de cette fin de journée. Nous avons froid,
nous dépêchons de rejoindre notre taxi, sans trouver l'endroit où il nous a donné rendez-vous, l'appelons, passons un quart d'heure à demander à des passants qui ne parlent pas anglais, avant que
l'un d'entre eux prenne le téléphone pour expliquer au taxi où nous sommes. Le complexe est en effet interdit aux voitures, et comme bien des choses dans la ville, c'est grand. Nous descendons à
grandes enjambées la rue qui borde le stade, et voyons enfin notre homme. Retour au bercail pour chacun d'entre nous. Il est 18h30.
Le soir, l'ami de Fred reste avec sa douce, dont la fièvre n'a pas faibli. Nous remettons donc à plus tard le restaurant où nous avions prévu d'aller, Din Taï Fung (le même que celui de Shanghaï,
avec ses dumplings exquis), et restons à la guesthouse, entre backpackers. Audrey ne fait pas long feu, toujours handicapée par ses crampes abdominales, et Fred la suit rapidement. Nous nous
endormons en repensant à ce que nous avons vu aujourd'hui, chanceux que nous sommes.
dim.
16
déc.
2012
Pour cette première vraie journée en Chine, posés, nous décidons d'aller droit au but : voir la tristement célèbre place Tian Anmen. Nous prenons notre petit déjeuner à la guesthouse, confortablement installés sur un canapé, en attendant notre black tea, jus d'orange et french toast à la confiture, et en profitons pour jeter nos premiers regards sur le plan du métro. Coup de chance, la station qui nous intéresse est sur la même ligne que nous, la 2. L'ambiance est calme, quelques étrangers arrivent, d'autres sont sur le départ après leur séjour pékinois. De la musique douce, occidentale, est diffusée en fond. Il fait nuageux, et la température proche ou sous le zéro, puisque le bonhomme de neige est toujours là. Nous franchissons la porte vers 11h30. Dehors, nous découvrons pour la première fois la ville sous la lumière du jour. Les trottoirs sont hautement verglacés. Paradoxalement, ce que nous voyons nous dépayse moins qu'attendu : de grandes artères où circulent le même type de voitures que nous connaissons (dont des Peugeot, alors que nous n'avions vu que des Renault, en Inde, comme marque française), une bonne partie d'entres elles d'assez haut de gamme, pas trop de vélos, des rues propres, entretenues, des crachats beaucoup, mais alors beaucoup moins fréquents que dans le pays précédent. Quand on dit que les chinois crachent, on devrait relativiser et aller voir les indiens. La distance pour rejoindre la bouche de métro est assez grande, et nous supposons donc qu'il doit en être de même entre chaque station. Nous croisons plusieurs fois des marchands de brochettes ou de saucisses sucrées, avec leur minuscule plaque chauffante. Vu la taille de certains bâtiments, et celle de la rue, la ville doit être étendue. Il en faut de la place pour faire cohabiter 17 millions d'habitants (deuxième ville la plus peuplée après Shanghaï) !
Après quelques stations, nous sortons du métro, et choississons une sortie au hasard. Manque de bol, ce n'est pas la bonne. Nous voilà obligés de faire un long détour, car des barrières nous empêchent de traverser n'importe où, et d'autres guident vos pas afin de réguler la file qui se forme pour accéder à la place. Devant nous, la Front Gate, cette porte d'entrée à l'extrémité Sud de la place Tian Anmen. Tout de suite, on se sent en Chine, devant cette demeure imposante, surélevée, avec ce toit si caractéristique de cette région du monde, et ces couleurs rouges et bleues. Et de l'autre côté de la rue, une autre, dans le même style. Le ciel est couvert, il fait froid, et les trottoirs sont glissants. Nous faisons le tour, et après 10 minutes à chercher le bon chemin, tombons au bon endroit, juste de l'autre côté. Pas mal de touristes chinois sont là, mais aussi des occidentaux. Deux grandes statues de style propagande soviétique encadrent un grand bâtiment, rectangulaire, large, lourd : c'est le mausolée de Mao, que nous visiterons un autre jour, car fermé l'après-midi. Nous décidons de faire le tour de la place, qui paraît, en comparaison, plus grande que la place de la Concorde, à Paris. Ici, pas de gratte-ciels (dans cette partie de la ville), que des constructions du même style que le mausolée, et de grandes rues à 5 voies qui bordent la place.
Il fait froid. Nous commençons par visiter la Front Gate, aussi pour tenter de nous réchauffer un peu. A l'intérieur, deux étages non chauffés, racontant l'histoire des différentes dynasties du
pays, avec quelques objets et peintures d'époque exposés. Pas faramineux, mais ce n'est pas grave, nous avons le plaisir de la découverte. Nous pensions aussi voir la Cité Interdite, puisque nous
sommes en hauteur (la Front Gate étant surélevée par des hautes fondations en pierre), mais manque de pot, le mausolée de Mao empêche toute perspective sur la place. Nous décidons ensuite d'aller
visiter quelques monuments autour. Le premier sera le Hall of People, c'est-à-dire l'équivalent de notre Assemblée Nationale (si ce mot à un sens ici). Pas de bol, le nouveau dirigeant chinois
venant d'être choisi (mais pas par le peuple, évidemment) il y a une semaine à peine, se tient aujourd'hui et demain une réunion de premier ordre pour définir la stratégie économique et les
grands axes de développement pour les 5 prochaines années. Entrée interdite, donc. Devant, se tiennent des gardes vêtus d'un long manteau vert foncé, et d'un bêret de la même couleur flanqué
d'une étoile dorée. Impossible de les prendre directement en photo, et encore moins avec nous dessus. En outre, ils ne parlent aucun mot d'anglais. Mais leur geste est explicite. Nous continuons,
en longeant la place par l'Ouest et en remontant la rue vers le Nord, et arrivons sur le Centre National des Arts du Spectacle, aussi appélé "le grand théatre national". C'est en fait le nouvel
opéra, ou "l'oeuf", de par sa forme particulière, dessiné par un français, et évoquant - vu d'en haut - le motif traditionnel du ying et du yang. Il est juste énorme. Audrey prend la pose devant.
200 000m² et 3 théâtres à l'intérieur. Nos mains sont frigorifiées. Allez, on continue, et on pousse les portes, pour essayer d'entrer dans un de ceux-ci. On se perd un peu, mais on finit par y
arriver, et passons dans la salle d'opéra (2400 places). Nous apercevons les coulisses, qui n'ont pas l'air très grandes, marchons dans ces halls dont les volumes nous dépassent, puis faisons un
tour dans l'exposition retraçant les grands succès d'opéras joués ici. Nous retrouvons les classiques, de Carmen à La Traviata en passant par Turandot, et des opéras chinois, dont les décors
n'ont apparemment rien à envier aux nôtres. L'expo est riche en photos, extraits vidéos, costumes, jeux de lumière, ambiances, détails sur les distributions des créations, affiches... on y passe
une petite heure. Puis, réchauffés, nous repartons. Presque 15 minutes - et notre allure est bonne vu le froid - sont necessaires pour rejoindre le centre de la célèbre place Tian Anmen. Encore
une fois, les rues autour sont gigantesques. Celle que nous arpentons fait 880m. En gros, il y a au moins 4 files dans chaque sens, et une barière au milieu qui vous empêche là aussi de
traverser. En cette basse saison, peu de voitures, et peu de monde. La place, restangulaire, est la plus grande au monde : 40 hectares. En son centre, un obélisque, le Monument aux Heros du
Peuple, haut de 38m, symbolisant le triomphe du peuple communiste (nous nous demandons alors "triomphe de quoi, et à quel prix ?"). Derrière ce monument, nous retrouvons le mausolée. Nous avons
donc fait le tour de ce dernier. Et du coup, derrière nous, se trouve l'entrée Sud de la Cité Interdite. Un portrait de Mao se tient en son centre. C'est en effet au balcon de cette porte qu'il a
proclamé, le 1er Octobre 1949, la République Populaire de Chine. Le trottoir devant fait 10m de large. Quelques gardes immobiles, identiques à ceux déjà vus, se tiennent devant, à quelques
dizaines de mètres d'écart. C'est là que nous ressentons une sensation étrange, celle d'être dans un endroit unique au monde, comme nous l'avions ressentie quelques autres fois depuis notre
départ. Honnêtement, cela fait drôle, de se tenir là et de regarder cette place, ce portrait, en repensant aux images que nous avons tous en tête. Nous restons, malgré le froid, à regarder autour
de nous. Nous sortons l'appareil, et la caméra. D'autres touristes, chinois, font de même. Les gardes restent immobiles sous les flashs. L'entrée de la Cité est à droite. Nous irons un autre
jour, car il faut bien une journée pour la parcourir et en profiter. Nous saurons au moins y retourner ! Nous descendons la place, en cherchant désespéremment comment accéder de l'autre côté de
la rue (nous comprenons enfin qu'un couloir souterrain, au bout de la rue, le rejoint). Le sol est toujours verglacé. Au milieu de la place, juste à côté de l'obélisque que nous laissons sur
notre droite, deux écrans géants, longilignes, diffusent des publicités. La lumière baisse. Comme en Inde, le soleil se couche tôt ici, vers 17h. Nous nous dirigeons vers le Sud, repassons devant
la Front Gate, et la laissons derrière nous, pour accéder à une rue commerçante dont l'entrée est ornée d'une arche dans le plus pur style asiatique. La rue est une reproduction des anciennes
rues typiques, pavée, éclairée par des lanternes rouges, et ornementée ci et là de statues en bronze à taille humaine (reproduisant des moments de vie de l'époque, comme le barbier, l'accueil
devant un restaurant, le pousse-pousse...). Nous nous arrêtons dans un restaurant pour nous restaurer et manger quelques dumplings, cuits sur le dessous, non-cuits sur le dessus. Pas mal, et
original ! Nous comprenons mal le menu, presque pas traduit en anglais, et en prenons trop. Nous tombons, en sortant, sur un magasin de baguettes ! Fred s'y perd et passe une vingtaine de minutes
à découvrir ce magasin fait pour lui. Le choix est énorme, et certaines paires sublimes, gravées en bois, ou richement décorées. La bonne surprise.
Enfin, nous rentrons à la guesthouse, en métro. Le ticket, quelque soit la destination, coûte 2 yuans, soit 25 centimes. Nous avons convenu hier avec l'ami de Fred, Fred, d'aller le rejoindre pas
très loin, chez son oncle et sa tante pour boire un verre. Une fois là bas, à dix minutes de marche (nous permettant de découvrir le quartier dans lequel nous sommes, décoré en partie pour Noël,
commerçant, et avec pas mal de bars pour sortir, sans parler de quelques bâtiments d'une vingtaine d'étages de l'autre côté de la rue), nous restons dîner, et discutons toute la soirée tous
ensemble. Quel plaisir de retrouver un ami proche, sa femme, son bout de choux, et de rencontrer une partie de sa famille, adorable et accueillante. Nous nous sommes presque sentis chez nous.
Nous sympathisons rapidement. N'étant pas chinois, son oncle et sa tante nous apprennent pleins de choses sur leur expérience ici, avec le regard intéressant de ceux qui observent de l'intérieur.
Cela va de la langue, de son apprentissage, à la manière de faire du business, de l'état d'esprit, de leur domaine (la santé) et des rapports avec les collègues, de la manière dont un adolescent
- leur fils - vit les choses avec ses copains... Nous descendons une bouteille de vin, puis testons le Bziju, l'alcool local. Il paraît que pour impressionner un chinois, il faut boire plus que
lui ! Enfin, nous rentrons. Nous embarquons l'ami de Fred, qui nous raccompagne au bout de la rue (grande !). Finalement, ce sera un dernier verre à la guesthouse, puis un autre, pour lui montrer
les photos et raconter l'Inde, et refaire ensuite le monde avec un anglais, une coréenne qui part en Inde, une chinoise et un australien. Vers 2h du matin, tout le monde rentre dans ses
quartiers....
sam.
15
déc.
2012
Ca y est, bien reposés, nous avons repris des forces et sommes d'attaque pour repartir à l'assaut de la ville pour les quelques heures dont nous disposons. Notre vol vers la capitale est à 14h, nous devons être à l'aéroport vers 12h30. Départ de la guesthouse peu après 11h30 donc. Avant, nous choisissons de visiter le musée de la ville, plutôt que de nous balader dans un nouveau quartier. Nous bouclons nos sacs, les laissons dans la "locker room" de la guesthouse le temps d'aller en visite, puis partons en direction du métro. Nous préférons ne pas prendre de petit déjeuner, et nous acheter plutôt quelque chose sur le chemin, afin de gagner du temps. Le ciel est couvert, plus qu'hier. Nous avons donc bien fait hier de monter en haut des tours, la vue aurait été quasi nulle aujourd'hui. Le métro est facile à utiliser, les stations sont indiquées en anglais. Nous suivons la rue en allant tout droit, après quelques blocs. Notre métro arrive tout de suite. Après quelques stations, et un changement, nous sortons par la gauche, un peu au hasard. Manque de pot, il valait mieux sortir par l'autre côté. Nous demandons avec difficulté l'entrée du musée, et les gens comprennent autre chose, quand ils ne nous font pas un signe comme quoi ils ne comprennent rien du tout. Personne ne parle anglais en Chine. Après quelques signes, style dialogue de sourd, nous prenons la bonne direction. Nous traversons un petit parc, apercevons quelques tours pas très loin, et trouvons le musée. Bonne nouvelle, c'est gratuit. Il y a 4 étages, et ce n'est pas très grand. Rien à voir avec le Louvre. Nous regardons l'organisation des étages, et nous focalisons sur les vases anciens en céramique, la calligraphie, l'exposition temporaire Fabergé, et quelques autres pièces antiques. Le musée est moderne, les pièces bien agencées, les lumières tamisées, discrètes, des fonds noirs... tout est assez classe, et calme. Nous tombons dès le début de notre parcours sur des vases de l'époque Ming, c'est-à-dire datant du 15ième siècle. Viennent ensuite ceux de l'époque Qing, la dynastie suivante (mi-18ème et 19ième siècle). Nous avons une bonne allure, malheureusement, car nous n'avons que peu de temps. La partie sur la calligraphie est superbe. D'une part, les idéogrammes sont souvent très jolis graphiquement parlant, et les textes, poèmes ou peintures nous font voyager, en imaginant ce qu'ils peuvent décrire, et comment nous pourrions traduire leurs subtilités si nous pouvions les comprendre. Nous ne faisons que les regarder curieusement, et passons donc à côté de toute leur essence, occidentaux que nous sommes. Cela fait à peine 24 heures que nous sommes en Chine, et nous faisons déjà tant de choses. Etre entourés de tous ces symboles à ce moment participe aussi au décalage que nous ressentons par rapport à l'Inde. Nous visitons également l'exposition Fabergé, présentant les pièces réalisées spécifiquement pour le tsar de Russie. Objets magnifiques, couverts d'or, brillants, précis, ciselés... whaou ! Viennent enfin les objets les plus vieux que nous ayons jamais vus : des vases en bronze datant de 3400 avant JC, d'autres pièces, toujours en bronze, datant du 10ième siècle avant JC... alors que nous nous étonnions en Inde de ne voir que des choses datant en général du 15ième siècle, nous avons aujourd'hui des objets incroyablement vieux. Nouveau décalage. Fred essaie de s'imaginer comment les hommes ont travaillé ce bronze pour en faire ce vase, quelle est son histoire, ce qu'il a vu passer avant d'arriver devant nos yeux et être exposé ici....la flèche de l'histoire s'étire dans notre esprit, avec l'histoire du monde et de l'homme en parallèle. Nous retrouvons aussi dans cette partie du bâtiment des bouddhas, nous rappellant le Népal.
Nous avons vu pas mal de choses, malgré le peu de temps dont nous disposons, et l'heure tourne. Nous repartons vers la station de métro, en faisant un grand détour, car ici, des barrières vous
empêchent de traverser la rue n'importe où. Il faut donc attendre un passage piétons, car nous n'osons pas faire les malins, les français, et traverser, et enjamber cette barrière pas plus haute
que vos genoux, pour rejoindre l'autre trottoir. Heureusement, il y en a un pas loin. Nous sommes juste dans les temps lorsque nous sommes de retour là où nous avions laissé nos sacs ce matin. Le
temps de les récupérer, de les mettre sur notre dos (cela fait longtemps que nous ne les avions pas portés sans le sur-sac !), et d'enfiler notre petit 15 litres à l'avant, collé au torse, et
nous voilà repartis. Dans la rue, le temps de rejoindre la station, les personnes que nous croisons, pas très nombreuses néanmoins, nous regardent bizarrement. Nous traçons, pas de temps à
perdre. Nous attendons le métro quelques minutes, et hop, changement pour prendre, tenez-vous bien, un train permettant de rejoindre l'aéroport en 11 minutes, en allant à 300 km/h en pleine zone
urbaine. Un peu comme si la liaison Paris Les Halles-Roissy allait aussi vite, en si peu de temps. Apparemment, peu de chinois empruntent cette ligne, et nous sommes les seuls avec des sacs à
sortir pour faire le changement, alors que la ligne dans laquelle nous sommes pourrait nous emmener directement, mais en 40 min, à l'aéroport. Les regards continuent dans le métro, comme si cela
leur semblait impossible de transporter autant de choses. Nous arrivons rapidement sur le quai du Maglev, ce fameux train ultra rapide. C'est un train à supra conduction. Cela signifie qu'il n'y
a pas de frottements, et qu'il n'y a pas de jonction entre le train et le sol, mais un champ magnétique. Un peu comme si le train était en suspension dans l'air. Il y en a toutes les 10 minutes.
Le notre part dans 2. Peu de monde à l'intérieur. Quelques chinois, et un néo-zélandais. Entre chaque wagon, un petit écran indique la vitesse, qui monte de manière régulière jusqu'à 300. Dans
les virages, le train se penche littéralement, beaucoup plus que les autres trains ou que le TGV. Génial. Tout défile comme le fait à cette vitesse, d'habitude, la campagne française. Enfin, nous
arrivons. Direction le terminal domestique. Nous faisons la queue, enregistrons nos bagages, et allons vers la boarding gate numéro 5. Le temps d'avaler quelques dumplings, mais toujours pas
aussi bons que ceux de la veille (bien qu'ici aussi, il y ait du bouillon dedans, et la pate est très fine), et ça y est, nous sommes dans l'avion.
2h30 de vol. Pas de fênêtres à coté de nous, nous découvrirons en arrivant. Le vol se passe sans problème. Pas encore sortis que nous apprenons la témprature: 5°C. Pfff... c'était bien l'Inde !
C'est clair, on ne pourra plus faire les malins comme avant ! Nouveau dépaysement lorsque nous descendons de l'escalier, faisons nos premiers pas sur le tarmac, et apercevons ces tas de neige sur
le côté, hauts d'un petit mètre. Nous savions qu'il faisait froid, et qu'il avait neigé, mais le voir sur place est différent, après ces semaines de chaleur indienne. Nous sortons nos gants.
L'aéroport est rempli. Du monde partout. Nous prenons rapidement une part de pizza dans le Pizza Hut en face des tapis roulants, après avoir attendu une éternité nos sacs. Puis nous cherchons un
taxi. Déjà, nous croisons les premiers signes du régime communiste à travers ces personnes s'occupant du flux, toutes vêtues d'un long manteau vert sombre et coiffées d'un chapeau à fourrure
garni d'une étoile rouge centrale. Comme en France, une file spéciale pour les taxis existe. Ce n'est pas l'Inde, et son grand n'importe quoi. Un premier nous refuse car nous sommes trop chargés.
Quelqu'un vient alors nous proposer de nous emmener en centre ville, pour un prix qui nous semble convenable, 200 yuans. Nous nous installons dans une grande voiture, et la personne part chercher
d'autres gens, afin de remplir son véhicule (une sorte d'Espace). Nous lui faisons signe que nous n'attendrons pas 20min, et que nous souhaitons être les premiers à descendre. 10 minutes passent.
Nous nous impatientons, et décidons de reprendre nos affaires et de trouver un vrai taxi. Il fait froid. Nous repartons dans la queue, et après quelques instants, nous voilà en route, après nous
être mis d'accord avec lui sur le prix (toujours se mettre d'accord sur un prix au départ avec un chinois, le reste se déroule généralement bien ensuite). Nous montrons à notre chauffeur
l'adresse où nous souhaitons aller, située semble-t-il dans un quartier plutôt chic de la ville, Sanlitun. La guesthouse - Sanlitun Youth Hostel - sera sympa, clean, internationale, et le staff
parlera bien anglais. Nous paierons 22€/nuit, pour une chambre avec lit double et salle de bain.
Audrey va mieux que les jours précédents, mais ce n'est toujours pas la grande forme. Les médicaments font effet, sans plus. Fred s'endort dans le taxi. Audrey le réveille en plein centre ville,
afin qu'il découvre avec elle les rues de Pékin (ou Beijing, en anglais) derrière les vitres pleines de buée. Il y a pas mal de circulation, et nous mettons du temps à arriver. La guesthouse est
dans une contre-rue, gardée par deux grands lions en pierre (au style très asiatique) ; nous empruntons le chemin, passons derrière un restaurant, et entrons enfin. Sapin de Noël sur le côté,
bonhomme de neige dehors, ambiance chaleureuse, nous sommes au bon endroit. Des affiches pour aller voir la grande muraille, voir un spectacle d'acrobates, ou un de kung fu, sont posées sur le
murs. Table de billard et baby-foot ne sont pas loin. Nous montons nos affaires dans la chambre, et resdescendons prendre un verre, à discuter avec les autres voyageurs. L'ami proche de
Fred présent à Pékin en même temps que nous cette semaine, et qui s'appelle aussi Fred, téléphone. Il est déjà arrivé. Et bonne nouvelle, nous sommes dans le même quartier, lui chez son oncle,
qui travaille à l'OMS ici sur les maladies tropicales. Nous nous verrons demain.
Nous sommes contents d'être arrivés. L'endroit nous plaît, nous sommes à Pékin, et grande première, nous allons pouvoir nous poser pendant 4 ou 5 jours consécutifs sans changer d'endroit. Et,
comme en Inde avec le cousin de Fred, voir une tête connue pendant notre voyage, et pour plusieurs jours. Audrey part pour ne pas s'endormir trop tard, Fred reste à discuter avec quelques
européens autour d'une bière. Nous sommes à Pékin. Demain, premières visites.
sam.
15
déc.
2012
Pêle-mêle, des choses qui nous sont venues en tête, que nous voulions partager :
- Nos premiers mots en chinois, "bonjour" (nihao, avec le h pronocé comme je "j" espagnol) et "merci" (ché ché) sont compris!
- Shanghaï, en tous cas son financial district, est hypermoderne, bien plus que Paris. On sent que c'est récent
- Le dessert au restaurant le midi, dont le goût nous rappelle l'odeur de la colle à l'école quand nous étions petits
- Le siège massant de la boutique : rien à voir avec Nature & Découverte !
- Les femmes sont apprêtées, et nous ne constatons pas de différences entre hommes et femmes, comme en Inde par exemple
- Alors qu'on ne savait pas où aller manger en Inde, ici, nous avons envie d'aller manger partout
- Réfléxion à chaud : la Chine a 2 ou 3 divisions d'avance économiquement sur l'Inde. Jamais nous n'avons vu quelque chose qui s'approche de Shanghaï là bas, même la capitale, Delhi. Cela traduit à notre sens une avance considérable de la Chine sur l'Inde sur l'échiquier mondial. On a du mal à imaginer que quelque chose comme Shanghaï (en terme d'influence, d'échanges, de flux...) arrivera en Inde avant 10 ou 15 ans. Le temps que l'Inde rattrape la Chine, où cette dernière en sera-t-elle (à moins qu'elle ne rencontre un problème majeur, ce qui est tout à fait envisageable) ? L'Inde a eu du mal à nous convaincre de sa puissance, la Chine (Shanghaï pour l'instant) nous impressionne par son niveau de modernité
- Chez Uniqlo (la marque de vêtements), des chaussons pour ne pas se salir les pieds et un chausse-pieds d'un mètre sont disponibles dans toutes les cabines d'essayage
- Le métro est très propre, bien plus qu'à Paris, et il n'y a pas d'odeurs
- Les rues sont propres, très propres
- Seulement 3 klaxons en 24 heures
- Quelques sapins, pas beaucoup de décorations de Noël, sauf dans le financial district, mais nous entendons des chants de Noël dans tous les lieux publics et à l'aéroport
- Comme en Inde, nous nous disons que la ville aura encore changé dans 10 ans
- Il y a des tapis à l'entrée des bouches de métro, pour que tout le monde essuie ses pieds en passant dans le couloir avant d'arriver aux portiques
- Le ticket de métro coûte 30 centimes
ven.
14
déc.
2012
L'arrivée se déroule normalement. Nous devons néanmoins faire la queue pendant presque 1 heure, car seules deux personnes s'occupent des étrangers à la douane. L'aéroport est presque désert. Comme nous ne savons pas si notre guesthouse sera ouverte, si les chinois sont aussi tolérants que les indiens, nous dormons une petite heure sur des sièges, juste après avoir récupéré nos sacs. On ne sait jamais, nous ne voulons pas prendre le risque de trouver porte close. Il est 7h20 lorsque nous montons dans le taxi qui va nous conduire dans le centre de la ville. Nous avons abandonné l'idée du métro, car nous débarquons dans ce nouveau pays, sans rien connaitre d'une part, et la rare personne parlant anglais, que nous trouvons derrière un guichet de compagnie aérienne, nous indique que c'est l'heure de pointe. Elle nous donne aussi le prix de la course, ce qui nous permet de ne pas nous faire avoir lorsque le taxi nous demande 350 yuans au lieu de 200. Elle nous aide également en inscrivant en chinois sur un bout de papier le nom de l'endroit où nous allons, car il semble que rares sont ceux capables de déchiffrer notre alphabet. Finalement, quant à la question de la lecture, entre chinois et occidentaux, c'est la même galère! Derrière la vitre de la voiture, nous apercevons cet aéroport que nous reprendrons demain après-midi : il est grand, très grand, et moderne. Tout de suite, nous retrouvons le terrain connu mais oublié des routes sans bosses, des voitures sagement rangées sur leur file, d'un environnement urbanisé, de l'absence d'odeurs... Après 30 min, nous empruntons un immense pont et avons sur notre droite des gratte-ciels que nous irons saluer de plus près tout à l'heure. Les gens vont au travail, on se croirait sur le périphérique parisien. La chose qui nous frappe le plus, c'est l'absence de bruit. Au cours des 30h que nous passerons dans la capitale économique du pays, nous n'entendrons que 3 fois, peut-être quatre, une voiture klaxonner. Honnêtement, ça fait du bien.
Nous trouvons notre guesthouse, la Tour Traveler's Youth Rest Hotel. Le top. Ambiance classique de backpackers, avec ce mélange de proximité, de chaleur, de voyage, de simplicité et de confort convenable mais sans folie, auquel nous prenons goût. Par contre, cette fois-ci, des chaussons sont disponibles dans la chambre, nous avons un pommeau de douche, une couette, trois oreillers... on savoure. Ces petits changements, presque brutaux, après 1 mois en Inde, sont appréciés.
Bon, comme nous n'avons que peu de temps à Shanghaï, nous allons tenter de voir le plus de choses, donc sûrement pas beaucoup. La ville fait en effet 17 millions d'habitants. Nous décidons de suivre le parcours "Shanghai in one day" recommandé par le Lonely Planet pour les gens comme nous. Direction donc "le Bund", cette grande promenade le long du fleuve, pile en face du Financial District. Nous prenons le métro, dont une station n'est pas très loin de notre endroit. On se répète toutes les 5 min que oui, nous sommes à Shanghaï. Encore une fois, nous avons l'impression d'être dans une ville occidentale, à quelques détails près, comme évidemment toutes ces inscriptions en chinois. Le métro est simple à utiliser, et une voix dans les wagons vous indique en anglais à quelle station vous arrivez. A l'intérieur, comme dans la rue d'ailleurs, tout est propre, mais vraiment propre. Bien plus qu'à Paris. Plus que sur les Champs Elysées, rien ne traine. Pourtant, il y a un sacré traffic, le flux quotidien doit être facilement le double de la capitale française.
Nous sortons de la bouche à la station prévue, et parvenons à nous faire expliquer le chemin à suivre pour rejoindre cette promenade. Il fait moins frais que nous pensions, environ 18-20°. Le temps est couvert mais il y a pas mal de lumière. Lorsque nous montons les marches pour parvenir au niveau du fleuve, c'est le choc : la skyline devant nous est là, haute, large, avec l'Oriental Pearl Tower sur la gauche, souvent aperçue dans les reportages (cette tour de télévision avec deux boules disposées verticalement autour de l'axe.). Le "decapsuleur" aussi, ce building de 490m de haut en forme de décapsuleur de bouteille. Un autre en construction, qui testera certainement de nouvelles limites. On est scotché. Nous avons l'impression d'être à NY. Nous marchons le long de ce quai pour piétons, prenons des photos. Nous sommes là, devant tout ça, moins de 24h après avoir quitté Delhi. Le choc, pour nous, est bien plus grand que si nous partions de Paris. Cela rend cette retrouvaille avec nos repères d'urbains et de société développée encore plus agréable. Mais attention, Shanghai n'est pas la Chine. Mais par rapport à Delhi, qui n'est pas l'Inde non plus, c'est l'opposé. Nous prenons un bateau pour traverser le fleuve, sur lequel passent des péniches chargées de minerai de charbon et autres matières premières. Nous nous trouvons quelques instants plus tard au pied des gratte-ciels. Fred, qui adore leur présence, est aux anges. Une ferrari passe. Tout est propre, et assez silencieux. Clairement, nous avons quitté l'Inde! Pas encore dans nos têtes, car nous remercierons plusieurs fois, avant de partir pour Pékin, nos interlocuteurs en hindie, ou nous nous forcerons à ne pas dire "namaste" mais "Nihao" (avec un H prononcé un peu comme le "j" en espagnol, la rota). Nous nous trouvons devant la porte d'entrée du décapsuleur, croisons nos regards, l'oeil malin et pétillant, et décidons sans hésiter de prendre le ticket pour aller en haut. Pouvoir monter à 470m de haut, ce n'est pas tous les jours quand même. Et quel plaisir que de vivre une nouvelle expérience, si différente des précédentes. Vivre un spectre si large de choses. Avant de prendre l'ascenseur, un couloir fait de noir et de lumière turquoise explique la construction du bâtiment, le compare à la tour de Tokyo, aux buildings de NY.... on sent que la compétition est internationale et qu'il s'agit de montrer que la Chine, c'est le futur, et là que les choses se passent. Une reconstitution de la ville est aussi présentée, avec la lumière qui change en fonction de l'heure de la journée, et une météo capricieuse ou bien des feux d'artifice. Nous en prenons plein la vue. Mais cela n'égale pas le moment où l'ascenseur ouvre ses portes au 97ième étage. Saisissant (autant qu'à NY). D'autant qu'un autre gratte-ciel, un tout petit peu plus bas mais de peu, est à côté (nous irons y boire un verre le soir, pour voir le quartier financier de nuit), comme cette tour en construction dont la structure est presque terminée. Quand vous regarderez une photo du building dans lequel nous sommes, sachez que nous nous trouvons juste au dessus de la partie vide du bâtiment. Nous nous éternisons, et ne nous lassons pas de pouvoir être là, et d'avoir accès à tous ces moments aussi variés depuis un peu plus d'un mois. C'est comme si après avoir été en Inde, nous allions aux USA en plein NY. On passe du chaud au froid, du noir au blanc, encore plus que si nous étions à Paris, qui n'offre pas ce genre de moment, ce décalage. La ville est également haute en dehors du quartier financier, avec de nombreuses tours d'habitation d'une trentaine d'étages.
Nous prenons notre temps, Fred regarde quelles sociétés occupent les étages, comme BNP par exemple, et nous faisons un tour dans la galerie commerciale des étages 5 et 6. Nous tombons par hasard sur une école de cuisine, un cour ayant lieu à ce moment. Nous aimons. Mais il fait faim. Avec notre ticket d'entrée, nous avons droit à plusieurs réductions dans les restaurants de la tour. Nous en choisissons un, chinois bien sûr. Pas de japonais avant le Japon, c'est notre devise. Et là, nous tombons amoureux. L'endroit est clean, beau, les tables méticuleusement arrangées. A peine assis, le petit sac à dos posé sur le siège d'à côté, quelqu'un vient le recouvrir avec une housse spécialement faite pour ça. La carte donne envie. Beaucoup de dumplings, ces raviolis chinois, mais certains sont au porc et au requin, d'autres à la truffe.... on croit rêver. Nous avons envie de tout tester. Tiens, au fait, nous pouvons remanger de la viande sans crainte, notamment du porc et du boeuf ! Les cuisiniers s'affairent derrière la vitre, avec un masque sur le visage, des gants, et un tablier blanc. Vous devez vous dire que nous sommes dans un grand restaurant, mais pas du tout. Nous nous en tirerons pour 17 euros à deux. Bon, ça change par rapport à l'Inde, mais Fred n'a jamais vu quelque chose comme ça, et à ce prix, à Paris. A la fin du repas, la serveuse, toujours aux petits soins, nous remet une feuille à remplir pour évaluer certains critères, comme le sourire, l'accueil, la disponibilité, la qualité des produits... et tout ça sans avoir à laisser de pourboire, car le service est compris. Plutôt que de l'eau, nous prenons du thé, pour 0,90 euro. Et là, on nous montre quelque chose que nous n'avions pas vu sur la carte, une carte spéciale pour le thé avec une demi-douzaine de choix. A la rose, au chrysanthème....Ah oui, le truc le plus fou, ce sont les fameux dumplings : incroyables ! La encore, jamais nous n'avons mangé quelque chose comme ça à Paris, ni à Londres ou dans les restaurants asiatiques réputés de NY. Aujourd'hui (et ce sera tout le temps le cas, ce soir et demain midi), le ravioli est extrèmement fin, la "peau" ne demande qu'à céder, le ravioli s'affaisse dans le plat ou dans l'assiette tellement c'est fin. A l'intérieur, un consommé, ou du bouillon, le rend juteux. Un petit mode d'emploi est d'ailleurs disponible sur la table, pour expliquer comment le manger avec les baguettes et la cuillère. Nous tombons littéralement par terre pour ce premier contact avec la nourriture de cette région du monde (taïwanaise dans ce cas). Le soir, toujours dans un restaurant d'une galerie commerciale (mais de 10 étages celle là, avec un nombre de restaurants différents hallucinants), ou le lendemain midi à l'aéroport, ce sera un peu moins bien mais toujours avec cette pâte fine et ce bouillon à l'intérieur. Qui a vu ça en France dans un restaurant asiatique en commandant ce plat classique ? Ici, cela semble être la norme.
Houla, oui, tellement de choses à dire, de sensations à raconter et l'envie de partager, qu'on allait oublier aussi de vous parler des toilettes (voir rubrique "divers", dès que You Tube sera de nouveau accessible). Vous n'en avez jamais vues de comme ça. Pourquoi ? Parce qu'à côté de la cuvette, une télécommande vous propose d'envoyer un jet pour vous laver le postérieur, en pouvant régler la puissance, la position, la témpérature de l'eau, celle du siège (oui oui!).... que de surprises et de choses qui nous changent tellement par rapport à ce que l'on a vécu depuis notre départ. Les toilettes népalaises, vous vous souvenez ? Aujourd'hui, c'est l'opposé. Fred n'a pas osé tester, on va dire qu'il n'avait pas assez envie de les utiliser. Audrey a utilisé le chauffage du siège, mais a-t-elle essayé le reste ? Il faudra attendre notre retour pour le savoir...
Après ce petit moment de restauration, nous repartons arpenter le centre financier, et allons vers l'Ouest pour aller voir de plus près l'Oriental Pearl Tower, la célèbre tour en forme de
trépier avec deux boules sur son axe. On prend notre temps, on lève les yeux, on se retourne pour regarder de nouveau le décapsuleur et sa copine d'à côté d'un peu plus loin, nous
marchons en ne quittant pas des yeux le sommet afin d'avoir cette sensation que le reste bouge autour de vous au fur et à mesure de vos pas, cette perspective mobile que seuls les grands
volumes permettent de percevoir... un régal. Le temps n'est pas magnifique, mais il ne pleut pas, c'est déjà ça. Les gens autour de nous sont comme nous, sauf qu'ils sont asiatiques.
Nous voulons dire par là que nous nous sentons comme à Paris, ou à New-York, dans un environnement qui est celui auquel nous avons l'habitude. Les filles sont plutôt apprêtées, portent
souvent des talons, les rues sont très propres, peu de gens crachent par terre comme nous le craignions (difficile de faire pire que l'Inde cela dit, pour l'instant). Les distances sont
grandes, nous marchons plus longtemps que nous le pensions pour arriver au pied de cette tour, symbole de la ville. Bien sûr, nous prenons un ticket et montons à l'observatoire, à 275m
de haut. Pas de film d'introduction qui en met plein les yeux cette fois, mais un centre commercial à l'intérieur et un grand sapin de Noël, des décorations (comme dans tout le quartier
d'ailleurs) qui nous donnent pour la première fois l'impression que ce sont les fêtes de fin d'année. L'ascenseur nous monte à l'étage, et nous découvrons alors une plate-forme
permettant de faire le tour de la boule... sauf que par terre, sur un mètre cinquante environ, le sol.... c'est du verre ! Ca tombe à pic, et avec la structure principale qui part vers
le sol pas loin, cela crée une perspective qui vous bouscule un peu l'estomac. Pas évident - sans réflechir à deux fois - de poser son pied sur ce bout de verre, sur lequel marche pourtant
pas mal de monde. Autour, certaines personnes n'y arrivent pas. C'est drôle. Fred avait déjà expérimenté quelque chose comme cela au Canada, Audrey jamais. Et pour elle, pas de problème
particulier, elle y va sans véritable difficulté. Bizarre pour quelqu'un qui a un peu le vertige. Une fois sur ce sol en verre, on n'ose pas trop marcher (un peu plus tard, Fred
s'amusera à sauter de toutes ses forces dessus, pour s'amuser et faire rire les chinois), puis on s'habitue. C'est alors que nous nous mettons à faire pas mal de photos, dont certaines en se
couchant sur le sol pour faire comme si nous tombions dans le vide. Honnêtement, Fred a eu du mal à d'habituer à se mettre par terre et s'agenouiller, même après cinq ou six fois,
parfois visage contre le verre, alors qu'il y a le vide en dessous. Une fois ce manège terminé, nous redescendons et parcourons un peu le centre commercial. Est inclus dans notre ticket un
tour dans un grand huit à l'intérieur du centre. Bon, petit grand huit, ce n'est pas le parc Astérix, mais nous faisons des choses que nous avions oublier après toutes ces semaines en
Inde. C'est drôle comme sensation. C'est fun. Nous nous balladons, regardons toutes ces boutiques où tout est écrit en chinois, sommes curieux de tout, ouvrons grands nos yeux. Nous
ressortons et rejoignons ce grand bâtiment pas très loin, pas encore éclairé malgré les guirlandes dessus. C'est aussi un centre commercial. Mais un grand. Très grand. 10 étages. A
l'intérieur, un grand sapin, des marques de luxe françaises (ils aiment bien Lancôme ici), une salle d'arcade pour les moins de 10 ans (avec les bornes ou tables de jeu adaptées à leur
taille), un magasin vendant des fauteuils de massage haut de gamme (Audrey ne voulait plus en sortir après la démonstration), des ateliers de spectacle pour enfants (maquillage,
marionnettes...), un magasin de chaussures avec des accessoires à ajouter dessus.... et des restaurants de toutes nationalités (pas de problème si vous avez une envie d'italien, de français,
de coréen, de japonais, de bouffe taïwanaise, de Shanghaï, de Pékin), ou bien des fast foods américains ou asiatiques (le fast food de noodles par exemple). Une offre PLETHORIQUE. Nous
parcourons tout cela. Un moment de plus si différent de ceux auxquel nous avons l'habitude. Nous retournons vers le décapsuleur, et allons boire un verre dans le bar d'un hôtel, situé
dans la tour juste en face, au 87ième étage de la Jin Mao Tower. Il fait nuit désormais. Tout est éclairé. Les buildings tranchent dans le ciel noir. Toutes les décorations de Noël sont
allumées, violettes, bleues.... De là haut, c'est superbe. Nous grignontons un peu de boeuf séché et assaisonné, avec notre cocktail. On est bien. On adore ce changement, brutal, sec,
et dans le bon sens, pour ainsi dire. Petit moment de luxe dans les hauteurs de Shanghaï. Le sevice est au top. Nous regardons le décapsuleur, tout proche, et dont le toit est une
vingtaine de mètres plus haut. A portée de main.
Nous repartons et retournons dans le centre commercial pour dîner. Nous hésitons à changer de quartier, mais il est déjà 19h30, les distances sont grandes, nous n'avons dormi que quelques heures dans l'avion cette nuit, et voulons prendre des forces pour ne pas être KO demain. Découvrir un nouveau quartier à ce moment ne serait pas raisonnable, à moins d'avoir une adresse précise où aller en tête. Mais nous préférons la facilité, et juste marcher en savourant le fait d'être là, en Chine, à Shanghaï, en ayant la tête légère et aucune forme de stress à cet instant. Dans la galerie, nous nous arrêtons dans un restaurant... chinois, pour découvrir. Nous prenons des dumplings (qui auront comme ce midi leur bouillon à l'intérieur, mais ne seront pas aussi bons), des beignets de pomme de terre, du boeuf sauté... on essaie un peu de tout. On aime assez, sans tomber par terre. De toutes façons, par rapport à ce genre de repas en Inde, dans ce genre de circonstances, c'est bon. Nous repartons ensuite en métro à notre guesthouse, et fermons les yeux plus vite que notre ombre....
Vidéos à suivre..... !
ven.
14
déc.
2012
Comme nous le disions, notre premier contact avec la Chine fut à l'aéroport de Delhi, en enregistrant nos bagages à côté des chinois de retour chez eux. Quasiment les premiers visages asiatiques que nous voyons depuis notre départ, en dehors de quelques japonais croisés au Népal et en Inde. On s'est dit que ca y est, on partait, et allions devoir reconfigurer nos esprits. Et qu'on allait chez eux, en Chine. Vraiment difficile de décrire cette sensation, on n'arrive pas vraiment à réaliser. Sensation renforcée quand nous sommes montés dans l'avion, entourés de chinois, et avec les inscriptions sur les sièges en mandarin (probablement). On a ouvert le Lonely pour regarder les dernières pages, et apprendre quelques mots, mais déjà, les règles de prononciation sont difficiles à intégrer (et puis comment savoir si nous prononçons correctement ce qui est indiqué, lorsqu'il faut par exemple baisser puis remonter la tonique sur une seule syllabe ?). Ca va être marrant. A l'aéroport, Fred sent qu'il va pouvoir faire le con et jouer un peu avec les chinois, ou les chinoises, souvent timides et qui se mettent à rigoler en se tenant la main devant la bouche quand quelque chose leur arrive (mais bon, il paraît qu'ils rigolent tout le temps, même si vous les emmerder... on vous dira si c'est vrai).
Enfin, autre nouvelle forme de choc lorsque nous avons ouvert nos plateaux repas pendant le vol, et senti nos premières (bonnes) odeurs de nourriture. Le riz était bon, la sauce avec le poisson un peu sucrée, et au gingembre. Après plus d'un mois, c'est une première que de remanger du poisson. Et voilà bien des saveurs que nous n'avons jamais eues depuis notre départ, et notre dernier repas chinois à Paris, qui excitent nos papilles. C'est assez bon, surtout pour un repas d'avion. Et quand nous voyons la carte de notre vol sur l'écran central, sur laquelle figure même le Japon à partir d'un moment, nous réalisons que nous allons nous avancer encore plus vers l'Est, vers le froid, et allons à Shanghai.
C'est drôle, mais on ne réalise toujours pas que nous allons être dans une ville développée, avec des tours, en Chine, et dans cette ville dont on entend parler si souvent, en tous cas pour Fred avec le poste qu'il occupait avant de partir. Et quand nous écrivons ces lignes, nous sommes au dessus de ce nouveau pays, en plein milieu même.
Un peu plus tard...
Il fait nuit, et beaucoup dorment. L'avion est calme. Sorte de transition informelle et intemporelle. On a toujours l'impression de vivre un rêve éveillé. D'ailleurs, la meilleure manière de vous faire comprendre cela, c'est de savoir que nous avons passé un mois en Inde, que nous avons quitté Delhi en milieu de soirée et que lorsque nous nous réveillerons, nous serons en Chine et dans une des villes les plus en vue de la planète.
Difficle de vivre un plus grand contraste, en tous cas, et de loin, le plus grand que nous n'ayons jamais vécu.