Ca y est, notre dernière ville en Inde. Sniff, un peu. Non pas que nous soyons tristes à ce point de quitter l'Inde, mais ça fait un peu bizarre, après avoir fait tant de choses, passé plus de trois semaines dans ce pays au contact de gens gentils, avoir observé et plus que senti l'atmosphère des rues, des villages aux grandes villes, du désert et de cinémas.... et de nous dire que nous partons demain pour la Chine. D'autant que ce n'est pas comme si nous partions depuis la France; nous avons déjà été dépaysés par le sous-continent, et nous apprêtons à l'être de nouveau dans la foulée. Se dire aussi que demain, comme si c'était juste au bout de nos doigts, nous sommes à 4240 km d'ici, dans un environnement totalement différent, et dans une partie du monde très différente. Après, nous resterons dans la région, si l'on peut dire, pour un bout de temps, mais aujourd'hui, nous changeons de région. C'est un peu ça en fait, notre sentiment.
Notre arrivée à Delhi s'est bien passée. Tôt le matin, comme d'hab, mais moins que d'habitude. La guesthouse était ouverte! Delhi est une ville à part, un peu comme Paris l'est en France. Presque 13 millions d'habitants, plusieurs quartiers, des jeunes habillés plus à l'occidentale, on se sent dans un vrai centre urbain. Le quartier dans lequel nous logeons est sympa, pas beau, mais vivant, et représente bien l'image que l'on peut avoir de l'Inde (bon, nous disons ça après avoir vu le pays, peut-être notre image a-t-elle changé par rapport au mois dernier.. mais quand même.. et puis vous avez une image sûrement plus proche de la réalité si vous avez lu nos posts et regardé nos photos). On aime, donc. Le métro n'est pas loin. Nous allons le prendre tout de suite d'ailleurs, et nous faire faire un pass pour 3 jours, bien plus avantageux. Le métro est assez clean, il y est interdit de cracher (un comble ici... mais 200 roupies d'amende sinon, et c'est respecté). A chaque station, juste avant de passer son badge pour accéder aux quais, il y a un contrôle comme à l'aéroport, avec fouille et dépose du sac! Nous sommes regardés comme toujours en montant dans le wagon. C'est bondé, et ça se presse pour monter et descendre. On se serre lorsqu'on est assis pour que quelqu'un puisse se rajouter, même si l'on est tous compressé les uns contre les autres. Nous rejoignons ainsi un quartier du sud de la ville, un peu loin, après 2 changements. Nous avons décidé de voir un peu de verdure, et d'aller visiter le "jardin des cinq sens", que nous trouvons après 15 min de marche, un peu perdu au bout d'une route mal entretenue, avec tout et n'importe quoi sur son bord. Comment dire... l'impression d'aller visiter un jardin public est...faible, ou pas très engageante, au choix. Mais nous y parvenons, et sommes habitués aux faces cachées du pays. Nous avons un peu appris à aller au bout des choses, sans se laisser impressionner par ce que nous voyons. Ce ne sera peut-être pas le cas dans tous les pays, mais en Inde, nous nous sentons en sécurité. Voilà donc ce jardin, où se promènent des couples d'adolescents. L'endroit est visiblement un lieu de rencontres, un havre de paix pour laisser libre cours à ses envies et ses sentiments. Les couples se mettent dans un coin un peu abrité pour jouer au docteur, version indienne. C'est drôle, nous regardons tout cela avec amusement, et constatons les différences avec nos sociétés. Le jardin en lui-même est décevant. C'est que c'est l'hiver ici, monsieur ! Quelques arbres et bouts de pelouse se battent en duel, quelques fleurs égayent le parcours, mais rien de bien luxuriant. Les chemins sont mal dessinés, et des statues dont les formes nous échappent sont posées un peu partout. En revanche, le lieu est un peu vallonné. Nous faisons par conséquent assez vite le tour du propriétaire, et repartons par la même route qui nous a conduits jusque-là.
Ayant pris un petit déjeuner léger juste après avoir posé nos affaires, il fait faim. Fred, ayant balisé le terrain niveau bouffe depuis plusieurs jours, souhaite aller chez Olive, un restaurant couru du tout Delhi. Nous ne sommes pas loin, mais les distances sont grandes. Rickshaw de rigueur. A l'entrée, assez classe, nous nous apercevons qu'il n'est que 11h30. Oups ! Allez, on achète un paquet de chips, une bouteille d'eau, et direction un des endroits à visiter sur notre liste, tout proche de là. Nous allons voir un monument classé à l'Unesco, la Qutb Minar. C'est une ancienne mosquée, dont le minaret s'élève à 76m au-dessus du sol. Nous prenons un audio guide et en apprenons plus sur l'histoire de ce lieu de culte, le premier construit en Inde par les musulmans. Il fait beau, nous sommes contents d'être là, et savourons l'instant en réalisant qu'il fait partie des derniers dans le pays. La visite à ciel ouvert, le toit de la mosquée n'existant plus, est agréable, et prend une bonne heure. Il faut dire que ce minaret en impose. La mégalomanie des hommes laisse quand même, un peu partout sur notre planète, de belles traces. En outre, tout une vie et une activité intellectuelle avaient lieu ici. Comme bien des fois, nous nous imaginons ce que pouvait être la vie d'alors, sans probablement réussir à s'en approcher. Mais qu'importe, nous voyageons dans notre voyage ! Pouvoir de l'esprit....
Une fois terminé les quinze stations d'écoute, nous retournons tranquillement vers ce fameux restaurant. Une hôtesse vérifie si nous avons réservé à l'entrée, ce qui n'est pas le cas. Nous
ne pourrons donc être à l'extérieur, et nous dirigeons vers une salle avec de grandes baies. Les personnes présentes n'appartiennent pas aux classes sociales que nous avons eu
l'habitude de voir. Chaussures à talons, bijoux, Ipad, lunettes de marque... une table d'une dizaine de femmes s'affaire dehors. A côté de nous, à l'intérieur, des jeunes
d'une vingtaine d'années commandent et discutent l'esprit apparemment léger. Nous sommes en bermudas, tee-shirt et tongues. Mais français, et en reportage culinaire armée de notre
caméra. Nous commandons, filmons périodiquement, et Fred demande à la fin du repas si le chef est présent aujourd'hui. C'est le cas, et ce dernier vient nous saluer, sachant que Fred a
demandé s'il pouvait le féliciter sur sa cuisine. Lorsqu'il lui annonce un peu après pendant la conversation qu'il assiste un critique culinaire français, le chef - sacré meilleur chef
indien en 2012, et dont la récompense a été remise par le président indien - devient plus intéressé et attentif. Il nous propose un café et veut en savoir plus. Nous lui expliquons que
nous partons dans deux jours pour Pekin afin de visiter d'autres restaurants, et que nous étions à Katmandou auparavant. Lorsque Fred demande aimablement s'il accepterait d'être interviewé,
et filmé, c'est un oui souriant que nous entendons. Et l'homme est à l'aise, et bavard. La rubrique "bouffe" devrait vous permettre d'apprécier autant que nous cette expérience
différente de toute celle que nous avons eue jusqu'à présent. Nous restons donc trois quart d'heure à discuter. Rencontre extrêmement instructive pour qui est intéressé par la
nourriture et la cuisine. Nous réglons notre note et partons. Un peu d'audace nous a ouvert une porte de la scène culinaire indienne. A refaire (il suffira d'attendre le
lendemain!).
Ce soir, nous souhaitons aller au cinéma. Nous voulions y retourner, c'est le bon moment. Nous partons pour le centre de la ville, Connaught Place (une grande place avec des rues
périphériques encerclant un jardin central, et divisée en bloc pour se repérer plus facilement). Faire le tour par la rue la plus éloignée du jardin (formant le troisième et dernier
cercle concentrique) prend environ 25 min. C'est assez grand. La place et les arcades abritent des boutiques occidentales, mais pas de luxe. Les jeunes sont modernes. C'est un peu les Champs
Elysées de Delhi, sans rien de véritablement commun visuellement. Nous faisons un tour au guichet de deux cinemas, mais aucun n'affiche de sous-titres anglais. Nous souhaitons aller
voir "Khiladi 786", une comédie Bolliwoodienne. Tant pis, nous prenons quand même nos billets. On ne va pas se laisser arrêter quand même. Une personne prenant ses billets avant nous
engage la discussion, et fait en sorte que nous soyons placés à côté pour qu'il puisse nous expliquer le film si nous souhaitons. Cool. Nous rentrons à l'hôtel pour prendre une douche. ll
est 18h30.
N'ayant pas très faim, et par commodité, nous retournons en métro sur Connaught Place (à 1 station de métro de notre guesthouse) et allons au Mac Do. Envie de frites, comme on les connait, cuites et chaudes. Pour un indien, le Mac do, c'est cher. Ici, le Mc Chicken coûte 1,10 euro, soit quatre fois moins qu'en France. Ah oui, dans un autre domaine, l'essence coute 0,85 euro/l et le diesel 0,7 euro/l. Un sprite coute en général 0,5 euro. Ca, c'est parce qu'on voulait que vous ayez une idée. Une fois les fameuses frites avalées, nous rejoignons le cinéma tout proche. Juste à l'heure, 19h30. Notre ami est bien là, assis avec sa mère handicapée. Le film commence. C'est une comédie dans laquelle joue un acteur très populaire, un peu comme celui du premier film que nous avions vu (Sharuk Khan), mais avec moins de classe, et plus de muscles. Le film est une sorte de comédie française style "La tour Montparnasse infernale", ou dans ce genre d'humour un peu basique. Beaucoup de couleurs. De la danse et des chorégraphies impressionnantes, typiques du cinéma indien. Les bruitages sont géniaux : ils sortent de nulle part, sont hyper accentués, et pas du tout crédibles. Nous ne comprenons pas toutes les subtilités de l'histoire, mais ça va. "L'intermission" est encore là (comprenez la pause au milieu du film), les annonces anti-tabac aussi (ah oui, ici, on mâche le tabac autant qu'on le fume). La salle est moderne, le son est fort, le public moins réactif que l'autre fois. Un bébé pleure parfois. De nouveau, les gens se lèvent et partent avant la fin du film. Drôle. Nous, bien sûr, nous restons. Nous sentons que notre "ami" d'à côté souhaite se lever, en tous cas sa mère, mais attend que nous partions. Nous sortons donc tous ensemble, pendant le générique. Nous discutons, et comme d'habitude, cela prend trois plombes. Ils nous donnent les bonnes adresses de la ville pour visiter, pour manger, et faire du shopping. Il souhaite aussi nous donner son portable, au cas où nous ayons un problème. Mais il a 4 téléphones! On les prend tous, à sa demande.
Nous marchons tous les quatre jusqu'au métro, où, par chance, sa ligne n'est pas la même que la nôtre. Il était sympa quand même, gentil et avec un bon fond. C'est ce genre de choses qui
font que l'on s'attache à l'Inde quand on est français (car ça ne nous est pas beaucoup arrivé dans notre beau pays), même si ça devient lourd parfois.
Le lendemain, après avoir pris notre petit-déjeuner, nous restons dans la chambre et à l'hôtel pour aller sur Internet, discuter avec d'autres backpackers. Puis, en milieu d'après-midi, nous nous décidons enfin à retourner à l'agence dont nous avons été clients ces deux dernières semaines. Nous vous laissons lire l'article spécifique sur ce grand moment. Après tout ça, et nous être aéré la tête en arpentant les rues, nous rentrons à l'hôtel. Nous avions en effet prévu ce soir d'aller chez Bukhara, le restaurant où Clinton et Obama sont allés dîner en 2000 et 2007. Poutine y est allé également. Un indien nous a prêté son portable dans la rue, pour que nous puissions réserver, mais aucune réservation n'est possible. Nous nous changeons, et mettons pour la première fois du séjour des vêtements plus agréables, comme une chemise pour Fred, ou du maquillage pour Audrey, et nous dirigeons en rickshaw vers le quartier des ambassades où se situe l'hôtel de luxe hébergeant le restaurant. Le quartier est bien différent, avec de grands jardins, des bâtiments administratifs ou diplomatiques, des voitures de police avec gyrophares en faction, ou bien le palais présidentiel sur notre gauche à un moment. L'hôtel est luxueux, le premier prix des suites à 450€/nuit (plus cher que le Marina Bay sands à Singapour!). Nous nous inscrivons pour avoir une table et allons prendre un verre dans un des bars de l'hôtel. Ambiance rafraichissante après le mois écoulé, sentiment de bien-être, et de retrouver des terrains connus que nous apprécions. Ca fait du bien. Au hasard d'un moment, Fred rencontre et discute avec un homme d'affaire occidental, puis en rencontrera un deuxième un peu plus tard. Ils lui donneront leur avis sur le business en Inde, souvent difficile à cause de la corruption, du travail des enfants, des process, des choses découvertes après la signature des deals etc.... Nous passons ensuite à table. L'expérience fut géniale. Nous nous disons que c'est l'agence de Delhi qui paie le restau ce soir ! Nous sommes étonnés de ne pas voir de menu dégustation. En fait, il est disponible sur demande, et c'est justement celui-là qu'a pris Clinton. Il l'appelle du coup le "presidential menu". Et le menu végétarien, le "Chelsea Menu", du nom de la fille de Bill et Hillary.
Les détails de ce beau repas, bien indien, et plein de surprises, d'attentions et de cadeaux, se trouvent dans la rubrique "bouffe", dans l'article sur le récap de la bouffe indienne. Nous fermons le restaurant, après que le chef de rang ait voulu faire déguster à Fred deux vins pour obtenir son avis (il savait que le père d'Audrey était viticulteur). Malheureusement, la nuit se passera mal pour Audrey, qui sera malade, et qui restera couchée toute la journée suivante. Fred en profitera pour écrire des articles et mettre les vidéos en ligne, avancer sur d'autres choses, mais nous restons tous les deux à l'hôtel et perdons une journée de visite. Les aléas du voyage. Enfin, les choses vont mieux pour Audrey pour ce dernier jour en Inde, même si ce n'est pas la grande forme. Après avoir été couchée pendant plus de 24h, elle se lève et avale un timide bout de pain (avec un peu de Nutella dessus quand même) et prend un thé. Nous partons pour visiter en accéléré le Fort Rouge (en gros le City Palace de la capitale, un peu décevant), la grande mosquée (impressionnante, mais dans laquelle nous ne pouvons rentrer à cause des horaires de visite qui tombent mal), la sépulture d'un roi ancien, Humayun's Tomb (et dont le palais autour a inspiré - cela se sent immédiatement - le Taj), et enfin le Lotus Temple, qui est, en dehors de son nom explicite (en forme de fleur de lotus), un lieu de médiation ouvert à toutes les religions (quel calme à l'intérieur, nous avions oublié depuis le Népal). Retour à l'hôtel pour prendre nos affaires, regarder une dernière fois ces rues agitées typiques de l'Inde, et prendre notre taxi pour l'aéroport. Le trajet sera sportif car notre chauffeur se prend pour un pilote, sillonne les files, s'impose, et passe à ras de camions et autres voitures. L'aéroport est très moderne, bien plus agréable que ceux de Paris. Nous enregistrons parmi les derniers, dépensons nos dernières roupies, et montons dans l'avion où les hôtesses de l'air sont asiatiques, et les inscriptions près des sièges indiquées en chinois. Ca y a est nous sommes partis. Décollage à l'heure pour le pays du milieu... une nouvelle aventure commence.
Photos (sous peu) et dernières vidéos à venir à la fin du mois à cause de problème d'accès à You Tube depuis la Chine.
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christiane (jeudi, 13 décembre 2012 12:31)
rien sur cette page bizare