lun.

17

juin

2013

Polynésie : le récap

Ici, en Polynésie :


- Il y a plus d'accident de noix de coco qui tombent que de morsures de requins
- A la radio, ce ne sont que des reprises d'anciens tubes, remixés
- Il n'y a quasiment pas de mendicité
- Selon l'avis de métropolitains vivant ici, mais aussi de certains polynésiens, la Polynésie coulerait économiquement en à peine un ou deux ans, si  les indépendantistes prenaient le pouvoir (fin de l'assistance française, des aides fiscales, des règles et des avantages fiscaux...)

- La crise n'a pas épargné la région, et bien des hôtels de luxe ont fermé depuis quelques années 
- La Polynésie, c'est 200 000 visiteurs par an. Hawai, 4 millions

- Il n'y a pas d'animaux venimeux
- On est vraiment content d'avoir visité 4 îles, très différentes, et d'avoir pu comprendre et apprécier différentes facettes de la Polynésie 
- Les clichés que tout le monde a en tête sur Tahiti sont vrais. C'est comme on l'imagine
- La Polynésie est un POM, pour "Pays d'Outre-Mer". C'est le seul. Il y a un président nommé par une assemblée de Polynésie, avec 57 élus, dont 2 députés à Paris et 2 sénateurs 
- L'héritage culturel et l'influence de Cousteau dans les centres de plongée, ou chez les Polynésiens est présent. Après en voir entendu parler dans d'autres pays, voir parfois ici des gens porter des tee-shirt à son effigie par exemple nous fait réaliser qu'il est l'un des français les plus connus et respectés dans le monde
- Les polynésiens ne sont pas férus de travail, car ils ont un terrain hérité de la famille (qui vaut cher, surtout a Bora), des poissons, et des fruits à volonté. Ils n'hésitent donc pas à quitter leur travail pour un oui ou pour un non, et ne sont pas dérangés de ne pas en avoir pendant un an ou deux. Il n'est donc pas facile ici de trouver des employés fiables et/ou sérieux. 
- Il n'est pas rare de trouver des tombes sous un hauvent dans les jardins des maisons
- Il y a des chiens errants un peu partout
- Les polynésiens sont 260 000
- Des statues "tribales" ornent certains jardins publics ou privés, ou sont disposées à l'entrée de certains bâtiments. Ce sont des "Tiki" statues 
- A l'aéroport, personne n'attend l'annonce micro pour l'embarquement, car, quand l'avion atterrit, tout le monde sait qu'il faut s'aligner devant le comptoir 
- Il y a des poules et des coqs partout, même sur le terrain de golf de Moorea, pour manger les mille-pattes et autres nuisibles. Du coup, ils vous réveillent à 3h du matin.
- La température minimale annuelle est de 15°C la nuit, 21°C en journée 
- Au supermarché, les bouteilles de bières sont en consigne. Il faut les ramener pour récupérer les 60 francs Pacifique
- Les stations service ferment à 16h sur certaines îles

- Parler la même langue qu'eux est quand même beaucoup mieux pour comprendre la culture. La Polynésie est un pays où nous avons beaucoup appris, senti le plus de choses en parlant avec des locaux, souvent au travers d'anecdotes, et nous sommes bien imprégnés de l'atmosphère locale 

- Le dimanche, le marché est ouvert de 4h30 à 7h30. Après, c'est trop tard, et l'heure de se préparer pour la messe 
- Le personnel de ménage de l'aéroport porte des chemises à fleurs
- Ici, on ne comprend pas que vous ne soyez pas croyant
- Les horaires d'école sont 7h-15h30
- Le permis de conduire est appelé "permis langouste", car ils vont parfois manger une langouste après avoir essayer de faire un demi tour ou un créneau raté sur un ponton désert 
- "Ia orana" signifie bonjour, "nana" au revoir, "mauru'uru" merci
- Les fruits ont beaucoup de goût, sont parfois înconnus, et disponibles partout, à cueillir au bord des plages ou des routes
- Les techniques de culture de perles utilisent différentes parties initiales de l'huitre, découpée et ré-insérée (le greffon) pour déterminer la couleur de la perle à venir
- Les gens sont en bonnet quand il fait froid, soit lorsqu'il fait un peu moins de 20 degrés 
- On mange du poisson cru avec du lait de coco, ou cuit sur des feuilles mises sur la braise
- Comme d'habitude, Audrey a la larme à l'oeil en quittant une destination de plus, et se dit que nous allons bientôt rentrer
- Les petits poissons pêchés font 40cm, ils sont relâchés sinon
- Il est possible de toucher les raies, quand ce ne sont pas elles qui viennent sur vous si vous leur donnez à manger
- La journée commence tôt, ce qui veut dire vers 4 ou 5h du matin, parfois 3h
- On s'apelle "copain" ou "copine", surtout si l'on ne se connait pas. Le terme n'est pas du tout réservé aux amis qui se connaissent. C'est l'équivalent de notre "monsieur" ou "madame" dans une phrase, ou pour interpeller quelqu'un
- On prononce "Papé-été" et non "Papète", ce qui signifie "nappe d'eau"
- Mettre une fleur sur votre oreille côté gauche signifie que vous êtes pris, et sur le côté droit célibataire


Pourquoi vous allez aimer:
- Parce que l'on vous offre une fleur en montant dans l'avion

- Parce que vous réaliserez qu'un des plus beaux endroits sur terre est français

- Parce que le climat fait des jaloux

- Parce que quand l'eau est un peu fraiche, elle est à 27°C

- Pour la beauté des paysages, montagneux et verts, et faits de lagons turquoises

- Parce que le stress, c'est pour le reste du monde

- Parce que vous pourrez parler français avec tout le monde

- Parce qu'en descendant de l'avion, des vahinés et des musiciens vous accueillent avec des colliers de fleurs

- Parce que le poisson est frais et disponible à volonté

- Pour nager avec des requins (mais pas des blancs) alors que vous n'auriez jamais pensé le faire

- Pour acheter une perle authentique, et deux fois moins chère qu'ailleurs

- Parce que l'on vous offre un collier de coquillages à votre départ

- Pour la beauté des chants polynésiens à la messe, même si vous n'êtes pas croyant

- Parce que les couleurs des photos des brochures de voyage ne sont pas retouchées

- Pour voir de grandes raies passer tout près de vous

- Parce que vous souhaitez buller sur une plage à l'ombre de cocotiers

- Parce que vous aimez les hommes bronzés et tatoués

- Parce que vous souhaitez faire partie d'une carte postale

- Pour découvrir le goût de la vanille de Taa'a

- Pour découvrir tout ce que l'on peut faire avec une noix de coco (comme des soutiens gorge)

- Pour plonger dans un des endroits les plus réputés de la planète

- Parce que vous souhaitez vous laisser bercer par les sonorités des yukulélé

- Parce que vous surfez ou kite-surfez et êtes frustré par les vagues ou la couleur de l'Atlantique

- Parce que vous ne surfez pas et préférez regarder les surfeurs bronzés prendre les vagues un cocktail à la main

- Parce qu'avant même d'avoir atterri, la première chose que vous voyez est un lagon (sauf de nuit)

 

 

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lun.

17

juin

2013

J19 - On serait bien resté un peu plus

Température de l'air : 32°C

Température de l'eau : on vous laisse deviner, sans avoir pu vérifier

Moment fort de la journée : dîner entre amis une dernière fois à Tahiti


Départ de Rangiroa à 12h25, après avoir salué nos amis français rencontrés ces derniers jours, collier traditionnel de coquillages autour du cou (offert par Alain, comme la coutume le veut) et, après une heure de vol, arrivée à Tahiti, où Claude-Marie et Teiki nous attendent. Sans passer par leur maison, nous partons en voiture vers le sud de l'île, en passant par le côté ouest, pour aller à Teahupoo, voir la vague géante connue de tous les surfeurs de la planète. Juste avant, nous faisons quelques arrêts sur le chemin pour qu'ils nous montrent un "marae" (le plus grand de Tahiti), puis une grotte, en cherchant en même temps des fruits locaux dans les arbres tout autour. Une fois à Teahupoo, à la pointe sud de l'île, malheureusement, pas de vagues, car pas de houle en ce moment. Et dire qu'il y a une grosse semaine, quand ils nous avaient proposé de les rejoindre alors que nous étions à Moorea, il y avait des barres de 8m, et un copain de Teiki avait son bateau de disponible pour aller tout près... mais au moins, nous sommes là, dans ce lieu mythique chez les surfeurs. Teiki nous explique l'effervescence qu'il y a quand les surfeurs pro sont là, avec des roulottes partout sur la plage, des bateaux, des estrades, notamment au mois d'août pour la Billabong Cup Pro. Nous mettons une vidéo de cette vague prise le 8 mai dernier, il y a donc à peine un mois, sur You Tube pour vous donner une idée de la chose. Il est 15h30 quand nous repartons, et refaisons les 60km jusqu'à Papeete en sens inverse. Passage par le Carrefour de l'île pour faire un ou deux achats rapides - le marché et les magasins étant fermés à partir de 16h - puis retour à la maison, où nous retrouvons les affaires que nous avions laissées lors de notre arrivée. Sacs refaits, douchés, nous nous installons sur la terrasse pour prendre l'apéritif avec eux, à discuter de la Polynésie et à écouter des anecdotes. Nous mangeons entre autres une salade de thon et un excellent thon à la tahitienne, buvons de la liqueur de banane, et sommes gâtés, puisqu'ils ont acheté une ribambelle de fruits locaux pour le dessert : banane rio, pomme-étoile, papaye, papaye solo, mangue, ramboutan, et surtout, corossol, un gros fruit vert à l'extérieur, blanc à l'intérieur, au gout puissant mais subtil, sucré, dont Fred tombe amoureux. Nous restons ensemble à table jusqu'à 23h, moment où ils nous accompagnent à l'aéroport juste en face.


Au revoir les amis, c'était génial, et nous n'aurions pas vu et appris autant de choses sur la Polynésie sans vous. Une belle rencontre, et des regards qui ne trompent pas. Les larmes d'Audrey séchées, nous enregistrons, et attendons l'heure prévue, soit 2h du matin, pour décoller vers Rapa Nui, plus connu comme l'île de Pâques. C'était bien la Polynésie, nous serions bien restés plus longtemps, et regrettons de ne pas pouvoir passer plus de temps avec Claude-Marie et Teiki. Comme dans chaque pays, mais peut-être un peu plus ici, de superbes souvenirs, colorés et plein de vie, ont pris forme et nous appartiennent désormais pour le reste de notre vie.

 

 

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dim.

16

juin

2013

J18 - Moment exceptionnel

Température de l'air : 32°C

Température de l'eau : aussi chaude que vous le souhaiteriez

Moment fort de la journée : s'approcher dans le bleu de trois dauphins et en caresser un doucement quelques instants en le regardant dans les yeux

 

Oui, vous avez bien lu. On vous raconte.


Nous avions prévu il y a deux jours de partir aujourd'hui en excursion pour aller voir "l'île aux récifs", un endroit de Rangiroa où les coraux sortent de l'eau pour former un jardin naturel. Mais en apprenant qu'il y avait comme avant-hier une heure de traversée à l'aller, au retour, et que le programme était globalement le même que les autres fois, nous avons préféré annuler, et en profiter pour aller bruncher au Kia Ora. Sauf qu'en se renseignant hier, nous avons appris que c'était complet. Grosse déception, alors que nous rêvions de faire un brunch après 7 mois et quelques de voyage d'une part, et face au lagon d'autre part. Ayant du coup toute la journée de libre, Fred, qui prévoyait de plonger cet après-midi une dernière fois, à avancer l'horaire pour partir ce matin, vers 10h. C'est avec 5 autres plongeurs qu'il est allé à la passe de Tiputa, pour une plongée différente, d'après le briefing du moniteur, qui commence par du bleu, à une centaine de mètres du récif, avec 50 mètres de fond et doit se terminer par un passage dans un canyon un peu étroit. L'idée est de se laisser guider par le courant, en flottant à -25m, dès le début, pour rejoindre ensuite la pente du récif, afin de se mettre en bonne position pour voir des dauphins. Et après moins de 10 minutes sous l'eau, devinez quoi, c'est gagné. Fred entend le petit cliquetis provoqué par le moniteur quand celui-ci repère quelque chose d'interessant à voir, cherche du regard quelque chose, et ne voit qu'au dernier moment, en tournant sa tête sur la gauche, un, puis deux gros dauphins nager parallèlement à lui, tout près, et le dépasser, à dix mètres. Whaou, le choc. Ils sont là, gris, superbes, se détachant parfaitement du bleu de l'eau. Ils nous tournent autour, et le petit arrive pour rejoindre sa mère. Ce sont donc trois dauphins, dont un bébé, qui nous regardent. Le moniteur part pour se mettre à côté de l'un d'eux, et nager juste à côté. Fred, qui s'était volontairement mis juste à côté du moniteur depuis le départ pour mieux voir ce qu'il apercevrait, est tout près, et s'est un peu détaché du groupe sans s'en rendre compte (on le voit bien dans la vidéo ci-dessous). Là, après trente longues secondes à regarder ce ballet incroyable, le petit passe à côté de lui, et conserve une distance de cinq ou six mètres, sans s'en aller. Pris par l'excitation, l'envie, et conscient de vivre un moment absolument unique et privilégié, il décide de s'approcher, donne quelques coups de palmes, en conservant une position ramassée pour ne pas effrayer "flipper", et se retrouve en deux secondes à son niveau. Il est là, aussi proche que votre écran d'ordinateur maintenant. Fred ne peut s'empêcher de tendre la main pour la poser sur le dauphin, et le caresser doucement. Une, puis, deux, et enfin une troisième, lentes, calmes, avant qu'il ne s'échappe d'un coup de nageoire. La mère n'est pas loin, mais à ce moment, Fred n'a d'yeux que pour le dauphin avec qui il partage ce moment d'intimité. Une pensée traverse alors son esprit, en se disant que la mère pourrait ne pas apprécier cette proximité. Il n'en est rien, et tout se passe bien. Un moment magique. Carrément exceptionnel dans une vie. Car qui a déjà pu caresser un dauphin sauvage en plongée? Il paraït qu'il n'y a qu'ici que des dauphins sauvages se rapprochent autant des humains. Ailleurs dans le monde, ils sont trop craintifs, ne se laissent pas approcher, et encore moins caresser. A la sortie de la plongée, une canadienne ayant plongé dans une trentaine de pays lui dira qu'il vient de vivre un moment qu'il ne revivra sûrement jamais. Une chance incroyable. Assurément un des grands moments du tour du monde pour Fred, si ce n'est le plus grand souvenir jusqu'à présent. Ugo, le caméraman qui accompagne le groupe, filme tout, et permet du coup d'immortaliser l'instant. Ce n'est d'ailleurs pas n'importe qui, puisque c'est lui qui accompagne les équipes de National Geographic, BBC ou France Televisions lorsqu'elles viennent à Rangiroa pour filmer le monde sous-marin, ou qui leur fournit des images prises dans sa banque de données quand elles ne parviennent pas à voir ce qu'elles souhaitent. Comme par exemple une bande d'une centaine de raies léopards, comme il y a deux semaines. En discutant plus tard avec lui, Fred comprend qu'en fait, pour vraiment voir pourquoi Rangiroa est si réputé, il faut descendre un peu plus bas, et avoir son niveau 2, ou 3, et accéder à d'autres choses. Cela dit, à -25m, les plongées, comme celle d'aujourd'hui, sont déjà mémorables. La même canadienne classe la passe dans laquelle nous sommes dans son top 3 des plus belles plongées au monde. Quand certains sont contents d'avoir vu un requin après 6 plongées au Mexique, ou un mérou en méditerrannée, on comprend pourquoi. Nous restons en tout 45 minutes sous l'eau, à remonter doucement, en planant au dessus du récif, à regarder tous ces bancs de poissons, cette vie fourmiller de partout. Un beau Napoléon passe au dessus à un moment. A l'issue de ce "dive", un petit regret : nous n'aurons pas vu de raies manta, alors qu'il y en a régulièrement. Dommage. Mais nous serons allés à Rangiroa, et aurons bien fait de passer notre Padi pour pouvoir vivre ces instants rares. 


Au club de plongée, nous regardons les images, et avons tous le sourire au lèvres. Apparemment, le moniteur avait dit aux autres de ne pas toucher les dauphins. Fred n'était pas au courant, d'où son intention sous l'eau, qu'il regrette partiellement. En fait, il faut éviter de provoquer le contact, et laisser plutôt le dauphin s'approcher s'il le souhaite, et éviter de toucher les petits, pour ne pas qu'ils s'habituent trop à l'homme. Fred en discute à part, informellement, avec Fred, le moniteur, qui lui dit que ce n'est pas très grave, qu'il comprend, et que tout va bien. No big deal. Tant mieux. Evidemment, Fred décide d'acheter le film de la plongée, notamment en voyant que Ugo a capturé le moment où il caresse le dauphin. Impossible bien sûr de ne pas avoir les images, brutes, qu'il faudra monter en court métrage à la guesthouse pour en faire un souvenir vidéo digne de ce nom, et vous en faire profiter (voir la vidéo ci-dessous). Dire qu'au bout de sa neuvième plongée, Fred a pu caresser un dauphin. Il ne s'en remet pas.


En rentrant, il raconte tout cela à Audrey, qui est du coup très déçue de ne pas avoir été là. Il lui propose du coup de plonger cet après-midi si elle le souhaite. Mais au final, nous allons déjeuner au Kia Ora, après avoir fait un tour en vélo pour trouver quelque chose d'ouvert (il est 14h), et ramassé une noix de coco et essayé, sans succès, de l'ouvrir comme avant-hier pour boire son eau (l'eau est le liquide contenu dans la noix, et le lait celui que vous récoltez en pressant des copeaux de coco). Nous commandons un sandwhich - les cuisines de l'hôtel étant fermées - et rentrons à la guesthouse. Fred passe le reste de l'après-midi à finir des articles pour le site, et Audrey prend un bain de soleil. Vers 18h, Ugo passe donner les images de la plongée de ce matin à Fred, qui les fait immédiatement découvrir à Audrey. Nous aurions dû aller plonger cet après-midi car les dauphins étaient là et sont restés une demi-heure. Puis nous dinons avec Michael et Sofia, ainsi que deux autres français du même âge, en lune de miel. Nous discutons de voyage, et bien sûr du tour du monde. Michael nous étonne par tout ce qu'il a retenu de nos propos d'hier soir, et parle quasiment à notre place tellement il est emballé et aime les choses que nous avons faites. L'écho est très positif, et ils sont bluffés par la différence des situations et des moments que nous avons vécus, à tel point qu'ils nous encouragent tous à contacter une chaîne de télé, surtout quand ils découvrent le contenu de notre site. Une idée à retenir peut-être...

 

 

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sam.

15

juin

2013

J17 - Deux plongées valent mieux qu'une

Température de l'air : 30°C

Température de l'eau : aussi chaude que vous le souhaiteriez

Moment fort de la journée : jouer quelques instants avec des dauphins lors d'une plongée


Deux plongées ce matin. Il s'agit de profiter à fond de la chance que nous avons d'être ici. Nous rencontrons d'ailleurs au club de plongée des français (des étudiants en médecine passant un semestre au CHU de Papeete) qui nous disent, comme tant d'autres, que Rangiroa est un des trois ou quatre plus beaux sites au monde pour plonger. Départ donc à 7h30, pour une plongée à 8h30 dans la passe de Tiputa, comme hier, puis une autre vers 11h30, après avoir respecté le temps necessaire pour purger l'azote résiduel de notre sang, à la passe d'Avatoru. Lors de la première, nous avons la chance d'avoir un dauphin venir à nous (Sinbad va même le toucher, à cinq ou six mètres de nous), sortant de nulle part, mais ne restant pas très longtemps. Fred parvient à le revoir, au loin, en suivant la direction montrée par Sinbad, alors que la mère est accompagnée de son petit. Génial, même si trop bref. Ca fait drôle d'en voir un arriver comme ça, et être là. Nous avons l'habitude des pointes noires (il n'y en a pas aujourd'hui cela dit), mais vraiment pas des dauphins. Nous restons, comme d'habitude, 45 minutes sous l'eau. Nous ne voyons pas d'autres choses exceptionnelles, mais il faut bien avouer que la quantité de poissons, de vie, de corail, de couleurs, que ce soit au début de la plongée par -25m comme à la fin par -10m, est phénoménale.


Lors de la deuxième plongée, dans l'autre passe, nous ne croisons pas de dauphins, mais avons la chance, dès le début, de voir deux requins pointe blanche du récif (une espèce n'existant qu'aux Tuamotus) remonter à notre niveau (soit -20m), suite à leur changement de comportement à cause de la pratique du shark-feeding (qui n'est plus pratiquée par les clubs à Rangiroa). Ils sont beaux, avec les bouts des nageoires blancs, et font presque la même taille que les requins-citrons. Ils tournent autour de nous quelques minutes, sans s'approcher trop près néanmoins (nous voyons bien la différence avec les requins que nous avions autour de nous dans les autres îles, rendus moins sauvages par les appâts jetés pour plaire aux touristes). Nous suivons notre moniteur de plongée, Fred, et apercevons d'ici la fin des carangues, des barracudas rayés (souvent plus haut que nous), passons dans un banc de poisson (ils doivent être une centaine, de la taille de gros maquereaux), ou nous faisons doubler par eux (ils nous entourent alors complètement, obstruant sensiblement notre visibilité). Un poisson napoléon nage sans se presser à ving mètres, comme quelques carangues échevelées (avec une mèche partant de la dorsale). Les poissons de plus petites tailles sont toujours aussi nombreux, partout. Encore une fois, c'est un aquarium géant. Fred (le moniteur) se tient par deux doigts à un bout de corail, pour éviter le courant, et nous montre un poisson-pierre, pas très grand, mais très joli. C'est vrai, on dirait un bout de pierre. Pas touche bien sûr, car ces derniers sont venimeux. D'énormes concombres de mer, entourés de petites pointes, gisent un peu partout sur le sol. Des poissons mauves aux taches jaunes ou bleues se baladent entre les coraux. Nous avons aussi la chance d'apercevoir sous une anémone des oeufs de poissons clowns. Une très belle plongée, qui plait beaucoup à Audrey. Retour au club, en longeant le motu, sous le soleil. Il fait bon d'être là, à savourer ce moment. Car dans deux jours, nous partons de cette région du monde. Quand nous disons à d'autres plongeurs que nous venons de passer notre PADI, et que ce sont nos premières plongées, tous nous disent que nous risquons d'être sérieusement déçus à l'avenir. Chanceux, nous entendons, les croyons, mais pouvons répondre que nous allons aux Galapagos dans deux mois, et pourrons aussi plonger là-bas. L'eau sera cependant bien plus froide apparemment.


Après cette belle matinée, nous allons déjeuner tous ensemble dans le restaurant d'un hôtel à côté. L'après-midi, nous faisons un tour en vélo, et allons à côté de la guesthouse, à la pointe, au niveau de la passe Tiputa, car il paraît qu'il y a souvent des dauphins sautant dans les vagues, notamment lorsque le courant est sortant, comme à cette heure-ci. Nous restons un gros quart d'heure, et rentrons, pour reposer les vélos et aller au bar du Kia Resort, à pieds, en passant par la plage et en logeant les bungalows privés les pieds dans le sable. En deux minutes, nous y sommes, et nous installons pour prendre un cocktail, écrire un article. Nous restons le reste de la journée, jusqu'au coucher du soleil (magnifique), et retrouvons nos compagnons de plongée de ce matin, tous venus prendre un verre ici ce soir. Lors de leur sortie cet après-midi, des dauhins sont venus jouer avec eux un petit moment. On ne cache pas notre jalousie. L'un d'entre eux nous montre d'ailleurs quelques photos qu'il a prises ce matin sous l'eau. Impossible de rester avec eux, car nous avons prévus de diner avec Michael et Sofia, deux français de 28 ans venus passer deux semaines ici, et qui rêvent de faire un tour du monde. Une rencontre sympathique, et un diner qui s'éternise et se termine sur leur terrasse à la guesthouse, à décrire nos 7 derniers mois, à leur montrer des vidéos de toutes sortes, à leur raconter le Japon, et d'autres choses. Nous réalisons à un moment que c'est d'ailleurs la première fois que nous montrons des vidéos de la Nouvelle-Zélande. Nous répondons à toutes leurs questions, et passons tous un excellent moment. Extinction des feux à 1h30.

 

 

 

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jeu.

13

juin

2013

J15 - Tuamotus en vue

Température de l'air : 32°C

Température de l'eau : 27°C

Moment fort de la journée : voir le lagon des îles du ciel

Rangiroa est situé dans l'archipel des Tuamotus, au nord-est des îles de la Société, où nous étions depuis 14 jours. Rangi, comme on dit, c'est un des trois plus grands atolls au monde. Mais au fait, c'est quoi un atoll exactement ? Eh bien c'est un ancien volcan qui s'est affaissé, en créant une barrière tout autour en descendant (en gros, la roche du centre est remontée sur les côtés, en descendant), et dont le sommet est immergé, ne laissant plus qu'un grand bassin d'eau, protégé de l'océan par cette barrière naturelle. C'est donc différent des îles comme Tahiti, Huahine ou Bora, où le cratère est encore au dessus de l'eau, formant une île. Un jour en revanche, ces îles seront des atolls, à cause de l'affaissement naturel. Celui de Rangiroa est si grand qu'il pourrait contenir toute l'île de Tahiti. Ici, donc, pas de grande île, mais un vaste cercle rempli d'eau, et de petites parties émergées tout autour. Celle où nous sommes, et là où se trouve aussi l'aéroport, est une bande de trois ou quatre kilomètres de long, et large de quelques centaines de mètres seulement. Une seule route existe, longiligne, reliant les deux extrémités. Ici, il n'y a pas de supermarché, peu de voitures, et tout est ravitaillé par bateau. C'est très calme, tout le monde se connait, et de chaque côté, la mer se perd sur l'horizon, aussi bien côté lagon (il est si grand) que océan. Contrairement à Bora ou Huahine, où le lagon n'est pas très profond (quelques dizaines de mètres max par endroits), et permet du coup d'offrir des couleurs hallucinantes, à Rangiroa, la profondeur atteint 80m. C'est donc une sorte de mer intérieure, protégée par des îlots plus ou moins grands en forme de cercle géant, qui bordent notre guesthouse.  


C'est simple, ici, c'est la mecque de la plongée. Déja, la Polynésie, c'est plus une destination de lagons que de plages. Bonne nouvelle, les plus beaux, d'après le Lonely Planet sont aux Tuamotus. Malheureusement, Rangiroa n'en fait pas partie (des plus beaux lagons). Sur les 77 atolls au total, l'eau potable est celle récoltée par la pluie, peu de choses poussent (un comble après s'être promené dans les champs d'ananas, papaye etc...) et les infrastructures ne sont pas très développées. Car il n'y a pas beaucoup d'espace, c'est loin, isolé, et c'est surtout sous l'eau que tout se passe. Et c'est pour cela que tout le monde va là-bas. Certains viennent du bout du monde, et d'autres passionés rêvent un jour d'y plonger. Pour eux, être ici, c'est être en transe. Si la plongée n'est pas votre truc, il ne sert à rien d'être ici, car, à part buller dans le seul hôtel de standing de l'île - le Kia Ora Resort - il n'y a absolument rien à faire. Mais alors rien du tout, hormis une ou deux excursions (voir plus loin). Et le top, c'est que l'eau est toujours chaude, que vous soyez à la surface ou à -25m. On nous a dit qu'apparemment, la température baisse seulement de 3 degrés sous les 45m de profondeur. Dites ça à n'importe quel plongeur, en lui précisant que l'eau est ici à 27°, et regardez sa tête : il n'aura sûrement jamais vu ça.  


Avant tout cela, nous prenons l'avion à 10h15, et quittons la guesthouse un peu après 8h. Sur le port de Vaitape, le village principal de Bora, Fred discute - en attendant le bateau qui va nous ammener à l'aéroport - avec le propriétaire du bateau de pêche au gros, le seul, qui emmène des clients des hôtels, pour un prix astronomique, prendre du thon, espadon et autres. L'homme est venu à Bora il y a deux ans et a appris que le bateau était en vente, et l'a acheté. Sûrement malin, quand on sait qu'il est le seul à faire ça ici. La navette arrive, et nous naviguons sur le lagon, éclairé pour notre plus grand bonheur par le soleil. Et en décollant, à l'heure, la lumière est idéale pour pouvoir cette fois-ci, contrairement à l'aller, observer l'île et le lagon de haut, comme il faut. Photo de carte postale en regardant à travers le hublot.


Après avoir fait un stop sur l'île de Tikeau, nous arrivons à Rangiroa. Le temps est parfait. Nous rencontrons Alain, de la Pension Bounty, un francais ayant crée la guesthouse il y a 11 ans. Il nous propose de plonger cet après midi, dans une grosse heure. Après la visite de la pension et la découverte de la chambre, nous sommes ok pour y aller, vers 14h.


Le temps d'aller déjeuner rapidement au bar de l'hôtel Kia Ora, face au lagon, dans un joli cadre (l'hôtel est situé à un lancer de noix de coco de la guesthouse, le top), et nous partons pour le club de plongée local. Nous partons en bateau avec Sinbad, un polynésien, à Tiputa Pass (une zone à 10 minutes séparant deux bandes de terre). En gros, c'est ici et dans l'autre passe, celle de Avataru, que tout se passe, et où la vie aquatique s'exprime le plus. Nous restons sous l'eau 45min, et decendons à -25m. Une fois passées les petites vagues en arrivant sur l'ouverture sur l'océan, en bas, c'est un aquarium géant. Il y a des poissons partout (poissons-perroquet, poissons-papillon, jaune et noir, quelques bancs d'une vingtaine de poissons de la taille de daurades, se laissant porter par le courant, 2 baraccudas rayés au dessus de nous, une myriade de petits poissons tout autour, des coraux partout, un poisson-napoléon au loin). C'est clairement autre chose que ce que nous avons vu jusqu'à présent. Il y a en revanche beaucoup de courant. Une belle plongée, même si nous n'avons pas vu de gros, de requins, ni de dauphins. "C'est désert" nous dit Sinbad, notre moniteur de plongée. Dommage, mais nous sommes contents. C'est aussi la première fois que nous plongeons en autonome, à devoir simplement suivre un guide. Tout s'est bien passé, et nous n'avons envie que d'une chose, y retourner.


Nous retournons à la guesthouse, nous douchons, et allons à l'hôtel de luxe Kia Ora Resort, l'un des rares de l'archipel, pour regarder le soleil se coucher, à côté de quelques bungalows sur pilotis. Nous profitons d'être là pour discuter avec le Relationship Manager, un des boss de l'hôtel, pour se renseigner sur les chambres, le restaurant etc... nous discutons du service qu'il propose aux personnes venant à Rangiroa en bateau, de demandes particulières qu'il peut avoir, et de ce que nous faisons. Nous restons presque une heure à discuter ensemble. Nous rentrons ensuite pour diner calmement, un peu trop à notre goût, à la guesthouse, en compagnie de Alain, le propriétaire de la guesthouse, et de 3 italiens, plus ou moins agés. Pas grave, nous retrouvons rapidement notre chambre, confortable et douillette, et le lit, au grand matelas un peu mou.

 

 

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mer.

12

juin

2013

J14 - Bora Bora - Sous le soleil des tropiques

Température de l'air : 33°C

Température de l'eau : 27°C

Moment fort de la journée : Jouer à la pétanque à 16 000km de chez soi face aux bungalows sur pilotis

 

Programme du jour : prendre des vélos et faire le tour de l'île. Assis sur la selle un peu dure à notre goût, nous partons dans le sens inverse à celui que nous avions en tête, après avoir croisé rapidement Michel, du restaurant Faré Manuia, qui nous conseille d'aller vers l'est, afin d'avoir de plus belles couleurs, et malgré une montée un peu dure à mi-parcours. Effectivement, son conseil est judicieux car nous avons rapidement de jolis bleus, comme nous les aimons. Le soleil est présent, mais ce n'est pas le grand ciel bleu. L'île est plutôt désertique, sans beaucoup d'habitations, et remplie par la végétation, cocotiers en tête. C'est d'ailleurs ici à Bora que nous en trouvons le plus. Nous sommes désormais habitués, mais les images de cartes postales fleurissent à chaque tournant, que ce soit les cocotiers géants bordant l'eau, ou les petits motus à quelques centaines de mètres du rivage, et qui encerclent l'île. A un moment, nous nous arrêtons sur ce que nous croyons être un cimetière, en voyant des pancartes avec des dates inscrites dessus, sans vraiment savoir si nous sommes dans le vrai. Avec des inscriptions en tahitiens et des références politiques, on dirait presque un lieu un peu vaudou. Bizarre, et intriguant. Nous reprenons la route, et terminons les 32km à parcourir. Les couleurs changent en fonction de l'orientation, et une zone turquoise peut vite devenir terne en fonction des rayons ou des nuages. En arrivant au niveau de Vaitape, presque à la fin du parcours, nous nous arrêtons au Yatch Club, où nous souhaitions aller un soir pour observer le soleil se coucher. L'endroit est désert, hormis les 3 français d'une petite trentaine d'années gérant le lieu. Nous en profitons pour nous désaltérer, et discuter avec eux au bar, devant la terrasse fleurie, de la vie locale, du coût des choses ici, des polynésiens etc... très intéressant. L'occasion de poser bien des questions, du rapport entre les touristes et les locaux, de notre impression sur Bora, que nous trouvons extrèmement calme, ou bien des dégats causés par le cyclone de 2009. L'un d'entre eux, Jul, nous dit que si c'était à refaire (racheter le lieu, reconstruire et l'animer), il ne le ferait pas. Grand regret, il nous parle d'une soirée qu'ils organisent vendredi soir, avec body painting, défilé de bikinis, et DJ. Pour une fois qu'il se passe quelque chose ici, tout le monde va venir, même les dernières miss Tahiti. Vraiment dommage, car bien des propriétaires de yatch seront là, et l'ambiance sera sûrement bonne. Une occasion rater de faire la fête. Nous serions bien rester un peu plus longtemps, et pourquoi pas déjeuner, mais nous devons rendre les vélos dans la demi-heure. C'est donc en pédalant un peu plus fort, malgré les rayons qui nous tombent directement dessus, que nous rentrons. Nous faisons un stop rapide dans un restaurant autrefois célèbre pour les stars qu'il accueillait (mais pas de trace de stars récentes sur le grand panneau listant les clients prestigieux ayant fait un tour par ici), puis un autre, pour faire quelques photos du lagon, parfaitement éclairé de ce côté-ci, typiques des îles tropicales. Fred trouve d'ailleurs l'endroit où nous revenons pour déjeuner, à pieds, juste à côté, en extérieur sur une petite terrasse, presque les pieds dans l'eau, jouxtant un cocotier isolé. Superbe, et calme. Nous n'aurions pu trouver mieux. Un des plus beaux décors devant lequel il puisse être donné de déjeuner. Nous rentrons d'ailleurs à pieds en marchant sur le sable. Audrey ne résiste pas à l'appel du bleu, et va se rafraichir. Le ciel est parfaitement dégagé.

 

Notre idée initiale d'aller passer l'après-midi dans un hôtel est tombée à l'eau en allant déjeuner dans ce petit restaurant. Il est en effet 13h, et le temps d'appeler un hôtel, d'attendre la navette, et d'arriver, cela ne laissera pas beaucoup de temps pour profiter de la piscine. Et vu le prix, facilement 70 euros (alors qu'au Cambodge, c'était 15 euros), nous préférons faire autre chose. Nous pensons du coup aller voir le coucher de soleil au Yatch Club, mais la vie va en décider autrement.

 

Il est 15h lorsque nous arrivons à la guesthouse, et croisons Robert, le mari de Tina (qui tient la guesthouse), et son frère, discutant à côté de notre chambre en regardant la mer. Apparemment, le genre de discussion typique des anciens du village. Nous ne pouvons bien sûr pas faire autrement que de bavarder quelques instants avec eux, d'autant qu'il n'y a que nous dans les environs. En fait, nous n'arrivons pas vraiment à arrêter la conversation, et acceptons du coup leur proposition d'aller jouer à la pétanque avec eux un peu plus loin, à côté des bungalows sur pilotis d'un hôtel. La situation est assez drôle, car nous nous retrouvons là en un rien de temps, à faire trois parties, en mixant les équipes pour ne pas nous faire laminer (Robert est un sacré tireur), au soleil, en saluant les enfants du coin qui passent de temps en temps, et à faire partie du décor le temps d'une grosse heure. Il devient du coup difficile de tout arrêter et de les laisser pour partir au Yatch Club, car ils semblent bien nous aimer, et insistent pour une dernière partie. Sentant l'instant rare, nous restons, et changeons nos plans en annulant notre coucher de soleil - tant pis - pour privilégier la rencontre et l'authenticité du moment. Finalement, des couchers de soleil, nous pourrons en retrouver. Rester à passer un moment à terminer l'après-midi avec des sexagénaires de Bora et les écouter est moins probable. Une idée nous vient du coup en tête: interviewer l'un d'entre eux ! Une fois les parties terminées, nous expliquons à Robert notre souhait, en expliquant comme à chaque fois les raisons, le contexte, l'objectif de ces questions, et en le laissant libre de ne pas répondre à certaines d'entre elles s'il préfère. Il accepte après nous avoir écouté. Heureusement, en plus des questions habituelles, nous en avions préparé des spécifiques à la Polynésie. L'interview va durer deux bonnes heures, devant l'interêt qu'il va porter à nos questions, heureux de pouvoir avoir la parole, de rencontrer des clients différents (selon ses propres propos), et surtout de trouver des jeunes s'interessant à toute sa culture. Il fait nuit depuis un bout de temps quand nous terminons notre discussion. L'heure d'aller dîner. Trop tard pour aller au Yatch Club, nous remontons le chemin menant à la route principale, comme tous les autres soirs, et allons à la Roulotte Matira pour dîner, dont une fille originaire de Bora nous avait parlé à Huahine. Cela dit, c'est la seule roulotte dans le coin, désert. Nous sommes les seuls clients, et discutons avec Sam, un jeune mi-polynésien mi-indien, qui tient la roulotte. Il a de l'ambition, des projets, et se sent à l'étroit en Polynésie. Bref, un vrai contraste avec les propos de Robert. Le repas fini, nous nous arrêtons quelques instants devant la boutique fermée pour nous connecter (et confirmer notre résa pour une guesthouse à Rangiroa), et retournons à la chambre, vers 23h30.

 

 

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mar.

11

juin

2013

J13 - Bora Bora - La face B

Température de l'air : 30°C

Température de l'eau : 27°C

Moment fort de la journée : assister à la fête annuelle des enfants et les voir danser en costume de fleurs


Comme hier, la journée commence par quelques fruits frais et juteux. Rien de tel pour vous réveiller et faire le plein d'énergie. Fred part pêcher au gros avec un local, qui vient le chercher à 8h. Il fait connaissance avec Mario, un ancien pompier de Bora, qui l'emmène en ville, à Vaitape, pour prendre de l'essence (il n'y en a pas dans le bateau). Malheureusement, dans les deux stations-service de l'île, les futs sont vides. Mince. Nous attendons un peu, car un bateau devrait en apporter dans une heure, mais vers 9h30, il est toujours impossible de remplir les bidons que Mario a apportés. Il part du coup quelque part, apparemment chez un ami, et dépose Fred sur la petite place près du mini-port, le temps de trouver une solution. Fred en profite pour regarder la vie locale, et la rue s'animer. Mario revient, sans essence, et propose d'aller chercher Audrey à Matira Point pour qu'elle puisse assister à la grande fête qui a lieu ce matin sous le chapiteau du port. C'est en effet aujourd'hui que se tient la fête de l'école, et que tous les écoliers et enfants de Bora sont habillés en costume traditionnel, couronne de fleurs tressées et colorées sur la tête, et vêtements tribaux ou polynésiens pour le reste. La fête a déjà commencé quand nous revenons. Audrey est ravie. Les enfants, par groupe et classe, chantent ou dansent devant les parents, amis, voisins ou curieux disposés tout autour du grand espace servant de scène. Nous restons tous ensemble, assez contents de notre côté de voir quelque chose d'authentique et de local. Il y a des enfants partout, c'est un festival de couleurs et de sourires. Un homme parle au micro pour animer et présenter les différentes classes. Des frites sont à vendre, tout comme des boissons ou des sandwhich. Bref, une vraie fête populaire. Il fait beau et chaud, et c'est un régal de regarder les petits de 5 à 13 ans danser, essayer de se souvenir de la chorégraphie apprise par la maîtresse, chercher leurs parents du regard, ou s'amuser entre eux. Ils sont très mignons. En revanche, il n'y a toujours pas d'essence, et il va falloir attendre midi pour que Mario trouve une solution, en appelant son frère qui viendra nous livrer une heure plus tard dans le lagon, par jetski. La fête dure jusqu'à 11h30, et se termine par des chants et des défilés. Encore une fois, ils sont trop mignons. L'idéal aurait été d'être là en juillet, dans quelques semaines, car c'est à ce moment qu'a lieu la fête annuelle de Bora, le Haeva, où ce sont cette fois-ci les grands qui dansent et chantent. Une fête attendue par tous, où plusieurs groupes se présentent et sont en compétition, avec chaque soir plus de 4h de danse de haut niveau, et pris très sérieusement par tout le monde, dans un décor traditionnel reconstruit en feuille de pandanus. Apparemment, c'est énorme. Tina nous en avait parlé avant-hier d'ailleurs, sur le trajet de l'aéroport. Quel dommage, nous aurions adoré, et fait la fête tous les soirs. Le genre de choses authentiques, loin des spectacles pour touristes, parfaitement représentatif des arts polynésiens. Mario revient nous chercher, et nous partons raccompagner Audrey, qui a peur d'avoir le mal de mer. Son bateau n'est pas très loin, juste à côté du ponton de l'Intercontinental de la pointe Matira. Fred passe chez lui, pour prendre les cannes, remplir la glacière de fruits et d'eau, ainsi que de lait de coco pur pour préparer un peu de poisson cru sur le bateau en fonction de ce que nous attraperons. Chez lui, Mario lui fait goûter le miel qu'il confectionne, ainsi que du piment sucré - pas piquant du tout - qui pousse tout autour. Sympa. Nous chargeons tout cela sur le bateau. La vue est belle, le soleil brille, et le lagon est éclatant. Sur le côté se trouvent la plage de l'hôtel et les bungalows. De nouveau, un paysage de cartes postales. Sauf que c'est une réalité, et que Fred est là pour partir avec un polynésien en mer, chez lui, autour de son île, dans un décor exotique qui n'est pour Mario qu'un cadre classique auquel il est habitué depuis tout petit. Son bateau est sommaire, puissant, d'un jaune profond offrant un beau contraste avec le bleu de l'eau. Les couleurs partent dans tous les sens. Dans la continuité de la fête de ce matin, c'est un moment différent des excursions impersonnelles et formelles, proposées par les hôtels, que Fred a la chance de vivre. L'occasion surtout de voir Bora sous un visage inattendu, loin des clichés. 


Le bateau démarre, Mario met les gazs, et nous filons en contournant les bungalows luxueux, juste à côté desquels nous passons, traçant sur le bleu azur de l'eau claire. Encore une fois, la couleur de l'eau est magnifique. Cela fait maintenant un peu de temps que nous sommes dans ce coin du monde, mais cette couleur nous surprend toujours autant. Ca brille, ça saute aux yeux, ça réveille votre pupille. Prendre un coup de soleil à trop contempler la surface de l'eau ? On pourrait presque le penser. Gilbert Montagné avait raison : sous les sunlights des tropiques, ça crée quelque chose de magique ! Nous croisons une raie léopard. Filant sur le lagon, il vaut mieux s'accrocher. Mario arrête le moteur, passe un coup de fil, et le jetski de son frère vient nous ravitailler. Il est 14h. Fin prêts, nous pouvons partir pour de bon, et sortir du lagon. Cela aura pris du temps, clairement raccourci la sortie de pêche qui était prévue, mais ca y est, on peut y aller. Fred est un peu déçu de commencer si tard néanmoins, car il voulait passer une journée sur le bateau, avoir la lumière du matin, et avoir un temps de pêche plus long. Dommage. Nous partons à plusieurs kilomètres de la barrière de corail, et mettons une traine à l'eau, ainsi qu'une ligne attachée à la grosse canne à pêche (et surtout au gros moulinet doré). La canne peut supporter un poids de plusieurs centaines de kilos, rien que ça. Sous le bateau, le fond descend à une centaine de mètres de profondeur, puis rapidement à plusieurs kilomètres. Mario lui explique comment tenir la ligne de traine, lui montre les différents appats, dont certains (en forme de calamars multicolores) sont énormes, et lui explique comment repérer les bancs de poissons, grâce aux concentrations d'oiseaux. Nous en cherchons des yeux, puis mettons le cap dans leur direction. L'île de Bora est sur notre droite. La vue est belle depuis ce point de vue un peu plus écarté que d'habitude. Les oiseaux, une fois sur place, tournent autour de nous, puis se déplacent très vite vers d'autres endroits. Après une heure de trajet, et à attendre que quelque chose morde, Fred ramène une bonite, c'est-à-dire un poisson d'environ 60cm, de la famille du thon. Il a senti immédiatement quand le poisson a mordu, puis a tiré le fil peu à peu pour le ramener, et qui saute parfois hors de l'eau. Mais il n'est pas très gros, c'est un "petit" poisson pour ici. Ce que nous souhaitons prendre, c'est un ou plusieurs thons, un espadon, ou des mahi-mahi. En fait, des poissons de plusieurs dizaines de kilos. Ce n'est pas pour rien que cela s'appelle de la pêche au gros. Nous repartons donc silloner le tour de l'île, en scrutant pour chercher les oiseaux, mais ceux-ci se font rares. A tel point que nous ne prenons rien d'autre, même après être passé et être resté à côté d'une balise DCP, qui a pour but d'attirer les poissons du coin. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayer, car nous restons au final trois heures en mer, à tourner, aller et venir, changer de coin, les fils toujours dans l'eau à espèrer que ça morde. Le soleil commence alors à descendre. Mario, qui savait que Fred voulait voir les vagues de plus près se cassant contre la barrière, l'emmène dans l'endroit qui va bien pour les observer. C'est très sympa, notamment quand on voit la houle, pas très grande mais malgré tout impressionnante par les mouvements de l'eau qu'elle crée (des ondulations espacées, régulières, hautes de quelques mètres, et larges), arriver et former au dernier moment une vague qui se dresse d'un coup (hauteur d'eau baissant rapidement au niveau de la barrière oblige). Mario tente de s'approcher, grâce au puissant moteur qui permettrait de sortir rapidement d'un endroit s'avérant d'un coup trop dangereux, mais doit rester en dehors de la zone de break. Nous voyons donc le bateau se soulever, puis l'ondulation nous dépasser pour se casser pas très loin, avec le bruit de la vague et l'île en arrière plan. Cela rappelle à Fred quelques documentaires sur le surf, où les caméramen captent les images de vagues se cassant au large, et non sur une plage, loin de la côte, typique des endroits disposant d'une barrière de corail protectrice. Quelques vagues sont belles, surtout quand nous repartons, et tournons en même temps que la barrière, permettant en regardant derrière de suivre le mouvement de la vague au fur et à mesure qu'elle s'approche du récif, et de voir toujours le rouleau de profil, au fur et à mesure qu'il progresse. Lorsqu'une série est plus forte que les autres, les vagues sont superbes. C'est à ce moment que nous retournons dans le lagon, franchissons la passe, et regardons le soleil se coucher à l'horizon. Nous passons à côté d'un bateau permettant aux clients d'un hôtel du coin (tous situés sur un motu autour de l'île, et sur la barrière, exceptée l'annexe de l'Intercontinental située à Matira) de voir le coucher du soleil sur l'océan. Une dizaine de minutes après, nous sommes à la pointe sud, au niveau de notre guesthouse. Après avoir poussé les moteurs aux trois quarts (ça pousse fort !), Fred descend du bateau, face à la guesthouse, bonite et sac à la main, avec 1,3m d'eau, et marche en évitant les coraux pour arriver à la chambre. Ici, on vous dépose devant chez vous, dans l'eau, si vous êtes encore en maillot de bain. Pacifique Sud oblige, l'eau est chaude et cela ne pose aucun problème. Il est 18h.


Fred donne la bonite à Tina, qui prépare une demi-heure après un carpaccio délicieux et garde quelques filets. Fred raconte l'après-midi à Audrey, et sa déception de ne rien avoir ramené. Mario lui-même était étonné. Que voulez-vous, c'est la nature dira-t-on. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé, même si cela aurait sûrement été un peu différent si nous étions partis tôt le matin. Car pour le prix payé, même si bien moins cher que ce que demande le tour-opérateur de l'île, l'expérience est un peu juste, et a été raccourcie. De toutes façons, de l'aveu des métropolitains installés ici, tout est cher à Bora-Bora.

 

L'heure tournant, soleil couché depuis un moment, nous passons un peu de temps devant le magasin pour nous connecter à Internet, et contacter une guesthouse à Rangiroa. La roulotte où nous souhaitons aller manger un bout ferme, et nous nous rabattons sur le Fare Manuia, le restaurant d'hier et d'avant-hier, où nous sommes toujours aussi bien reçus. Nous donnons d'ailleurs à Michel, qui travaille là-bas, des images et des films de la fête de ce matin, où nous l'avons croisé en coup de vent, nous demandant de filmer sa fille si nous pouvions. Nous dinons rapidement, puis empruntons la petite route sombre pour rejoindre la guesthouse, 500m plus loin. Le bruit des vagues au loin se fait entendre, et nous levons la tête pour voir les étoiles au dessus des cocotiers qui se dressent une dizaine de mètres au dessus de nous. Une nouvelle vue qui nous éblouit, et qu'il faudra renouveller.

 

 

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lun.

10

juin

2013

J12 - Bora Bora - Tour du Lagon

Température de l'air : 27°C

Température de l'eau : 26°C

Moment fort de la journée : commencer à s'inquiéter quand un requin citron quitte le fond puis tourne lentement en cercles resserrés à 2 mètres de nous

Premier jour ici, et mauvaise surprise en découvrant ce matin qu'il ne fait pas beau. Vraiment dommage, car c'est aujourd'hui que nous faisons le tour du lagon. Du coup, probablement pas de couleurs magiques, ou pas assez.  A 7h30, nous mangeons comme hier un pamplemousse et un ananas toujours aussi juteux, dans un esprit un peu inquiet, à cause de la météo. Nous croisons même les doigts pour ne pas avoir de pluie. Avant de partir avec Tina vers le ponton du bateau qui va nous balader une bonne partie de la journée, Fred passe quelques coups de fils, pour se renseigner sur les navettes permettant d'accéder par exemple à l'Intercontinental, sur les plongées possibles, et sur les tarifs de pêche au gros (proprement hors de prix. Comptez 800 euros la demi-journée, et 1200 la journée. Non, il n'y a pas d'erreurs de frappe, c'est bien ça).

 

A 8h45, nous sommes sur le bateau, en compagnie de 2 autres personnes, un couple homo de Montpellier que l'on prend pour les premiers mariés homo de France (mais ce ne sont pas eux, après avoir cherché. Et ils n'avaient pas d'alliances), et sommes accompagnés d'un Polynésien, aux commandes du bateau. Nous faisons le tour du lagon, et passons dans un hotel de luxe chercher deux autres clients, un couple de français quinquagénaires. Le tour est sympa, bien sûr (comment ne pas apprécier d'être en bateau à Bora Bora ?), mais honnêtement, on ne voit pas ce qu'on aurait du/pu voir si le soleil avait été de la partie. Ayant deux îles polynésiennes derrière nous, et presque deux semaines depuis notre arrivée, nous savons comment les couleurs peuvent se révéler, briller, chanter, et être pleine de nuances. Malheureusement aujourd'hui, ce n'est pas le cas. C'est vraiment dommage. Certains nous avaient dit que le lagon de Bora Bora est l'un des plus beaux au monde, et ils ont sans doute raison, ne serait-ce que de part sa taille et ses différentes profondeurs, permettant d'obtenir une grande palette de couleurs bleutées. Mais nous ne pourrons pas confirmer, car nous ne l'appécions pas sous son meilleur jour. Est-il plus beau que celui de Huahine, ou celui de Rangiroa ? Difficile à dire, mais ils appartiennent tous à la même catégorie. Celle des cartes postales et des plus beaux paysages naturels de la planète.


Nous faisons un premier arrêt snorkeling en dehors du lagon, juste après avoir franchi la passe, pour observer des requins. Des pointes noires, mais aussi des requins citrons. L'eau ici est bien transparente, le fond à 8m est parfaitement visible, permettant de ne rien louper du spectacle. Attirés par des bouts de pain jetés dans l'eau, d'innombrables petits poissons viennent autour de nous. Les pointes noires ne sont pas loin, et se rapprochent. De toutes façons, il y en a partout ici. A l'aise dans l'eau, habitués à leur présence, et voyant leur crainte quand nous faisons un geste trop brusque, nous les observons, notamment quand ils tournent à quelques mètres de nous, passant et repassant, par dizaines. Franchement, on ne se lasse pas de les regarder, sous tous les angles, et surtout quand un ou deux arrivent de face, ce qui les rend un poil plus impressionnant. On aurait presque envie de tendre la main et d'aller essayer de les toucher. Il n'y a pas à dire, ce sont des bêtes gracieuses. Plus bas, près du fond, nous apercevons deux requins citrons, semblables à ceux que nous avions vus lors de notre dernière plongée à Moorea, bien plus massifs et longs, et qui semblent plus dangereux (sans l'être cependant). Ils tournent tranquillement sous nos pieds, là-bas, puis, après quelques instants à regarder d'autres choses, nous les voyons un peu plus haut, à mi-hauteur, se rapprocher. Probablement attirés par l'effervescence de la surface et l'agitation des poissons autour de nous, ils sont désormais à quelques mètres de profondeur, voire à celle de Fred quand celui-ci descend en apnée pour filmer tout ça d'un peu plus bas. Curieux, ils se rapprochent d'ailleurs un peu plus. L'un d'entre eux passe même à un mètre sous nos pieds. Voir un tel poisson, le plus gros que nous ayons vu, si imposant, et si agile, passer juste sous vous commence à nous mettre mal à l'aise. Celui qui l'accompagne, effectuant des cercles autour de nous, à à peine quelques mètres, enfonce le clou. Du coup, nous nageons vers le petit escalier du bateau pour remonter, commençant à flipper. Fred, qui préfère aussi remonter, se dit que le requin a sûrement senti son rythme cardiaque s'accélérer légèrement, et n'aime pas ça, notamment quand il lui tourne le dos et nage vers le bateau sans voir ce qu'il y a derrière lui. C'est probablement injustifié (nous apprendrons plus tard que non, les requins pouvant sentir les changements de rythme cardiaque et électrique), mais naturel. Juste avant, nous avons pu observer un polynésien descendre en apnée pour se placer derrière l'un d'entre eux et s'accrocher brièvement à son aileron. Whaou, ils n'ont pas peur. Difficile de savoir si les squales sont habitués, si cela les excite ou les rend nerveux, ou si cela ne les dérange pas. Très souvent, un poisson est accroché à une nageoire pectorale, et suit les mouvements du requin : c'est ce qu'on appelle un poisson-pilote (ou rémora). Nous aimons bien les regarder.


Une fois ce petit tour dans l'eau effectué, nous revenons dans le lagon, pour aller voir les raies. Malheureusement, dès que le bateau approche de la zone où nous allons, au ralenti, celles-ci arrivent là aussi par dizaines, habituées à être nourries. Difficile semble-t-il d'échapper à cette pratique ici. C'est donc en jetant des bouts de poissons à l'eau que notre capitaine du jour attrape "Juliette", une raie dont le dard a été enlevé, la sort un peu de l'eau en la soulevant, et nous permet de la caresser, pour sentir la douceur de sa peau. Pas terrible comme pratique. ce genre d'animal ne devrait pas être habitué à une telle proximité avec l'homme. Mais pour être honnête, nous ne résistons pas à l'envie de nous approcher, quand même curieux, et de la toucher, pour découvrir que le contact est doux, sauf en s'approchant de la queue. D'autres raies pastenagues, d'environ un mètre de diamètre (donc très grandes), tournent autour de nous, en frolant nos pieds. Des requins pointes noires sont aussi dans la zone, mais ne s'approchent pas aussi près. Un moment et une sensation un peu mitigés, balancés entre la curiosité, le défaitisme, et l'envie de ne pas cautionner cette pratique. Trop tard bien sûr. Il aurait fallu demander à Tina un opérateur différent, ne pratiquant pas cela. 

 

Enfin, après 20 minutes à observer la faune du coin, nous changeons d'endroit, et rejoignons le jardin de corail. Là-bas, le bleu de l'eau n'est plus turquoise comme il devrait l'être dans les endroits visités ce matin quand le soleil brille, mais bleu marine un peu clair, un peu brillant, parsemé de tâches sombres que sont les patates de corail, volumineuses, du fond, cinq ou six mètres en dessous. Masques et tubas vissés sur la tête, nous nous remettons à l'eau, pour découvrir une zone pleine de vie, et connaître le plus beau snorkeling du voyage pour le moment. Les coraux sont plus colorés qu'à Moorea, et surtout, nous voyons pour la première fois des bénitiers, accrochés au corail, arborant des couleurs turquoises, mauves, beiges, et tâchetés de points noirs, qui se rétractent lorsque nous faisons un mouvement un peu brusque à leur niveau. C'est superbe de variété, et apporte une richesse visuelle qui manquait jusqu'alors. Les poissons-papillon jaunes sont là par centaines, d'autres poissons stagnent au fond par bandes de 20 sans bouger, ou d'autres encore nous dépassent ou passent juste devant nos yeux lorsque nous nageons pour rejoindre un autre endroit et se balader dans le coin. Bref, l'endroit porte bien son nom. Et quand il y a du corail, il y a de la vie, et il y a des poissons. En allant dans la direction que nous indique un des polynésien, nous arrivons parmi d'autres touristes près d'un gros bloc de corail, où une murène a élu domicile dans un trou. Un polynésien part en apnée pour l'attirer, réussit à la faire sortir partiellement, et la capture en la prenant par les côtés, pour la sortir complètement du trou. La bestiole est énorme (un mètre cinquante de long, pour trente centimètres de large), et ondule à peine lachée, pour regagner sa cachette. Fred, qui est juste à côté, n'en croit pas ses yeux et filme tout cela. Encore une fois, ils n'ont pas peur ces polynésiens. C'est fou de voir ça de ses yeux, d'être là dans l'eau, et d'avoir une murène "géante" (pour nos repères de français) hors de son trou à un mètre de soi. Nous continuons ensuite notre promenade aquatique, et ne nous lassons pas de dévier, suivre quelques poissons, essayer d'en toucher certains, ou descendre un peu pour aller en découvrir d'autres. Un moment très sympathique.


C'est la fin de matinée, et l'heure de rejoindre le motu, où nous attend un bel endroit aménagé pour les touristes, pas très sauvage mais qui a de la gueule, de quoi nous restaurer, et un point de vue en hauteur permettant d'observer une partie du lagon. Dommage qu'il ne fasse pas beau, car à cet endroit, les couleurs doivent être éclatantes. Nous sommes déjà enchantés, et contents, mais savons que la vue n'offre pas son plein potentiel. Une fois le déjeuner terminé, nous restons à nous reposer, sur un transat ou en retournant faire du snorkeling, à observer une raie juste au bord de la petite plage de coraux concassés, quelques poissons, ou trois petites murènes cachées dans les trous du muret de pierre. 14h30, nous sommes raccompagnés à Matira, et laissés sur le ponton de l'hôtel Intercontinental, qui nous offre l'occasion de visiter sa plage et sa piscine. Nous ne restons pas très longtemps, et rentrons à la guesthouse. En ouvrant notre grande porte-fenêtre, nous regardons le bel arc-en-ciel au dessus du lagon, coincé entre le bleu clair de l'eau et le gris des nuages. Rincés et propres, nous allons au magasin pour nous connecter à Internet, discutons avec le propriétaire de la vie politique locale, comme par exemple des indépendantistes, et allons aussi au restaurant d'hier soir pour approfondir la possibilité de faire de la pêche au gros avec le beau-frère du gérant. Avant d'y retourner pour dîner, nous faisons à la nuit tombée une balade sur la plage, avec peu d'étoiles dans le ciel (la Southern Cross est invisible). En dinant, puis en discutant avec Régis et David, c'est conclu, Fred ira pêcher au gros demain avec un polynésien. N'ayant pas d'essence dans le bateau, nous ne partirons pas à 5h du matin, mais vers 8h, une fois que la station-service sera ouverte.

 

Au delà de nos occupations du jour, notre sentiment après avoir un peu déambulé à Matira, avoir discuté et posé quelques questions, est que Bora-Bora est une île très calme, où il y a les touristes d'un côté dans les hôtels sur les motus, et les locaux de l'autre, sur l'île. On se croirait presque dans un village de campagne française (il n'y a que quelques milliers d'habitants répartis sur toute l'île), où tout est fermé et éteint après 21h. Peut-être y a-t-il plus d'ambiance dans les hôtels ?

 

 

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dim.

09

juin

2013

J11 - Bora Bora - La perle du Pacifique

Température de l'air : 32°C

Température de l'eau : probablement 27°C

Moment fort de la journée : Atterrir à Bora Bora


Anthony, du club de plongée, nous a gentiment proposé hier soir de nous accompagner à l'aéroport quand nous nous sommes renseignés sur les moyens pour s'y rendre, et voyant que nous étions prêts à faire du stop. OK, nous partons à 8h15, soit bien avant notre vol de 10h15, mais bon, on ne va pas se plaindre. Attestation PADI en poche et récupérée, c'est donc en laissant les passagers du vol précédant le notre arriver les uns après les autres, dans cet aérodrome un peu plus grand que celui de Huahine, que nous attendons le signal nous permettant de monter à bord de l'ATR, en profitant de l'attente pour rédiger un article, assis sur un banc (car ici, pas de cafés, jute une petite boutique de cartes postales et de souvenirs). Nous décollons à l'heure, sous un temps gris. Dommage donc pour la vue sur le lagon, côté gauche.


Bora Bora est située à 260km au nord-ouest de Tahiti. L’île mesure à peine 29 km², mais son lagon est trois fois plus étendu (82 km²), avec de nombreux motus sur son pourtour. Surnommé "la perle du Pacifique", l’île est réputée pour avoir l’un des plus beau lagon du monde. Et c'est probablement vrai. Nous arrivons vers 11h, après avoir pu apercevoir entre quelques nuages qu'effectivement, le lagon a l'air magnifique. Nous sommes néanmoins déçus, car il fait presque gris, et cela nous empêche d'apprécier ce qui aurait sûrement été l'une des plus belles vues du voyage. L'avion se pose sur un motu, donc sur une petite île détachée de l'île principale, que nous rejoignons par bateau après un peu d'attente. Contrairement aux clients des grands hôtels, nous n'en avons pas un spécial qui vient nous chercher pour nous emmener. C'est ça Bora Bora. Un avion qui atterrit sur une piste bordée de cocotiers, sur une bande de terre à peine dix mètres du turquoise (vous êtes donc au bord de l'eau - et quelle eau ! - dès le premier pied posé par terre), et votre bagage récupéré (pas de tapis roulants en Polynésie, juste un gars qui tire un chariot et les pose sur une grande table), vous montez dans un bateau et êtes déjà à filer entre les variations de bleu. Nous arrivons à Vaitape, la principale ville de Bora. Les autres ne sont d'ailleurs que de petits villages, sans véritables commerces. Quelques entassements de maisons en fait, au milieu de la végétation. Mais généralement, les touristes sont sur les motus, à l'écart, dans les hôtels de luxe, tout autour de l'île. Nous, nous allons tout au sud, à la pointe Matira, le dernier petit bras de terre du sud, dans une guesthouse, chez "Robert et Tina", deux polynésiens ayant ouvert la pension il y a 25 ans (Tina nous attend à l'aéroport), et ayant résisté à ceux qui les accuse de "casser les prix", puisque étant parmi les premiers à avoir installé une alternative aux grands hôtels. L'endroit est en effet loin d'être luxueux. C'est moins bien qu'aux Tipaniers (qui étaient vraiment bien), plus dans l'esprit des guesthouses que nous avons connues jusqu'alors. Nous avons une chambre, et une salle de bain (sans eau chaude, à l'eau fraîche mais pas froide, et en fait parfaite vu la chaleur), ainsi qu'un accès immédiat à la plage (en fait un accès à l'eau plus qu'une vraie plage), déserte, et située à moins de cinq mètres de notre terrasse. Tout est propre, et plutôt spacieux. Petit détail agréable, le lavado est un grand bénitier. Bref, nous sommes presque chez l'habitant, à une demi-heure de marche de la ville. Tina nous dit que nous faisons comme nous voulons ici. Elle est dispo sur demande, mais ne s'occupe pas des clients sinon. D'où les avis mitigés sur le service que nous avons pu lire. Mais pour l'instant, notre contact avec elle est bon, et les règles du jeu claires. Tout est très calme, presque trop. Il fait nuageux. Notre premier contact avec Bora est un peu mitigé, car n'avons pas la sensation d'être dans le Bora Bora des brochures de voyage. A cause du temps, et du manque de couleur, mais aussi finalement par choix, puisqu'il semble que nous soyons plus au milieu de la vie locale, et non dans un complexe hôtelier haut de gamme (mais ça, on le savait). En tirant le rideau de la baie vitrée, nous découvrons en revanche la mer devant nous, sa proximité, et quelques belles couleurs quand les rayons parviennent à percer. Superbe. Avec la grande cuisine la porte à côté, nous pouvons presque dire que nous avons un petit appartement face à la mer. Un des deux hôtels Intercontinental est à deux pas (nous passerons tous les jours devant en rejoignant la route principale faisant le tour de l'île). En nous promenant un peu, nous découvrons ses bungalows sur pilotis, à peine à 30m. Nous défaisons notre sac et, affamé, partons en direction d'un endroit pour déjeuner. Sur la route pour venir, nous avons aperçu pas très loin un bout brillant du lagon. Nous décidons du coup de nous diriger de ce côté. 500m plus loin, nous découvrons un petit restaurant, plutôt bas de gamme, mais à la vue hallucinante, face au lagon. Nous mangeons ainsi un hamburger, la tête tournée vers le bleu clair. En entrant dans l'échoppe, cela fait d'ailleurs mal aux yeux. Nous profitons du moment pour définir le programme des jours à venir. Demain, nous ferons un tour de l'île en pirogue. Après-demain, peut-être un peu de plongée, puis louerons des vélos. Nous aimerions aussi aller dîner à l'Intercontinental (l'autre, que le Lonely encense pour son cadre phénoménal) un soir, et voir un couher de soleil depuis le Yatch Club.


Rassasiés, nous partons, toujours à pieds, vers le club de plongée le plus proche. Cela nous permet de découvrir un peu l'île, qui ressemble assez aux précédentes. Nous trouvons l'endroit, désert, et arrivons enfin à trouver quelqu"un après avoir demandé à un voisin (c'est sympa de pouvoir faire tout cela en français, si loin...). Malheureusement pour nous, les clubs de plongée ici ne proposent qu'une sortie "deux plongées" chaque matin (nous passerons un coup de fil à un autre un peu plus tard). Cela est du coup un peu pénible si vous ne souhaitez en faire qu'une par jour, comme nous, et va nous obliger à changer notre programme. Ce n'est donc pas sûr que nous plongions ici. Heureusement que nous n'avons pas à terminer notre formation PADI. En réfléchissant, nous nous rendons compte que nous ne pouvons pas rejoindre les hôtels de luxe, tous situés sur un motus (sauf l'Intercontinental d'à côté, mais qui n'est pas le principal Intercontinental de l'île). Heureusement, un système de navette est proposé par chaque hôtel, si vous venez manger un morceau ou passer la journée. Certains facturent cette prestation, d'autres non. Si nous n'allons pas à l'Intercontinental, nous souhaiterions aller au St Regis. Nous apprendrons dans quelques jours, en discutant avec les français ayant repris le Yatch club, que les restaurants des hôtels ne tiennent pas tous leurs promesses, et qu'il n'est pas possible d'accéder à la piscine du St Regis, même en allant y déjeuner. Nous réfléchissons, et n'arrivons pas à savoir si nous préférons aller déjeuner et passer l'après-midi dans un de ces complexes, ou juste aller dîner pour profiter du coucher du soleil. Bref, des problèmes existentiels sérieux, comme vous le voyez. Surtout que Fred aimerait bien faire de la pêche au gros. On verra. Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons dans un magasin sur le bord de la route, à 500m de notre guesthouse (située au bout du bout de l'île, au fond d'un passage à une seule voie quittant la route principale) pour acheter un paréo et dépenser les 2000 CFP (18 euros) necessaires pour pouvoir se connecter à Internet de manière illimitée jusqu'à la fin de notre séjour. On le répètera, tout est cher à Bora Bora. Nous rentrons vers 19h, après avoir passé un peu de temps sur le net, notamment à regarder de nouveau les guesthouses pour Rangiroa, et accessoirement s'assurer que notre déclaration de revenus est bien prise en compte.


Bob, l'américain rencontré à Moorea il y a trois jours, loge dans la même guesthouse que nous ici, et comme il nous l'avait signalé, part demain. Nous l'avions croisé un peu plus tôt dans l'après-midi, et avions convenu de dîner ensemble ce soir. Nous partons donc tous les trois, et allons au premier restaurant venu, juste au coin, face au magasin. De toutes façons, à part ce dernier, il n'y a qu'une roulotte. Les autres restaurants exigent d'aller un peu plus loin. Ne payant pas de mine d'extérieur, cela s'avère un choix remarquable, qui va nous bluffer en terme de produits et de service. On vous invite à trouver la section du site appropriée pour un compte-rendu intégral. Une bombe ce restaurant.

 

 

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sam.

08

juin

2013

J10 - Moorea - La visite qui va bien

Température de l'air : 32°C

Température de l'eau : 27° C

Moment fort de la journée : Obtenir son PADI sous le regard tout proche des requins-citrons de 2m

 

Last réveil à Moorea. "C'était sympa quand même", se dit-on lorsque nous sortons de la chambre sur les coups de 7h15. Le réveil fut un peu plus matinal que d'habitude, car nous avons dû remplir le questionnaire du PADI, assis sur la petite terrasse, alors que bien des clients dorment encore, et que les rayons du soleil, bien présents, ne sont pas assez verticaux pour ensoleiller la pelouse qui mène à la plage et au club de plongée. Henri passe d'ailleurs à côté de notre chambre par hasard, alors que nous sommes tous les deux assis l'un à côté de l'autre pour nous mettre d'accord sur nos réponses, à une ou deux près (histoire de ne pas avoir exactement tout identique quand même). On ne sait pas trop s'il s'en doute, mais il ne faut pas non plus le prendre pour ce qu'il n'est pas, d'autant que le bouquin bleu du PADI est posé sur la table. Pas très grave.

 

A 7h10, nous plions tout ça, et partons pour notre dernière plongée. On espère obtenir les 75% de bonnes réponses, et qu'elle se passera bien. On ne sait pas vraiment si seul le test compte ou si la qualité des plongées entre aussi en jeu. Une fois sur le petit promontoir du club, nous faisons rapidement connaissance avec un autre couple de notre âge, avec qui nous discuterons un peu plus sur le bateau pendant le trajet. C'est sympa de pouvoir dire que nous sommes en tour du monde. On paraît un peu moins ridicule quand ils nous disent qu'ils se sont installés ici. Avant tout cela, nous effectuons la procédure standard de pré-plongée, et packons notre matériel. Anthony, l'assistant d'Henri (un marseillais de trente ans) est en train de préparer la caméra pour filmer la plongée d'aujourd'hui. Cool, nous avions envisagé d'acheter le film s'il était disponible. 7h45, c'est parti. Tout le monde est sur le bateau, et nous sommes finalement neuf ou dix, même si tout le monde n'effectue pas forcément sa dernière plongée qualifiante. Un autre moniteur est là, en l'occurrence un magistrat de la chambre de commerce de Tahiti, prêtant main forte à Henri à ses heures perdues. Nous devrions normalement plonger avec lui, mais Henri nous avouera au retour qu'il préférait nous avoir avec lui pour rassurer Audrey, et afin que nous soyons plus à l'aise. Nice move de sa part. Il fait beau, l'eau est belle, la lumière du matin est douce, et la vue sur l'île est agréable. Instant sympathique. Une fois à l'extérieur du lagon, passe franchie, nous nous mettons tous à l'eau, séparés en deux groupes. Nous serons quatre sous l'eau avec Henri. Aujourd'hui, ce sera lui le guide. Il nous posera des questions sur la direction à suivre sous l'eau, afin de pratiquer un peu de navigation, et nous répèterons quelques exercices de temps en temps. Nous avons jeté l'ancre à un endroit différent d'hier, pour apercevoir normalement des requins-citron, plus gros que les habituels pointes noires. Sur le chemin, un gros poisson-volant (semblable à un maquereau) a surgi pour accompagner le bateau pendant une cinquantaine de mètres. Génial. Nous nous sentons bien sous les tropiques.

 

Pendant 43 minutes, la plongée va être très agréable. L'eau est toujours aussi transparente, offrant une belle visibilité, et un bleu propre au monde subaquatique. Dès la descente à -13m (profondeur de l'ancre), des poissons nous accompagnent, ou s'éclipsent à notre passage. Il y a plus de vie que les autres fois. Nous suivons notre guide, en essayant de peaufiner notre position, notre hydrodynamisme, notre rythme respiratoire, et notre flottabilité. Pas toujours facile. Audrey est d'ailleurs un peu trop haute par rapport aux autres. En bon binôme, nous nous assurons de temps en temps que tout va bien. Nous préviendrons Henri quand notre manomètre indiquera 100 bars, soit la moitié de notre bouteille, puis 50, le niveau de sécurité. Nous longeons le récif, et croisons bien des sortes de poissons, mais aussi une cigale de mer, qu'Henri nous montre en découvrant le corail sous lequel elle s'est cachée pour se protéger (à ce moment, plein de poissons arrivent et la taquinent, en essayant de manger de petites choses accrochées à sa carapace, puis un autre, clairement plus gros, essaie carrément de la croquer, avant qu'Henri ne remette en place les morceaux de corail), un poisson-dragon (ressemblant à une pierre, complètement camouflé), puis les requins citrons, d'abord au fond de l'eau, puis un peu moins profond. Un peu flippantes ces bêbetes. Bien plus gros et longs que leurs cousins cotoyés ces derniers jours, ils font deux mètres, et semblent plus menaçants. Ils sont pourtant placides et peu curieux. Mais voir autour de vous une telle masse, dans son élément, avec ces yeux sans âme, est un peu impressionnant. Ils font clairement partie de la catégorie au dessus. Bref, un poisson de la taille d'un joueur de rugby, aux lignes magnifiques (comme la plupart des requins selon nous), glissant dans l'eau comme un avion de chasse dans l'air, à quelques mètres de vous. Fred n'est pas rassuré quand l'un d'entre eux passe derrière lui, à probablement trois mètres. Anthony, le caméraman, est avec nous depuis le début et s'amuse à nous filmer, là comme à d'autres reprises depuis le début de la plongée. Henri nous demande une deuxième fois quelle direction suivre, mais nous ne donnons pas la bonne réponse. Nous sommes au dessus d'un bateau ayant lesté une petite boîte de laquelle s'échappe quelque chose qui plaît apparemment aux poissons, à 8m de profondeur et 16 de fond, puisqu'ils sont nombreux à nager tout autour, pour le plaisir de nos yeux, et malgré le débat que cette pratique suscite qui permet d'assurer aux plongeurs un peu d'action. Fred pensait que la question d'Henri était un piège, en voyant cette longue corde descendre au fond, pensant que c'était l'ancre du bateau, et que nous étions arrivés, mais non, c'est un autre bateau (il aurait dû s'en douter car Henri n'aime pas le fish-feeding). En fait, le bateau n'est pas très loin. A sa verticale, nous remontons, et procédons au palier de décompression classique, à -4m. Audrey est trop haute, et Fred a du mal à ajuster le volume d'air dans son gilet, et remonte à la surface, après avoir pourtant été en apesanteur à la profondeur requise, puis redescent à -7. Pas super pour les oreilles, qui en prennent un petit coup, en oubliant de les décompresser, affairé à mettre ou enlever l'air du gilet. L'oreille gauche sera bouchée jusque demain matin. Nous sommes descendus à -26m, et sommes tous sur notre réserve (sous les 50 bars).

 

Il est 10h quand nous retrouvons le local du club, et voyons Claude-Marie et Teiki nous attendre. Ils sont en effet, comme convenu, venus aujourd'hui de Tahiti, via le Moorea Express sur lequel ils ont mis leur voiture, pour nous faire visiter l'île. Petit tour par notre chambre pour prendre une douche rapide, et nous voilà partis avec eux. Nous débrieferons plus en détail la plongée d'aujourd'hui, et nous reverrons Henri, en fin d'après-midi pour corriger le questionnaire, et savoir si nous avons notre PADI.

 

Bien que nous retournions sur les sites vus hier lorsque nous avons loué une voiture (Belvédère, Marae, lookout), la connaissance de l'île de Teiki rend les choses bien plus interressantes. Saviez-vous par exemple que lorsque quelqu'un pose une feuille de bananier (elles sont assez grandes) sur le bord de la route, comme cette femme que nous voyons en roulant, cela signifie qu'elle demande au chauffeur du prochain bus de s'arrêter, et de klaxonner pour qu'elle sorte et monte dedans ? Pas nous. Nous passons devant l'église la plus ancienne de Polynésie, devant laquelle nous étions déjà passés sans le savoir, et allons marcher derrière le site archéologique où nous nous étions brièvement arrêtés hier. Le grand-père de Teiki était gardien de tous les sites de l'île. Il nous montre les arbres tout autour, en nous expliquant ce qu'ils sont, et cueillons plusieurs fruits, soit pour les manger, soit pour qu'il nous explique à quoi ils servent. L'un d'entre eux permettait ainsi de teindre les habits, en pressant les graines qu'il renferme, ou de dessiner des peintures de guerres ou des décorations sur la peau. Nous découvrons un fruit appelé "corrossol", et secouons un papayer pour faire tomber une papaye. Nous discutons tous ensemble, en voiture ou à pieds, et leur racontons nos journées précédentes. Nous les prévenons aussi que nous devrons être rentrés pour 16h30. Cela tombe bien, ils souhaitent prendre le bateau les ramenant à Tahiti dans ces eaux là. Losque nous racontons notre arrivée aux Tipaniers en stop, Teiki n'est pas content que les choses se passent comme cela à Moorea, que tout soit payant pour les touristes, que nous n'ayons pas reçu d'aide, du prix des taxis... il pense que les masques et les tubas devraient être gratuits dans les pensions et hôtels, et que les polynésiens n'ont rien compris. Nous sommes globalement d'accord avec lui, car son raisonnement tient la route, et son expérience à l'étranger lui permet de savoir de quoi il parle, mais nous n'avons pas toutes les cartes en main. Il est clair cependant qu'ici, les touristes sont là pour payer. Une partie de l'authenticité de la Polynésie s'efface au passage. Nous sommes heureux de le cotoyer, et d'apprendre des choses que nous n'aurions pas su sinon. Sur un chemin, nous croisons un caféier, et apprenons d'où viennent les grains de café. Nous en avons d'ailleurs dans le creux de la main, et les mettons en bouche pour sucer la pulpe autour. C'est ce même grain qui sera torréfié puis moulu plus tard. Nous visitons quelques Marae, ces endroits de culte, attribués à un roi local, où avaient aussi lieu des fêtes et autres cérémonies, voire des sacrifices. Tout cela s'est transmis par tradition orale, et peu d'écrits décrivent ces sites historiques. Nous croisons des bananiers, et savons maintenant distinguer la "rima-rima", en forme de main, de la "rio", celle goûtée chez eux lors de notre arrivée. Plus loin, c'est un "arbre de Tamanu", dont est extrait de la noix une huile utilisée pour faire de la crème cicatrisante. Il nous montre un autre arbre, le "aouti", dont les feuilles sont utilisées pour faire des costumes lors des cérémonies sacrées, ou bien envelopper le pain. Puis nous prenons la route des ananas, pour partir au milieu des champs, dont certains appartiennent à sa famille. Nous nous arrêtons d'ailleurs voir sa tante, habitant dans les hauteurs, après avoir emprunté une piste très cabossée, et passé un cours d'eau un peu marécageux, assis dans la Clio. Il nous raconte ses souvenirs avec ses cousins dans les champs, et nous apprend comment cueillir un ananas, et savoir s'il est mûr, au milieu d'un grand champs. La montagne est devant nous, sur les côtés, et il fait chaud. Claude-Marie cueille des citrons, verts ou jaunes, ou des pamplemousses, qui poussent tous partout. Les bras chargés, nous mettons tout ça dans le coffre (ils vont tout ramener à Tahiti). Depuis le début, Teiki nous parle de bien d'autres choses, comme du chemin là haut qu'il utilise pour les stages commandos ou de survie qu'il encadre (ils partent 7 semaines avec un couteau et trois affaires, et doivent se débrouiller et relier un point d'arrivée... Rambo peut rentrer chez lui). On apprend énormément de choses, et voyons l'île d'une manière privilégiée, bourrée d'anecdotes et d'infos. A plusieurs reprises, nous nous sommes arrêtés pour saluer des gens qu'ils connaissent un peu partout.

 

Vers 12h30, alors que nous sommes sur ce fabuleux point de vue surplombant le lagon, ils nous proposent d'aller déjeuner au Sofitel, juste en bas, où ils ont réservé une table sur la terrasse extérieure. Génial. Quelle chance d'être face au lagon, d'apercevoir les pilotis de l'hôtel et la petite avancée qui fait envie, et de se dire que nous y serons dans 10 minutes. Sur place, le cadre du restaurant est terrible. Le must. Parfaitement placé, avec la plage et les cocotiers sur notre gauche et les bungalows de cartes postales sur notre droite, nous allons manger dans un décor de rêve turquoise, avec l'île de Tahiti en face. Parcourant tout cela des yeux, nous réalisons le privilège que nous avons. Et savourons, aidé par une bouteille de vin blanc, qui accompagnera parfaitement l'entrée, plat et dessert qui vont suivre, comme la dégustation de poissons crus (saumon sur patate douce, carpaccio de thon...) ou la brandade de mahi-mahi que prendra Audrey. Nous sommes au top. Probablement l'un des plus beaux cadres de notre vie où nous ayons pu manger.

 

Nous partons vers 15h. Avant de retourner à l'hôtel, nous faisons un arrêt au Pearl Resort, décrit dans le Lonely comme le plus bel hôtel de l'île. Pourtant, une fois à l'intérieur, nous ne sommes pas scotchés. Oui il y a bien les bungalows et les pilotis, la piscine, une plage reconstituée et des cocotiers, mais - la faute aux nuages qui s'amoncellent ? - nous pensions que tout cela était mieux aménagé. Peu importe, nous l'aurons vu. 16h pile, Claude-Marie nous embrasse et nous laisse aux Tipaniers. Fissa, nous partons au club voir Henri, pous corriger le questionnaire.

 

Bonne nouvelle, nous avons tous les deux 80% de bonnes réponses ou plus. C'est donc gagné. Nous sommes certifiés PADI. Corriger nos réponses fausses prend du temps, notamment parce qu'il souhaite nous expliquer pourquoi il est en désaccord avec certaines réponses PADI, et préfère l'interprêtation française, souvent pour des questions de bon sens ou de sécurité. Après une heure de demi d'écoulée, et avoir poursuivi nos discussions, ou s'être renseignés sur le petit film souvenir qu'Anthony est en train de monter (et que nous décidons d'acheter), nous réglons notre formation, avec une remise de 10% tombée du ciel sans rien avoir demandé. Super sympa, on apprécie.

 

17h45, nous nous asseyons sur la plage, le soleil à peine couché, et discutons. Demain, nous partons à Bora Bora. C'est un peu fou de se dire ça. Du coup, nous nous le répêtons. On aime. Nous retournons à la chambre vers 18h30, et commençons à préparer notre sac. Nous n'avons pas très faim, et restons tous les deux jusqu'à éteindre les lumières. Dernière soirée tranquille et calme, le temps passant finalement assez vite.

 

 

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ven.

07

juin

2013

J9 - Into the blue

Température de l'air : 32°C

Température de l'eau : 27° C

Moment fort de la journée : descendre à -30m de profondeur


Conformément à notre décision d'hier, nous louons une voiture tous les quatre ce matin. Sauf que l'obtenir n'a pas été si simple. D'abord parce ce matin, nous réalisons que mettre la voiture à notre nom signifie que notre responsabilité est engagée. Ce qui n'est pas terrible, sachant que nous allons peut-être plonger cet après-midi et laisser la voiture à Greg et Céline pour le reste de la journée. En nous levant, nous décidons donc de les appeler pour leur demander de venir aux Tipaniers, afin que lui ou elle signe les papiers, et être tranquilles. Mais malheureusement, Fred demande à la réception, et les appeler est payant, après que la personne derrière le bureau, de bonne composition, ait demandé au gérant, un français de métropole. Un peu pénible, sachant que tout le monde se connaît ici. Fred revient donc à la chambre, puis retourne à la réception pour commander la voiture, avec l'idée de partir pour rejoindre Greg et Céline, et de les laisser signer les papiers. Mais un numéro de chambre est necessaire pour la faire venir. Bref, le plan imaginé tombe à l'eau. Profitant du fait qu'il n'y ait pas d'autres clients à la réception ce matin, vers 8h10, Fred explique au gérant que nous sommes en tour du monde version sac à dos, qu'être ici est notre luxe du voyage, et que nous ne pouvons nous permettre de dépenser de l'argent pour un simple coup de fil local, sachant que tout cela n'est qu'une question de volonté de la part de la direction. Le type comprend et les appelle, en profitant d'ailleurs pour discuter avec Jacqueline, la responsable des Ibiscus, de leur médecin commun. Comme quoi ! L'idée est de prévenir nos deux amis et de leur demander de nous retrouver, contrairement au plan initial (nous sommes sensés venir les prendre en voiture et partir autour de l'île dans la foulée). Tout cela devient compliqué quand cette Jacqueline ne peut joindre Greg, qui n'a pas de téléphone dans sa chambre. Tant pis, nous irons à pieds là-bas. 20 minutes plus tard, c'est chose faîte, et commandons une voiture de leur hôtel, après leur avoir expliqué que nous serons peut-être absents cet après-midi. Au final, nous décidons de prendre la voiture pour la journée quand même, au nom de Fred (les autres n'ont en fait pas leur permis avec eux), et de la rendre plus tôt si nous devons aller plonger. Après avoir comparé les prix et les différentes pistes, c'est la solution la plus économique. Il est 9h quand la représentante d'Avis vient nous chercher, soit déjà assez tard, puisque nous devrons probablement être rentrés pour 14h30. Ceci raccourcit donc notre temps utile. Et cela ne s'arrange pas quand nous apprenons qu'il faut aller à l'Intercontinental, puis à l'agence Avis, car tout a été réservé suite à la venue du paquebot "Paul Gauguin" à Moorea. Allez, zou, à 9h40, nous sommes tous prêts. Ouf. Nous partons vers l'est, soleil dans la figure, en route pour le Lycée Agricole de Moorea. Nous quittons la route circulaire pour prendre la seule autre existante, sinueuse et montant là-bas. Un lycée accueillant 300 élèves, en ce moment en période d'examens, où sont cultivés fruits exotiques et plantes tropicales. Le tour complet, que nous effectuons, dure presque 2h, car l'endroit est assez grand. Il fait chaud, il n'y a pas beaucoup de monde, tous les polynésiens croisés sont amicaux, mais nous avons parfois du mal à trouver tel ou tel arbre indiqué sur notre plan, ou même notre chemin, au milieu de champs d'ananas, de plantations de fruits de la passion, de bananiers, de pandanus, de caféier, ou autres. Incontournable d'après le Lonely et les dires des gens que nous avons croisés, force est de constater que c'est un des endroits à voir à Moorea, mais que nous aurions bien aimé être accompagnés pour comprendre un peu mieux tout ce qui nous entoure, ou encore pouvoir poser des questions sur la formation dispensée ici par exemple. C'est néanmoins la première fois que nous voyons comment pousse le café, ou les fruits de la passion. Sympa mais pas plus donc. Pas grave, nous sommes tous les quatre, l'ambiance est bonne, et nous sommes en vacances, même si notre programme avec la voiture est chargé. Une fois le tour du parcours bleu effectué, nous passons au bar pour déguster non pas des alcools (la seule distillerie est celle de l'usine de jus de fruits), mais des confitures locales. Banane, papaye, citron, fleur de Tiaré... toutes sont très bonnes. A la boutique, pas de chance, les petits emballages "découvertes" sont en rupture de stock, là aussi à cause des clients du Paul Gauguin, passés hier. Sniff. Et les pots classiques sont trop volumineux. Il faudrait d'ailleurs en prendre plusieurs si nous souhaitions faire quelques cadeaux. Nous repartons les mains vides, déçus de ne pouvoir en acheter devant la qualité et l'originalité de certaines confitures. De nouveau en voiture, nous reprenons la petite départementale, bosselée, mais plus confortable qu'en scooter, pour aller voir "le belvédère", un lookout surplombant la baie au centre de l'île. Là haut, la vue est belle, mais les couleurs manquent. Le panorama est joli surtout grâce à la chaîne montagneuse. La mer au loin n'est pas éclatante comme nous l'imaginions. Le lagon ne brille pas, ce qui est étonnant. Quelques nuages se forment, mais pas assez pour masquer la lumière ambiante. Nous n'en prenons donc pas plein les yeux. Séance photos, puis arrêt sur le chemin du retour sur un site archéologique, un Marae, c'est-à-dire un ancien endroit de culte, ou lié à la vie politique d'autrefois, du temps des tribus. Le site n'est pas incroyable, et nous rappelle celui vu à Huahine. Néanmoins, cela permet de voir autre chose que le bleu de l'eau, les poissons, et les cocotiers, et rajoute un interêt culturel à notre arrêt en Polynésie. Un grand tableau apporte quelques explications, mais l'effort pédagogique pourrait être amélioré, selon notre expérience des lookouts des autres parties du monde que nous avons visitées.


La prochaine étape est encore un peu plus loin. Mais avant, nous faisons un stop près d'une banque et de quelques magasins, concentrés en un seul endroit, pour trouver un téléphone pour appeler Henri afin de savoir s'il est disponible cet après-midi. Les cabines ne fonctionnant pas à pièces, nous demandons un service dans une boutique, et passons notre appel, sans pouvoir le joindre. Nous ré-essaierons plus tard. Direction maintenant un autre lookout, chaudement recommandé. C'est un arrêt en bordure de route, un peu en hauteur, qui s'avère absolument fabuleux. Autant il n'y avait pas beaucoup de couleurs depuis le Belvédère, autant ici, juste à côté du bitume, la vue sur le lagon et sur les bungalows sur pilotis de l'hôtel Sofitel est fabuleuse. Des cocotiers, mais surtout, une vue complète sur le lagon, large, puis sur la barrière et la haute mer. Une vraie carte postale, devant nos yeux ébahis. Le soleil y est sûrement pour quelque chose, permettant à l'eau de prendre cette couleur turquoise magique. Avec quelques bateaux amarrés, les pilotis de l'hôtel (et son restaurant apparemment bien situé vu d'ici), la rangée de cocotiers et la ligne d'écume blanche en guise de frontière naturelle, c'est superbe. Difficile de partir, car vos yeux n'en ont jamais assez. Une vraie soif d'exotisme parfaitement comblée, à l'effet addictif garanti. Vous vous souvenez des lagons turquoises que vous pensiez trafiqués sur les brochures des agences de voyage ? Vous savez quoi, c'est mieux en vrai. La plus belle chose que nous ayons vue à Moorea jusqu'ici, et dans la lignée du tour du lagon de Huahine. Un gros souvenir, en forme de cliché dont le Pacifique Sud a le secret. Il est 12h40. L'heure tourne donc, et nous devons repasser notre coup de fil si possible au plus vite. Greg souhaitant passer au seul supermarché de l'île (le "magasin", comme ils l'appellent ici), pas très loin, nous nous y rendons, en nous disant que nous pourrons acheter de quoi déjeuner, pour gagner du temps au lieu d'aller dans un restaurant, dont personne n'a vraiment envie. Et là-bas, dans ce Champion pas très grand, alors qu'Audrey tente d'aborder un "popa" (vous vous souvenez... un français de métropole) pour emprunter son téléphone portable, Fred aperçoit Henri en train de faire ses courses. Le hasard et la chance font bien les choses. Pour cet après-midi, il nous laisse le choix. Souhaitant plonger pour obtenir notre PADI avant notre départ, c'est notre seule chance d'y arriver. Tant pis pour le reste des choses à voir que nous avions en tête (il y avait bien un spot de surf ou l'hôtel Pearl Resort, apparemment superbe, mais il n'y en avait en fait pas tant que ça, car le sud de l'île est moins intéressant que la partie Nord). Nous convenons donc d'un RV à 15h au club de plongée. Super. Le temps pressant un peu, nous tombons tous d'accord pour acheter de quoi se faire des sandwhichs, et aller déjeuner sur la magnifique plage aperçue depuis le lookout. Au passage, nous achetons un peu d'alcool, comme la crème de coco que nous n'avions pas pu goûter à l'usine de jus de fruit hier, ou "l'Original tahiti", ce punch local, pour ce soir. Ce sera en effet notre dernier soir avec Greg et Céline, qui partent demain, l'un pour l'île de Fakarava (à côté de Rangiroa, et classée à l'Unesco), l'autre pour Papeete. Une petite soirée entre amis est prévue, qui se déroulera sur la terrasse de notre chambre. Et bonne surprise, en se rendant compte que nous sommes dans un supermarché français, il y a du saucisson. Bon ok, pas du Fayet, mais un label rouge qui semble bien faire l'affaire quand même. Hop, nous en mettons deux dans le panier.


La plage est belle, avec de grands cocotiers en bordure (mais pas horizontaux, comme nous en cherchons en vain jusqu'à présent), et le turquoise à quelques mètres de nous, assis sur le sable. Le temps d'avaler nos sandwhichs de fortune, et nous repartons vers les Tipaniers, un peu en retard. Pour nous arranger, Céline a la bonne idée de proposer d'aller rendre la voiture, après avoir fait le plein, pour nous éviter d'avoir à repasser à l'agence et d'attendre que l'on nous raccompagne. Cela nous permet du coup d'être pile à l'heure au club. De toutes façons, vu le peu de circulation et les limitations partout sur l'île à 60km/h, quand ce n'est pas 40, il y a peu de chance qu'un accident arrive, ou qu'il y ait un contrôle. Et Greg et Céline sont sérieux.


Au club, nous revoyons comme les autres jours les procédures concernant le matériel, les vérifications, puis partons sur le bateau. Aujourd'hui, pour notre avant dernière plongée (cette fois-ci en dehors du lagon, de l'autre côté de la barrière de corail), nous allons apprendre les bases de la navigation sous-marine. Henri nous explique la technique PADI, qui consiste à suivre un compas (une boussole électronique), et celle qu'il aime enseigner, permettant de ne pas se perdre, ou de limiter les risques, sans compas. Au delà du matériel électronique, il est important de comprendre l'environnement marin, et de savoir comment fixer des repères, d'utiliser le courant, et d'apprendre à retrouver l'ancre du bateau (en imaginant une plongée comme un rectangle à effectuer sous l'eau, et en se positionnant dans le dernier segment à la profondeur de l'ancre, ventre collé au fond de l'eau). Apprendre à "voler à vu" en quelque sorte (par opposition à un "vol aux instruments"). Intéressant. Après nous avoir expliqué comment faire, il désigne Fred comme leader de plongée, en lui demandant d'effectuer un parcours de son choix, et de savoir revenir au point de départ. A certains moments, sous l'eau, il nous demandera de répêter les procédures à effectuer si l'un d'entre nous n'a plus d'air dans sa bouteille, de savoir échanger nos embouts par 15m de profondeur, ou de savoir remonter tranquillement par 10m avec une seule inspiration, en utilisant l'augmentation naturelle du volume d'air dans les poumons liée à la moindre pression lors de la remontée. Une technique qui permet de rester plus longtemps en apnée grâce à la différence de niveau. On en apprend des choses ! C'est donc parti. Fred va prendre la profondeur de l'ancre, qu'il ne devra pas oublier (ici -12m), et s'élance tranquillement face à la pente, en descendant progressivement. Sous l'eau, il est difficile de savoir à quelle profondeur vous êtes, car une fois les 7 ou 8 premiers de passé, cela ne fait plus une très grande différence en terme de sensation (plus de douleur aux oreilles par exemple). L'ordinateur de poignet indique -23m. L'objectif est d'aller vers -25. Cet ordinateur est important car il vous donne votre profondeur, et vous indique aussi combien de temps vous pouvez y rester (pas par rapport au contenu de votre bouteille, mais par rapport au taux d'azote dans votre sang). Concentré sur le tracé, oubliant un peu que plonger doit rester un plaisir des yeux, Fred s'enfonce dans le bleu, sans qu'il n'y ait plus de coraux, et descend à -30m. Il tourne alors pour bien suivre le rectangle qu'il faut faire, au jugé, avec la pente douce du fond comme repère (à suivre parallèlement dans cette étape), en restant entre -27 et -24. Fred se tourne toutes les 2 minutes pour savoir si Audrey est OK, et connaitre le niveau de son manomètre, autrement dit combien il reste d'air dans sa bouteille. Il continue un moment, puis tourne de nouveau pour entammer une remontée progressive, la pente remontant face à lui, avant de bifurquer pour retourner vers le bateau, par -13. A certains moments, nous devons simuler une panne d'air, ou enlever complètement notre masque (pas notre détendeur, pour pouvoir continuer à respirer), lui donner, le reprendre, le remettre et le vider par expiration nasale. Un exercice assez facile, croyez-nous. Tout comme les gestes à faire et le travail en équipe si une crampe arrive à votre partenaire. Ne trouvant pas l'ancre, Henri reprend le contrôle de la plongée après lui avoir demandé quel chemin suivre. En fait, l'ancre était à une dizaine de mètres, sans pouvoir la voir à cause d'une erreur de trajectoire. Après avoir passé 3 min à -5m pour décompresser en toute sécurité, nous sommes à la surface, et retrouvons l'usage de notre voix, masque enlevé, tous dans l'eau près du bateau. Pas mal d'erreurs ont été commises, mais Fred en avait l'impression, il ne s'était pas senti à l'aise, trop concentré sur la théorie. Nous n'aurions pas du aller à -30. D'abord parce que ce n'est pas ce qui était prévu, même si cela est autorisé en Polynésie une fois le PADI obtenu, mais surtout parce qu'à cette profondeur, nous consommons 4 fois plus d'air qu'à la surface, et deux fois plus qu'à -10m (pour un même rythme respiratoire, c'est juste une histoire de pression et de volume). Nous sommes donc restés sous l'eau une trentaine de minutes, alors que nous aurions pu avoir encore 20 minutes devant nous, sans en outre être sur notre réserve comme c'est le cas maintenant. De plus, à cette  profondeur, il n'y a pas de coraux, donc peu de poissons, donc pas grand chose à voir. Ce n'est donc pas intéressant. Enfin, pas besoin de demander tout le temps si le binôme va bien, ou de se renseigner sur le niveau du mano. Audrey a fait aussi quelques erreurs, mais c'est Fred qui était aux commandes. Mais tant mieux, car ce fut une plongée instructive, et Fred est curieux du débrief, des commentaires d'Henri, et d'apprendre à bien faire. C'est donc concentrés, sérieux et attentifs que nous rentrons en reprenant tous les points avec Henri. Nous sommes du coup contents, car c'est dans par les erreurs que l'on apprend le plus. Depuis que nous avons commencé à apprendre, il y a toujours trois moments : l'avant, sous l'eau, et l'après. Chacun est intéressant et procure une sensation, un felling particulier. Etre ici à Moorea, sortir de l'eau et apercevoir les cocotiers et le relief polynésien, revenir dans le lagon, mettre le bateau sur le ponton, marcher le long de ce dernier avec le matériel sur le dos pendant que d'autres sur votre droite font du snorkeling, du kite-surf ou de la pirogue, voir les coraux tout proches dans les 60 cm d'eau translucide, juste en dessous, et revenir sur le côté d'une plage de sable et de cocotiers est une petite habitude que nous aimons. Il est 17h20. RV demain matin pour notre dernière plongée, et avec le QCM pour qu'il puisse le corriger.


En cette fin d'après-midi, un peu fatigués par l'effort et la concentration, nous restons dans la chambre, nous occupons du site, et surtout, révisons pendant presque deux heures le bouquin pour ne pas rater le QCM. Cela devrait aller, d'après ce que Fred a pu en voir en le faisant une première fois hier soir. Il nous reste principalement à comprendre les tables de plongées, qui vous indiquent combien de temps vous devez attendre avant de replonger, en fonction de la profondeur atteinte et du temps passé à ce niveau, entre autres. Nous sommes tous les deux tranquillement installés, Audrey près du bureau et Fred sur le lit, à faire tout cela. Fred décide de revoir seulement ce qu'il n'a pas réussi à faire, car d'après ses calculs, il lui manque seulement cinq ou six bonnes réponses pour réussir, et préfère s'occuper du site. Audrey est stressée et suit son conseil de faire le test une fois pour voir où elle en est, sachant que nous avons vu la plupart des choses avec Henri.


Greg et Céline arrivent vers 20h15. Pas mécontents de passer à autre chose, nous sortons les gâteaux apéritifs et les boissons, et nous installons autour de la table juste derrière la baie vitrée. Discussions de tous genres, retour sur les évènements de la journée, apéritif dinatoire pas très sain (biscuits, saucisson et pizzas commandées au restaurant de l'hôtel) mais efficace, nous restons ensemble jusqu'à minuit, et jouons à un ou deux jeux dont Audrey a le secret. Fred est crevé, et se couche après le départ de nos deux amis, que nous saluons pour la dernière fois (une belle rencontre en tous cas), alors qu'Audrey préfère faire quelques révisions pour le QCM, que nous remplirons demain matin. Il est 1h du matin, soit 13h chez vous. Sweet dreams.

 

 

 

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jeu.

06

juin

2013

J8 - Deuxième plongée

Température de l'air : 31°C

Température de l'eau : 27°C

Moment fort de la journée : se poser à côté d'une tortue au fond de l'eau et la regarder deux longues minutes


Si nous n'avions pas eu de plongée programmée cet après-midi, nous aurions pris le bateau inter-îles pour rejoindre Tahiti, juste en face, et passer la journée avec Teiki, l'ami de Claude-Marie, qui nous avait proposé de nous emmener faire le tour de l'île pour nous montrer plein de choses, et de passer à la pointe sud pour voir la vague de Teahupoo, l'une des plus célèbres au monde par sa taille et sa dangerosité. Impossible si nous voulons atteindre notre objectif à Moorea. Vraiment dommage.


Nous décidons ce matin de louer un scooter, en prenant notre petit-déjeuner face à l'eau et aux cocotiers. Nous ne l'obtenons qu'à 9h30, le temps d'attendre que la personne de la location vienne nous chercher pour nous emmener dans sa petite echoppe, à rester un peu dans la chambre pour profiter de la connexion Internet disponible ici (il paraît que certains pensent que nous ne faisons que prendre des cocktails au soleil sans penser au site...) et mettre, comme hier, un peu à jour les différentes rubriques, "Polynésie" en tête. Il fait toujours très beau, bien que le temps se soit couvert un peu hier après-midi. Mais Moorea, comme la plupart des îles ici, est montagneuse, expliquant la formation de nuages en milieu de journée.


Une fois les formalités remplies, hop, nous montons sur le scooter et partons pour découvrir un peu mieux l'île. Nous n'irons pas très loin, puisque celle-ci est assez grande, et nous contenterons de rester sur la côte nord, où l'hôtel est situé. Les routes, ou plutôt la route, car il n'en existe qu'une, faisant le tour de l'île, à laquelle s'en ajoute une autre pour pénétrer au centre et atteindre un point de vue, est de mauvaise qualité, sauf devant les grands hôtels. Ca secoue sévèrement. Pas grave, c'est marrant. Sachant que nous avons loué l'engin pour deux heures, car nous allons plonger en début d'après-midi, nous n'avons pas tant de temps que cela. Nous roulons, la circulation est faible, et passons la baie d'Opunohu (en forme de U), puis celle de Cook, où le paquebot Paul Gauguin est amaré. Nous apercevons depuis ces endroits la chaîne montagneuse, et les sommets du centre (Mt Toheia à 1207m, ou Mt Mouaroa, à 880m), reliés par une grande arrête, et dont les larges parois presque verticales sont recouvertes d'une forêt de plantes tropicales où doivent naturellement pousser bananiers, goyaviers, papayers, ou avocatiers, au milieu d'une végétation dense et exotique. Nous continuons, car, sur les conseils de Rose-Marie, nous souhaitons aller visiter l'usine de Jus de Fruits, qui fabrique tous les jus de fruits vendus sur l'île. Nous la trouvons sans problème, après un ou deux arrêts photos, mais nous manquons de chance, car la visite vient juste de se terminer. Il est 10h passé. Nous sommes 30 minutes en retard, sans savoir qu'il fallait venir à une heure précise (en fait, nous n'avons pas ouvert le Lonely). Ne souhaitant pas nous laisser abattre, mais quand même un poil déçus, nous allons au bar installé au fond de la boutique pour aller déguster ce que l'usine produit. Et notamment quelques alcools. Nous commençons par des jus classiques, concentrés ou pas, comme celui d'ananas (appelé ici "Païnapo", en entendant il y a très longemps les anglais appeler ce fruit "pineapple") et d'autres plus originaux, comme celui banane-vanille. Miam, trop bon, surtout frais comme il vient d'être servi. Puis nous passons aux alcools, et goûtons un mélange diabolique appelé "Original Tahiti" (une sorte de punch local), de la liqueur d'ananas, de la crème de vanille (trop bon, même si vous n'êtes pas très vanille comme Fred) et quelques autres choses. Faîtes donc un tour dans la rubrique "Bouffe" pour avoir une idée. Malheureusement, la crème de coco qu'Audrey aurait voulu essayer ne fait pas partie de la dégustation. Dommage. Le polynésien derrière le bar nous prépare quelques mélanges détonnants. On imagine le goût des soirées ici. Tout cela nous donne envie de tout acheter, et surtout de tout ramener. Du rhum est aussi produit dans la distillerie, mais il nous avoue qu'il ne vaut pas celui des Caraïbes. Nous finissons chaque goutte des petits verres posés sur le bar, et laissons notre homme s'occuper d'autres personnes. Etant un peu pris au dépourvus, nous faisons le tour de la boutique, où sont vendus toutes les boissons que nous avons essayées, ainsi que des vins d'ananas, ou la fameuse crème de coco. Mais se laisser aller et acheter ces souvenirs alcoolisés reviendrait cher, à cause des frais postaux à payer pour renvoyer tout ça en France, en espèrant que les bouteilles ne soient pas cassées au passage. Et impossible bien sûr de les avoir dans notre sac pendant les 5 prochains mois. Dommage, mais les avoir en photos vous permettra de vous faire une idée.


Nous reprenons le scooter, sous les rayons puissants du soleil brillant, et repartons vers l'hôtel, pour rendre l'engin, en ayant préalablement rempli le réservoir. Nous déjeunons au restaurant de la plage, et regardons en même temps le bouquin du PADI, chacun un peu dans son coin. A 13h30, l'heure de notre plongée sonne. C'est reparti pour 15 minutes de préparation et vérification de notre matériel, puis 20 pour monter dans le bateau - au bout du long ponton en bois s'avançant en solitaire dans le lagon - et arriver à notre destination, proche de celle d'hier. Mise à l'eau, puis répétitions des exercices d'hier, plus quelques-uns de nouveau, comme  apprendre à enlever son masque sous l'eau et le vider, ou encore la procédure pour signaler que vous n'avez plus d'air dans votre bouteille (et ne pouvez plus respirer) et porter assistance à votre binome pour lui mettre votre "octopus" dans la bouche (et respirer à deux sur la même bouteille), ou partager tour à tour un seul régulateur ("échange et reprise d'embout"), calmer le rythme, et effectuer une remontée contrôlée. Bref, apprendre les situations d'urgence et automatiser la procédure à suivre, composée d'étapes et de gestes précis. Une partie importante des règles à suivre et des choses à connaître et maîtriser. Chacun notre tour, sous l'eau, Henry nous interroge et nous demande de lui prouver que nous savons quoi faire dans toutes ses situations. Puis nous démarrons la balade, au cour de laquelle il nous fera répêter ces exercices, au hasard, comme s'il n'avait subitement plus d'air et que nous devions lui porter assistance. Par -15m, soit plus bas qu'hier, il pointe du doigt pour nous montrer deux raies léopards à une dizaine de mètres de là. Superbe. Elles semblent voler dans l'eau. Leur dos est tacheté de points blancs, d'où leur nom. Nous n'arrivons pas à les rejoindre, car elles s'éloignent progressivement. La plongée se poursuit. Nous croisons un banc de poisson, certains autres exotiques, parfois nous doublant en passant juste au dessus de notre tête (vous palmez tranquillement et voyez alors au niveau de votre front trois ou quatre poissons jaunes canaris, de la taille d'une main, vous passer au dessus), ou encore de nombreux rougets que l'on imaginerait bien finir sur un barbecue. Par contre, Némo est aux abonnés absents. Etre sous l'eau est agréable. La notion du temps et des distances change complètement. Deux requins pointe noire naviguent tranquillement entre les coraux, et s'approchent un peu, puis disparaissent. Enfin, nous retournons au bateau, effectuons le stop obligatoire à -4m pendant quelques minutes, en n'oubliant pas pendant la remontée de dégonfler notre gilet à cause de la diminution de la pression (qui fait augmenter le volume d'air dedans). Debrief sur le bateau. Cette fois-ci, c'est Fred qui a consommé trop d'air, à cause d'une utilisation intempestive de ses bras, inutile. Retour au ponton vers 16h. Henry nous donne le QCM que nous devrons remplir et lui rendre demain ou samedi, où 75% de bonnes réponses sont necessaires pour obtenir le PADI. Bon, ca va être dur de lire tout le bouquin en si peu de temps. Avant de nous quitter, il nous indique qu'il sera peut-être disponible demain après-midi pour nous, afin de pouvoir être certifiés samedi soir, et avoir fait les 4 plongées obligatoires en incluant celle de samedi matin. Cool, ça arrangerait bien les choses. Nous l'appelerons demain midi pour voir si c'est bon ou non, car il sera à Papeete le matin.


Nous rentrons à la chambre, non sans partager nos impressions communes sur cette nouvelle plongée, et décidons de travailler, car nous ne serons jamais prêts pour le QCM sinon. A vrai dire, nous n'avons pas vraiment envie de nous plonger dans le bouquin, mais bon, c'est pour la bonne cause. Nous ne regardons pas le QCM, pour essayer de faire les choses correctement. Mais après 2 heures dépensées, nous nous rendons compte que jamais nous n'aurons le temps de tout lire. Et que beaucoup de choses reprennent ce que nous avons vus sous l'eau en plus. Fred en a un peu marre, et se dit qu'il n'a pas envie d'être ici pour passer toute une soirée la tête dans ce livre. Greg arrive et frappe à notre porte-fenêtre. Nous travaillons encore un peu, dans une ambiance mi-studieuse, mi-décontractée, et Fred décide d'aller prendre une bière en sa compagnie, en emportant le QCM afin de le faire en notant ses réponses dans un coin, pour juger un peu la difficulté. Au bar de la plage, alors que la nuit est tombée, nous trouvons nos deux amis américains et Céline installés à une table. Greg s'assoit, et Fred passe une demi-heure à discuter avec eux, debout, livre et QCM sous le bras, n'arrivant pas à partir et privilégiant l'instant présent et le moment de vie. Puis il s'installe seul à une table à côté, et se met à faire le test, sans se servir du bouquin. Au final, les questions sont beaucoup moins dures que ce qu'il ne pensait, et conclut devant son taux approximatif de bonnes réponses (en décomptant les questions auxquelles il n'a pas su répondre et celles où il n'était pas sûr) que la bonne méthode est de se lancer dans le test, plutôt que de lire l'intégralité du livre. Audrey arrive, et il lui fait part de sa conclusion. Elle a peur de ne pas réussir, sachant qu'elle n'a pas énormément avancé depuis tout-à-l'heure. Elle fera le test un peu plus tard, pour avoir un aperçu de ce qui est demandé. Nous dînons tous ensemble au restaurant de l'hôtel, où les plats sont tous très bons et copieux, puis retournons dans notre chambre quand chacun suit son chemin,  pour retravailler un peu et écrire un long article, peut-être déjà en ligne au moment où vous lirez ces lignes.

 

 

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mer.

05

juin

2013

J7 - Good life

Température de l'air : 31°C

Température de l'eau : 27°C

Moment fort de la journée : pas facile à dire. Regarder les raies géantes et les requins nous froler les pieds dans l'eau claire, ou voir des raies léopards en liberté pendant notre plongée

 

Première nuit sur l'île, mais premier réveil aux premières lueurs du jour, pour aller au centre de plongée Scubapiti situé sur la (petite) plage des Tipaniers, comme plusieurs nous l'ont conseillé, afin de rencontrer Henri, et voir dans quelle mesure nous pouvons passer notre PADI. Et surtout voir si nous pouvons plonger ce matin, afin de commencer le plus tôt possible. Nous découvrons donc, en y allant, le décor dans lequel nous avons dormi, et traversons un chemin entouré de bungalows assez grands, disposant chacun d'une cuisine et d'une terrasse, pour nous retrouver sur une plage de sable d'une trentaine de mètres, bordée de quelques palmiers, dont un est courbé à la manière des cartes postales, bien qu'il ne soit pas très grand. Sympa. La lumière n'est pas exceptionnelle, et différente dirait-on de celle de Huahine. L'eau n'est pas bleue turquoise, en tous cas à ce moment, vers 7h. Un restaurant de plage est situé sur la gauche, au milieu de cocotiers longs et fins, comme il y en a partout sur les îles du Pacifique Sud. Nous rencontrons l'homme, un polynésien tatoué (mais tous le sont), qui a toujours été contre le shark-feeding. Scubatipi est d'ailleurs le seul club refusant cette pratique. L'endroit est petit, constitué d'un local bleu, d'un banc, et d'une grande poubelle dans laquelle les combinaisons sont rincées. Nous nous présentons, et lui expliquons notre objectif. Il préférerait que nous passions le niveau 1, soit l'équivalent français du PADI (valable théoriquement partout dans le monde), mais nous insistons pour passer le PADI. Nous préférons en effet avoir la certification la plus reconnue au monde, afin de ne jamais avoir de problème à l'étranger dans notre avenir de plongeur. Restant encore 4 nuits à Moorea, cela devrait être possible, mais le fait que le club soit fermé vendredi (nous sommes mercredi) ne nous arrange pas, car 5 plongées, peut-être seulement 4, sont nécessaires. Cela exige donc de faire deux plongées en un jour (une pratique courante) ou de terminer notre formation à Bora Bora, notre prochaine île. De toutes façons, la première plongée de ce matin, partant dans 15 minutes, est complète, tout comme celle d'après. Ce sera donc cet après-midi si nous le souhaitons. Nous sommes ok, même si nous ne sommes pas certains de pouvoir obtenir notre certification avant dimanche, jour de notre avion. Nous décidons en fait d'aller voir si d'autres clubs existent dans le coin, au cas où ce soit plus facile ailleurs, ou moins contraignant en terme de disponibilités, voire moins cher. Nous laissons donc Henri se préparer, et allons prendre notre petit-déjeuner en discutant de tout cela, ainsi qu'en appréciant le décor, qui est bien meilleur qu'attendu. Nous pensions être dans une guesthouse un peu familiale, nous sommes en fait dans un hôtel respectable à la plage idéalement située sur l'île et remplissant parfaitement le cahier des charges.


A la réception, après être repassés dans notre chambre, nous apprenons que des vélos sont à disposition gratuitement pour une heure. C'est parti, nous partons sur la gauche direction l'Intercontinental, pour voir le club de plongée Top Dive indiqué dans le Lonely Planet. Le complexe hôtelier est bien sûr agréable et joli, mais pas hallucinant. En revanche, les bungalows disposés sur le versant de la montagne (et assez éloignés de l'hôtel semble-t-il) donnent une belle touche au panorama derrière nous. Après avoir garé nos vélos vétustes (il faut rétropédaler pour freiner), cela nous fait bizarre de voir toutes ces valises à la réception, de voir passer pas mal de monde, après être allés à Huahine et été dans un environnement plus paisible. Nous n'envions du coup pas les clients des lieux, d'autant que le personnel est souriant mais commercial. Bref, un autre monde. En revanche, en faisant le tour de l'hôtel, les bungalows sur pilotis font leur effet, tout comme l'un des restaurants, un peu en hauteur au dessus de la piscine. Le bleu du lagon commence à se découvrir. Il fait beau, et chaud. Ici, dans les îles, vous êtes en maillot de bain, tee-shirt ou chemise, paréo et tongues toute la journée, quoique vous fassiez (plages, courses, visites, balades... absolument tout). Nous trouvons le club de plongée, situé dans l'hôtel, dont les tarifs sont bien plus élevés. Cependant, ils ont de la place, ne sont pas fermés vendredi, et sont mêmes prêts à commencer ce matin. Nous les laissons en leur disant que nous réfléchissons, et allons faire quelques photos du complexe, comme par exemple au bout du ponton, permettant d'avoir une belle vue sur les bungalows sur pilotis, à côté des jetskis parqués en ligne, ou sur la piscine. Il n'y a pas beaucoup de monde. La plage est sympa, plus grande qu'aux Tipaniers, bien aménagée. Des paréos sont étendus, et nous apprenons que c'est le jour de "l'atelier paréos", pour apprendre comment en fabriquer, via la technique traditionnelle d'empreinte de motifs grâce au soleil, puisque le temps le permet ce matin (une sorte de grand tampon imprime une marque sur le tissu, coloré, en le posant simplement dessus et en le laissant comme cela au soleil, pendant une bonne demi-heure). Très intéressant, nous ne savions pas que cela se fabriquait comme cela. Nous faisons un tour, puis revenons dans le hall d'entrée, et quittons les lieux, car l'heure tourne. Face à l'hôtel, de l'autre côté de la petite route mal entretenue, nous passons rapidement voir l'homme qui propose des tours en 4x4 ou la location de jetski, dans sa petite baraque un peu minable, histoire de comparer les prix. Puis nous retournons aux Tipaniers, en faisant un arrêt au petit magasin sur la route pour acheter des chaussures de protection pour les pieds, afin de ne pas se faire mal ou se couper contre le corail lors de nos baignades.

 

Nous rendons les vélos une heure et quelques après les avoir pris, soit vers 10h30. Nous allons à la plage, en passant par notre chambre, et prenons une pirogue (à deux coques, dans le même style que celle utilisée pour le tour du lagon à Huahine) libre pour aller faire un tour des environs, dans l'eau maintenant turquoise-clair. D'autant que c'est l'heure ou un bateau vient observer les raies et les requins pointe noire pas très loin de la passe, à 500m environ. Nous souhaiterions emprunter deux masques pour 1h, plutôt que d'en louer pour la demi-journée, mais c'est refusé, même en demandant de payer au pro rata, et malgré la dizaine d'entre eux posés dans un seau qui ne serviront probablement pas d'ici à notre retour. Dommage, et pas très serviable. Nous raconterons dans quelques jours ce détail à Teiki, l'ami polynésien de Claude-Marie, qui ne sera pas étonné et regrettera que les choses se passent comme cela à Moorea. Il nous apprendra même qu'un bus était disponible hier pas très loin de l'aéroport, que nous aurions pu prendre, et que les gens de l'aéroport n'indiquent en général pas, pour faire marcher les taxis. Bref, nous nous installons donc tous les deux, et ramons vers l'endroit. L'eau est transparente, le corail gris parfaitement visible, à fleur d'eau, par blocs. Il fait chaud. Ramer et progresser dans ce joli bleu au dessus des poissons, pas forcément très nombreux cela dit, et laisser la plage derrière nous, en prenant la distance qui va bien pour apercevoir la bande de cocotiers et le motu d'à côté, est un moment privilégié que nous savourons, en pensant, il faut l'avouer, à nos fidèles lecteurs et vous tous. Nous avons de la chance, et il s'agit d'en profiter. Nous pagayons, mais avons un peu de mal à avancer droit, à cause du vent, d'un faible courant, et de notre technique peu habile. Nous arrivons quand même à rejoindre ce groupe de touristes, et nous mettons à l'eau malencontreusement, en chavirant alors que nous nous penchons tous les deux pour observer deux grandes raies pastenagues passer tranquillement juste sous la coque, en compagnie de pointes noires. A partir de là, c'est un festival où vous avez de l'eau bleu/verte jusqu'à la taille, le reste du corps au soleil, et cherchez les raies, d'environ un mètre d'envergure, et les requins autour de vous. Les raies sont moins craintives que les pointes noires, et passent vraiment vous frôler, souvent à plusieurs. C'est impressionnant, et assez magique. Des touristes autour nous prêtent leur masque, nous permettant de nager la tête sous l'eau et d'avoir une vue encore plus nette. C'est simple, il y en a partout. Certaines personnes pas très loin les attirent même directement, sans les nourrir cependant. Ils ont alors la raie presque sur eux, ondulant au niveau de leur taille. Assez fou, mais pas terrible question écosystème non plus, car en fait certains leur donnent un bout de poisson. Car s'il y en a autant (requins ou raies), c'est qu'ils sont habitués à être attirés. Moment unique en tous cas dans notre vie. Dans l'eau, et à une centaine de mètre du bord, la vue sur Moorea est belle, et permet de bien apercevoir les montagnes abruptes couleur émeraude, couvertes de cocotiers et de vert, se transformer en un bleu indigo au niveau de la mer. On se demande si nous ne sommes pas les personnes les plus chanceuses au monde d'être là, en ce moment. La réponse est simple : si, probablement !  

 

Nous restons là un petit moment, ne se lassant pas d'avoir ces animaux autour de nous, à les regarder passer tranquillement, ou changer de direction si nous nous dirigeons trop vite vers eux. Nous cherchons aussi les lunettes de Fred, qui sont tombées lorsque la pirogue a chaviré, sans qu'il s'en soit rendu compte, excité par ce qui se passait autour. Peine perdue au milieu du lagon, bien que l'eau soit vraiment particulièrement transparente, et que la zone où nous étions se reconnaisse par l'absence de corail autour. Pas grave, c'était une paire achetée au Cambodge, même si leur valeur sentimentale comptait un peu. Sur le chemin du retour, nous avons un peu de mal, et n'arrivons pas à nous coordonner. Il est 12h quand nous arrivons et nous posons au petit restaurant de plage de l'hôtel, pas mal du tout. Nous apercevons Greg et Céline, qui plongeaient ce matin, et nous racontent. Nous discutons aussi tous les deux, et concluons que passer notre Padi via le club de l'Intercontinental n'est pas pratique, car ce n'est pas tout près à pieds, et cher. Nous irons donc avec Henri, et verrons bien si nous devrons finaliser tout ça à Bora. Il fait très beau.

 

A 13h30, nous traversons les quelques dizaines de mètres qui nous séparent du club, et commençons notre première leçon. Nous écoutons les instructions d'Henry, et apprenons à installer l'équipement sur la bouteille, les consignes de sécurité, les vérifications, et, comme on dit, le pourquoi du comment. Tout est clair. Le temps de mettre tout cela en pratique, une bonne demi-heure est déjà passée. Direction ensuite le bateau, pour effectuer l'une des deux plongées obligatoires en milieu fermé, c'est-à-dire en piscine. Sauf qu'ici, la piscine, c'est le lagon. On aime. 15 minutes de bateau plus tard, après être passé à côté des bungalows de l'Intercontinental, ancre jetée, nous nous mettons à l'eau, tout les deux par bascule arrière. Audrey n'est pas rassurée du tout et a du mal à laisser le poids de la bouteille l’entraîner en arrière, même si elle se rendra compte une fois à l'eau qu'elle n'a pas eu le temps de prendre vraiment de la vitesse. C'est le moment de mettre en pratique les choses vues à terre, et notamment la procédure pour obtenir une flottabilité nulle, c'est-à-dire être en apesanteur dans l'eau. Pas si facile, à cause du temps que mettent les choses pour produite leur effet. Si vous gonflez un peu votre gilet, il ne se passe rien pendant deux ou trois secondes, puis vous montez un peu. Idem si vous le dégonflez, ou quand vous inspirez ou expirez (toujours un peu plus lentement et profondément qu'à l'air libre). Cela est perturbant, habitués que nous sommes aux réactions instantanées de la vie sur terre. D'autant que si vous descendez un peu trop, vous palmez pour rattraper, ce qui vous fait consommer de l'air, vous fait trop remonter etc... bref, il faut être calme et agir par petites doses, en laissant aux choses le temps de faire leur effet. Au final, vous flottez dans l'eau, dans une bande d'un mètre de large, en fonction que vous ayez de l'air dans les poumons (vous faisant monter légèrement) ou non (vous faisant perdre de l'altitude). Pas question d'aller voir des poissons tout de suite néanmoins. Il faut d'abord montrer à Henry que nous avons compris ce qu'il nous a expliqué, comme par exemple enlever l'eau qui rentre dans le masque lorsque vous êtes sous l'eau (en soufflant fort en continu par le nez). Sous l'eau, nous communiquons par gestes. Quelques-uns suffisent, toujours les mêmes. Nous sommes à 4m de profondeur. A chaque fois, Henry nous montre et décompose les étapes, puis nous demande de les exécuter. Il faut avoir en tête que les gestes sont lents, et qu'en dehors des bulles que vous libérez, vous n'entendez en gros que votre respiration dans le détendeur, appelé "second étage". Un monde particulier. Nous continuons ce genre d'exercices, puis partons nous promener, en le suivant, quelques mètres derrière. Nous descendons à 10m. Cela fait bizarre, mais est très sympa, de regarder vers le haut et de voir la surface de l'eau. Au fond, le corail n'est pas très coloré. en tous cas, ce n'est pas un arc-en-ciel. Des poissons sont curieux, mesurant 30cm, semblables à un ou deux de Némo, et s'approchent pas très loin. Certains sont noirs et bleus, ou ont des formes inattendues. Autour de nous, c'est le bleu, et le sol, que nous voyons descendre et se perdre en pente douce. Nous sommes au fond, sans dévier d'une ligne imaginaire pour éviter d'aller plus bas, à un mètre du sol corallien. Henry nous appelle alors, et nous demande de répéter les exercices de vidage de masque préalablement vus, en remplissant notre masque d'eau. Ca paraît difficile et flippant, mais tout se passe bien quand vous avez compris la technique. Puis nous reprenons notre balade, les bras refermés en se tenant les coudes, le corps en position horizontale, comme lui, pour éviter de dépenser trop d'énergie, donc trop d'oxygène. C'est alors que nous voyons deux requins pointe noire, d'un mètre de long, nager sur le fond, un peu plus loin. Nous les retrouverons, eux ou d'autres, à la fin, cette fois-ci se promenant bien au dessus du fond. Vers la fin, nous apercevons deux raies léopards, tachetées, battre gracieusement des ailes dans l'eau (leur forme est différente des raies pastenagues). Impossible de s'approcher, elles s'en vont en essayant. Superbe, avec quelques rayons du soleil à travers l'eau. Nous remontons quelques instants plus tard à la surface. Pas facile d'ailleurs de remonter dans le bateau, entre les palmes et le poids du matériel sur le dos. Nous procédons au vidage du gilet, fermons la bouteille et vérifions que tout est OK. Puis nous mettons le cap vers le club, en débriefant tous les trois. Tout s'est bien passé, mais Audrey a consommé trop d'air, à cause de la position ouverte de ses jambes, et de l'utilisation dans l'eau de ses bras, qui sont une des principales causes de consommation d'oxygène. Tout dans l'eau nécessite plus d'énergie, à cause de la résistance. Fred a eu du mal à bien ajuster sa flottabilité. Pas évident, mais tout s'est globalement bien passé, notamment les exercices. Et nous avons eu la chance de voir "des léopards". Dire que tout cela se fait normalement en piscine ! Nous sommes restés 53 minutes en tout sous l'eau, exercices inclus. Nous avons consommé presque les trois quarts de notre oxygène. L'eau n'a jamais été froide, même à -10m.


De retour au club, nous rinçons le matériel, aidons Henry à le ranger, et avons notre premier tampon sur notre nouveau carnet de plongée, dont la couverture "Tahiti" nous plait beaucoup. Il nous suivra désormais à chaque plongée, pour indiquer la profondeur max atteinte, la durée sous l'eau, les commentaires (exercices, objectifs ou poissons rencontrés), et valider chaque descente par un tampon. Obtenir le niveau 1 du Padi nous permettra de plonger en bouteille pour suivre un "dive master" (niveau 3), une sorte de guide nous promenant sous l'eau. Le bon suivi des procédures avant la plongée, la vérification du matériel etc... ne sera pas de sa responsabilité. L'idée est d'être autonome en compagnie d'un guide sous-marin. Passer le PADI inclus également - nous l'apprendrons dans quelques jours - de la navigation sous-marine (pour savoir comment retrouver le bateau et suivre un plan de route sous l'eau sans compas). Tampon et signature apposée, nous partons, et convenons de replonger demain pour la deuxième sortie en milieu fermé. En partant, il nous donne le manuel du PADI, gros de 280 pages, reprenant tout ce qu'il faut savoir pour l'obtenir. Il va falloir le lire, mais ce n'est qu'une reprise de ce que nous verrons ensemble, avec plus de détails et d'infos. Un test QCM de 50 questions est obligatoire à l'issue de la formation, et 75% de bonnes réponses sont nécessaires. Il est 16h00. Retour dans la chambre, en prenant notre temps sur le chemin, et en commençant à ouvrir le bouquin pour jeter quelques coups d'oeil.

 

Ce soir, Audrey souhaite aller voir un spectacle polynésien. C'est en effet le seul soir possible, et celui de Moorea semble être le plus intéressant de ceux proposés sur les différentes îles, car un peu moins touristique, ou plutôt un peu plus authentique. Fred n'a pas trop envie d'y aller, et préfère rester à l'hôtel. En fin d'après-midi, nous rejoignons le bar de la plage, et rencontrons Michaël et Rose-Marie, qui nous propose de nous accompagner, puisqu'ils y vont eux-aussi. Ils hésitent à prendre la formule avec dîner inclus, mais convenons finalement d'aller manger ensemble quelque part. Greg, qui est resté aux Tipaniers, plutôt que de rejoindre son hôtel, depuis sa plongée de ce matin, et Céline, se joignent à nous. Michaël est sympa, et nous emmène tous en voiture au Coco d'Ile, un restaurant à dix minutes de là. L'endroit est un peu vétuste, mais la bouffe est bonne, et vous mangez les pieds dans la sable (mais pas sur la plage ou face à la mer). Nous passons un agréable moment. Tout le monde s'entend bien, et nous aimons bien Michaël et Rose-Marie. Question de feeling. Eux viennent depuis 10 ans à Moorea, car elle est tombée amoureuse de l'île. Il est presque 20h quand nous terminons  le repas. Michaël propose de ramener Fred et Céline (elle ne souhaite pas non plus aller au spectacle), et Greg rentre à son hôtel. Audrey va donc seule en leur compagnie voir le spectacle. Aux Tipaniers, Fred s'installe sur la terrasse de Bob, l'autre américain rencontré hier, avec Céline, qui partage sa chambre. Lui est très différent de son compatriote US, mais intéressant, notamment lorsqu'il parle des pays dans lesquels il a passé plusieurs années, comme le Japon ou la Russie. Il écrit d'ailleurs un livre sur certaines îles de l'archipel nippon. Depuis ses années en Russie, il ne peut plus se passer d'un ou deux verres de Vodka. C'est donc bouteille sur la table que nous passons deux bonnes heures à parler voyage, culture, ou langues. Chose intéressante, il insiste en disant que le français est une des plus belles langues au monde. Ce n'est pas la première fois que nous entendons cela. Audrey revient vers 22h45, enchantée. Le spectacle avait lieu au "Tiki Village", un village typique reconstitué où, en journée, sont présentés les différents arts polynésiens. Lorsqu'elle arrive, cela est terminé, et nous (Rose-Marie, Audrey et Michael) sommes dirigés vers le restaurant afin d'assister à une démonstration de paréos, en musique (des musiciens live sont installés dans le fond de la salle). Après la démonstration féminine, place à la masculine, qui offre beaucoup moins de possibilités néanmoins. Puis nous nous installons dans le théâtre, des gradins en demi-cercle autour d'une scène de sable blanc, couverte d'un toit en pandanus (un arbre local) soutenant les projecteurs, et avec, dans le fond, l'océan dont on entend le bruit des vagues. Le spectacle commence par un chant polynésien entamé par une jeune chanteuse, puis au fur et à mesure, toute la troupe la rejoint. Très joli. Une bonne entrée en matière. Le spectacle durera une heure vingt environ, sera très professionnel, avec une mise en scène et des costumes soignés. Bien sûr, il y aura le moment "participation du public" (tourisme oblige), et Audrey se retrouve donc sur scène comme bien d'autres, à essayer de suivre les mouvements polynésiens. Pas évident mais sympa, en fait, toutes ces ondulations du bassin, les jambes pliés. Nous découvrons plusieurs danses typiques dont la danse du feu, la cérémonie du mariage, la danse des "cheveux" (elles les font bouger en rythmes et de manières chorégraphiées), et bien d'autres encore. Tout cela avec un orchestre de 4 musiciens, 2 chanteuses (une soprane et une alto), et 24 danseurs qui chantent également. La soirée fut très agréable, certes touristique, mais ce fut un spectacle fait par des professionnels qui ne se moquent pas de leurs clients en terme de qualité. 

 

Nous éteignons la lumière vers minuit, en compagnie du petit gecko vert qui n'a toujours pas quitté notre chambre.

 

"Nanaa" (au revoir, bonsoir).

 

 

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mar.

04

juin

2013

J6 - Ia Orana Moorea

Température de l'air : 29°C

Température de l'eau : 27°C, d'après notre moniteur de plongée. Un peu fraîche selon elle

Moment fort de la journée : S'arrêter observer une grande murène dans le lagon pendant notre baptême de plongée


Départ de Huahine aujourd'hui, pour Moorea, via un vol de 30 minutes à peine cet après-midi, vers 14h. Le temps d'effectuer ce baptême de plongée que nous avons décalé hier, afin de parier sur un temps un peu moins nuageux. Pari gagné, car il fait beau ce matin (voir la première photo ci-dessous, prise 2 minutes après s'être levés). Il y a bien quelques nuages sur notre gauche, vers le sommet de l'île, mais c'est quand même nettement mieux. Tout contents, nous partons donc en direction de Mahana Dive, le petit endroit où Annie tient son club. Le temps de marcher jusque là, il est 8h30. Nous la trouvons sur le bateau, avec un autre plongeur, un breton en vacances ici, Gaël, souhaitant reprendre un peu la main après une année sans plonger. Nous serons donc quatre en tout. Nous chargeons le matériel sur le bateau, mettons le cap vers la passe près de Faré, et jetons l'ancre environ 15 minutes plus tard, derrière la barrière. Sur le trajet, des dizaines de petits poissons volants nous ont accompagné une bonne minute en planant chacun sur une trentaine de mètres. L'eau est d'un bleu lumineux et profond, suffisamment claire pour apercevoir les récifs au fond, peut-être 10m sous nos pieds. Annie est très pédagogue, et rassure bien Audrey, avec les mots qu'il faut. Nous sommes briefés sur le matériel, son rôle, son utilisation, et sur le déroulement de la séance. Un baptême a pour but de nous faire découvrir la plongée sans stress, et sans véritable exercice. Mais sachant que nous souhaitons passer notre brevet, elle compte nous enseigner quelques bases qui nous feront gagner du temps dans les prochains jours. Nous nous familiarisons avec les termes de "manomètre", "premier étage", " deuxième étage", "moustaches", "direct system", "détendeur", "octopus" et autres ainsi qu'à nous servir du gilet, dans lequel vous injectez de l'air pour régler votre flottabilité, afin d'être en quasi apesanteur dans l'eau... Normalement, nous devrons lui tenir la main tout du long, mais si tout va bien et que nous sommes à l'aise, elle nous lachera pour que nous la suivions. L'important est de respirer calmement, de faire des gestes lents. Nous enfilons le matos, et nous mettons à l'eau, en utilisant la bascule arrière (en se laissant tomber vers l'arrière à partir du bord du bateau) pour Fred, ou en sautant à l'eau, toujours en tenant bien notre masque. Dans l'eau, nous tenons une corde, fixée au bateau, en restant à la surface afin d'écouter de nouvelles explications, comme celle permettant d'enlever - sous l'eau - l'eau qui rentre parfois dans le masque. Utile quand vous êtes à plusieurs mètres de profondeur. Il faudra de toutes manières apprendre lorsque nous serons inscrits pour passer le PADI à enlever son masque sous l'eau, le remettre, et le vider. Elle nous rappelle aussi l'importance de décompresser nos oreilles souvent, dès que nous pouvons, sans attendre de sentir la pression de l'eau. Puis nous descendons. Pour ceux qui n'ont jamais fait de plongée, la première chose qui vous frappe est la perte de repères sonores. D'un coup, plus de bruit, mais juste celui de votre respiration, lente, calme, profonde (mais pas trop), façon Dark Vador. Ensuite, c'est le bleu, partout, superbe, et le vide sous vos pieds, bien qu'il n'y ait que 10m de profondeur. Nous descendons doucement, en lui tenant la main, et en faisant le signe "OK" de l'autre (celui en reliant le pouce et l'index). Il y a des poissons, jaunes, multicolores, noirs, petits ou moyens, mais ce n'est pas une fourmilière. En bas, le récif est un peu abimé, terne, sauf à quelques endroits. Nous répètons le vidage partiel de masque, avec succès. Puis elle nous lâche, et nous fait signe de la suivre. Gaël, le breton, nous suit et répète les procédures standards pour se remettre en condition. L'eau est chaude, et nos combis courtes n'ont qu'un intêret psychologique, car l'eau est à 27°C en surface, et il n'y a pas de courant froid ici. Au contraire, en Polynésie, les courants partent de l'équateur et descendent vers les archipels de la région. Nous faisons du coup un grand tour, sans véritablement savoir dans quelle direction nous nous dirigeons, et sans connaitre notre profondeur. Nous ajustons par moment notre flottabilité en gonflant légèrement notre gilet, ou en le dégonflant (nous apprendrons plus tard à Moorea la technique et les règles exactes à suivre). Après 20 minutes à tourner dans les environs du bateau, le récif est un peu plus coloré, rouge ou  orange, parfois jaune. Mais ce n'est pas un festival de couleur, car il a été abimé par un terrible cyclone il y a 5 ans et se reconstruit partiellement. Nous sommes derrière la barrière, mais il n'y a pas de "tombant", autrement dit nous n'avons pas un mur qui tombe verticalement sur des centaines de mètres. C'est au contraire semblable au lagon, sauf que le sol descend doucement. Des poissons un peu curieux tournent autour de nous, ou viennent presque se coller à notre masque. C'est très sympa. Nous observons cet environnement subaquatique autant que nous apprenons à nous comporter dans l'eau, à sentir les choses et à essayer de bien faire. Annie nous emmène entre de gros rochers, une sorte de mini-canyons, et nous apprend à reconnaitre les coraux présents que nous pouvons toucher - s'il fallait par exemple se tenir pour rester immobile - des autres, qu'il est interdit de toucher ou qui sont urticants, voire venimeux. Nous croisons un ou deux requins à pointe noire, en baissant le regard alors que nous adoptons une position horizontale, sous nous, 6 ou 7 m plus bas, en train de zigzaguer tout au fond et de s'éloigner. Génial. Des poissons continuent de nous suivre ou de s'approcher, surtout quand elle sort un peu de pain pour les attirer. Certains osent même aller piquer directement dans sa poche. Peu craintifs, il est possible de les toucher rapidement en approchant doucement la main de leur queue, et de les sentir partir dans la demi-seconde suivante. Dans l'eau depuis 40 minutes, nous nous sentons bien. Et là, tout à coup, Gaël aperçoit une murène sortir partiellement de son trou, logée dans une paroi verticale au dessus de laquelle nous passons. Nous la contournons, et nous immobilisons à quelques mètres, légèrement au dessus d'elle. Elle sort un peu plus, sans jamais quitter complètement son abri, probablement pour défendre son territoire. Elle est grande, et grosse. La partie visible doit bien faire un bon mètre, et sa tête une vingtaine de centimètres de large. Terrible. Impossible de filmer tout cela, car notre caméra ne peut descendre en dessous de 5m. Cela dit, nous non plus en théorie, mais nous avons l'impression d'être un peu plus bas. Nous restons une ou deux bonnes minutes à regarder la murène, puis repartons, avant de rentrer au bateau, que nous apercevons au dessus de nous sans s'être rendus compte que nous étions revenus au point de départ, exceptée l'ancre dont la corde part à la verticale, et permet de voir les choses d'une perspective différente de d'habitude. Combien de fois Fred s'était demandé ce qu'il y avait au fond, quand l'ancre arrivait à la fin de sa course. Là, il peut observer tout cela à loisir, surtout dans l'eau claire des environs.


A la surface, nous enlevons notre masque et parlons de nos impressiosn avec Annie, en étant toujours dans l'eau. Elle nous dit que nous nous en sommes très bien sortis, et que nous sommes descendus à 8m. Sympa de sa part. Notre baptême s'est bien passé, et va nous permettre d'aller un peu plus vite la prochaine fois en ayant déjà appris certaines choses qui ne sont normalement pas enseignées la première fois. Nous remontons sur le bateau, enlevons notre lourd équipement, qui nous rappelle nos sacs de voyage, et rentrons.


Retour à la guesthouse dans la foulée, après avoir discuté une dernière fois avec notre monitrice du jour, de son expérience, de son parcours, et de notre voyage. Elle nous remplit le papier validant notre baptême et nous montre à quoi ressemble un carnet de plongée, qui répertorie toutes vos plongées. La couverture de celui-ci indique "Tahiti", avec une belle photo de requin dessus. Quand on sait que ce carnet vous suit partout dans le monde quand vous plongez, on se dit qu'on aimerait avoir le même, car c'est un peu le rêve d'être là. Nous verrons bien. No big deal. Il est 11h quand nous rentrons. Le temps de faire nos affaires, entreposées dans le dortoir (le check-out était à 10h, soit en fait avant d'aller plonger), de prendre une petite douche, de sentir les rayons chauffer notre peau dès qu'elle est exposée, et de déjeuner une dernière fois, et il est l'heure de partir. Nous saluons nos amis suisses et leur fillette, et grimpons dans le pick-up de Laurence qui nous emmène à l'aéroport. Il est 13h45. Enregistrement du sac en une minute, et nous retrouvons Greg, qui part aussi pour Moorea aujourd'hui. Son hôtel là-bas sera en fait pas très loin du notre. Cool. 

 

Prendre l'avion pour rejoindre une autre île de l'archipel de la Société, c'est un peu comme prendre le bus chez nous. L'aéroport est minuscule, équivalent dans sa taille à ceux du Népal, avec une seule grande salle commune servant pour enregistrer, de salle d'attente, de salle d'arrivée ou de départ. Les bagages des arrivants sont posés sur une table et chacun prend le sien, sans véritable séparation avec la piste ou le mécanicien. Nous décollons à l'heure, nous asseyons côté droit pour voir le lagon de haut, qui ne brille pas aujourd'hui à cause des nuages, qui se sont accumulés depuis deux heures. Tant pis. Nous arrivons à Moorea, dont les couleurs de haut semblent moins éblouissantes que celles de Huahine (on a encore en tête celles du lagon vues samedi en pirogue), mais il est probable qu'il suffirait d'être placé autre part au dessus de l'île pour que cela ne soit pas le cas. Une fois à terre, nous nous mettons en quête d'un chauffeur pour nous amener aux Tipaniers, où nous restons 5 nuits. C'est sur cette île que nous passerons le plus de temps. Personne ne nous attend, ce n'est pas une surprise, et allons voir le chauffeur d'une navette attendant les clients de son hôtel, pour voir s'il peut nous déposer au passage, comme nous avons fait à Huahine. C'est non, sans possibilité de s'arranger, même financièrement, car des taxis sont là, et "nous avons une amende si nous nous faisons contrôler". Mais qui va contrôler ce genre de choses, et qui sera au courant ? Il suffirait de s'arrêter sur la route pour nous laisser sortir, et l'affaire serait conclue. C'est pareil en essayant d'aller voir, pourtant avec le sourire et gentiment, tranquillement, et discrètement une ou deux autres personnes. Premier contact froid, qui tranche radicalement avec l'île précédente. Moorea, ça a l'air d'être une usine pour tourisme de masse. "Il y a des procédures" nous dit l'un d'eux, pas très content peut-être d'avoir été tutoyé alors que tout le monde à Huahine souhaitait l'être (c'est une explication possible après avoir posé quelques questions à la dame avec qui nous feront finalement le trajet jusqu'à l'hôtel). Nous sommes bien en France, à retrouver les complications métropolitaines. Il serait difficile de relater la rapide conversation que nous avons eue, mais nous faisons bien comprendre que nous ne débarquons pas de Paris, et qu'il existe bien des endroits dans le monde où il est facile de s'arranger, et de trouver quelque chose où chacun y trouve son compte. Que en gros, cela peut être très simple, soit très compliqué. Question de volonté. Greg est désolé quand il s'aperçoit que deux voyageurs de bonne humeur avec leur sac à dos ne trouvent personne pour les aider, préférant les faire rentrer dans un système où le but est probablement de gagner de l'argent et de suivre une procédure destinée à atteindre cet objectif. En demandant si quelqu'un peut nous aider, nous n'obtenons pas de réponses. Probablement une première dans notre tour du monde. Bref, cela ne s'arrange pas quand nous nous décidons finalement pour un taxi, n'ayant pas d'autres choix à part le stop, et que celui-ci, en lui posant la question, nous indique un prix de 4000 CFP (soit 32 euros), en prétextant qu'il faut aussi qu'il revienne à l'aéroport. Nous essayons de négocier, très surpris par un prix que nous trouvons excessif, mais le chauffeur ne veut rien savoir, même quand nous lui disons qu'il y a deux ans, le prix était de 3000 (il nous répond alors que ce sont de faux taxis illégaux, qui risquent gros s'ils se font prendre... mais qui va contrôler une voiture normale parmi d'autre dans le flot pour cette raison ?). Là encore, difficile de vous raconter une conversation qui se mord la queue devant des réponses théoriques face à des arguments pragmatiques et un peu rodés par l'expérience acquise depuis maintenant 7 mois face à ce genre de situations. C'est drôle comme les choses peuvent se passer différemment d'un pays à l'autre. Nous en venons à lui demander de nous laisser descendre, en lui signalant d'ailleurs que nous avons tous à perdre puisqu'il n'y a plus de clients à l'aéroport, car plus de vols aujourd'hui. Pas grave, et pas si étonnant. Le rythme des îles. No big deal, mais dommage de ne pas avoir trouvé une solution, ici, dans un endroit du monde où tout est sûrement possible. Pas étonnant à Singapour ou Sydney, mais ici, un peu, selon nous. Nous payons donc les 1000 CFP, soit 8 euros, que nous lui devons (frais de prise en charge apparemment), pour seulement 1,4km parcourus. Mauvaise sensation commune, qui casse un peu celle que nous avions jusqu'à présent. Impression que des choses simples peuvent être compliquées, que nous n'avons dans nos souvenirs pas rencontrée en 7 mois. Un défaut très français ? On se pose la question, face aux multiples expériences et souvenirs que nous avons en tête après avoir traversé toutes sortes de pays. C'est donc sur le bord de la route que nous descendons, en ayant pesé le pour et le contre tout les deux à voix haute, sans jamais s'énerver. "Les popas (français de métropole) font toujours des histoires" nous dit-il. Peut-être, il y a sûrement du vrai. Mais nous avons encore 5 mois de voyage devant nous, et devons faire attention à ce genre de choses, d'autant que les 14 jours restants en Polynésie vont nous coûter cher, étant donné le coût de la vie et les activités que nous voulons pratiquer. Vous voulez qu'on vous dise ? Ca nous plaît aussi d'être arrêtés là, de s'adapter à une situation dans laquelle nous sommes mal à l'aise, de trouver une solution pratique, et de faire du stop sans se laisser dépasser, et en restant optimistes. C'est donc contents de changer radicalement de plan, et de la jouer Pékin Express, que nous commençons à marcher, sac sur le dos, et pouces tendus à chaque passage de voiture. Cela dure un quart d'heure. Espérons que nous trouvions une âme charitable, car nous avons plus de 20km à faire, soit 4h de marche. Impensable évidemment. Sourire et bonne humeur inscrits sur notre visage, nous nous mettons à la place des conducteurs et tentons d'inspirer la sympathie. Une femme d'une trentaine d'années, originaire de France, arrête sa clio et nous prend. Elle ne peut nous emmener aux Tipaniers, situés au nord-ouest de l'île, car elle doit passer chercher un de ses fils, puis ses deux autres enfants. Sur la route, nous croisons une voiture endommagée par un petit camion jaune, qui est en fait la navette de Greg qui a refusé de nous aider tout-à-l'heure. Nous l'apercevons même en train de discuter avec un pompier. Trop drôle. Nous apprendrons un peu plus tard qu'il nous a vus faire du stop sur le chemin. Nous restons dans la voiture quand notre bienfaitrice fait un détour par la crèche, puis acceptons sa proposition lorsqu'elle nous dit qu'elle nous amène plus loin, et que nous nous serrerons à l'arrière après être allé prendre son fils et sa fille d'à peine 10 ans. Nice. Elle nous laisse du coup à 5km de notre endroit. Nous en avons profité pour discuter sur le trajet, et faire une rencontre, éphémère mais sympathique, de plus. Nous retendons alors le pouce pour les derniers kilomètres. Nous avons peur que personne ne s'arrête. Cinq minutes plus tard, c'est une polynésienne d'une cinquantaine d'années qui nous prend dans son 4x4. C'est là que nous demandons s'il faut tutoyer ou non les gens ici. Apparemment plutôt non. Elle nous dépose devant l'entrée de notre guesthouse, qui s'avère en fait être un hôtel plutôt pas mal. Il est 16h30.

 

Nous découvrons notre chambre, la moins chère de l'hôtel, située pas très loin de la réception, juste avant les bungalows individuels distribués dans un grand jardin à l'ombre des cocotiers géants, et au début d'un chemin menant à la plage. Notre chambre est très correcte, et bien mieux que ceux à quoi nous nous attendions. Nous ne pensions pas être dans un lieu aussi sympa et classe. La bonne surprise. Nous revoilà dans un vrai hôtel, plutôt luxueux (toutes proportions gardées, étant donné l'offre haut de gamme dans le coin). Mais contrairement à d'habitude, pas le temps de visiter, car Audrey souhaite passer chez le médecin, à cause d'une douleur dans l'oreille. Celui-ci est à 20 minutes de marche. Sur place, nous attendons un peu, puis sommes pris rapidement. Un petit "bouchon" obstrue l'oreille d'Audrey, mais d'un geste maitrisé et aidée d'un peu d'eau chaude, le medecin, originaire de Carcassonne, la soulage. Cela n'aura pas duré longtemps. Au passage, en racontant ce qui nous ammène en Polynésie, nous obtenons l'adresse d'une excellente guesthouse pour l'île de Pâques. Le genre d'info que nous adorons obtenir, et qui change souvent tout. En sortant, une pluie abondante se met à tomber. Nous aurions dû prendre le parapluie. Un comble en Polynésie. Nous attendons que tout cela se calme, puis marchons vers notre hôtel, et nous arrêtons plus tôt que prévu pour chercher Greg, car le sien est à côté. Il tentait justement de nous joindre, et s'apprêtait à partir vers chez nous. Nous nous remettons en marche, tous les trois, sous la pluie, et lui racontons notre plongée de ce matin.

 

Aux Tipaniers, nous découvrons enfin, mais de nuit, la petite plage et les cocotiers sur le sable, ainsi que le bar/restaurant. Le cadre est très agréable, et fait assez rêver, tout en restant simple. Question d'emplacement et d'agencement. Nous décidons de prendre un verre, et rencontrons au bar (qui va fermer) l'un des quelques clients présents. Un américain d'une soixantaine d'années, Bob. Il nous invite à se joindre à lui, et à la française d'une trentaine d'années (en tour du monde) qui partage sa chambre (une histoire à dormir debout mais où tout va bien et sans mauvaises intentions... on voit de tout en tour du monde, on vous racontera), et un couple franco-américain vivant à Los Angeles, Rose-Marie et Michael, tous très sympa. Nous restons à discuter tous ensemble, et devant l'ambiance générale, allons prendre une table au restaurant de l'hôtel, plutôt calme, discret, de bonne facture. Nous passons une excellente soirée, avec des gens intéressants avec lesquels nous accrochons bien, à discuter de nos origines, de nos parcours, ou bien encore à échanger des points de vue sur les élections américaines passées ou à venir. Il est 23h30 quand nous rejoignons notre chambre très propre, et terminons cette longue journée en remarquant le petit gecko vert qui se balade, perdu, sur nos murs. Lights off.

 

 

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lun.

03

juin

2013

J5 - Balade en scooter

Température de l'air : 29°C

Température de l'eau : probablement plus chaude que la piscine des parents d'Audrey dans le Sud de la France à la fin de l'été

Moment fort de la journée : Audrey aux commandes du scooter

 

Journée nuageuse, dans la continuité des pluies intenses de la nuit, qui nous ont d'ailleurs réveillés une ou deux fois. Nous nous levons tôt, car nous allons voir Annie, au club de plongée dont Laurence nous a parlé, pour se renseigner sur l'obtention du PADI, ou du niveau 1 du brevet de plongée, afin d'être certifié d'ici à notre arrivée à Rangiroa, et pouvoir faire autre chose que de rester à 5m sous l'eau en bouteille (limite légale si vous n'avez pas ce brevet) ou en surface avec un tuba. Nous arrivons donc là-bas, dans ce tout petit club qu'elle seule dirige, petit sac à dos avec quelques affaires sur le dos au cas où nous effectuions notre bâptème ce matin. Mais le temps est orageux, menaçant. Nous discutons donc avec elle de ce que permet l'obtention de cette certification reconnue partout dans le monde, de ce qu'elle va nous apprendre si nous faisons notre baptême (première plongée en bouteille), et des clubs de plongée sur Moorea, Bora et Rangiroa. Apparemment, cette dernière île est hallucinante, comme nous n'arrêtons pas de l'entendre, point de vue plongée. Du coup c'est clair, il nous faut le PADI pour vraiment en profiter. Nous sommes très motivés. D'autant qu'une fois en poche, il nous permet de plonger non pas à -18m comme partout dans le monde, mais à -29m, seulement en Polynésie Française, car la visibilité est ici extraordinaire. Elle nous prévient auparavant qu'une fois les bases assimilées, cela ne fait pas une grande différence, pour les oreilles, de plonger à -30 par rapport à -20. Excellente nouvelle. Nous mettons un peu de temps cependant à nous décider si nous souhaitons aller sous l'eau ce matin, car les nuages sont gris, et avons donc peur de ne pas très bien voir dans l'eau, d'autant qu'il y a un peu plus de courant ces derniers jours. Finalement, nous préférons revenir demain matin en espèrant que la météo soit meilleure. Annie est cool, et cela ne lui pose aucun problème. Nous rentrons donc à la guesthouse.

 

L'idée du jour est de louer un scooter pour faire le tour de l'île et se balader. Et la toute petite échoppe pour ce faire est sur le chemin, dans la rue principale (c'est un petit local en bois, assez vieux, tenu par une polynésienne, avec deux scooters garés à côté, et quelques vélos vétustes, pas un magasin neuf ou entretenu). Là-bas, nous croisons un français retraité à qui nous avions rapidement parlé hier, et avec qui nous nous mettons à discuter, de plongée notamment. Lui est un passioné. Il lui manque un petit bout de doigt à cause d'une morsure de "Fugu" (le poisson japonais qui vous empoisonne s'il est mal découpé), en essayant avec un ami local d'en faire sortir un d'un mètre de long d'une nasse (ceux que nous avions vus au Japon dans les aquariums faisaient trente centimètres), d'abord avec son pied, puis en mettant par reflexe sa main lorsqu'il lui avait mordu un bout d'orteil. Les propos échangés avec Annie se poursuivent donc, et il nous fait parallèlement part de son excellente opinion des Tipaniers (du nom d'un arbre d'ici et de sa fleur), l'endroit où nous dormirons demain à Moorea, et du club de plongée qu'Annie nous a indiqué, Scubatipi. Nous restons presque une demi-heure tous les trois, sur le trottoir, à discuter. Les larmes lui montent aux yeux lorsqu'il nous raconte qu'il a rencontré une fois une baleine et son petit, et qu'il a pu l'approcher, à Moorea, il y a une dizaine d'années. Il nous raconte l'émotion qu'il a ressentie, les vibrations liées aux ultrasons qui lui remontaient dans le ventre, sans savoir où la baleine était, le fait de la regarder dans les yeux, puis de pouvoir la toucher une fois qu'elle s'était habituée à eux. Son émotion et les expressions de son visage sont communicatives. Il nous parle aussi de Rangiroa, en tenant des propos semblables à ceux que nous avons entendus. Il nous raconte aussi des moments de vie en Polynésie, qu'il connait un peu, en y passant parfois plusieurs mois par an. Juste après avoir confirmé, une fois notre discussion terminée, notre réservation d'un scooter pour le fin de mâtinée, nous nous regardons et trépignons à l'idée d'être là d'une part, et d'aller à Rangiroa d'autre part. C'est plus que certain, obtenir le PADI est une obsession pour nous désormais. Nous bavons d'avance à l'idée de ce que nous allons voir. Il paraît qu'au fond de l'eau, par -40m, soit pas très loin de là où nous pourrons descendre, des centaines de requins citrons ou à pointe noire se baladent, dans un effet de fourmilière. Vous imaginez ?

 

Nous parcourons les 20m qui nous séparent de notre guesthouse, et nous posons pour prendre un café. Il n'est que 10h30. Fred reste sur la terrase, sur l'ordinateur, et Audrey est dans la chambre pour bouquiner, et se reposer, ou faire un peu d'exercices. L'heure tourne, à force de croiser une ou deux personnes avec qui vous discutez, et il est rapidement 12h. Audrey est partie récupérer les clés du scooter. Vu l'heure, nous préférons déjeuner ici. Puis nous partons, alors que le temps s'est amélioré, sans être parfait néanmoins. Nous devons rendre le scooter vers 17h, juste après la fermeture des deux petites pompes à essence de la ville. Dans la rue calme, nous montons sur l'engin, et partons vers l'un des côtés de l'île, en essayant de trouver un ou deux sites archéologiques. Nous empruntons la seule route, bordant l'eau, filant entre les cocotiers, puis en rentrant un peu plus dans les terres, remplies de végétation en dehors de quelques maisons de temps en temps, pendant une demi-heure. Nous nous arrêtons par moment, pour faire quelques photos, puis continuons. Nous sommes alors sur le côté Est de l'île. Nous trouvons des ruines, sans comprendre ce que cet empilement de pierres disposées comme une muraille représente, le terrain laissé un peu à l'abandon et conquis par la verdure. Pas très loin, nous trouvons une plage déserte, jolie. A cet endroit, la barrière de corail est à  quelques mètres du sable de la plage. La mer est agitée, des vagues d'un bon mètre se cassent dans un grand désordre, et paraît dangeureuse. Sans parler des coraux tapissant le sol à quelques centimètres de la surface, voilà une vraie raison de ne pas entrer dans l'eau, bordée de grands cocotiers verticaux. Le vent souffle. Nous continuons donc à rouler, et partons un peu plus vers le sud. Nous finissons en prenant une route en terre bosselée, sans véritablement savoir où elle mène, et tombons sur une barrière. L'endroit est désert, nous garons le scooter, et franchissons le portail, pour nous rapprocher de l'eau aux couleurs turquoises. En fait, nous sommes là où se tenait auparavant le Sofitel de l'île. Toutes infrastructures hôtelières enlevées, il ne reste que la plage, bien plus belle - image de marque oblige - que celle de Faré, une piscine vide et abandonnée, et quelques chemins laissant deviner où se trouvaient les bungalows d'autrefois. Quoiqu'il en soit, le coin semble parfait pour une session de snorkeling, avec le turquoise de l'eau, proche de celui observé pendant notre tour en pirogue de l'autre fois, et les coraux dispersés jusqu'à la barrière de corail, à 100m cette fois-ci de là. Nous partons donc chercher le scooter, pour le garer un peu plus près, enfilons nos masques, et nous mettons à l'eau, sans difficulté vu sa température. Il suffit d'avancer, d'abord en mettant ses pieds, puis en marchant tranquillement jusqu'au cou, sans ressentir la moindre fraicheur à aucun moment. C'est fou, alors que nous sommes au milieu du Pacifique. Il suffit juste de faire attention en posant les pieds, à cause des cailloux. L'eau est très transparente. Les coraux ne sont pas hallucinants, un peu ternes même, mais des poissons curieux, dont certains jaunes canaris et noirs, viennent à notre rencontre. Certains tout plats sont posés sur le sol, couleur sable, à la manière d'une sole. Nous jouons avec, en les ayant à quelques centimètres de nos mains ou de notre visage. Par contre, nous restons là où l'eau ne dépasse pas nos hanches, à cause du très fort courant qui vous traine malgré tous vos efforts. Il faut vraiment faire attention. Nous restons ainsi comme cela, tout seuls, une bonne demi-heure. En revenant nous sécher, nous croisons un couple comme nous, des français, sac sur le dos, nous expliquant qu'ils font un tour du monde pendant 7 mois. Nous discutons donc de nos expériences. Ils sont fous quand nous leur disons que cela fait justement 7 mois depuis aujourd'hui, ou hier ne sachant pas vraiment quelle date exactement nous sommes, que nous sommes partis. Ils sont allés à Moorea, et ont passé leur Padi dans le club que nous avons en tête, en quatre plongée et trois jours. Super, cela veut dire que nous pourrons faire de même. Et Henri, qui tient l'agence, est très pro.

 

Il est 16h, soit presque l'heure de rentrer. Nous reprenons la route. Audrey est aux commandes, pas très rassurée, mais se débrouille bien après quelques hésitations. Nous échangeons néanmoins les rôles après une petite frayeur. Nous faisons un détour par le pont reliant les deux îles, pour alimenter nos souvenirs, puis retournons en ville, à l'heure pour faire le plein et rendre la machine. Il est presque 17h. Nous prenons une douche, prenons notre temps, et allons rejoindre Greg, le Suisse rencontré hier midi chez "Tara", le restaurant polynésien où nous sommes allés, dans son hôtel. Auparavant, nous avons acheté trois bières, pour prendre un apéritif tous ensemble. Une fois là-bas, nous le trouvons, et décidons d'aller les boire assis sur le ponton de la plage, alors que la nuit est déjà tombée. Cela s'éternise, à discuter de la journée, de plongée, et de bien d'autres choses. Puis nous rejoignons le petit restaurant où nous sommes allés plusieurs fois, notamment pour regarder le documentaire de surf. L'ambiance est bonne. Nous nous entendons bien tous les trois. Nous lui apprenons que nous sommes en tour du monde, chose qu'il ne savait pas. C'est donc reparti pour un tour, et une heure, devant ses questions, que nous devinons à force de parler de notre voyage aux gens que nous rencontrons. Nous finissons après avoir repris une bière (n'arrivant pas à s'arrêter de discuter tous ensemble) en compagnie d'une polynésienne d'une vingtaine d'années habitant Bora-Bora. L'occasion de glaner quelques adresse locales tenues par sa famille. Ca pourrait être utile. Nous sortons vers 23h30, et nous donnons rendez-vous demain, puisque nous prenons le même avion pour rejoindre Moorea, où il se rend également. Le hasard fait bien les choses...

 

 

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dim.

02

juin

2013

J4 - Huahine - Un dimanche dans les îles

Température de l'air : 28°C

Température de l'eau : suffisamment chaude pour avancer jusqu'au cou sans vous arrêtez à cause du froid

Moment fort de la journée : les prières chantées en polynésien à l'église


Aujourd'hui, c'est dimanche. Et le dimanche, à Huahine, on fait quoi ? On va à la messe. Oui oui. En fait, nous étions passés à côté de l'église il y a trois jours en se baladant pour découvrir le village de Faré, et les souvenirs qu'a Audrey d'une messe à laquelle elle a assisté en Nouvelle-Calédonie lui ont donné envie d'aller à une polynésienne. Nous nous sommes donc dits que nous irions aujourd'hui, pour 9h. Nous partons donc après avoir pris notre petit-déjeuner.

 

En ouvrant la porte qui donne sur la terrasse, à peine réveillés, la première chose que nous voyons est la mer, et le ciel bleu. La lumière est douce, typique de celle du matin. La rue est calme. Tout est paisible. En nous asseyant pour commander notre chocolat, Laurence nous dit que des dauphins se promènent juste en face. Nous nous levons donc immédiatement pour aller les voir. Effectivement, ils sont à une cinquantaine de mètres, et sortent de l'eau par groupe, doucement, sans s'agiter. De loin, leur dos brille juste au dessus de la surface. Quels premiers instants de la journée !

 

Nous partons un quart d'heure avant le début de l'office, et avons préparé notre sac pour ensuite aller dans un restaurant plus au sud de l'île, "Chez Tara", pour manger polynésien (le dimanche, des préparations spéciales ont lieu, typiques). Nous arrivons dans l'église, ciel bleu au dessus de nous, et cocotiers sur les côtés. A l'intérieur, pas de vitraux, mais de grandes fenêtres ouvertes, et de la végétation tout autour. Rejoindre l'église fut rapide. Les femmes sont en blanc, ou avec des robes à fleurs, et les hommes portent également des chemises colorées ou fleuries. Le curé porte un collier de fleurs blanches autour du cou. La messe va durer une bonne heure, voire un peu plus puisque des adolescents effectuent leur première communion aujourd'hui. Pendant cette heure, nous allons être transportés, principalement par les chants en langue locale, superbes, à plusieurs voix, accompagnés d'une bande sonore marquant le rythme. Le gospel local en quelque sorte. Lorsque les premières prières chantées retentissent, nous sommes tout les deux sous le charme, subjugués par les vibrations qui se dégagent. Un vrai moment d'émotions, évidemment difficile à décrire. Nous avons réussi à enregistrer un chant à un moment, et le mettons en lien ci-dessous (dès que nous pourrons en fait), pour vous donner une idée, même si cela rend moins bien. A chaque fois, les paroles sont vidéo-projetées sur un grand écran blanc accroché au mur. Le "Notre Père" est aussi chanté, avec des refrains justes, l'embellissant indubitablement, et rendant toute la messe bien plus gaie, joyeuse que celles que nous connaissons, souvent mornes et formelles. Toutes ces louanges respirent l'émotion, la joie et la vie. C'est beau, tout simplement. Nous ressentons vraiment quelque chose de spécial. Un grand moment du voyage, et de notre escale en Polynésie, assurément. Superbe idée que d'être venus, et beau souvenir.

 

Après ce moment différent des autres, nous repartons à la guesthouse, à quelques minutes de là, pour prendre les masques et tuba (nous les avions oubliés) avant de chercher une voiture pour rejoindre l'île du Sud, à une dizaine de kilomètres. Nous comptons en effet aller au restaurant en stop, sur les conseils de Laurence. Faire du stop ne craint rien ici, et est une pratique courante. Nous voulons bien la croire, quand on voit comment les choses se passent. Mais auparavant, nous repassons à l'église pour discuter avec le prêtre, et en apprendre un peu plus sur son parcours. Nous imaginons en effet le choc et le plaisir qu'il a du avoir en arrivant de métropole (c'est en effet un français d'Europe). En fait, non, il est là depuis 35 ans et est curé depuis seulement quelques années. Cela ne s'est donc pas déroulé comme nous le pensions. Nous pensons trouver une voiture à la sortie pour faire du stop, et profiter du fait que beaucoup de monde soit là, mais pas mal sont déjà partis, et nous préférons commencer à marcher sur la route en direction du sud. Après dix minutes, et plusieurs voitures de passées, une s'arrête. C'est un couple avec leur enfant. Nous grimpons à l'arrière, et ils nous avancent. Nous remarchons un peu, et un grand 4x4 s'arrête et nous invite à monter. Tous les gens sont amicaux. Ceux-là nous reconnaissent et nous demandent, pour confirmer, si c'était bien nous qu'ils ont vus à la messe. Comme quoi. Nous faisons un détour pour passer chez eux, puis lui propose de nous emmener directement au restaurant. Nous acceptons, après avoir bien sûr refusé initialement. Il souhaite en profiter pour aller voir les vagues. Sur le chemin, nous discutons, notamment des quelques années qu'il a passées en Corse comme militaire et pompier, avant de revenir dans sa Polynésie natale. Il nous parle des Australes, et des Marquises. Sur le chemin, il nous montre un lookout à partir duquel la vue sur le lagon est époustouflante, grâce à l'altitude du point de vue, surplombant le lagon. Avec le soleil qui chauffe à plein, vous êtes ailleurs. Puis nous arrivons au restaurant.


Là-bas, à peine descendus, une nouvelle vue nous saisit. La mer est bleue turquoise, parfois un peu plus foncée, un ou deux cocotiers bordent le sable, et un catamaran est ancré à cent mètres en regardant l'horizon, pile dans votre champs de vision. Là aussi, c'est la carte postale. Et quand nous voyons la tonnelle sous laquelle sont disposées les tables, face à cette vue, l'eau un mètre sous vos pieds, c'est le top. Oui, c'est bien là que nous allons déjeuner. Probablement l'un des plus beaux endroits dans lesquels nous avons déjeuné de toute notre vie, sans hésitation. Nous avons du mal à croire ce que nous avons devant nous, car nous n'imaginions pas cela. Nous nous asseyons, puis allons visiter un peu la grande salle dans laquelle les plats typiques (thon à la tahitienne, épinards au lait de coco, poulet coco, taro, fei, manioc... et fafaru, un "poisson qui pue", et que les occidentaux, voire des polynésiens, ont du mal à avaler) vont être disposés en buffet, après avoir été cuits dans le four traditionnel, c'est à dire après avoir été enveloppés de feuilles de bananiers puis jetés dans la braise. Côté mer, nous invitons un trentenaire, tout seul, à venir nous rejoindre, mais celui-ci, timide dans un premier temps, refuse et souhaite nous laisser profiter de notre lune de miel, selon ses dires, que nous corrigeons immédiatement. Nous prenons un cocktail, et perdons notre regard dans le bleu, garanti sans colorant. Puis nous ré-invitons Greg, ce suisse tout seul à sa table, avec qui nous passons le reste du déjeuner et sympathisons. C'est un fou de plongée, très sympathique, travaillant pour la police criminelle (nous l'apprendrons le lendemain, quand nous le reverrons). Le déjeuner est bon, sans être exceptionnel. Les légumes (Taro, manioc, fei...) sont un peu secs et très neutres au palais. Le thon est très bon, tout comme le dessert, et notamment la papaye ou les bananes confites. Devant la couleur de l'eau, Fred ne peut pas résister à aller se baigner, et enfile le masque et le tuba, pour nager autour des quelques récifs parsemant le fond. Rien de grandiose, mais l'eau est chaude. Greg rentre, en vélo, sur Faré, après avoir hésité à rester en notre compagnie. Puis nous partons nous aussi, toujours en stop. Nous marchons cette fois-ci un peu plus de temps, environ 20 minutes, avant qu'une voiture nous prenne. C'est un paysan local et sa petite fille. Nouvelle occasion de vivre la Polynésie, d'écouter, d'observer, de poser quelques questions. Puis, après quelques kilomètres, nous reprenons notre route à pieds. Là encore, nous marchons un peu de temps (il n'y a pas grand monde le dimanche sur cette route, l'une des trois en tout de toute l'île), sous un ciel nuageux, avant que la chance nous sourit. Une voiture s'arrête. Ils vont à Faré, youpi. Heureusement, car en voyant le chemin qu'il restait à parcourir, nous aurions mis trois ou quatre heures. Nous arrivons à la guesthouse.


Le soir, nous allons à l'hôtel situé au bord de la plage où nous sommes allés plusieurs fois, rejoindre Claire et François pour dîner. Très sympathiques, ils nous proposent de nous faire visiter leur grande chambre luxueuse et spacieuse, une véritable petite hutte pour eux tout seuls, puis d'ouvrir la bouteille de Champagne qu'ils ont ramenée, sur leur terrasse. Attention délicate. Nous discutons à bon train, puis allons au restaurant de l'hôtel, bon mais très calme, dîner tous ensemble. Là aussi, les dicussions fusent, que ce soit sur notre voyage ou sur leur mariage ou enterrement de vie de garçon/jeune fille. Un bon contact. A tel point que nous fermons le restaurant, restons encore à discuter à la table, puis rejoignons leur terrasse pour prendre un café, qui s'éternise. Nous rentrons finalement vers 1h15, après avoir essuyé un bel orage avant de les quitter. Incroyable, mais Audrey avait pris le parapluie, en voyant les nuages gris tout-à-l'heure remplir le ciel. Il aura donc plu à verse en Polynésie. Pas longtemps, mais quand même.

 

 

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sam.

01

juin

2013

J3 - Huahine - Tour du lagon

Température de l'air : 30°C

Température de l'eau : même pas fraîche

Moment fort de la journée : avoir l'impression que l'eau turquoise tout autour du bateau est pleine de colorant


Réveil vers 7h30, après une première nuit moyenne, sûrement à cause du changement de lit et de la température, à laquelle nous ne sommes plus habitués. En ouvrant la porte du long couloir qui mène à la terrasse, nous découvrons un temps moyen, un peu nuageux, qui nous inquiète un poil. Ce serait en effet dommage de faire le tour de l'île et de ne pas être au milieu de toutes ces couleurs qui font rêver. Nous prenons notre petit-déjeuner, en rejoignant la table du couple helvético-poynésien (elle vient de l'île de Tahaa, pas très loin de "ouahiné", et eux deux viennent depuis 15 ans ici, sur l'île, et surtout chez Guynette), très sympathique. Ils nous parlent de Rangiroa, l'île, ou plutôt l'atoll fait pour la plongée, située dans l'autre grand ensemble d'îles du coin (les Tuamotus - ici, nous sommes dans les îles de la Société) qui apparemment est absolument incroyable de beauté. Il paraît que rien qu'avec un masque et un tuba, vous faîtes attention pour ne pas écraser les poissons, ou bien qu'il faut presque mettre des lunettes de soleil sous votre masque tellement ce qu'il y a sous l'eau vous éblouit... whaou... on ne regrette pas d'avoir choisi d'y aller, et de voir autre chose de la Polynésie. Le Lonely nous avait déjà mis l'eau à la bouche, mais en discutant avec Pascal, un grand sourire s'affiche sur notre visage et dans notre tête.


Une petite camionnette s'arrête vers 8h45 devant la guesthouse, le chauffeur venant discuter avec Laurence, la gérante. C'est notre chauffeur. A l'arrière du véhicule, plusieurs personnes attendent. Nous sommes toujours en train d'avaler nos tartines et notre chocolat chaud. Mais pas de problème, le chauffeur bavard nous dit de prendre notre temps, et d'adopter le rythme polynésien. Bon, on ne va pas faire attendre trop longtemps tout ce petit monde, et nous accélérons le rythme, pour grimper à côté des autres. Il demande à Fred de monter devant, car "il aime bien discuter" et préfère le contact, plutôt que d'avoir l'impression d'être un taxi. Dix minutes plus tard, nous sommes sur le ponton à côté d'une grande pirogue blanche, composée d'une coque principale et d'une plus petite parallèlement installée sur le côté babord. Nous sommes un groupe d'une quinzaine de personnes, accompagné de deux polynésiens. Nous quittons le rivage. Le ciel est toujours gris, et l'eau n'a pas de couleur particulière : un comble ici. Nous sommes du coup un peu craintifs, avons peur d'être déçus, car nous avons en tête un tour dans un décor multicolore et paradisiaque, pas un peu terne comme maintenant. Les nuages en revanche ne sont pas menaçants. Tout va en fait s'arranger dans l'heure qui suit.


Après à peine dix minutes sur l'eau, encore à quelques dizaines de mètres du bord, notre capitaine du jour, avec son collier de fleur sur le cou et son teint bronzé, pointe du doigt une zone à babord, pour nous montrer les dauphins qui suivent le bateau. Nous n'allons pas très vite, mais ralentissons encore le ryhtme. Ils doivent être 10, ou plus, à passer à la surface dans ce mouvement caractéristique, parfois presque tous ensemble, synchronisés. Génial. Ils se rapprochent, et tout le monde est excité. Puis ils s'éloignent, et nous continuons en mettant le cap vers l'est. Nous ferons le tour complet des deux îles (reliées par un pont de 20m de long), en revenant par le côté Ouest. Sur le bateau, nous discutons avec d'autres couples, ainsi qu'avec deux filles du Sud de la France, et un couple d'américains, étonnament pas très ouverts ni sympathiques. La plupart sont en lune de miel. Le temps s'éclaircit lorsque nous arrivons au niveau du petit pont. C'est l'unique passage disponible. Nous passons dessous, en saluant bien sûr les jeunes assis sur la barrière blanche. Des pirogues, sur lesquelles les six ou sept rameurs pagaient en rythme, passent par intermittence. Il faut savoir qu'ici, la pirogue est un sport très pratiqué. Un champion est même originaire de Huahine, et est évidemment connu dans toute l'île. A partir de ce moment, le soleil brillera sans s'arrêter. Les rayons sont d'ailleurs assez puissants, et chauffent dès qu'un bout de peau est exposé, même si un peu moins qu'au Cambodge ou qu'à Singapour. Il doit faire 30°C. L'eau change de couleur lorsque la lumière la transperce, pour se drapper de nuances bleues de toute beauté. A terre, la végétation est essentiellement composée de cocotiers, dont les grandes feuilles se courbent sous le vent, et d'arbres verts, tapissant chaque flanc de la montagne. En discutant avec le second polynésien, installé à l'arrière, Fred apprend que le dessin formé par la ligne de crête forme le visage d'une femme enceinte, que l'on verrait de profil. Nous aurons l'occasion, depuis autre part, de mieux deviner ces formes. L'ambiance générale est détendue, tout le monde est décontracté après le moment des connaissances dépassé. Nous avons fait un arrêt devant les chambres sur pilotis d'un hôtel de luxe (pas nombreux sur cette île très sauvage et préservée) pour prendre à bord un couple de retraités avec lequel nous sympathiserons lors du déjeuner, eux-aussi très sympathiques et agréables. En naviguant et en se dirigeant vers le mileu du lagon, l'eau prend de nouvelles couleurs, de nouvelles variations, en fonction de la composition du fond (sable, corail blanc concassé, coraux) ou de sa profondeur. En faisant varier ses deux paramètres, et en rajoutant la lumière et le sens des rayons du soleil, la nature nous offre à ce moment un visage magnifique, inconnu pour Fred (Audrey trouve cela aussi beau que la Nouvelle-Calédonie), qui frappe votre pupille sans possibilité de résister. Envahi par la couleur, vous êtes impuissant, debout, à détailler l'eau autour de vous, à contempler les changements de couleurs à côté ou sous le bateau, en voyant les cocotiers défiler à 10, 20 ou 30 m de là, et à regarder les quelques maisons, parfois traditionnelles, parfois de luxe, perdues au milieu de nulle part. Aucune urbanisation. Les vagues claquent un peu plus loin derrière la barrière. Nous pensons à bon nombre d'entre vous, et regrettons de ne pas avoir de connexion Internet pour pouvoir au moins mettre l'article d'avant-hier en ligne ce soir ou demain. Nous sommes là et ne pouvons vous en parler, sans parler de pouvoir mettre des photos en ligne (une illusion depuis cette île mal connectée... sûrement une des moins bonnes connexions depuis le départ).


Nous nous arrêtons dans une maison sur pilotis, au milieu de l'eau, pour en apprendre plus sur la culture de perle, et leur fabrication. L'ami de Claude-Marie nous avait expliqué la manière de faire, confirmée par les propos de la personne qui nous présente son magasin, huitre ouverte devant nous pour visualiser tout cela. Apparemment, ici, ils mettent une petite boule ("pas de plastique" dit-elle, sans nous dire de quoi est-elle faîte) sur laquelle le greffon et la nacre vont s'accrocher, contrairement aux propos tenus lors de la conversation à Papeete il y a deux jours (ou on ne nous avait pas parlé de billes synthétiques). Plusieurs manières de faire, plus ou moins authentiques ? Probablement. A vérifier. Nous regardons les perles et bijoux exposés, pas très convaincus, mais simplement pour comparer les prix que nous avons vus dans la capitale. Puis, après la petite demi-heure "commerciale" imposée, nous repartons et faisons un arrêt sur la face Nord-Est, pour faire un peu de snorkeling. Quand vous voyez ce bleu turquoise, lumineux en dessous de vous, votre seule envie est d'aller vous baigner. D'autant qu'elle est bonne. Nous mettons nos masques en nous aventurons au milieu du corail, pas très coloré. Nous avons toujours pieds. Les gros cailloux de plusieurs mètres cubes de récifs ne sont parfois qu'à quelques dizaines de centimètres de la surface. En revanche, le courant est fort, à tel point que nous ne sommes jamais très loin du bateau. C'est drôle car il n'y a pourtant pas beaucoup de fond, mais la mer a été agitée ces derniers jours, et une passe n'est pas loin (une passe est un endroit où la barrière est ouverte, et où les bateaux par exemple peuvent donc passer sans risquer d'abimer le corail et leur coque). Il y a des poissons, parfois jaunes ou aux reflets bleus, mais ce n'est pas incroyable. L'eau est très claire, et le même turqoise s'évade vers l'infini, séparé entre le reflet blanc brillant de la surface, toujours agréable à regarder et à voir onduler, et le blanc crème du fond. C'est donc très beau, mais pas hallucinant en terme de poissons. Le détail qui tue : voir le ciel bleu, le bateau blanc, le turquoise de l'eau dans laquelle vous êtes et les cocotiers verts sur le rivage, tout cela en même temps au moment où vous mettez la tête hors de l'eau, et quitter ce jardin de corail (littéralement le nom de l'endroit où nous sommes auprès des locaux). Franchement, un décor phénoménal, saisissant. Pendant ce temps, nos deux compatriotes du coin joue du hukulélé et chantent, fleur au coin de l'oreille (comme nous tous) et collier à fleurs toujours autour du cou. Nous remontons après une vingtaine de minutes passées dans l'eau. Direction le motu (petite île dans le lagon), à 20 min de bateau, pour aller déjeuner. Ces vingt minutes sont fantastiques, car nous sommes plus au Sud, dans la partie la plus grande du lagon, complètement teintée de bleu. Et pas n'importe lequel. Celui qui fait mal aux yeux. Celui qui vous fait penser qu'ils ont mis du colorant dans l'eau, tellement la couleur est belle, incroyable, magique. Celui qui va laisser penser que nous avons utilisé Photoshop sur nos photos. Celui qui vous fait penser que vous prenez un gigantesque bain de curaçao. Nous en prenons vraiment plein les yeux. Nous nous arrêtons sur une plage, où trois tables de pique-nique sont posées dans l'eau. Il n'y a qu'une ou deux personnes sur cette toute petite île, où aucune infrastructure n'existe. Des coqs trainent autour de nous, en liberté pour chasser les lézards et les mille-pattes (le motu en était infesté il y a plusieurs années), sans appartenir à personne. Les deux polynésiens vont préparer le thon cru à la Tahitienne, en nous expliquant la recette. Mais avant, c'est l'heure de l'apéritif, et le punch ou la bière Hinano sont en libre accès. Franchement, c'est le top. Le moment que l'on vous vend dans les agences de voyage pour vous faire rêver. En maillot de bain, lunettes de soleil, cocotiers et palmiers nains les racines dans l'eau claire, nous écoutons pourquoi il faut tremper les morceaux de thon dans l'eau de mer (pour les pré-saler), comment ouvrir la noix de coco prise par terre, n'importe où tellement il y en a (Fred essaie maladroitement puis y arrive), comment raper la pulpe, comment en extraire le jus, qu'il verse directement sur le thon... bref,  un déjeuner concocté devant nos yeux, naturel, appétissant, convivial, que nous mangeons au son du hukulélé assis les pieds dans l'eau, et entouré de petits poissons, sur le rebord d'une des tables à disposition. L'ambiance est bonne - comment pourrait-il en être autrement - et nous symapthisons un peu plus avec Claire et François, deux jeunes mariés (il y a à peine une semaine) de 28 ans, qui aiment voyager. Nous parlons bien sûr de notre tour du monde, ainsi qu'au couple de retraités que nous mentionnions tout-à-l'heure. Puis nous nous baignons, le ventre rempli, avant  de repartir tous ensemble. Il est 14h.


Nous remontons vers le nord, entre le rivage et la barrière. Très peu de maisons (dont celle de l'homme politique gouvernant la Polynésie, qui a une maison sur chaque île), une seule route, et rien d'autre. De ce côté de l'île, il y a un peu plus de vent, et une très légère houle, malgré la protection de la barrière, à cause de l'agitation en mer ces derniers jours. Nous croisons des kitesurfeurs, dont la voile est loin d'être verticale, fusants sur l'eau, comme celui qui passe tout près du bateau, à toute vitesse et à 2m, pour nous saluer. Nous mettons une petite heure à remonter vers notre point de départ, et nous arrêtons juste avant, pour voir des requins à pointe noire, et autres poissons, nourris par notre pilote et un homme arrivé en jet-ski sur le ponton flottant sur lequel nous accostons. Une pratique qui nous met mal à l'aise. Nous descendons néanmoins dans l'eau, partagés entre curiosité et amertume. La tête immergée, nous tenons une corde, car le courant est fort, et nous déporte très régulièrement, ou nous bouscule sérieusement. Un bout de thon est jeté à l'eau. Les requins, que nous observions déjà depuis le bateau tout autour il y a deux minutes, se précipitent. Ils sont une dizaine, accompagnés par d'autres poissons, comme ceux longs, fins et argentés qui ont l'habitude de se coller sous leur flanc. Le courant nous propulse parfois vers l'avant, et fait que nous sommes proches d'eux, parfois à un mètre. Il y a en a beaucoup, ils s'agitent, et accélèrent quand un morceau de poisson est dans l'eau. Nos pieds ne touchent parfois pas le sol, composé de corail, ou à cause du courant. Audrey est un peu impressionée, Fred moins, plutôt curieux, car il savait que ces requins sont totalement innofensifs, et peureux. Cela dit, c'est quand même particulier de les avoir à côté de vous. Des poissons jaunes passent entre nos jambes, ou à cinq centimètres de notre masque, comme d'autres types aux reflets brillants. C'est déjà beaucoup plus animé et vivant qu'hier ou que ce matin. C'est donc évidemment sympathique d'être là, mais biaisé, et du coup pas vraiment authentique. Nous ne regrettons pas l'ensemble de la journée, mais ne passerons plus par un opérateur proposant ce genre de chose. Trop "piège à touristes", trop peu respectueux de l'écosystème et de la richesse que l'environnement marin constitue pour la Polynésie, trop irresponsable finalement pour nous. L'une des premières fois du voyage où nous ressentons l'impact néfaste, direct, et égoîste de l'homme sur la nature, et de l'industrie touristique, en cautionnant ce genre de chose par notre présence. Bref, une expérience qui nous fait réfléchir, controversée à juste titre, selon nous.


Nous rentrons ensuite sur Faré, la "grande" ville de l'île, et discutons avec nos deux amis polynésiens (ceux sur le bateau depuis le début de la journée) de la vie locale, du surf, et des habitudes. Nous apprenons d'ailleurs qu'est diffusé ce soir un documentaire sur le surf dans le petit restaurant où nous étions hier soir. Cool, nous irons voir. Le bateau nous dépose sur le petit quai devant la guesthouse, que tout le monde connait ici. En laissant le couple de jeune marié français, nous proposons de dîner ensemble demain soir, à leur hôtel, situé pas très loin. Nous discutons aussi avec les deux filles du sud de la France faisant partie du groupe d'aujourd'hui, qui logent elles aussi dans les environs. Nous regagnons notre chambre, après avoir de nouveau discuté et s'être assis avec notre ami suisse pendant 20 minutes, puis prenons notre douche. Ici, la vie locale, l'ambiance, le rythme, les gens, vous font prendre des habitudes semblables à celles des petits village de la campagne française, au décor près. Le vouvoiement n'existe pas, même sans se connaitre. L'île nous plaît, et semble "préservée", sans tourisme de masse, authentique et où vous vivez avec les locaux (surtout ici Chez Guynette, en plein sur la rue, et devenue une institution à Huahine). Sans préjuger des autres îles, mais en ayant lu le Lonely et en ayant nos premiers ressentis, nous sommes surement dans l'environnement le plus polynésien de notre séjour. D'après les échos, c'est le négatif de Bora-Bora. Tant mieux, nous verrons des facettes différentes de la Polynésie comme cela, même si nous ne ferons que les îles de la Société et les Tuamotus, sans connaitre les Iles sous le Vent, les Australes ou les Marquises. Nous ne serons cependant que dans des guesthouses, donc au contact des gens. Et apparemment, celle de Moorea est terrible. Il commence à faire nuit.


Nous passons un peu de temps sur l'ordinateur, assis sur la terrasse sans éclairage, et marchons les 30m qui nous séparent du restaurant d'hier soir, vers 20h, pour dîner et regarder le documentaire de surf dont on nous a parlé. Une seule table est disponible, tout près de l'écran, au milieu de polynésiens, adolescents, enfants, jeunes adultes ou quadagénaires, tous surfeurs (du plus petit au plus vieux... les enfants commentent les vagues sur l'écran comme nous commentons en France les matchs de foot, trop drôle). Nous nous asseyons donc, à l'aise, et indiquons au serveur, en chemise à fleurs, de laisser les enfants à côté de nous, alors qu'il leur demandait de laisser libre la table collée à la notre. Du coup, au milieu des surfeurs locaux (le documentaire reprend en fait les images tournées lors de la compétition ayant eu lieu il y a deux semaines, filmée sur le reef juste en face, où nous regardions les vagues se casser hier), nous buvons une bière, commençons à discuter, à jouer avec les enfants, qui courent autour de nous. Discussion intéressante avec un "ancien" de 45 ans, passioné de surf, avec qui Fred échange des impressions, apprend, écoute, parle de la vague de Tahiti, que "Tonio, ne veut pas surfer car trop dangeureuse" (un des ses amis est mort en la surfant il y a 4 ans), et des manières de faire ici si l'on souhaite surfer. Effectivement, il y a beaucoup de "localism", autrement dit de territorialité. Pas question de venir et d'aller comme ça surfer "leurs" vagues. Il faut parler, faire connaissance, être cool... et avoir le niveau ("la condition" comme ils disent). Tout ce que nous faisons, niveau en moins. On reviendra dans quelques années. Le détail qui veut tout dire ? Pour surfer ici si vous êtes étranger, on vous demande de laisser votre planche en échange (Fred leur demande en effet s'ils achètent leur planche à Tahiti). Nous écoutons aussi les discussions autour, observons etc... très intéressant, nous sommes en plein là où il faut être. Un détail amusant : une assiette de frites arrive pour les enfants, posée sur notre table. Audrey joue avec eux, car certains ne savent pas à qui elle appartient, et n'osent pas se servir. Puis une petite fille, avec qui Audrey joue depuis tout-à-l'heure, lui tape sur la joue, assez fort. Audrey est surprise, mais ne dit rien, sachant qu'il ne faut rien dire aux enfants ici, qu'ils sont libres de faire ce qu'ils veulent. Bonne réaction, car elle remarque en tournant la tête qu'elle était observée par deux ou trois personnes autour de nous, qui lui font un signe de la tête, un sourire, et le signe de la banane (le poing fermé, sauf le pouce et l'annulaire ressortis). Nous rigolons aussi quand un groupe de trois touristes passent rapidement devant l'écran, au milieu des jeunes ou moins jeunes polynésiens, ne pouvant faire autrement, et arrivant d'un autre endroit à côté du restaurant. Ils semblent timides et mal à l'aise, comme s'ils n'étaient pas à leur place. Cela nous fait réaliser que nous avons la chance de voir la vraie Polynésie, et de cotoyer les locaux, grâce à ce goût du contact que nous cherchons à exploiter depuis le début du voyage. Une superbe soirée. Au final, comme autre part, on devient rapidement potes avec tout le monde. Nous repartons à la fin du documentaire, vers 22h30, et rentrons pour regarder une série. Dehors, à part l'endroit où nous étions, tout est calme et sombre, car tout le monde ou presque est couché.

 

 

 

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ven.

31

mai

2013

J2 - Huahine

Température de l'air : 28°C

Température de l'eau : supérieure à 24°C, sans véritablement savoir

Moment fort de la journée : Voir les îles et les lagons du ciel

C'est le jour du départ pour Huahine ("ouahiné"). Départ de la maison à 8h30, après un petit déjeuner semblable à celui d'hier, en plus court néanmoins, composé de fruits exotiques frais et juteux, sous une belle lumière matinale. Nous regardons depuis la terrasse l'avion d'Air France reliant Paris via Los Angeles décoller, en terminant d'avaler le bout de pain "rififi" à la noix de coco, enlevons finalement quelques affaires du sac que nous allons prendre, pour ne garder finalement que maillots de bain, quelques tee-shirts, un ou deux pantalons et deux ou trois autres choses, puis mettons les voiles.


A l'aéroport, petit et composé d'une unique piste longeant la mer, nous récupérons notre carte d'embarquement auprès d'une hôtesse habillée d'un chemisier à fleur, et portant un ibiscus à l'oreille. Tout respire les vacances. Même le personnel de ménage porte des chemises à fleur. Il y a peu de monde. Quelques autres touristes, souvent des couples, attendent de passer la porte et de pouvoir rejoindre à pieds l'ATR de 40 places, qui passera par Moorea, Huahine, puis Bora Bora. Cool, cela nous permettra de voir Moorea de haut, et de profiter d'une occasion supplémentaire d'admirer le paysage. Juste auparavant, au moment d'enregistrer, nous avons bien vérifié que les meilleures places pour observer le lagon étaient à gauche. Le placement est libre, et nous avons le choix lorsque nous montons les marches de l'appareil, où nous attendent deux hôtesses dont la chemise jaune brillant est aussi décorée de fleurs oranges. Nous décollons à l'heure, soit 9h15, et dès les premiers mètres au dessus du sol effectués, le lagon de Tahiti se dévoile, magnifique. La barrière de corail est clairement visible lorsque nous passons au dessus. Les vagues se cassent à son niveau. L'avion tourne sur la gauche, nous offrant une vue de toute l'île, entourée du bleu clair de l'eau. Le vol pour rejoindre Moorea ne dure que 15 minutes. L'île semble très belle, et son lagon est encore plus beau que celui de Tahiti. En à peine une demi-heure, nous en avons déjà pris plein les yeux, et avons eu deux cartes postales en face de nous. Des îlots montagneux entourés d'un large cercle de bleu très clair, puis une ligne périphérique blanchie par l'écume, à partir de laquelle la mer devient bleu foncé : voilà ce que nous regardons avidemment. Nous pensons à vous tous. Ce moment du voyage tant attendu débute, et prend une forme aussi belle qu'imaginée. Après avoir désservi Moorea rapidement, nous redécollons et rejoignons Huanine, à 50 minutes de vol de là. C'est fou de s'imaginer qu'il y a l'océan, gigantesque, bordé par deux continents, et qu'au milieu, ici, des pointes de terre se dressent sans crier gare. En arrivant à Huanine, après avoir feuilleté le magazine sur notre siège et appris que l'ensemble de la Polynésie, tous archipels confondus, fait la taille de l'Europe, qu'il y a 118 îles, ou que Huahine signifie "sexe de femme" (Hua pour sexe et Hine pour femme), nous regardons par le hublot et voyons ce qu'aucun explorateur des derniers siècles n'a eu la chance de voir, faute de moyens technologiques suffisants. Quelle vue, surtout quand nous passons au dessus de cette grande étendue bleue turquoise, s'étirant plus qu'ailleurs. Nous nous regardons et nous disons que oui, c'est bien là que nous allons. Les cocotiers et une végétation dense bordent l'ensemble du rivage. Comme à Moorea, nous apercevons un ou deux hôtels où un bras amène dans l'eau quelques bungalows sur pilotis. C'était une chose que de se l'imaginer, ou de l'avoir vu sur cartes postales, s'en est une autre que de le voir de ses yeux et réaliser votre position sur le globe. Il n'y en a pas cinquante sur terre, et vous y êtes, c'est pour vous. Clairement, nos yeux brillent. Claque visuelle ? Clairement, mais attendons de voir de haut Bora-Bora, dans un peu plus d'une semaine.


A l'arrivée, nous récupérons nos bagages rapidement. Quelques instants avant, en marchant sur la piste, nous nous regardons en réalisant une nouvelle fois ce qui est en train de nous arriver. Huahine est une île assez sauvage. 5600 personnes habitent ici, et l'île est grande. Ce n'est pas cette fois-ci que nous trouverons une côte très urbanisée, ni beaucoup de touristes. Nous discutons avec un polynésien attendant deux touristes pour les emmener dans leur hôtel, afin de savoir s'il peut nous déposer "Chez Guynette", notre guesthouse, située dans le centre de la ville de Faré. C'est d"ailleurs plus un grand village qu'une ville. Il nous dépose après 10 minutes de voiture. L'endroit ressemble aux guesthouses que nous connaissons, avec une terrasse donnant sur la mer, séparée par la rue principale de la ville, vaguement goudronnée, sans réel effort d'aménagement urbain. Laurence, la gérante (Guynette a revendu depuis longtemps cette pension, ouverte depuis plus de 20 ans) nous accueille et nous fait visiter les lieux, puis nous montre notre chambre, et la cuisine principale. Elle sert le petit-déjeuner et le déjeuner, mais pas de dîner. Nous discutons un moment avec elle, de son parcours, de l'île, des choses à faire, parlons de nous, de notre voyage, et posons les questions habituelles propres aux moments où vous arrivez dans une nouvelle guesthouse. Elle nous informe que demain, un tour du lagon en pirogue (motorisée) est prévu, et dure toute la journée. Apparemment, les pirogues ne partent que s'il y a suffisamment de monde. Nous ne sommes donc pas certains de pouvoir refaire ce tour un des jours suivants. Le problème, en revanche, vient du fait qu'il pratique le "shark-feeding", autrement dit qu'un stop est prévu pour descendre dans l'eau et observer les requins à pointe noire (inoffensifs, longs d'un mètre) être nourris. Une pratique un peu spectaculaire, qui vous permet d'être sous l'eau entouré de requins, mais qui déstabilise évidemment l'écosystème des requins, habitués à être nourris à cet endroit par les hommes pour le show. Pas sûr que nous cautionnons cela. Nous allons y réfléchir. En posant la question, elle nous explique, dans un autre registre, que les surfeurs locaux sont très possessifs, et qu'il est difficile de louer une planche. C'est vrai qu'un ou deux endroits de l'île, situés d'ailleurs juste à côté, accueillent des compétitions (comme celle d'il y a deux semaines) et sont réputés pour la qualité du "break" et sa consistance. Le récif étant sûrement à moins d'un mètre sous la surface, nous ne comptions pas de toutes manières aller faire les malins. Nous posons nos affaires, puis décidons d'aller explorer un peu les environs. Il est 11h. Le soleil brille. L'eau juste en face est belle.


Nous sortons donc, et tournons à droite, pour rejoindre l'une des plages du coin. Ici, il suffit de marcher 50m pour sortir de la ville. C'est tout petit, et tout le monde se connaît. Nous passons à côté d'un petit restaurant, d'une petite échoppe vendant quelques affaires, et continuons pour suivre le bord de l'eau et nous retrouver tout seul. Par terre, du sable blanc, et des coquillages ou coraux blanc. C'est là que nous découvrons le bleu de l'eau, superbe, tout comme les nuances plus ou moins foncées en fonction de la composition du fond et de la profondeur. Audrey avait déjà vu cela en Nouvelle-Calédonie, Fred reste scotché, littérallement. nous continuons sur 150m, pour tomber sur une propriété privée, sûrement d'un local, nous empêchant de passer. Sur notre droite, nous avons laissé un hôtel pas très grand, et presque vide, et avons croisé quelques polynésiens discutant sur un tronc d'arbre, en les saluant et leur envoyant un grand sourire réciproque, ponctué du traditionnel "Ia Orana". Il semble que tout le monde sache que vous êtes en vacances dans un endroit paradisiaque, et que personne ici ne souhaite vous donner une autre impression. Il n'y a donc jamais de problème, on prend son temps, et on est heureux (ou semble l'être). Bref, c'est la bonne humeur générale, comme si les couleurs de cette zone privilégiée de l'océan avait contaminé les esprits. A 100m du bord, de superbes vagues cassent, tout en régularité, de gauche à droite. Vous pouvez suivre le mouvement de la vague en suivant l'écume blanche qui jaillit en l'air et poursuit sa course sur des dizaines de mètres comme un jeu de domino. Les rouleaux sont magnifiques, dangeureux, et identiques - même si nous ne sommes pas tout près - à ceux des images de surf que vous avez en tête. La première fois que nous voyons de nos yeux de telles vagues, aux mouvements aussi beaux. A ce moment, l'eau nous attire. Nous avons nos maillots sur nous, n'avons pas de serviette, mais à quoi bon, quand il fait 29°C et que tout est à côté, même si nous sommes seuls sur le sable. Nous plongeons donc dans l'eau, en faisant quand même attention où nous mettons les pieds, plus à cause des coquillages et des petits cailloux qu'à cause de rochers ou de corail. L'eau est chaude. Pour les polynésiens, elle est apparemment un poil fraiche, mais pour nous, ce n'est pas la cas. Elle doit être à 26°C, peut-être un peu plus. La sensation de froid quand l'eau arrive sur votre ventre et vous oblige à le rentrer sans même le contrôler, par réflexe ? Oubliez. C'est légèrement frais quand vous entrez dans l'eau, puis c'est terminé, vous êtes bien. Les couleurs sont superbes. Quand l'eau vous arrive jusqu'à la taille, et que vous regardez vers le large, c'est un tapis turquoise intense qui s'étend face à vous. Magique. Nous enfilons les masques empruntés à la guesthouse, et mettons la tête sous l'eau. Au début, l'eau est trouble, puis s'éclaircit pour laisser place à des coraux, plutôt ternes, inégalement distribués. Quelques poissons, dont certains de bonne taille, se baladent, mais rien de terrible. Par contre, un fort courant se manifeste à certains endroits, à tel point que vous reculez clairement, même en nageant en sens opposé. Nous restons comme cela une demi-heure, puis sortons. Un beau corail  jaune de deux mètres de large contrastait avec le reste, comme quelques poissons ressemblant pour certains à ceux du film Némo. Nous rentrons tranquillement à la guesthouse, en réfléchissant à l'excursion de demain. Sachant que nous souhaiterions louer un scooter pour aller dans d'autres parties de l'île, et faire peut-etre un baptême de plongée (Fred voudrait passer son PADI, mais nous n'aurons probablement pas assez de temps à Huahine), nous n'avons en réfléchissant que peu d'occasions de faire le tour de l'île en pirogue, une activité chaudement recommandée dans le Lonely. Nous prévenons du coup Laurence que nous serons présents demain, pour un départ à 9h. Nous aurions pu nous renseigner sur l'autre agence disponible, ne faisant pas de shark-feeding, mais cédons plus à la tentation de profiter de nos premières heures ici. D'autant que bien des magasins ferment à partir du début d'après-midi. Sur le chemin, nous passons dans le petit hangar à voiture servant de magasin de location de planches, pour savoir si certaines sont disponibles. Même en attendant Jean-Luc, qui s'occupe de l'endroit, et en revenant après avoir tranquillement discuté avec un ami à lui qui se tient derrière le bureau, aucune planche n'est disponible. Que des canoës ou des paddle-board (des planches sur lesquelles vous vous tenez debout une pagaie à la main). 


Nous déjeunons sur la terrasse de la pension, et avalons le terrible steack de thon blanc, saisi en aller-retour, et accompagné d'une salade ou de riz et d'une petite sauce maison plus que correcte. Au moins, nous nous régalerons chaque midi, ne fut-ce que de ce plat. Nous rencontrons à ce moment un couple et leur petite fille de 4 ans, seuls autres clients des lieux. Elle est tahitienne, ou plus exactement de l'île de Tahaa, pas très loin. Lui est suisse, et très sympathique. Nous partons alors pour découvrir la partie de la ville que nous ne connaissons pas, en tournant sur notre gauche. Nous croisons le long de la rue principale un supermarché Super-U, qui nous rappelle des souvenirs, des échoppes diverses et souvent vétustes, une station service Total qui aurait besoin d'un bon coup de pinceau, puis arrivons en retournant à gauche, après 5 petites minutes, près d'un petit pont, dans une zone moins urbanisée, parsemée de quelques maisons puis d'une église. Enfin, en ayant pratiquement terminé notre boucle, nous passons le poste de police, et retrouvons la rue principale. Partout, des arbres, et des fleurs. Audrey hésite à en cueillir une pour la mettre dans ses cheveux, mais s'aperçoit rapidement qu'elles n'appartiennent à personne, et poussent un peu partout. Ce sont souvent des ibiscus, rouges ou roses.


Une fois ce tour achevé, nous retournons sur la plage de tout-à-l'heure, et y passons presque deux heures, à nager, utiliser nos masques, ou discuter avec un polynésien sur le bout du ponton en bois avançant dans l'eau, qui utilise son appareil photo dernier cri pour photographier ses amis surfeurs au loin, sur le spot que nous avons décrit un peu plus haut. Etant allé en métropole, nous parlons tous les trois au soleil, en compagnie d'un petit garçon timide assis pas très loin. Cela fait bizarre de parler français, surtout ici, si loin, dans ce décor si dépaysant, et contrairement aux derniers mois, d'être compris immédiatement dans notre langue maternelle. Vingt minutes plus tard, des jeunes d'une quinzaine d'années rentrent allongés sur leur planche, revenant de leur session de surf. Puis nous rentrons en croisant trois ou quatre locaux en train d'ouvrir une bière Hinano sur la table à l'ombre d'un arbre. Il est 16h30 et c'est l'heure de l'apéritif pour eux.


Le soleil se couchant à 17h30, nous partons en quête d'un endroit pour nous poser et l'observer descendre sur l'horizon. Nous quittons le petit centre ville, en ayant nous-même acheté un peu à boire, et passons le petit pont blanc du début d'après-midi. Nous continuons une demi-heure, sans trouver de place près de l'eau à cause des maisons ou des jardins privés, pour finalement arriver sur un ponton où seuls deux ou trois bateaux sont amarrés. Sur le chemin, nous passons devant une église des témoins de Jehovah. Tout du long, depuis le centre, des dizaines de trous sont creusés dans la terre, parfois cinq ou six par mètre carré, par des crabes peureux dont l'une des pinces est bien plus grande que l'autre. Le coucher de soleil est un peu décevant à cause des nuages, mais la silhouette du voilier ancré au fond droit devant fait son effet. Des nuages s'accumulent le long des parois des deux sommets d'un demi-kilomètre de haut derrière nous, sans pour autant être vraiment menaçants. Nous repartons avant la nuit et arrivons dans la pénombre. Depuis une grosse heure, la guesthouse est fermée, et seul le code que nous avons permet de rentrer. La terrasse n'est pas éclairée. Nous prenons notre douche, au jet d'eau plus que timide, mais chaud, et nous connectons à Internet grâce au code, qui fonctionne jusqu'à demain matin, à condition d'être sur la terrasse. La connexion est incroyablement lente. Puis nous allons dîner dans le restaurant près de la plage, relativement animé. Audrey prend une belle sole meunière, et Fred un mahi-mahi (un poisson local) pané au lait de coco. Excellent, et servi copieusement. Il est 21h, et nous rentrons, non sans avoir croisé nos amis helvético-polynésiens au restaurant. Nous écrivons l'article d'hier, préssés de vous faire partager nos premières impressions et moments dans le Pacifique Sud, mais après presque une heure à essayer d'accéder au site, abandonnons l'idée. Dommage, il va sûrement falloir attendre d'être à Moorea, soit plusieurs jours, pour vous faire partager nos derniers jours. Car pas question de payer 500 francs (des francs pacifiques, autrement dit 4 euros) de nouveau demain avec une telle connexion. Nous rentrons dans la chambre, alors que vous êtes déjà réveillés.

 

 

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jeu.

30

mai

2013

J1 - Papeete

Température de l'air : 30°C

Température de l'eau : inconnue

Moment fort de la journée : Le petit-déjeuner s'éternisant à discuter sur la terrasse face à Moorea

 

Ia Orana (prononcez Yo' Rana)

 
Ce matin, la première chose que nous faisons, c'est bien sûr de prévenir l'ami de Claude-Marie de notre erreur. Pas de problème, il nous indique que nous resterons du coup ce soir, et que cela n'est pas grave. Lui est allé faire son sport entre 5h et 7h du matin, et n'a rien de prévu aujourd'hui, son jour de congé. Claude-Marie, professeur d'anglais, est partie travailler.


Nous nous installons tous les trois sur la terrasse, face à la mer, bleu clair entre le rivage et la barrière de corail (mais pas tout-à-fait turquoise, car le soleil n'est pas du bon côté pour obtenir ce bleu spécifique), puis bleu foncé ensuite, à une centaine de mètres de la plage, là où les vagues cassent. Au loin (mais à une dizaine de kilomètres seulement), l'île de Moorea, la seconde que nous visiterons. Grande, avec son profil ciselé par les queques sommets d'un millier de mètres de haut. Ca y est, nous avons bien l'impression d'être dans les îles du Pacifique. Voir ces deux couleurs et l'écume des vagues loin de vous, contrairement à d'habitude, reste surprenant, et agréable. Un vrai dépaysement. Nous poursuivons des sujets abordés hier, mangeons des fruits du coin dont le goût, comme celui de la banane, n'ont rien à voir avec ce que nous connaissons (il y a une dizaine de variétés de bananes ici, et celle de ce matin est petite, au coeur complètement fondant, avec un goût au centre bien plus prononcé que sur les parties extérieures...hallucinant d'onctuosité et de puissance). Le pamplemousse, que nous n'aimons pas d'habitude, n'est pas amèr du tout. La papaye orange est aussi bonne, et l'ananas à tomber. Et tous ces fruits peuvent être cueillis n'importe où, car ils poussent partout, comme les fleurs. Un pain à la coco est aussi sur la table, à manger avec des confitures de mangue, papaye, ou fruits de la passion. Nous discutons à bâtons rompus, lui nous parle de son expérience et de sa vision des polynésiens d'aujourd'hui, qui pour la plupart n'ont pas beaucoup voyagé, et du recul que lui a apporté son passé de militaire. Il nous parle de la France, des stages commandos qu'il enseigne, de son passé de danseur professionnel d'Aka, pendant 5 ans, des relations entre polynésiens (indépendantistes ou "oranges"), de l'industrie de la culture perlière (les polynésiens ont un grand savoir-faire - il nous explique d'ailleurs la technique pour ouvrir l'huitre et y placer un petit bout de l'huitre elle-même, découpée soigneusement, pour la placer au centre, la faire tourner, et refermer l'huitre - mais qu'ils ne savent pas les vendre, et les exporter), des baleines qui passent en septembre juste en face, d'un petit bateau juste derrière la barrière qui doit selon lui être en train de pêcher des tortues (dont la chair, qu'il a goûtée une fois, est succulente, mais qu'il trouve inhumain de tuer) des différentes îles (et nous confirme que la pension "Chez Guinette" chez qui nous allons demain est très bien), des choses à faire, et des autres coins de la Polynésie (les îles Marquises, les Australes, les îles sous le vent...). Une personne très interessante, équilibréé, critique, avec laquelle nous avons beaucoup de choses à dire. Vu que notre vol est demain, il nous propose de nous déposer au marché de Papeete, dans le centre, pendant qu'il ira à une réunion prévue à 10h. Sur la table traine le journal "La gazette de Tahiti". Le genre de détail qui vous immerge complètement dans ce bout du monde paradisiaque.


Après 4 cafés et deux heures de passées, nous nous mettons en route. Des cocotiers au tronc fin et long bordent la route quatre voies que nous empruntons. Les voitures conduisant à droite, les codes signalétiques français, les inscriptions en français, l'aspect des voitures de police... cela nous fait bizarre, pour la première fois depuis 7 mois, de retrouver nos repères. La conduite à droite nous surprend à chaque instant, où nous avons l'impression qu'il conduit du mauvais côté. Le centre de Papeete, et les rues de bord de mer, rappellent ceux de villes du sud de la France, à quelques détails près, comme l'enseigne "Société Générale banque de Polynésie". Le marché est situé dans une grande halle. Autour, tout un tas de magasins de vêtements, paréos, de surf, de pêche. Nous croisons un supermarché Casino. Quelque chose d'anodin pour vous lecteurs mais qui nous étonne au coin d'une rue. Dans la halle, des étalages de produits locaux, comme différentes sortes de vanille, des perles, de confitures, des paniers en osiers, beaucoup de paréos, des sculptures polynésiennes, des serviettes de bains, des vêtements, et bien sûr des fruits, et beaucoup de poissons. Nous prenons notre temps, et avons déjà des idées plein la tête sur quoi ramener. Mais mieux vaut attendre pour acheter, car nous irons peut-être tout-à-l'heure dans un grand magasin réservé aux militaires où les prix sont plus bas. Nous hésitons à prendre un jus de fruit frais (vous imaginez le choix) mais n'avons vraiment plus de place pour l'avaler. Il n'y a pas beaucoup de monde. Les gens derrière les étalages sont extrèmement gentils, vous tutoient tout de suite, et prennent le temps de nous expliquer comment utiliser les gousses de vanille, comment les conserver (en l'humidifiant de temps en temps), et d'autres choses. A l'extérieur, nous faisons le tour de la halle, et entrons dans un magasin de pêche (sous-marine ou au gros) aux appats multicolores et aux fusils harpon démesurés. Plus loin, ce sont les différentes enseignes de surf qui attirent notre attention. Fred craque sur un nouveau short de bain, et sur un tee-shirt. Audrey regarde les paréos multicolores à côté. En tournant à gauche, nous tombons sur une nouvelle banque, la Banque de Tahiti. On aime, c'est si inhabituel, et cela sonne si bien. Un peu plus loin, nous arrivons à la cathédrale de Papeete. Bon, c'est plus une église qu'une cathédrale en fait. La borne kilométrique "Papeete 0" se trouve à côté. Le bénitier à l'intérieur est justement... un bénitier (comprendre le coquillage géant). Encore un détail qui nous dépayse, pour former un tout, sans pourtant avoir vu grand chose depuis notre arrivée, qui vous fait sentir bien. Ici, vous êtes ailleurs. En France, mais loin de celle que vous connaissez. Le soleil tape assez fort. Nous continuons ainsi notre ballade, les yeux grands ouverts, jusqu'à midi, où  nous retrouvons l'ami de Claude-Marie. Direction, à un quart d'heure de voiture, le restaurant du centre militaire. Claude-Marie nous y rejoint, et nous nous installons tous sur une longue terrasse face à la mer, entourés par les divers corps de métiers de l'armée, pour manger un morceau de thon blanc. Le grand magasin du centre militaire est fermé aujourd'hui. 


Nous repartons vers 14h, soit avec une heure de retard pour Claude-Marie et les élèves qu'elle surveille cet après-midi pour l'épreuve du BTS, "qui attendront" nous dit-elle. En face, juste derrière la barrière de corail, le bateau de la fille de Tom Cruise passe (étrange d'écrire ça !). Son ami reste avec nous cet après-midi, saute sa sieste, et décide de nous amener un peu plus au nord de la ville, à la Pointe de Vénus. Juste avant, nous faisons un détour pour visiter la zone portuaire. Puis rejoignons la pointe de Vénus, le lieu où les premiers explorateurs, puis les premiers missionnaires, sont arrivés sur l'île de Tahiti. Le capitaine Cook, ou les survivants du célèbre Bounty, en font partie. Un phare, érigé au 19ème siècle, trône au milieu de palmiers, de cocotiers et d'une grande plage de sable (chaud) noir. Le week-end, l'endroit est bondé. A une centaine de mètres du bord, comme toujours, les vagues rencontrent la barrière, cassent dans une belle couleur bleu turquoise, et nous font imaginer l'île vu du ciel, protégée par un tapis d'eau peu profonde avant un tombant abrupt. Nous croisons un groupe de danseurs s'entraînant dehors à la danse typique du feu, rythmée, en vue des compétitions à venir en juillet. Notre guide du jour salue depuis ce matin, comme maintenant, de nombreuses personnes qu'il connait ou a formées, et nous fait partager ses connaissances sur les arbres à côté desquels nous passons, comme le pourreau (un arbre dont la fleur indique l'arrivée de la saison de la pondaison des tortues de mer quand elle devient jaune, et le confirme quand elle devient rouge, et dont le pollen sert de colorant rouge - il s'en met d'ailleurs sur la main pour nous montrer - les fibres d'écorce servent dans la confection de jupes à franges tahitiennes, le tronc dense à fabriquer des pirogues et les grosses branches à fabriquer les pagaies), ou l'arbre donnant des raisins de mer (de petits grains de raisins amers devenant roses), ou encore les fleurs de tiaré. Génial. Avec tout ça, notre arrivée, dans ce coin que certains appellent le paradis, est touristique, sans l'être.


15h30, nous retournons en centre ville pour quelques achats, puis repartons à l'appartement. Nous devons en effet être prêts pour 17h30, car nous accompagnons ce soir Claude-Marie  à l'Intercontinental, à un petit kilomètre, qui va assister à un concert (un duo avec Alain Manoukian), pendant que nous prendrons un verre et dinerons dans l'hotel, au bord de la piscine non-éclairée. Douche, chemise ou petit haut habillé enfilés, nous partons en voiture à l'heure dite, et faisons un tour sur place tous les trois. L'hôtel est luxueux, et l'imitation d'un "motu" au bord de la pisine est très réussie. Un motu, c'est un petit îlot typique de la région, souvent une île déserte comme celle des cartes postales, bordée de sable blanc, de cocotiers, et de poissons, sur laquelle il est parfois possible, en fonction de sa location, d'aller passer une journée en se faisant déposer en bateau. En arrivant depuis le hall d'entrée, nous avons du coup face à nous ce genre de décor, sans le bleu de la mer derrière les cocotiers et la piscine, car le soleil vient de disparaître à l'horizon. Cela dit, nous en prenons plein la vue, et c'est une autre occasion de prendre deux secondes de recul et de se dire "on y est vraiment". En fait, premières photos de cartes postales. Nous marchons tranquillement le long de la promenade côté gauche, pour arriver sur une autre piscine, plus petite, à l'eau parfaitement plate (il n'y a personne autour), à débordement, donnant sur la mer. A gauche, un bar est aménagé dans la piscine, afin de pouvoir commander et boire un verre sans sortir de l'eau. Avec l'île de Moorea en fond de toile, et les reflets des palmiers dans l'eau, la vue ne laisse pas indifférent. Nous discutons du coup des hôtels de luxe en Polynésie, et Marie-Claude, qui est allée passer quelques WE dans l'un d'eux ou connait quelques personnes travaillant pour eux, nous explique qu'aujourd'hui, bien des hôtels ont fermé depuis quelques années (Sheraton, Club Med...) d'une part, et que d'autre part, le service n'est pas du tout à la hauteur du prix des chambres. Discussion instructive, où nous apprenons que le problème vient des polynésiens, qui n'ont pas la rigueur et la volonté d'apporter un service plus que parfait à des clients pour qui le prix n'est pas un problème. Son ami, lui-même polynésien, nous avait aussi dit hier soir que la plupart des gens d'ici ont un rythme très cool, ne souhaitent pas être bousculés, et n'ont pas envie de travailler plus que cela. En général, les chambres sur pilotis dispersées autour d'une allée s'avançant dans l'eau bleue sont facturées 1000 euros par nuit, comme celles que nous avions regardées il y a encore quelques semaines. Même avec parfois une nuit offerte pour trois de réservées, à ce prix là, le service doit être digne d'un palace. Claude-Marie, qui nous cite quelques exemples vécus depuis son déménagement il y a presque 20 ans, nous révèle que c'est loin d'être le cas, et qu'aucun hôtel n'est à la hauteur (en termes de personnel seulement...pas de location, de cadre ou de facilités à disposition) du prix des chambres. Intéressant. Nous la quittons vers 18h30, au moment où son concert va commencer. De notre côté, nous nous installons au bar extérieur, buvons un cocktail généreux (et délicieux, avec jus de pastèque, d'ananas, de banane fraichement pressés pour accompagner les alcools du mélange... et quand on connait la qualité des fruits ici), puis allons dîner dans le restaurant d'à côté.


Nous terminons vers 21h, et nous retrouvons à la réception, puis rentrons. Nous regardons difficilement nos mails, puis restons un moment assis sur la terrasse, à écrire l'article d'hier, au milieu de quelques gros cafards volants (il fait chaud, il y a de la végétation et nous sommes dans les îles...). Dans la chambre, nous vérifions nos affaires à emporter pour demain, et, alors que nous avions presque terminé, découvrons qu'une grosse guêpe (presque de la taille d'un pouce) qu'Audrey avait aperçue ce matin dans les rideaux est toujours là. Nous passons du coup plus d'une demi-heure à essayer de la faire sortir puis de la tuer, en la manquant plusieurs fois (elle disparait on ne sait où, se cache dans des endroits impossibles, et ne savons pas si nous l'avons blessée ou excitée), pour finalement y parvenir. Nous éteignons la lumière vers minuit et demi, en espérant que les coqs ne chantent pas cette nuit (en vain, celui du voisin va s'égosiller). Nous nous regardons et avons besoin de nous répêter, comme pour le réaliser, que nous allons passer la nuit à Tahiti.

 

 

 

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mer.

29

mai

2013

Arrivée

Bon, le coup de la lune de miel a marché. Pas de la même façon que l'autre fois cependant. Pas d'emballement, nous n'avons pas été upgradés en business class. Mais nous avons eu du champagne, ou plutôt du Crémant (une petite bouteille individuelle), comme tout le monde a bord, servie par des hôtesses qui se changent une fois décollé, pour revêtir une robe longue colorée à fleurs. Et en montant à bord, une petite fleur de Tiaré (la fleur symbolisant Tahiti et la compagnie aérienne) est offerte à tous les passagers. Du coup, à bord, tout le monde a une fleur dans les cheveux. Ca c'est de l'accueil ! Nous avons bien demandé à ce moment si nous pouvions changer de place, mais apparemment, toutes étaient prises. Nous partons sous la pluie. Nous regardons un film, dînons, et redemandons du Crémant à un moment, en se disant, qu'après tout, nous arrivions à Tahiti et que cela était une bonne occasion de célébrer cela encore une fois. Fred profite donc d'une pause pipi pour en parler à l'hôtesse, après plusieurs heures de vol, qui le reconnaît en lui disant "ah oui, c'est vous qui êtes en lune de miel". "Oui oui...". "Je vais venir vous voir". Et cinq minutes plus tard, la voici qui revient avec une autre hôtesse, en nous tendant un verre de vrai Champagne (celui servi en business class), accompagné d'une petite dizaine de paquets d'assortiments apéritifs ("vous les garderez pour l'hôtel", nous dit-elle), et en nous offrant une trousse de toilettes rigide aux couleurs de la compagnie, à l'intérieur de laquelle se trouve tout ce qu'il faut. Sympa l'attention ! Les cinq heures de vol passent donc assez vite. Au milieu du trajet, nous passons la International DateLine, et interpellons un steward pour bien vérifier que "aujourd'hui, nous sommes hier, c'est bien ça ?". "Absolument, nous sommes bien hier" nous répond-il après avoir souri. Nous atterrissons du coup à 21h20, le 29 mai. Première conséquence, nous nous rapprochons désormais de la France. Deuxième conséquence, vous avez désormais 12h d'avance sur nous, alors qu'il y a quelques heures, c'était 10 de retard. Drôle. A bord, pour nous, cela ne change rien car nous n'avons qu'à avancer notre montre de 2h, et la retarder d'un jour (vous suivez ? Il n'y a en fait que 2h de différence, à un jour près, entre Auckland et Papetee). Bref, en sortant de l'avion, il fait chaud. 26°. Et en rentrant dans l'aérogare, après quelques pas sur le tarmac, un groupe de musiciens locaux et une vahiné nous accueillent. Bienvenu en Polynésie. Petit moment d'étonnement quand nous apercevons le signe "Police" et les couleurs françaises. C'est vrai, nous sommes en France. Nous passons avec plaisir dans la file presque vide réservée aux ressortissants européens, et récupérons rapidement nos sacs. Claude-Marie, une amie des parents d'Audrey, nous attend avec un panneau sur lequel est écrit nos prénoms, et, comme le veut la coutume, nous offre un collier de fleurs (de Tiaré) très odorant. Elle nous héberge pour la nuit, avant que nous ne reprenions l'avion demain pour notre première île, Huanine (prononcer "ouahiné"). Son ami, un ancien militaire parachutiste polynésien (le gars a quand même dirigé 200 hommes, et a 18 ans de service dans le monde), nous rejoint avec la voiture. Nous partons tous chez eux, à peine 5 minutes de route plus loin. Nous passons le reste de la soirée (jusqu'à 1h du matin) à discuter tous ensemble sur la terrasse de leur grande maison, sous le grand manguier, et au dessus d'un jardin comportant bananier, cocotier, et autres arbres exotiques (bougainvillier, frangipanier...). Superbe moment qui nous plonge déjà dans les coutumes polynésiennes, en abordant tout un tas de sujets liés aux îles, à leurs habitants, à leurs coutumes, et à bien d'autres choses. Une discussion enrichissante. La bière locale, la hinano (la traduction tahitienne du mot "fleur"), est posée sur la table. Nous mangeons également un fruit de la passion. Ici depuis quelques heures seulement, et nous avons appris déjà tant de choses, racontées par des locaux, dont un polynésien pure souche. Inestimable.

 

Rendez-vous est pris demain matin pour le petit-déjeuner vers 7h30, car notre vol est à 9h20. En montant dans la chambre, après avoir trié nos affaires (nous allons en laisser ici, pour ne pas emporter toutes celles dont nous ne nous servirons pas), nous vérifions l'heure exacte du vol de demain... et nous apercevons avec surprise qu'en fait, nous ne partons pas demain, mais après-demain. Nous nous sommes en effet trompés avec le changement de dates. Pensant que nous partions le lendemain de notre arrivée à Tahiti (soit normalement le 31 mai), nous avons oublié de prendre en compte que nous arrivions la veille d'être partis ! Petit coup de stress, en se demandant si cela décale du coup toutes nos réservations, et si nous nous sommes aussi trompés sur ce point. Heureusement, cela n'est pas le cas. Dans l'immédiat, en réalisant, petite déception, car nous nous étions mis en tête que nous reprenions l'avion demain matin, sans véritablement s'être posés, dans la continuité du vol d'aujourd'hui, et allions découvrir la Polynésie par un paysage de carte postale, à observer l'île depuis le hublot et être dans l'eau quelques heures après au milieu de poissons tropicaux. Mais en fait, cette erreur est d'une part une bonne nouvelle, d'autre part une opportunité. Bonne nouvelle, car cela rajoute un jour de plus à notre périple (celui que nous avons oublié de compter... que du bonus), et opportunité, car cela va nous permettre de voir Papeete, que nous avions décidé de zapper pour privilégier les autres îles. Nous éteignons donc la lumière de la chambre de l'étage, sous le chant d'un des nombreux coqs des alentours, qui chanteront toute la nuit, quasiment à chaque heure.

 

 

 

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