Inde, conclusion : nos impressions

Ca y est, une destination de plus. Presque un mois dans ce pays particulier, qui ne ressemble à aucun autres, qui n'est ni en Asie, ni au Moyen-Orient, et au carrefour de tellement de choses qu'on le nomme sous-continent. Nous comprenons pourquoi en étant venu ici. Le temps de faire un bilan, à chaud, et d'alimenter votre imagination, en essayant de résumer ce que nous ressentons.

 

Sans parler de la rue, après avoir essayé à peu près tous les types d'hôtels (guesthouses, hôtels moyenne gamme ou haut de gamme), la notion de propreté est ici toute relative. Vous le saviez, mais c'est clairement quelque chose qui vous interpelle dès vos premiers pas sur le sol indien. Encore une fois, en dehors des rues et des choses que vous avez peut-être lues dans nos articles, ou vues sur les photos/vidéos, l'eau pour laver un hall d'hôtel n'est pas changée entre le début et la fin - alors que le hall est sacrément sale et grand - les toilettes sont rarement propres (sauf dans le palace), surtout, les mains se salissent à une vitesse impressionnante (car tout ce que vous touchez généralement est sale, dans le sens où il y a beaucoup de poussière dessus, ou autre...). Bref, ce n'est pas un mythe ni un cliché, mais une réalité. L'Inde est plus développée que le Népal, un des pays les plus pauvres au monde (peu de routes goudronnées, aucune infrastructure... d'ailleurs, les népalais viennent travailler en Inde, pas le contraire), mais tout aussi sale que Katmandou, et dans la campagne, plus que celle du Népal pour ce que nous avons vu. En outre, il ne se passe pas 5 min sans odeurs nauséabondes. Les hommes urinent partout et tout le temps. Les enfants de moins de 5 ans sont souvent nus ou les fesses à l'air. Paradoxalement, les indiens sont, ou ont l'air, propres sur eux. Dans les campagnes, nous les avons souvent vus se laver, alors qu'ils n'ont rien et que tout est sale autour. Les gens ne sentent pas mauvais, ce qui pourrait être le cas étant donné ce que nous disons. En fait, c'est l'environnement qui est sale, et les comportements. Une forme de paradoxe qui nous a souvent interpelés.

 

Les couleurs sont partout également. Les femmes sont ornées, portent des saris de toutes les couleurs, car elles ont refusé il y a longtemps de porter des burkas noires ou de s'effacer. Elles ont le ventre nu aussi. Nombreuses sont celles qui sont complètement voilées, mais c'est un tissu coloré et un peu transparent qui couvre leur tête, pas un vêtement sombre et d'un seul tenant. Cela rend donc les rues gaies, d'une certaine manière, et la vie vous saute aux yeux.

 

Nous avons ressenti une grande diversité, dans les religions, les comportements, les attitudes, les lieux, les discours... mais aussi, parallèlement, une forme d'unité, que nous n'avons jamais ressentie ailleurs. Diversité et unité sont les deux mots qui résument le mieux le pays, à notre sens.

 

Nous n'avons pas trouvé les indiens très polis, cela nous a surpris. Quand vous prenez une photo, la seule personne autour ne pense même pas à s'arrêter pour que vous puissiez faire votre cliché. Quand vous faîtes la queue, deux ou trois personnes essaient de passer devant vous, en vous bousculant ou en se serrant contre vous, comme dans un musée ou au guichet du métro par exemple. En revanche, tout le monde s'arrête pour vous aider, vous venir en aide. Les indiens sont de toutes façons très curieux. Au cinéma, en prenant notre place, l'indien avant nous a fait en sorte que nous soyons assis à côté de lui afin qu'il nous explique le film. Nous racontons aussi dans un des premiers articles la rencontre avec cet étudiant indien en arrivant à Delhi par le train, il y a trois semaines, avant de partir pour Agra. Tout est dit.

 

Nous avons eu le sentiment qu'ils profitent un peu de notre gentillesse, ou bon fond, parfois. Pas toujours mais parfois, au-delà de leur gentillesse. Mais c'est clairement un sentiment positif que nous avons concernant la population. Pas sûr en revanche que cela soit le cas entre les indiens, ou si nous vivions en Inde et parlions l'hindie.

 

Le système social est parfois violent. Nous avons vu des hommes se faire frapper ou tirer violemment l'oreille par d'autres, qui devaient appartenir à une caste (il y en a 4 principales) ou une sous-caste plus élevée. Cela nous a choqué car nous n'avions jamais vu ça. La hiérarchie sociale est probablement plus violente que le peu que nous en avons vu. En revanche, les rapports entre adultes et enfants n'ont pas l'air violent, malgré la pauvreté, comme cela peut ête le cas au Brésil, d'après ce que nous a dit une brésilienne avec qui nous avons discuté.

 

Nous avons aussi observé ce contraste entre les regards directs et froids de prime abord, et les sourires deux secondes après. Deux visages en moins de deux secondes.

 

La condition des femmes est, ici comme dans trop de pays, bafouée. Elles doivent rester à la maison, même si elles sont nombreuses dans les rues (et les jeunes filles modernes à Delhi) à aller et venir, mais jamais présentes dans les restaurants ou magasins, car, selon les dires des hommes, elles ne sont pas allées à l'école (et pourquoi eux y sont-ils allés du coup?) et ne peuvent donc rien faire d'autre que des tâches ménagères. En fréquentant des touristes, ou en étant un peu plus libres, cela leur permettrait peut-être aussi d'avoir accès à des choses dangereuses pour cette société d'hommes. Par ailleurs, c'est la femme qui organise la réception du mariage, souvent entre 15 et 17 ans (peut-être plus à Delhi), et doit apporter la dot. Les filles ne sont pas toujours souhaitées par les femmes enceintes, car c'est une bouche de plus à nourrir. Les avortements existent et sont toujours interdits par la loi. Par contre, plusieurs jeunes (mais des garçons) nous ont dit qu'ils acceptaient les mariages arrangés ("de raison" ici, par opposition à ceux "de coeur") car selon eux, les parents sont plus aptes pour savoir ce qui est bon pour eux. Choc des cultures....

 

Les hommes sont tous très frustrés. Les regards ne sont pas justes curieux, et les sites pornographiques ou autres choses du genre sont bannis, ce qui engendre - dans une société où l'on se marie jeune et vierge - de grandes frustrations. On est loin de nos sociétés occidentales, ou beaucoup d'interdits existent, mais bien des choses sont tolérées, acceptées ou font partie des moeurs, et où la liberté à un vrai sens.

 

En Inde, on ramasse et vous rapporte un objet que vous avez fait tomber par inadvertance, même si l'objet est à 15m de vous. Cela, ajouté à d'autres choses, participe au sentiment que les indiens souhaitent bien faire pour leur pays aux yeux des touristes. Un documentaire sur l'Inde, réalisé ici pour promouvoir le pays sur la scène internationale, dont le titre est "Incredible India" (voir sur you Tube), a comme sous-titre: "Members are gods". On en rit quand on voit le nombre de fois où nous avons payé trop cher à cause de nos têtes d'occidentaux, et tous les systèmes organisés pour "sucer" l'argent des touristes, mais il y a quelque chose de vrai que nous avons ressenti plusieurs fois. En fait, les indiens sont fiers de leur pays et veulent pouvoir l'être. Ca reste à nuancer encore une fois à la vue de certaines expériences. Mais ces deux facettes ne sont-elles pas une réalité dans bien des pays?

 

Sinon, le code de la route est inexistant, ou une blague, au choix. On roule à contre sens, les files sont là pour le décor, on est à 5 sur une moto avec des enfants, on traverse un passage à niveau jusqu'au dernier moment en moto en se baissant, toujours à 4 dessus. Génial quand ce n'est pas votre pays!

 

Enfin, nous avons fait le bon choix dans le sens de nos visites, en commençant par Varanasi et en allant dans le sens inverse des circuits classiques, car nous avons trouvé les dernières villes plus riches et plus entretenues qu'au début. Pas trop de déception donc, en évitant par exemple l'impression que les meilleures choses sont derrière nous depuis une semaine et demi.

 

L'Inde, c'est donc un pays que nous sommes contents d'avoir inclus dans nos plans. Cela aurait clairement manqué, et c'est un pays qu'il faut avoir vu si l'on veut voir un peu toutes les populations sur notre planète. Les craintes que nous avions se sont vite dissipées, et cela n'était pas aussi difficile d'accès que nous le pensions. Si c'était à refaire, nous signerions tout de suite. Par contre, on dit souvent que c'est une contrée que l'on adore ou que l'on déteste, mais ce n'est pas notre cas. Nous avons aimé, c'est tout. Nous souhaitons y revenir, ne serait-ce que pour voir le sud, mais si nous rentrions en France, ce ne serait pas une de nos prochaines destinations, avec l'envie de vite retrouver tout cela au plus vite. Nous conseillons à tout le monde de venir ici. C'est un pays riche. Ce sont surtout les gens et les contacts, plus que les monuments (sauf pour le Taj) qui sont intéressants. Niveau bouffe, nous sommes déçus, et cela n'a pas été le grand moment culinaire que Fred attendait un peu (voir rubrique "bouffe", et la rétrospective qu'il a écrite).

 

- On a aimé :

Les couleurs

Le Taj Mahal

Les visages souriants et expressifs

Le peu d'agressivité, à part dans certains regards curieux parfois

Le contact avec les gens, la grande interaction, quotidienne

Voir de l'intérieur une superpuissance de demain, à ce moment de son existence

Prendre le train comme les locaux

Le climat au mois de décembre

Les lassis

Aller au cinéma voir des films de Bollywood

L'accueil en général, et l'impression que les indiens souhaitent donner un sentiment positif aux touristes

Etre sur un dromadaire dans le désert

Le sentiment de sécurité en général

La diversité du pays

L'apparence d'unité dans cette diversité


- On a moins aimé :
Les crachats, rots bouche ouverte et raclements de gorge partout, tout le temps

La saleté, le manque d'hygiène, sans parler de conscience écologique, partout

Devoir systématiquement tout négocier

Passer par l'agence DTS à Delhi pour panifier les 2/3 de notre parcours & hôtels

Avoir un chauffeur quelquefois

Certains regards trop insistants

Avoir parfois l'impression d'être une bête de foire

Les klaxons qui ne s'arrêtent pas, à moins d'un mètre de vous, toute la journée

 

 

Dans l'ordre de visite:

 

- Varansi: la ville la plus mystique, fascinante

- Le Taj Mahal, Agra; le plus époustouflant

- Jaïpur, la plus interessante, et hétéroclite

- Pushkar: la plus amusante

- Udaïpur: la plus jolie et différente

- Jaisalmer: la plus inattendue

- Bikaner: la plus insignifiante, car dernière ville visitée

- Delhi: la plus moderne (facile!)

 

 

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Commentaires: 5
  • #1

    christiane (samedi, 15 décembre 2012 11:58)

    super reportage
    je trouve les femmes et les enfants tres beaux ça ne sera peut etre
    pas le cas en chine

  • #2

    annick (dimanche, 16 décembre 2012 20:53)

    merci a vous deux de nous faire voyager ci loin que de merveilleuse couleurs de beaux sourires ,de chose extraordinaire comme cet incroyable lit de cristal et magnifique photo du Taj Mahal continué de nous faire rêver bisou a bientot

  • #3

    christian de jodphur (dimanche, 16 décembre 2012 22:52)

    salut a vous deux nous sommes rentres il y a 1 semaine l'analyse que vous faites de l'Indes est la mêmes que la notre .continuez votre périple aussi bien que vous l'avez commence .
    a bientôt peut être dans une gare du monde.

  • #4

    romy (mardi, 16 juillet 2013 16:33)

    Salut les beaux!
    Merci pour ces images et commentaires, on voyage avec vous. Je pars vivre à Bombay dans une semaine, peut etre nous y retrouverons nous un jour? bonne suite!
    Romy

  • #5

    Sophie (jeudi, 06 août 2020 23:29)

    C’est un pays fascinant !
    Vos photos, souvent très colorées, sont superbes. Les portraits d’enfants... mes préférés !
    Encore une lecture très enrichissante grâce à vous 2. Merci.
    Fred, préfères-tu dorénavant que je t’appelle Tom ou Leonardo ? :-)