Avant de partir pour Pushkar et faire les quelques heures de route qui nous séparent de cette ville, il fallait que nous allions au cinéma à Jaïpur. Pourquoi ici? Car c'est là que se situe l'un
des cinémas les plus populaires/importants du pays. Nous allons donc à la première séance de la journée, à 11h45.
Le lieu :
Le Raj Mandir, LE cinéma le plus réputé du pays. Nous l'avons connu grâce au Lonely Planet, qui le cite comme attraction de la ville. Une fierté nationale. Des cars de touristes ou d'indiens s'arrêtent devant, lorsque nous attendons que le ciné ouvre, pour prendre le bâtiment en photo. Ce cinéma opulent ressemble à un énorme gâteau rose à la crème, avec un auditorium en forme de meringue à l'intérieur. On se croirait un peu dans Grease.
Ici, on ne diffuse qu'un seul film. Le hit du moment. Nous avions demandé à plusieurs personnes ce qu'il fallait aller voir, et toutes nous avaient répondu la même chose : Jab Tak Hai Jaan !
Même le jeune que nous avions interviewé dans le train nous avait fait écouter la musique du film (nous nous en sommes souvenus rétrospectivement). Les gens font la queue 1h30 avant le
début du film, et attendent que les portes ouvrent (environ 20 min avant). On se demande un peu pourquoi. Il n'y a pas énormément de monde, ce n'est pas blindé. C'est néanmoins loin d'être
vide. Ce n'est que la première séance.
La salle :
A l'intérieur, l'endroit ressemble un peu au Radio City Hall à New-York. Il y a de la place pour s'asseoir, de la moquette recouvre le sol, la configuration du lieu est un peu la même.
Inattendu. C'est assez kitsch. Dans 20 ans, on imagine que ce lieu sera un lieu d'époque, un peu comme certains cinémas de banlieue ayant eu leur heure de gloire dans les années 70, face aux
complexes cinématographiques actuels.
La salle en elle-même est moderne. Les sièges ne sont pas très confortables, mais s'inclinent un peu comme les sièges d'avion. Fred n'a pas beaucoup de place pour ses jambes, les indiens
sont petits en général. L'écran est semblable à ceux que nous connaissons. Grand et à haute définition. Le son est également similaire à nos salles, avec effet surround ou traitement digital
et enceintes de haut niveau. Ca envoie du bois !
Le film :
Nous allons voir une des dernières superproductions, sortie le 13 novembre : Jab Tak Hain Jaan. C'est un film à moitié romantique, à moitié d'action. Clairement, il n'a rien à envier aux
prods américaines, et tient parfaitement la route. Les moyens mis en oeuvre sont importants. La réalisation est bonne, tout à fait dans nos standards. On imaginerait bien ce film en
occident et faire un carton. La mise en scène est aussi à la hauteur, parfaitement maitrisée. On est loin de l'image que l'on pouvait s'en faire, en prenant un peu de haut les
productions du pays. Les acteurs sont tous crédibles. L'histoire est romantique mais pas mielleuse, et plutôt sympa, avec un habile mélange d'action, d'amour et d'humour (même si on ne l'a pas
toujours saisi, il est vrai). C'est celle d'un héros au grand coeur et séduisant (un mélange de Stallone, Patrick Bruel et Cruz, vous vous rappelez, celui de Santa Barbara) qui poursuit 2
histoires d'amour parallèles malgré lui. Le film en lui-même est tout à fait moderne. La grosse différence par rapport aux films auxquels nous sommes habitués, c'est qu'ici, il y des musiques,
des chansons complètes chantées par le héros, et bien plus de danse que dans nos productions.
Ah oui, il y a aussi avant le film des publicités préventives contre le tabac, avec images chocs et témoignages. Est également diffusé juste avant le début le certificat d'homologation du
film. Autre différence, à notre grande surprise, en plein milieu d'une discussion importante entre deux protagonistes, une note en bas d'écran prévenant des dangers du tabac lorsqu'une
cigarette apparaît à l'écran (façon, abus d'alcool en France, voir photo) est apparue. Quel ne fut pas non plus notre étonnement quand les lumières se sont allumées juste après une
scène du film, et ce dernier s'arrêter : c'était l'entracte, au milieu du film ("Intermission" comme ils appellent ça) ! Inimaginable.
On allait oublier, mais inutile de vous dire que tout est en indien, qu'il n'y a pas de sous titres. Heureusement, des phrases en anglais sont parfois prononcées et mélangées à de l'indien
(cf les arabes français mélangeants français et arabe lorsqu'ils parlent). Cela ne nous a pas empêché de comprendre toute l'histoire et de ne pas nous sentir frustrés ou de nous
embêter. Un peu comme on comprend un film américain même si on ne parle pas anglais (à part JFK ou quelques-uns, c'est vrai).
Mais le moment que l'on a adoré, c'est lorsque pendant une scène en extérieur, à Londres, dans Hyde Park, pendant une discussion dramatique, filmée en plan large, du héros avec l'une des
deux héroïnes, nous voyons un pigeon sortir de l'écran, et comprenons qu'il est en fait dans la salle. Le pigeon traverse alors l'écran et nous éclatons de rire. Il refera quelques apparitions,
notamment pendant une scène romantique où il n'a rien à faire là et sort de nulle part d'un coup sans prévenir. Excellent, le détail qui tue au moment où l'on ne s'y attend pas.
Ah oui, au fait, le film dure 3h complète avec entracte !
L'ambiance :
Une attraction à elle toute seule. C'est à l'opposé de la France. Entre les applaudissements nourris et les cris dès la première apparition du héros (une star ici en Inde) quelques minutes
après le début du film, les sifflements enjoués pour l'apparition de chacune des héroines, les encouragements insistants lorsque des scènes romantiques et baisers ont lieu, les chants,
les paroles des chansons récitées pendant les scènes chantées (qui durent en général plusieurs minutes... de vrais clips), des cris des bébés à la toux du grand père jusqu'aux téléphones
portables qui sonnent et leur propriétaire qui répond, c'est un vrai film dans le film. Et pourtant, on s'habitue, on arrive à suivre le film et ça ajoute un peu de charme à tout cela.
On est loin des ambiances froides et concentrées de nos contrées.
Enfin, chose étonnante, les gens partent avant la fin du film (quelques minutes, lorsque tout est conclu). Ils n'attendent pas le générique de fin.
Verdict :
Clairement, une vraie expérience, à essayer absolument, surtout ici, à Jaïpur. Nous, on a adoré (le film en lui même d'une part, qu'on reverrait bien en anglais pour comprendre les
subtilités des dialogues, et l'ambiance). On a qu'une envie, y retourner ( peut-être pour voir "Son of Sadaar", un autre blockbuster!)
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Cousin JM (lundi, 11 février 2013 17:21)
Je veux en être la prochaine fois !
Bon sinon j'ai vu Le hobbit en IMAX / 3D / HFR (pour high Frame Rate) donc 48 images par sec le double de d'habitude (en 24p) et c'etait la grosse claque ! A noter quand tu arriveras aux US....