Jour 20 - Une nuit dans le désert

Ce soir, nous partons dans le désert faire du dromadaire. Pas commun. La soirée et la nuit sont prévues de longue date, puisqu'elles font partie du package que nous n'aurions pas dû prendre auprès de cette agence de Delhi.

 

La soirée commence tôt : 13h30. Rendez-vous à la réception de l'hôtel, pour prendre une jeep qui va nous emmener dans un village dans la grande banlieue de Jaisalmer, à 40min de route. Comme d'hab, personne ne nous donne le planning ni ne nous indique comment va se dérouler cette expérience. Nous sommes seuls dans la jeep, une petite 4 places, et notre chauffeur n'est pas bavard. Au moment de quitter la ville, il s'arrête faire ses courses et achète carottes, patates, oignons etc... serait-ce pour le dîner de ce soir ? No one knows. Nous prenons donc la route et sommes rapidement sur une longue ligne droite goudronnée, entourés de sables et de quelques arbres. De temps en temps, nous croisons un troupeau de chèvres, ou un petit village où des enfants jouent et nous saluent le bref moment où ils nous aperçoivent. De la poussière s'élève de l'arrière de la voiture. A un moment, nous prenons un autre homme en stop, qui descendra un peu plus tard avant que nous arrivions. Il fait chaud, mais l'air circule dans ce 4x4 sans vitre, qui fait un bruit monstre. Nous ne savons pas où nous allons, ni combien de temps nous allons rouler. Mais bon, nous sommes en vacances, et finalement, peu importe, nous avons le temps et pas grand-chose d'autre à faire ici que de profiter de tout cela, pas d'emploi du temps réglé au millimètre ou d'impératif particulier. C'est aussi bon de se laisser aller vers une forme d'inconnu, toute relative bien sûr compte tenu de ce moment tout à fait anecdotique. Nous regardons donc passer les éoliennes flambant neuves qui jalonnent au loin la ligne que nous suivons. Puis nous arrivons enfin.


Le village semble petit. Des maisons dont le toit est en paille dessinent un paysage différent, avec des dunes de sable au loin, et une végétation disparate. Nous patientons et attendons que l'on s'occupe de nous avec un sympathique couple d'allemands. On nous offre un thé. Puis vient le moment de partir chevaucher nos montures, situées un peu plus loin. Nous partons tous les quatre. Pour ceux qui ne sont jamais montés sur un dromadaire, être dessus quand la bête se lève est toujours surprenant. D'abord, les pattes arrières se dressent, vous projetant par surprise vers l'avant, puis les pattes avant se tendent, vous faisant basculer de l'autre côté, sans vous prévenir. Tout cela bien sûr à plus d'un mètre du sol au début, un peu sur un  équilibre que vous cherchez à trouver, mais qui vient rapidement (surtout pour ceux étant déjà montés à cheval). Une fois l'opération effectuée, vous êtes à 2 bons mètres du sol. Des mouches tournent fréquemment autour de vous. Parfois, le dromadaire éternue, et vous êtes bien content de ne pas être devant. D'autres fois, c'est celui de devant qui décide tout en marchant de faire ses besoins. Mais tout cela est vite oublié, car vous contemplez des dunes de sable au mois de décembre, alors que le soleil, maintenant un peu plus bas, tape presque directement sur votre front. Des repères estivaux en plein hiver. Un moment un peu hors du temps.


Nous partons en balade pendant environ deux heures. A la mi-temps, nous nous arrêtons faire une pause, pour attendre sagement le coucher du soleil. Tout est calme, et propre. Un changement supplémentaire par rapport aux dernières semaines. Au moment où nous évoquons avec le couple allemand le plaisir que serait celui de prendre une petite bière dans cet endroit qui ne s'y prête pas de prime abord, nous voyons arriver quelqu'un avec un sac rempli... de soft drinks et de bières ! Sorti de nulle part, il semble connaître la demande. Nous sifflotons donc ce rafraichissement bienvenu, allongés dans le sable, à jouer avec la finesse des grains, pieds nus, en échangeant nos points de vue sur l'Inde, en train d'attendre que l'étoile la plus proche de la Terre veuille bien disparaître. La température commence simultanément à baisser, pour rejoindre un probable 20°C idéal. Nos dromadaires sont assis derrière nous, un autre broute un peu plus loin les branches d'un petit arbuste, et nos guides sont un peu plus loin. Un petit scarabée du désert vient s'amuser entre nos jambes, et s'enterre lorsque Fred essaie de le faire venir sur sa main. Nous attendons toujours que le soleil s'éclipse à l'horizon, et craignons ne pas être les témoins du spectacle tant attendu lorsque nous découvrons que le ciel s'est voilé, et qu'une sorte de brume traîne au loin, en plein dans la trajectoire de l'astre. Effectivement, la lumière décline mais nous apercevons seulement ce que la nature veut bien nous offrir, à savoir des bouts de soleil rouges entre les nuages, le temps de quelques minutes. C'est pourtant lorsque les nuages sont éclairés par dessous par les derniers rayons que le ciel est le plus impressionnant, et les couleurs les plus vives. Mais aujourd'hui, lesdits rayons n'arrivent pas à rejoindre ces nuages, cachés par d'autres, et obscurcissant l'horizon. Ce n'est donc qu'un demi-spectacle. Le moment n'en reste pas moins sympathique.


Vient du coup le moment de repartir, et de terminer la boucle pour retrouver notre point de départ. La lumière continue de baisser, peu à peu, et le ciel rosit légèrement. Afin de rompre la monotonie qui commence à s'installer, Fred demande à l'enfant qui tient les rênes du dromadaire de le faire trottiner. Les gestes prennent le relai des mots pour se faire comprendre. La bête commence alors à s'exécuter, et Fred à bondir légèrement de son siège par intervalles réguliers. Rien de bien nouveau pour ceux ayant déjà fait du cheval. Bien sûr, Fred indique que Audrey aimerait aussi faire la même chose, tout comme nos allemands, en train de nous regarder amusés. Nous arrivons ainsi à notre point d'arrivée.


Ensuite, une soirée un peu ennuyeuse débute. Nous qui croyions aller dans le désert et profiter de la fin de journée, nous en serons pour nos frais. Une vingtaine de touristes, dont nous faisons rapidement partie, attendent sagement le début d'un spectacle de danse. Une soupe de tomates nous est offerte, puis un thali, c'est-à-dire du riz servi avec un ensemble de petites coupes dans lesquelles se trouvent des patates, légumes, haricots du désert, lentilles et deux sauces, est servi. On se croirait dans Capital, genre reportage sur les spectacles aménagés spécialement pour les touristes en voyage organisé. L'impression d'être un peu prisonniers d'un système rodé. Tout cela aurait été bien plus sympathique sur les dunes, éloigné de tout ce qui pourrait ressembler à la civilisation, loin de ces deux guirlandes qui s'agitent sur le balcon d'en face, avec des bougies posés sur les dunes le long des arrêtes, des tapis sur le sol, un feu au milieu, les tentes sur le côté, les dromadaires quelque part, et la liberté de vaquer tout autour, comme Fred l'avait fait une fois dans le désert tunisien. Il essaiera d'ailleurs de poser la question un peu plus tard, arguant du fait que les indiens pourraient gagner bien plus d'argent en reproduisant cette expérience, mais son interlocuteur lui répondra que cela est plus facile à faire comme cela. Dommage. Du coup, nous nous ennuyons, et attendons que tout cela finisse. Lorsque ce moment arrive, nous prenons une jeep et partons à 20 min de route rejoindre enfin le calme. Nous nous arrêtons dans une sorte de nulle part, simplement éclairés par les phares de la voiture. Notre chauffeur sort un matelas, et deux couvertures. Nous sommes plusieurs, d'autres jeeps s'étant arrêtées dans les environs. Nous sommes donc seuls sans l'être, mais ce n'est pas gênant, au contraire. Le sable est froid sous nos pieds. Nous allumons nos frontales. Heureux d'avoir pris nos duvets, nous aménageons notre lit de fortune sous le ciel étoilé. Il fait frais, mais pas froid. Nous sommes au milieu d'une vaste étendue de sable. Nous nous couchons - pas grand-chose à faire de toutes façons - et observons les étoiles, en cherchant une Grande Ourse que nous ne trouvons pas. Un chien passe à côté de nous sans prévenir, discrètement, et fait sursauter Audrey. Dans le noir, la nuit, à cet endroit qui n'est pas familier, l'imagination joue son rôle. Fred suggère qu'elle garde l'oeil ouvert, car nous pourrions être sur le chemin de fennecs du désert, qui sortent, c'est bien connu, la nuit pour chasser. En fait, il n'en sait rien et la taquine gentiment. Nous nous endormons. Il est 22h.


Le matin, la lumière nous réveille, aux aurores. Il doit être 6h. Tout est calme. D'autres se réveillent également un peu plus loin. La nuit s'est très bien passée. Nous n'avons pas eu froid et avons bien dormi. Ni vent, ni bruit, ni fennecs, ni chiens. Rien que nous, le sable et les étoiles. La lune s'est levée vers 4h, et sa lumière, éclairant le sable clair et reflétant sa lumière, nous a réveillés l'espace de quelques minutes. Mais désormais, il fait jour. La lumière, dans cet environnement beige clair, est douce. Nous nous levons, puis nous écartons un peu pour apprécier les premiers rayons qui ne vont pas tarder à arriver. Nous prenons un peu de hauteur. Nous faisons quelques photos panoramiques, car nous devons probablement voir à quelques kilomètres à la ronde. Un petit point incandescent apparait alors. Il grossit. Puis joue à cache-cache derrière les nuages. C'est beau sans être grandiose. Pas de nouvelle claque visuelle à ajouter aux chiffres du voyage. S'étant réveillés trop tard, nous n'avons pas eu ce mince millimètre de lumière qui caresse l'horizon lorsque les toutes premières lueurs naissent chaque matin, vers 4h et quelques, tranchant avec le noir de la nuit au dessus, comme certains l'ont peut-être déjà vu en avion, ou mieux, en haute altitude. Peu importe, nous restons là côte à côte à regarder ce spectacle simple qui se répète inlassablement depuis et pour encore plusieurs milliards d'années. Une fois le soleil bien installé dans le ciel, nous paquons notre lit de fortune et reprenons la jeep, pour retourner au village. Là-bas nous attend un petit déjeuner. C'est à ce moment que nous croisons cette star du rock imaginaire qui nous a fait bien rire (cf rubrique "divers"). Enfin, nous retrouvons notre chauffeur de la veille et reprenons la route pour Jaisalmer. Nous sommes en milieu de matinée. Pour une fois, le ciel est un peu couvert, une première depuis notre départ de France. Le personnel de l'hôtel nous prête aimablement une chambre afin de pouvoir nous doucher. Nous passons la journée dans la ville, à visiter des temples jaïnistes, magnifiques,  le lac de la ville (sans grand intérêt), à essayer un sandwich baguette dans un restaurant tibétain (cf rubrique "bouffe"), et à attendre à l'hôtel l'heure de notre bus de nuit.


A 21h30, ce dernier arrive. Bus local. Nous nous installons sur les couchettes en hauteur, rencontrons 4 étudiants français passant plusieurs mois en Inde, et nous endormons péniblement, secoués par les trous dans la route pendant une bonne heure avant de trouver le sommeil pour les 6 heures à venir.

 

 

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Commentaires: 3
  • #1

    Julien (mardi, 11 décembre 2012 17:05)

    Que c'est beau !! merci pour ces belles photos et vidéos ! Les photos avec les inscriptions dans le sable sont très sympas ! merci de penser à nous !

    Gros bisous à vous deux !

  • #2

    maryse alain (mardi, 11 décembre 2012 22:38)

    salut julien, aujourd'hui c'est nous qui te succedons.

    photos et video sont vraiment sympa,mais au fait vous n'avez pas vu de mirage? bisous

  • #3

    Sof (jeudi, 13 décembre 2012 21:53)

    Bises à vois aussi les amis! :-)