J1 - Papeete

Température de l'air : 30°C

Température de l'eau : inconnue

Moment fort de la journée : Le petit-déjeuner s'éternisant à discuter sur la terrasse face à Moorea

 

Ia Orana (prononcez Yo' Rana)

 
Ce matin, la première chose que nous faisons, c'est bien sûr de prévenir l'ami de Claude-Marie de notre erreur. Pas de problème, il nous indique que nous resterons du coup ce soir, et que cela n'est pas grave. Lui est allé faire son sport entre 5h et 7h du matin, et n'a rien de prévu aujourd'hui, son jour de congé. Claude-Marie, professeur d'anglais, est partie travailler.


Nous nous installons tous les trois sur la terrasse, face à la mer, bleu clair entre le rivage et la barrière de corail (mais pas tout-à-fait turquoise, car le soleil n'est pas du bon côté pour obtenir ce bleu spécifique), puis bleu foncé ensuite, à une centaine de mètres de la plage, là où les vagues cassent. Au loin (mais à une dizaine de kilomètres seulement), l'île de Moorea, la seconde que nous visiterons. Grande, avec son profil ciselé par les queques sommets d'un millier de mètres de haut. Ca y est, nous avons bien l'impression d'être dans les îles du Pacifique. Voir ces deux couleurs et l'écume des vagues loin de vous, contrairement à d'habitude, reste surprenant, et agréable. Un vrai dépaysement. Nous poursuivons des sujets abordés hier, mangeons des fruits du coin dont le goût, comme celui de la banane, n'ont rien à voir avec ce que nous connaissons (il y a une dizaine de variétés de bananes ici, et celle de ce matin est petite, au coeur complètement fondant, avec un goût au centre bien plus prononcé que sur les parties extérieures...hallucinant d'onctuosité et de puissance). Le pamplemousse, que nous n'aimons pas d'habitude, n'est pas amèr du tout. La papaye orange est aussi bonne, et l'ananas à tomber. Et tous ces fruits peuvent être cueillis n'importe où, car ils poussent partout, comme les fleurs. Un pain à la coco est aussi sur la table, à manger avec des confitures de mangue, papaye, ou fruits de la passion. Nous discutons à bâtons rompus, lui nous parle de son expérience et de sa vision des polynésiens d'aujourd'hui, qui pour la plupart n'ont pas beaucoup voyagé, et du recul que lui a apporté son passé de militaire. Il nous parle de la France, des stages commandos qu'il enseigne, de son passé de danseur professionnel d'Aka, pendant 5 ans, des relations entre polynésiens (indépendantistes ou "oranges"), de l'industrie de la culture perlière (les polynésiens ont un grand savoir-faire - il nous explique d'ailleurs la technique pour ouvrir l'huitre et y placer un petit bout de l'huitre elle-même, découpée soigneusement, pour la placer au centre, la faire tourner, et refermer l'huitre - mais qu'ils ne savent pas les vendre, et les exporter), des baleines qui passent en septembre juste en face, d'un petit bateau juste derrière la barrière qui doit selon lui être en train de pêcher des tortues (dont la chair, qu'il a goûtée une fois, est succulente, mais qu'il trouve inhumain de tuer) des différentes îles (et nous confirme que la pension "Chez Guinette" chez qui nous allons demain est très bien), des choses à faire, et des autres coins de la Polynésie (les îles Marquises, les Australes, les îles sous le vent...). Une personne très interessante, équilibréé, critique, avec laquelle nous avons beaucoup de choses à dire. Vu que notre vol est demain, il nous propose de nous déposer au marché de Papeete, dans le centre, pendant qu'il ira à une réunion prévue à 10h. Sur la table traine le journal "La gazette de Tahiti". Le genre de détail qui vous immerge complètement dans ce bout du monde paradisiaque.


Après 4 cafés et deux heures de passées, nous nous mettons en route. Des cocotiers au tronc fin et long bordent la route quatre voies que nous empruntons. Les voitures conduisant à droite, les codes signalétiques français, les inscriptions en français, l'aspect des voitures de police... cela nous fait bizarre, pour la première fois depuis 7 mois, de retrouver nos repères. La conduite à droite nous surprend à chaque instant, où nous avons l'impression qu'il conduit du mauvais côté. Le centre de Papeete, et les rues de bord de mer, rappellent ceux de villes du sud de la France, à quelques détails près, comme l'enseigne "Société Générale banque de Polynésie". Le marché est situé dans une grande halle. Autour, tout un tas de magasins de vêtements, paréos, de surf, de pêche. Nous croisons un supermarché Casino. Quelque chose d'anodin pour vous lecteurs mais qui nous étonne au coin d'une rue. Dans la halle, des étalages de produits locaux, comme différentes sortes de vanille, des perles, de confitures, des paniers en osiers, beaucoup de paréos, des sculptures polynésiennes, des serviettes de bains, des vêtements, et bien sûr des fruits, et beaucoup de poissons. Nous prenons notre temps, et avons déjà des idées plein la tête sur quoi ramener. Mais mieux vaut attendre pour acheter, car nous irons peut-être tout-à-l'heure dans un grand magasin réservé aux militaires où les prix sont plus bas. Nous hésitons à prendre un jus de fruit frais (vous imaginez le choix) mais n'avons vraiment plus de place pour l'avaler. Il n'y a pas beaucoup de monde. Les gens derrière les étalages sont extrèmement gentils, vous tutoient tout de suite, et prennent le temps de nous expliquer comment utiliser les gousses de vanille, comment les conserver (en l'humidifiant de temps en temps), et d'autres choses. A l'extérieur, nous faisons le tour de la halle, et entrons dans un magasin de pêche (sous-marine ou au gros) aux appats multicolores et aux fusils harpon démesurés. Plus loin, ce sont les différentes enseignes de surf qui attirent notre attention. Fred craque sur un nouveau short de bain, et sur un tee-shirt. Audrey regarde les paréos multicolores à côté. En tournant à gauche, nous tombons sur une nouvelle banque, la Banque de Tahiti. On aime, c'est si inhabituel, et cela sonne si bien. Un peu plus loin, nous arrivons à la cathédrale de Papeete. Bon, c'est plus une église qu'une cathédrale en fait. La borne kilométrique "Papeete 0" se trouve à côté. Le bénitier à l'intérieur est justement... un bénitier (comprendre le coquillage géant). Encore un détail qui nous dépayse, pour former un tout, sans pourtant avoir vu grand chose depuis notre arrivée, qui vous fait sentir bien. Ici, vous êtes ailleurs. En France, mais loin de celle que vous connaissez. Le soleil tape assez fort. Nous continuons ainsi notre ballade, les yeux grands ouverts, jusqu'à midi, où  nous retrouvons l'ami de Claude-Marie. Direction, à un quart d'heure de voiture, le restaurant du centre militaire. Claude-Marie nous y rejoint, et nous nous installons tous sur une longue terrasse face à la mer, entourés par les divers corps de métiers de l'armée, pour manger un morceau de thon blanc. Le grand magasin du centre militaire est fermé aujourd'hui. 


Nous repartons vers 14h, soit avec une heure de retard pour Claude-Marie et les élèves qu'elle surveille cet après-midi pour l'épreuve du BTS, "qui attendront" nous dit-elle. En face, juste derrière la barrière de corail, le bateau de la fille de Tom Cruise passe (étrange d'écrire ça !). Son ami reste avec nous cet après-midi, saute sa sieste, et décide de nous amener un peu plus au nord de la ville, à la Pointe de Vénus. Juste avant, nous faisons un détour pour visiter la zone portuaire. Puis rejoignons la pointe de Vénus, le lieu où les premiers explorateurs, puis les premiers missionnaires, sont arrivés sur l'île de Tahiti. Le capitaine Cook, ou les survivants du célèbre Bounty, en font partie. Un phare, érigé au 19ème siècle, trône au milieu de palmiers, de cocotiers et d'une grande plage de sable (chaud) noir. Le week-end, l'endroit est bondé. A une centaine de mètres du bord, comme toujours, les vagues rencontrent la barrière, cassent dans une belle couleur bleu turquoise, et nous font imaginer l'île vu du ciel, protégée par un tapis d'eau peu profonde avant un tombant abrupt. Nous croisons un groupe de danseurs s'entraînant dehors à la danse typique du feu, rythmée, en vue des compétitions à venir en juillet. Notre guide du jour salue depuis ce matin, comme maintenant, de nombreuses personnes qu'il connait ou a formées, et nous fait partager ses connaissances sur les arbres à côté desquels nous passons, comme le pourreau (un arbre dont la fleur indique l'arrivée de la saison de la pondaison des tortues de mer quand elle devient jaune, et le confirme quand elle devient rouge, et dont le pollen sert de colorant rouge - il s'en met d'ailleurs sur la main pour nous montrer - les fibres d'écorce servent dans la confection de jupes à franges tahitiennes, le tronc dense à fabriquer des pirogues et les grosses branches à fabriquer les pagaies), ou l'arbre donnant des raisins de mer (de petits grains de raisins amers devenant roses), ou encore les fleurs de tiaré. Génial. Avec tout ça, notre arrivée, dans ce coin que certains appellent le paradis, est touristique, sans l'être.


15h30, nous retournons en centre ville pour quelques achats, puis repartons à l'appartement. Nous devons en effet être prêts pour 17h30, car nous accompagnons ce soir Claude-Marie  à l'Intercontinental, à un petit kilomètre, qui va assister à un concert (un duo avec Alain Manoukian), pendant que nous prendrons un verre et dinerons dans l'hotel, au bord de la piscine non-éclairée. Douche, chemise ou petit haut habillé enfilés, nous partons en voiture à l'heure dite, et faisons un tour sur place tous les trois. L'hôtel est luxueux, et l'imitation d'un "motu" au bord de la pisine est très réussie. Un motu, c'est un petit îlot typique de la région, souvent une île déserte comme celle des cartes postales, bordée de sable blanc, de cocotiers, et de poissons, sur laquelle il est parfois possible, en fonction de sa location, d'aller passer une journée en se faisant déposer en bateau. En arrivant depuis le hall d'entrée, nous avons du coup face à nous ce genre de décor, sans le bleu de la mer derrière les cocotiers et la piscine, car le soleil vient de disparaître à l'horizon. Cela dit, nous en prenons plein la vue, et c'est une autre occasion de prendre deux secondes de recul et de se dire "on y est vraiment". En fait, premières photos de cartes postales. Nous marchons tranquillement le long de la promenade côté gauche, pour arriver sur une autre piscine, plus petite, à l'eau parfaitement plate (il n'y a personne autour), à débordement, donnant sur la mer. A gauche, un bar est aménagé dans la piscine, afin de pouvoir commander et boire un verre sans sortir de l'eau. Avec l'île de Moorea en fond de toile, et les reflets des palmiers dans l'eau, la vue ne laisse pas indifférent. Nous discutons du coup des hôtels de luxe en Polynésie, et Marie-Claude, qui est allée passer quelques WE dans l'un d'eux ou connait quelques personnes travaillant pour eux, nous explique qu'aujourd'hui, bien des hôtels ont fermé depuis quelques années (Sheraton, Club Med...) d'une part, et que d'autre part, le service n'est pas du tout à la hauteur du prix des chambres. Discussion instructive, où nous apprenons que le problème vient des polynésiens, qui n'ont pas la rigueur et la volonté d'apporter un service plus que parfait à des clients pour qui le prix n'est pas un problème. Son ami, lui-même polynésien, nous avait aussi dit hier soir que la plupart des gens d'ici ont un rythme très cool, ne souhaitent pas être bousculés, et n'ont pas envie de travailler plus que cela. En général, les chambres sur pilotis dispersées autour d'une allée s'avançant dans l'eau bleue sont facturées 1000 euros par nuit, comme celles que nous avions regardées il y a encore quelques semaines. Même avec parfois une nuit offerte pour trois de réservées, à ce prix là, le service doit être digne d'un palace. Claude-Marie, qui nous cite quelques exemples vécus depuis son déménagement il y a presque 20 ans, nous révèle que c'est loin d'être le cas, et qu'aucun hôtel n'est à la hauteur (en termes de personnel seulement...pas de location, de cadre ou de facilités à disposition) du prix des chambres. Intéressant. Nous la quittons vers 18h30, au moment où son concert va commencer. De notre côté, nous nous installons au bar extérieur, buvons un cocktail généreux (et délicieux, avec jus de pastèque, d'ananas, de banane fraichement pressés pour accompagner les alcools du mélange... et quand on connait la qualité des fruits ici), puis allons dîner dans le restaurant d'à côté.


Nous terminons vers 21h, et nous retrouvons à la réception, puis rentrons. Nous regardons difficilement nos mails, puis restons un moment assis sur la terrasse, à écrire l'article d'hier, au milieu de quelques gros cafards volants (il fait chaud, il y a de la végétation et nous sommes dans les îles...). Dans la chambre, nous vérifions nos affaires à emporter pour demain, et, alors que nous avions presque terminé, découvrons qu'une grosse guêpe (presque de la taille d'un pouce) qu'Audrey avait aperçue ce matin dans les rideaux est toujours là. Nous passons du coup plus d'une demi-heure à essayer de la faire sortir puis de la tuer, en la manquant plusieurs fois (elle disparait on ne sait où, se cache dans des endroits impossibles, et ne savons pas si nous l'avons blessée ou excitée), pour finalement y parvenir. Nous éteignons la lumière vers minuit et demi, en espérant que les coqs ne chantent pas cette nuit (en vain, celui du voisin va s'égosiller). Nous nous regardons et avons besoin de nous répêter, comme pour le réaliser, que nous allons passer la nuit à Tahiti.

 

 

 

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Commentaires: 7
  • #1

    La Plume de Rosa (jeudi, 06 juin 2013 12:04)

    ce

  • #2

    Lolo (jeudi, 06 juin 2013 13:41)

    enfin des nouvelles

  • #3

    Phil (jeudi, 06 juin 2013 20:58)

    Superbe bénitier, j'espère que vous en verrez des vivants c'est inoubliable comme couleurs.....mon coquillage préféré.... Mais vivant bien sur....

  • #4

    alain maryse (vendredi, 07 juin 2013 11:45)

    bravo Fred pour ton travail des bras sur la musique tahitienne , on voit qu'Audrey t'a bien fait bosser la chorégraphie ! c'est vraiment digne d'un pro

  • #5

    Gilbert (samedi, 08 juin 2013 20:59)

    Que du bonheur ! Sous le soleil
    Bssssss tonton tata

  • #6

    couz - JM (dimanche, 16 juin 2013 12:51)

    sur la video c'est les metallica locaux ? Je veux y aller dans ce marché et sur un motu !!! vous avez du vous faire plaisir...Trop envie d'être avec vous.

  • #7

    Sandra P. (jeudi, 20 juin 2013 19:21)

    Excellente idée le moment fort de la journée en début d'article ! À conserver pour la suite du voyage... Bisous