Jour 4 : A nous la grande muraille!

"Qui n' pas monté la Grande Muraille n'est pas un vrai homme"

Mao Zedong


Programme du jour : voir la Grand Muraille!

Hier soir, nous avons discuté tous ensemble de l'endroit où nous allons aller pour ce faire, car plusieurs points de vue sont accessibles, plus ou moins touristiques, et plus ou moins bien entretenus. Cela va du spot ultra touristique (même s'il doit moins l'être à cette saison) à celui complètement en ruine, nécessitant de grimper, d'escalader, et de s'aventurer dans des endroits un peu périlleux. Sachant que tout est enneigé, nous en avons choisi un plus éloigné que le premier possible, et entretenu : Mutianyu, une section de 3 km. L'oncle et la tante du pote de Fred ont réservé un taxi, car 90km nous séparent du lieu, au nord de Beijing. C'est là que Clinton est allé. Rendez-vous à 10h. Arrivés en bas de l'immeuble, Véro, la femme de Fred, ne vient pas : elle est malade. Fièvre et grosse toux. Audrey, de son côté, n'en a pas tout à fait terminé avec sa tourista importée d'Inde. Maux de ventre persistants. Pas cool pour elle. Heureusement, il fait très beau, pas comme hier, et elle pourra donc voir la muraille par le meilleur temps qu'il soit. Nous voilà donc en voiture pour un peu plus d'une heure d'autoroute. Le taxi est grand, avec la place derrière pour pouvoir s'installer face à face, un peu comme à Londres. Nous quittons la ville, parcourons la campagne, et arrivons enfin. C'est calme. Quasiment personne. Dire que ça doit être bondé l'été ! La muraille est en hauteur. Nous apercevons les premières pierres d'en bas. Pour monter dessus et la parcourir, nous devons tous les trois prendre un télésiège, comme au ski. Nous côtoyons ainsi nos premiers paysages montagneux, ou plutôt vallonés, depuis le Népal. Tout est blanc, une fine couche, et le ciel est bleu. La température est toujours aussi basse par contre, environ -2°C. Peu importe, nous sommes là, devant cette merveille du monde. Quand on sait que la construction de la grand muraille de Chine a commencé il y a 2000 ans, sous la dynastie Qin (221-207 BC), on reste ébahi. Il paraît même que les os des ouvriers décédés ont été utilisés en plus de la terre et des pierres. Oups. La Muraille est composée d'un système de tours de garde rapprochées, qui permettait de transmettre un message très vite, via la fumée ou les sons successifs, jusqu'à la Capitale. Effectivement, cela peut aller très vite si toutes les tours se coordonnent pour transmettre le message, un peu comme une chaîne humaine. Bien plus tard, sous la dynastie Ming (qui débute en 1400AD), une grande partie fut rénovée, pendant environ 100 ans, avec un coût humain et en ressources phénoménal (60 millions de mètres cubes de briques et de pierres). Ce que l'on voit aujourd'hui date de cette époque. La Grande Muraille n'a en effet pas toujours été ce mur de pierre imposant, mais au début juste un mur peu épais, et pas forcément consolidé partout. Quelques autres parties ont été restaurées depuis 1950. Par ailleurs, elle n'a pas été imprenable, comme Genghis Khan l'a montré au 13ième siècle. De même, son rôle défensif fut partiel quand les "barbares" européens (nous !) arrivèrent par la mer au 19ième. Enfin, l'apparition de l'aviation a considérablement réduit son rôle, notamment lors de l'invasion japonaise du 20ième siècle. Mao a encouragé l'utilisation des pierres de la Muraille comme matériau de construction gratuit, pour édifier des barrages, ou bien des routes ; il paraît que cela continue officieusement de nos jours (voir le site www.wildwall.com pour d'autres infos sur la Muraille). Une nouvelle fois, un pan de l'histoire - aujourd'hui de la Chine - se tient impassible devant nos yeux.

Enfin, attention aux mythes ! On ne la voit pas de l'espace (elle fait 10m de haut sur 6 de large, ridicule à plusieurs dizaines de kilomètres de haut, et en 2003, le premier chinois dans l'espace n'a pas réussi à l'identifier).  


Nous passons plus d'une heure à marcher, monter des escaliers, visiter les petites tours de garde qui la parsèment, nous envoyer des boules de neige, et prendre de la hauteur pour mieux apercevoir ce serpent minéral qui s'étend bien plus loin que le bout qui nous est donné de contempler. Certains escaliers sont bien pentus. Nous avions émis l'idée d'aller tout en haut, là-bas sur notre gauche, sur le point le plus haut, pour voir derrière le versant qui obstrue notre champs de vision. Nous laissons tomber l'idée après avoir passé une demi-heure dessus, et continuons notre chemin devant nous. Nous croisons un couple de touristes, qui nous conseille de continuer malgré le panneau interdisant l'accès. Nous les écoutons, sans regret lorsque nous passons outre les arbustes qui bloquent le passage sur 30 ou 40 mètres, pour arriver sur les ruines d'une tour nous permettant de profiter d'un superbe point de vue. Elle s'étend, pas toujours le long de l'arrête de la montagne, étonnament. Le sol blanchi par la neige donne une touche particulière au décor, qui doit de toutes façons être magique quelque soit la météo. Mais quand même, nous ne sommes pas mécontents d'avoir pour nous ce cocktail blanc/bleu, rarement noirci par les touristes allant et venant. Pour redescendre, même belote, télésiège obligatoire. Le couloir permettant de faire de la luge est fermé, car verglacé. Dommage, nous aurions bien essayé le bobsleigh. En bas, des dizaines de marchands de souvenirs en tout genre (d'un bout de pierre provenant soi-disant de la muraille au bonnet style soviétique). L'ami de Fred négocie pour acheter un bonnet et des gants en forme de panda. Notre taxi est toujours là, et nous attend sagement. Nous repartons. Comme il est 14h30, nous lui demandons, lorsque nous approchons de la banlieue de Pékin, de faire un détour par le complexe sportif construit pour les JO de 2008. Nous mourrons en plus de faim. Tour rapide au Mac Donald, le seul endroit rapide dans lequel nous pouvons aller, puis promenade dans l'enceinte, bordée de buildings neufs ou en construction. Piscine olympique, que nous ne voyons que de l'exterieur (il est trop tard pour la visiter), mais surtout, le célèbre stade de football, aussi appelé "Nid d'oiseau" de part sa forme. Comme le soleil se couche doucement, nous sommes privilégiés et assistons à la mise en route des lumières, lui donnant une couleur rouge vive, tranchante dans le ciel bleu clair de cette fin de journée. Nous avons froid, nous dépêchons de rejoindre notre taxi, sans trouver l'endroit où il nous a donné rendez-vous, l'appelons, passons un quart d'heure à demander à des passants qui ne parlent pas anglais, avant que l'un d'entre eux prenne le téléphone pour expliquer au taxi où nous sommes. Le complexe est en effet interdit aux voitures, et comme bien des choses dans la ville, c'est grand. Nous descendons à grandes enjambées la rue qui borde le stade, et voyons enfin notre homme. Retour au bercail pour chacun d'entre nous. Il est 18h30.


Le soir, l'ami de Fred reste avec sa douce, dont la fièvre n'a pas faibli. Nous remettons donc à plus tard le restaurant où nous avions prévu d'aller, Din Taï Fung (le même que celui de Shanghaï, avec ses dumplings exquis), et restons à la guesthouse, entre backpackers. Audrey ne fait pas long feu, toujours handicapée par ses crampes abdominales, et Fred la suit rapidement. Nous nous endormons en repensant à ce que nous avons vu aujourd'hui, chanceux que nous sommes.

 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 2
  • #1

    François P. (jeudi, 27 décembre 2012 14:31)

    Et "qui monte sur la grande muraille, conquiert la bravitude". Ségolène Royal.

  • #2

    Sandra (jeudi, 27 décembre 2012 14:33)

    Impressionnant !! ça donne envie !