Jour 3 : Découverte de Beijing : Tian Anmen et autour

Pour cette première vraie journée en Chine, posés, nous décidons d'aller droit au but : voir la tristement célèbre place Tian Anmen. Nous prenons notre petit déjeuner à la guesthouse, confortablement installés sur un canapé, en attendant notre black tea, jus d'orange et french toast à la confiture, et en profitons pour jeter nos premiers regards sur le plan du métro. Coup de chance, la station qui nous intéresse est sur la même ligne que nous, la 2. L'ambiance est calme, quelques étrangers arrivent, d'autres sont sur le départ après leur séjour pékinois. De la musique douce, occidentale, est diffusée en fond. Il fait nuageux, et la température proche ou sous le zéro, puisque le bonhomme de neige est toujours là. Nous franchissons la porte vers 11h30. Dehors, nous découvrons pour la première fois la ville sous la lumière du jour. Les trottoirs sont hautement verglacés. Paradoxalement, ce que nous voyons nous dépayse moins qu'attendu : de grandes artères où circulent le même type de voitures que nous connaissons (dont des Peugeot, alors que nous n'avions vu que des Renault, en Inde, comme marque française), une bonne partie d'entres elles d'assez haut de gamme, pas trop de vélos, des rues propres, entretenues, des crachats beaucoup, mais alors beaucoup moins fréquents que dans le pays précédent. Quand on dit que les chinois crachent, on devrait relativiser et aller voir les indiens. La distance pour rejoindre la bouche de métro est assez grande, et nous supposons donc qu'il doit en être de même entre chaque station. Nous croisons plusieurs fois des marchands de brochettes ou de saucisses sucrées, avec leur minuscule plaque chauffante. Vu la taille de certains bâtiments, et celle de la rue, la ville doit être étendue. Il en faut de la place pour faire cohabiter 17 millions d'habitants (deuxième ville la plus peuplée après Shanghaï) !

 

Après quelques stations, nous sortons du métro, et choississons une sortie au hasard. Manque de bol, ce n'est pas la bonne. Nous voilà obligés de faire un long détour, car des barrières nous empêchent de traverser n'importe où, et d'autres guident vos pas afin de réguler la file qui se forme pour accéder à la place. Devant nous, la Front Gate, cette porte d'entrée à l'extrémité Sud de la place Tian Anmen. Tout de suite, on se sent en Chine, devant cette demeure imposante, surélevée, avec ce toit si caractéristique de cette région du monde, et ces couleurs rouges et bleues. Et de l'autre côté de la rue, une autre, dans le même style. Le ciel est couvert, il fait froid, et les trottoirs sont glissants. Nous faisons le tour, et après 10 minutes à chercher le bon chemin, tombons au bon endroit, juste de l'autre côté. Pas mal de touristes chinois sont là, mais aussi des occidentaux. Deux grandes statues de style propagande soviétique encadrent un grand bâtiment, rectangulaire, large, lourd : c'est le mausolée de Mao, que nous visiterons un autre jour, car fermé l'après-midi. Nous décidons de faire le tour de la place, qui paraît, en comparaison, plus grande que la place de la Concorde, à Paris. Ici, pas de gratte-ciels (dans cette partie de la ville), que des constructions du même style que le mausolée, et de grandes rues à 5 voies qui bordent la place.


Il fait froid. Nous commençons par visiter la Front Gate, aussi pour tenter de nous réchauffer un peu. A l'intérieur, deux étages non chauffés, racontant l'histoire des différentes dynasties du pays, avec quelques objets et peintures d'époque exposés. Pas faramineux, mais ce n'est pas grave, nous avons le plaisir de la découverte. Nous pensions aussi voir la Cité Interdite, puisque nous sommes en hauteur (la Front Gate étant surélevée par des hautes fondations en pierre), mais manque de pot, le mausolée de Mao empêche toute perspective sur la place. Nous décidons ensuite d'aller visiter quelques monuments autour. Le premier sera le Hall of People, c'est-à-dire l'équivalent de notre Assemblée Nationale (si ce mot à un sens ici). Pas de bol, le nouveau dirigeant chinois venant d'être choisi (mais pas par le peuple, évidemment) il y a une semaine à peine, se tient aujourd'hui et demain une réunion de premier ordre pour définir la stratégie économique et les grands axes de développement pour les 5 prochaines années. Entrée interdite, donc. Devant, se tiennent des gardes vêtus d'un long manteau vert foncé, et d'un bêret de la même couleur flanqué d'une étoile dorée. Impossible de les prendre directement en photo, et encore moins avec nous dessus. En outre, ils ne parlent aucun mot d'anglais. Mais leur geste est explicite. Nous continuons, en longeant la place par l'Ouest et en remontant la rue vers le Nord, et arrivons sur le Centre National des Arts du Spectacle, aussi appélé "le grand théatre national". C'est en fait le nouvel opéra, ou "l'oeuf", de par sa forme particulière, dessiné par un français, et évoquant - vu d'en haut - le motif traditionnel du ying et du yang. Il est juste énorme. Audrey prend la pose devant. 200 000m² et 3 théâtres à l'intérieur. Nos mains sont frigorifiées. Allez, on continue, et on pousse les portes, pour essayer d'entrer dans un de ceux-ci. On se perd un peu, mais on finit par y arriver, et passons dans la salle d'opéra (2400 places). Nous apercevons les coulisses, qui n'ont pas l'air très grandes, marchons dans ces halls dont les volumes nous dépassent, puis faisons un tour dans l'exposition retraçant les grands succès d'opéras joués ici. Nous retrouvons les classiques, de Carmen à La Traviata en passant par Turandot, et des opéras chinois, dont les décors n'ont apparemment rien à envier aux nôtres. L'expo est riche en photos, extraits vidéos, costumes, jeux de lumière, ambiances, détails sur les distributions des créations, affiches... on y passe une petite heure. Puis, réchauffés, nous repartons. Presque 15 minutes - et notre allure est bonne vu le froid - sont necessaires pour rejoindre le centre de la célèbre place Tian Anmen. Encore une fois, les rues autour sont gigantesques. Celle que nous arpentons fait 880m. En gros, il y a au moins 4 files dans chaque sens, et une barière au milieu qui vous empêche là aussi de traverser. En cette basse saison, peu de voitures, et peu de monde. La place, restangulaire, est la plus grande au monde : 40 hectares. En son centre, un obélisque, le Monument aux Heros du Peuple, haut de 38m, symbolisant le triomphe du peuple communiste (nous nous demandons alors "triomphe de quoi, et à quel prix ?"). Derrière ce monument, nous retrouvons le mausolée. Nous avons donc fait le tour de ce dernier. Et du coup, derrière nous, se trouve l'entrée Sud de la Cité Interdite. Un portrait de Mao se tient en son centre. C'est en effet au balcon de cette porte qu'il a proclamé, le 1er Octobre 1949, la République Populaire de Chine. Le trottoir devant fait 10m de large. Quelques gardes immobiles, identiques à ceux déjà vus, se tiennent devant, à quelques dizaines de mètres d'écart. C'est là que nous ressentons une sensation étrange, celle d'être dans un endroit unique au monde, comme nous l'avions ressentie quelques autres fois depuis notre départ. Honnêtement, cela fait drôle, de se tenir là et de regarder cette place, ce portrait, en repensant aux images que nous avons tous en tête. Nous restons, malgré le froid, à regarder autour de nous. Nous sortons l'appareil, et la caméra. D'autres touristes, chinois, font de même. Les gardes restent immobiles sous les flashs. L'entrée de la Cité est à droite. Nous irons un autre jour, car il faut bien une journée pour la parcourir et en profiter. Nous saurons au moins y retourner ! Nous descendons la place, en cherchant désespéremment comment accéder de l'autre côté de la rue (nous comprenons enfin qu'un couloir souterrain, au bout de la rue, le rejoint). Le sol est toujours verglacé. Au milieu de la place, juste à côté de l'obélisque que nous laissons sur notre droite, deux écrans géants, longilignes, diffusent des publicités. La lumière baisse. Comme en Inde, le soleil se couche tôt ici, vers 17h. Nous nous dirigeons vers le Sud, repassons devant la Front Gate, et la laissons derrière nous, pour accéder à une rue commerçante dont l'entrée est ornée d'une arche dans le plus pur style asiatique. La rue est une reproduction des anciennes rues typiques, pavée, éclairée par des lanternes rouges, et ornementée ci et là de statues en bronze à taille humaine (reproduisant des moments de vie de l'époque, comme le barbier, l'accueil devant un restaurant, le pousse-pousse...). Nous nous arrêtons dans un restaurant pour nous restaurer et manger quelques dumplings, cuits sur le dessous, non-cuits sur le dessus. Pas mal, et original ! Nous comprenons mal le menu, presque pas traduit en anglais, et en prenons trop. Nous tombons, en sortant, sur un magasin de baguettes ! Fred s'y perd et passe une vingtaine de minutes à découvrir ce magasin fait pour lui. Le choix est énorme, et certaines paires sublimes, gravées en bois, ou richement décorées. La bonne surprise.


Enfin, nous rentrons à la guesthouse, en métro. Le ticket, quelque soit la destination, coûte 2 yuans, soit 25 centimes. Nous avons convenu hier avec l'ami de Fred, Fred, d'aller le rejoindre pas très loin, chez son oncle et sa tante pour boire un verre. Une fois là bas, à dix minutes de marche (nous permettant de découvrir le quartier dans lequel nous sommes, décoré en partie pour Noël, commerçant, et avec pas mal de bars pour sortir, sans parler de quelques bâtiments d'une vingtaine d'étages de l'autre côté de la rue), nous restons dîner, et discutons toute la soirée tous ensemble. Quel plaisir de retrouver un ami proche, sa femme, son bout de choux, et de rencontrer une partie de sa famille, adorable et accueillante. Nous nous sommes presque sentis chez nous. Nous sympathisons rapidement. N'étant pas chinois, son oncle et sa tante nous apprennent pleins de choses sur leur expérience ici, avec le regard intéressant de ceux qui observent de l'intérieur. Cela va de la langue, de son apprentissage, à la manière de faire du business, de l'état d'esprit, de leur domaine (la santé) et des rapports avec les collègues, de la manière dont un adolescent - leur fils - vit les choses avec ses copains... Nous descendons une bouteille de vin, puis testons le Bziju, l'alcool local. Il paraît que pour impressionner un chinois, il faut boire plus que lui ! Enfin, nous rentrons. Nous embarquons l'ami de Fred, qui nous raccompagne au bout de la rue (grande !). Finalement, ce sera un dernier verre à la guesthouse, puis un autre, pour lui montrer les photos et raconter l'Inde, et refaire ensuite le monde avec un anglais, une coréenne qui part en Inde, une chinoise et un australien. Vers 2h du matin, tout le monde rentre dans ses quartiers....

 

 

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