J22 - Stanford et la Silicon Valley

Ce matin, nous partons 60km au sud de la ville, dans une partie de la Californie bien connue, à côté de laquelle nous étions passés en arrivant de Los Angeles. Un endroit unique, qui a toujours joué un rôle actif dans le dynamisme économique et scientifique des Etats-Unis : la célèbre Silicon Valley.

 

A 10h, c'est le départ. Direction en premier lieu la ville de Palo Alto, pour voir l'une des plus prestigieuses universités au monde, Stanford. Nous y arrivons 1h30 plus tard. Nous traversons la ville, très agréable, rapidement. Le campus est immense, 32 km². Nous y pénétrons via l'une des grandes rues bordée de palmiers, en suivant les panneaux de l'université. Une vrai petite ville, sans les commerces. C'est vert, spacieux, agréable, propre, et ensoleillé. On dirait que tous les batiments sont neufs. Ils ont pourtant une centaine d'années. Pour vous donner une idée, Stanford est à l'éducation mondiale ce que notre Ecole Polytechnique est à la France. D'après le très suivi classement de Shanghaï, publié chaque année (http://www.shanghairanking.com/ARWU2013.html), qui fait référence dans la matière, Stanford est la meilleure université au monde, juste après Harvard, et devant le MIT. Et ce, depuis des dizaines d'années. En intégrant Berkeley et Caltech, ce sont trois des 6 meilleurs pôles d'enseignement au monde qui se trouvent dans la région. Par comparaison, Cambridge (la première européenne) est cinquième, Oxford est dixième, et l'Université Pierre et Marie Curie, la première française au classement, 37ième. On comprend tout de suite mieux la quantité de neurones présents au mètre carré, le niveau de production scientifique, et le nombre de cerveaux et de génies qui grandissent et se développent ici, tout comme le pouvoir d'attractivité - au niveau mondial - que cela représente. Et le must, c'est qu'une fois prêts, ils ont tout à disposition autour pour créer leur entreprise et réussir (accès au capital, parrains de renom, sponsors, technologie, laboratoires...). Les exemples ne manquent pas, et nous passerons devant le siège de quelques-uns en fin d'après-midi. Un vrai vivier d'entrepreneurs, de têtes pensantes, de chercheurs, avec l'infrastructure et le cadre adaptés. Actuellement, 18 prix Nobels enseignent ici, ainsi que deux membres de l'Académie Française. On comprend que les Etats-Unis distancent tout le monde en terme de recherche, de publications, de découvertes, et réussisent à transformer tout cela en start-ups et entreprises qui grandissent et deviennent des géants mondiaux, transformant notre quotidien (Google), ou innovant et découvrant de nouvelles technologies, se faisant racheter après quelques années pour des millions de dollars, que ce soit dans la découverte de vaccins, le séquençage d'ADN, la réplication de protéines, dans les nanotechnologies, le fonctionnement du cerveau, ou la physique des particules. Bref, un environnement ultra favorable à la réussite, dynamique, où tout est fait pour développer vos ambitions, sans parler de l'excellence de la formation dispensée par Stanford. C'est sûr, nous croiserons sans le savoir de futurs prix Nobels, ou les prochains créateurs d'une entreprise que tout le monde connaitra dans 20 ans. Avouons-le, il n'y a pas beaucoup d'endroits sur Terre où l'on peut se dire ça.

 

Nous nous garons à côté du Visitor Center, afin de prendre quelques informations sur ce qu'il y a à faire. Il est conseillé de rester stationné ici et de tout faire à pied, la majorité du campus étant réservée aux piétons ou aux vélos. Nous prenons la carte des lieux, et découvrons que bien des choses sont accessibles, comme par exemple les 19 bibliothèques (une par thème : pour les sciences, pour la litérature, les sciences sociales etc... chacune renfermant des documents exceptionnels, comme des textes de Newton, de Platon, d'illustres physiciens ou penseurs, tous accessibles aux étudiants sur demande pour leur recherche), renfermant 18 millions d'ouvrages. Une fois le parking payé, nous descendons la rue face à nous. Nous marchons tranquillement à travers les bâtiments ou les jardins, et arrivons devant la Hoover Tower. Au rez-de-chaussée, deux salles sont consacrées à une exposition sur Herbert Hoover, élève de l'école, et ancien président des États Unis (de 1929 à 1933). Nous prenons l'ascenseur du hall principal, accompagnés par un employé, et arrivons au 14eme étage. De là haut, nous avons une vue sur tout le campus : les bâtiments bien sûr, mais aussi les différents terrains de sport, l'amphithéâtre, ou les grands espaces verts. C'est grand. Certains toits sont équipés de panneaux solaires. Nous faisons le tour, en contournant un carillon, puis redescendons. Nous tournons ensuite sur la gauche, et rentrons dans une des bibliothèques, la Green Library, celle des "Special Collections & documents". Nous remplissons quelques papiers afin de pouvoir rentrer, et montons au premier étage. Dans un des couloirs, des études sur les phénomènes chaotiques, écrites et signées par Benoit Mandelbrot, ou d'autres sur la mise en equation du rapport entre la pression de la bouche et le son émis par une clarinette. La salle dans laquelle nous rentrons, silencieuse, ne représente qu'une partie des salles d'études. Nous découvrons, rangés dans des armoires le long des murs, quelques beaux et anciens livres. Certains datent du 15ième siècle. Dans une étagère du fond, au milieu de partitions d'opéras, entre les originaux de Beethoven ou Mozart, notre regard est attiré sur un livre de Rouget de Lisle, datant de 1791. C'est impressionnant. Nous demandons, sans trop y croire, s'il est possible de le voir. Le surveillant, très sympa et ouvert, ouvre alors la grille de protection et nous met le livre à disposition. Nous pouvons même - chose étonnante - le feuilleter, et trouvons comme nous le souhaitions la partition de la Marseillaise. Nous tournons les pages délicatement, conscients d'avoir entre nos mains une oeuvre rare, et pleine - c'est le cas de le dire - de portée. Le refrain est le même, en dehors d'une ou deux différences mineures. Cela nous fait bizarre de voir ce document, appartenant à la mémoire française, ici. Après avoir discuté un peu, et ouvert un livre énorme et vieux sur les parcs nationaux américains (les tout premiers clichés pris de Yosemite), nous ressortons ensuite pour continuer vers la boutique, où sont vendus livres et souvenirs estampillés aux couleurs de l'école. Nous passons par le coin des bâtiments scientifiques (astrophysique, nouveaux matériaux, sciences, énergie...), et rentrons dans Main Quad, une grande cour assez agréable, avec d'un côté l'église, et de l'autre, une ouverture sur The Oval, un grand espace vert. Nous poussons la porte de l'église, très colorée, dont nous faisons le tour au son de l'orgue. Il est 15h10 quand nous regagnons la voiture pour partir, après être passés devant des sculptures de Rodin, Les Bourgeois de Calais.

 

Nous retournons en ville pour déjeuner, bien qu'il soit déjà 15h20. Bonne nouvelle, c'est happy hour pour la nourriture, soit moitié prix. Super. Après quelques pas dans la rue commerçante, nous repartons sous le soleil pour une dizaine de kilomètres, vers Moutain View, là où se trouve le siège de Google. Une fois arrivés, les lieux ne sont pas simples à trouver. Nous demandons notre chemin une ou deux fois (il va falloir qu'on achète un GPS), et arrivons enfin devant les bâtiments. Nous ne verrons que les célèbres lettres colorées marquant l'entrée, comme nous le supposions. Ce sera la même chose pour les bâtiments de Microsoft, pas très loin. Quelques photos, pour enregistrer tout ça, et nous voilà ensuite partis pour la célèbre ville de Cupertino, où se trouve le siège d'Apple, que nous atteignons à 17h35. Là aussi, nous tournons pendant un bon moment avant d'arriver. Il y a en plus pas mal de circulation. Il est 18h, rien ne se visite, et la boutique ferme a 17h. Dommage (mais on s'en doutait, nous souhaitions surtout aller voir et nous dire que nous étions devant ces pôles de recherche qui font vibrer tous les geeks de la Terre), mais au moins, nous serons venus. Nous faisons le tour de la Infinite loop (la rue qui fait le tour du bâtiment principal), et à 18h20, nous reprenons la Highway 280, direction le nord, pour rentrer à San Francisco. Entre Google, Microsoft et Apple, nous aurons donc vu aujourd'hui les 3 sociétés les plus innovantes au monde, parmis celles qui attirent le plus les jeunes diplômés, les plus importantes en terme de valeur (le classement Interbrand sortira deux jours après), et celles qui ont eu le plus d'influence et ont le plus changé nos vies ces dix dernières années. Dire que c'est là que tout est né, est dirigé, et se crée. Nous sommes au coeur de la technologie mondiale.

 

Nous arrivons à SF à 19h20, un peu fatigués par la circulation. Pour notre dernière soirée, nous décidons d'aller sur les quais, à Fisherman's wharf, où nous ne sommes pas encore allés. S'y trouvent des stands de poissons, des boutiques de souvenirs, et peu de monde. Dommage que ce ne soit pas plus animé. En marchant, nous arrivons devant les portes d'un musée mécanique, dont l'entrée est gratuite. A l'intérieur, des jeux d'un autre temps, très anciens. Il est possible par exemple de jouer sur une machine du début du 19ème siecle pour guillotiner quelqu'un lors d'une exécution française, de regarder à travers des jumelles un petit strip-tease du même siècle, ou encore - pour les jeux les plus récents - de jouer à Pac man, ou avec quelques flippers. L'histoire des jeux de salle se trouve ici. C'est sympa, et inattendu. Nous y restons un moment, essayant pour quelques cents certains d'entre eux.

 

Ayant mangé assez tard, nous n'avons pas trop faim. Nous devons néanmoins consommer quelque chose dans un restaurant pour pouvoir faire valider notre ticket de parking, et profiter des deux heures gratuites. Nous allons du coup un peu plus loin, sur le Pier 39, pour manger une crêpe. Evidemment, hors de question de commander la simple crêpe au sucre, celle chocolat-banane-chantilly nous fait bien plus envie ! Nous profitons d'être là pour passer voir les otaries une dernière fois sur les petits pontons à côté. Comme tous les soirs, nous voyons la Coït Tower, située au dessus de la colline, éclairée en rouge, dominant la ville. Nous retournons à la guesthouse, et trouvons facilement dans Sansome Street une place gratuite jusqu'à 10h demain matin. Il est 22h. Nous choisissons des vidéos pour le site dans le grand salon, et quand la batterie de l'ordinateur atteint son niveau critique, rejoignons le dortoir. Nous éteindrons la lumière vers 1h du matin. Dernière nuit à San Fran'. Demain, un grand road-trip commence.

 

 

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Commentaires: 4
  • #1

    La Plume de Rosa (mercredi, 02 octobre 2013 08:44)

    le

  • #2

    CHRISTIANE (mercredi, 02 octobre 2013 11:57)

    je vois que le soleil de californie n a pas fait fondre vos neurones a vous!!!!tant mieux pour nous c est passionnant! vous n étes pas que des touristes vous étes de vrais observateurs de la vie

    sociale et culturelle des endroits que vous traversez et votre curiosité intellectuelle nous ravi
    d autant qu elle est documentée! merci pour vos recherches de dates et de références!!

  • #3

    Francois P. (jeudi, 03 octobre 2013 22:22)

    Intéressante la partie sur les universités et le fait que les "parrains" soient directement associés avec ces campus pour donner toutes les chances aux cerveaux les plus brillants. La partie sur Google m'a rappelé une conférence que j'avais suivie sur les mathématiques. Ce qui m'avait frappé alors c'était d'apprendre que le moteur de recherche de Google et son "PageRank" s'appuie sur un algorithme qui découle de travaux mathématiques appelés "Chaines de Markov".

    Or, ces travaux date de 1906 ! Pour simplifier un peu les choses on peut donc dire que l'une des entreprises les plus importantes qui existe en bourse aujourd'hui s'appuie sur des concepts mathématiques qui ont plus d'un siècle. Si, dit comme ça, ça ne paraît pas choquant (on fait encore de belles choses avec Pythagore par exemple...), il faut quand même savoir que les mathématiques ont été ultra féconds au XXème siècle et le sont encore aujourd'hui. Ce sont donc quantité de théories mathématiques qui, pour l'instant, n'ont pas encore leur application dans l'économie "réelle" mais qui l'auront dans le futur, le révolutionnant au passage !

    Bref, c'était un aparté sur Google...

  • #4

    Alex B. (mardi, 29 octobre 2013 18:15)

    Ca me rappelle des souvenirs, ça m'avait vachement donné envie d'y retourner un jour comme étudiant.

    Pour moi la Silicon Valley reste l'endroit qui me fait le plus rêver sur la planète. Beau temps, plein de gens smarts, des perspectives business incroyables... ;) Bon, je sais, la crise est passée par là: immobilier en berne, état californien en faillite, Zynga qui chute lourdement en bourse sans véritable business model.. ;)