J28 - La traversée du désert

En avalant notre jus d'orange et nos gateaux secs qui nous servent de petit-déjeuner, pris au lit vers 8h, nous allumons la télé pour voir l'évolution des choses concernant le shutdown. Pas grand chose de neuf malheureusement. Sauf des fonctionnaires qui manifestent pour travailler. Cela nous fait sourire. Les panneaux brandis en l'air arborent des "laissez-nous travailler". Un truc qui pourrait arriver en France ? Nous partons une heure après, direction Las Vegas. D'après le GPS, nous devrions arriver vers 16h30, donc dans 7h30, mais c'est ne pas compter la fermeture probable de certaines routes, et les détours qu'il va peut-être falloir faire. Nous passons rapidement la ligne de démarcation qui marque notre entrée dans le Nevada, et nous nous retrouvons un quart d'heure après dans une route digne d'un jeu vidéo, large, sèche, alpine, neuve, dégagée, à fleur de montagne, avec du dénivelé, entourées d'arbres. Très sympa. Il n'y a pas grand monde en ce mercredi matin. Après quelques tournants, nous apercevons le désert, au loin, un peu comme au Chili, telle une grande plaine de laquelle nous nous approchons peu à peu, en la surplombant. Les arbres se font d'ailleurs plus discrets lorsque nous perdons un peu d'altitude et arrivons à son niveau. De grandes maisons, au milieu de champs où broutent quelques vaches et boeufs foncés, se dispersent entre nous et l'horizon. Ce sont des ranchs. L'Amérique agricole. Au bout d'un moment, nous quittons la route que nous aurions dû continuer à prendre pour rejoindre Yosemite, et prenons la Highway 95. Il n'y a quasiment personne, et le ciel est couvert. C'est sûr, nous ne roulerons pas aujourd'hui sous le soleil du désert.

 

A 10h20, nous traversons notre premier canyon américain. Wilson Canyon. Il n'est pas très grand, doit faire une trentaine de mètres de haut, et nous rapelle un peu d'Australie. La route passe au milieu, proche de la paroi gauche. Dommage qu'il n'y ait pas de soleil, cela aurait fait ressortir sa couleur rouge. Une demi-heure plus tard, nous voilà au milieu du désert, qui nous rappelle cette fois le Sud Lipez en Bolivie, ou le désert d'Atacama, au nord du Chili. Des touffes d'herbes, un espace presque toujours plat, et quelques monts de temps en temps. Nous longeons sur notre gauche le Walker Lake, alors qu'à droite ce sont des parois rocheuses qui dominent. Plus loin, nous apercevons des champs de panneaux solaires, puis passons à côté d'une base militaire, faisant sûrement partie de l'immense terrain d'entrainement alloué à l'armée de l'air (Nellis Air Force Base). Vers 13h30, nous passons au milieu de mines d'or, principalement exploitées au début du 20ième siècle. Nous sommes à Tonopah. La ville est assez étendue, basse, au milieu de rien. Nous nous arrêtons quelques minutes pour faire le plein. En regardant la carte, nous décidons alors de bifurquer vers l'est, pour contourner la base aérienne (40 000 km²,soit plus de trois fois l'Ile de France), plutôt que de continuer vers le sud pour arriver à Vegas. C'est en effet à quelques centaines de bornes de la jonction où nous sommes que commence "l'Extraterrestrial Highway". C'est dans cette zone que de nombreux témoignages font état d'Ovnis. C'est aussi par là que se situe la fameuse Area 51, la base secrète où l'extraterrestre Roswell aurait été récupéré, tout près de la Highway 93 sur laquelle nous serons tout-à-l'heure. L'existence de cette base secrète vient d'ailleurs d'être confirmée pour la première fois par les services secrets US il y a un mois à peine. Peu importe. Passer par là nous plaît bien. Nous allons ouvrir les yeux et chercher les extra-terrestres, mais aussi les grands fous qui attendent de les accueillir. Nous entrons alors sur une route longue, droite, semblable à celles de la dernière heure, qui file sur des kilomètres à l'infini, comme lors de notre traversée de l'Australie. A la différence que nous ne risquons pas de percuter un kangourou ou un animal, et que les aigles géants, qui dépouillaient les corps d'animaux percutés, sont absents. C'est moins fun du coup. Une heure passe. Un panneau indique alors que nous entrons sur la fameuse autoroute. Trop marrant. Fun pour le coup. Et pourquoi pas appeler la portion d'autoroute qui longe les centrales nucléaires du Rhone "Nuclear Highway" ? Ce serait sympa non, et ça ne coûte rien. Sur notre droite, derrière les monts de quelques centaines de mètres de haut, se situe un champs de tir de l'armée de l'air américaine, ainsi qu'un dépôt d'armes nucléaires. Le temps s'est amélioré. Un panneau, le seul croisé depuis 30 minutes, débarque sans prévenir et indique "Attention, avions volant à basse altitude". Cool. Ils sont où, demande Fred, penché pour voir s'il n'y en a pas dans le ciel. Rien d'exceptionnel sur la route sinon, à part que les barrières ont disparues, et que des vaches en liberté peuvent maintenant traverser la route, comme se sera le cas un peu plus tard. Des travaux de rénovation ont lieu à un moment, obligeant à ralentir l'allure, puis à rouler au pas, voire à nous arrêter pendant 15 minutes. Ce n'est donc qu'à 15h30 que nous arrivons à Rachel, une "ville" totalement inconnue jusqu'à ce midi, perdue dans cette zone du désert de l'Ouest. C'est ici que se trouve le célèbre "A'Le'Inn" (prononcez Alien), une auberge ("inn", en anglais) centré sur les extraterrestres et la zone 51. Folklorique. Rien qu'en s'arrêtant pour prendre un panneau en photo, un groupe de 6 personnes sort d'un van derrière nous, pour faire de même, tous avec un chapeau en aluminium sur la tête, afin de capter les ondes extra-terrestes. Ils ne se prennent pas au sérieux, et on rigole ensemble, perdu dans cette immense étendue aride. A l'entrée du bistrot, façon roadhouse australienne, une soucoupe volante nous accueille, tractée par un mini-camion, comme si elle avait été trouvée dans le désert. Nous restons une longue demi-heure, d'abord pour manger un bout accoudé au bar, et surtout pour regarder la boutique souvenir, observer tous les détails de la salle, comme ces panneaux photos, au fond, couverts de photos d'ovnis, ou de photos d'avions de chasse ayant fait du rase-motte au dessus du lieu, avec la signature des pilotes étant venus ensuite boire un coup ici. Une partie du film "Paul" a aussi été tournée dans cette auberge. Plein d'objets loufoques sont en vente, comme un permis de conduire de soucoupe volante, ou un livre de cuisine alien, des tasses, un tablier de cuisine, des bouteilles de vin alien... c'est génial, inutile, extravagant, et unique. Cela fait bizarre d'être là, en plein désert, à quelques kilomètres de l'Area 51, et de voir tout ce qui tourne autour. Nous sommes contents d'avoir fait le détour, même si cela rajoute deux heures de voiture. Mais au moins, voilà bien un lieu sortant de l'ordinaire, où tout le monde n'est pas allé. On aura testé pour vous.

 

Allez, on redécolle, en ouvrant toujours les yeux au cas où des avions passeraient au dessus de nos têtes à pleine vitesse, en TBA (très basse altitude). Il est 16h15. Vegas est à 246km. Le paysage change un peu. Des cactus apparaissent. Ils sont différents de ceux que nous connaissons, et n'ont pas la silouhette typique que tout le monde a en tête. Nous nous arrêtons d'ailleurs sur le côté pour les voir de plus près. Ouille, ça pique. Ils sont extrèmement durs, c'est fou. Nous croisons quelques kilomètres plus loin "l'Alien research Center", qui est apparemment une boutique, malheureusement fermée. Trop dommage, ça avait l'air bien marrant. Sûr qu'on aurait ramené des trucs pas possible. Nous sommes alors tout près, en regardant sur la carte, de la Zone 51.

 

18h10. Nous avons continué à fuser sur les routes rectilignes et infinies. La lumière change. Il reste 40km avant d'arriver, et déjà, il y a plus de circulation, dont beaucoup de poids lourds, et de poteaux électriques. En fait, la ville de  Vegas a l'air de s'étendre sur une zone assez grande. Nous qui avions que l'avenue principale et les alentours en tête. Pas du tout. Nous n'avons pour l'instant même pas en vue les casinos et le reste. Des maisons, basses, sont dispersées, au milieu de quelques restaurants bas de gamme et de nombreuses routes. La circulation se densifie au fur et à mesure que nous nous rapprochons du centre-ville, et du "Strip" - le Las Vegas Boulevard - autour duquel sont situés la plupart des casinos. Deux bombardiers décollent sur notre gauche, et passent au dessus de nos têtes, post-combustion allumée, dans le ciel un peu rose. La piste militaire n'est pas loin. Une myriade d'hélicoptères, civils eux, passent et repassent. Nous arrivons, et avons alors les hôtels devant nous, illuminés. Nos yeux sont grand ouverts. Surtout ceux d'Audrey, car Fred conduit, et doit prendre un ou deux échangeurs pour arriver sur le Strip. C'est animé, vivant, lumineux. De part et d'autre d'une allée de palmiers, 5 voies sont disponibles pour les voitures. Le boulevard est grand, large. Les hôtels sont hauts. Nous passons devant les plus mythiques, comme le Bellagio ou le Caesar Palace. Au bout, en allant vers le Luxor, où nous dormons ce soir, nous passons à côté du MGM Grand. Des noms que nous avions vus et entendus dans les films, où dans des évènements sportifs ou musicaux internationaux. Nous avons laissé derrière nous le Paris Las Vegas, et sa tour Eiffel, bien plus grande que ce que nous pensions. De le musique sort de partout. Il y a beaucoup de monde. Nous sommes excités. Nous arrivons au Luxor, en forme de grande pyramide, dont la pointe diffuse un faisceau lumineux vertical. Un grand sphinx garde l'entrée.

 

Nous laissons la voiture au valet, qui montera également nos bagages dans la chambre, une fois le check-in effectué. Un ballet de voiture défile, tout comme quelques limousines. L'intérieur de l'hôtel est grand. Par terre, de la moquette. D'autres sphinx, plus petits, accueillent les visiteurs. Les machines à sous ne sont pas loin. Nous croisons un premier bar, aux lumières feutrées. Après avoir fait la queue quelques minutes, une hôtesse nous donne nos clés, ainsi qu'un petit livret de coupons de réduction, à utiliser dans cet hôtel ou celui le jouxtant, l'Excalibur, aux allures de château fort. Nous traversons le grand hall, une partie du casino, en jetant rapidement un œil à tout ce qui nous entoure, comme cette partie où de nombreux écrans diffusent les évènement sportifs en direct, afin de parier sur les résultats (avec de grands panneaux indiquant les scores et statistiques, façon marchés financiers), et arrivons devant les ascenseurs B2. Nous montons au 9ème étage. Sensation étrange lorsque les portes se ferment, puisque nous sommes un peu déportés sur le côté, contrairement aux ascenseurs habituels. Celui-ci monte en effet en oblique, pour suivre la forme de la pyramide, puisque les chambres sont réparties sur les quatre côtés. La notre est grande (qu'est-ce que les chambres des hôtels et motels des USA nous changent de celles du reste du voyage, tant elles sont grandes en comparaison), mais ce n'est pas le niveau de luxe de Singapour. Nous appelons la réception et donnons le numéro du "bellman" pour nous faire livrer nos sacs, prenons rapidement une douche, et repartons pour voir un peu à quoi ressemble Vegas.

 

Ici, fumer est autorisé partout. Au restaurant, aux machines, devant les croupiers, absolument partout. En revanche, aucune odeur de cigarettes ne flotte dans l'air. Bluffant. Les machines à sous sont déclinées sur tous les thèmes possibles, de Nemo à Star Wars, en passant par les films à succès, les séries télé, ou encore Grease. Pour certaines, le minimum est 1 centime, 25 centimes, 1 dollar. Pour d'autres, c'est 10, 25, ou 100 dollars. Les tables avec croupiers sont installées un peu plus loin. Des hotesses passent et repassent, apportent des verres - gratuits - aux joueurs.  Nous sortons ensuite de l'hôtel, et traversons rapidement l'Excalibur. Clairement, le décor a changé. Ici, comme le montre une affiche, des spectacles de chevalerie ont lieu pendant que vous dinez au buffet de l'hôtel. La décoration est différente, mais la structure globale des salles ou de l'hôtel est la même. Tout tourne autour des jeux de toutes manières. Par contre, nous n'avons rien vu pour jouer dans notre chambre tout-à-l'heure, ni aux toilettes du casino. Nous continuons, puis entrons dans le New York New York. Pour passer d'un hôtel à l'autre, nous pouvons emprunter des passages couverts, remplis de boutiques, ou bien des ponts traversant le strip, suivis d'escalators. Tout est étudié pour faciliter le flot des piétons et des voitures, afin que les uns ne gênent pas les autres. Et cela à l'air de bien fonctionner, à première vue. De l'exterieur, devant le NY NY, une statue de la Liberté se dresse, devant la façade de l'hôtel reprenant le thème de l'Empire State Building, ou du Chrysler Building. Un gigantesque grand huit, le plus grand et le plus impressionnant que nous ayons vu, fait partie de l'hôtel. Il monte haut, et le demi-tonneau immédiatement suivi d'une demi-boucle à l'air de bien secouer. Nous continuons notre bout de chemin, en passant devant et dans différents autres hôtels (Cosmopolitan, Planet Hollywood...), en remontant une bonne partie du Strip, avant de nous asseoir en terrasse, au café extérieur du Paris Las Vegas, face aux célèbres fontaines du Bellagio. Nous approfondirons la visite de chacun des lieux dans les jours qui viennent, d'autant que nous avons le temps suite à notre changement de programme. Sympa de revoir la Tour Eiffel, l'Opera, l'Arc de Triomphe, et de manger un bout de baguette avec du beurre juste en dessous. Une fois le dîner terminé, nous retournons au sud du strip, pour retrouver le Luxor. La rue est toujours aussi animée, et lumineuse. Après une longue journée de route à travers une grande partie du Nevada, c'est l'heure d'éteindre la lumière. Welcome to Sin City.

 

 

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Commentaires: 4
  • #1

    couz - JM (jeudi, 10 octobre 2013)

    Tu as du kiffer sur les routes à perte de vue ! va faire une partie de machine à sous à ma santé :)

  • #2

    CHRISTIANE (vendredi, 11 octobre 2013 09:57)

    moi ce qui me plait ce sont les portes manteaux qui font peur !

  • #3

    Jérôme (samedi, 12 octobre 2013 07:09)

    Ahhhh las vegas...
    Je suis trop jaloux. ...
    Je veux venir! !
    Trop sympas ces américains l'autoroute extra terrestre faut le faire quand même . C'est pas chez nous que l'on pourrait faire ça.
    La manifestation pour travailler est savoureuse également. ..

  • #4

    La Plume de Rosa (mardi, 15 octobre 2013 08:09)

    grand