J19 - Alcatraz

Réveil à l'heure habituelle, petit déjeuner en consultant nos mails, et mise en ligne d'un nouvel article. Rien de neuf sous le soleil. Et voilà qu'il est déjà 10h45, l'heure du check-out. Nous devons en effet changer de chambre aujourd'hui, la notre n'étant plus disponible pour les 2 nuits que nous venons de rajouter (il nous reste tellement de choses à faire, comme louer une voiture). Ce soir nous dormirons dans un dortoir de 4 personnes, une première finalement. Il aura fallu attendre autant de temps pour co-habiter avec deux autres personnes. Même si notre nouvelle chambre n'est pas encore prête, nous pouvons laisser nos affaires à l'intérieur. Super. Nous nous occuperons des formalités administratives plus tard, car nous devons en cette fin de matinée rejoindre le Pier 33, pour prendre le bateau et aller visiter Alcatraz. 

 

Petite marche de 15 minutes, et hop, et nous y voilà. Tout est très bien organisé, et nous ne mettons que 2 minutes pour récupérer nos billets, réservés sur internet la semaine dernière. Impossible de venir sans réservation, car chaque date est vite complète. C'est d'ailleurs pour cela que nous ne sommes pas venus plus tôt. A 11h10, après avoir fait le tour de l'exposition extérieure, et tourné autour de la maquette de la prison et des autres édifices de l'île, nous nous plaçons dans la file d'attente pour embarquer. Tout est encore très efficace dans l'organisation, et à l'heure dite, soit 11h30, nous partons avec le gros bateau, couvert de panneaux solaires. 

 

L'île d'Alcatraz n'est qu'à deux kilomètres de la côte, et 15 minutes suffisent pour l'atteindre. Allez, un peu d'histoire : c'est 8000 ans avant JC, que la petite colline de grès d'Alcatraz émerge de l'eau, et provoque la formation de la baie de San Francisco par inondation d'une vallée. Des indiens iront y pêcher quelquefois, et l'île apparaîtra sur les cartes après l'arrivée des espagnols en 1776. Mais ce n'est que 70 ans plus tard qu'un phare y est construit (le plus ancien de l'Ouest américain). En 1852, une citadelle militaire est érigée, et pendant la guerre de Sécession (1861), 111 canons y sont installés. L'île devient stratégique. Pendant ces années, des prisonniers sont incarcérés dans les sous-sol de celle-ci.  En 1907, l'armée abandonne la citadelle, les troupes ordinaires sont alors remplacées par des soldats de la garde militaire américaine. Ils rasent la citadelle, et construisent une immense prison en béton. Dans les années 30, en 1934 exactement, elle devient une prison de haute sécurité, façon film du même nom avec Stallone. Les pensionnaires les plus célèbres sont Al Capone (condamné pour fraude fiscale, et qui continua ses affaires en corrompant tous les gardiens de la prison avant de contracter la syphilis), George "machine Gun" Kelly, Floyd Hamilton ou encore Robert Stroud (surnommé "birdman of Alcatraz"). La plupart des prisonniers étaient considérés trop difficiles pour être accueillis dans d'autres prisons. C'est l'époque de la Prohibition, puis de la seconde guerre mondiale. C'est en 1963, que Robert F. Kennedy, alors ministre de la justice, fait fermer Alcatraz en raison des coûts de gestion et de maintenance trop élevés. Alcatraz aura donc servi de prison pendant une trentaine d'années. Pour la petite histoire, une fois fermée, des militants indiens l'occupèrent à plusieurs reprises, dont une en 1969, pendant 19 mois. Ils revendiquaient le terrain, au nom des "indiens de toutes les tribus". De nombreuses marques de cette période sont encore visibles à plusieurs endroits de l'île, comme sur le réservoir d'eau que l'on aperçoit en arrivant sur l'île. Les commentaires de l'homme qui accueille les touristes sont explicites sur le sujet, et personne ne cherche à cacher cette occupation et ces revendications. Après l'évacuation des militants, en 1972, la gestion du domaine est confiée au "National Park Service".

 

Voilà pour l'histoire. Place maintenant à la visite. La balade en bateau permet d'avoir une belle vue sur San Francisco, et le Golden Gate apparait assez clairement au loin, de l'autre côté. Nous arrivons sur l'île face au débarcadère, dans lequel nous rentrons rapidement pour regarder un film de présentation sur l'histoire de l'île, qui dure un quart d'heure. Ce dernier insiste sur le danger qui régnait dans la prison, la vigilance des gardes, les sévices qui pouvaient avoir lieu lorsqu'un détenu se rebellait, et les séances "au trou", plongé dans le noir pendant des jours. Une sorte de Guantanamo avant l'heure quoi. Ca ne blaguait vraiment pas ici. Nous ressortons ensuite pour rejoindre le haut de la colline où se trouve la prison. Un mirador restauré, parmi les 6, tous gardés à l'époque par des surveillants armés, se tient tout près. Nous passons le corps de garde, et longeons peu après le comptoir/club des officiers. Construit en 1910, il est à moitié détruit, suite à un incendie dans les années 70. Au début du siècle, avant que l'endroit n'accueille des prisonniers, c'est là que les soldats et leur famille faisaient leur courses. Après 1934, il fut transformé en salle des fêtes, avec piste de danse, gymnase, bowling et fontaine à soda. Bien des gardiens et leurs familles vivaient en effet sur l'île. Aux vues des photos et du film de tout-à-l'heure, cela avait l'air plutôt agréable et paisible. Il fallait bien équilibrer le fait que la prison la plus sûre d'Amérique se tenait là. Les enfants prenaient le bateau pour aller à l'école, et revenaient le soir sur l'île. Justement, nous passons devant les logements du personnel pénitentiaire. Nous ne voyons pas grand chose car l'endroit est en rénovation. Nous arrivons alors, comme d'autres touristes, en haut de la colline. Un guide audio individuel nous est distribué, pour le plus grand plaisir d'Audrey, qui adore en avoir un pendant les visites. Nous voilà alors au cœur de la plus célèbre des prisons. En entrant, une pancarte est affichée au dessus de nos têtes : "break the rules and go to prison, break the prison rules and go to Alcatraz". Le ton est donné. Plus loin des articles du règlement sont également mis en évidence, comme le numéro 5 : " Vous avez le droit d'être logés, nourris, blanchis, et soignés si nécessaire. Rien d'autre ne vous est dû". Le pénitencier disposait de 336 cellules et n'a jamais été complet. En moyenne, 260 détenus vivaient ici, enfermés dans une cellule individuelle de 1,5m de large et 3 de hauteur, composée d'un WC, d'un lavabo, d'une table et d'un tabouret fixés au mur, et d'un lit. Au total, ce sont 1576 prisonniers qui ont été "traités" entre 1934 et 1963. Les règles étaient bien sûr strictes. Les draps et serviettes devaient par exemple être rangées de manière précise. Trois fois par semaine, des cigarettes étaient distribuées gratuitement. En cas de mauvaise conduite, c'était le "trou". Une cellule d'isolement, 24h/24, dans le noir. Certains, pour passer le temps, enlevait un bouton de leur veste et le jetait en l'air, tournait sur eux même puis le cherchait par terre. On ne va quand même pas plaindre ceux qui étaient enfermés ici. La cour de récréation était une récompense, tout comme la distribution du courrier, ou l'accès au parloir. Les allées entre les rangées des cellules, hautes de trois niveaux, ont des noms de rues comme Broadway ou Times square. Au détour de l'une d'elle, un petit attroupement de touristes attire notre attention. Tout le monde est en train d'écouter un vieux monsieur sur un fauteuil roulant. C'est un ancien gardien des lieux, qui répond aux questions de chacun, et partage son expérience. Moment intéressant et passionnant, qui dure 15 minutes. Le lieu le plus dangereux vient ensuite : la cuisine et la salle de déjeuner. Une grande salle commune, longue et large, comme dans les films. C'est généralement ici que se trouvaient les seules armes potentiellement accessibles (généralement des couteaux). Et les évasions dans tous ça ? Il parait que personne n'a jamais pu s'échapper. C'est vrai alors ? En tout, il y a eu 14 tentatives. En fait, seuls les corps de deux condamnés et ceux de deux frères, s'echappant en 1937 et en 1962 (voir le film "L'évadé d'Alcatraz", avec Eastwood), présumés morts, n'ont jamais été retrouvés. La cellule de ces évadés est reconstituée, avec notamment les mannequins placés sous les couvertures et les bouches d'aérations forcées, ainsi que le mur creusé à la cuillère. Tous les autres ont échoués, y compris celle de la fameuse "Bataille d'Alcatraz", en 1946, au cours de laquelle 2 gardiens et 3 prisonniers sont tués, et bien d'autres blessés, après avoir réussi à dérober une clé. Certains se sont faits tirer dessus en train de nager, les autres ont été capturés et condamnés à la perpétuité. Il est donc impossible de dire que personne ne s'est échappé d'ici. Bien que la côte ne soit qu'à 2km, partir à la nage est apparemment suicidaire, à cause de la température trop fraîche de l'eau (10-12 degrés), et des forts courants entrainant vers le large. D'ailleurs, en 1941, un prisonnier tente de s'échapper, mais décide de se rendre une fois qu'il s'est introduit dans l'eau, qu'il juge trop froide. Le mythe comme quoi les requins empêcherait aussi de rejoindre le rivage est partiellement faux, puisque bien qu'il y ait des requins dans la baie, aucun n'est dangereux pour l'homme. Au fait, si certains se demandent comme nous ce que donnerait une compétition organisée depuis l'île pour voir qui réussit à atteindre le rivage aujourd'hui, nous avons la réponse. D'une part, une jeune fille a réussi la traversée en 1934 pour prouver aux autorités que cela était faisable. En outre, en 2006, un garçon de 7 ans a aussi réussi la traversée en moins de 50 minutes (pour 2 km). D'autre part, l'épreuve sportive "Escape from Alcatraz", très encadrée, est organisée ici chaque année. En fait, des sportifs entrainés et conditionnés peuvent réussir, mais les prisonniers, n'ayant pas la condition, et n'ayant pas de régime alimentaire adéquat, avaient peu de chance de survivre. C'est aussi pour cela que des douches chaudes étaient destinées aux détenus, afin qu'aucun ne s'habitue à l'eau froide.

 

Une fois la visite quasiment terminée, nous sortons de la prison pour voir la vue sur San Francisco, au pied du phare et au niveau de l'entrée des gardiens. Là, nous avons la surprise de tomber en pleine course de l'America Cup. Les deux catamarans filent sur l'eau, et ne passent pas très loin, suivis par trois hélicoptères, dont un très bas, quasi en rase-motte. L'équipe Oracle des États-Unis navigue contre la Nouvelle-Zélande. Apparemment les derniers jours ont été serrés, et les USA, qui étaient menés, passent la ligne d'arrivée trois minutes plus tard, les ramenant à égalité, alors que tout le monde pensait que la Nouvelle-Zélande allait remporter la Coupe. Les gens applaudissent autour de nous. Bizarre d'être là, à ce moment précis, après avoir vu le stand il y a deux jours sur la rive de San Francisco, et en avoir entendu parler dans les journaux. Le lendemain, nous verrons d'ailleurs un article sur cette course dans "Le Parisien", car la remontée de la team USA a été très commentée. Nous ne nous éternisons pas, même si nous apprécions d'être au coeur de l'action et de voir cela en direct, et faisons un tour dans le jardin de l'île, d'où la vue est belle sur le Golden Gate. Nous revenons dix minutes après à notre point de départ pour prendre le bateau, qui part de suite, et rentrer. 

 

Il est 15h15, et 15 minutes après, nous prenons la direction du Pier 39, celui d'il y a deux jours, pour déjeuner. Nous nous installons  face à la mer dans le restaurant que nous avions repéré. De jour, c'est vraiment sympa. Nous sommes assis juste en face d'Alcatraz, où nous étions il y a tout juste 30 minutes. Le moment est agréable, après cette visite et par cette belle journée, avec la vue qui donne aussi sur le célèbre pont rouge, mais il manque un peu une touche supplémentaire de décoration liée à la mer. Après déjeuné, nous nous baladons dans les magasins du Pier, comme l'autre fois, notamment pour essayer dans le bar à oxygène un accessoire de massage qui marche assez bien, et retournons voir les otaries, à côté, qui sont toujours aussi grosses. Il est vite 18h. Ce soir, le repas est gratuit à la guesthouse. Présence requise à 19h. Nous rentrons donc, pour avoir le temps de s'installer un peu dans le dortoir du premier étage.

 

A 19h, après avoir rencontré nos colocataires, le  dîner est servi : des pâtes avec de la salade et du pain à l'ail. Nous n'avons pas trop faim, mais remplissons nos assiettes pour les manger un peu plus tard. Nous travaillons sur l'ordinateur, et l'animation de la soirée (il y en a une chaque jour ici), le concert live donné par les voyageurs logeant ici qui souhaitent jouer, commence vers 20h. Différents groupes passent, loin d'égaler la prestation de ceux de la guesthouse du Cuzco (qui nous avaient marqués, et où Audrey avait aussi chanté deux chansons). Nous vous laissons en découvrir un en vidéo, ci-dessous. Pendant ce temps, nous continuons à bosser. On a vraiment du retard, et c'est pénible, presque décourageant. Nous rencontrons deux français, et faisons une partie de billard avec eux. Audrey monte vers 1h30, Fred reste un peu et la retrouve vers 3h. 

 

 

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Commentaires: 4
  • #1

    Jérôme (mardi, 01 octobre 2013 07:49)

    Encore un super article. Courage pour le site nous sommes tous accros. Beaucoup vous lisent sans laisser de message. Vous faites un travail de dingues.
    C'est génial.
    Bizzzzzzzzz

  • #2

    CHRISTIANE (mardi, 01 octobre 2013 11:28)

    voilà une prison vide! on pourrait peut être délocaliser les notres qui sont surchargées et en plus comme on ne s en échappe pas on éviterait pas mal de récidives!!!!
    en voilà une idée quelle est bonne!!!!!!!!!
    encore une fois merci pour votre travail!

  • #3

    La Plume de Rosa (mercredi, 02 octobre 2013 08:43)

    à

  • #4

    moi (vendredi, 25 mars 2022 08:56)

    b