J8 - Warner Bros studios

Nous allons prendre le petit-déjeuner ce matin chez Bob's Big boy, le "diner" où nous étions allés il y a une semaine voir les voitures de collection sur le parking, avant de manger un bout dans un des confortables sièges en cuir disposés autour des tables, comme dans tout "diner" digne de ce nom. Notre dernière nuit chez Clémence s'est bien passée, et finalement, malgré les deux canapés pas très confortables, nous aurons paradoxallement plutôt bien dormi depuis 7 jours. Nous partons du coup vers 9h15, et arrivons 15 minutes après. Clairement, c'est beaucoup moins animé que l'autre fois, et cela fait une autre impression, d'autant que cette fois-ci, c'est de jour que nous y allons. La circulation a été quasi inexistante, et nous trouvons facilement de la place sur le grand parking. Comme les autres fois, nous avons emprunté de grandes rues à deux ou trois voies, avec quelques palmiers, sous un joli ciel bleu, aux rayons assez puissants. Et comme partout, nous nous sommes arrêtés au feu rouge, qui est à chaque fois en face, et non sur le trottoir juste à côté comme chez nous. Le nom de la rue perpendiculaire est aussi toujours indiqué sous le feu, permettant de le voir de loin. Pratique, car cela évite de chercher le nom de la rue sur un petit panneau visible au dernier moment. Chez Bob, une serveuse nous installe dans une table en coin, dominant la salle où plusieurs personnes sont comme nous venues prendre un petit-déjeuner. Le week-end, on imagine que ça doit être noir de monde, brunch oblige. Le menu est aujourd'hui différent de celui de l'autre soir. Il y a en effet une carte spéciale pour le matin. Et quelle carte. Vous pouvez commander le traditionnel café avec french-toasts ou pancakes, mais aussi un steack, ou, plus commun, des oeufs au plat, en omelette, ou brouillés. Lorsque nos assiettes arrivent, nous comprenons qu'il ne sera sûrement pas nécessaire de manger ce midi. Le café est comme toujours à volonté (le fameux "free refill"), et les serveurs passent régulièrement pour nous resservir, ou simplement nous demander si tout va bien. Nous resterons là à discuter pendant une bonne heure et demie. Les conversations vont de la nouriture aux Etats-Unis, à la politique étrangère, en passant par le cinéma ou le métier de cascadeur. Joshua, concerné par ce dernier sujet, nous dit que sa spécialité est le combat d'épée. Fred lui pose de nombreuses questions, par rapport aux différentes armes et leur technique (du fleuret au katana). Devant notre intérêt, il nous propose de nous donner un cours cet après-midi afin d'apprendre les bases. Affaire conclue, nous ferons cela avant notre départ chez Michael. Nous qui pensions écrire un article...

 

Une fois les assiettes vides, l'heure est venue de partir pour les studios de la Warner Bros. Nous avons en effet réservé ce matin, avant de partir, deux places pour la visite de 11h45. Clémence et Josh arrêtent donc leur voiture bleue devant les studios, et nous déposent à 11h15. Le quartier est propre, consitué de bureaux, et assez vert. C'est sympa d'être là, et de se dire que nous allons être au coeur de l'industrie cinématographique américaine. En s'approchant de l'entrée, deux statues (Bugs Bunny et Daffy Duck) de trois mètres de haut, en fonte, nous accueillent. Nous passons par la boutique, en attendant de commencer la visite, qui débute dans une petite salle de cinéma, où un film nous présente l'histoire et les productions des grandes séries télé ou cinématographiques produites par la Warner (Casablanca, La fureur de vivre, My fair lady, Million dollar Baby, Les infiltrés, Batman, ou encore la saga Harry Potter, les séries Friends, The mentalist, et bien d'autres...). Fondée par les frères Warner en 1923, c'est aujourd'hui le troisième plus vieux studio cinématographique américain encore en opération. C'est aussi ici que sont nés de célèbres personnages de cartoons, tels que Bugs Bunny, Bip bip et le coyote, Daffy duck ou Porky Pig. Une fois le film - très bien fait, qu'Audrey préfère à celui que nous avions vu à Universal -  terminé, nous prenons place dans un petit bus, façon voiturette de golf, pour partir au milieu des studios proprement dit, organisés en différents "stage", c'est-à-dire en grands hangars, façon hangar d'avion, abritant les décors, reconfigurables à volonté. Nous sommes un groupe de 11 touristes, de tout âge et de tout horizon, dont deux asiatiques fans de séries télé, deux septuagénaires à la recherche des décors de leurs films préférés, et même d'une cougar et son jeune apolon, qui - on l'avoue - sont assez étranges à voir, comme si quelque chose n'allait pas. La visite commence par les décors extérieurs, comme il y a quelques jours lors de notre visite chez Universal. Ici, cependant, nous nous sentons un peu plus impliqué, et proche des choses. Nous sommes déjà bien moins nombreux, et nous pouvons plusieurs fois descendre du wagonnet pour visiter un hangar, ou une colletion de voitures de films. Durant ce trajet motorisé, nous passons entre de faux bâtiments, comme une fausse place, une fausse rue new-yorkaise, ou parisienne (aux façades hausmaniennes). En vrai, sur place, c'est bien plus petit que ce que l'on s'imagine, et que le rendu à l'écran. Par exemple, pour représenter une scène rapprochée dans Central Park, un bout de gazon et quatre arbres suffisent. D'autres seront rajoutés digitalement, ou les plans seront tournés sous des angles différents. Nous apprenons également que les feuilles des arbres sont fausses, afin de pouvoir reproduire chaque saison. Malin. D'autant qu'en Californie, il n'y a quasiment pas d'automne, et il y a beaucoup de désert (et peu de forêts touffues). Nous passons devant le bâtiment du "daily planet" (le bureau du journal de Superman), ou encore dans les rues du quartier français, qui sert aussi de quartier londonien dans My fair lady. Un même décor, en changeant quelques détails autour, ou en le repeignant, peut donc servir pour plusieurs films. Quelques fois, un plot avec une lumière rouge qui clignote (comme un girophage), posé au milieu du parcours : le signal qu'une scène est en train d'être tournée quelque part, pas très loin. La guide éteint alors son micro, et nous passons silencieusement vers la suite (les voiturettes sont électriques, et ne font pas de bruit... les énergies renouvelables sont relativement développées en Californie). Nous sommes bien au milieu des studios, dans le vrai, et non dans un endroit aménagé pour les touristes, loin de là où se passent les choses. Super.

 

La deuxième étape est un arrêt où nous descendons pour rentrer dans un hangar, et visiter une exposition de voitures de films. Sont exposées les voitures de Scoubidoo, Batman (impressionnantes les batmobiles...), Schérif fais moi peur, Harry Potter ou encore la Gran Torino de Clint Eastwood dans le film éponyme. Dans le fond de la salle, la méthode de l'écran vert (qui peut aussi être bleu, ou autres, du moment que cela crée un contraste fort avec les comédiens) est décortiquée. Comme vous le savez, elle permet d'intégrer virtuellement des comédiens dans un décor digital. Nous continuons à pied pour rentrer dans le bâtiment voisin, qui renferme un décor célèbre auprès des trentenaires et de notre génération : le célèbre "Central Perk", ou encore le café de la série Friends. Là aussi, le lieu est tout petit, ramassé. Cela fait bizarre à Audrey. Le truc, pour que cela rende plus grand à l'écran, est de mettre des objets sous-dimensionnés au fond et des plus grands en premier plan. Au fond, d'ailleurs, nous pouvons reconnaître l'emplacement de Phoebe lorsqu'elle chante ses mémorables chansons, et devant, à un mètre de nous, le célèbre canapé, sur lequel nous pouvons nous faire photographier. Nous décidons de faire comme si nous discutions, naturellement, comme dans la série. Tout cela est très sympa, et c'est un peu fou ces décors presque mythiques, là, en vrai, juste devant nous.

 

Pour la troisième étape, nous remontons dans notre mini-voiture pour aller un peu plus loin. A l'entrée de chaque studio, une plaque indique tout ce qui a été tourné à l'intérieur. Le "Stage 18" est par exemple consacré à Friends justement, mais a aussi accueilli avant le tournage des films célèbres. Sur les parkings, des places sont parfois réservées aux équipes des films, ou des séries. Ainsi, quand nous allons visiter un décor de la série The Mentalist, le commissariat en l'occurrence, nous arrêtons à côté d'une place "Mentalist cast". C'est ce genre de détail qui vous font sentir au milieu de là où les choses se passent. Et c'est fou de réaliser la puissance de ces séries, que tant de monde regarde, et qui sont produites là. Nous traversons le décor du hall d'entrée de la série, puis le commissariat, qui est censé être celui de Sacramento. A l'inverse de celui de "Friend", le plateau est plutôt grand, presque à taille réelle. On se croirait vraiment dans un commissariat américain (enfin, d'après ceux que nous avons vus dans les films...). Quelques astuces sont expliquées : pour éviter le bruit des pas pendant le tournage (détail important, en fait), le parquet au sol est fait de plaques autocollantes, atténuant le son. Derrière les fausses vitres, la ville de Sacramento est représentée par un rideau plus vrai que nature. Il y a le même version nuit, ce qui évite d'attendre le bon moment de la journée pour tourner, d'autant que nous sommes en intérieur. Les différentes lumières du jour sont simulées par des projecteurs, qui éclairent l'un de ces deux rideaux. Vous penserez à nous si vous regardez un jour la série, et voyez une scène dans le commissariat. Ici, pour chaque épisode, 200 personnes sont nécessaires, et il faut un mois et demi de travail. Nous passons ensuite dans les décors d'une autre série, Hart of Dixie - que nous ne connaissons pas bien. Nous visitons d'abord une grande salle de restaurant, là aussi grandeur nature, hallucinante de véracité, avec tous les détails (les marques des bouteilles d'alcool sont cependant modifiées, parfois juste d'une lettre, pour une raison de droits). Là aussi, un rideau représente le jardin derrière les fenêtres. Et derrière celui-ci, se trouve l'intérieur d'une maison, avec plusieurs pièces, sans plafond pour permettre aux différentes caméras et projecteurs de travailler.

 

Enfin, la dernière étape est la visite du musée des costumes. Là, il est interdit de prendre des photos. Au rez-de-chaussée sont exposés les costumes de Batman, My fair lady, Casablanca, Inception, ou encore le fusil de John Wayne utilisé dans la plupart des films dans lesquels il a joué.  A l'étage, se trouve une exposition Harry Potter, avec costumes, accessoires, l'énorme araignée, et le "choixpeau magique", qui désigne à quelle maison chaque élève doit être envoyé. Il est possible de s'asseoir sur un siège (comme dans le film), d'enfiler une reproduction du chapeau, et de passer le test. Audrey ne résiste pas, et elle se retrouve chez les Griffondors. Après 20 minutes, nous partons pour retrouver notre point de départ. Une visite fort agréable et plus intime donc que son voisin "Universal". Il est 14h.

 

Clémence arrive, comme prévu, pour nous récupérer et nous ramener à la maison. Là-bas, nous travaillons sur le blog et bouclons nos sacs. Nous partons en effet ce soir pour aller dormir chez Michael. Revenant à Los Angeles dans un mois et demi, nous laissons des affaires chez Clémence, afin d'être moins chargés. Le temps passe vite, et il est déjà 16h30. Nous partons alors pour le parc voisin, afin, comme prévu, d'être initiés par Josh au maniement de l'épée. Il fait chaud, mais tant pis. Nous mettons nos sacs, un peu plus légers, dans le coffre, et partons pour le parc, pas très loin. Michael passera nous prendre aux alentours de 17h, nous n'avons donc pas beaucoup de temps. Après avoir trouvé une place, Joshua nous distribue des batons en bois (les fleurets posés contre un arbre nous serviront plus tard), et nous apprend la position "en garde", jambes fléchies, l'une devant l'autre avec le pied droit en avant et perpendiculaire au corps, alors que le gauche est en arrière tournée vers l'extérieur. Pas évident en fait de rester comme ça, et de garder le buste droit. Joshua nous corrige et nous demande de tenir la pose. Les jambes commencent à souffrir ! Nous apprenons ensuite à avancer pour combattre, et à reculer pour se protéger, avec le bon mouvement des jambes. Nous n'avons pas le temps d'en apprendre plus, car nous recevons un coup de fil de Michael, qui arrive. Nous disons donc au revoir à Joshua et Clémence, en les remerciant encore, et en leur donnant rendez-vous dans un mois, au cas où nous n'arriverions pas à nous revoir dans les prochains jours, avant notre départ pour San Francisco et la Bay Area.   

 

Nous retrouvons Michael, que nous avions vus il y a deux mois et demi, et partons pour le sud de la ville. Confortablement installé dans son SUV, nous coupons par le centre, plutôt que de prendre la freeway, car nous sommes en plein "rush hour". Nous traversons Hollywood, dans lequel nous avons un peu nos marques, puis Hancock, un des quartiers les plus huppés de la ville. Il nous explique au fur et à mesure ce que nous voyons et où nous sommes. Los Angeles a, en fait, absorbé plusieurs petites villes qui ont encore leur fiscalité, leur police, pompiers (comme Beverly Hills hier par exemple). Nous traversons donc différentes "villes", mais sommes toujours dans LA. Nous passons devant le lieu qui a servi de décor à "la plantation" du film "Autant en emporte le vent", puis, plus loin, après 25 minutes, devant les immenses bâtiments de "Sony pictures America", à côté d'une usine de traitements de déchets, et de la principale raffinerie de LA. Nous arrivons au bord de l'eau, qui déboule sans prévenir, lorsque nous passons du côté de Marina del Rey. Le soleil commence alors à se coucher. Le décor est plus joli, à taille humaine. Cette impression s'accentue en passant par Manhattan Beach, une charmante ville aux petites rues pentues, assez courtes, sur notre droite, menant toutes à l'océan. Les palmiers décorent les trottoirs. Nous aimons cette vision furtive, en croisant chaque rue, avec à chaque fois l'eau en fond, à une centaine de mètres, sous cette lumière. C'est l'image que l'on se fait de la Californie. Tout autour, les maisons sont plutôt collées les unes aux autres, et les prix sûrement élevés, location et charme obligent. Tous ces coins, au sud de Los Angeles, sont très sympas, nous rappellent un peu l'Australie, ont l'air vivant, et donnent envie de se promener à pied, et de s'arrêter boire un verre. Jay Leno, un célèbre présentateur américain, a un show chaque semaine au Comedy & Magic Club, à côté duquel nous passons, dans Hermosa Beach. Sur la plage, nous remarquons aussi les petites maisons blanches des life guards, comme celles filmées dans la série "Alerte à Malibu". Nous arrivons vers 19h30 à Hermosa beach, chez lui. Dans la maison, au bout du grand salon, de grandes baies vitrées donnent sur la plage et font face à l'océan. Seule une allée de quelques mètres de large, réservée aux piétons ou sportifs, sépare la demeure (à un étage) du sable. Le top. Il commence à faire nuit, et après avoir posé nos affaires à l'étage dans la chambre et avoir visité les lieux, la lumière de la lune se reflète sur l'océan. Nous prenons une douche rapide, et partons dîner tout les trois chez "Zazou", un des restaurants préférés de Rose-Marie, sa femme, qui n'est malheureusement pas à Los Angeles ces jours-ci. Le repas est agréable et copieux, même si, comme le fait remarquer Michael, les écrans plats n'ont pas grand chose à faire là, comme si aujourd'hui, aux Etats-Unis, il fallait absolument que des écrans diffusent du sport dans tous les endroits où l'on peut manger, même si cela ne colle pas à l'ambiance ou la catégorie du restaurant. Michael nous en apprend plus sur la Californie, l'ambiance des années 70, l'esprit des surfeurs ("let's go to the beach dude" !), son travail (avocat auprès de sociétés/clients en liquidation, d'un côté ou de l'autre, afin de récupérer la dette de la société ou de la renégocier) ou sur l'animosité qui règne parfois entre californiens du nord (qui ont accès et contrôlent la distribution d'eau dans l'Etat), et ceux du sud. La limite se situe au niveau de Sante Barbara, un peu plus au nord de Los Angeles. Intéressant.

 

Après avoir insisté et s'être débrouillé pour payer, il nous raccompagne, et nous couchons vers minuit, fenêtres ouvertes, avec le bruit des vagues. Demain, nous récupérons notre voiture, en espérant qu'elle soit conforme à notre souhait.

 

 

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Commentaires: 1
  • #1

    alain maryse (vendredi, 20 septembre 2013 07:09)

    prévenez nous lorsque la séquence du canapé passera sur le petit écran en France