J8 - Espanola island

Moment fort de la journée : être le partenaire de jeu d'une otarie curieuse dans l'eau

Ce matin, nous sommes amarrés à une centaine de mètres de la côte d'Espanola, une île plutôt plate, la plus au sud de l'archipel, où vivent de nombreux oiseaux, dont une des plus belles colonies d'albatros (qui font leur nid ici), et seulement une centaine de personnes, bien plus au sud de notre position.

 

La cloche du petit déjeuner sonne à 7h, et nous partons une heure plus tard pour rejoindre l'île, en à peine quelques minutes. Un ponton en pierre est installé, à côté d'une petite plage de sable, et comme toujours, de pierres noires, remplies de crabes rouges, dont la couleur se renforce à mesure qu'ils vieillissent,  afin - paradoxallement - d'attirer les prédateurs et mourir, afin de laisser la place pour les autres plus jeunes, et éviter une surpopulation. Le contraire de ce que fait l'homme en fait. Deux ou trois otaries sont là, grosses, pesant probablement près de 200 kg d'après notre guide, qui nous montre, en s'approchant de l'une d'entre elle, un bébé devant avoir à peine quelques jours. Un autre à la peau toute frippée est en train de patauger dans une mare à côté. Une chance de pouvoir voir cela. Comme hier, mais en bien plus nombreux, des iguanes sont là, tournés vers le soleil, qui se cache pourtant, afin d'emmagasiner assez d'énergie. Leur peau est grise, et rouge par endroits. Ce sont des reptiles végétariens. Ceux là sont des iguanes terrestres, et certaines espèces sont marrons, noirs, jaunes (comme au Centre Darwin sur Santa Cruz) et même roses (ces derniers sont autre part sur l'archipel, dans des endroits difficiles d'accès, et sont peu nombreux). Ils vivent au niveau de la mer, mais certains vivent en altitude, entre 700 et 1000m (l'altitude maximum aux Galapagos), sans comprendre pourquoi. Une odeur particulière flotte, assez forte, toujours la même, trahissant leur présence. Nous prenons quelques photos, qu'ils soient par terre ou posés sur des rochers, puis continuons, en empruntant un chemin tracé, formant une boucle, et permettant de s'enfoncer un peu dans l'île, et de voir aussi des oiseaux, et de comprendre que la zone est sauvage, laissée aux animaux. L'homme n'y fait que quelques passages rapides, comme nous ce matin. Après 20 minutes ici, l'île nous plaît, par l'atmosphère qui y règne, la végétation un peu plus présente, les couleurs, et l'impression plus forte d'être dans un lieu particulier. Enrique nous montre un fou à pattes bleues (nous en retrouverons plus tard), et un peu après, un faucon des Galapagos, posé sur un arbre mort un peu plus loin, apparemment assez rare à observer. Nous suivons le chemin, et tombons sur un bébé albatros, à quatre ou cinq mètres, agé de 3 ou 4 semaines. Ces oiseaux, au bec jaune à l'envergure de plusieurs mètres (2,3 pour ceux qui sont ici), ne pondent qu'un seul oeuf par femelle et par an. A 6 mois, ils apprennent à voler en se jetant du haut d'une falaise, que nous allons voir juste après. Soit ils arrivent à décoller, et à battre correctement des ailes, soit ils s'écrasent 15m plus bas. Selection naturelle à l'état brut. Les parents, en partant chercher du poisson pour eux, peuvent aller jusqu'au Pérou, soit à plus de 1000km d'ici. Ils doivent d'ailleurs en ramener de plus en plus à mesure que le bébé albatros grandit. Il se trouve qu'au Pérou, les gens mangeaient avant de l'albatros, mais un accord avec le gouvernement équatorien a été mis en place pour que cette pratique soit interdite. Nous continuons un peu, et arrivons dans une zone un peu plus dégagée, où plusieurs d'entre eux sont là, ainsi que d'autres dans les airs, passant au dessus de nous à plusieurs reprises. Leur taille est impressionnante. Avec les condors, ce doit être les oiseaux les plus grands au monde. Vers 6 ou 7 ans, après avoir voyagé, ils reviennent sur l'île pour procréer. Ce n'est pas la saison en ce moment, mais face à nous, deux albatros "dansent" entre eux, en suivant un rituel avec leur bec, dont ils se servent comme s'ils s'embrassaient, ce qui fait un bruit spécifique. De temps en temps, l'un regarde vers le ciel et pousse un cri, avant de reprendre ce jeu d'escrime rapide. Sur le haut de la falaise, "la piste d'aterrissage", nous nous asseyons tous les deux à un peu plus d'un mètre de deux spécimens, que nous regardons pendant une dizaine de minutes, pendant que chacun regarde le paysage, la falaise, l'iguane marin qui traverse en bas une petite étendue d'eau, et qu'Enrique discute avec un autre guide. Nous sommes ailleurs, en prenant conscience qu'en France, dans quelques jours, c'est la rentrée des classes. Nous repartons, au milieu de ces rochers volcaniques, mais aussi de cette terre sableuse claire, et de la paille qui traîne partout, sans savoir d'où elle vient. Nous rejoignons une formation naturelle au bord de l'eau, qui fait qu'elle est éjectée vers le haut lorsqu'une vague un peu plus forte pénètre à l'intérieur d'une cavité en longueur, créant une espèce de faux geyser. Enfin, plus loin, après avoir de nouveau observé pendant presque 10 minutes deux albatros "danser" entre eux, nous passons à côté de nouvelles espèces d'oiseaux, blancs, et surtout d'un couple de fou à pattes bleues, dont la femelle couvre un oeuf en plein milieu du chemin. Un bébé de quelques semaines est aussi là, à un mètre. Nous passons du coup en file indienne, au ralenti, en frolant la femelle, et le mâle à côté. Surperbe. Partout, nous voyons aussi des lézards de lave, pas farouches du tout, assez gros, qui se laissent approcher presque nez à nez (Fred essaie, et distingue de nombreux détails sur leur peau écaillée). La plupart d'entre nous n'avons pu approcher dans notre vie que des chèvres ou des vaches, mais ici, on peut s'approcher naturellement d'otaries, d'iguanes, ou d'oiseaux endémiques. C'est d'ailleurs une nouvelle fois le cas en rejoignant notre point de départ, en passant à côté d'un grand nombre d'iguanes, tous teintés de rouge, et en retrouvant l'otarie et son petit, toujours là, que nous ne pouvons nous empêcher d'aller revoir, en nous tenant tour à tour à 1,5m, pendant que les autres sont en train de monter dans le zodiac. Oui, nous avons mis presque tout le monde en retard, ou les avons fait attendre, mais bon. C'est quand même fantastique. C'est donc joyeux que nous buvons le jus de fruit qui nous attend au bateau, à échanger nos impressions. Tout le monde est d'accord pour dire que l'île d'aujourd'hui est bien plus sympa que celle d'hier. Nous avons beaucoup aimé cette matinée. Nous avons passé 2h30 à marcher et côtoyer les animaux, et il est 11h20.

 

Nous déjeunons 30 minutes plus tard, en nous asseyant à la même table que Michael et Lany, puis nous reposons, et écrivons quelques cartes postales. A 14h30, on nous demande de venir à l'arrière du bateau, pour monter en deux groupes sur les zodiacs. Nous allons en effet à 200 ou 300m de la côte pour voir des dauphins, car il y en a très souvent dans cette zone. Youpi. Michael et Fred demandent s'il peuvent prendre leur masque et tuba pour se mettre à l'eau avec eux, mais non, car apparemment, il y a aussi des bull sharks dans le coin. C'est étrange, car ce n'est pas une espèce de requins présente aux Galapagos. Nous comprenons que c'est une fausse raison, et que nous devrons rester sur le bateau. Ce n'est finalement pas si grave, car le spectacle est grandiose. Après quelques minutes de navigation, en allant à une allure un peu plus rapide que d'habitude, nous apercevons un groupe de dauphins sauter au loin. Puis, une minute plus tard, un autre, plus près sur notre gauche. Les deux zodiacs sont séparés d'une cinquantaine de mètres, et se sont rapidement des dizaines de dauphins qui tournent autour des embarcations, et qui se mettent à sauter hors de l'eau, en découvrant leur dos, et en suivant le bateau. C'est génial. Il y en a vraiment beaucoup, à tel point que nous pouvons facilement en distinguer quatre ou cinq juste devant nous, ouvrant la voie. Pendant ce temps, c'est un festival sur les côtés, et à un moment, deux sautent très haut, sont complètement découverts, et font quelques appuis tendu renversé, saltos arrière, et saut carpé. Non, ils sautent simplement très haut, et se découvrent complètement, comme s'ils cherchaient à aller le plus haut possible. Superbe, même si Fred loupe ça, occupé à filmer de l'autre coté, et sous l'eau. Superbe spectacle, avec une cinquantaine de dauphins tout autour, que nous regardons pendant 20 minutes, avant de nous éloigner, et de rejoindre deux cavités creusées dans la roche, dans lesquelles nous entrons à allure modéré. Nous sommes alors dans une sorte de grotte, peu profonde, à l'eau turquoise. Une otarie passe et s'amuse autour du bateau quelques instants. Nous retournons alors au bateau, juste le temps de prendre nos combinaisons, car nous repartons aussi tôt pour la plage en face, qui ressemble à celle d'hier. A peine dans l'eau, une otarie s'approche, et passe frôler une des filles, alors que nous sommes toujours au bord. Quel plaisir que d'intéragir avec les animaux. Il faut dire qu'il y en a beaucoup sur le sable. C'est drôle comme ces animaux se comportent différemment, selon qu'ils soient hors de l'eau ou dedans. Nous partons à cinq, pour s'approcher de la masse rocheuse qui sort de l'eau à 100m. Il ne semble pas y avoir grand chose à première vue, mais nous croisons une fois dans l'eau une tortue, en train de nager doucement, que nous suivons sur plusieurs mètres, avant qu'elle ne disparaisse, même si l'eau n'est pas très profonde. La visibilité est meilleure qu'hier, mais elle est loin d'être aussi bonne qu'en Polynésie. Une raie est tapie dans le sable, immobile. Nous arrivons près des rochers, et commençons à en faire le tour. C'est un peu décevant, même si les bancs de poissons se regroupent pour former une masse assez grande, et occuper un volume conséquent. Cela bouge de tous les côtés. Retenir son souffle et descendre de 3m, presque au fond, pour nager au milieu d'eux, pas effrayés, est par contre très agréable. Le plaisir d'être sous l'eau à coté de centaines de poissons. Mais pas de traces de requins, d'autres tortues, ni d'iguanes marins. Audrey, ayant un peu mal à sa côte à cause de la combinaison un peu serrée, décide de rentrer, accompagnée par Lany et une autre personne. Fred retrouve Michael, qui a fait le tour du rocher dans l'autre sens, et restent tous les deux à chercher des choses à voir, en poursuivant à 5 ou 6 mètres, parfois beaucoup plus près, de la formation noire volcanique. Il doit y avoir environ quatre mètres de profondeur. Et après dix minutes, cela devient assez sympa, lorsque Michael descend pour voir sous un gros bloc de pierre, et aperçoit un requin d'un mètre cinquante (un pointe blanche du récif), immobile, posé sur la sable. Cool. Nous descendons tous les deux en apnée, et l'observons, pour le temps que nous pouvons rester sous l'eau, sachant que la combinaison, épaisse, fait encore une fois presque office de gilet de sauvetage. Bien joué en tous cas de l'avoir vu, par hasard en plus. Et juste après, en continuant, une des otaries qui se reposait sur les rochers vient nous voir, et passe sur notre droite, par surprise. Trop bien. Elle s'en va, puis revient, et se met à jouer avec nous. Merci la caméra waterproof, qui permet d'enregistrer ce moment magique. Une autre otarie arrive, mais ne reste pas. Enrique nous dira que c'est une otarie assez jeune, qui voulait s'amuser. Nous en profitons au maximum, en descendant en apnée, en tournant sur nous même, afin de susciter encore plus sa curiosité. Elle s'approche même à quelques centimètres du masque de Fred, pour presque le toucher, puis part de l'autre côté, revient, et pose sa tête sur un rocher, à fleur d'eau, comme si elle nous attendait. A moins de deux mètres, Fred s'approche doucement, pour ne pas l'effrayer, et vient à son contact. Un moment incroyable, de véritable communion avec la nature, dont la durée permet vraiment de savourer l'instant (c'est clairement le point qui fait la différence), dans le même esprit qu'avec les dauphins en Polynésie. Un grand moment, à voir dans une des vidéo ci-dessous. Un grand sourire sur le visage, nous rentrons rejoindre le bord, racontons tout cela aux autres, en tous cas ceux qui ne sont pas encore rentrés avec le premier zodiac, parti il y a 15 minutes, alors qu'une autre otarie est passée à côté de nous juste avant. Nous faisons quelques photos sur la plage, en nous allongeant près de ces mammifères, puis retournons au Millenium, dans la demi-heure qui suit. La couleur de l'eau est belle, même si les rayons du soleil brillent par leur absence. Il est plus de 17h.

 

A 19h, le dîner est servi à l'arrière, en extérieur. Une bonne odeur de viande traîne un peu partout. Normal, puisque nous avons droit à un barbecue, qui tient ses promesses. A l'image de la journée, les assiettes font plaisir à voir et à vider. Nous restons à discuter, sachant qu'il fait bon, et le capitaine lève l'ancre vers 23h, afin de rejoindre cette nuit notre troisième et dernière île, Floreana, où nous arriverons cette nuit, vers 2h du matin. Nous ne nous rendrons compte de rien, pris dans nos rêves et les bras de Morphée. 

 

 

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Commentaires: 5
  • #1

    alain maryse (samedi, 07 septembre 2013 07:21)

    Après la photo du bébé fou a pattes bleues, , quelle surprise de pouvoir admirer le "grand fou" au milieu des iguanes et des otaries. Merveilleuses photos et vidéos.

  • #2

    CHRISTIANE (samedi, 07 septembre 2013 10:51)

    quelle faune extraordinaire!les zoos ici vous paraîtrons bien tristes!

  • #3

    annick claude (samedi, 07 septembre 2013 21:03)

    super images de la faune de ces iles, ces iguanes qui paraissent calme et impressionnant a la fois sont vraiment hors du commun ,j'ai beaucoup aimé les vidéos de la danse des albatros et celles de l'otarie avec la caméra ,merci pour toutes ces belles photos et ces vidéos continuer de nous faire rêver et voyager derrière nos écrans

  • #4

    Annie (lundi, 09 septembre 2013)

    Que de superbes photos il sera bien difficile en choisir une seule à encadrer......bisous

  • #5

    Justine (lundi, 09 septembre 2013 20:26)

    Oh ! Trop chou le BB otarie !