J9 - Jungle Boogie

6h45, debout tout le monde. C'est qu'on se lève tôt ici. On vit au rythme de la nature. Oeufs brouillés pour prendre des forces, café, pain et confiture. Reynaldo nous dit que cette nuit, vers 2h du matin, un puma rodait pas très loin. On est un peu étonné, mais peut-être. Nous partons un peu avant 7h30, une fois les "lits" défaits et rangés. Nous commençons une marche de quelques heures dans la forêt, afin de rejoindre notre dernier campement, et passer notre dernière nuit sous ce toit vert. Reynaldo nous demande aujourd'hui, ce matin, de ne pas faire de bruit, d'être silencieux  et d'être le plus discret possible. C'est en effet vers cette heure là que les animaux sont actifs, et que nous avons le plus de chance d'en voir. Le ciel est toujours couvert, nous avons eu un peu froid cette nuit, mais il fait un peu meilleur qu'hier. Nous avançons, à l'affut, et 20 minutes plus tard, notre guide s'arrête, ayant entendu des grondements un peu rauques un peu plus loin. Tels des chiens d'arrêt, nous nous arrêtons brusquement, tendons l'oreille, et entendons ce bruit grave, qui ressemble à celui d'un sanglier. C'est bien ça, puisque là-bas, à une bonne cinquantaine de mètres, un groupe de cervidés est en train de manger. Nous ne pouvons les approcher, car la forêt est dense, et le chemin s'écarte vers la droite. De toutes façons, ce n'est pas nous qui aurions pris cette décision. Un sanglier, ça ne blague pas quand même. Et nous, nous sommes des urbains. Mais pas Reynaldo. Du coup, quand nous les retrouvons une heure après, et nous arrêtons de la même façon dans notre marche, nous nous accroupissons pour nous cacher, les écouter, et observer certains d'entre eux, que nous apercevons derrière les arbres et les feuillages. Il y en a en revanche bien plus, une cinquantaine d'après Reynaldo, avec quelques bébés. C'est vrai que ça "grogne" un peu partout. Nous ne sommes pas trop rassurés, mais sommes pris par l'excitation, et nous sentons en sécurité avec lui. Cela dit, s'ils se mettent à nous foncer dessus, ce n'est pas lui qui pourra vraiment servir de bouclier nous direz-vous. Pas faux, sauf que ce n'est pas comme ça que les choses se passent ici, et Reynaldo est un peu dans son milieu. Et ces sangliers, c'est loin d'être du nouveau pour lui. Il nous explique que si un "cerdo" fonce sur vous, il chargera tout droit, jamais par le côté, et qu'il faut se mettre derrière un arbre. Mais c'est très peu probable que cela arrive. Pourquoi ? Parce que Reynaldo imite parfaitement le bruit du Jaguar en train de chasser, et après cinq longues minutes à les observer, il se redresse doucement et se met à imiter le bruit qu'ils font, en mélangeant un bruit plus aigü et sifflant. Et là, c'est fantastique. Tous les sangliers, mais vraiment tous en même temps, se mettent à fuir, et à détaler. Reynaldo continue d'imiter le jaguar. Nous regardons tous un peu ébahis, en voyant tous ces feuillages bouger et se plier sous le passage des bêtes. Impressionant. Ils ont clairement tous crû qu'un jaguar était tout proche et qu'ils étaient en danger. Quelques sangliers ont du retard, et passent à dix mètres de nous alors que nous nous approchons. Une forte odeur de viande, ou quelque chose comme ça, traine dans l'atmosphère. Nous continuons notre marche. 9h15. Nous arrivons sur un point de vue surplombant la forêt, permettant de voir le fleuve, ainsi qu'une paroi rocheuse, en dessous et sur la droite, servant de nids à des perroquets multicolores. Il n'y en a pas beaucoup aujourd'hui, mais nous en voyons quelques-uns passer dans le ciel, et d'autres sur la paroi. Leur plumage est rouge vif, bleu et vert. Leur cri, en revanche, n'est pas très joli. Nous prenons quelques photos, en faisant attention à ne pas tomber. Une demi-heure plus tard, nous arrivons au campement, semblable à celui d'hier soir, sauf que la forêt est moins dense, et que la terre est un peu plus rouge, parfois même sableuse. Nos amis anglais nous quittent, comme convenu puisqu'ils avaient choisi de ne passer que 3 jours et 2 nuits. Ils prennent donc le bateau, comme nous le ferons demain. Nous, bien sûr, nous restons, et avons une journée en plus.

 

10h10, nous partons marcher avec Reynaldo. Il fait assez beau. Nous entendons un toucan, voyons des fourmis de feu (car elles piquent comme le feu pendant 5 minutes), dont les deux petits crochets sont bien visibles quand nous en observons une sur un bout de bois que nous tenons dans la main. Hier, en discutant avec notre guide, Fred lui avait fait part de sa petite déception de ne pas se sentir vraiment en danger (alors que la forêt est dangereuse), que nous soyons toujours sur des chemins existants, qu'il n'y ait pas beaucoup d'insectes étranges, bref, de faire des choses un peu trop touristiques et de ne pas voir le coeur de la forêt, comme on peut se l'imaginer en regardant les documentaires télévisuels. Ayant compris, Reynaldo lui avait dit que l'agence ne peut pas prendre trop de risques avec ses clients, mais qu'il changerait un peu le programme, "si cela reste entre nous". Le courant passe bien entre eux. Si nous revenons en Bolivie, et pourquoi pas avec quelques amis, il nous emmènera pour un séjour différent, sans passer par l'agence, attraper par exemple des serpents, comme il aimait le faire quand il était petit (c'est drôle, en fonction de leur environnement, les enfants vont chasser des choses différentes... des mygales au Cambodge, des serpents en Bolivie... et des crabes ou des sauterelles chez nous). Du coup, après une heure de marche, nous sortons du chemin, pour sortir de la forêt, et aller dans une sorte de "savane", pour aller chasser le boa. Reynaldo dégage légèrement, grâce à son long couteau, un chemin pour que nous puissions passer à travers les lianes, feuillages, ou branches piquantes. Il nous montre la plante de la vanille. Après 20 minutes, à le suivre de près dans ces endroits plus denses que ceux vus jusqu'ici, nous arrivons sur une grande plaine, composée d'herbes hautes (entre 1m et 2,5m de haut), dans lesquelles nous pénétrons. Le sol est humide, boueux par endroits. Un petit ruisseau coule sur cette terre rouge. Nous passons à côté d'une sorte de petit marais, en faisant attention où nous marchons, car nos chaussures ne sont pas loin de rester parfois presque coincées. Il fait chaud, et il n'y a à ce moment aucun nuage dans le ciel. Les herbes sont fines, mais hautes, et dépassent notre hauteur par moments. Cela change complètement d'univers, et ressemble un peu à la pampa. C'est dans ce genre d'endroits chauds et humides que les boas aiment traîner. Nous progressons, mais sommes obligés de rebrousser chemin à un moment, car le sol devient plus que boueux, et il nous faudrait des bottes pour continuer. Dommage. En revenant, et avant de re-pénétrer dans la forêt, Reynaldo nous montre comment chercher et où trouver des vers de terre, ou lombrics, qui nous serviront cet après-midi pour la pêche (c'est un meilleur appât que la viande, nous dit-il). Nous en trouvons quelques-uns, en retournant la terre, ou glaise, sur une dizaine de centimètres de profondeur. Nous les emballons dans une feuille large et pleine que nous trouvons juste à côté. Nous revenons sur nos pas, et retrouvons le chemin classique, et continuons, pour finalement retrouver le campement vers 12h30.


Nous déjeunons, toujours aussi bien grâce à Darwin, et passons le début d'après-midi au campement. Reynaldo fabrique avec son couteau de nouveaux supports pour son fil de pêche, et "polit" des bouts de bois qu'il façonne comme il faut. Fred s'empare de la machette à côté, et l'aide, bien qu'elle coupe peu. Le temps passe, tranquillement, bercé par les bruits de la forêt. Nous entendons à un moment le bruit d'un sanglier, qui ne doit pas être loin. A 15h15, après en avoir un peu marre, nous partons pêcher. Nous marchons un moment, avant d'atteindre le fleuve. Il fait chaud. Sur le chemin, nous recroisons des sangliers, mais cette fois-ci, d'après Reynaldo, entre 150 et 200. Nous nous approchons tout près. Il y en a partout. Et comme ce matin, Rey se met à imiter le jaguar, et ils détalent tous dans un bruit assez fort. Et pour s''amuser, nous leur courons après, en suivant notre guide, qui continue les cris. Des dizaines de cervidés passent devant nous, à 6 ou 7 mètres, c'est complètement fou. Et drôle de les voir réagir par instinct. Reynaldo est vraiment fort pour imiter les bruits de certains animaux. Arrivés au fleuve, pas de piranhas, car le courant est trop fort (même s'il n'y en a pas beaucoup pour un homme). Si nous attrapons quelque chose, nous le mangerons ce soir. Comme avant-hier, nous jetons nos hameçons, et attendons. La pêche n'est pas une activité qui passionne Audrey. Fred est torse nu, et se fait, sans le savoir, bouffer par les moustiques et les sand-flies. Il y aura ce soir une quarantaine de piqûres, qui, étrangement, ne le graterons pas tant que ça. Nous n'attrapons rien, sauf une tortue. Décidément. Surtout qu'Audrey ne l'avait pas sentie au bout du fil, et la ramène avec surprise quand nous décidons de faire autre chose. La pêche n'étant pas fructueuse, nous partons donc marcher. Dans les arbres, nous apercevons (après s'être immobilisés comme d'habitude quand Reynaldo entend/voit quelque chose) quelques singes, dont la queue est jaune et marron. Nous voyons aussi beaucoup de plantes et d'arbres utilisés à des fins médicinales, ainsi que de grandes feuilles utilisées pour cuire le poisson. Nous rentrons un peu après 17h, en passant par un endroit bien plus dégagé que d'habitude. Un toucan passe au dessus de nous, mais en le voyant un peu tard. Nous rammassons du bois (pas du petit bois, mais des troncs d'arbres secs, longs, et pas trop épais) pour faire du feu ce soir. Au camp, une boisson chaude et des bananes frites nous attendent.

 

Vers 19h, alors que la nuit est quasiment tombée, un groupe de 3 personnes, des français de 20 ans et un italien du même âge, arrivent, avec leur guide ("Jungle Man"). Nous dînons tous ensemble une demi-heure plus tard. Et à 20h30, nous partons faire une marche nocturne dans la forêt. Il fait un peu frais, et la "selva" n'est pas très bruyante. Nous reprenons une partie du chemin par lequel nous sommes rentrés un peu plus tôt, et tentons de ne pas faire de bruit. Tout est noir autour, à part le cercle lumineux créé par notre frontale. Cela fait bizarre. Audrey n'est pas rassurée. Malheureusement, il ne fait pas assez chaud pour que tout fourmille, ou que la forêt semble "vivante". Dommage. A la demande de Fred, nous cherchons des tarantules, et en trouvons deux ou trois sur les arbres, à demi-rentrées dans leur nid, sans pouvoir vraiment les voir dans toute leur splendeur, comme la première que nous avions vue. Nous nous arrêtons un peu plus loin dans un endroit dégagé, où nous nous asseyons, pour écouter les bruits de la jungle, comme ceux d'oiseaux au loin, ou d'animaux qui auraient pu venir et s'approcher (mammifères, reptiles, grenouilles étranges, ou autre...). Mais il fait froid, et l'expérience n'est pas aussi concluante qu'elle le pourrait. Le moment reste cependant agréable. Après une heure, nous rentrons. Nous avions préparé la moustiquaire et les duvets un peu plus tôt, et nous couchons, en rigolant avec Reynaldo, que nous surprenons, éclatant de rire, en faisant les cons tous ensemble. Buenas noches.

 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 3
  • #1

    Lolo (lundi, 19 août 2013 19:17)

    Vous avez vu des cervidés ou des sangliers?

  • #2

    Phil (lundi, 19 août 2013 19:49)

    En tout cas c'est la loose pour les piranhas !;-(
    Dommage mais je crois que tout ce qui a de grandes dents ne vous réussi pas trop;-)))))))

  • #3

    La Plume de Rosa (mercredi, 21 août 2013 08:07)

    la