J8 - Al dentro de la selva

La nuit a été bonne, et la forêt plutôt silencieuse. Nous prenons un petit déjeuner à 8h, et partons en bateau de l'autre côté de la rivère à 9h20, après avoir choisi l'option N°2, celle d'aller voir une famille du coin. La seule occasion, même si nous craignions le côté "attention, les touristes arrivent" et le côté un peu voyeuriste de ce genre de chose. La crainte d'un contact biaisé, qui ressemble à une visite de zoo. Mais bon, cela n'a pas l'air d'être trop la manière de faire de Machaquipe. Nous traversons donc le fleuve, et marchons une grosse heure, à travers de hautes herbes, de bananiers ou d'autres plantes, dans un petit chemin qui s'enfonce visiblement assez loin. Lorsque nous arrivons, il n'y a personne. La famille de quatre ou cinq personnes est absente. Tant pis. Reynaldo nous montre néanmoins la machine à presser la canne à sucre, dont le jus est revendu à Rurrenabaque, tout comme les quelques légumes qui sont cultivés ici. La machine est en bois, loin de celles que nous avions vues dans les rue des grandes villes indiennes, mais utilisant le même principe d'extraction. Celui-ci consiste à faire passer une branche de canne à sucre (pas trop vieille pour que le jus ne soit pas alcoolisé) entre deux gros rondins de bois, agissant comme pressoir, le jus tombant dans un petit plan légèrement incliné pour terminer sa course dans le seau placé sous la goutière. Pour faire tourner les rondins, une grande poutre, qu'il faut faire tourner comme un moulin, est attachée autour d'un axe central. Entièrement construite à la main, une telle machine vaut dans les 400 euros. A quelques mètres, seule une bache servant d'abri est attachée à quelques piliers en bois, et abrite un lit et une moustiquaire, ainsi qu'une ou deux autre chose. C'est très sommaire, et nous nous demandons comment une famille peut vivre ici, car il n'y a absolument rien. Nous nous éloignons légèrement, pour rejoindre un champs de cannes à sucre, et goûter des morceaux que "Rey" découpe, à manger comme un gros morceau de pomme (la consistance est presque la même, en étant plus filandreuse). Nos machoires agissent comme des pressoirs, et nous recrachons ce qu'il reste, à savoir des fibres claires et fines. C'est bon. Quand la canne est marron, vieille ou jaune, elle est massérée, et le jus s'alcoolise. Il en prend une pour nous montrer, et effectivement, le morceau qui était si bon juste avant a cette fois-ci une odeur de vin. Notre guide arrache quelques plants, et nous retournons vers la machine, pour la faire fonctionner nous même, et boire le jus récolté, même si l'eau du fleuve, pas très claire, a été utilisée pour nettoyer grossièrement les rouages. La couleur du jus, une fois filtré, est kaki, et pas très appétissante. C'est pourtant bon, et tant pis nous buvons un peu d'eau du fleuve en même temps. Soyons roots après tout, nous ne sommes pas à Singapour ou à Tokyo.

 

Nous repartons en sens inverse vers 11h20. Reynaldo nous montre un nouveau type d'arbre, appelé "escalier du diable" à cause de sa liane en forme d'escalier, puis nous parle du "1er bosquet", celui qui est innondé pendant la saison des pluies, lorsque le fleuve monte de plusieurs mètres, où la végétation disparait avant de repousser quand l'eau se retire, et du "2ième bosquet", celui qui n'est jamais atteint par l'eau. Il y a 4 ans, le Rio Beni a méchamment débordé et la ville de Rurrenabaque fut complètement innondée. Nous rentrons vers 12h30, et déjeunons. Avant de partir pour le campement de ce soir, sac à dos sur les épaules, qui sera bien plus rustique, Reynaldo nous montre, après lui avoir demandé, comment faire du feu sans allumettes ni briquets. Opération réussie, juste avec des bouts de bois. Nous libérons notre "chambre" pour un autre groupe arrivant, et partons à 15h30.


Pour ce deuxième jour, nous entrons plus profondément dans la forêt, en allant vers le nord-ouest, accompagné d'un cuisinier, Darwin, un peu bizarre (bien différent de Reynaldo, apparemment peu interessé par la forêt, et au comportement peu adapté à notre aventure). La forêt devient plus dense, mais sans jamais l'être autant que nous pensions. Le chemin est en effet établi, et il n'est pas question de créer le notre, ou de camper n'importe où, d'une part pour ne pas détruire la forêt (c'est vrai qu'avec le nombre de groupes successifs...), et d'autre part pour ne pas mettre en danger les touristes (l'agence raisonne sur un profil de touriste "moyen", sans tenir compte de l'expérience des uns ou des autres ou de leur goût plus ou moins prononcé pour l'aventure). Il ne fait pas trop chaud, ni très beau, ce qui est un peu dommange, car les animaux sortent moins quand il fait frais. Nous nous arrêtons subitement plusieurs fois, quand Reynaldo entend un bruit, et tentons de voir les singes ou oiseaux, comme les singes "cappucinos" (dû à leur couleur), les singes "quatre yeux" (deux vrais, et deux dessinés sur le front, pour leur donner une apparence plus hostile) ou les singes-araignées d'hier, très rapides, sautant d'arbres en arbres. Nous arrivons un peu après 18h30, dans un campement sommaire, composé d'une bache tendue pour servir de toit, et d'une autre, au dessus d'une longue table en bois, où nous buvons une boisson chaude. Nous installons dans la foulée, car la nuit tombe, le tapis de sol, pas très épais, la moustiquaire et notre sac de couchage. Une autre bache bleue est posée sur le sol, dégagé de toutes feuilles ou autre mousse, pour ne laisser que la terre jaune toute nue. Nous dînons 20 minutes plud tard, correctement, et restons à discuter éclairés à la bougie jusqu'à 21h45. Un bruit s'est fait entendre, comme un sifflement, au loin. Reynaldo nous dit que c'est un jaguar. Drôle de bruit pour un jaguar, mais après tout, que connaissons-nous de la jungle ? Nous allons nous coucher, tous allongés ensemble sous la bache, chacun sous sa moustiquaire. La terre sera un peu dure à notre goût, et la nuit plutôt fraîche, et par conséquent, silencieuse

 

 

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Commentaires: 3
  • #1

    Jérôme (dimanche, 18 août 2013 08:47)

    Vous avez bien retenu la technique pour faire le feu? Car nous on veut voir...

  • #2

    frederic (dimanche, 18 août 2013 10:22)

    vous vivez dangereusement.aprés les araignees peut sympathiques et l eau sucrée non filtrée les vaccins se révèlerons efficaces certainement.bisous

  • #3

    christiane (dimanche, 18 août 2013)

    belle bête la tarentule tu as bien fait de ne pas la mettre sur ton bras!