J6 - Going green

Ce matin, bonne nouvelle, Travel Nation nous a répondu, et c'est bon, nos vols sont décalés comme nous le souhaitions. Cela nous fera quelques jours en moins aux USA, mais ce n'est pas une grosse affaire. Quelle rapidité et efficacité. Ils sont top. Du coup, nous passons toute la matinée à organiser notre séjour dans la jungle. Car ça y est, nous avons décidé d'y aller depuis la Bolivie, et plus exactement la ville de Rurrenabaque, plus au nord du pays, celle d'où partent toutes les expéditions. Nous aurions pu y aller depuis le Pérou, et les villes d'Iquitos ou Puerto Maldonado, mais d'après ce que nous avons lu, c'est à partir d'ici que c'est le mieux. Bon, après, ca doit se ressembler, mais puisque nous avons le choix. Et nous devons partir aujourd'hui, pour pouvoir commencer l'expédition demain matin. Nous regardons du coup plus en détail les offres disponibles, allons sur les sites de Machaquipe et Fletcha Tour, deux agences recommandées par les membres de Voyage Forum, un site incontournable pour nous depuis que nous organisons notre voyage, et les joignons de nouveau par Internet pour en savoir plus, notamment sur l'offre 4j/3nuits de Machaquipe, et le prix. Nous pourrions aussi aller dans la Pampa, une sorte de marais géant où l'on se déplace en bateau pour voir des dauphins roses d'eau douce ou chercher des anacondas géants, mais nous préférons aller dans la jungle pour voir des insectes, des singes, et pêcher les piranahs. Nous lisons également les commentaires disponibles, regardons ce dont nous allons avoir besoin, et organisons tout ça. Pour tout vous dire, nous avons un peu peur, car notre imaginaire travaille. Allez dans la jungle amazonienne, ca veut dire pour nous faire face à de multiples dangers, des fourmis rouges aux essaims d'insectes volants en passant par des mille-pattes venimeux, rencontrer peut-être des serpents en s'accrochant à une liane pour s'amuser, déranger des animaux ou des insectes qui sont chez eux, ne pas pouvoir dormir à cause du concert bruyant de la nuit, marcher des heures par une chaleur infernale et humide au milieu d'une végétation dense... bref, on va pas dans La Beauce, et allons être dans un environnement que nous ne connaissons pas (sauf un peu avec la balade dans la forêt cambodgienne), très particulier, qui nous a toujours un peu effrayé, avec l'envie d'aller voir, sachant que l'occasion est unique en étant là, en Bolivie, et qu'il est si facile de l'organiser, de prendre un vol, et d'y être.

 

L'heure tourne, nous parvenons à échanger avec l'agence en question (on vous passe les détails et du temps que cela prend, entre la connexion difficile, exaspérante, et une erreur de date, attendre leur confirmation que nous sommes bien inscrits avant de pouvoir réserver notre vol...), et apprenons que nous ne pouvons réserver notre avion par internet, à cause du délai de 24h obligatoire. Il reste aussi notre sac à faire, sans vraiment savoir quoi prendre (sac de couchage par exemple). Devant partir cet après-midi, nous sommes du coup un peu speed, nerveux, et cela devient une course contre la montre. Après être sortis pour aller vérifier si nous pouvions prendre notre vol dans une agence, s'être pris la tête, avoir géré un certain nombre de petits détails dont il faut s'occuper, en fait, nous concluons que nous sommes fatigués, vu l'enchaînement des dernières longues journées, entre Uyuni, Potosi, les trajets inconfortables en bus, notre crêve qui n'est pas terminée, ne pas savoir où nous dormons chaque soir et de quoi le lendemain est fait, aviser en temps réel, les sacs à porter suite à la côte d'Audrey, le stress et la vigilance liés aux anecdotes entendues, racontées ou lues sur la sécurité en Amérique Latine, ou d'autres petites choses. On est la tête dans le guidon depuis trois jours, et le timing est serré. Ambiance tour du monde, quoi. A cela s'ajoute le retard sur le site, que nous ne souhaitons pas trop laisser s'accumuler (trop de boulot sinon), impliquant de rattraper tout ça à un moment, et de devoir prendre du temps pour écrire les cinq ou six articles de retard une fois rentrés, sans parler du "Best Of Chili" (35 jours de photos !), toujours pas fait (nous les faisons en cours de route, car cela prendra beaucoup trop de temps une fois rentrés en France, où nous aurons bien d'autre choses à faire...comme le "best of vidéos" de tous les pays !), que nous devons faire avant de partir pour le Pérou, afin de pouvoir le copier sur l'autre disque dur et le double-sauvegarder. Tout ça fait partie du voyage, à alterner entre les moments détendus et d'autres plus stress, moins organisés. Nous relativisons cependant après une demi-heure, en sachant que les coups de bourre valent le coup, que cela nous est déjà arrivé et fait partie d'un tel voyage, de nos exigences, et que, c'est sûr, nous trouverons toujours une solution pour faire les choses. Et tant pis si le site, les photos et les vidéos, ne seront mis à jour que dans 3 semaines. On n'espère pas que cela arrivera, mais après tout, ce ne sera pas une grosse affaire. Juste un peu plus de boulot.

 

Allez, 13h, nous repartons près de la grande place dans l'agence de tout-à-l'heure pour réserver notre billet pour cet après-midi, dans 3 heures exactement. Pendant que Fred va retirer de l'argent (difficilement, à cause de montants limités par retrait), car tout se paye en liquide, Audrey discute avec le jeune assis derrière le comptoir, et apprend par exemple qu'ici, on vit chez ses parents jusqu'au mariage. 13h30, nous retournons manger un bout au mexicain d'hier. Nous verrons bien où nous dormirons ce soir une fois sur place, à Rurrenabaque, aux portes de la forêt. Nous réfléchissons aussi au retour, dans quatre jours, et au fait de prendre ce jour là un bus, le 13, pour nous rendre directement à Copacabana (pas celle du Brésil) et Isla del Sol, notre prochaine destination, sur le lac Titicaca. Mais non, mieux vaudra dormir ce soir là ici, et partir le lendemain. Nous serons peut-être fatigués, et serons contents de ne pas encore enchaîner immédiatement avec autre chose, sans temps mort. Nous réservons du coup une nuit pour le 13 août. Manger nous permet de nous poser un peu. Et de retrouver des forces. Nous sommes excités. On réalise que nous partons dans quelques heures pour la jungle, la vraie. Que va-t-on voir ? Comment va-t-on se sentir ? La jungle est-elle différente du Cambodge ? Est-ce la vraie amazonie ? Une multitude de questions traversent notre esprit, avant ce départ pour ce nouvel inconnu.

 

A 16h30, l'avion décolle. 19 petites places, un couloir central et une rangée de sièges de chaque côté. Les portes du cockpit sont ouvertes. Un avion plus petit que celui pris au Népal. Et le vol de 35 minutes bien plus mouvementé. Nous quittons les montagnes, passons difficilement au dessus des nuages, nous cramponnons à nos accoudoirs plusieurs fois après quelques trous d'airs et rafales de vents, entendons une sirène sonner par intermittence dans le cockpit, ou des passagers pousser parfois un ou deux cris, puis repassons sous la couverture nuageuse, pour découvrir un tapis vert, qui apparaît et recouvre absolument tout, comme dans les films. La forêt paraît immense, et s'étend à perte de vue. Impressionnant, et si différent. L'avion atterit, puis rejoint la baraque servant de terminal en roulant sur une piste en terre. Un vol mouvementé, mais sûrement plus sûr que la "route de la Mort", aujourd'hui heureusement fermée que les touristes prenaient il y a quelques années pour rejoindre en bus Puerto Maldonado, au Pérou (voir check http://voyageforum.com/discussion/perou-bus-mort-entre-cuzco-puerto-maldonado-d1713653/ et http://voyageforum.com/...o;page=unread#unread pour des récits hauts en couleur). Une autre "route de la mort" existe ici, qu'il est possible d'emprunter à vélo, en étant au moins aux commandes de la vitesse et de la trajectoire. Quelque jours plus tard, nous apprendrons que, le surlendemain, un bus allant de La Paz à Rurrenabaque est tombé de la falaise et a fait une trentaine de morts. Chaud.

 

Rurrenabaque, nord de la Bolivie. 32°C, humidité importante. Souvenirs du Cambodge qui reviennent immédiatement. On se croirait projeter de nouveau là-bas. On s'attend à voir des visages asiatiques. Mêmes couleurs. Même végétation. Mêmes bananiers géants. Même atmosphère, où le village a essayé de se faire une place dans la végétation. Ca fait drôle. Nous réalisons que nous aimons ces ambiances, ce climat, et cette végétation foisonnante, immense, démesurée. Et c'est un plaisir que de retrouver des émotions et sensations d'il y a six mois, sans prévenir, tel un rappel de choses déjà vécues. Les Galapagos devraient être bien aussi, comme un rappel de la Polynésie aux plongées magnifiques (sans le décor toutefois). Nous rencontrons dans le minibus qui nous conduit en centre ville deux jeunes anglais, en couple, et deux hollandais. Nous allons tous au même hôtel, le Santa Ana, proposé par le chauffeur, et bien moins cher que celui que nous avions vagement en tête. Nous dormirons pour 3,5 euros par personne, avec salle de bain commune. Ca a du bon quand même les pays pas chers. Surtout en fin de voyage (bon, les Galapagos, ca va être l'opposé, mais bon). Et dire qu'en Australie, c'était le prix d'un yahourt au supermarché. Nous déposons nos affaires, et partons voir l'agence Machaquipe, avec qui nous règlons le paiement et les derniers détails. Ici aussi, c'est un enfer pour retirer de l'argent. Obliger d'effectuer 8 retraits pour retirer les 350 euros (à deux) que nous coûtent les 4 jours dans la jungle (guide, et nourriture compris). Les gens sont ici sympas. On se sent bien. Il fait toujours chaud et moite. De petites montagnes, entièrement tapissées de vert foncé, entourent une partie du village, où circulent comme en Asie de nombreuses motos et scooters. Le couple d'anglais arrive, et partira contre toutes attentes avec nous demain. Cool. Nous n'avons en revanche pas beaucoup d'explications sur les 4 jours que nous allons vivre. Nous comprenons que la première nuit sera dans des bâtiments en bois au milieu de la forêt, après 3 heures de bateau sur le fleuve, que nous nous enfoncerons un peu plus le lendemain, et dormirons cette fois à même le sol avec un tapis de protection et une moustiquaire, tout comme la nuit suivante. Nous effectuerons une boucle de 4 jours, qui commencera et se terminera en bateau, irons pêcher (piranahs ou autres poissons) si nous souhaitons, ferons une sortie de nuit dans la jungle (car c'est à ce moment que la vie explose), et rentrerons sur un radeau que nous construirons nous même. L'agence est certifiée éco-tourisme (mais que cela signifie-t-il réellement, en voyant tant d'autres indiquer aussi cette certification ?) et est tenue par une communauté indigène. Nous comprendrons cela dit en discutant les jours à venir qu'elle procède différemment des autres, que les lodges en bois de la première nuit sont à l'écart des autres agences, que tout est régit familialement, et que nous avons affaire à quelque chose de bien authentique et respectueux de la "selva" (la forêt). Nous comprenons aussi que nous allons devoir porter nos affaires, et qu'il va donc falloir enlever des choses que nous avons prises, et les laisser à l'agence dans notre sur-sac, pour prendre le moins possible. Nous rentrons du coup pour vider notre sac et faire du tri, une bière fraiche à la main. A vrai dire, une fois dans la chambre, nous hésitons entre celle qui nous paraissent nécéssaires et les autres (notamment l'ordinateur, que nous décidons finalement d'emporter), et avons du mal à faire notre choix, notamment à cause des vols dans les sacs déposés plusieurs jours dans ce type de séjour. Une fille rencontrée il y a deux semaines nous a raconté que les types avaient eu le temps de trouver le code du cadenas pendant les 3 jours où elle était partie dans la jungle. Vu sous cet angle, effectivement. L'agence nous a conseillé de laisser nos affaires chez eux plutôt qu'à l'hôtel. Nous suivrons demain leur conseil, estimant que leur risque de réputation en cas de vol est plus important que celui de l'hôtel où nous dormons. Il fait toujours très moite. Nous craignions que notre peau blanche bien tendre soit assailli par les moustiques et autres insectes volants. Ce sera bien le cas, mais pas forcément demain.

 

Nous terminons la journée en allant au Mosquito Bar, juste à côté, rejoindre les anglais et les hollandais qui nous avaient donné rendez-vous, pour manger un bout, profiter des cocktails à 2 euros et des Coronas à 1,5 euros, dans un décor boisé et végétal, qui ressemble d'après Audrey au restaurant de l'attraction "Pirates des Caraîbes" à Eurodisney. L'ambiance est bonne, et encore une fois, nous aimons ces endroits tropicaux et les lieux qui vont avec. L'impression d'être loin, autre part, à l'autre bout du monde.

 

 

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Commentaires: 2
  • #1

    christiane (samedi, 17 août 2013 18:59)

    j ai peur d avance pour vous dans cette jungle!faites attention a vous
    je supposequ il va falloir attendre quelques jours pour savoir

  • #2

    jean pinson (samedi, 17 août 2013 19:05)

    j ai pris connaissance du message que ta mère vient de t envoyer vous feriez preuve de prudence en prenant un fusil...pour vous défendre de tous dangers et surtout des insectes!