La nuit s'est globalement bien passée, malgré une ou deux frayeurs au début, et les ronflements de notre voisin de droite. Ca n'a pas été la nuit du siècle, mais on a pu dormir. Arrivée à La Paz avec presque une heure de retard. Contrairement aux compagnies de bus que nous avions prises au Chili, il n'y a pas de petit-déjeuner. En arrivant dans la capitale bolivienne, que nous surplombons avec les premiers rayons de soleil, et le ciel rose au niveau des crêtes des montagnes, nous sommes scotchés par l'allure de la cité : une ville nichée en plein coeur de la montagne, des milliers de maisons roses qui tapissent complètement les différents flancs autour de la "vallée", et donnent une allure de mégalopole qui ne serait pas plane, mais en trois dimensions. L'effet est saisissant, d'autant que le car arrive par l'autoroute du haut, et suit la route qui descend doucement en longeant un des versants, en pénetrant peu à peu dans la ville. On dirait qu'elle est accrochée aux parois d'une cuve. Nous sommes à 3650m. Il est 7h30.
Dans la gare routière, située en plein centre ville, nous prenons un taxi conventionné, comme le conseille le Lonely Planet, pour rejoindre notre auberge, Arthy's guesthouse, où nous avons
réservé une chambre hier sur Internet. Il y a pas mal d'agitation, de circulation, de bruit. Ca change du désert. 1 euro plus tard, nous arrivons à bon port, dans la rue Montes,
l'artère principale. Le gérant, Mauricio, nous donne notre chambre, et nous nous installons pour trier des photos et vidéos, puisqu'apparemment, internet fonctionne jusqu'à l'étage où
nous sommes (cela ne durera pas longtemps). Cela prend finalement plus de temps que prévu (faut dire qu'il y a un paquet de photos à trier et à sélectionner pour le site), mais la journée
ne fait que commencer. Nous descendons prendre un petit déjeuner, notamment pour nous connecter à la toile, en s'apercevant que le réseau est d'une lenteur incroyable. Ce n'est pas ici
que nous allons pouvoir télécharger des choses sur le site, c'est sûr. Nous réfléchissons aussi au programme des prochains jours, nous demandons si nous allons dans la jungle à partir
de la Bolivie, ou si nous attendons le Pérou, et envoyons un mail à l'agence à Londres pour demander de décaler de quelques jours nos prochains vols, par peur de ne pas avoir assez de
temps pour tout faire (notamment un séjour dans la jungle) avant notre vol pour rejoindre l'Equateur. Cela prend en tout quatre bonnes heures, sachant que notre
interlocutrice habituelle est en vacances, que nous essayons d'en trouver une autre parlant français sur leur site, parvenons à lui envoyer un mail (les temps de chargement sont
interminables), car normalement, nous devrions prendre l'avion dans 10 jours. Une petite douche dans la salle de bain commune, et nous voilà prêts pour aller nous balader et découvrir
la ville.
12h30, nous partons dans le centre, en direction d'un restaurant mexicain aperçu sur un prospectus du bureau de la guesthouse. Ici, la circulation est une grande pagaille, ça klaxonne, ça
éjecte de grosses fumées noires, de petits vans s'arrêtent partout pour prendre des gens au passage, les trottoirs sont remplis de vendeurs de lunettes, de bonbons, ou d'accessoires
inutiles, voire de DVDs ou de jeux vidéos piratés. Nous faisons attention à nos poches, mais contrairement à ce que nous craignions, nous ne nous sentons pas en danger. Nous arrivons
après cinq minutes sur une grande place, et passons devant l'église San Francisco, puis remontons une rue commerçante, plus étroite, très pentue, indiquée sur notre plan par Mauricio.
Les agences de voyage pour de courts séjours dans la jungle ou la pampa foisonnent, comme les boutiques d'artisanat, vendant vêtements colorés en laine, bonnets et autres souvenirs pour
touristes (dont certains, immanquables, vous feront bien rire... vous verrez quand nous rentrerons). De nombreux magasins de musique sont aussi présents, vendant guitares classiques et
Charangos, des sortes de guitare miniature à 5 double-cordes, au son très joli (quand on sait en jouer). Nous avons du mal à monter ces rues obliques, et l'altitude se fait sentir. Ici, ça
monte et ça descend sans arrêt. Nous traînons comme cela un petit bout de temps, et profitons de ces moments à flâner, qui changent des visites et des activités des derniers jours. Nous
trouvons notre restaurant mexicain, puis repartons à pieds dans une autre direction, vers un autre endroit de la ville, en repassant devant l'église de tout-à-l'heure. Tiens, deux
personnes déguisées en zèbre font la circulation. Marrant, et totalement inattendu. Les mêmes petites échoppes bordent les trottoirs. Certains ont installé une télé et diffusent des clips
locaux un peu kitsch. Fred cherche un magasin de guitares électriques indiqué par un commerçant, et nous empruntons une rue, toujours aussi pentue et animée, à la chaussée étroite et
pavée. Nous tombons sur la place Murillo, celle où se trouve entre autre le palais présidentiel. N'étant pas loin du Mirador Kili Kili, permettant de voir l'intégralité de la ville,
nous décidons de le rejoindre. Au moins, ce sera fait. La vue est soi-disant impressionnante, mais pour l'instant, c'est plus la montée qui l'est. Nous demandons notre chemin une ou deux
fois, et discutons avec un bolivien un peu agé quelques instants. Les environs sont un peu moins fréquentés, à part lorsque des écoliers sortent d'une porte qui est en fait une école de
musique. Là-haut, la vue est belle. Nous retrouvons l'impression de ce matin, et pouvons cette fois-ci prendre notre temps pour observer cette ville rose et dense, avec en arrière-plan
les montagnes couvertes de steppes, ou parfois, pour les points les plus hauts, de neige. Cela fait drôle de se dire que nous sommes à plus de 3500m, au milieu des sommets, et qu'ici
vivent 1,642 millions d'habitants, dans ce décor que nous n'avions pas imaginé. Sur notre gauche, nous apercevons le stade Hernando Siles, et entendons les supporters. Nous apercevons
aussi un grand nuage de poussière et de terre qui est en train de se rapprocher de là-bas, sortant d'une vallée pour se diriger vers la ville, qu'il a déjà partiellement rejoint. Il est
encore loin, mais vu ses proportions et le vent qui est en train de se lever, nous nous disons qu'il vaut mieux repartir et resdescendre. Nous accélérons donc pour aller nous protéger,
mais devons nous arrêter et trouver refuge dans une petite ruelle, en attendant que les rafales qui nous ont maintenant rejointes se calment. La lumière baisse un peu, il fait plus
froid, et la poussière et la terre envahissent les rues, nous obligeant à plisser les yeux. En fait, en regardant en bas vers le centre, c'est toute la ville qui est balayée par ce vent
infernal. En outre, les travaux dans la rue d'à côté n'aident pas. Un phénomène impressionant et inédit pour nous, car de telles tempêtes de sable/terre n'existent pas dans nos contrées. Au
bout d'un moment, nous tentons notre chance et resdecendons au pas de course vers la rue principale, dont le nom a changé dans cette partie de la ville. Il est 17h40 environ. Nous rentrons
à pieds à la guesthouse 20 minutes plus tard, passons du temps sur l'ordinateur, et choisissons où aller dîner.
A 20h30, nous attendons notre taxi pour aller dans un restaurant français, "Chez moustache", apparemment sympathique d'après Trip Advisor. Après avoir fait quelques recherches sur les hauts lieux gastronomiques de La Paz, nous avons hésité à aller chez Gustu, le nouveau restaurant de Claus Meyer, connu pour avoir ouvert le restaurant Noma - aujourd'hui classé Meilleur Restaurant du Monde - et qui vient de choisir La Paz pour son nouveau restaurant, expliquant qu'il était le seul à oser ouvrir un restaurant gastronomique en Bolivie et qu'il souhaitait ouvrir de nouvelles portes, mais nous n'avons pas été emballé par ce que nous avons lu, en ayant plus l'impression que le paquet cadeau l'emportait sur le contenu de l'asiette. Nous ne saurons jamais si nous avons perdu une occasion, mais avons aussi en tête notre budget, qui commence à prendre un peu plus d'importance alors que la fin de notre voyage se rapproche doucement, et qu'il reste encore un arrêt de deux mois qui va coûter un peu, aux Etats-Unis. En partant pour le restaurant, la montagne est remplie de points lumineux, qui sont autant d'habitations. L'effet de nuit est aussi joli que celui de jour. Nous mettons plus d'une demi-heure à arriver, car le taxi ne connaît pas la route, et semble avoir du mal à trouver. A 21h10, après que Fred se soit assuré que le restaurant soit bien ouvert et pas complet et qu'Audrey ait gardé le taxi au cas où nous devrions faire demi-tour, nous sommes accueillis par Frank, le chef, qui nous offre après une demi-minute un kir, et qui nous resservira pendant que nous parlerons et ferons connaissance, jusqu'à ce que la bouteille de blanc soit vide. Sympa. Lui a beaucoup voyagé, a vécu à San Francisco (il nous donne une ou deux adresses pour bien manger là-bas), et nous parle de la Bolivie, en répondant à nos questions sur Evo Morales (qui s'en met apparemment plein les poches) ou sur les problèmes récents suite au refus du gouvernement de laisser l'avion de Morales se poser en France. Nous rencontrerons après le repas, en prenant un café (offert par Franck, qui ajoutera avec notre accord un peu d'alcool pour le transformer en digestif), trois amis à lui travaillant à l'ambassade, nous expliquant que le gouvernement français a fait une "bourde", en se trompant d'avion, que ce fut une erreur humaine lourde de conséquences, que l'histoire de Snowden n'a été qu'un prétexte pour masquer cette "faute de débutants", et que Morales a surfé sur la vague et s'en est admirablement servi politiquement en Bolivie. Bref, le repas est agréable, façon bistrot français. Un bon moment, qui commence et se termine bien, à discuter avec des français expatriés et connaissant le pays, bon vivants, autour du bar de l'entrée. Nous avons commandé un taxi, et lui donnons 1 euro pour qu'il patiente le temps de prendre ce fameux digestif et terminer la discussion. Nous devons en effet partir, car notre guesthouse ferme les portes à minuit. Il est 23h20. Nous arrivons 30 minutes plus tard, et allons nous endormir, sans véritablement savoir ce que nous ferons demain. Espèrons que l'agence de Londres nous aura répondu, tout comme les quelques agences à qui nous avons écrit pour aller dans la jungle, depuis la ville de Rurrenabaque, qu'il faudra alors rejoindre en avion. Ciao.
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rosa la plume (mardi, 20 août 2013 06:32)
véo que ahora Fred habla muy bien espanol