J36 - Vallée de la mort et de la lune

Dernière excursion aujourd'hui, pour aller voir la Vallée de la Mort et celle de la Lune, où Fred est allé faire du sanbboard il y a quelques jours. Nous nous levons à 9h, comme les autres jours. La mine de cuivre nous a répondu, et elle nous informe que nous sommes sur une liste d'attente pour la visite que nous souhaitions faire jeudi. Ce sont les vacances d'hiver au Chili, et il y a du monde. C'est donc loin d'être acquis. Nous allons faire quelques courses chez "l'Inca", comme est appelé l'homme qui tient la petite échoppe juste à côté, passons du temps à discuter et utiliser l'ordinateur dans la cour ensoleillée de l'hostal, préparons une salade composée (avec d'excellents avocats, comme partout au Chili), puis allons porter du linge à laver à la laverie locale. Bref, rien de très excitant.

 

Nous rejoignons l'agence devant laquelle nous avons rendez-vous à 15h, glace à la main, et partons avec dix ou onze autres personnes vers la Vallée de la Mort. Pourquoi ce nom d'ailleurs ? Selon une première version, un jésuite belge est venu ici pour convertir l'église de San Pedro, et a découvert la vallée de la Lune, car le lieu ressemblait étrangement aux premières images de la Lune. Il a découvert une autre vallée, qu'il a souhaité appeler "Vallée de Mars (Valle de Marte)", qui s'est transformé (à cause de son accent ?) en "Valle de Muerte". Une deuxième version explique que l'endroit était un lieu sacré où les chamans de l'époque allaient mourir. Selon la troisième version, les troupeaux de bétail passaient par la cordillère, mais certains tombaient et mourraient régulièrement à cet endroit. Enfin, la quatrième version est plus simple : il ne pousse rien à cet endroit, et il n'y a aucune végétation. C'est vrai que nous sommes dans un endroit aride, mais loin d'être plat, puisque des formations de sel et de terre surgissent de terre, dans un ensemble totalement déstructuré. Le ciel est bleu, et la terre un peu rouge. Il fait chaud, et nous promenons dans l'endroit. Après quelques minutes, nous tombons sur une partie où le sol est craquelé, avec des fissures larges de quelques centimètres, façon désert ultra-sec. Nous nous approchons, et marchons sur ce dallage étrange. Contrairement à ce que nous pensions, le sol n'est pas si dur. C'est une sensation un peu molle, à la manière des pistes d'athlétisme en synthétique. Nous nous penchons, et nous rendons compte en touchant du doigt un coin que la terre est une sorte de glaise. Bizarre. Sûrement expliqué par une nappe d'eau souterraine. Nous continuons à nous balader, en discutant avec un couple de français. Fred rejoint un autre endroit craquelé, plus grand, qu'il avait aperçu l'autre fois, et tout-à-l'heure dans le petit bus. Manque de pot, contrairement à l'autre, le sol est ici beaucoup plus mou, et son pied s'enfonce complètement, jusqu'à la cheville. L'autre pied est aussi plein de glaise, mais dans une moindre mesure. Il retrouve le groupe en rigolant, et nettoie comme il peut ses chaussures avec les cailloux par terre, pour enlever l'épaisse couche de glaise qui a tout recouvert. Heureusement, une fois repartis, le prochain arrêt, pour payer l'entrée dans la vallée, lui permet de nettoyer complètement ses chaussures en utilisant le lavabo des toilettes, et de les mettre à sécher au soleil, pendant la visite du petit musée, qu'il effectue pieds nus. Ou comment réparer un accident assez cocace en une heure de temps. Un bon souvenir. Nous repartons, pour arriver dans cet endroit censé ressembler à un paysage lunaire, 12km plus loin. Le décor est assez différent des autres endroits où nous sommes allés depuis notre arrivée dans le nord du Chili. Le sel pétrifié craque partout sur la montagne, ressemble à du verre, et forme des colonnes et un dédale de chemins dans lesquels nous nous aventurons, en utilisant notre lampe frontale à certains moments (nous étions prévenus, et l'avons prise), et en devant parfois presque nous allonger pour passer. Le guide n'est pas terrible, et ne plait pas du tout à Audrey. La grotte de sel dans laquelle nous sommes est le résultat du climat particulier et de l'absence totale d'humidité. Nous repartons vers 16h45 après avoir grimpé et déambulé dans ce dédale, qui offre à un moment un joli point de vue sur la partie plane du désert.

 

Nous passons rapidement en voiture voir les "Tres Marias" (nom donné par le même jésuite que plus haut), trois blocs de sel en colonne, érodés par le temps et le vent, au milieu de presque rien, composés de graviers, glaise, sel et quartz, datant d'un millions d'années. Un arrêt photo sans grand intêret à vrai dire. Enfin, nous partons pour le dernier stop, une autre partie de la vallée de la Lune, pas très loin, pour observer le soleil se coucher sur un point de vue naturel que nous rejoignons à pieds, en montant sur une dune puis sur le versant d'une paroi rocheuse et salée. A côté, une autre dune émerge progressivement, très grande, sculptée par le vent, et donne envie de marcher sur son arrête, et de regarder le sable fin parfaitement lisse couler en se détachant par petits blocs. En haut, le point de vue est sympa, et permet de voir la chaine volcanique en arrière-plan, éclairée par les derniers rayons qui disparaissent derrière un autre versant. Tout, autour, est en effet bosselé, nivelé, irrégulier. Nous apercevons "l'amphithéâtre", une formation géologique ressemblant effectivement à cela, et rencontrons un couple belge qui nous parle d'une agence tenue par un français pour visiter une partie de la Bolivie. En fait, la majorité de ce que nous souhaitons voir là-bas est situé entre San Pedro et la ville d'Uyuni. Nous discutons aussi avec un américain parlant 5 langues, dont le japonais et le russe. Nous repartons peu avant 19h, en prenant au passage deux personnes tombées en panne dans le désert.

 

De retour à San Pedro, nous retournons dans un restaurant dans lequel nous étions déjà allés, pour reprendre une "parilla" de viandes, délicieuse. Nous repensons à l'excursion d'aujourd'hui, que nous avons trouvée moins interessante que les autres, et à ceux avec qui nous aimerions vivre ces instants, et avoir avec nous dans nos bagages. Nous décidons de rallonger notre séjour ici d'au moins une journée supplémentaire, et de partir après-demain, afin d'avoir le temps de préparer un peu la Bolivie (et de nous décider sur comment y aller, soit par nous-même, soit par une agence au départ d'ici, comme tant de gens font) et de terminer des tâches administratives ou annexes, qui font partie d'un voyage au long cours.

 

De retour à l'auberge, à 21h30, nous discutons autour du feu avec d'autres voyageurs, ou encore avec le physicien de l'autre fois de son domaine de compétence, de la recherche en France, de son financement, de l'Iter, et de physique théorique. Génial.

 

 

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