J34 - Geysers Del Tatio

Se lever à 3h30 est finalement plus facile que nous ne le pensions. Question de cycle sûrement, et de chance. Allez savoir. L'excursion est matinale, car l'idée est d'aller voir des geysers en altitude, dont l'effet est accentué par le froid. Il vaut donc mieux y aller au petit matin, quand les rayons du soleil sont encore masqués par les crêtes tout autour, et avant que la température ne monte. On nous a d'ailleurs conseillé de bien nous couvrir, car les températures peuvent descendre la nuit, et surtout aux heures les plus froides que sont 4 et 5h, vers -15°. Cool, on va peut-être battre notre record. En fait, non. Il fait froid, mais pas moins de -3°C. Bien couverts, c'est donc supportable. Deux autres personnes se lèvent au même moment, pour la même excursion, mais avec un groupe différent. Nous attendons tous les quatre devant la porte d'entrée de la guesthouse totalement silencieuse que le minibus arrive, à 4h20. 

 

Dans la nuit, direction les Geysers del Tatio ("Geyser du vieux qui pleure"), à 100km au nord, et 4320m d'altitude, dans le parc des geysers Tatio Mallku (Mallku = Grand père). Nous nous demandons si prendre 2000m en 1h40 ne va pas être gênant, mais non, tout ira bien. C'est haut mais ce n'est pas encore très haut, quoique la barrière des 4000 marque toujours une étape. En montant dans le bus, nous retrouvons notre guide d'avant-hier, Joost, avec surprise et plaisir. L'endroit où nous allons est le 3ième campement de geysers au monde par sa taille, après Yellowstone et un autre en Russie. C'est en revanche le plus élevé de la planète. Nous allons découvrir, une fois être arrivés et avoir pris le petit-déjeuner organisé sur une table de fortune posée devant le minibus aux premières lueurs (et avoir somnolé pendant tout le trajet, où seuls les feux éclairaient la piste), que ce que l'on entend par geysers, ce sont des champs géothermiques. Du coup, contrairement à ce que nous avions en tête, ce sont plus des fumerolles et de l'eau en train de bouillir à même le sol que nous allons voir, plutôt que de grandes gerbes d'eau s'élevant dans le ciel à plusieurs mètres de haut. Les convulsions aqueuses créées par l'effet du magma chauffant des nappes souterraines (nous sommes en plein dans une zone volcanique) font parfois monter l'eau d'un mètre, mais pas plus, et par intermittence. En revanche, de la fumée (de la vapeur d'eau) s'élève de plusieurs endroits, telles de grandes cheminées. Nous retrouvons ce que nous avions vu en Nouvelle-Zélande, dans des proportions plus importantes (il y en a moins, mais c'est plus impressionnant ici). Il y a pas mal de monde, mais ce n'est pas plus gênant que ça. Il ne fait pas chaud, mais le petit-déjeuner a fait du bien. Devant nous, 40 "geysers", 60 sources, et 70 fumerolles occupent 3km².

 

Nous nous promenons dans le parc, passons d'une "soupe" (eaux bouillonantes) à l'autre, mais ne voyons pas toujours bien à cause de la vapeur, qui masque la base de la mare d'eau chaude, dont la température atteint généralement 85°C. Nous arrivons ensuite à la "piscine", une étendue d'eau chaude, réchauffée de la même manière par les sources souterraines, dans laquelle il est possible de se baigner, comme bien des gens le font. Des thermes naturelles en somme, au milieu de la nature, entourées par les versants en pente douce des quelques sommets du coin. Nous hésitons à y aller, faisons nos timides, sans vraiment savoir pourquoi (nous n'avons pas plus envie d'y aller que ça en fait, et Audrey hésite à cause de son bandage), et repensons au Japon, où nous n'avions pas pu trouver des "onsens" naturels et convenables. En y réflechissant, c'en est un beau que nous avons en face de nous. Et l'eau est chaude. Allez, à 8h20, 10 minutes avant de devoir repartir, nous y allons. Notre revanche sur les onsens japonais. Il est facile de rentrer dans l'eau, et nous laissons guider naturellement par la source chaude, dont nous nous rapprochons, pour atteindre les 30°C. Joost est là pour prendre une ou deux photos de nous. En quittant la proximité de la source, l'eau est finalement plus froide, et nous depêchons de nous sécher une fois sortis. Les rayons sont là pour nous réchauffer, mais il ne fait pas plus de 13 ou 14°C. L'ensemble de notre groupe repart quelques minutes après. Le minibus fait un arrêt pour que tout le monde paye le droit d'entrée (oui, en sortant, paradoxallement). Nous bluffons gentiment en disant que nous sommes étudiants, pour payer moins de la moitié du prix. Il fait très beau, et nous roulons pour découvrir la suite du programme, en parcourant la zone, entre les petites plaines couvertes de vert ou de jaune, et les sommets recouverts partiellement de neige. Nous nous dirigeons vers le point de vue de Vado Putana ("vado" = endroit d'où vient l'eau), où il est possible de voir le volcan Putana, l'un de cinq volcans actifs de la région. Tout autour, il est possible d'apercevoir des "vicugnas" (prononcer "vicougnas" des vigognes), ou sortes de lamas, ou des "viscatchas", des lièvres avec une queue d'écureil. Nous verrons les premiers, mais pas les seconds. Arrivés au point de vue, très joli, nous demandons pourquoi il y a ici des lagunes, ou quelques plans d'eau, alors que la région est désertique. C'est parce que soit une rivière est bloquée par la cordillère ou un ensemble de monts, soit parce qu'une rivière souterraine coule par endroits. Face à nous, une sorte de marais se trouve là : c'est le rio Putana, dont la traduction est "marais d'altitude". La végétation est particulière, avec une mousse qui se développe en tapis.

 

A 9h35, après être repartis, nous faisons un nouvel arrêt, et apercevons des "guallata", des oies vivant en couple. Si le mâle meurt, la femelle se laisse mourrir de faim. Quelle dévotion. C'est beau. Un volcan fume gentiment dans les environs. C'est le Lascar (en fait, non, c'est le Putana). Nous continuons, dans un décor plus désertique que tout-à-l'heure, à passer à côté des grands canaux formés par les écoulements fluviaux millénaires, et arrivons dans un petit village colonial, Machuca. Un village typique et différent, au milieu de rien et composé de deux rues, et d'une église, avec un vrai air d'Amérique du Sud, planté dans ce décor particulier, mais aussi un peu (beaucoup) touristique. Un sentiment mitigé, partagé entre l'authenticité et son opposé. Nous goûtons quand même un "anticucho de lama", ou brochette de lama, que nous aimons beaucoup. On en reprendrait bien, mais le type n'est pas très sympa, même avec notre guide. Bien qu'il soit moins de 10h du matin, cela nous ouvre l'appétit. Nous allons du coup prendre une empenada de fromage de chèvre, pas mal, mais qui serait incroyablement délicieuse si nous avions la liberté de mettre plein de choses dedans (on pense notamment à de la viande hachée et la salsa qui est servie au restaurant ici dès que vous vous asseyez à une table...). Nous allons faire un tour à l'église du village, en étant légèrement essouflés en montant la petite côte (nous sommes encore à 4000m). La patronne du village est Notre Dame de Guadaluppe. Selon la légende, un garçon aurait eu une apparition dans une grotte, en aurait parlé à ses parents, qui seraient retournés sur les lieux et auraient trouvé une médaille de Notre Dame de Guadaluppe. Plus tard, certains diront que la médaille provenait d'un soldat espagnol qui l'aurait laissée là. Dans ce village, les maisons ont toutes une croix sur le toit pour les protéger du soufre, très présent dans la région, et qu'ils associent au diable. Nous repartons une heure après être arrivés.

 

Sur le chemin du retour, nous redescendons vers la plaine de sel, que nous distinguons au loin, dans un décor de western, ressemblant à une mer de nuages, ou un lac encerclé de volcans. Elle est toujours aussi impressionnante. La voir en face et d'un peu plus haut permet de se rendre compte de la superficie qu'elle occupe, en tous cas de celle que nous avons devant nos yeux. La terre qui défile est beige, sèche, avec quelques touffes d'herbes, et des cactus géants (3 à 4m de haut), ne poussant que d'un centimètre par an, à côté desquels nous ne nous arrêtons malheureusement pas, alors que nous ne sommes pourtant pas en retard. Nous nous arrêtons quelques instants autre part, moteur éteint, au milieu de la route, au bas d'une petite côte, et observons la voiture avancer et monter toute seule la pente. Bizarre, tout comme cette pente du sud de la France ("la curiosité de Lauriole"), où le même phénomène peut être observé. Les boussoles de trois Iphone indiquent une direction différente, et semblent un peu perdues. Nous arrivons à San Pedro à 11h50.


Après s'être changés, car il fait chaud à cette heure-ci, et nous portons encore une couche thermique, nous allons réserver notre soirée pour aller observer les étoiles avec un astronome demain soir (ça devrait être sympa), puis déjeunons sur la place du village, qui s'appelle bien sûr...Plaza del Armas. Nous passons l'après-midi tranquillement à la guesthouse, écrivons un peu, faisons deux ou trois choses, discutons avec Marie, la gérante, et quelques autres personnes, en tee-shirt, au soleil dans le jardin de l'auberge, puis en rajoutant un pull en fin d'après-midi dès que le soleil descend. Nous faisons aussi une sieste d'une heure, un peu fatigués par le lever de ce matin. Nous discutons avec deux étudiantes françaises de Santiago, et allons chercher une pizza que nous ramenons à la guesthouse pour continuer d'échanger, avec elles ou une quinquagénaire ayant pas mal voyagé (mais qui ne connait pas le Japon). Nous allons nous coucher de bonne heure, vers 23h, afin de récupérer un peu. D'autant que, demain matin, re-bellote, un minibus vient nous chercher à 6h pour une nouvelle excursion prometteuse.

 

 

 

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Commentaires: 3
  • #1

    La Plume de Rosa (vendredi, 02 août 2013 08:08)

    à

  • #2

    François P. (vendredi, 02 août 2013 10:39)

    Un "lascar fume gentiment dans les environs"... T'aurais pu voir ça à Montreuil tu sais...

  • #3

    François P. (vendredi, 02 août 2013 10:48)

    Un petit message quand même sur les cotes qui descendent. Il faut savoir que ce sont des illusions d'optique, qui, si elles restent amusantes ne doivent pas être prétexte à entretenir la crédulité. Plutôt que de sortir les I-phones dont la boussole semblait perdue, un simple niveau aurait résolu l'affaire...