Le bus pour retourner à El Calafate part à 8h ce matin, et de la guesthouse, par chance. Cela nous évite donc de devoir transporter nos sacs sur le kilomètre nous séparant de la gare routière, et de dormir un peu plus tard par la même occasion. Nous sommes néanmoins les premiers levés. En bas, nous sommes par conséquent seuls dans la grande salle à prendre notre petit déjeuner. Même la reception est fermée. Avant de partir, nous tentons de régler les nuits passées ici, mais la machine pour la carte bleue ne fonctionne pas, et nous n'avons pas de liquide. Du coup, la personne de la guesthouse s'arrange avec le chauffeur du bus, en train de prendre un café avec lui avant de décoller, que nous paierons à El Calafate. La confiance règne. Les choses ne se seraient pas passées comme cela partout. Nous rentrons dans le car, bien plus grand que le mini-van pris lors de notre arrivée, et partons à 8h pile. Il fait nuit une bonne partie du trajet, jusqu'à 9h passé, et somnolons un peu. Assis juste à côté du chauffeur, pour voir le paysage, une musique nous surprend. Au milieu des terres de Patagonie, en laissant le Fitz Roy derrière nous, le chauffeur monte le volume sur le son "voyage voyage" de Desireless. Ca tombe bien, voyager, c'est ce que nous faisons. Scène un peu surréaliste. Nous faisons une pause au même endroit qu'à l'aller, dans ce petit hôtel ayant servi de couverture à Butch Cassidy, repartons, et arrivons à El Calafate vers 11h. Le chauffeur n'a pas arrêté de boire son maté tout du long, le faisant passer à un couple d'argentins discutant avec lui.
De retour dans la ville de départ pour le Perito Moreno, impossible de retirer de l'argent. Les quatre ATM que nous essayons ne prennent pas notre carte, ou nous limitent dans la somme que nous
pouvons obtenir. Mince. C'est que nous devons régler notre chambre. Heureusement, le chauffeur est là jusqu'à 17h, et notre car pour Bariloche part à 16h. Nous allons et venons dans la
rue principale, re-essayons les distributeurs de tout-à-l'heure, sans succès. Il fait froid, l'eau est gelée dans le caniveau, mais il fait très beau. Sans savoir comment nous allons
faire, nous nous arrêtons pour manger une (énorme) pizza dans un restaurant ayant une connexion wifi, que nous finissons par trouver. Heureusement, nous avons pu laisser nos sacs dans
le bureau de la compagnie de bus. Nous vérifions nos comptes principaux, pour nous assurer d'avoir assez de fond, et regardons aussi le prix des billets d'avion, pour voir s'il n'est pas
possible d'éviter toutes ces heures de bus à venir. Mais non, même après être passés à l'agence en face et avoir essayé toutes les combinaisons possibles de vols (en ayant même imaginé
passer par Buenos Aires pour rejoindre Santiago). La personne nous précise que l'avion est extrèmement cher en Argentine, surtout pour les étrangers. En effet, le prix du billet
avoisine les 400 euros, avec une escale dans la capitale du pays de 8 heures. Tant pis, nous prendrons le bus, et serons après tout demain soir à Bariloche, pour 130 euros par personne.
Et à vrai dire, nous sommes un peu excités par cette nouvelle expérience, et ce côté routard/aventure. c'est vraiment sympa de vivre tout un tas de choses si différentes. Et même si
cela s'avère pénible, nous l'aurons fait.
En fait, cela ne va pas l'être du tout. A 15h20, nous nous rendons à la gare routière, retrouvons le chauffeur de ce matin, et lui expliquons (en cherchant parfois un ou deux mots dans le dictionnaire de l'Iphone !) que nous n'avons pas réussi à obtenir de cash. Nous lui demandons s'il est possible de régler la somme avec la carte bleue via l'agence de bus pour laquelle il travaille, ou de faire un virement (en espèrant ne pas le faire pour éviter les frais bancaires liés aux virements internationnaux). Finalement, et sans gros problème, la première option l'emporte, et nous payons par carte bleue. Au Chili, les choses sont en général assez simples, et cela fait un bien fou. Voilà encore une transaction qui n'aurait pu arriver dans bien des endroits. A 16h, nos sacs dans la soute, le bus démarre. Bariloche est la dernière destination. Nous avons une place à l'étage, au deuxième rang. Les personnes devant nous ont une superbe vue, juste en face du grand pare-brise. Nous empruntons la route traversant la Patagonie vers l'Est, et apprécions les paysages qui défilent, avec un grand lac dans le fond, et quelques montagnes dispersées, dans un ensemble de couleurs beiges et pâles. La nuit tombe petit à petit. A 19h30, nous roulons sur une quatre voies, et arrivons à Rio Gallegos. Le premier stop pour le chauffeur. Toutes les quatre heures environ, le bus va en effet s'arrêter, comme la loi l'oblige. Nous restons une heure dans cette petite gare routière, où bien des gens attendent leur car, en partance pour une demi-douzaine de destinations différentes. Notre bus part après dix minutes, et nous fait douter de ce que nous avons compris juste avant, à savoir qu'il revient un peu plus tard, après être allé chercher les plateaux repas qui vont nous être servis. En fait, nous avions bien compris. Nous nous en assurons auprès d'une personne voyageant dans le même bus que nous, et qui attend aussi au milieu de tout le monde. L'ambiance nous rappelle un peu l'Inde, c'est drôle. A côté, un supermarché Carrefour nous surprend par sa présence, et nous ramène un instant en France. Le bus revient, et nous repartons, installés dans nos sièges très confortables, que nous pouvons abaisser pour nous retrouver dans une position presque allongée. En gros, c'est le même niveau de confort qu'en Business Class en avion. Une personne distribue à tout le monde une couverture et un oreiller, tire les rideaux de chaque vitre, après avoir distribué un petit plateau repas tout-à-fait correct. Un peu après, les lumières s'éteignent, les quelques écrans plats au plafond s'abaissent, et le film "2012" démarre, en version anglaise sous-titrée en espagnol. Nous branchons nos écouteurs, abaissons notre siège, et profitons du moment jusqu'à minuit, heure du générique de fin. Nous parvenons à trouver le sommeil (personne ne ronfle, une chance dans les trajets en bus), et passons une nuit plutôt correcte (même si nous nous réveillons plusieurs fois à cause de la musique qu'écoute le chauffeur, de la fumée de sa cigarette, ou de la pause un peu bruyante au milieu de la nuit).
A 9h30, Audrey se réveille. Le soleil est levé. Il y a beaucoup de vent. Nous roulons sur une longue ligne droite à deux voies, pas très large (la RN26), teintée de blanc à cause du givre. Un plateau sucré accompagné d'un thé ou d'un café est servi. Quand le bus croise un camion, ça secoue pas mal, car nous passons tout près. Cela fait même parfois un peu peur. Quand il n'y a personne en face, donc assez souvent, nous roulons au milieu, à allure modérée, respectant la limitation de vitesse fixée à 60km/h. Au loin se profilent quelques montagnes pas très hautes avec un peu de neige. Au bout d'un moment, les routes commencent à secouer, à cause de trous dans la chaussée. Certaines parties ont été regoudronnées, mais seulement à ces endroits, créant au passage des différences de niveaux qui se font sentir. Nous roulons en direction d'une ville inconnue appelée Sarmiento. A ce moment (mais ne nous rappelant plus pourquoi au moment où nous écrivons l'article), nous nous disons que nous sommes encore dans une région avec de vrais paysages de cartes postales. Cela fait 17h que nous sommes dans ce bus. Et cela passe finalement assez vite. 11h40. Nous profitons du temps disponible pour écrire un article sur l'ordinateur. 13h20, nouvelle pause, dans une ville à la chaussée complètement gelée, sans savoir où nous sommes. Au départ, un nouveau film est diffusé, pendant que l'on nous sert un nouveau plateau repas : "Anges et Demons". 16h15, un deuxième film commence. Nous préférons revenir sur les jours précédents et faire un récap qui nous servira un peu plus tard. A 18h15, nous arrivons à El Bolson, une ville dont personne n'a jamais entendu parler. Il ne reste que deux heures de trajet. Elles sont un peu longues, surtout dans la nuit, qui tombe assez vite. Nous arrivons à 20h, après 2300km, au lieu des 1400 si la Ruta 40 avait été ouverte.
Sacs récupérés, nous quittons la gare routière, en demandant le chemin vers le centre ville. C'est assez loin. Bariloche est en effet une station de sports d'hiver assez prisée, et la plus grande d'Amérique du Sud. Dans un soucis d'économies et d'aventures, nous marchons à pieds, même dans ce froid sec, après avoir loupé le bus collectif qui nous aurait fait gagner 30 minutes. C'est que nous n'avons pas d'endroit où dormir ce soir, et que bien des choses sont complètes en ce moment. Nous partons donc à la recherche d'une guesthouse, et en trouvons une sur le chemin. Pas très séduisante, assez loin de tout, n'ayant que des dortoirs à disposition. Le brésilien à l'accueil barragouine quelques phrases en français (et se débrouille bien), tout content de les ressortir. Les étrangers aiment bien parler français en général. Cela fait toujours plaisir. Nous préférons continuer à marcher vers le centre, même si Audrey hésite à rester. Les sacs sont un peu lourds à vrai dire. Nous arrivons finalement dans l'une des trois rues principales, en pente (dans le mauvais sens pour nous !), mais ne trouvons pas d'auberges, seulement des hôtels. Nous repartons, continuons, et ne trouvons toujours rien. Nous suivons les conseils d'un hôtelier, montons l'escalier public pour arriver sur une autre rue, mais sommes toujours bredouilles. Ce que nous voyons de la ville n'est pas terrible en outre. Cela commence à durer. Après avoir erré et obtenu un nouveau conseil, nous décidons de nous séparer. Audrey va rester là pour garder les sacs, pendant que Fred va monter les quatre ou cinq rues pour aller voir l'endroit en question, perdu dans une rue déserte. Là-bas, quelqu'un lui ouvre. Seules deux places dans un dortoir de six personnes sont disponibles, et que pour cette nuit. C'est déjà ça, mais bon. Expliquant la situation, Fred réussit à obtenir une autre adresse, celle d'une amie du propriétaire, qui passe un coup de fil sans y croire. Coup de chance, car tout est booké partout, une chambre double est disponible, pour un peu plus cher que prévue néanmoins. Allez, c'est ok. Fred, pressé (Audrey est seule à l'attendre depuis dejà 20 minutes), se fait expliquer l'adresse, mais la personne en face n'est pas très rapide. Le moment est un peu pénible, car en plus, la guesthouse en question ("La Barraca") ferme dans 10 minutes. C'est un peu le stress, car le temps d'aller rechercher Audrey, de lui laisser le choix par rapport aux deux options, et d'aller à l'autre adresse à pied, sacs sur le dos, pas toute proche, nous risquons de passer à côté et de devoir revenir ici. Bref, un vrai périple, d'autant que l'espagnol de Fred est limité. Allez, il repart, et retrouve Audrey, très inquiète, et qui en a marre. Pas trop le temps de tergiverser, il faut décider. Il ne reste que quelques minutes pour arriver à La Barraca, où nous choisissons d'aller. Nous mettons 15 minutes pour y arriver, en marchant aussi vite que possible malgré nos 23 kg chacun. Sur le chemin, fatigue et tension obligent, Audrey en a marre, et craque un peu, souhaitant arriver quelque part et se poser. Voilà en effet deux heures que nous sommes arrivés dans la ville et avons débuté nos recherches. On passe les détails. Bref, nous arrivons finalement à destination, après encore une montée pénible, en sueur sous notre coupe-vent et nos polaires, et trouvons une fille très aimable nous ouvrant la porte. Ouf, ce n'est pas fermé malgré ce que Fred avait compris (rares sont les guesthouses ne répondant plus après une certaine heure.... même en Inde, nous pouvions réveiller des hommes dormant sur un matelas par terre devant la réception dans la nuit). Ces efforts valaient le coup, car l'endroit est très agréable, dans un style "chalet de montagne", avec une grande pièce en bois clair, une cheminée, et une chambre confortable et douillette. Le top. Le truc qui fait plaisir. Les moments qui viennent de s'écouler resteront dans notre mémoire, mais c'est désormais du passé, et nous sommes maintenant là dans cet endroit chaleureux. En gros, nous ne pouvions espérer mieux. Nous qui souhaitons passer un ou deux jours dans cette ville pour aller faire du ski (nos amis espagnols revus à Torres del Paine en avaient fait facilement il y a deux semaines), nous voilà au bon endroit pour passer un petit séjour hivernal. Il est 22h10. Nous prenons une douche, et ressortons pour aller manger un bout et nous remettre de ces émotions. La rue dans laquelle nous arrivons après avoir marché quelques minutes est animée. Les restaurants sont tous ouverts. Dans la plupart, des fondues sont servies. Miam (nous apprendrons qu'elles sont décevantes pour les personnes de nationalité francaise, mais pour l'instant, on se fait des films). A 23h, nous entrons dans un restaurant et commandons une "parilla" de viande (un assortiment assez généreux), des frites, une petite bouteille de vin (du Malbec, le cépage star en Argentine), et prenons une coupe d'Espumante (un vin blanc pétillant, genre crémant... à 3 euros la coupe !). De quoi redonner des forces au corps et à la tête. Objectif atteint. D'autres personnes continuent d'arriver dans le restaurant, bien qu'il soit pourtant tard. C'est normal ici, d'autant qu'aujourd'hui, nous apprenons que c'est "le jour des amis", et que tout le monde est dehors. Nous avons bien fait de sortir dîner. Nous rentrons, en ayant oublié la galère de tout-à-l'heure, et pensons à demain, où nous serons peut-être sur les pistes.
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CHRISTIANE (vendredi, 26 juillet 2013 19:44)
tu as raison audrey rouspète un peu!!
ce que l amour peut faire faire quant meme!!!!
vous ètes vraiment de vrais aventuriers!
Sof (vendredi, 26 juillet 2013 23:17)
Vous challengez bcp vos corps et vos tetes après la douceur des îles... Prenez soin de vous et de l'autre! :)
Mika et Sofia (samedi, 27 juillet 2013 05:59)
Ehhh Ben dis donc.. Vous avez vraiment fais une mission... Ça faisait un pti moment que nous avions pas suivi vos aventures a cause du boulot et de l'appart..mais le retard est rattrapé loool.. J'espère que ça va pour vous .. J'ai hâte qu'on se revoient et qu'on puisse échanger et partager avec vous vos souvenir..
Sofia est très contente que vous ayez apprécié son pays d'origine... Bisous a vous les loulous
CHRISTIANE (samedi, 27 juillet 2013 11:38)
ça a du bardé un peu! sof a raison poupougniez vous un peu soigniez vous un peu calinez vous
un peu bref!soyez un peu paresseux pour une fois!parole d une ancètre!
La Plume de Rosa (lundi, 29 juillet 2013 08:49)
en
PS: coucou ChriChri