J10 - Terre de feu

Température de l'air : 4°C

Température de l'eau : 4°C

Moment fort de la journée : voir les manchots royaux à quelques mètres de nous


Réveil avant l'aube, à 6h45, pour être prêts à 7h30, heure à laquelle le mini-bus passe devant la guesthouse pour venir nous chercher. Il fait froid, mais heureusement, nous ne partons pas le ventre vide, car Alejandro nous a servi un petit déjeuner copieux (et compris dans le prix).

 

Nous sommes un groupe de huit personnes, dont un couple de français, que nous avions rencontré - tenez vous bien - à Bora Bora, là où nous logions. Même si nous ne leur avions pas beaucoup parlé, c'est quand même trop drôle de se retrouver là aujourd'hui après s'être vu à des milliers de kilomètres il y a un mois. Il fait encore nuit quand nous partons tous vers le nord-est, pour faire un long détour vers la partie la plus étroite du détroit de Magellan, où nous prendrons un bateau un gros quart d'heure pour continuer la route en Terre de feu, rejoindre Porvenir (où nous aurions dû directement arriver depuis Punta Arenas si le ferry avait fonctionné aujourd'hui), et continuer vers le sud, pour être au milieu de cette grande île et voir les manchots rois. Il faut déjà 3 heures pour rejoindre le bateau. Nous avons donc le temps de regarder par la fenêtre le ciel s'éclairer progressivement, faisant rougir le nuage d'altitude au dessus de nous - dont la couche inférieure passe d'un bleu/gris à un rouge vif avant de retrouver sa couleur originelle quand le soleil fait son entrée. Quelle introduction. Nous passons à côté des restes d'un bateau à voile du 17 ième dont seule la silouhette se détache en contre jour. Ensuite, sur des dizaines de kilomètres, nous regardons le sol désert et froid de la Patagonie du Sud défiler. Nous prenons à droite, pour quitter la route goudronnée sur laquelle nous sommes depuis le départ, pour prendre une piste en terre et graviers, nous emmenant jusqu'au navire sur lequel nous allons mettre le mini-bus, pour franchir tout-à-l'heure le détroit de Magellan : la "Ruta del fin del mundo", qui traverse la dernière partie de la Patagonie, jusqu'au bout du continent. Il est 9h. Petit arrêt rapide à la demande de Fred pour photographier le panneau l'indiquant. Le jour s'est levé, mais personne n'est bien réveillé. Le mouvement de la voiture nous berce tous, même si les innombrables trous nous font sauter toutes les trente secondes, d'autant que le conducteur, qui a dû prendre cette route un bon paquet de fois, fonce tout droit, quitte à faire presque chasser le véhicule parfois dans certains tournants. C'est sport, surtout dans ce mini-van pas vraiment 4x4. Après deux heures passées comme cela (c'est long), au milieu de rien, entourés par une steppe aride et verglacée par moments, nous faisons un arrêt près d'une carcasse de bateau, complètement rouillée, échouée depuis un demi-siècle. On se croirait presque sur la mer d'Aral. Puis nous arrivons sur le détroit. Nous attendons une dizaine de minutes que le cargo arrive, en compagnie d'un mouton très calin, qui recherche les carresses à la manière d'un animal de compagnie. Et voilà la bête qui se colle à Audrey sans avoir eu le temps de dire quelque chose. Le bateau arrive, et nous voilà 5km plus tard en Terre de Feu. Le paysage est toujours désertique, désolé, balayé par un vent froid. Nous allons à Porvenir, à 130km de là, dernière grande ville avant la toute dernière, Ushuaïa.

 

Nous arrivons à 13h, et commençons par une visite du musée, après s'être arrêtés brièvement sur la "place principale" regarder des statues des "Selknam", les habitants originaires de Terre de Feu, une tribu indienne (les "onas") distincte de celles des autres parties de Patagonie. Leur dernier représentant est mort en 1954. Le musée est petit, ce qui est compréhensible vu l'endroit où nous sommes, et raconte la vie et les moeurs de cette tribu. Nous découvrons aussi une momie, sûrement une personne retrouvée piégée dans la glace, et présentant un état de conservation avancé (voir vidéo). Nous passons au restaurant, en fait une pièce avec quelques tables où l'on nous sert un plat chaud, en l'occurence du saumon, pêché dans les eaux du détroit. Cela aurait été top s'il n'avait pas été trop cuit et complètement sec, donc sans saveur. En sortant, nous remarquons quelques panneaux sur les trottoirs, lorsque nous sommes en haut d'une petite colline, légèrement surélevés par rapport aux autres rues : "zone protégée de tsunami". C'est la deuxième fois du voyage que nous voyons des zones protégées ou exposées aux tsunamis. Cela nous fait bizarre, car voilà bien un risque ou un accident naturel dont nous n'avons, en France, pas à nous soucier. Cela est du coup assez étrange de se sentir concerné, et de se dire qu'ici, ces panneaux ne sont pas là pour faire jolis ou amuser les touristes.

 

14h45. Nous repartons, montons dans le mini-bus, et continuons la route vers le sud, le long d'une piste semblable à celle de la fin de matinée. C'est que nous ne sommes pas arrivés, et que pour voir les manchots, il faut aller loin, et s'enfoncer dans la Terre de Feu. Nous longeons l'eau, et observons quelques animaux : albatros impérial, lamas, et même quelques dauphins, dont la présence est trahie par l'apparition de trois ou quatre nageoires dorsales dans un mouvement caractéristique de dauphins qui jouent à la surface. Notre guide du jour nous confirme que nous ne nous sommes pas trompés. Cela nous fait bizarre de parcourir toutes ces bornes et d'être à cet endroit du monde, même si le décor n'a rien d'incroyable ou de fantastique. Mais quand nous regardons notre position GPS et la carte sur la caméra, c'est assez fou. Sensation d'être sur un des points remarquables du globe. Nous n'avons, et ne serons probablement pas avant longtemps, jamais été aussi au sud que maintenant, par presque 54°Sud. Quelques flamands roses sont là, de temps en temps, les pieds dans l'eau froide d'un étang presque gelé. Ici, l'eau ne fait que quelques degrés.

 

Nous arrivons à 16h45, après une dernière heure de route à toutes berzingues, le chauffeur traçant pour être sûr de ne pas arriver avant la tombée de la nuit. Nous nous regardons de temps en temps, flippant un peu quand nous ne le voyons pas ralentir sur certaines portions. Mais bon, après tout, il est sur son terrain, et tout se passe bien. Nous descendons du van, et entrons dans la parc à pingouins, où les manchots viennent tous les jours. En fait, ce parc est plus un endroit où trois ou quatre morceaux de bois ont été aménagés pour fabriquer une entrée pas très loin de là où les manchots se trouvent qu'autre chose. De toutes façons, à part cette "porte "extérieure, il n'y a aucune maison ou aménagement. Et personne d'autres. Avantage d'être en basse saison. Nous aurons donc fait toutes ces heures de voiture, et ce détour considérable, pour être là, faire ces trente mètres, et arriver au bord d'une étendue d'eau nous séparant d'une dizaine de manchots royaux. Mais cela valait le coup, car les avoir à dix mètres est un vrai privilège. Ils sont très beaux, avec une couleur blanche parfaite, puis quelques zones orangées au niveau du cou, et un noir profond sur le dos. Ils ne bougent presque pas. Nous en voyons quand même un marcher en se dandinant sur un ou deux mètres, de manière assez drôle, les "bras" collés le long du corps, dans un mouvement balancé de gauche à droite. Encore une fois, nous prenons conscience de là où nous sommes, si loin, si proche du pôle Sud, à regarder des animaux si différents dans leur élément naturel. C'est vraiment super. Nous en aurons vu des animaux différents pendant ce voyage. En repartant vers le mini-bus, après un gros quart d'heure, nous apercevons un renard gris, assez commun dans la région. Nous repartons vers 17h15. Nous refaisons tout le trajet inverse, dans la pénombre du crépuscule, reprenons le bateau une heure et demi plus tard, arrivons sur le continent vers 20h15, faisons un petit arrêt pour boire un verre aux alentours de 20h45, repartons, traversons la steppe éclairée par les phares, et retrouvons finalement Punta Arenas vers 23h15. Nous avons quitté les manchots il y a plus de 6 heures ! C'est donc contents et affamés que nous arrivons à la guesthouse. Nous finissons les restes du poulet d'hier soir en parlant avec le gérant, qui nous donne des conseils sur les choses à voir pour la suite de notre voyage en Patagonie. Le temps d'écrire et de mettre en ligne un article avant de dormir, et il est 1h du matin.


Demain, nous partirons sûrement pour Puerto Natales, une autre grande ville incontournable pour tout voyageur, à 250km plus au nord.

 

 

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Commentaires: 2
  • #1

    La Plume de Rosa (vendredi, 12 juillet 2013 08:13)

    médaille

  • #2

    Sof (vendredi, 12 juillet 2013 10:12)

    C'est marrant: pour moi un manchot ne pouvais vivre que sur un glacier... ;-p
    Merci de refaire ma culture générale! :)