J9 - 53°Sud 71°Ouest

Nous sommes les premiers levés dans la guesthouse presque vide, et partons vers 9h, après un petit-déjeuner ponctué par les ronflements d'un client situé dans la chambre tout près de la cuisine. Nous marchons jusqu'à la gare routière, où nous prenons l'ETN ("été éné"), c'est-à-dire le bus pour l'aéroport, où nous arrivons vers 10h. Une seule piste, et une aérogare pas très grande, mais moderne. Embarquement à 10h35, et décollage à 11h10. Un repas est servi pendant les deux heures de vol jusqu'à Punta Arenas. En dessous, les Andes côté Argentine. Nous survolons, surtout dans la deuxième moitié du vol, un désert de terre et de neige. Nous nous coupons du monde pour arriver dans un des endroits les plus au sud de la planète, en Patagonie du Sud, à 50km de la Terre de feu (la partie coupée du continent, donc une île, formant la pointe, ou l'extrémité sud), et à une centaine de kilomètres du point de départ des expéditions pour l'Antarctique, Ushuaïa, à 10 heures de bus de notre destination.


Punta Arenas, donnant en plein sur le détroit de Magellan (qui permet de rejoindre en bateau les deux océans en évitant le cap Horn), est la grande ville de cette partie du monde. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si un aéroport s'y trouve. 130 000 personnes vivent ici. C'est en fait un ancien poste militaire, existant depuis seulement 150 ans. Au delà du tourisme et du pétrole, on vit ici du commerce de peau de phoques. Les premiers explorateurs européens clamaient à l'époque que ces terres etaient peuplées par des géants. Un territoire qui a inspiré bien des auteurs (Chatwin en tête) et des aventuriers, ou encore Florent Pagny. Néanmoins, il paraît que la Patagonie argentine est bien plus belle que celle côté Chili. Punta Arenas est la ville par laquelle arrivent tous les touristes de la région. Ici, nous allons être entourés de fjords, d'immenses glaciers, de sommets enneigés, de lacs, de déserts, et d'innombrables îles formant une mosaïque dans l'eau froide du détroit, où vient mourrir la cordillère. Pacifique et Atlantique ne sont qu'à une grosse centaine de kilomètres l'un de l'autre. Nous sommes par 53° Sud et 71° Ouest.

A 13h, nous prenons un "collectivo" (bus) pour rejoindre "al fin del mundo", une guesthouse que nous avions vue sur le Lonely. Première surprise, il fait très beau, loin du temps que nous avons laissé derrière nous. Il fait froid, environ 6°C, mais sec, avec un beau ciel bleu. Deuxième surprise, notre guesthouse est fermée. C'est vrai que nous n'avions pas réservé, l'ayant choisie hier. Du coup, nous entrons dans le restaurant français du trottoir d'en face pour demander un peu d'aide. Et là, nouvelle surprise, le chef a vécu pendant cinq ans avec sa compagne chilienne en France, à Montreuil. Incroyable. Du coup, nous nous mettons à discuter, et restons finalement manger un bout. Ils nous aident en passant quelques coups de fils, nous proposent de garder nos sacs le temps d'aller voir si une autre est ouverte, et nous servent un bout de terrine maison, au "guanaco", le lama local, puis des profiterolles au chocolat. Pas mauvais tout ça. Finalement, ils nous trouvent une guesthouse pour passer la nuit. Cool. C'est donc vers 16h que nous allons deux blocs plus loin la trouver. Le gérant, Alejandro, à la tête de Pablo Escobar, nous parle des excursions possible en hiver, dont une en Terre de Feu pour aller voir les manchots rois qui, contrairement aux pingouins d'Otway, ne migrent pas à cette période de l'année pour se reproduire dans les eaux plus chaudes du Brésil. Nous ne savons en effet pas bien quelles activités sont possibles en ce moment, à cause de la basse saison et de la météo. Sa proposition nous plaît bien, d'autant qu'Audrey tient absolument à voir ces animaux dans cette région du monde. Il téléphone pour connaître le prochain jour de visite : demain. Par contre, nous passerons un peu plus de temps dans le mini-bus que prévu, car la liaison en bateau pour traverser le détroit de Magellan sera fermée pour cause de mer trop agitée. Tant pis, nous prenons quand même, car nous ne voulons pas perdre un jour juste à cause de cela.


Une fois nos affaires posées dans la chambre au lit grand et confortable, nous partons nous promener en ville, rejoignons la Plaza de Armas pour retirer un peu d'argent, et allons régler l'excursion de demain à l'agence s'en occupant. Sur les murs se trouvent de grandes cartes de la région, nous faisant réaliser où nous sommes sur le globe, nous donnant une sorte de vertige agréable. Comme Alejandro l'a suggéré, nous aurions pu louer une voiture pour nous rendre par nous-même en Terre de Feu, et pousser un peu plus loin au Sud, après être allé à Porvenir, la "grande" ville de Terre de Feu. En marchant, nous découvrons une ville plutôt agréable, propre, avec de nombreux magasins de sport, et des rues fréquentées. Paradoxallement, c'est la ville que nous préférons depuis le début de notre arrivée au Chili. Nous passons à côté de l'office du tourisme, sur le point de fermer, et nous y arrêtons pour en savoir un peu plus sur les bus, les choses à faire etc... et en fait, il n'y a pas tant d'activités que ça, à part rejoindre d'autres endroits dans les 500km à la ronde. Nous pourrions aller à Ushuaïa, mais les nombreux commentaires que nous avons récoltés livrent un avis partagé. A part pouvoir dire qu'on y est allé, l'interêt semble limité. Sachant en plus qu'à cette période, les départs ne sont que le dimanche, et obligent à rester une semaine là-bas suite aux horaires de bus retour, ce sera sans nous. Il est 19h30. Retour à la guesthouse. Nous dînons et mangeons le poulet rôti acheté au supermarché, en compagnie d'un couple d'anglais d'une soixante d'années, en voyage sur un voilier depuis 2007. Un peu hermites, ils ne parlent pas beaucoup et répondent juste à nos questions. La guesthouse est sympa, bien qu'un peu vide. Fred attrape une des guitares électriques à disposition, termine le vin, pendant qu'Audrey fait les comptes et le résumé de la journée sur son Iphone (sa partie du boulot dans l'écriture des articles).


Vers 21h30, nous montons dans la chambre, regardons une série, et lisons un peu les news françaises. On découvre qu'il ne fait pas bon d'être français en Bolivie aujourd'hui. Espèrons que cela s'arrange d'ici trois semaines, au moment où nous y arriverons...

 

 

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Commentaires: 5
  • #1

    CHRISTIANE (dimanche, 07 juillet 2013 09:33)

    SOYEZ PRUDENTS!

  • #2

    Jérôme (lundi, 08 juillet 2013 08:10)

    Réflexion de Justine au petit dej bah dis donc après tahiti ça doit leur faire bizarre ce froid. ...
    Sacre contraste effectivement.
    Bizzzzzzzzz les aventuriers

  • #3

    La Plume de Rosa (lundi, 08 juillet 2013 08:50)

    la

  • #4

    Sof (lundi, 08 juillet 2013 09:14)

    C'est mitigé le Chili qd meme jusqu'à présent!... :(
    J'espère que de belles surprises vous attendent! :)

  • #5

    pyf (lundi, 08 juillet 2013 17:56)

    T'as joué quoi à la gratte ? :)