J8 - Patagonie, nous voilà

Il est 7h30 quand nous arrivons à destination. Nous avons dormi plus ou moins bien, quelquefois réveillés par les quelques arrêts prévus sur la route. Le bus s'est vidé, et il ne reste qu'une petite dizaine de passagers à Puerto Montt. La pluie nous accueille. Pas étonnant, quand on sait qu'il pleut presque 300 jours par an dans cette région du Chili, aux portes de la Patagonie du Nord. Nous nous réfugions à l'intérieur du hall du terminal, un peu perdus, et nous installons pour prendre un café et manger un donut assis autour d'une des trois petites tables disposées autour du café en question, qui ressemble plus à un endroit à emporter plutôt qu'à un véritable café où s'asseoir. Dehors, il pleut à torrent. Le jour est en train de se lever. Contents d'être arrivés, nous sortons le Lonely Planet, regardons nos cartes, et réfléchissons à la suite du programme. Derrière la vitre à laquelle nous tournons le dos se trouve un bras d'eau, un bout l'océan qui a réussi à s'infiltrer entre les nombreuses îles du coin, dont la plus grande et la plus jolie se nomme Chiloé (beaucoup de monde nous conseille de la rejoindre... il paraît que c'est superbe. L'endroit fait partie de la liste des sites classés à l'Unesco). La Patagonie est en effet un bout de terre qui se déchire et se délite en de multiples îles côté ouest, pour former un ensemble de fjords, de réserves naturelles, et de bouts de terre entourés par l'eau refroidie par des courants venants de l'Antarctique.


La question que nous nous posons est de savoir si nous restons là ce soir, si nous allons à Chiloé, ce que cela implique en terme de trajet et d'organisation pour la suite, comment rejoindre à moindre coût la Patagonie du Sud, à 1300 km d'ici, comment procéder une fois que nous y serons pour voir les différents endroits que nous avons sur notre liste (s'étalant sur 350km), et une fois terminé, comment rejoindre le nord du Chili, la prochaine grande étape. Beaucoup de questions, mais aussi des contraintes. Une de temps, car nous n'avons que trois semaines pour faire tout cela (et passer ensuite à la Bolivie), une d'argent, et une autre liée aux lignes de bus disponibles pour parcourir ces 1300km et la pointe Sud du Chili. La bonne nouvelle, c'est que nous avons ici, au terminal, toutes les compagnies disponibles, et pouvons donc aller poser les questions qu'il faut, connaître les prix, et avoir les infos. Le soucis, ce n'est pas notre espagnol limité, mais que certaines lignes ne sont ouvertes que certains jours dans la semaine, que d'autres sont fermées, et qu'il va falloir passer par l'Argentine, changer une ou deux fois de bus (sans pouvoir acheter les tickets à l'avance, il faudra attendre d'être sur place à Bariloche pour savoir quels bus sont disponibles). L'autre soucis, c'est que rejoindre Punta Arenas, la dernière grande ville de Patagonie de Sud (une destination incontournable pour tout voyageurs dans cette partie du monde... il n'y a pas cinquante points de départ disponibles pour visiter cette région du monde là-bas), va prendre 35h en bus. Et apparemment, le bus qui part dans quelques heures n'a pas de sièges "semi-cama" : pas possible donc de s'allonger un peu. Bref, inconcevable pour une telle durée. Il va donc falloir trouver autre chose. Nous envisageons de prendre le Navimag, un cargo descendant là-bas en trois jours. Cela peut être fun, différent, et nous permettre en plus de passer au milieu des fjords, et traverser toute cette région par la mer. Cela nous tente, mais il faut débourser 300 euros par tête, donc une fortune pour nous et à ce stade du voyage, et d'après le Lonely, l'expérience peut être difficile en cas de météo capricieuse et de mer agitée. Avec Audrey et son angoisse du mal de mer, nous décidons donc d'abandonner cette idée. Nous ne connaîtrons donc pas l'ambiance des porte-containers, à côtoyer les marins. Il paraît pourtant que les soirées un peu arrosées, la promiscuité, et l'environnement maritime constituent un cocktail inoubliable.


Une grosse heure est passée, et nous n'avons pas beaucoup avancé. En fait, on ne sait pas bien comment faire pour résoudre cette équation à plusieurs inconnues. Nous imaginons plusieurs plans, mais aucun ne nous convainct réellement. Allez, c'est décidé, nous restons la journée ici, allons regarder tout cela cet après-midi, et nous poser un peu. Aller à Chiloé, malgré les opinions des autres, ne nous semble pas la chose à faire, car cela complique les choses pour nous. Il y a tellement de choses à faire dans toute cette partie du Chili de toutes façons. Et avec le temps qu'il fait, nous avons peur de ne pas voir grand chose. Il faut bien faire des choix. Sacs sur le dos et sur le torse, protégés chacun par leur cape de pluie individuelle, capuche sur la tête, nous sortons de la gare routière, et marchons jusqu'à une guesthouse que nous avons repérée sur le Lonely, pas très loin. Nous montons la grande côte un peu glissante, et arrivons sur place, dans une maison rustique où il n'y a pas grand monde. La personne nous ouvrant est très aimable, nous montre une grande chambre pas très chaude mais qui nous convient, et nous fait visiter la maison, dont les pièces ressemblent un peu à celles qu'auraient pu avoir notre arrière grand-mère (tableaux aux murs, poêles à bois, tapisseries...). Allez, hop, on prend. Nous passons du coup une grosse partie de l'après-midi à poursuivre nos recherches, assis sur notre canapé rose à côté du petit radiateur qui chauffe difficilement. Dehors, c'est toujours le déluge. Cela nous inquiète un peu, car nous imaginons que c'est pareil, ou pire, dans le Sud du pays, et que nous ne verrons pas grand chose des merveilles régionales. L'idée de zapper cette partie nous traverse l'esprit, pour disparaître aussi vite : pas question d'être si près et de ne pas se donner les moyens de voir les glaciers, la Terre de feu, Torres del Paine (un parc national mythique) et autres... même si le temps sera mauvais. Nous ne voulons pas avoir de regrets, alors allons voir... et nous verrons bien justement. Mais au moins, nous y serons allés.


Bon, au bout d'une heure, après avoir cherché, nous apprenons qu'il est impossible de rejoindre la Patagonie du Sud sans passer par l'Argentine, car les trajets en bus impliquent de multiples étapes, dont certaines en bateau, et certains endroits sont bouchés à cause des glaciers, se jetant directement dans la mer. De plus, les nombreux volcans aux alentours peuvent être capricieux, comme en 2010 lorsqu'ils ont barré et détruit la route. Nous nous rabattons donc sur une option que nous regardons depuis tout-à-l'heure : prendre un vol pour Punta Arenas, et voir plus tard comment nous ferons. L'avantage, c'est que nous pouvons être demain soir là-bas, pour 120 euros par personne (un peu cher par rapport au bus, mais acceptable, surtout vu le gain de temps). Nous nous débrouillerons pour remonter en bus sur Santiago, où nous prendrons un vol pour le nord du pays. Nous pourrions prendre un vol sec de l'extrémité sud jusqu'au nord (5000km plus haut !), mais le prix des billets (400 euros) est trop élevé et surtout, cela impliquerait que nous redescendions les kilomètres faits vers le nord pour nos visites. Impossible par contre de réserver par Internet le vol pour demain, car le décollage est dans moins de 24h.


La faim nous tiraillant, fatigués par toutes ces recherches et questions (c'est une vraie prise de tête pour être franc), nous partons faire une pause et chercher quelque chose à manger. En l'occurrence un steackhouse au coin de la rue, indiqué sur le Lonely, que nous ne trouvons pas. Direction du coup le supermarché, pour acheter des empenadas à emporter, que nous avalons sur le chemin en direction de l'office du tourisme, à quelques blocs de là. Le soleil pointe le bout de son nez alors que nous parcourons les rues de la ville, plutôt fréquentées. Nous faisons part là-bas de notre difficulté à réserver le vol de demain, mais, coup de bol, l'agence Sky Airlines est juste à côté. Nous nous y rendons, et prenons notre vol de 11h10 de demain. Ca, c'est fait ! Dehors, dans la rue, nous ouvrons grand les yeux pour voir si les influences allemandes dont nous avons entendues parler sont bien présentes, mais, allez savoir, nous ne les reconnaissons pas. Sur le trajet pour revenir à notre chambre, nous profitons du beau temps pour marcher le long de l'eau, en nous disant que nous allons aller sur l'un de endroits les plus au Sud de la planète, et que nous ne serons peut-être jamais si proche de l'Antarctique, une destination qui fait rêver Fred. Mais quand on connait les prix, entre 15 000 et 50 000 euros, pour aller sur ce continent exceptionnel, ce n'est clairement pas pour demain. Nous passons au supermarché, achetons de quoi manger ce soir, dépensons 3,5 euros à deux, et rentrons.


A la guesthouse, soirée calme et reposante, sachant que nous savons où nous serons demain, et ne perdrons pas de temps. Dîner calme malgré un berger allemand qui rentre dans la cuisine pour fouiller dans les poubelles, petite série regardée sur le PC au fond du lit, et extinction des feux vers minuit. Patagonie, nous voilà.

 

 

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Commentaires: 2
  • #1

    La Plume de Rosa (samedi, 06 juillet 2013 08:18)

    dire

  • #2

    CHRISTIANE (samedi, 06 juillet 2013 09:23)

    pour la premiere fois je ne vous envie pas!ça ne m inspire pas cette
    région du monde surtout avec le temps que vous avez.
    allez dire bonjour a florent pagny il parait qu il vit en patagonie!