J3 - Valparaiso

Réveil un peu difficile ce matin, à 8h. L'envie est grande de décaler l'alarme de l'Iphone, et de se rendormir pour une demi-heure, voire une heure, mais non, nous nous forçons, prenons le petit déjeuner dans la salle commune, où nous retrouvons certains de nos compères d'hier soir, puis montons faire nos affaires, réglons nos deux nuits, et rangeons nos gros sacs dans la locker's room de la guesthouse. Nos petits sacs à dos sont suffisants pour les trois affaires dont nous avons besoin pour aller à Valparaiso, une ville de 280 000 habitants, dont tout le monde nous a parlé, située à une grosse heure de bus de Santiago. Sachant qu'il y a des départs tous les quarts d'heure, nous n'avons pas pris la peine de réserver, et allons au terminal routier, à sept ou huit stations de métro d'ici, pour prendre notre ticket et nous asseoir dans un bus à moitié vide, partant à 10h30. Oui, c'est vrai, c'est une heure plus tard que ce que nous nous étions dits hier en y pensant. Nous reviendrons dans deux jours. Pendant la grosse heure qui suit, nous regardons le paysage, les environs de Santiago (petites maisons basses plus ou moins bien entretenues, terrains vagues, quelques grandes tours style années 70, et tout près, la chaîne de montagnes), et dormons un peu, bercés par la route. Au réveil, il pleut, et on ne voit pas grand chose. Nous sortons d'ailleurs le parapluie dès la sortie du bus. L'ambiance est un peu triste, et la ville - pour ce que nous en voyons de prime abord - pas très engageante, notamment à cause de regards parfois insitants, qui mettent Audrey presque mal à l'aise. En gros, ça mate sans gêne, et les sourires, hommes comme femmes, sont rares. Il pleut toujours beaucoup, mais nous trouvons la rue de Casa Verde Lemon, la guesthouse où se trouve notre chambre, au bout d'une rue très pentue. "Valpa", c'est essentiellement ça : des rues en pentes, car la ville est construite sur le flanc d'une colline, aux maisons très colorées, souvent peintes en jaune, rouge, violet ou bleu. Cela donne du coup un arc-en-ciel de couleurs parsemant tout le côté de celle-ci, avec en face, l'océan. Mais aujourd'hui, les couleurs sont ternes à cause du ciel gris et très nuageux, du système d'évacuation des eaux archaïque (dans les rues pentues, c'est un immense torrent qui coule sur la chaussée, sans parler de flaques d'eau de deux mètres de diamètre dans lesquelles passent les voitures...), et la mer, quand la pluie ne bouche pas la vue et permet de l'apercevoir, se confond avec le ciel à cause de sa couleur. Nous aurons vu Valparaiso, mais clairement pas sous son meilleur profil. Nous posons nos affaires vers 13h15, après avoir un peu attendu l'arrivée de la trentenaire qui tient les lieux, puis décidons malgré le mauvais temps d'aller se promener, car aujourd'hui est notre unique chance. Demain, nous irons à Vina, et ensuite, nous partirons pour un autre coin du pays. Le vieux quartier de la ville, dans lequel nous sommes, est classé à l'Unesco, mais ne nous fait pas une très grande impression. C'est vrai que les couleurs des maisons (maximum deux étages) forment une palette variée, que les "ascenseurs" authentiques (permettant de rejoindre une zone située un peu plus haut en entrant dans une cage en bois de quelques mètres carrés, datant pour le plus vieux de 1883) donnent du cachet à l'ensemble, mais nous sommes surpris par la saleté de certains endroits, et la vétusté de plusieurs bâtiments. Au delà du temps, dont nous essayons de nous détacher, nous ne trouvons pas la ville si jolie, et avons un sentiment mitigé. En revanche, le coin dans lequel nous déambulons est bourré de petits restaurants qui ont pour la plupart l'air sympathique. Celui dans lequel nous nous arrêtons est plutôt classe, permet d'accueillir une quinzaine de clients, et vraiment bon. Les plats du jour (soupe de légumes, chair de poisson et fromage fondu, fettucinis bolognaises...) sont frais, au goût présent, sans que rien n'ait l'air surgelé. Par exemple, la soupe vient d'être faîte au mixeur, ou la sauce bolognaise préparée ce matin par le cuisinier. Une bonne surprise, d'autant que le verre de vin est généreux (mais le vin moyen, un peu terne, sans grand relief), et l'addition légère (environ 15 euros par personne). Du coup, le temps ayant passé, il est plus de 15h, ce qui signifie que nous n'irons pas faire le tour de la ville gratuit semblable à celui d'avant-hier à Santiago. Audrey est un peu déçue. Pendant le déjeuner, nous avons travaillé un peu notre espagnol, dont notre niveau ne permet que de progresser, grâce à une application qu'elle a sur son téléphone. Il reste quand même beaucoup de boulot, mais la volonté est bien là. Fred est intéressé, et a envie de connaitre cette langue qu'il n'avait jusqu'à présent jamais eu envie d'apprendre, malgré les 7 ou 8 ans de cours à l'école.

 

Il pleut toujours vivement quand nous partons, mais décidons de continuer à nous promener, même si les rues sont plutôt désertes. Nous descendons et quittons cette zone colorée au fort dénivelé pour rejoindre le port, puis pour prendre l'ascenseur "Concepcion", le plus vieux de la ville, datant de 1883. Le trajet ne dure que trente secondes, permet de monter d'une vingtaine de mètres en longeant une rue pentue et en suivant une trajectoire oblique, mais nous y serons allés. Nous marchons dans les quartiers "concepcion" et "allegre", tout près. Nous retrouvons les maisons colorées, et découvrons de nombreux graffitis artistiques, eux aussi plein de couleurs, parsemant les rues. Nous apprenons même que leur auteur a exposé ses oeuvres à Paris l'année dernière, comme celui représentant une vue de la ville par beau temps (voir photo). Hésitant à rentrer, ayant un peu fait le tour du coin, nous décidons en fait de prendre un bus pour aller visiter la maison de Pablo Neruda, San Sebastiana (sur les trois qu'il a eues au Chili). 5 étages la composent et normalement il y a une vue imprenable sur le port et l'océan. Mais pas aujourd'hui. A l'intérieur de cette maison-musée, il y a beaucoup d'objets divers. Neruda, écrivain et ambassadeur entre autre du Chili en France, était un grand collectionneur (cheval de carrousel français en bois, divers tableaux, objets du monde...). Par exemple, nous restons plusieurs minutes à regarder d'anciennes cartes du monde (datant du 18ième... c'est drôle de voir comment la géographie du continent sud-américain était représentée, ou encore le nom des pays, les anotations diverses). Une chose est sûre, c'est que les pièces, souvent colorées, excentriques, ne se ressemblent pas. Le temps étant mauvais, nous n'avons pas le loisir d'apprécier la superbe vue qui s'offrait normalement à l'auteur depuis sa chambre, donnant directement sur le port et la mer.


Nous rentrons par le bus local, qui s'arrête à chaque fois que quelqu'un veut monter ou descendre. Ici, pas d'arrêts fixes ou de chauffeurs qui refusent de vous laisser descendre 50m avant l'arrêt parce qu'il ne veulent pas prendre la responsabilité d'appuyer sur un bouton pour vous rendre service. La lumière commence à diminuer, et après un trajet de 15 minutes et une petite marche à l'abri sous le parapluie et nos capuches, nous revoilà à la guesthouse. A l'intérieur, il fait froid, car au Chili, le chauffage est rare, et dans la plupart des maisons, c'est sur un poêle ou un chauffage d'appoint qu'il faut compter. Heureusement, il y en a deux, au gaz, dans la grande pièce principale. Bien installés dans un canapé, nous travaillons sur le blog, et retrouvons un couple d'espagnol rencontré avant-hier dans la guesthouse de Santiago, Pau et Sofia, en tour du monde eux aussi. Par contre, ils sont partis depuis moins longtemps, et rentreront après nous. Le parcours/profil de notre ami catalan est similaire à celui de Fred. Cela nous fait drôle, car il n'y a pas si longtemps, c'est nous qui débutions notre voyage et écoutions les autres nous raconter le leur, dont la fin se rapprochait. Aujourd'hui, les rôles sont inversés. C'est relatif bien sûr, car il nous reste plus de 4 mois, mais à l'echelle d'une année, c'est presque la dernière partie. Une question d'échelle. Nous dînons tous les quatre, et profitons génereusement du vin chilien qu'ils ont acheté, servis dans des verres à pieds qu'ils ont aussi acquis récemment. Quand nous regardons l'heure pour nous coucher, les deux aiguilles se rejoignent et se confondent, parfaitement alignées verticalement et pointant vers le haut.

 

 

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Commentaires: 2
  • #1

    La Plume de Rosa (mercredi, 03 juillet 2013 08:16)

    première

  • #2

    CHRISTIANE (mercredi, 03 juillet 2013 09:46)

    on avait compris pour l auto guide merci!!!
    dommage pour le temps mais les ascenseurs on dirait le train de la mine à disney!