J34 - Couleurs variées

La journée commence classiquement, et nous partons après avoir rempli notre réservoir d'eau, vidé celles usées, et fermé la bouteille de gaz. Direction le nord. Nous longeons le lac Taupo sur plus de 40km, jusqu'à la ville du même nom. Le lac est immense, à tel point que par moments, on pourrait croire que l'eau est salée. A 11h30, nous nous arrêtons pour visiter l'une des attractions naturelles les plus vues du pays, les Huka Falls. C'est une chute d'eau pas très grande, de 10m de haut, mais au débit hallucinant: 200 000l par minute, soit plusieurs piscines olympiques. La vidéo ci-dessous parlera mieux que ces chiffres. Arrivés sur le pont surplombant le "toboggan" qui termine sa course par la chute - un long couloir dans la roche de 10m de large  - et dont la puissance du courant nous impressionne, nous nous arrêtons quelques minutes pour regarder le spectacle. Fred n'était pas très motivé pour cet arrêt, ayant envie de conduire et d'avancer, il est une fois sur place bluffé par le débit. A côté, les rivières du Népal font pâle figure. Ceci est dû au couloir, étroit, et à la profondeur (trois à quatre mètres), ainsi qu'à la pente, qui forment tous ensemble une zone d'accélération parfaite pour la plus longue rivière du pays, la Waikato River, alimentée par le lac Taupo. En continuant sur le côté, nous arrivons à la chute, déversant continuellement toute cette eau, et dont les teintes bleues s'accentuent de temps en temps, et au pied desquelles se forme un tapis blanc d'écume de plusieurs dizaines de mètres carrés. On aime beaucoup, d'autant que le lieu est accessible très rapidement une fois la voiture garée sur le parking, juste en sortant de la route principale.

 

Une fois repartis, nous nous arrêtons à côté, à quelques kilomètres, au "Crater of the Moon". Nous ne sommes pas très chauds pour payer les 8$/pers (car tous les sites naturels sont gratuits en général en NZ), mais ne regrettons pas notre décision là encore. Nous marchons pendant une heure au milieu d'une zone remplie de fumerolles. Nous suivons un chemin en bois, souvent construit sur pilotis, et serpentons au milieu de trous rouges ou violets, d'où s'échappe de la vapeur. Et parfois, lorsqu'un de ces passages se trouve à côté de nous, nous mettons notre main pour sentir la chaleur, à tel point qu'il est impossible de la laisser très longtemps, tellement c'est chaud. Dehors, en marchant, il ne fait pas très chaud pourtant. Le soleil joue à cache-cache. Ces îlots de fumée sont principalement la conséquence de l'usine géothermique située dans les environs de la ville de Taupo. La composition du sol, et l'activité volcanique de toute la région, expliquent aussi l'intêret d'avoir construit une telle centrale. Les "trous" sont parfois tout petits, parfois large de plusieurs mètres de diamètre. Des panneaux mettent en garde ceux qui souhaitent s'aventurer hors du chemin. Vers la fin, nous faisons un détour, et prenons la grande boucle, pour aller voir un cratère de 15m de large, au fond duquel, 5 ou 6m sous nos pieds, bout une boue grise et visqueuse. Le bruit des bulles remontant à la surface se fait entendre également. Assez fou, une première. En quelque sorte la suite des fumerolles observés hier près du cratère pendant la marche, sauf que ceux-ci ne sont pas toxiques. Quoiqu'il en soit, c'est un paysage de guerre que nous avons devant les yeux. En balayant les alentours du regard, on dirait que la zone a été récemment bombardée et que les décombres fument encore. Etrange.

 

Nous repartons en tout début d'après-midi, et faisons un arrêt rapide au Volcanic Center Museum, que nous préférons finalement ne pas visiter, à cause des 20 NZD demandés par personne. Difficile de savoir si nous loupons quelque chose ou pas. Ce sera pour une prochaine fois. Nous reprenons la route principale, et, vers 14h, nous arrêtons sur une aire de pique-nique pour déjeuner. Contrairement à d'autres fois, pas de superbe décor pendant que nous mangeons, juste quelques arbres et un tapis de feuilles mortes, sous un ciel gris d'automne. La route est monotone, mais depuis 2 jours, nous nous sentons bien au coeur des volcans, surtout avec ce que nous avons vus aujourd'hui (pourtant assez éloigné du Tongariro National Park), qui complète bien la journée d'hier, et forme une sorte de tout cohérent. La plupart des sites de la région, et les panneaux d'information, sont liés à tout cela. C'est clairement bien plus présent ici que dans le reste du pays, et surtout que dans l'île du Sud. On comprend désormais pourquoi tout le monde nous disait que l'île du nord offrait des paysages plus volcaniques.


15h20, nous arrivons à l'endroit que nous souhaitions atteindre aujourd'hui, et dont Frank et Elodie, nos amis d'Abel Tasman, nous avait parlé avec passion : "Wai-o-tapu Thermal Wonderland". Sur 18km², la zone, aménagée sous l'égide du DOC, est couverte de cratères écroulés, de piscines de boues bouillonantes, ou de fumerolles de vapeur ou de souffre. L'activité volcanique des 160 000 dernières années a construit des failles souterraines chauffées par le magma d'anciennes éruptions, où l'eau absorbe à son contact des minéraux de toutes sortes, et qui colorient le sol et la roche quand ils se retrouvent coincés à la surface alors que la vapeur d'eau s'échappe dans l'air. Un processus naturel hydrothermal qui fait que le sol est parfois jaune (à cause du souffre), presque comme de l'or, rouge (oxyde de fer), violet (manganèse), vert (arsenic), ou bleu. On comprend pourquoi aucun poisson ne peut survivre dans la rivière. Un arc-en-ciel de couleurs et de constructions minérales, qui nous surprend par sa richesse, et par les formes, les symétries, les agencements que la nature est capable de révéler à des échelles bien différentes. Nous passons à côté de quelques cratères recrachant de la boue chaude (formés depuis 900 ans, par l'action de l'eau acide arrivant à la surface), à côté de plans d'eau presque asséchés mais bouillonants, de parois rocheuses multicolores, ou encore de la "Champagne Pool", un grand bassin naturel (60m  de diamètre sur 60 de profondeur, eau à 74°C) où émergent à quelques endroits des coulées jaunes ou des cercles colorés dans l'eau verte, mais surtout bordée (et on ne le découvre qu'à la fin du parcours) par un rebord immergé orange, brillant, qui  vous saute aux yeux en vous approchant. Assez incroyable. De l'or, du mercure, du soufre, de l'arsenic, du thallium, et de l'antimoine continuent de se déposer sur le haut-fond de silice tout autour. Et plus loin, juste avant de terminer, on change complètement de couleur en tombant sur un bassin ("le bain du diable") dont l'eau est jaune/verte fluorescent, encore plus lumineux et frappant. Incroyable là aussi, et superbe. Plus c'est coloré, plus la teneur en arsenic est élevée. Quelle gamme de couleur, et quelle intensité. On aurait mis du colorant dans l'eau, ce serait pareil. Malheureusement, la photo de ce dernier ne rend pas hommage à ce que nous avons eu devant les yeux à ce moment. Et dire que le ciel était couvert, qu'il pleuvait fort, et que la nuit tombait. Qu'est-ce que cela doit être quand il fait beau. Un endroit à ne pas rater pour les prochains touristes en NZ. Nous retrouvons notre point de départ à 17h, alors que le ranger nous attend. Nous fermons les lieux. Quelques instants plus tard, il se remet à pleuvoir, et cela ne s'arrêtera pratiquement pas pour le reste de la journée. Nous nous installons dans un camping DOC à 20 minutes de là, complètement paumé en sortant de la route principale, que nous rejoignons de nuit, sous des trombes d'eau. En nous installant, puis un peu plus tard après dîné, nous sommes tous les deux d'accord pour dire que depuis notre arrivée sur l'île du nord, les décors sont, lorsque nous roulons, presque toujours les mêmes : des champs, des prés, des vaches, des chevaux, des moutons, un terrain très valloné, des collines, des pins, un vert éclatant, des arbres sans feuilles, ou pour celles qui restent aux couleurs de l'automne. Franchement, un peu lassant après plusieurs jours de route et des centaines de kilomètres, et après avoir connu la variété de l'île du Sud. 

 

       

 

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Commentaires: 2
  • #1

    La Plume de Rosa (mardi, 28 mai 2013 12:26)

    qui

  • #2

    Sophie (samedi, 15 août 2020 11:24)

    La diversité des paysages est bluffante ! J’ai quelques difficultés à visionner les vidéos (elles se coupent et je me retrouve en haut de page ce qui m’oblige à tout redescendre à chaque fois) mais avec un peu de persévérance j’y arrive :-) et je me régale de plus en plus !!!