Contrairement à il y a un mois, aujourd'hui, il ne pleut pas. Le temps est certes gris, mais la mer calme. On aperçoit même, bien que légèrement, certains sommets partiellement enneigés. L'excursion ne risque donc pas d'être annulée pour cause de mauvais temps, même si l'on ne sait jamais. Notre priorité, c'est avant tout de décaler notre résa, prévue demain matin, pour aujourd'hui. A 8h30, nous ne prenons même pas le temps d'avaler un morceau, et partons tout de suite pour le Whale Watch Center, distant d'à peine 100m. Il est tôt, mais le lieu est ouvert. Nous tombons sur une personne ayant l'âge d'être à la retraite, à qui nous expliquons que nous avons réservé mais sommes en avance d'un jour, et lui demandons si nous pouvons joindre le groupe de ce matin. Après consultation sur son écran, pas de problème, c'est bon, nous avons rendez-vous à 10h dans la salle d'à côté. Youpi. Par contre, Audrey ne manque pas de voir que le panneau au dessus du comptoir indique une légère houle, et un léger mal de mer possible. La voilà angoissée, même si ses bracelets anti mal de mer sont aux poignets depuis un gros quart d'heure. Peu importe, nous retournons dans le camping-car, garé juste à côté, et prenons cette fois notre petit déjeuner, excités de se dire que nous allons voir - espérons - un ou plusieurs monstres marins. Nous sommes face à l'océan, et le moment nous fait réfléchir, ou plutôt nous imaginer que là, devant nous, à quelques kilomètres, vraiment tout près, il y a des cachalots et des baleines qui sont en train de remonter à la surface ou de plonger dans les profondeurs. Et surtout que nous allons peut-être en voir.
A l'heure dite, nous nous présentons de nouveau au centre, et rejoignons une salle ouverte où un documentaire sur les cétacés est diffusé, pendant une grosse demi-heure. Ca fait longtemps
que nous n'avions pas regardé un documentaire animalier à 10h du matin. C'est un peu drôle. Du monde arrive, et les bancs se remplissent. Le petit film a le mérite de mettre dans
l'ambiance, d'autant que, à l'intérieur du petit bâtiment, les posters, cartes postales, souvenirs et autres affiches répertoriant les types de baleines renforcent cette sensation. A
10h45, le chauffeur du bus se présente, et nous montons tous à l'intérieur du véhicule, peint aux couleurs de l'agence, pour rejoindre le port, où quatre bateaux - peints eux-aussi aux
couleurs jaunes et bleues caractéristiques - sont parqués. Nous embarquons tous dans ce catamaran motorisé, apparemment le tout dernier et le plus moderne de la gamme. Nous
nous asseyons dans la grande cabine centrale, le bateau démarre, et nous sommes briefés pendant le trajet. L'eau est grise claire, puis bleue clair et bleue acier vers le large. Nous
avançons doucement, puis l'engin accélère, pour rejoindre une vitesse d'environ 35 noeuds. Pendant que nous nous éloignons de la côte, une légère houle prend forme. Le bateau retombe
parfois d'un bon mètre et demi, loin de ravir Audrey, qui balise un peu. Néanmoins, rien de très méchant. Fred a d'ailleurs une théorie : il pense qu'elle pourrait avoir le mal de mer à
terre si elle y pensait très fort et qu'il lui décrivait les effets et le splash de la coque qui retombe sur l'eau. Elle, ne rigole pas. La jeune fille devant nous nous abreuve
d'informations sur les Sperm Whales, leur mode de vie, leurs caractéristiques, comme ces 2,5 tonnes d'huile qu'ils ont dans leur front, et qui expliquent qu'ils soient si recherchés (cette
huile est l'une des plus pures qui existe, et sert de lubrifiant dans l'industrie automobile, cosmétique, etc...), et sur la raison d'en voir autant à Kaikoura. Un grand canyon
sous-marin, issu de mouvements tectoniques (la Nouvelle-Zélande est en plein sur une faille, pile entre deux plaques tout le long des deux îles), se trouve à seulement 10 miles de la
côte, ouvrant d'un coup une paroi descendant à 1600m de profondeur. Whaou. Un film animé montre tout cela, permettant de bien se représenter le relief et la topographie une fois l'eau
enlevée par images de synthèse. Le bateau ré-incrusté paraît ridicule face à cette immensité.
Nous faisons après une demi-heure un premier arrêt, et un membre de l'équipage sort un engin bizarre, qui semble fabriqué par leur soin, permettant d'écouter les vibrations émises par les
cétacés et leur provenance. Ecouteurs d'Iphone à l'oreille (et non un casque sophistiqué comme nous aurions pu le penser), perche dans l'eau, l'homme la retire et annonce qu'il n'entend
rien dans ce coin. Nous repartons donc, et naviguons, toujours en devant se rassoir à l'intérieur, pendant dix minutes. Après un nouvel essai, il y a cette fois-ci plusieurs échos, mais
qui semblent assez éloignés. C'est bon signe. L'esprit Cousteau nous envahit. Nous refaisons un tour, mais pouvons cette fois rester à l'extérieur, sur la proue ou sur les côtés, et
nous éloignons encore un peu plus des terres. Tout le monde observe la surface avec attention, pour tenter d'apercevoir un geyser et mettre le cap dans sa direction. Les cachalots
ne restent en général que 10 à 15 minutes à la surface, pour évacuer l'eau, avant de replonger à la recherche de calamars. En parlant de ces derniers, on nous raconte qu'il y a deux
ans, des pêcheurs ont retrouvé un calamar géant d'une dizaine de mètres de longueur. Ils ont mis une heure à le mettre sur le bateau, avant de le ramener et en faire don à un centre
océanographique. Les calamars géants vivent en effet dans les grandes profondeurs, au delà de 1000 m. Et là, en dessous de nous, à 12 miles du rivage, le fond est à 1200m.
Impressionnant, en imaginant le "vide" qu'il y a sous nos pieds, et la masse d'eau et de vie animale que cela représente. On aimerait avoir un sous-marin et descendre pour aller voir,
même si cela n'a rien de rassurant. L'écho-localisation permet maintenant d'être sûr qu'il y a un cachalot pas très loin, sans savoir néanmoins s'il va bientôt remonter à la surface.
Nous regardons tous attentivement, et le capitaine met le cap vers l'endroit le plus probable où il se trouve. Puis, au loin, ceux à l'avant, comme Fred, voient une trombe d'eau monter
en l'air, puis disparaître avec le vent. C'est bon, il est là-bas. Une deuxième, puis une troisième jaillissent. Audrey arrive. Nous sommes de plus en plus près, jusqu'à n'être plus
qu'à une dizaine de mètres. Tout le monde est alors regroupé à tribord. Les appareils photo, plus ou moins gros, crépitent. Ca mitraille à tout va. L'animal ne paraît pas énorme, mais
nous n'en voyons qu'une partie. Il mesure environ 15m, soit autant que le bateau. Un membre de l'équipage annonce alors après quelques longues minutes que la bête va repartir vers les
profondeurs, et donc que sa queue va émerger, comme dans les meilleurs reportages animaliers. Chacun se prépare donc, et enregistre le souvenir que tout le monde est venu avoir.
Superbe. Moment rare, et exceptionnel que de voir la grande queue apparaître et partir à la verticale, en imaginant ce bloc de chair dans la continuité se diriger vers les profondeurs.
Chacun à bord est ravi, même si une fille à côté de nous n'a pas réussi à prendre la photo qui va bien (nous lui enverrons la notre). Audrey va bien mieux, et ne pense plus au potentiel
mal de mer. Cap sur la côte, nous repartons et arrivons une vingtaine de minutes plus tard, après avoir passé deux heures sur le bateau. Le même bus que tout-à-l'heure nous attend,
et nous ramène au centre, où chacun repart de son côté.
Il est 13h30 quand nous montons dans le camping-car, et partons pour le nord, via la même route qu'hier, afin de rejoindre Picton, à 160km, pour prendre le ferry idéalement ce soir. Le temps n'est pas terrible, mais au moins, il ne pleut pas. Nous longeons le bord de mer, retrouvons des montagnes, et arrivons sur la route des vins. Nous sommes en effet dans la grande région viticole de NZ. D'ailleurs ici, des moutons broutent dans les vignes. Marrant. Nous arrivons à Blenheim à 15h10, et bifurquons pour aller au Domaine Georges Michel, du nom d'un français s'étant installé dans le coin, et proposant semble-t-il à côté de ses vignes des plateaux de fromages délicieux. Clairement, il faut y aller. Mais malheureusement, l'endroit est fermé en basse saison. Nous mangeons donc, tard dans l'après-midi, une salade en bord de route, mais face aux vignes. Nous repartons ensuite pour Picton, à une dizaine de kilomètres seulement, afin d'attraper un ferry pour rejoindre l'île du Nord. Une demi-heure après, nous sommes à l'enregistrement, et avons un ticket pour prendre celui de 18h30, qui va mettre 3h pour arriver à Wellington. Nous attendons, garé dans notre ligne, que l'heure tourne, puis embarquons, via une procédure extrèmement simple et efficace. A tour de rôle, chaque file l'une après l'autre, les voitures et camping-car rentrent dans la soute. Il fait nuit, et, une fois dans les grands salons du bateau, ne voyons rien du décor et des paysages, pourtant très jolis, ressemblant à Milford Sound, que nous avions aperçus sur les photos. Mais au moins, nous avons gagné du temps, et pourrons avoir 13 jours complets sur l'île du Nord. On s'est bien organisé, et avons pas mal carburé ces derniers jours. Ca a valu le coup.
A Wellington, nous décidons de ne pas aller au seul endroit disponible pour les camping-car, à cause des 50$ qu'il faut débourser. Il est tard, environ 23h, et trouvons après avoir tourné et
s'être un peu perdus un quartier calme et faiblement éclairé, juste sous le mont Victoria. Voyant qu'il y a peu de passage, les conditions générales nous semblent bonnes pour passer la
nuit. Nous prendrons la "bonne" décision, puisque tout se passera bien. Une nouvelle aventure néo-zélandaise commence.
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couz - JM (mardi, 21 mai 2013 15:06)
Incroyable cette vision du cachalot ! Trop de chance...hate de voir la suite...
pascaline (mardi, 21 mai 2013 16:13)
le photographe a été très performant !!! c'est super. J'espère que le mal de mer n'a pas trop dérangé Audrey, mais ça valait la peine de partir en pleine mer. Bisous à vous deux et profitez bien de vos escapades.
Jerome (mardi, 21 mai 2013 21:46)
Et le vin, vous n'avez rien dit sur le vin. C'est etonnant de la part de Fred. Vous avez gouté? Verdict???
La Plume de Rosa (mercredi, 22 mai 2013 14:03)
comme
ps Rosa c'est raté