Ce matin, la première chose que nous entendons, ce sont les voitures passer de temps en temps à côté du camping-car. Nous ne souhaitons pas traîner, car nous n'avons pas le droit d'être là. Le ciel est gris, et il pluviote légèrement. Nous prenons connaissance du décor qui nous entoure. Nous nous en étions aperçus hier soir, mais nous sommes entourés par une forêt particulièrement verte. Le versant de la montagne se perd, pas très loin, dans un nuage. Nous partons à 9h. Un quart d'heure plus tard, nous hésitons à nous arrêter pour voir les "blue pools", des bassins bleus turquoise, pas très profonds, dont le fond est visible tellement l'eau est claire. La photo que nous avons sur nos docs est terrible. Mais sans lumière, sans rayons, et avec la pluie, nous continuons finalement notre chemin. Nous faisons pourtant un stop au parking, et ouvrons la porte pour évaluer l'intensité de la pluie, mais trop d'eau tombe. Petit regret, car nous ne repasserons pas par cette route. Regrets qui durent, car pendant l'heure qui va suivre, nous ne verrons rien du paysage, masqué par les nuages et la brume. En revanche, la forêt est toute proche, et déborde quasiment sur la chaussée. En entrant un peu plus dans les montagnes, nous passons à côté de parois, comme celles des routes de montagnes alpines, mais couvertes de végétaux, où l'eau coule de partout, tout autour sur la roche. Parfois, ce sont des cascades qui giclent jusque sous les roues. La pluie continue d'hier et de cette nuit a aujourd'hui de superbes conséquences. L'eau tombée du ciel retourne vers la rivière. Nous longeons de vrais murs végétals, superbes. En fait, nous sommes au coeur d'une rainforest tempérée. La proximité de l'océan, à quelques dizaines de kilomètres seulement, et des montagnes créent des perturbations orageuses et une pluviométrie importante qui a favorisé sur le versant exposé l'apparition et le développement d'une forêt luxuriante, abritant même des espèces d'arbres existant aux temps des dinosaures. Nous comprenons mieux pourquoi, ces derniers jours comme lorsque nous nous arrêtons ce matin pour aller voir une cascade - et empruntons le chemin pour la rejoindre à travers la forêt - nous sommes si fascinés par cette végétation luxuriante, ces lichens épais, doux, couvrant tout l'espace disponible sur les troncs ou par terre. Nous sommes à Thunder Creek Falls, devant une grande cascade dont le débit aurait été plus faible sans la pluie, qui continue de tomber après une trop brève pause. La nature vit.
En reprenant la route, toujours sur cette longue bande de goudron sinueuse et pentue, au milieu de ce vert, le panorama ne se dégage malheureusement pas beaucoup. Des nuages bas jouent à
cahe-cache avec les sommets, ou planent à mi-hauteur, donnant un côté un peu mystique à l'ensemble. Parfois, nous passons à côté d'une grande cascade sur notre gauche, que nous découvrons au
dernier moment, en ayant juste le temps de faire "ouahhh". L'eau dégouline de partout. Les murs et les montagnes pleurent. Après 1h30 passés dans ce décor, nous traversons une prairie, au milieu
de bandes de sable découvertes par la marée, puis arrivons rapidement, après 5 ou 10 minutes, au bord de la mer. La mer de Tasmanie. Quel changement. Le temps est toujours mauvais, mais au moins,
il ne pleut plus. Nous arrivons à Haast, 300 habitants, et disposant d'un Visitor's Center DOC où nous nous arrêtons brièvement. Vers 11h45, nous faisons un stop au point de vue de Knight Point,
offrant un joli panorama sur la Tasman Sea. L'endroit est l'un des plus photographiés du coin, et les vagues de l'Antarctique plaisent régulièrement aux otaries, et quelquefois (mais pas
aujourd'hui) aux baleines. La pluie a repris. Sur la route, peu après, nous nous arrêtons dans une Salmon Farm, à 68km du Fox Glacier, et achetons un filet, que nous préparons pour déjeuner en
sashimi. Nous avons garé la camping-car face à l'eau, quasiment sur la plage. La pluie s'intensifie. Nous repartons à 14h10. Nous arrivons alors au Westland Tai Poutini National Park, puis à Fox
à 15h. Ce glacier est le seul avec celui de Franz Joseph (à 25km) à être situé dans une rainforest (en tous cas sa phase terminale, car il prend sa source sur les sommets enneigés). De plus, la
moraine (le bas du glacier, souvent couvert de roche et de débris) n'est qu'à 300m d'altitude. Enfin, la mer est à une dizaine de kilomètres. Nous débutons notre visite de la région par une
marche de 2,6km, nous amenant à moins de 100m de la glace. Nous sommes tout près du glacier, mais loin du bleu de la glace plus haut, et des séracs. C'est donc sympa, mais pas transcendant,
sachant que nous avions vu de nombreux glaciers (mais de plus loin, c'est vrai) au Népal. En quittant le parking, une fois revenus à la voiture, des panneaux indiquent à quel niveau la glace se
situait à différentes époques. C'est fou ce qu'il a fondu. Nous prenons ensuite la direction de la ville pour faire le tour des agences, et comparer les prix des tours en hélicoptère, ou des
marches sur le glacier proposées, notamment celles où vous vous faites déposer en hélicoptère (une heli-hike). Nous comptons vivre au moins l'une de ces expériences, peut-être les deux. C'est
cher, mais ça a l'air bien. Informations en tête, nous allons à Franz Josef, pour faire de même, sachant que des prestations identiques sont disponibles sur les deux glaciers, qui se ressemblent
beaucoup. Après un tour des différents opérateurs, et avoir choisi d'attendre demain pour faire le point en fonction de la météo, nous allons prendre une place dans un camping de la ville,
complètement entouré par la rainforest. Sympa. La fille à la réception est en plus très joviale, et marrante. Bon contact. Nous pouvons si nous le souhaitons aller au spa, participer à la soirée
pizza, ou profiter de l'happy-hour. Nous préférons prendre la connexion internet, mettre le site à jour, et préparer le joli filet de boeuf dont la date de péremption arrive, en nous servant
auparavant un ou deux verres de nos cocktails néo-zélandais.
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La Plume de Rosa (mardi, 07 mai 2013 14:04)
sur