J10 - Les Catlins

Ce matin, la marée basse laisse place à un paysage un peu breton tout près du camping-car. Des oiseaux inconnus, blancs au long bec, picorent dans la vase et les flaques d'eau de la réserve naturelle dans laquelle nous avons passé la nuit. D'autres, bien plus nombreux, chantent en choeur sans s'arrêter, dans un des arbres touffus bordant les allées.

 

Première vraie journée dans les Catlins, cette région remplie de forêts, de champs, de rivières et de baies donnant sur l'océan, où viennent s'amuser dauphins, baleines, otaries et lions de mer. Avec quelques villes et villages de temps en temps, et beaucoup d'exploitations agricoles. Depuis notre départ de Christchurch, les routes que nous empruntons ne sont pas très fréquentées, à deux voies seulement, et passent au milieu de nulle part. Les villes sont petites, très calmes. L'homme semble plus appartenir à la nature que le contraire. Nous sommes dans un pays développé, mais nous sentons perdus au milieu du sauvage. Comme tous les jours, l'objectif est d'avancer, en s'arrêtant à différents points de vue, pour faire le tour du sud et remonter vers le nord, où nous rejoindrons après-demain les fjords et un nouveau parc naturel, pour faire quelques marches plus sérieuses, un trek, et allez visiter les lieux les plus emblématiques de la NZ. Premier arrêt ce matin assez vite, pour aller avoir les Purakanui Falls, des chutes d'eau accessibles après 20 minutes de marche depuis le parking sur le bas côté de la route. Pour y arriver, nous marchons dans une forêt qui nous rappelle étonnament le Cambodge. C'est en effet très vert, avec des grandes feuilles, de grandes fougères. Même sensation d'être pris par le végétal, et d'avoir autour de nous des espèces que nous ne connaissons pas. Les cascades sont sympas, hautes d'une petite dizaine de mètres. Cet arrêt rapide a le mérite de nous faire marcher un peu en début de matinée, et cela fait du bien. La forme est là aujourd'hui. Sur la route, une fois repartis, nous croisons comme chaque jour des moutons. Mais aujourd'hui, le long de ce tronçon en gravier pour rejoindre la Highway, il y en a vraiment beaucoup. Des centaines. Cela donne un joli effet, lorsqu'ils sont tous dans le même champs vert, que l'on surplombe à un instant. D'ailleurs, à un moment, en voilà un qui traverse la route, et se met à courir devant nous avant de se faufiler sous la clôture en barbelés pour rejoindre les siens. A peine cinq minutes plus tard, nous devons nous mettre sur le bas côté, et éteignons le moteur pour profiter du moment, car un troupeau arrive en face, encadré par une voiture derrière. Nous laissons tout ce petit monde passer gentiment, puis repartons. Ce matin, les paysages sont trrrèèèssss vallonés, verts, avec beaucoup de plantes et de végétation, tapissant les parois rocheuses à côté desquelles nous passons, et que nous devons frôler quand une voiture arrive en face dans les virages, à prendre à 30 km/h. Nous faisons un deuxième arrêt, toujours pour voir des cascades. Les "Matai Falls" et les "Horseshoe Falls", pas très éloignées l'une de l'autre, où une demi-heure à pieds est nécessaire pour les rejoindre, dans une forêt humide du même style que la précédente.

 

Vers 12h, nous arrivons à Papatowai. C'est fou le nombre de noms et d'appelations de ce type. Origines Maori obligent, bien sûr. Ces sonorités sont pour nous un avant-goût des îles de la Polynésie, et font très "île lointaine". Normal après tout, la NZ est bien une île lointaine, peuplée auparavant de tribus semblables à celles de la Nouvelle-Calédonie ou d'autres archipels français. Nous aimons bien. Nous faisons un petit tour sur la plage à Tahakopa Bay, où il est indiqué de partager la plage et de laisser de l'espace aux pingouins et aux otaries. Mais nous n'en voyons pas. Le vent souffle, et les vagues - pas trop grosses - donnent envie. Sur la carte, des spots de surfs sont indiqués un peu partout. Nous nous regardons en ayant la même idée. Nous continuons et nous arrêtons à un lookout, sur les hauteurs d'une autre baie, la Tautuku Bay. Là, la plage est superbe, et les vagues aussi. Bien espacées, parfaitement régulières... un régal qui ne donne qu'une envie : avoir une planche et y aller. Surtout qu'en continuant et se rapprochant, elles cassent bien, de gauche à droite, sans à-coups. Une vraie beauté de la nature. Il est 12h30. Nous souhaitons continuer, et rejoindre ce qu'Audrey a marqué sur notre carte des environs, à savoir Cathedral Caves. Mais la route pour y parvenir est fermée. On ne peut les voir en effet qu'à marée basse, et depuis 11h, l'eau monte. Nous continuons donc, traversant un décor toujours semblable à la campagne française mais avec la plage à côté (c'est-à-dire à 10m d'un champs bien vert et des moutons), et passons les 1000km effectués avec le Fiat. Nous nous arrêtons aux Niagara Falls, qui n'ont d'impressionant que le nom. Vous savez quoi ? Elles sont ridicules, à en mourrir de rire. Chez nous, on appellerait ça... non, on ne donnerait pas de nom à ces quelques rochers qui empêchent l'eau de passer, mais qui sont un régal pour les kayakistes. Mais ici, on a le sens de l'humour, et ça, on aime.

 

Nous atteignons ensuite le sommet d'une colline où le vent souffle fort, très fort, mais dotée d'un point de vue de toute beauté, avec la mer à 270°. A droite, la paroi abrupte haute d'une cinquantaine de mètres sur laquelle viennent s'abîmer les vagues qui éclatent violemment. En face, une descente plus douce se jetant sur un fond rocheux horizontal se découvrant en fonction de l'humeur de l'eau. A gauche, la côte partant vers le loin. Et encore à gauche, derrière nous, une plage nichée dans une baie. Photo panoramique de rigueur. Le reste n'est que le vert de la terre sur laquelle nous avons garé le camping-car. Après avoir déjeuné il y a 3 ou 4 jours face au turquoise d'un lac perdu entre les montagnes, ce sera aujourd'hui une pause casse-croûte avec vue sur l'océan, depuis les hauteurs de la colline. Nous sommes à Porpoise Bay, à côté de Curio Bay. Une fois la salade composée avalée, nous allons voir près de la petite caravane servant de Surf Shop si Nick, le proprio, est là, pour louer une planche. Mais non, personne malheureusement. Trop de vent sûrement. Pourtant, une fois sur la plage, juste à côté, l'eau n'a pas l'air dangeureuse. Pas de chance, c'est tout.  Au delà d'être de nouveau dans l'eau et de s'entrainer, nous aurions bien voulu voir si, comme l'annonce un panneau, des dauphins seraient venus jouer avec nous. Nous marchons sur le sable, et regardons bien, mais ne voyons rien. A part quelques surfeurs justement, un peu plus loin, qui ont l'air de bien s'amuser. Des sea lions et des pingouins viennent aussi se reposer ici régulièrement apparemment. Nous repartons, et prenons sur notre gauche une route en gravier, longue de plusieurs kilomètres, pour parvenir à Slope Point. Par moment, la piste passe sous le niveau de la mer, située à 3 mètres de la porte d'Audrey, et parfois, autre part, quelques vagues terminent même leur course sur la route. Nous suivons à ce moment la Catlins Coastal Heritage Trail, et longeons depuis un bon bout de temps toute la côte sud. A Slope Point, nous sommes sur le point le plus au sud de l'île. Pas loin, le Waipapa lightouse trône joliment, et mérite largement l'arrêt que nous y faisons. Nous sommes seuls, au bout de cette route qui semble ne jamais avoir été empruntée. Surtout qu'une fois arrivés, en s'aventurant pour regarder la plage, juste en dessous, cinq mètres plus bas, nous apercevons des sea lions. Nous nous approchons, mais préférons garder les 10m conseillés pour ne pas les déranger et éviter un accident. Fred avait pourtant envie d'aller s'allonger et se vautrer comme eux sur le sable, juste à quelques mètres, pour les singer et faire une photo inoubliable. C'est vrai qu'il est plus de 17h, et qu'en fin de journée, ces animaux reviennent sur la plage quotidiennement. Quelques photos près du phare, construit en 1884 après plusieurs naufrages dans le coin, et nous repartons, non sans hésiter à nous installer là pour la nuit. Dormir à côté d'un phare, isolés, au bout de la NZ, ça aurait été sympa, n'est-ce pas ?

 

Après un peu de route, nous retrouvons la civilisation, et arrivons à Intercargill, une ville de 53 000 habitants. Nous avons préféré rouler, car nous ne sommes pas en avance sur notre programme général, et avons beaucoup de choses devant nous encore, probablement même le plus gros de cette aventure dans le pays kiwi. Intercargill, c'est la plus grosse ville du Sud. Elle comprend 4 terrains de golf (rien que ça). Avec le rugby, ça a l'air d'être le sport favori ici. Nous trouvons un camping avec du wifi, mais manque de pot, il ne marche pas (à cause de l'ordinateur, et de la connexion à un serveur réseau, pas du signal en lui-même). Nous ne sommes pas mécontents d'avoir bien avancés. Demain, nous quittons les Catlins pour rejoindre une étape que nous avons en tête depuis la planification du voyage, et l'un des endroits les plus courus de NZ :  Milford et les fjords. On va encore changer de paysages. 

 

 

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Commentaires: 3
  • #1

    CHRISTIANE (mardi, 30 avril 2013 10:24)

    voir ces animaux dans leur milieu naturel ailleurs que dans un zoo!!
    un reve pour nous veinards!!

  • #2

    La Plume de Rosa (mardi, 30 avril 2013 19:23)

    fred ne me contredira pas, les Niagara falls ne valent pas les "Loins Falls" d'Audrey, Small of the back ça faisait un jeu de mot pourri

  • #3

    La plume de Rosa (vendredi, 03 mai 2013 18:22)

    un