J8 - Going south

Comme annoncé par le DOC Center hier, la météo ce matin n'est pas terrible. Nous avons été réveillés une ou deux fois cette nuit, et les nuages bas couvrent le ciel lorsque nous ouvrons les yeux vers 8h15. Nous décidons quand même de faire la Hooker Way, une marche pour rejoindre un lac avec en arrière plan le Mont Cook. Sur les cartes postales, il se reflète complètement sur l'eau. Ca ne risque pas d'être le cas today. Coupe-vent sur le dos, polaire et sous-vêtement technique, nous fermons le camping-car à 9h15. A partir de là, nous suivons un petit chemin s'engouffrant à travers la vallée, et rejoignons un, deux, puis un troisième pont suspendus, un peu comme ceux du Népal, plus rigides cette fois-ci, grâce à leur plancher renforcé en bois. "Max load 20 people" est écrit au dessus du seuil du premier. Donc sûrement moins solide que leurs cousins himalayens, où passaient des troupeaux d'ânes chargés comme des boeufs. Le vent se met alors à devenir plus puissant, et de fines gouttes de pluie nous tombent dessus. Dès lors, le temps va empirer, jusqu'à lutter contre de puissantes rafales, parfois à 90km/h, envoyant les gouttes de pluie nous fouetter le visage. Notre pantalon commence à être mouillé. Nous  doublons un couple de singapouriens, que nous retrouvons un peu plus tard, après 1h de marche, dans une petite maison vide servant d'abri de montagne, où un autre couple fait une pause et se protège de la pluie tombant maintenant sans discontinuer. Les versants aux pieds desquels nous sommes sont couverts d'arbres, sauf près de grandes coulées de pierres et de rochers par endroits, descendant tout le long de la pente. Les sommets disparaissent sous les nuages. Le paysage est terni par la météo, qui le rend du coup un peu hostile, sans vie animale, et sans bruit, excepté celui du vent, qui souffle puissamment en s'engouffrant dans cette vallée. A partir du troisième pont, nous mettons plus de temps pour progresser, capuche sur la tête, main dans les poches, courbés en avant pour aller contre le vent, tête souvent baissée pour ne pas se prendre la pluie. Pas super agréable, mais nous ne sommes plus très loin du lac. Au milieu de ces grands volumes, nous observons l'eau tomber, et être emportée par les rafales. Nos coupe-vents, techniques, jouent parfaitement leur rôle. Paradoxallement, il ne fait pas très froid, juste frais. Nous gardons quand même les mains dans les poches pour les protéger. Nous arrivons enfin sur le lac, après un dernier virage. Nous avions deviné l'arrivée depuis une dizaine de minutes, en voyant le flanc annonciateur d'une petite colline couper transversalement la vallée, avec derrière au loin le Mont Cook, dont nous n'apercevons que le versant, le sommet étant caché par les nuages gris foncés. Typique des endroits où il n'y a rien derrière. Enfin, devant nous, se tient un grand lac, et au loin, aux pieds du Mt Cook, le Hooker Glacier se jetant dedans. Seul le mur de glace près de l'eau, là-bas, permet de savoir que c'est un glacier, car la longue coulée de glace, longue de plusieurs kilomètres, descendant des hauteurs près de 2000m plus haut, est couverte de cailloux et de terre, à cause des éboulements ayant eu lieu de chaque côté. Nous ne sommes pas assez hauts pour voir le bleu du glacier, qui doit pourtant être visible bien plus en amont. En revanche, deux icebergs tout près, sur notre gauche, ont une superbe couleur. Ils ne sont pas très imposants, mais sont néanmoins plus sympas que ceux aperçus hier. C'est d'ailleurs probablement là que les tours en kayak doivent avoir lieu. Nous ne regrettons pas de ne pas avoir réservé cette activité aujourd'hui, ni d'avoir préféré marcher plutôt que d'aller au café à côté du DOC, fermé hier, pour prendre des informations. Et vu la faible quantité de glace, nous n'irons pas demain non plus, et partirons ce midi pour reprendre la route. Nous aurons sûrement l'occasion de pouvoir refaire cela quelque part, ici ou au Chili. Nous restons un bon quart-d'heure sur le point de vue, nous imaginons ce que cela pourrait être quand il fait beau, puis repartons, car il reste encore à revenir à la voiture. Sur le retour, la pluie continue, arrivant cette fois-ci de derrière, et les rafales sont toujours de la partie. Notre pantalon est complètement trempé. Nos sous-vêtements commencent aussi à l'être. Un sur-pantalon imperméable serait bienvenu. Peut-être devrions-nous en acheter un pour le reste de l'aventure, surtout si nous partons en trek plusieurs jours et en autonomie à un moment. Cela ne pose pas trop de problèmes aujourd'hui, car nous serons au chaud dans une grosse heure, mais s'il fallait en faire trois ou quatre comme ça, ce serait plus gênant. Autant en haut nous sommes ok, autant nos bas ne font pas l'affaire dans ces conditions. Sur le chemin, nous croisons des gens, souvent mal équipés (certains en short, d'autres sans veste imperméable, en sweat-shirt, ou en petites baskettes...), à mi-chemin, et même jusqu'à quasiment l'arrivée. Sachant qu'on ne voit rien, surtout maintenant qu'il fait plus mauvais, au lac, nous suggérons à un groupe de quatre personnes de rebrousser chemin, en leur indiquant les trois ponts, qui pourront néanmoins leur servir de points de repères.


De retour chez nous, pas mécontents, nous nous changeons, enfilons un bas sec, et mettons tout ça à sécher. Il est 11h45. Une grosse envie : passer le reste de la journée près d'un bon feu de cheminée et regarder un film. Mais non, nous prenons la route pour avancer vers notre prochaine destination. On aurait pu rester là à en regarder un, mais il vaut mieux être raisonnable et ne pas perdre de temps. Vu le programme que nous nous sommes fixés pour les semaines à venir, il est préférable de ne pas traîner. Heureusement, en roulant et en laissant le Mt Cook derrière nous, via la route par laquelle nous sommes arrivés hier, la pluie cesse, et il fait un peu plus lumineux. 2 beaux arcs-en-ciel font leur apparition, juste en face. L'un, bien plus grand, enjambe carrément la gigantesque vallée, dans laquelle nous nous sentons d'ailleurs toujours aussi petits. 12h25, 15 minutes après être partis, nous nous arrêtons sur le côté pour aider deux asiatiques, une fille et sa mère, venant d'avoir un accident. Sorties de route en voiture, elles sont choquées mais pas blessées, hormis quelques égratinures. D'autres personnes sont dejà là. La voiture est dans le fossé, à dix mètres de la route, et cinq mètres plus bas. Elles roulaient pourtant sur une longue ligne droite. Il est vrai qu'il y a un peu de vent (mais rien à voir avec tout-à-l'heure encavés entre les montagnes), mais quand même. La voiture a apparemment fait plusieurs tonneaux. Audrey va chercher du désinffectant et quelques pansements. Les tchèques en camping-car, arrivés avant nous, attendront avec elles l'arrivée des premiers secours et la police, qui viennent de Twizel, à 55km. Justement la ville où nous allons. Nous repartons, et laissons cette fois-ci le lac d'hier, que nous venons d'atteindre, toujours aussi bleu (mais un bleu différent, un peu plus clair, un turquoise tirant vers le blanc... sûrement à cause de la lumière, différente d'hier), sur notre gauche. Allez savoir pourquoi, une fumée plane sur certaines parties de sa surface. La route serpente au pied de la montagne juste à droite, au milieu de quelques sapins. Le lac nous accompagne toujours. Nous croisons après 20 minutes la police et les pompiers, arrivant en sens inverse. Le ciel s'éclaircit.

 

A Twizel, une petite ville paisible, nous faisons quelques courses, prenons de l'essence, et nous posons à l'extérieur de la ville pour déjeuner. Nous sommes alors dans le "Gondor". Vous savez, cette région du film "Le Seigneur des Anneaux", dans laquelle une grande bataille à lieu, et où les protagonistes parcourent des kilomètres à cheval. Entre Le Mont Cook et Queenstown, plus au Sud et à l'Ouest, une grande partie des scènes du film ont été tournées là. Génial de se dire que Peter Jackson était là pour filmer certains plans, juste là, en face, sur les kilomètres de plaines bordées de montagnes face à nous ! Après s'être renseignés, ce n'est en fait pas la première fois que nous sommes sur les lieux du film. La région de Canterbury, près de Christchurch, est celle d'Edoras dans la trilogie, Twizel et le Mt Cook sont mis en valeur dans la scène d'ouverture du second épisode, et la forêt de conifères que nous avons vue sert pour les prises dans la "Fangom forest", ou dans les "Dead Marshes". Dans les jours qui viennent, et plus particulièrement dans une semaine, nous verrons encore certains des autres lieux qui ont fait découvrir la Nouvelle-Zélande à tous ceux qui n'ont pas eu la chance d'y aller. Nous repartons une heure après, vers 15h30. La pluie se remet à tomber après une demi-heure, à grosses gouttes, et nous empêche de profiter du paysage, qui semble changer au fur et à mesure. Nous faisons un stop rapide une heure après, au moment où elle cesse, à un lookout bien plus sympa que nous ne le pensions. Cela fait en effet 15 minutes que nous roulons à travers de nouvelles montagnes, ou grandes collines, entre les vallées, grâce à la seule route passant par là. Les couleurs sont cette fois-ci jaunes comme les champs, et rien d'autre, de haut en bas. Mais en entrant dans cette nouvelle région, nous n'avions pas remarqué qu'en montant, nous laissions un superbe paysage derrière nous. Les vues que nous avions depuis la voiture, devant nous puis ensuite sur les côtés, n'étaient qu'une introduction. C'est en effet au lookout que nous nous retournons et contemplons toute la vallée dans laquelle nous sommes, un peu sur les hauteurs, juste avant d'arriver au col par lequel nous devons passer. L'altitude est faible, mais il n'y a aucun arbre, très peu de végétation, à part cette herbe jaune recouvrant toutes les terres à la ronde, dans ce paysage presque désertique, sans vie (sauf un ou deux moutons), où la présence de l'homme n'est trahie que par la route qui file à l'horizon et se perd entre les différents plans successifs créés par les parois, et dont le dernier est un pic enneigé. Superbe. Les volumes sont décuplés. On adore. Et plus que leur forme, ce sont les couleurs des versants et des pics qui nous suprennent. Un tapis jaune. Un peu plus loin, en continuant dans ce décor sorti de nulle part, quelques boeufs noirs tranchent avec l'herbe qu'ils broutent.


Avant d'arriver à Crownell, la prochaine ville, nous passons entre plusieurs vignobles. La région est  connue pour son pinot noir, apparemment l'un des plus fameux de Nouvelle-Zélande (mais qu'en est-il du terroir ?). Nous ne nous arrêtons pas, car nous repasserons par là en remontant vers le Nord, et passerons sûrement plus de temps à déguster quelques crûs au Nord-est de l'île dans la région de Marlborough, la plus célèbre en termes viticoles du pays. La pluie s'est définitivement arrêtée, et la lumière commence à baisser. Nous longeons le lac Dunstan, près de Cromwell. Les couleurs changent de nouveau. C'est maintenant du marron qui nous entoure. Le jaune a disparu. Ce n'est pas de la lave, mais une terre foncée, désertique, rocheuse. Le lac est grand. Là encore, seule la route rapelle la civilisation. Nous arrivons enfin, à 18h15, à Alexandra, la ville où nous avons prévu de nous arrêter aujourdhui. Il fait presque nuit. Nous tournons à la recherche d'un camping, en vain. Nous trouverons un parking au bord de la rivière, un peu en dehors de la ville. Nous allons faire quelques courses, et profitons du supermarché de cette ville plus grande que les autres (4000 habitants), et d'un fast-food pour prendre un coca et recharger l'ordinateur, et écrire quelques articles. Nous allons ensuite nous garer un peu à l'extérieur sur ce parking, et resterons là ce soir.

 

 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 5
  • #1

    alain maryse (dimanche, 28 avril 2013 08:12)

    vous voilà maintenant devenus secouristes en NZ et Audrey infirmière, comme quoi il est exact que les voyages forment la jeunesse!

  • #2

    christiane (dimanche, 28 avril 2013 10:11)

    je vois que vous etes solidaires de nous pour la météo!

  • #3

    annick (dimanche, 28 avril 2013 18:58)

    c'est toujours aussi passionnant de lire vos articles et de regarder vos photos , malgré le manque de soleil (ici non plus nous n'en avons pas) ce doit être vraiment géant et quelle courage ces longues marches dans la pluie et le vent bravo !!! a bientôt continue de nous faire voyager bisous

  • #4

    La plume de Rosa (vendredi, 03 mai 2013 18:21)

    dans

  • #5

    Couz - JM (mardi, 21 mai 2013 13:41)

    Vous avez pas envie de vous faire ces petites routes bien tranquille avec un Roadster Porsche :)