Prison Break

Ca y est, nous sommes en Nouvelle-Zélande. Pour tout vous dire, ça nous fait drôle. D'abord parce qu'il y a eu une sensation bizarre en quittant l'Australie ce matin, après ce mois et demi passé là-bas. Nous repensons à notre arrivée, à note première semaine dans le Centre Rouge, et à tout ce que nous avons fait. Ca semble loin, surtout après s'être posés à Sydney (dont l'aéroport est un de nos préférés depuis notre départ). D'autre part parce que la Nouvelle-Zélande, ca fait rêver pas mal de monde, et pour tous, c'est un peu inaccessible, à cause de la distance. Christchurch, la ville principale de l'île du Sud - celle par laquelle nous commençons et à laquelle nous consacrons le plus de temps (sûrement 2/3 des 45 jours prévus) - est à 2200 km de Sydney, et un peu plus au sud. Comme bien d'autres fois, nous vivons ce jour de départ, toujours particulier, comme un entre-deux, à ne pas bien savoir ce que nous allons rencontrer, et à avoir l'impression que nous quittons une destination sans pourtant rentrer chez nous, comme cela devrait normalement être le cas. C'est vrai quoi, quand on part en vacances à l'étranger, généralement, quand cela se termine, on repart chez soi, en pensant déjà à ce que l'on va retrouver, et à clôturer cet aparté dans la vie professionnelle. Pas nous. Cela engendre donc des sensations bizarres. Le fait de sentir que le voyage se déroule, en jouissant de chaque culture/pays, mais aussi en prenant conscience de ces "points-étapes", de ces changements de chapitres, de ces transitions qui n'arrivent que dans des voyages au long cours. Audrey est triste, comme à chaque fois, car c'était bien. Et comme d'habitude, nous avons eu beaucoup de choses à faire ces deux derniers jours, et sommes contents aujourd'hui de partir sur une nouvelle aventure l'esprit léger, le site à jour, en pouvant avoir la tête libre pour vivre pleinement ce qui nous attend, sans avoir à revenir sur des choses passées. C'est important pour profiter correctement de la chance que nous avons. Un moment mêlé d'excitation, de tristesse, de curiosité, d'impatience, à se demander comment cela va être, ce qu'il va nous arriver, comment allons-nous prendre nos repères. Des aventures dans l'aventure.

 

Se lever fut un peu difficile. Derniers couchés, et premiers levés. Nous laissons la guesthouse derrière nous à 6h du matin, et arrivons à l'aéroport assez vite, vers 7h, après que la navette se soit arrêtée plusieurs fois pour prendre d'autres passagers. Nous enregistrons directement nos bagages, sans faire de queue, et nous promenons dans l'aéroport jusqu'à l'embarquement. Comme toujours, nous nous regardons dans les yeux quand nous sentons et entendons les moteurs rugir sur la piste de décollage. Belle vue sur Sydney et les plages depuis quelques milliers de mètres d'altitude. Bye bye. Nous laissons derrière nous la côte australienne, qui est parfaitement visible sur des centaines de km. Le vol de trois heures se déroule parfaitement. Audrey dort pendant que Fred lit ou joue à un jeu sur l'ordinateur.

 

Quand nous franchissons la couverture nuageuse peu avant d'atterrir, nous découvrons un paysage très français, fait de pâturages et de champs verts, morcelés, plats. Par contre, la couleur bleutée de l'eau stagnante sur cette longue, très longue bande de sable, au milieu de champs, est étonnante, et contraste. Fred, qui est près du hublot, lève le regard et s'aperçoit qu'elle part vers l'horizon et s'étire sur des dizaines de kilomètres, tel un fleuve presque asséché, aux couleurs de marée basse bretonne. La première illustration que oui, la Nouvelle-Zélande (ou NZ), est un pays qui en met plein les yeux ? Nous verrons bien. A peine arrivés dans l'aéroport, des photos de paysages en 16:9 décorent les murs. La couleur est annoncée. Des glaciers aux couleurs improbables, des forêts au bord de l'eau, d'immenses étendues naturelles... tout ça en qualité professionnelle évidemment. Impossible de rester de marbre. Nous passons le contrôle douanier, en espèrant que personne en nous interpelle, car nous avons toujours un bout de saucisson dans un des sacs, et avons déclaré ne pas importer de produits alimentaires, pour ne pas perdre ce cadeau précieux. Mais quand nous voyons que les bagages vont être passés aux rayons X et contrôlés spécifiquement pour cela, avec de gros panneaux indiquant qu'une amende de 400$ doit être payée si vous ne déclarez pas ce genre de choses, nous nous regardonc, discutons, et concluons qu'il vaut mieux ne pas prendre le risque. La NZ est en effet très stricte sur les choses qui rentrent dans le territoire. Nos chaussures de marche vont par exemple être contrôlées peu après, pour être sûr que nous ne ramenons pas de la terre et des organismes vivants d'ailleurs, qui pourraient perturber l'équilibre écologique des deux îles. Nous avons d'ailleurs menti en remplissant le document d'immigration, en disant que nous n'avons pas visité de forêts au cours des 30 derniers jours. Du coup, au bureau devant lequel nous nous présentons volontairement, quand la personne voit et sent le bout de saucisson, elle nous annonce immédiatement qu'il va falloir abandonner un de nos biens les plus précieux. Oh non. Nous lui disons que c'est un produit naturel, et d'autres choses, mais rien n'y fait. Bon, on s'en doutait en fait, mais on ne sait jamais. Elle nous explique que les moisissures blanches sur la peau de ce bout de porc peuvent entraîner des problèmes par exemple. Nous lui proposons alors de le manger, tout de suite, pour au moins ne pas le perdre, mais non, nous ne pouvons pas non plus. Nous lui demandons bien quelle différence cela fait si nous en avions mangé trois heures plus tôt, mais sans succès, même en lui disant que c'est impossible d'obtenir un produit comme celui là dans les 6000km à la ronde. Elle est étonnée que nous ayons pu le rentrer en Australie, et nous signale que cela était illégal. Nous lui donnons alors, en espèrant qu'elle puisse le manger et en profiter, mais non, ce ne sera bien sûr pas le cas. Fred lui dit qu'elle loupe quelque chose, mais elle n'y prête pas attention. A vrai dire, nous connaissions bien l'issue de tout cela, mais c'était dur de ne pas lui faire comprendre le gâchis. Heureusement nous en avons mangé un dernier bout hier soir avec Clarisse et Nico. Bref, nous sortons, retirons du cash, et montons dans la navette à disposition pour nous emmener dans notre guesthouse, une ancienne prison. La Jailhouse Accomodation. Dehors, pour nos premiers pas ici, il fait froid (14°), gris, et nous nous sentons un peu comme en Europe. Mais cela ne fait que 10 minutes que nous sommes sortis. Les arbres ont les couleurs de l'automne. Il n'y a que des pavillons autour.

 

Une fois nos bagages posés dans notre "cellule", nous faisons un tour de la prison. Tout est propre. La chambre, une ancienne cellule, n'est pas très grande, et nos lits sont superposés. Les autres sont disposées autour d'un couloir et d'un espace de surveillance, exactement comme dans toutes les prisons. Nous visitons quelques anciennes cellules laissées en l'état, dont les murs sont par exemple couverts de dessins, ou de dates, dont une remontant à 1999. Nous pensons alors prendre des documents sur le pays trouvés à la réception, ou bien le bouquin que le conducteur de la navette nous a donné pour planifier notre itinéraire ici, et notre départ de Christchurch samedi, avec les plans locaux et les routes de chaque région, et aller nous poser quelque part pour commencer à potasser tout cela. Mais nous avons du mal à trouver un endroit, car le quartier d'Addington, au sud de la ville, est assez désert. Nous cherchons alors un supermarché pour nous ravitailler et faire quelques courses, puis rentrer pour faire tout cela à la guesthouse. Nous mettons pas mal de temps à en trouver un, et marchons dans les rues pavillonaires du coin. Nous ne sommes pas beaucoup dépaysés pour le moment, et c'est interessant d'être si loin, et de se sentir un peu comme chez nous. Nous faisons quelques courses, difficilement sélectionnées sur les 5 rayons pas très fournis du Franprix local, et rentrons. Nous irons demain dans le centre de Christchurch. A la guesthouse, nous planifions notre itinéraire global, et discutons avec deux allemands présents ici depuis quelques mois. En les écoutant, le pays a l'air fabuleux. L'un est aller surfer à Kaikura (il débute), justement là où nous souhaitons aller samedi pour voir des baleines (il y en a toute l'année), et a eu des dauphins autour de lui alors qu'il tentait d'attraper des vagues. L'autre nous raconte des endroits un peu cachés sur lesquels il est tombé au Sud de l'île, et nous fait complètement rêver en décrivant les paysages qu'il a vus. Nous dînons ensuite, en discutant avec un peu tout le monde, dont des français, et ne faisons pas long feu avant de dormir.

 

 

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Commentaires: 6
  • #1

    La Plume de Rosa (vendredi, 19 avril 2013 18:58)

    et dire que vous aviez peur d'y être envoyés il y a quelques jours pas si lointains!!!!

  • #2

    rosa la plume (samedi, 20 avril 2013 16:23)

    je pense que l'intrus qui utilise mon pseudo en verlan risque fort de passer quelques jours lui aussi en cellule, mais à la Santé ou aux Beaumettes, dès que j'aurais porté plainte pour usurpation d"identité, à moins qu'il ne dévoile sa véritable identité!!!
    Ceci dit,nos deux prisonniers n'ont pas l'air de trop souffrir de leur incarcération,car après presque six mois d'absence ils ont toujours une aussi bonne mine.

  • #3

    pascaline (samedi, 20 avril 2013 23:30)

    ça y est, vous allez nous faire visiter un nouveau pays et le programme est alléchant ! Ne faites pas trop d'imprudences si vous allez sur les glaciers. profitez bien de votre séjour. bisous.

  • #4

    La plume de rosa (vendredi, 03 mai 2013 18:05)

    en verlans ce serait Zaro La Meplu

  • #5

    La plume de rosa (vendredi, 03 mai 2013 18:05)

    Ca

  • #6

    Couz : JM (vendredi, 17 mai 2013 18:23)

    Je suis sur que fred joue sur son ordi à Metro last Night :-)