8h40, direction Tower Hill Game State Reserve, à 15km, un cratère de 4km de diamètre dans lequel des arbres ont été replantés par les australiens il y a 40 ans, après que les européens aient tout enlevé pour cultiver la terre, un endroit où il est, d'après le gérant de notre guesthouse, possible de voir pas mal d'animaux, dont des émeus, des koalas ou des wallabies (de petits kangourous), à condition d'y aller assez tôt. Nous nous levons donc en conséquence, et partons après avoir préparé notre petit-déjeuner dans la cuisine de la guesthouse (c'est toujours sympa ce genre de moments, on dirait une grande colocation temporaraire). Nous arrivons peu de temps après, et voyons plusieurs points de vue donnant une jolie perspective sur ce cratère, aujourd'hui complètement vert, couvert d'arbres ou de marais. Nous sommes un peu en retard sur notre planning, et commençons notre marche à 9h15, soit une heure après ce que nous avions prévu. Le faible nombre d'indications quand nous entrons dans le parc en voiture ne nous aide pas non plus à savoir à quel endroit, parmi les 4 ou 5 disponibles, il faut s'arrêter et se garer. Nous trouvons enfin la début de la Lava Tongue Boardwalk, longue de 3,5km, et commençons à marcher. A peine sortis de la voiture, après seulement 50m de parcouru, nous apercevons un koala, le premier, perché en haut d'un arbre. Comme très souvent, il est en train de dormir (un koala passe 85% de la journée à dormir), assis sur une branche et en serrant une autre avec ses pattes et ses mains. Il a l'air mignon, mais il sembe avoir des griffes qui ne donnent pas trop envie d'aller jouer avec lui. Après ce moment d'émerveillement, nous suivons le chemin qui s'enfonce dans la forêt. Pendant 1h15, nous n'allons croiser personne, et être seuls à marcher sur ce chemin de deux mètres de large en terre, les oreilles ouvertes à l'affût du moindre bruit, et à chercher d'autres koalas. Le temps est un peu couvert mais il ne fait pas froid, et une odeur de terre mouillée plane tout le long. Nous sommes dans une forêt comme celle que nous connaissons en Europe, et ne sommes pas particulièrement dépaysés, en dehors des nombreux eucalyptus et de certains bruits d'oiseaux inconnus. Certains ne rassurent d'ailleurs pas Audrey, qui sursaute parfois quand un bruit dans les fourrés attire notre attention. Après 20 minutes, nous croisons deux émeus, devant nous à 15m, se tenant en plein milieu du chemin. Nous nous approchons, et en apercevons un autre sur notre gauche, en haut du monticule que nous longeons depuis quelques temps. Ils ne sont pas craintifs, mais s'arrêtent quand même de bouger pour tourner la tête quand nous faisons du bruit. Nous nous tenons maintenant à 5 ou 6 mètres d'eux. Ils sont assez grands, entre 1,5 et 2m, et font un bruit profond et guttural tout à fait surprenant. Leur cage thoracique semble avoir l'effet d'une caisse de résonnance donnant un son grave et profond, poussé par intermittence. Nous préférons ne pas les doubler, car cela impliquerait de passer à un mètre d'eux, et nous savons que les émeus poursuivent souvent leur assaillant lorsqu'ils sont énervés. Audrey se tient derrière Fred, au cas où l'un d'eux se mette à se diriger vers nous. Un cou de bec d'une telle bête ne doit pas être très agréable non plus. Et puis nous ne voulons pas déranger la nature, et les laissons vaquer à leurs occupations en attendant derrière eux. Au bout d'un moment, c'est un peu long, même s'ils avancent et marchent sans beaucoup s'arrêter. Enfin, l'un d'entre eux monte sur le monticule, et nous pensons alors que le deuxième va suivre, ce qui n'est le cas que 5 minutes plus tard, moment où nous accélérons pour passer. Sur notre droite, nous avons un marais, un lac, et au loin, l'océan. Dans le silence qui fait place quelquefois, Audrey entend le lent battement d'ailes, majestueux, d'oiseaux que nous voyons ensuite passer au dessus de nous pour disparaître derrière le sommet des arbres. D'autres émeus se baladent, tout comme des lapins qui traversent parfois le chemin en courant. Vers la fin de la marche, nous entendons un bruit plus prononcé que les autres, dans les feuillages à côté sur notre droite, et nous demandons de quel animal il peut s'agir. Fred dit que ce ne doit pas être un wallaby. En revanche, sur notre gauche, juste là, s'en tient un, à 7 ou 8 mètres. Surprise. Il est là en train de manger. Nous arrêtons de marcher. Il nous regarde, puis se remet à manger. Un wallaby, c'est comme un kangourou, mais en plus petit. Fred réussit à s'approcher à environ 3 mètres, et l'observe pendant une petite minute, avant que l'animal ne s'enfuit en bondissant. C'est toujours drôle de voir ces bonds. Baong, baong, baong... nous marchons encore 15 minutes, et terminons la boucle pour revenir à la voiture. Le koala est toujours là, et un groupe d'élèves de primaire arrive pour l'observer. Leurs yeux sont émerveillés. Nous montons dans la voiture, et partons pour un lookout, un à côté duquel nous étions passés en arrivant sans avoir pu s'arrêter. Le Von Guerard Lookout, du nom du peintre Eugène Von Guerard, qui a peint un tableau à cet endroit précis au 19ième, exposé d'ailleurs en reproduction à côté du petit panneau explicatif. Ce tableau a servi lors du projet de re-forestation, en permettant de savoir quels types d'arbres s'y trouvaient auparavant, ainsi que la composition végétale générale du lieu. Le point de vue sur le cratère est joli, et permet de bien observer la forme du parc dans lequel nous étions juste avant. L'océan est au loin. Nous l'avions presque oublié. Nous nous arrêtons ensuite à un deuxième lookout, où le lac est plus visible, avec de nombreux émeus, en tout petit, tout autour. Nous croisons un wallaby sur le bord de la route. Retour à Port Fairy, plutôt que de continuer vers l'Est pour poursuivre notre route.
Nous souhaitons en effet visiter Griffiths Island, accessible par un pont réservé aux piétons, où vivent quelques wallabies et "mutton birds", des oiseaux gris qui migrent ici une fois par
an, toujours à la même date, au jour près, et repartent vers la fin du mois de mars. Nous faisons le tour de l'île, dans laquelle un bras d'eau particulièrement claire pénètre.
La première partie va jusqu'au phare, et fait 1 250 mètres. A côté, sur notre gauche se trouve une des plages que nous sommes allés voir hier. Quand un rayon de soleil apparaît, la
couleur de l'eau change et s'éclaircit pour tirer sur un bleu turquoise. Nous nous disons que cela doit être magnifique quand le temps est de la partie. A côté du phare,
quelques planches de surf, appartenant à ceux que nous voyons dans l'eau essayer de prendre la vague, sont posées. Sur le chemin, nous en avons croisés un ou deux à vélo, en combi, une
main sur le guidon, l'autre pour tenir la planche sous le bras. Plutôt que de faire demi-tour, nous décidons de continuer et de faire les 1 650 mètres, partagés entre chemin au milieu de
touffes d'herbes et plage de sable, jusqu'à la voiture. Un peu partout, nous croisons des cadavres d'oiseaux morts, ressemblant à des mutton birds, sans savoir pourquoi. Partout, des
panneaux demandent de ne pas s'écarter du chemin pour préserver l'équilibre naturel et les colonnies de Shearwater, une autre espèce d'oiseaux locaux.
12h15, nous partons cette fois-ci pour de bon, en direction de Warrnambool, à 28km. Une fois là-bas, nous allons voir la Lady Bay, une grande plage de surfeurs, connue pour les couleurs
magnifiques de l'eau, que le ciel nuageux nous prive de voir. Nous ne restons donc pas très longtemps, et tournons à droite pour entrer sur la Great Ocean road, une route longeant cette
partie de la côte jusqu'à presque Melbourne, longue de 243 km, indiquée dans tous les guides comme LA route à suivre, pour les décors naturels qu'elle permet de voir, et notamment les 12
Apôtres, 12 rochers sculptés par l'eau et par le vent, se retrouvant maintenant au milieu de l'eau, mais avant accrochés à la terre. La route serpente au milieu de la terre, à environ
un kilomètre de la côte, et ne permet pas en fait de voir grand chose. Des falaises bordent en effet le littoral, de telle sorte que nous sommes en hauteur, et non directement à hauteur de
l'eau. C'est donc un peu décevant pour le moment, car nous pensions avoir constamment l'eau sur notre droite. Mais très régulièrement, il faut suivre un panneau indiqué à la dernière
minute, et tourner pour rejoindre un parking, à partir duquel nous suivons un chemin emmenant jusqu'à un ou deux belvédères, offrant alors et à chaque fois un spectacle magnifique sur
l'océan, les falaises impressionantes, des bouts de terre hauts de 100m errodés par le temps et les éléments, maintenant au milieu de l'eau, et frappés par la houle et les vagues,
créant parfois un tapis d'écume sur les surfaces rocheuses horizontales et découvertes par intermittence. Quand une plage en sable s'y trouve, les vagues forment de beaux rouleaux. L'étendue
devant nous, le champs de vision à 150° et la brutalité des éléments et du "scenery" en font un spectacle dont nous ne nous lassons pas. Et à chaque arrêt, nous retrouvons les mêmes
ingrédients, mais dans des configurations différentes. Comme le feu, voir la mer s'agiter et frapper la roche est quelque chose qui hypnothise, et qui pourrait durer des heures. Ici, la
roche est creusée par endroit de 2 cm/an. A tel point que sur un point de vue, appelé le London Bridge, un bras de terre a complètement disparu, pour laisser aujourd'hui une grande
masse détachée de son socle, et trouée à sa base pour lui donner l'allure d'un pont, maintenant que l'ancienne structure s'est écroulée. Saisissant. Probablement celui que nous avons
préféré. Les autres arrêts sont tous aussi beaux. Bay of Islands - le premier que nous voyons, vers 13h45 - Bay of Martyrs, où plusieurs bateaux se sont échoués à cause des roches, des
écueils et des courants, The Grotto (avec sa grotte creusée naturellement et le niveau d'écume complètement fou à chaque vague), The Arch, Lockard Gorge, avec 3 superbes points de vue
différents. Souvent, il est possible de voir le passage du temps sur les falaises, en observant les changements de couleurs horizontaux, crées par le mouvement des vagues, et ceux
verticaux, dûs à la pluie. Il a fallu 6000 ans d'érosion pour arriver à ces paysages de renom. Au milieu de ce trajet dans Port Campbell National Park, que nous faisons en 3
heures, nous faisons un détour pour trouver un endroit pour déjeuner par Peterborouh, une ville déserte où tout est fermé, et Timboon, à 13km, pour aller dans une cheese farm goûter
quelques fromages locaux. En plus, on a plutôt faim. Malheureusement, c'est fermé, et nous avons fait tout ce chemin pour rien, alors que nous sommes un peu en retard par rapport à ce
qu'il nous reste à faire. Nous rebroussons chemin, et mangeons du coup les cookies que nous avons dans la voiture, et qui nous servent habituellement pour le petit-déjeuner. L'humeur est
moyenne, et nous n'avons pas envie de perdre plus de temps. Un peu avant 18h, nous arrivons au dernier lookout, et non des moindres, les 12 Apôtres. Le parking est beaucoup plus grand,
les belvédères d'observation aussi, et un ballet incessant d'hélicoptères tournent et partent de là pour permettre aux clients d'observer la côte depuis le ciel. Le lieu est le plus célèbre
de tous, et indiqué dans tous les Visitor's Center de la côte. Pour faire simple, le Centre Rouge est connu pour Uluru, la côte pour les 12 Apôtres. Nous marchons jusqu'au point de vue
approprié, et avons alors une longue plage filant devant nous, en regardant sur la gauche, avec plusieurs masses rocheuses verticales et isolées, pas toutes de la même hauteur, à quelques
centaines de mètres du rivage. Le soleil est face à nous, créant un joli effet de contre jour. L'ensemble des 12 "apôtres" n'est visible que par les airs. D'ici, nous ne pouvons en
dénombrer que 8 ou 9. Sur notre droite (nous sommes sur un bras de terre s'avançant dans l'eau), un décor du même style peut être observé, toujours aussi impressionnant. Les photos en
rendent compte, mais comme souvent, cela est différent de le voir par ses propres yeux, ne serait-ce que pour correctement apprécier les distances, l'echelle, entendre le bruit des
vagues, voir le mouvement de l'eau, et saisir le tableau dans son ensemble. Bref, si vous êtes dans le coin un jour... allez-y.
Après un dernier arrêt au lookout de Castle Cove, nous suivons la route, sinueuse, qui s'enfonce dans la forêt. Deux voies bordées d'arbres, abritées, aux tournants larges ou serrés,
valonnées, au mileu de sapins et d'arbres, le long d'une paroi rocheuse semblable à celles de montagne. Un vrai bonheur, même si la voiture ne s'y prête pas autant que la Passat de
la semaine dernière. Un vrai tracé et décor de jeu vidéo, pendant presque trois quarts d'heures. La lumière faiblit pendant le trajet. Nous entrons dans le Great Otway National Park.
L'idée, avant de rejoindre Apollo Bay, à 30km, où nous souhaitons passer la nuit, est d'aller voir le phare d'Otway, le plus vieux d'Australie. C'est un des stops prévus sur notre liste
de chose à voir sur la route. Malheureusement, l'heure tourne, et il va vite devenir dangeureux de rouler la nuit sur cette petite route, sans parler du fait qu'une fois la nuit tombée,
le phare n'offrira plus le même intêret (sauf pour les bateaux bien sûr). Sachant que nous ne ferons pas le trajet inverse demain matin - car Fred tient absolument à avancer et avoir
du temps pour s'arrêter dans une des villes de surf, pour notre derniere nuit avant d'arriver à Melbourne (idéalement, nous aurions aimé arriver un soir pour avoir une journée complète
là-bas, mais cela n'est plus envisageable désormais à cause de notre retard, nous n'y passerons que deux demi-journées) - nous décidons de tourner à droite pour tenter d'arriver avant
la nuit noire. Nous savons aussi, grâce aux deux françaises rencontrées dans le Centre Rouge au camping de Yulara, qu'il est possible de voir des koalas avant d'arriver au phare, sur
cette partie bordée d'eucalyptus. Nous sommes un peu pressés, et prenons le chemin indiqué sur un panneau. Nous nous retrouvons sur une toute petite route. Audrey scrute les arbres, et
en aperçoit un. Coup de frein, et en trois secondes, nous sommes tous les deux dehors à le regarder. Il ne bouge pas. Le temps presse, nous repartons donc, pour finalement s'apercevoir
après 10 minutes que nous ne sommes pas sur le bon chemin. Demi-tour donc, et nouvel arrêt pour regarder de nouveau notre koala (on n'y résiste pas). Cette fois-ci, il est en train
de manger, et tend ses pattes pour attraper des feuilles. Quelle chance d'être là à ce moment. Il nous voit et nous fixe, curieusement. Un peu comme des cons, nous nous mettons à lui
parler, comme ci nous avions un chien devant nous. Nous nous en rendons compte et rigolons. Un van "wicked" passe, et nous nous disons qu'ils ont dû se tromper comme nous.
Nous remontons dans la voiture. Le soleil se couche, mais il fait encore clair, car le ciel est dégagé. Avant de retrouver la route principale, nous revoyons un koala, sur une branche
au dessus de la route, plus bas que celui d'avant. Nouvel arrêt, et même émerveillement. Puis nouveau départ. Un panneau indique un peu plus loin le chemin à suivre pour arriver au
phare. Mais il fait de moins en moins jour, et il y a encore 12km à faire avant d'y arriver. C'est un peu la course contre la montre, à hésiter entre aller vite et la peur de voir un
animal traverser, particulièrement à ce moment de la journée. Le ciel devient rose. Superbe. Vite, on s'arrête pour prendre une photo, en baissant la vitre précipitemment. Dommage que
nous ne soyons pas arrivés, car avec le phare, cela aurait fait un beau cliché. Une fois sur le parking, il fait presque nuit, et après 20m sur le petit chemin, un panneau "attention,
serpents" nous fait hésiter. Est-il là pour les serpents diurnes ou nocturnes ? Nous sommes stressés par cette course contre la montre, et en voyant que le chemin s'enfonce dans la
forêt, nous décidons d'abandonner et de ne pas y aller. Franchement, on est assez énervés, car c'était notre seule chance de voir ce phare. Et en plus, il va falloir faire le chemin
inverse, et les 30km jusqu'à Apollo Bay, de nuit. Bref, on a un peu tout perdu sur ce coup là. Nous roulons donc doucement, sur ce qui est comme, un peu plus tôt, une superbe route
pour conduire, même s'il fait nuit. Nous recroisons le même van "wicked", et en déduisons qu'ils ont fait la même erreur que nous...
Arrivée de nuit à Apollo Bay. Il est plus de 20h. Enfin. Stop à la première guesthouse vue sur le Lonely, située sur le bord de la route. Ce sont deux grandes maisons côte à côte, et
quelques annexes, en bois, peintes en blanc, sans étages. Nous bookons la chambre, allons en centre ville chercher à manger, et prenons une pizza juste avant que l'établissement désert
ne ferme ses portes. Nous marchons pour rejoindre la plage et essayer de voir le bord de mer, mais il fait trop nuit. Retour dans la chambre. Internet ne marche pas. Nous trions les photos,
pour une prochaine fois, avant de dormir. Demain, enfin, nous espèrons être dans l'eau et profiter des vagues des célèbres villes d'Australie réputées pour le surf. Nous avons fait plus
de 1000km depuis Adelaïde.
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