J10 - Coober Pedy

Allez hop, on ne traîne pas ce matin. Faut dire qu'ici, on ne va pas avoir un buffet géant pour le petit-déjeuner, ou quelque chose qui nous donne envie de rester. La nuit dans la voiture s'est bien passée, presque étonnament. On a dû se réveiller une fois, peut-être deux, mais c'est tout. Nous avions mis nos masques pour éviter de se faire réveiller par le soleil, qui ne s'est pas levé il y a très longtemps. Et pas de courbatures ! Nous allons prendre un chocolat chaud dans la station-service, retrouvons la petite hong-kongaise d'hier soir, et prenons avec nous nos biscuits pour se câler un peu l'estomac. 8h50, nous partons, direction Coober Pedy (à 230km), la grande ville entre Alice Springs et Port Augusta (la ville tout au bout de la route qui descend vers le Sud, au moment où nous arriverons sur l'océan, demain). A peine 10 minutes après être partis, nous avons déjà croisé deux troupeaux de vaches au bord de la route. Il va falloir être vigilant aujourd'hui. 9h15, une bonne nouvelle : nous arrivons à brancher le lecteur MP3 de Fred sur les enceintes de la voiture, via la prise USB disponible dans la boîte à gant. Nos Iphones ne veulent toujours pas passer. Après cette semaine et demi en 4x4 à utiliser la toute petite enceinte achetée au Japon (et légèrement abîmée par nos trajets depuis), généralement couverte par le bruit du moteur, et écouter la radio hier, nous allons enfin pouvoir retrouver les titres que nous apprécions et choisir pendant toutes les heures de route qui nous attendent parmi les 920 titres à disposition. C'est parti, nous faisons pêter la sono, entre musique de films, de comédies musicales, funk, classique, rock... 9h25, deuxième surprise : nous croisons un cycliste arrivant en face. Il est tout seul, en train de pédaler alors qu'il ne fait pas encore trop chaud. S'il est là, c'est qu'il a déjà parcouru un bon paquet de bornes, au milieu de rien. Nous imaginons son périple, et ce qu'il lui reste encore à faire. Il s'arrêtera sûrement à Alice Springs, et continuera vers le nord jusqu'à Darwin. Un bon 2000 km quoi, sans changer d'environnement, ni de températures. Les jours vont se ressembler pour lui. Au moins, il ne percutera pas un kangourou !

 
Depuis hier, nous longeons la célèbre ligne de chemin de fer, où passe le Ghan. Le Ghan, c'est un train que nous avons longtemps hésité à prendre, pour descendre à Adelaïde depuis Alice Springs. Avec l'Orient-Express, c'est l'un des plus célèbres trains au monde. 24h pour rejoindre les deux villes, dans la confort et le raffinement qui accompagne le prestige de ce train pas comme les autres. Regardez sur Internet quelques images, vous verrez, ça donne envie. Mais à 800 euros par personne pour un siège inclinable, et 1200 pour la première cabine privée, ça faisait un peu cher pour notre budget, et pour seulement 24h. Et puis il faut garder des choses à faire pour nos vieux jours quand même... bref, beaucoup de kilomètres plus tard, environ 25 km avant Coober Pedy, nous commençons à voir des mines d'opale. En fait, des monticules de quelques mètres de haut, à forme pyramidale, tout autour de nous. Car la ville est la capitale mondiale de l'opale. Et, malgré les apparences, une des plus riches villes du pays. 85% des opales au monde viennent d'ici. Première découverte en 1914 par Willie Hutchison , qui cherchait de l'eau désespéremment, et est tombé sur la pierre précieuse. Dès lors, telle une ruée vers l'or, la ville a attiré chercheurs en tous genres. En fait, il y a très longtemps, l'endroit abritait une mer (la "Great Inland Sea"). On peut d'ailleurs encore trouver de nombreux fossiles, et le Lake Eyre North en témoigne aujourd'hui. Ici, 4000 personnes vivent majoritairement sous terre, dans des "underground dugouts", pour échapper à la chaleur étouffante, qui peut atteindre presque 50° en plein été. Car sous terre, où dans des abris creusés dans la roche, il fait en permanence 24°. En arrivant dans la zone d'inffluence de la ville, le traffic sur la route est plus chargé, et pleins de cônes blancs et rouges pâles bordent la route. Des panneaux sur le côté, plantés ci et là dans la terre rouge, préviennent de la présence de trous abrupts et dangeureux. Certains, en quête d'un filon à exploiter, sont en effet tombés sans jamais être retrouvés. Vous imaginez, depuis presque un siècle, le nombre de trous qui ont dû être creusés. Et quand on a en tête l'étendue du désert, il vaut mieux être prudent, car il est probable que personne ne viendra vous cherchez ou ne vous entendra. Nous, de toutes façons, nous restons dans la voiture et voyons tout cela en passant. Nous arrivons à 11h, et refaisons le plein d'essence. Grosse surprise, il y a beaucoup de vent... et il ne fait que 24°. Whaou, ça change. Nous avons froid. Oui, désolé. Direction la guesthouse que nous avons selectionnée, l'Opal Cave. Ce soir, pour une fois, nous dormirons comme tout le monde ici, sous terre. Dans un dortoir creusé dans la roche pour être précis. En nous garant pour prendre la chambre, un vaisseau digne d'un film de science-fiction (Star Wars ?) est posé là, comme dans un décor de film. Nous apprenons rapidement que c'est un souvenir laissé par la production du film "Pitch Black". D'autres films on été filmés dans la (grande) région, comme Mad Max. Le décor, martien, s'y prête bien, vous l'avez vu sur les photos. On imaginerait bien un Landspeeder 3000 conduit par Luke Skywalker passer par là. La ville est un peu déserte, aux couleurs blanches, sablées. Le vent souffle et renforce l'impression d'être un peu autre part. Des aborigènes sont là, souvent bruyants, dialoguant dans l'un de leurs 700 dialectes. Quelques-uns ont l'air saoûls. Nous traversons la rue, et allons au supermarché, acheter de quoi faire des carbonaras, et revenir à la guesthouse utiliser la cuisine pour préparer le déjeuner. Nous sommes tout seuls au milieu du dortoir de 25 lits, qui s'étend en longueur. Vous savez quoi ? Ca fait du bien de faire à manger. De couper des oignons (on aime bien dans les carbos), de faire la sauce, de sentir l'odeur des lardons (ça vous donne faim ?). Vraiment. L'ambiance est un peu particulière. Nous quittons le centre du pays, et allons bientôt être au bord de l'océan Pacifique. Dans cet endroit un peu spécial, le temps semble s'être un peu arrêté.


13h30, nous allons visiter une mine. La plus vieille de la ville. La Old Timer's Mine. Faut dire qu'à part ça et l'autre activité que nous ferons ensuite (lisez la suite pour savoir...), il n'y a pas grand chose à faire ici. Si nous avions eu notre 4x4, nous aurions pu aller explorer la Moon Plain, et le Painted Desert, et rouler sur des lacs de sel. A l'entrée, une charette de 1872 est là, qui avait fait une partie du trajet que nous effectuons. La même que celle dans Lucky Luke ! Encore un détail qui nous fait penser au Far-West. On adore. D'autres décors de films sont là, comme une fusée encastrée dans le sol, d'un film dont nous avons oublié le nom (oui, pardon !). La mine a été creusée à la main. Nous parcourons des tunnels où il faut se pencher, pour ne pas se cogner. Des mannequins sont agencés pour reconstituer ce qui était la vie de chercheurs de l'époque. Un vrai cliché, comme dans les films. Certains ont fait fortune. D'autres s'y sont épuisés. Des panneaux expliquent comment chacun creusait son trou, vertical, et descendait à 20m de profondeur, avant de creuser horizontalement, en quête d'un filon blanc/argent à suivre. Aujourd'hui bien sûr, tout est différent. Sauf les familles qui ont construit de véritables appartements sous terre, sans fenêtre, comme celui à la fin du parcours où vivait il y a encore peu de temps une des plus célèbres familles du coin. Plus loin, des articles de journaux locaux des années 20 dépeignent l'ambiance de l'époque. En fait, la mine a été complètement oubiée pendant des dizaines d'années, jusqu'à ce que cette fameuse famille agrandisse sa maison et tombe sur un trou, dévoilant peu à peu les galleries que nous visitons aujourd'hui. Les outils utilés par les anciens mineurs sont aussi exposés. Pendant 1h30, nous imaginons l'obsession de ces chercheurs, la vie autour, les conditions de vie, les heures passés à utiliser le burin pour creuser, l'espoir, et tout ce qui va avec cette frénésie. Il est 15h30 quand nous sortons et enlevons nos casques. Sur le chemin du retour, à pieds, nous passons à côté d'un cinéma en plein air, désert à cette heure. Nous allons dans un endroit que nous avions remarqué, et qui nous plaît bien : l'orphelinat de kangourous. Un homme tient l'endroit, et soigne des kangourous blessés, ou qui ne sont plus capables de vivre "on their own". Nous les apercevons derrière une vitre, donnant sur une cour où ils sont posés au soleil derrière l'enclos. Il nous conseille de revenir à 17h30, le moment où il leur donne à manger. Nous partons donc pour la librairie (notre classique en Australie) pour trouver une connexion Internet, où nous ne pouvons rester qu'une heure, jusqu'à 17h, car l'endroit ferme ensuite. Très bien, l'heure parfaite pour retourner ensuite voir les kangourous à la Josephine's Gallery. Nous revenons, et en compagnie d'une demi-douzaine d'autres touristes, entrons dans la cour, et nous approchons de l'enclos. 5 ou 6 kangourous sont là, et s'approchent. Ils sont assez gros. Le gérant pose sur la table une assiette dans laquelle se trouve un mélange de gâteaux apéritifs (pas de cacahuètes, mais presque), dans laquelle chacun peut se servir pour nourrir l'animal-symbole de l'Australie. Attirés par l'odeur, ils s'approchent, en bondissant doucement ou en marchant, et tendent leur tête dans notre direction. C'est drôle de les avoir à côté de nous. Nous sommes comme des enfants, et nos yeux pétillent. Trop bien. Cela dure pas mal de temps, suffisament pour en profiter. Puis le manager va chercher un bébé kangourou, et se met à lui donner le biberon, en le forçant un peu. Il nous explique en effet que si son "dîner" s'arrête, il ne reprendra plus. Il faut donc veiller à ce qu'il ingurgite bien ce qu'on lui donne. Nous, nous n'écoutons pratiquement rien, et attendons notre tour pour le caresser, en l'observant sans cesse. Franchement, il n'est pas très beau.  Mais il est rigolo, avec ces petits "bras". Déjà un kangourou, ce n'est pas commun (un peu plus en Australie, c'est vrai), mais un bébé ! Nous apprenons que pour en sauver, une chose simple consiste à regarder s'il n'y en a pas dans la poche de ceux écrasés sur les routes (et ce n'est pas ça qui manque, ni qui va manquer dans les 5 prochains jours).


En fin d'après-midi, une fois cela terminé, nous partons à la recherche d'un réseau wi-fi gratuit, toujours à pieds. Mission impossible. Nous passons au supermarché, achetons de quoi manger ce soir, et rentrons à la guesthouse, où nous rencontrons la seule personne qui partagera avec nous le grand dortoir, une australienne d'une vingtaine d'années qui remonte vers la ville de Katherine, bien plus au nord d'Alice Springs. Dîner, ordi, puis au lit, sous la terre.

 

 

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Commentaires: 3
  • #1

    Justine (jeudi, 28 mars 2013 18:36)

    OH, trop choux les bébés !

  • #2

    alain S (vendredi, 29 mars 2013 21:29)

    sur la photo 5, ça parait incroyable que Fred ait rencontré au bout du monde un camion de la société de son cousin

  • #3

    maryse (vendredi, 29 mars 2013 21:34)

    vous êtes magnifiques en nourrissant ces petits kangourous