J9 - Back in Outback

Réveil vers 7h30, avec un joli ciel bleu, sur cette petite aire de Jessy Gap, où quelques voitures commencent à passer. Nous rangeons la tente rapidement, au cas où quelqu'un nous dise quelque chose, et prenons notre petit-dej, en nous installant sur une table en bois à une dizaines de mètres de la voiture, les pieds dans le sable, entourés d'arbres, et de la roche rouge que nous allons bientôt quitter. En fait, à part une banane et un ou deux biscuits, nous n'avalons pas grand chose, car le réchaud tombe à court de gaz. Pendant qu'Audrey range les affaires, qu'il va falloir transférer dans la nouvelle voiture, Fred tente de recoller le thermomètre cassé du tableau de bord, sans vraiment y arriver malgré la glue, principalement à
cause d'un cable qui tire dessus (un peu compliqué à expliquer à vrai dire). Mais avant de partir, nous marchons un peu plus à l'intérieur du "parc" dans lequel nous sommes, pour aller voir les peintures aborigènes caractéristiques du lieu. En fait, c'est un peu décevant. Impossible de marcher très longtemps, et de s'aventurer un peu plus, car une clôture grillagée délimite les lieux. Les peintures sont peu nombreuses, mais les deux panneaux indicatifs à côté permettent de comprendre un peu mieux leur sens. Idem à l'autre endroit où nous nous arrêtons, à quelques kilomètres en revenant vers la ville, Emily Gap. Le bouquin du Lonely Planet Australie, bien lourd, que nous avons posé pendant tout ce temps sur le thermomètre pour mieux le recoller, a joué son rôle. Youpi. Nous repartons donc sans tarder, à 9h25, pour rejoindre l'aéroport, et prendre notre nouvelle voiture, avant d'aller nettoyer le 4x4 puis le rendre. A l'aéroport, nous signons un formulaire, et allons tout seuls chercher la voiture, sans même faire d'état des lieux avec une personne d'Europcar. La voiture est parfaite, et tant qu'aucun impact plus large qu'un centimètre n'apparait d'ici à ce que nous la rendions, nous n'aurons rien à payer. S'il y a quelque chose que nous souhaitons signaler, à nous de revenir après avoir fait le tour pour le dire. Un peu court, et surprenant pour nous. Bon. Sur le parking extérieur, nous découvrons la Passat blanche toutes options qui nous attend, avec son intérieur cuir, et son tableau de bord aluminium du plus bel effet. Moteur allumé, nous découvrons que le moteur est assez puissant, et les freins particulièrement efficaces. Whaou, ça change, et fait bizarre. Nous passons d'un tout-terrain sur-élevé à une berline meilleur modèle toute équipée. Audrey prend le volant, et Fred la suit en 4x4. Direction une station service proche du centre ville pour passer l'aspiro et le jet d'eau sur le Pajero, dans lequel il reste beaucoup plus d'essence qu'escompté (rempli au tiers environ). Fred s'occupe de tout cela pendant qu'Audrey aménage la Passat, garée juste à côté. Nous flippons un peu, car ça va être l'heure de vérité pour la jupe et le bruit suspect, toujours présent depuis hier. Sur le chemin, nous discutons pour savoir si nous inventons une histoire pour la jupe (mais l'inspiration nous manque depuis plusieurs jours à ce propos, et nous ne voulons pas prendre le type de l'agence pour un con), ou si nous disons la vérité. Nous ne savons pas. Ca sent l'improvisation.


Vers 11h, nous arrivons à l'agence Wicked, pour nous séparer de notre véhicule adoré. Nous nous garons dans la rue, et entrons dans l'agence. Nous discutons avec le vendeur, qui nous demande si nous avons apprécié le Centre rouge. Nous jouons les décontractés, et lui disons que nous avons été enthousiasmés, en lui racontant quelques détails. En fait, nous avons tous les deux la même crainte en tête. En sortant de l'agence pour aller vérifier la voiture, nous glissons qu'un bruit suspect est apparu hier, sans savoir pourquoi, et sans que rien ne traîne pourtant sous la voiture, pour que le vendeur ne soit pas surpris lorsqu'il va l'entendre rentrer dans le parking. Nous lui expliquons que cela nous a inquiété et que nous avons demandé l'avis d'un mécanicien, qui nous a dit que quelque chose était sûrement dévissé sous la voiture. Fred part deux minutes pour la conduire au bon endroit. Une fois garée, le type de l'agence est étonné du bruit, et dit qu'il va la faire passer au contrôle pour vérifier. L'idée qu'il nous facture cela nous traverse la tête. Sans encore en avoir fait le tour, il trouve que tout va bien, en voyant que rien n'est abîmé. Il la contourne et jette quelques coups d'oeils, et ne remarque même pas la jupe gauche, décalée sur le côté. Il nous sort un "perfect, everything's OK guys!" qui nous soulage un max. Fred lui demande s'il y a un papier à signer, pour s'assurer qu'aucune réclamation n'aura lieu ultérieurement. Non, pas besoin, tout va bien, nous pouvons partir tranquille. Nous lui expliquons malgré tout que la barre latérale gauche s'est détachée à un moment, et qu'à notre avis, cela vient du fait qu'elle était abimée mais coinçée par le rail en dessous, et qu'elle a dû se défaire sous l'effet des bosses des pistes que nous avons empruntées (nous n'avons pas oublié qu'il avait pris des photos de la voiture au moment où il nous avait donné les clés... et nous ne souhaitons pas qu'il nous rappelle en nous disant que nous sommes responsables de cela. Nous préférons donc lui en parler). Ok, il regardera ça, après un bref coup d'oeil sous la voiture pour comprendre de quoi il en retourne. Nous, dans notre tête, on est super contents. Aucun frais, no stress, la situation parfaite et inesespérée... on le quitte à pied l'air de rien, et sautons de joie après avoir tourné au coin de la rue. Notre tour du Red Center se termine ainsi en beauté.


11h30, direction le supermarché Coles pour acheter un peu d'eau et les CDs en promotion car, dans notre nouvelle voiture, le lecteur fonctionne. Mais rien ne nous dit plus que cela. Nous nous contenterons de celui que nous avions acheté pour le 4x4, et qui n'a jamais servi malheureusement (la BO de "Priscilla Queen of the desert", dont l'action se passe sur la route entre Adelaïde et Alice Springs !). Mc Do rapide juste après, puis bibliothèque de la ville (où la liaison Wifi est gratuite) pour checker nos mails et nos comptes en banque. Le temps presse un peu car nous avons quand même pas mal de route devant nous. Nous devons faire 1200km en deux ou trois jours. Et vu l'heure, ce sera trois. Nous ne restons donc pas longtemps (nous mettrons en ligne des articles et des photos une autre fois), montons dans notre nouveau véhicule, bien plus agréable et sportif à conduire, et passons faire un tour dans une station service pour vérifier la pression des pneus (un petit indicateur sur le tableau de bord nous le demande). 14h, l'heure du départ définitif d'Alice Springs à sonné. Il fait 39°C.


Nous roulons plein sud, pendant presque deux heures, en refaisant une partie du trajet d'hier en sens inverse, sur la Stuart Highway toujours aussi déserte une fois s'être éloignés de la ville. Arrêt rapide à Erldunda, où nous avons dormi hier. Cela nous fait bizarre d'être de nouveau ici, dans ce trou paumé, et dans des circonstances différentes. Nous nous rappelons la soirée et la matinée que nous avions passées, ainsi que l'histoire de la chaîne. Compte-tours au delà des 6000 tours/min à 16h15 en redémarrant, pour atteindre rapidement notre vitesse de croisière, légèrement au dessus des 120 km/h. Il fait 41°. Nous laissons à ce moment sur notre droite la route qui mène à Uluru. De nouveaux territoires s'ouvrent du coup devant nous. Trois quarts d'heure plus tard, sur la route, nous ralentissons en apercevant quelque chose sur le côté droit. Un dingo est en train de courir dans notre direction. Nous freinons sérieusement, et arrivons tout de même à passer avant qu'il n'arrive. Aucune frayeur, juste étonnés de voir notre premier dingo, et surtout de le voir venir dans notre direction sans raison. Ces espèces de chiens sauvages portent bien leur nom (ils sont généralement attirés par les odeurs de nourriture). Dix minutes plus tard, ce sont 3 aigles de 2 mètres d'envergure (plus grands par exemple que celui que Fred avait sur son bras à Yangshuo, en Chine) qui sont sur le bord de la route, à 1m de l'asphalte, en train de déguster du kangourou frais. Ils s'envolent un peu après que nous ayons eu le temps de nous arrêter à leur niveau pour les observer, et dévoilent leur envergure dans de magnifiques mouvements d'ailes. Nous apprendrons que ce sont des "wedge-tailed eagles", et qu'ils sont en effet particulièrement impressionants. La route reste égale à elle-même : longue, droite, bordée de terre rouge et de touffes d'herbes, parsemée de road trains imposants et dignes d'Hollywood, quelques fois vallonée, seule au milieu de rien. Après avoir regardé sur une carte, la partie du désert que nous traversons fait environ la taille de la France. Il faut donc se figurer une route quasi-droite joignant Lille à Perpignan, passant par deux villes d'un petit millier d'habitants chacune, sans rien d'autre autour, avec 4 ou 5 stations services sur le chemin. Sur les côtés, un peu plus tard, il faudra imaginer des mines à ciels ouverts, sûrement gigantesques (l'Australie est un des plus grands producteurs de matières premières au monde, et fournit une bonne partie de ce dont la Chine a besoin pour se développer, comme du fer, du cuivre, de l'uranium, de l'or...) et quelques routes pour les relier à la principale. Et dire que le pays n'abrite que 22 millions d'habitants, dont la plupart sont sur les côtes ! Vous imaginez maintenant ? Nous aurions pu prendre l'avion, mais le faire en voiture est différent (et nous aurons besoin de la voiture pour aller dans trois jours à Port Lincoln, sur la côte). Les heures passent, et le trajet devient en fait un peu monotone, même si réaliser où nous sommes, ce que nous traversons, et regarder de chaque côté pour enregistrer ces images a quelque chose de sensationnel. Chaque croisement avec une autre voiture se fait par un signe de la main. Bonne nouvelle, nous pouvons brancher notre Iphone pour diffuser la musique sur les baffles de la voiture. Les chansons défilent. Fred est vigilant, car il craint à tous les instants de voir débouler un animal sans prévenir, même si le plat du terrain offre pas mal de visibilité (mais les couleurs sont parfois trompeuses, et un kangourou pourrait très bien surgir). Ce n'est d'ailleurs pas leur nombre morts sur le côté qui va nous rassurer. 17h15, nous quittons les North Territories pour entrer en Australie du Sud. Nous sommes sensés perdre une heure, mais n'en sommes pas sûrs. Nous verrons quand nous arriverons. Personne ne peut bien sûr nous renseigner maintenant. Petite photo, qui permet aussi de se dégourdir les jambes, et retour au "cruise control", avec pied posé sur le frein en permanence au cas où quelque chose survienne. Nous passons justement devant deux vaches assises sur le côté de la route. Quelques montagnes, ou plutôt plateaux, qui nous accompagnaient depuis quelques temps, disparraissent, pour faire place à une végétation un peu plus haute. Toutes les rivières que nous traversons sont asséchées, et donnent l'impression de l'être depuis longtemps. 19h30, la lumière est plus basse. Deux chevaux sauvages traversent la route au galop. 19h45, ce sont 5 vaches qui broutent sur la droite, puis 4 autres plus loin qui traversent à 300m de gauche à droite. Il n'y a toujours pas de barbelés pour délimiter les terrains, et encercler les animaux.


A 20h, tenez-vous bien, nous arrivons à Marla. 245 habitants. Houla, il doit s'en passer des choses ici. Nous avons fait 180 km depuis la frontière avec les Territoires du Nord. Marla est une sorte de grande roadhouse, organisée autour de la station service, avec un terrain de camping sommaire (mais propre), un bar, un mini-supermarché jouxtant la pompe à essence. Le ciel crépusculaire est magnifique. Il fait presque nuit. Nous nous arrêtons donc au Marla Traveller's Rest. Bière au bar (qui ferme à 21h), hamburger et hot-dog servis par une jeune hong-kongaise avec qui nous discutons rapidement ("Hey, On était à Causeway Bay il y a un mois !"). Dehors, deux road trains sont garés, tout comme un 4x4 trainant sur une remorque une superbe moto. Discussion avec le propriétaire, qui monte sur Alice Springs, et va rouler de nuit. C'est un local, mais quand même, il n'a pas peur le gars ! Nous retournons dans la voiture, où nous avons décidé de passer la nuit, afin de ne payer que 15$ (prix d'un emplacement unpowered) au lieu de 110 (pour une chambre). C'est marrant, il y a un peu plus d'une semaine, nous avions un quasi-appartement au Marina Sands, et là, nous venons d'abaisser les sièges (mais avec commande électrique svp !) pour dormir, en installant comme nous pouvons notre serviette en guise de rideaux. Nous allons prendre une douche dans le bâtiment prévu, en croisant quelques grillons et autres papillons volants de toutes tailles attirés par sa lumière. Fred écrit un article avant de dormir, Audrey s'endort. A 1h du matin, il fait 30°. Espèrons que les sièges seront confortables, et que nous trouverons la position qui va bien.

 

 

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