J8 - Sniff

Départ du trou paumé d'Erldunda vers 9h30 après le traditionnel petit-déj/rangement de la tente. 250km nous séparent d'Alice Spring, que nous souhaitons atteindre demain. Nous avons en effet prévu de nous arrêter sur la route à Rainbow Valley, pour faire une marche de quelques heures dans un décor sûrement un peu différent que ceux que nous avons vus jusque là. Nous repartirons demain pour les dernier kilomètres jusqu'à Alice Spring, avant de rendre la voiture le lendemain. En sortant du parking sur lequel nous nous arrêtons un bref instant, près de la réception pour régler une formalité administrative, la tente repliée au dessus du 4x4 accroche une chaîne suspendue, et fait sauter en reculant un des maillons. Un peu appeurés par le bruit, nous nous regardons sans savoir ce qu'il s'est passé et sortons pour constater que la voiture n'a rien. Le gérant du camping, ayant entendu le bruit, arrive, fait un état des lieux et nous demande 40$AUD. Merde, sûrement une première facture avant celle de demain pour réparer la jupe que nous n'arrivons pas, sauf partiellement, à remettre en état (ça semble même impossible avec nos moyens archaïques). A la limite, nous préférrons cette transaction informelle (même si nous trouvons cela un peu cher) à un constat officiel qui engagerait l'assurance et l'agence de location. 


10h, nous partons enfin, désormais vers le nord, en empruntant la Stuart Highway. Cette "autoroute", ne diffère pas des nationales empruntées depuis 5 jours, alors que Fred pensait être protégé des animaux par des barrières de protections latérales. La Stuart Highway est la (presque seule) route traversant le pays du nord au sud par le centre, reliant Darwin, au nord, à Adelaïde. Sur certains tronçons, comme dans bien d'autres endroits dans ce département de l'Autralie, il n'y a pas de limitation de vitesse, sauf si cela est indiqué. Après 70km, nous tournons à gauche pour prendre la Ernest Giles Road, une piste 4x4, pour aller sur le site de Henbury Meteorite Craters, un endroit où 12 cratères ont été formés par une pluie de météorites il y a seulement 4700 ans, et dont le plus grand fait 180m de large pour 15m de profondeur. Un fragment de 46,5kg est d'ailleurs exposé au musée d'Alice Spring. Nous faisons le tour du site, complètement seuls et au milieu d'une plaine infinie et aride, en 20 minutes. Comme d'habitude, quelques panneaux explicatifs discrets nous permettent d'en savoir un peu plus sur ce qu'il s'est passé ici. Nous repartons et reprenons cette large piste de terre rouge sur plusieurs kilomètres avant de retrouver le goudron de la Highway. Tout le long, des traces de pneus témoignent là encore d'accidents, évités ou pas. Nous repensons à l'accident manqué de samedi, comme une hantise. Après 40km, où nous ne croisons qu'une seule voiture (et quelques road-trains), nous nous arrêtons sur une petite aire, le Cannon Ball Memorial, où figure une plaque commémorative en l'honneur du décés d'un des participants à cette course de vitesse qui prend place sur la route où nous sommes. Nous ne restons que quelques minutes et ne sortons même pas de la voiture pour la lire. Au moment de repartir, nous remarquons un bruit suspect à l'arrière gauche, comme si quelque chose traînait sur le sol (le pot d'échappement ?). Merde, c'est quoi ce nouveau problème ? Nous regardons sans rien voir d'anormal sous la voiture. Le bruit va persister jusqu'à notre retour à Alice Spring, dès la première enclenchée, et est clairement audible de l'extérieur. Pourtant, la voiture fonctionne parfaitement, et aucun indicateur n'indique un quelconque problème. Nous n'arriverons jamais à déterminer ce que c'est.


Un peu plus loin, nous nous arrêtons à la pompe à essence disponible, la dernière avant Alice. En fait, c'est juste une baraque avec deux pompes, sans rien d'autre. On est loin des stations urbaines que nous connaissons, mais cela fait une semaine que nous nous y sommes fait. Nous souhaitons aller visiter la Rainbow Valley, un peu plus loin, notre dernière balade dans le Centre, et avons besoin de remplir le réservoir au 3/4, pour pouvoir le rendre presque vide au retour (comme prévu avec l'agence). Le problème, c'est que ici, à Stuarts Well, il n'est pas posible de faire le plein, mais seulement de remplir le réservoir pour 30 AUD, "until next delivery" comme il est indiqué sur le panneau. Pas assez, ou tout juste, pour faire le détour que nous avons envisagé, exigeant d'emprunter 25km de piste juste après avoir quitté la Highway. Nous décidons donc de changer nos plans, et de ne pas tenter le diable, au cas où un problème survienne. Vous imaginez tomber en panne d'essence le dernier jour au milieu de rien ? Nous préférons ne pas prendre le risque. Surtout que les deux cartes que nous avons ne donnent pas les mêmes indications kilométriques. Qui dit vrai ? Mieux vaut ne pas chercher à savoir. Petit moment pour reconfigurer notre journée. Décision prise d'aller directement à Alice Springs, où nous devrions arriver en milieu d'après-midi. Nous verrons ce que nous ferons, pourquoi pas visiter un site (mineur) à 20km de la ville, ou aller à la librairie pour mettre quelques nouvelles sur le site, auquel nous n'avons pas accédé depuis une semaine (et on est pressé de le faire). Nous trouverons un endroit à l'extérieur de la ville pour monter la tente une dernière fois. Avant de partir, nous regardons une nouvelle fois le dessous de la voiture pour tenter de déterminer l'origine du bruit suspect de tout-à-l'heure, mais sans succès. Une australienne garée à côté de nous (et la seule autre cliente) pense qu'un boulon ou quelque chose est détaché, et qu'il suffira à l'agence de le resserrer. Nous espèrons qu'elle soit dans le vrai, car nous avons peur de devoir payer une révision ou un examen technique quand nous rendrons le véhicule. Bref, nous ne pouvons rien y faire pour le moment et repartons. La même route droite bordée de plaines arides de chaque côté nous attend.


Vers 13h, nous nous arrêtons sur une aire de repos pour déjeuner et finir les restes. Un abri en tôle nous protège du soleil. Nous sommes toujours au milieu de rien, et aimons cette sensation, alliée à la puissance des rayons et des 40° qu'il fait. Un suisse s'arrête aussi. Il travaille à Sydney pour 6 mois et en profite pour faire un petit tour du pays. Nous restons plus longtemps que prévu ici, à discuter avec lui. Nous repartons vers 14h20. Nous ne sommes alors plus très loin d'Alice Springs, où nous arrivons vers 15h. Nous arrivons d'ailleurs du "bon côté" pour aller à l'aéroport, afin de vérifier - puisque nous avons le temps - que tout est OK pour la location de la voiture de demain (l'agence Europcar est située à l'aéroport), et voir également si nous pouvons la prendre plus tôt que prévu, pour pouvoir prendre la route dès que possible. Nous passons à côté des "Flying Doctors", ces médecins qui ne se déplacent qu'en avion (de petits avions de tourisme, mais à l'époque des coucous style "Aéropostale") pour voler à l'autre bout du désert et aider les personnes ayant fait appel à leur service. Les distances sont tellement grandes qu'appeler une ambulance est ridicule, d'où la création il y maintenant plus de 80 ans de ce service. Le désert doit bien faire en effet plus de 2000 km entre le nord et le sud, tout comme entre l'Est et l'Ouest. En gros, Alice Springs est au milieu. La ville que nous souhaitons rejoindre après-demain, la première de la côte, est à 1200km. Et il n'y a pas grand chose avant, à part une ville ou deux dans lesquelles nous nous arrêterons sûrement. L'Australie, c'est grand !


Pas de problème pour prendre la voiture demain dès 9h30, au lieu de 14h. Nous apprenons même que nous avons été upgradés gratuitement, et aurons une voiture plus spacieuse que celle demandée initialement. Tant mieux. Nous repartons, juste après avoir croisé un français en balade dans le pays, qui nous raconte toutes ses vacances aux Philippines à faire de la plongée. Sympa, mais on perd un peu de temps. Mais bon, c'est toujours agréable de discuter un peu en français, surtout quand, comme nous, on a beaucoup de choses à dire. Un peu inattendu aussi au milieu du parking du petit aéroport désert, dont le béton reflète la chaleur. 


Avant de rejoindre le site que nous avons finalement décidé de visiter maintenant (plutôt que d'aller à la bibliothèque, où nous nous serions fait rattraper par le temps et la nuit, vu tout ce que l'on aurait eu envie de mettre sur le site), nous retournons au centre-ville faire quelques courses au supermarché. Un bidule sur le tableau de bord (un thermomètre qui ne marchait pas quand nous avons pris la voiture) s'est cassé, sûrement sur les pistes 4x4, ou peut-être pendant le tête-à-queue de l'autre fois. Nous allons donc acheter de la glue, pour essayer de le recoller (et ça va être moins facile que prévu), afin de ne pas rajouter une remarque éventuelle du Belge qui tient l'agence de location lors du check-out demain matin. Il y a déjà assez de choses qui nous embêtent comme ça. On croise les doigts, car nous n'avons pas trouvé de moyen de camoufler la jupe branlante et le rail plié, et avons ce bruit que l'on ne peut ignorer depuis ce matin. Après tout ça, et un ou deux autres achats (mais pas grand chose, on a super bien calculé nos besoins en eau et alimentaires), nous ne résistons pas à passer quand même à la bibliothèque, pour au moins mettre juste un mot sur le site, et regarder nos mails. Nous ne restons pas longtemps, puis filons vers l'Est sur 17 km pour rejoindre Jessie Gap. Il commence à être un peu tard, et nous n'allons pas avoir beaucoup de temps pour profiter des derniers rayons. Pas question donc de visiter le site et ses peintures aborigènes ce soir. Nous nous contenterons de monter la tente - last time ! - et de préparer les pâtes. Nous ne sommes pas très loin de la ville, mais la route n'est quasiment pas empruntée, et nous retrouvons les sensations du premier jour. Notre permière et notre dernière nuit dans la tente se ressemblent, et cela conclut joliment notre trip dans le Red Center. Même genre de lieu, même interdiction de camper que nous bravons (mais cela n'a jamais, ne sera jamais, une habitude, toujours une exception), même crainte qu'un ranger passant par là nous demande de partir, même dîner à la frontale en utilisant le réchaud dans le noir, même ciel étoilé devant lequel nous nous asseyons toute lumière éteinte (cela dit, nous n'avons qu'une frontale, celle de Fred ayant rendu l'âme)... une soirée très basique mais symbolique pour nous, et assez "roots". Nous prenons garde à ne rien laisser derrière nous, ni détritus ni nourriture par terre, pour ne pas attirer les dingos (vous savez, ces chiens/loups sauvages du désert), et éviter de se retrouver dans une situation délicate. Juste avant d'éteindre la frontale pour de bon, nous trions nos premières photos d'Australie, et faisons notre "Best of" Singapour. Une voiture passe, et nous cachons la lumière, en arrêtant de parler (...comme si elle allait nous entendre !), et espérons ne pas être dérangés. Pas de problème, elle trace, et nous nous endormons tranquillement, avant de passer à la deuxième grande partie de notre aventure australienne : la descente vers le Sud et les retrouvailles avec la civilisation. Autrement dit, un trajet constitué de grandes portions de "rien"...

 

 

Commentaires: 3 (Discussion fermée)
  • #1

    François P. (jeudi, 28 mars 2013 01:19)

    J'ai vu un reportage sur les flying doctors il y a quelques semaines. Une jeune française fait partie de leur équipe. Marrant...

  • #2

    christiane (jeudi, 28 mars 2013 10:03)

    il est vraiment temps de rendre votre voiture elle déboulone de tous les cotés!

  • #3

    arnaud (vendredi, 29 mars 2013 14:56)

    Trop bon, ça fait super plaisir de voir des belles images et de voir le Fred au volant !
    De notre coté nous sommes rentrés de notre tdm dimanche dernier, ça caille en france et je n'ai qu'un conseil à vous donner : continuez à profiter au maximum de ces bons moments de liberté
    je vous embrasse fort tous les deux et qui sait on se croisera peut être cet été ? :-)