Programme de la matinée : faire le tour à pied d'Uluru. Ca veut dire partir comme hier très tôt pour souffrir le moins possible de la chaleur. Et quitte à être au pied du Rocher, autant se lever un peu plus tôt et aller voir le soleil poser ses premiers rayons sur son flanc, au view point (Talinguru Nyakunytjaku) tout proche. L'Iphone se met à sonner à 5h30, et nous décollons 15 minutes après. Nous prendrons notre petit déjeuner là-bas, car nous ne souhaitons pas être en retard, et aimerions même voir le ciel passer du noir au bleu clair avant que le soleil n'apparaisse. Pas mal de monde sur la route, et déjà une cinquantaine de personnes sur le promontoir lorsque nous arrivons après 20 min de voiture. Sur le chemin, avoir le Rocher en face, en faire partiellement le tour en voiture pour se mettre du bon côté, et le voir sortir de la nuit, font une grosse impression. Nous sommes toujours aussi étonnés par son côté majestueux. Clairement, il en impose. Nous conduisons prudemment en scrutant chaque côté de la nationale pour éviter au maximum d'être surpris par un animal. Nous grimpons sur le sable rouge, parsemé par des trous de la taille d'un poing, abritant lapins ou serpents (qui sait !), pour nous mettre dos au soleil, face au rocher, distant de 2km environ. Au fond, un peu sur la gauche, les Olgas, où nous étions hier à la même heure. Au loin, derrière, le soleil arrive et éclaire tout à coup Uluru. La roche prend une couleur de terre cuite, puis progressivement orangée et rouge. Nous restons jusqu'à 7h20 et sommes quasiment les derniers à partir. Le moment est très sympa.
Direction ensuite un des 3 parkings au pied d'Ayers Rocks, pour commencer la Base Walk, longue de 10,4km, qui en fait le tour. Mais juste avant d'emprunter le chemin, nous prenons un petit
déjeuner rapide sur le parking de Kuniya. Puis nous partons vers 8h, dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, et nous rendons compte après une demi-heure que nous sommes les seuls à faire
le tour dans ce sens. Pendant les deux heures qui vont suivre, nous allons donc croiser l'ensemble des marcheurs, tous arrivant face à nous. Le Rocher est immense vu d'ici. Quelques arbres nous
entourent. Le sentier est au pied du Rocher, le longe puis s'en éloigne à un tiers du parcours. En effet, certains endroits sont interdits d'accès, et réservés aux aborigènes qui les utilisent
encore dans leurs coutumes et leurs rites. Le débat fait ici rage pour savoir à qui le rocher appartient réellement. Les panneaux que nous rencontrons de temps en temps demandent aux visiteurs de
ne pas prendre de photos sur certains tronçons, ou expliquent les croyances de ce peuple qui tente de survivre avec ses coutumes. Au vue de la tournure des phrases inscrites, nous avons le
sentiment que les apparences tentent d'être préservées (en laissant penser qu'un accord "gagnant-gagnant" a été trouvé entre le gouvernement et les aborigènes), mais que les considérations
touristiques et économiques n'ont laissé aucune chance à celles d'ordre symbolique, "religieuse" ou mystique. Par exemple, vers la fin du parcours, le panneau situé en bas de la rampe à suivre
pour accéder au sommet (le seul itinéraire conseillé pour ceux qui souhaite gravir le Rock) insiste plus sur les risques encourus que sur l'offense faite aux aborigènes. Il est en effet
officiellement interdit de monter au sommet, mais une infrastructure a été mise en place pour y parvenir devant le nombre de personnes l'ayant fait par eux-même, et le nombre d'accidents.
Difficile question que de savoir si c'est une bonne chose (accidents évités, sensibilisation aux risques...) ou pas (hypocrisie, accessibilité). Le lieu étant sacré pour les aborigènes, ils
demandent à chaque panneau, tout du long, de respecter leur volonté. A chacun de faire son choix et de privilégier respect de la culture ou performance personnelle. Nous concernant, nous
préférons la première option. De toutes façons, la montée est impossible aujourd'hui à cause de la température.
Après une heure de marche, Audrey, à l'affût de potentiels kangourous, en voit un. Elle attrape le bras de Fred (notre code pour ne pas faire de bruit). Il est là, à une vingtaine de mètres sur
notre droite, immobile. Nous sortons du sentier, et nous rapprochons tout doucement. Il est en train de manger, et lève la tête, oreilles tendues, quand il entend du bruit. Nous parvenons à nous
rapprocher à environ 10m, avant qu'il ne s'enfuit en bondissant vers le bush. Quelle chance d'en avoir croisé un à pied et de l'avoir vu si proche de nous. Heureusement, nous avons pu filmer tout
ça. Nous continuons à marcher et sommes rapidement au soleil. L'ombre du Rock ne nous protège plus, à force de tourner, et l'heure passant. Mais aujourd'hui nous avons emporté 3,5 litres (même
s'il est conseillé de boire 1 litre/heure/pers). Le décor est toujours le même, terre rouge, touffes d'herbes piquantes, quelques arbustes de 2,5m, ciel bleu et la roche rouge éclatante du Rock
sur notre gauche. Après 1h30, nous sommes un peu lassés par l'aspect répétitif de nos pas. Néanmoins, la dernière partie est agrémentée de peintures murales (les premières du séjour) et
d'explications sur leurs sens et celui de lieux clés dans la tradition aborigène (comme cette cave où seules les grand-mères viennent accompagnées de leurs petites-filles pour leurs transmettre
leurs traditions, ou encore celle où cette fois ce sont les jeunes garçons qui viennent suivre un rite initiatique leur permettant de devenir homme en apprenant à chasser, ou à trouver des
sources d'eau...). Nous passons à un moment devant d'énormes bouts de roche s'étant détachés du Rocher pour atterrir à son pied. L'un d'entre-eux fait facilement 10m de diamètre. Impressionant.
Il est par ailleur aisé de distinguer l'endroit où la roche s'est fracturée. De même, autre part, un pan de roche est littéralement cisaillé et aiguisé, comme un silex géant perché tout là-haut.
On tente d'imaginer le processus qui a permis d'en arriver là, ou l'éclair qui a achevé la probable faille géante préalable, dans un vacarme titanesque. Vers 10h30, nous revenons à notre point de
départ. Mais avant de retourner à la voiture, nous faisons les 500m nécessaires pour entrer légèrement au coeur du Rocher, et voir le plan d'eau de Mutijulu, lieu également sacré. Un panneau nous
conseille de savourer le calme des lieux en prenant place sur le banc en bois à côté duquel nous sommes, de fermer les yeux et d'écouter le souffle du vent et le bruit de la nature. C'est beau
(rires). Plaisanterie à part, le Rocher est haut vu d'ici (normal, il est plus haut que la Tour Eiffel, même si nous n'avons pas l'impression qu'il est si grand). Le chemin naturel de l'eau de
pluie sur la roche a tracé des rigoles et coloré la paroi à certains endroits. Ah oui, au fait, pas question de prendre un petit bout de roche en souvenir, car d'une part cela est interdit, et
d'autre part, cela porte malchance. C'est en effet chaque année des dizaines de colis qui sont envoyés au Centre de Conservation pour retourner les pierres prises comme souvenir, après que des
malheurs soient arrivés à leur propriétaire.
Nous faisons démarrer le moteur vers 11h. Retour à Yulara. Quelques nuages parsèment le ciel dans un bel effet. Sur la route, où nous sommes seuls, nous nous arrêtons prendre pleins de photos, et
nous retournons sans cesse, en partie parce que nous quittons les lieux cet après midi, et ce sont nos dernières chances de regarder le Rock en face, mais aussi parce que le décor est magnifique
(surtout en s'éloignant peu à peu). Nous sommes toujours impressionnés par sa taille.
Débute maintenant le retour sur Alice Springs, où nous devrions être demain soir. Depuis plusieurs jours, nous avons en tête le coût potentiel de réparation de la jupe latérale de la voiture,
même si elle n'est pas complètement cassée. Nous tentons plusieurs fois par jour de trouver une manière de la réparer manuellement. Fred avait tenté de replier vers le haut un bout de la
structure de soutien en fer du dessous en utilisant le crick servant à soulever la voiture pour normalement changer une roue, mais sans succès. Coriace ce bout de métal ! Nous nous arrêtons du
coup ce midi à la station service pour regarder cela de plus près, où nous allons aussi acheter de la glace pour la glacière, avant de partir vers l'est pour faire la moitié du trajet retour.
Nous passons une heure à tenter de trouver un moyen de masquer notre problème, en essayant de nouveau la solution du crick et en mettant tout notre poids sur la jupe branlante pour la coincer
dans ce bout de métal, à utiliser un marteau pour le redresser, ou encore à chercher de gros cailloux à coincer sous la voiture pour la maintenir dans sa position originelle. Las, rien de tout
cela ne fonctionne. A cours de solutions, et l'heure passant, nous abandonnons et repartons vers le camping. Lavage de linge à la main, que nous étendons dehors avant de prendre une douche. Avec
les 41° extérieur, les affaires sont sèches en sortant. Nous retournons là où nous avons laissé nos pizzas hier soir pour les réchauffer dans la grande cuisine à disposition des backpackers.
Juste avant de prendre la route, Audrey trouve dans un petit magasin la crème anti-mouche dont nous avions un échantillon, qui nous servira sûrement en Nouvelle-Zélande.
Départ à 15h. Nous roulons plein est le long de la Luritja Road, celle que nous avions prise dans l'autre sens pour venir il y a deux jours. Le décor est toujours aussi désertique et joli. Nous
nous arrêtons à Curtin Springs, une des seules roadhouses du chemin, pour prendre de l'essence (les pompes sont rares dans la région), et retrouvons par hasard Thomas, le suédois, de retour de
King's Canyon. Heureuse et inattendue retrouvaille. C'est là que nous apprenons que le mont en face de nous maintenant, et que nous avions pris en photo à l'aller, n'est pas Uluru comme nous le
pensions depuis tout ce temps, mais le Mont Conner. C'est clair qu'en le regardant aujourd'hui, en ayant les courbes d'Uluru bien en tête, la confusion n'est plus possible. Nous avons encore
160km de nationale devant nous quand nous repartons. La route est plus belle qu'à l'aller, notamment grâce à la belle lumière de l'après-midi. Nous faisons bien attention, et essayons de prévenir
la traversée d'éventuels animaux. C'est en effet sur cette portion que nous avions failli en percuter un à l'aller. Quand nous en croisons, nous ralentissons beaucoup, et passons au ralenti. Cela
dit, le risque est toujours présent, pendant ces centaines de kilomètres, d'en voir un surgir au dernier moment. Les kangourous morts sur le bas côté sont légions, et témoignent du nombre
d'impacts, tout comme les impressionnantes traces de pneus tout les 10km, et que nous remarquons bien plus qu'il y a une semaine. Depuis notre départ, et jusqu'à notre arrivée dans le sud de
l'Australie, la majorité des voitures que nous croisons sont d'imposants 4X4 ou des camping-cars. Nous croisons aussi quelques road trains, dont l'effet est toujours saisisssant, en les voyant
arriver, se rapprocher, et en les frolant à 100km/h.
Nous continuons sur la Lasseter Road pendant 90km et décidons vers 17h30 de nous arrêter pour passer la nuit à Erldunda, la station service au coin de notre nationale (la seule à la ronde de
toute manière) et de la Stuart Highway remontant vers le nord, et rejoignant Alice Springs à Adélaïde, plutôt que d'installer la tente et dîner une fois la nuit tombée au bord de la route, si peu
fréquentée (sauf par les animaux, comme les "Dingos", ces chiens/loups sauvages curieux et assez agressifs). L'endroit est quasi désert, malgré le petit camping où nous louons un emplacement
unpowered, et constitue le centre géographique du pays. Cela fait du bien de s'arrêter après ces heures de voitures au milieu de rien, à avoir été concentré au cas où un animal surgisse. Nous
avons l'impression d'être dans une sorte de No man's land. Sur la route, nous sommes plusieurs fois passé à côté de carcasses de voitures, totalement inattendues, juste à côté sur le sable ou
carrément situées à 30m du goudron. De chaque côté, l'horizon avec une plaine désertique et aride s'étendant à l'infini. Il fait chaud, et les mouches nous rendent de nouveau visite à peine
sortis de la voiture. Une ambiance de western, silencieuse, règne ici. Nous montons la tente, et nous installons sous l'abri extérieur pas très loin pour préparer à manger, à la frontale, car
l'éclairage autour est en réparation. Nous allons ensuite prendre un verre à la taverne de la station service, mais celle-ci ferme à 22h. A l'intérieur, deux routiers et un autre couple comme
nous, au milieu d'un juke-box et d'un flipper. Nous nous installons sur les tables dehors pour terminer de rédiger l'article que nous avions commencé un peu avant. Vers 23h30, nous regardons
quelques instants le ciel au dessus de nous, et grimpons l'escalier de la tente.
Écrire commentaire
Sof (mardi, 26 mars 2013 08:37)
Wahou... Tjs aussi beau!... Quelle chance vous avez de vivre tt ça! Et quelle chance on a de le vivre un peu grace à vous!
Merci! :-)
christiane (mardi, 26 mars 2013 09:57)
quelle beauté!
je vois qu audrey n a rien perdu de sa souplesse bravo!
le bronzage aussi est magnifique!
Annie (mardi, 26 mars 2013 11:31)
Toujours du retard dans ma lecture mais toujours passionee,quant au rodéo en voiture il vous restera un grand souvenir........d avoir vu un buffle de très près (sans commentaire) gros baisers
François P. (mardi, 26 mars 2013 22:54)
Tu m'étonnes que tu en sois à 14 coups de soleil en dormant torse nu en plein soleil australien...
Nathalie B (mercredi, 27 mars 2013 15:14)
c'est drole je suis en train de lire un bouquin (piège nuptial de D Kennedy) dont l'action se situe dans le bush australien et justement dans ma lecture ce matin le héros conduisait en pleine nuit sur une route déserte et à percuté un kangourou.
du coup grace à vos aventures, je visualise super bien l'histoire
(attention Fred dans le bouquin le héros prend une auto stoppeuse qui le drogue, l'enlève et l'épouse. Le problème c'est que dans son village le divorce est interdit mais le nombre de veuves y est impressionnant ...)
Julien (mercredi, 27 mars 2013 17:14)
Superbe une fois de plus... Les paysages (je suis amoureux du ciel australien, avec ses nuages comme des p'tits moutons !), vous & votre bronzage alors que moi ce matin j'ai dégivré avant d'aller au boulot...
Bref, merci pour ce qui est une réalité pour vous, et un joli rêve pour nous...
Plein de bisous à vous deux.
P.S. : vous portez drôlement bien le chapeau !