J3 - On entre dans le vrai...

Réveil aux aurores. Déjà, on a mal dormi. Ensuite, on est un peu stress car nous n'avons pas le droit d'être là. L'aire où nous sommes ouvre à 6am, et nous n'avons pas envie d'être en porte-à-faux. Nous nous levons à 6h30, après avoir entendu quelques voitures passer sur la route pas très loin (mais l'endroit où nous sommes est plus excentré que sur les aires françaises, notamment parce que quelques marches sont possibles depuis cet arrêt, et il faut quitter la route principale pour y accéder). Le soleil n'est pas encore levé, mais il fait jour. Nous ouvrons pour la première fois le zip de notre tente. Même décor qu'hier, sans personne autour. Nous préparons notre petit déjeuner, à base de thé et de pain de mie, toujours concocté grâce aux deux plaques gaz disponibles juste derrière la barrière où nous sommes garés. La terre est un peu rouge, et quelques troncs d'arbres plus ou moins brûlés jonchent le sol. En allant faire un tour des lieux, nous apercevons un ranger derrière la vitre du centre d'information vingt mètres plus loin. Nous le saluons sans broncher, comme si de rien n'était. Tout va bien. Nous faisons cependant fissa, et plions tout notre "stuff" rapidement. La tente se range aussi facilement qu'elle se met en place, super ! Clé en main, coffre rangé, nous démarrons le moteur et quittons les lieux.


Direction Stanley Chasm (prononcer "kasme"), à 15km. Première étape dans les West Mc Donnel Ranges, un parc national qui couvre une surface de 2000km² à l'Ouest d'Alice Springs. Personne sur la route. Le ciel est bleu, il fait déjà chaud, autour de 28°. Il est 9h. Nous roulons, et sommes excités par le fait d'être là. La route, comme ce sera toujours le cas, n'est qu'une voie goudronnée posée dans la nature. Notre arrêt à Stanley C. dure une heure et demi. Le temps d'effectuer notre première marche. Grâce aux documents récupérés hier au Visitor's Center d'Alice Springs, nous avons tous les papiers nécessaires pour connaître les choses à faire dans cette partie de l'Australie. Un territoire qui couvre quand même trois parcs nationaux, et 10 000 km². C'est donc parti pour aller visiter un canyon, accessible après 45 minutes à pieds, au milieu de palmiers nains aux fruits géants et de roches rouges, sous un ciel toujours bleu que nous apercevons de moins en moins. La marche est facile. Le canyon n'est pas très grand, ni très haut, mais la balade est sympa. Surtout, cela nous introduit aux paysages avec lesquels nous allons nous familiariser peu à peu. Pendant tout ce temps, nous ne croisons que deux couples. Ce n'est pas le monde qui devrait nous déranger si ça continue comme ça dans les jours à venir. Il faut dire que nous sommes en basse saison : c'est la fin de l'été ici, et les touristes arrivent plutôt à partir d'avril en général. Nous atteignons le fond du canyon, haut de 80 mètres. Impossible d'aller plus loin, c'est la fin de la marche. C'est sympa, mais sans plus, contrairement au chemin qui était bien plus original. Ca reste quand même une formation rocheuse de taille, avec cette faille de dix mètres de large dans laquelle nous marchons. Nous faisons demi-tour, et commençons à avoir chaud. Le soleil est suffisament haut pour venir maintenant nous chatouiller. Et même à 10h, ça change tout. Sur le chemin, un chien que nous croyions appartenir à un couple que nous avons croisé nous accompagne tout du long. Nous ne saurons jamais qui sont ses maîtres, bien que ce doit être les tenants du poste contrôle du parking. Ah oui, chose importante, nous avons de nouvelles amies, totalement inattendues, et par dizaines : les mouches. Ici, on les appelle les "sand flies" (Ndlr : en fait, non...les sandflies arriveront en NZ). Ce sont de petites mouches, inoffensives, qui ont le don de venir virevolter sur votre visage. Le problème, c'est qu'elles ne peuvent voler plus de 10 sec. Du coup, elles se posent - sans que vous puissiez y faire quelque chose, et croyez-nous, on a bien essayé - dans votre cou, sur vos tempes, dans le coin de votre oeil, dans votre oreille, sur votre lèvre, n'importe où, constamment, dans un bruit incessant d'insectes qui volent autour de vous. Et ça, ça va durer toute la semaine à venir, dès la sortie de la tente le matin à 6h jusqu'au soir à la tombée de la nuit. Au moment où nous écrivons ces lignes, posés dans une station service reculée, paumée, ravitaillée par des camions à trois ou quatre remorques traversant le pays du Nord au Sud une fois par semaine  - une "roadhouse" - de l'Outback, les mêmes mouches continuent de nous agacer, toujours aussi nombreuses. On s'habitue un peu, mais pas beaucoup quand même. Vous verrez sur les photos. Pendant notre retour vers la voiture, nous bifurquons à droite pour emprunter pendant une grosse demi-heure le "Larapinta Trail". C'est un chemin de grande randonnée, long de 225km, divisé en 17 étapes, qui parcourt le parc national et longe la route que nous allons suivre les prochains jours. En gros, il est possible de faire la même chose que nous, mais à pied, et en passant par un chemin naturel plutôt que par la route (appelée la "Namatjira Drive", puis la "Larapinta Drive"). Franchement, chapeau à ceux qui le font, car il fait tellement chaud que nous n'imaginerons à aucun moment pouvoir le faire, avec en plus un sac pour porter le matos necessaire. Le petit bout de ce trek que nous faisons nous fait monter d'une cinquantaine de mètre, peut-être un peu plus, sur un chemin assez tortueux, et qui nous fait un peu plus pénétrer dans la nature du coin. Le chien nous accompagne toujours, et nous aimons bien l'avoir avec nous. Nous continuons un peu, puis faisons demi-tour pour ne pas nous aventurer trop loin. Après une demi-heure supplémentaire, nous retrouvons le 4x4. Tiens, le couple d'allemand que nous avons croisé vient nous voir sur le parking, taper à notre fenêtre, pour nous donner un petit échantillon d'une crème blanche, efficace contre ces satanées mouches, à mettre aux endroits stratégiques du visage, et qui sent l'arnica. Efficace, mais cela permet juste d'éviter qu'elles ne se posent. Nous n'en mettrons pas beaucoup à chaque fois pour l'économiser, jusqu'à ce que nous en trouvions dans 4 jours, presque à la fin. Nous reprenons la route, puis, à un moment, environ 10km après, tournons pour prendre un chemin non goudronné pour aller à Birthday Waterhole, un site indiqué sur notre carte qui nous donne envie d'aller voir. Il faut dire que nous sommes curieux de tout, avons envie de voir la région, même si certains "spots" sont mineurs. Plus que d'arriver, c'est le chemin qui nous intéresse, découvrir, aller voir par nous-mêmes, chercher, voir le paysage, vivre l'aventure. La piste devient vite un vrai chemin tout-terrain, au milieu de rien, complètement perdu. Le ciel est toujours, voire de plus en plus, bleu. Quelques arbres, des troncs morts et/ou brulés, des touffes d'herbes jaunes, du sable, le lit d'une rivère complètement asséchée dans lequel l'eau n'a pas coulée depuis des lustres. Nous roulons, à 10km/h max, pendant 15km. A certains moments, des cailloux gros comme le poing, sur un kilomètre, ou du sable, voire les deux. Sur le chemin, parfois aucune indication, aucune trace de passage (mais il n'y a pas d'autres endroits où rouler), et à certains autres moments, juste deux voies parallèles sans végétation indiquant que d'autres voitures, hier, la semaine dernière, le mois dernier, sont passées là. Nous mettons en marche la première vitesse du deuxième levier disponible à côté du levier de vitesse classique, pour mettre en la voiture en quatre roues motrices normales. Ca secoue, ça vibre, ça monte ou descend de 10° sur plusieurs mètres, la voiture chasse parfois sagement. L'allure est toujours réduite. Impossible d'aller vite. Et de toutes façons, ce n'est pas l'objectif. A un moment, une carcasse de voiture, totalement dépouillée et rouillée, se trouve là, à 10m du passage. Pourquoi ? Comment ? On est en plein film. Les amis, nous nous sentons loin, dans une aventure complètement différente et inédite du voyage. Conduire ainsi est un peu fatiguant. Le volant doit être tenu fermement, car il part dans un sens ou dans l'autre sans rien faire. Il faut regarder où nous passons, être en permanence à l'affût de ce qui va passer sous nos roues sur les 10 prochains mètres, à scruter ce qu'il y a devant nous, chercher le bon endroit où passer. Nous regardons la carte, et sommes bien sur le bon chemin, mais nous trouvons le trajet un peu long. Il faut dire qu'on s'éloigne bien de la route goudronnée de tout-à-l'heure. Ici, s'il nous arrive quelque chose, c'est maintenant facilement deux heures de marche sous le soleil à revenir sur nos pas pour espérer arrêter une voiture qui ne pourrait passer qu'une heure après, qui sait ? On adore. Nous ne sommes arrivés en Australie qu'il y a deux jours, mais cette étape dans le centre est déjà un voyage dans le voyage. Cela fait bien trois quart d'heure que nous nous servons des possibilités qu'offre le 4x4, et pas celles d'un Porsche Cayenne, d'un vrai 4x4 fait pour du hors-piste, où il ne faut pas avoir peur des graviers qui giclent, de racler les branches d'arbres, du bruit provoqué par tout cela, et de mettre les suspensions et la garde élevée à l'épreuve, quand nous ne savons plus par où passer, faute de traces à suivre. A un moment, Fred hésite à prendre à gauche ou à droite, juste après être monté sur un petit monticule. La végétation est presque partout, basse et sèche, avec quelques arbres autour. Devant, à 10m, de nouveau le lit en sable de la rivière asséchée à traverser. Fred prend à gauche, car il faut bien choisir. Pour le passer, il faut prendre un dénivelé de 2m, qui s'étend sur 1 ou 2m. Bref, un passage escarpé, pentu, bien incliné, fait de gros cailloux, ou de mini-rochers. Pas simple. Et là, nous allons connaître notre première vraie galère du voyage. Nous engageons le 4x4, doucement. La hauteur de la voiture a pour l'instant bien servie, et permet de passer des obstacles sinon infranchissables. Cette fois-ci, cela ne va pas être le cas. La voiture s'incline vers l'avant, plus que les autres fois. Mais cela est normal, vu la pente un peu plus raide, bien que courte. Quelques grosses pierres sont calées dans la terre. L'une d'entre elles est plus difficile à passer, et exige, comme ce fut déjà la cas depuis une heure, de faire monter la roue dessus en jouant de l'accélérateur et de l'embrayage. La voiture accroche bien, malgré l'inclinaison (du type de celle qui ne peut être rencontrée en zone urbaine...). Nous passons le cailloux qui nous bloquait, doucement, et la voiture retombe un peu, toujours inclinée. C'est un peu impressionnant, mais rien de dangeureux. Rien que des choses normales pour ceux qui ont fait le Paris Dakar, ou familier d'un tout-terrain. Assis sur le siège, vous sentez que l'inclinaison vous pousse vers l'avant, et que la ceinture sert à quelque chose. Le problème, c'est que ce cailloux d'un bonne taille est plus haut que les autres, et vient du coup bloquer la voiture, en la coinçant sur le côté gauche. Gros bruit de tôle qui se froisse, grincement, pendant une bonne demi-seconde. Le passage difficile, l'inclinaison, la tentative, le bruit du V6 3,5L et du compte-tour qui rugissent, et ce dernier son beaucoup moins sympathique nous affolent. "Merde, c'était quoi ce bruit ?". Nous sentions que nous étions dans une situation délicate, mais là, nous en sommes sûrs. Evidemmment, nous stoppons la voiture, moteur toujours allumé. On commence à baliser. Audrey descend, pour regarder. "Ca craint". Le cailloux surélève la voiture par l'avant gauche, à cause du creux qu'il y avait derrière. Du coup, c"est une partie du poids du véhicule qui repose sur le marche-pied latéral côté passager (donc à gauche en Australie). Et la voiture n'avance plus, car la roue avant gauche tourne dans le vide, ne pesant pas assez lourd dans le sable rouge dans laquelle elle est enlisée. Bref, c'est simple, on est coincé. Il faisait déjà chaud, mais avec ça, c'est l'apogée. On est dans une sacrée *****. Et au milieu de rien. Fred fait doucement monter les tours, en première, mais rien n'y fait, la roue patine. Il décide de passer dans un autre mode 4x4, sur le deuxième levier de vitesse. Un mode adapté au sable, avec une grosse force de traction pour situations spéciales. Rien n'y fait. La marche arrière non plus. Le moteur est évidemment toujours allumé. Nous sommes tous les deux dehors. Il est 11h30. Nous commençons déjà à envisager toutes les options dans notre tête, en quelques secondes. Impossible que l'un d'entre nous retourne à pied sur la route principale, trop loin, trop chaud, trop dangereux, sans moyen de communication avec l'autre, même en transportant cinq litres d'eau dans un sac. Il fait en effet 40° maintenant. Appeler "Roadside assistance", le numéro donné par l'agence en cas de pépin ? Cela implique des frais hallucinants, de remorquage, de dépannage etc... et la fin de notre périple, avec une belle ardoise à la clé. De toutes façons - nous le remarquerons après - nous n'avons pas de réseau ici, dans ce territoire grand comme la moitié de la France. On réfléchit, on tourne autour du véhicule, on fait l'état des lieux et du problème. Bon, la voiture n'est pas abimée (sauf la jupe, apparemment froissée), juste coincée, et la roue n'accroche pas. Passées les premières minutes de stress et d'angoisse, Fred à la bonne idée : chercher des pierres pour caler la roue, et lui permettre de reprendre de l'adhérence, afin de faire marche arrière, et remonter sur ce fichu cailloux, en prenant le risque de casser le marche-pied. Mais à ce moment, une seule chose en tête : sortir de là. Du coup, il part à la pêche aux pierres de bonnes tailles, suffisament grosses et plates pour fabriquer une mini-pente entre le dessous de la roue et le haut du cailloux, cinquante centimètres plus haut. Dans le lit de la rivière, ce n'est pas le choix qui manque. Elles sont toutes lourdes, et extrêmement chaudes, et il doit les jeter par terre au bout de quelques mètres pour ne pas se brûler. Plusieurs tentatives et essais sont necessaires. En outre, nous faisons attention, car l'Australie, c'est le pays où il y a le plus d'animaux venimeux au monde. Pas question de déranger un beau scorpion ou un serpent sous une pierre ou dans les feuillages sur le côté de la voiture, et dans lesquels nous sommes obligés de marcher. Manquerait plus que cela. L'idée nous semble concluante, et nous redonne de l'espoir. Impression que c'est le chemin à suivre. Nous avons raison, car après plusieurs essais, nous parvenons à trouver les pierres qui vont bien à mettre sous la roue, comme on peut, puis à côté, en stabilisant le tout avec d'autres, et en espèrant que tout cela ne glisse pas, ni ne crève le pneu (presque neuf et très épais, mais le cailloux est acéré sur son flanc extérieur). Fred remonte dans la voiture, fenêtres abaissées pour tenter d'entendre Audrey restée sur le côté pour le guider, malgré le bruit assourdissant du moteur. Nous espèrons aussi ne pas avoir abîmé le dessous de la voiture. Marche arrière enclenchée, voiture toujours très inclinée vers l'avant, c'est parti pour une tentative, en faisant monter le compte-tours pour avoir la force nécessaire. Echec. c'est parti pour une autre tentative, avec d'autres pierres agencées différemment. Après 20 minutes, cette fois, la roue tourne un peu moins dans le vide, et semble accrocher les pierres. Audrey fait signe de continuer et d'accélérer (par gestes, car Fred n'entend rien avec tout le bruit du moteur qui chauffe dans les tours). Audrey pense que le marche-pied va casser, mais la roue doit être sortie. Le radiateur à l'avant du véhicule crache d'un coup de la poussière, rouge, ingurgitée depuis que nous sommes immobilisées. Cela rajoute une touche de stress, vite disparue en comprenant que cela est normal. Fred accélère, sans à coups. La voiture bouge. Peur de caler. Pas évident de jouer du moteur et des pieds dans cette position, retenu par la ceinture de sécurité. Le même bruit de tôle que tout-à-l'heure se refait entendre. Il faut y aller, et c'est déjà une victoire de reprendre de l'adhérence. Bruit assourdissant. La voiture remonte sur le cailloux. Coup de frein pour s'assurer qu'il est bien passé. Oui. Ouf. Audrey dirige ensuite Fred pour repartir sur quelques mètres, toujours en marche arrière, et toujours incliné, dans la bonne direction, sur cet espace réduit, et se sortir d'affaire. Il ne s'agit pas de se mettre dans une nouvelle situation délicate. Coup de volant à gauche, coup à droite, au ralenti, sur à peine un mètre et demi. La voiture retrouve une position horizontale. Ca y est, c'est fini. On a réussi. Ouf. Et re-ouf. Soulagement énorme. Fred sort pour regarder les éventuels dégats. Par rapport à la situation et au bruit, ils sont minimes. La jupe gauche est un peu détachée de son rail de fixation, qui lui-même, placé sous la voiture, est plié dans sa partie avant. Ca se voit, mais ce n'est pas hallucinant. Rien d'autre n'est abîmé. nous verrons plus tard. Inutile de préciser que nous n'avons pas l'envie de continuer et de trouver un autre passage pour rejoindre Birthday Waterhole, pourtant à quelques kilomètres d'ici. Nous sommes clairement heureux que tout aille bien, globalement, par rapport à ce que cela aurait pu être. Nous reprenons donc les traces que nous avons laissées en venant, en roulant toujours aussi doucement, de peur que quelque chose arrive. Le retour vers la route goudronnée nous semble interminable. Nous imaginons si nous avions dû faire tout cela à pieds. Nous sommes encore néanmoins un peu sous le choc de cette galère. Il doit être 12h30 quand nous retrouvons le panneau à l'entrée de la piste, en gravier sur le dernier kilomètre parcouru. Bon, le point positif, c'est que nous aurons gagné en expérience de conduite de 4x4, en jugement, et ne serons plus débutants. Sentir la route lisse et calme en bitume nous procure une sensation de bien-être que nous n'avions pas imaginée connaître un jour !


Nous roulons pendant 30 minutes, et parcourons 40km, avant de nous arrêter à Ellerie Creek Big Hole. L'endroit, indiqué sur la carte des choses à faire/voir le long de la Namatjira Drive, est une piscine naturelle, entre des rochers, alimentée par un cours d'eau vital pour de nombreuses espèces du parc. Comme à Simpon's Gap, et à Stanley Chasm, se trouve ici une aire de pique-nique parfaitement aménagée, et respectueuse de l'environnement, en bois, avec plaques de barbecue, containers d'eau réchauffée par panneaux solaires, abris, toilettes propres... des infrastructures simples mais bien faîtes, et pratiques. Avant chaque site, nous avons vus - et nous verrons encore - des panneaux récapitulant l'histoire du lieu, les parcours et la difficulté des marches possibles, les mesures de sécurité à prendre, la faune locale.... tout est très bien fait. Ces aires sont toujours excentrées de la route. L'accès se fait après un ou deux kilomètres en voiture, après avoir quitté la nationale. Nous garons la voiture à l'ombre, et sortons nos ustensiles, ainsi que notre réchaud à gaz. L'endroit est là aussi presque désert. Nous ne croiserons qu'une ou deux voitures, tout au plus. Les mouches sont toujours là, et quand l'un prépare quelque chose (comme le poulet et la salade composée de ce midi), l'autre agite les mains devant pour éviter qu'elles ne se posent dessus. Le soleil tape fort, et c'est l'une des premières fois où nous recherchons constamment de l'ombre, tellement les rayons sont puissants et chauffent. Les alentours sont faits de végétation sèche, haute jusqu'aux genoux, ou d'arbustes adaptées aux terres semi-arides. Le sol est rosé, principalement en sable. Et le ciel toujours bleu, créant un beau contraste. Une fois notre repas terminé, nous décidons de faire la marche menant jusqu'au point d'eau, où il est possible de se baigner. Nous en avons tellement envie. Par plaisir, mais surtout pour nous rafraichir, car nous sommes plus que moîtes. La sueur perle un peu partout. Nous croisons un couple, arrivé il y a peu de temps, et revenant de l'endroit. En fait, celui-ci est à côté, à peine à cinq minutes, en suivant le sentier pavé. L'étang est joli, l'eau claire. Des canards font leur vie. Deux parois rocheuses d'une quarantaine de mètres tombent dans l'eau. Au fond, nous distinguons le cours d'eau qui arrive ici. Le bord est en sable, jaune et brulant. Nous nous déshabillons, nous retrouvons en maillot, et nous mettons à l'eau. Excellent. Le sol est toujours en sable (et non en vase), et nous n'avons rapidement plus pieds. Dans l'eau, nous sentons des courants d'eau froide passer entre nos jambes. Nous nageons, et restons une demi-heure comme cela. A part une anglaise ayant posé son hamac, nous sommes seuls. Puis nous sortons, séchons en quelques minutes, et reprenons la voiture. Direction toujours l'Ouest, pour continuer vers la fin du parc national, et en rejoindre un autre ensuite au sud dans 2 jours, puis un troisième (celui de Ayer's Rock, le rocher rouge du centre de l'Australie), encore un peu plus au sud. Nous parcourons 15km, et nous arrêtons à Serpentine Gorge. Du parking part une montée d'un kilomètre et demi, conduisant à un point de vue sur des gorges derrière la colline, et un beau panorama sur les montagnes des West Mc Donnell et la plaine que nous traversons en voiture depuis ce matin, s'étendant à perte de vue. Là encore, nous sommes seuls au monde. En haut, des panneaux expliquent la vie animale du coin, et la place ou l'histoire géologique du lieu dans la zone. Par contre, ça vente pas mal. L'heure tourne, et nous devons redescendre si nous souhaitons arriver à Glen Helen ce soir, c'est-à-dire l'étape du jour. Les mouches envahissent le dos de Fred. Une photo s'impose pour immortaliser cela. Mais avant de filer à notre point de chute, sur le trajet, nous faisons un stop à Ochre Pit. Ce n'est pas très loin de la route, et l'endroit ne demande pas beaucoup de temps. Heureusement, car il est 17h30, et il est temps de ne pas trainer si nous ne souhaitons pas arriver de nuit. Surtout que nous ne connaissons pas du tout les lieux, et n'avons pas encore nos repères. Nous arrivons là-bas, et faisons les 300m qui nous séparent de la carrière d'ochre à visiter. Une petite carrière, utilisée par les aborigènes pour extraire l'ochre, et dessiner des peintures religieuses et symboliques, souvent à même le corps. C'est donc une déclinaison de jaune, pourpre et blanc que nous découvrons dans la roche, les trois couleurs alternant dans des stries verticales (et non horizontales, comme pourtant souvent dans les strates geologiques). C'est surtout intéressant pour en apprendre sur la culture aborigène, plus que pour la carrière elle-même. Chaque couleur a une signification, et est utlisée à des fins spécifiques. Une signalisation discrète demande aux visiteurs de ne pas toucher les pierres, ni d'extraire l'ochre, sous peine d'amende. Nous faisons le tour, puis repartons.


Vers 18h30, nous bifurquons à gauche pour faire face à une grande paroi rocheuse, verticale, assez rouge, et arriver au pied, où se trouve le camping de Glen Helen (le Glen Helen Resort...qui n'a rien d'un complexe hôtelier balnéaire). Nous passons à la réception pour louer pour la nuit un espace "unpowered" (comprendre sans alimentation électrique). L'endroit est assez grand, avec une pompe à essence (sans rien autour), différents emplacements selon que vous ayez une tente ou un camping-car, un bar, des lodges, une piscine (pas très grande, mais quand même), et une cuisine extérieure, avec tous les ustensiles disponibles, un frigo, trois plaques au gaz, et une plaque chauffante pour faire cuire la viande (zone "barbecue"). Super. Par contre, pas d'internet, où à 5AUD l'heure (4 euros). De la glace est aussi disponible, nous en prendrons demain. Nous sortons nos aliments, et utilisons la cuisine. Mauvaise nouvelle, les deux barquettes où se trouveaient la viande que nous avions achetée ont pris l'eau dans la glacière (de la glace d'hier maintenant fondue). Pas grave, nous allons la faire cuire, en manger ce soir, et nous ferons réchauffer le reste plus tard. Il est 20h, et il fait maintenant nuit. Fin de préparation et dîner à la frontale donc, avec un couple d'allemands quadragénaires pas très bavards faisant comme nous à la table d'à côté, et avec qui nous partageons la cuisine pour préparer le dîner. Ici, tout le monde est à la même enseigne, car tout le monde est là pour la même chose, visiter les parc naturels, et adopte donc les mêmes trajets, horaires, et habitudes, en voiture, van ou camping car. Steack chips, vaisselle, puis installation de la tente, toujours à la frontale. Utilisation d'une prise disponible dans les toilettes, assez grandes pour accueillir une trentaine de personnes, pour recharger le temps que l'on peut la batterie de la caméra (on en profite). Le ciel au dessus de nous est magnifique. Malgré les quelques lumières du camping, certes pas très fortes, la Voie Lactée est parfaitement et immédiatement visible, et sur une longue tranche. Le ciel est véritablement recouvert d'étoiles. L'un des plus beaux ciels du voyage, et de notre existence. Ce n'est pas aussi fou qu'au Népal, mais assez remarquable, et à 360°, pas juste à la verticale de notre position. Nous en connaissons qui seraient, comme Fred, ravis. Avoir ce toit étoilé au dessus de nous donne une troisième dimension que l'on a pas souvent l'habitude d'avoir. Nous allons dans le bâtiment abritant la réception, le bar, et la salle à manger pour acheter une glace Magnum (c'est bon mais ça donne soif, et ici, en voiture, l'eau froide ne coule pas du robinet, mais est précieusement stockée dans la glacière.... cela est, et sera, un vrai boulot de refroidir l'eau, et en quantité suffisante quand il fait si chaud, au cours de notre périple dans le centre), et faire un premier tri des photos sur l'ordinateur. Il est 22h30, et allons nous coucher, pour la deuxième fois, dans cette tente qui nous plaît bien. Nous ouvrons les ouvertures latérales extérieures, afin de faire passer un peu d'air, et éviter de mourrir de chaud comme la nuit dernière. Ce sera un demi-succès, car le bruit claquant et irrégulier des volets imperméables battant au gré du vent nous réveillerons plusieurs fois jusqu'au petit matin. Une belle journée se termine, la première complète en autonomie. Les paysages, les sites visités, et conduire ici nous ont enchantés. Notre galère de ce matin nous paraît loin, mais nous nous disons que nous avons eu de la chance, même s'il y a à parier que nous devrons payer quelque chose à cause du marche-pied. Nous verrons bien, tellement d'autres choses nous attendent d'ici là.

 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 8
  • #1

    alain maryse (lundi, 18 mars 2013 09:38)

    on voit que la galère était vraiment très sérieuse!!!! surtout à ne pas renouveler. très belles images mais dans ces paysages où étaient les
    les sioux ou les apaches? car les seules peaux rouges que nous ayons vu
    étaient les vôtres attaquées non par les cowboys mais par une armée de mouches. bisousss

  • #2

    christiane (lundi, 18 mars 2013 11:33)

    hou la la! la prochaine fois équipez vous de fusées de détresse!

  • #3

    Isabelle - Ferrières (lundi, 18 mars 2013 12:47)

    ouah......OUAH.......Bravo
    que de sensations.......
    Gros bisous

  • #4

    Julien (lundi, 18 mars 2013 18:22)

    Whouaou !! quelle galère !
    Bravo à vous deux de vous en être si bien sortis. On imagine trèèèès bien en vous lisant la belle montée de stress que vous avez du avoir.

    Les photos sont superbes.

    Prenez soin de vous, vous commencez à nous faire flipper là... ;)

  • #5

    François P. (lundi, 18 mars 2013 22:25)

    Sauvés par des cailloux ? ;-)

  • #6

    Sof (mardi, 19 mars 2013 00:19)

    Je ne vous jette pas la pierre, Pierre, mais j'étais à deux doigts de m'inquièter! ;-)

  • #7

    Sof (mardi, 19 mars 2013 00:31)

    Aaaaaah!.... Les petits cris d'Audrey sur la vidéo du hors piste..... :-) magiques!!!! :-)

  • #8

    Marie (mardi, 19 mars 2013 21:23)

    De vrais Mac Gyver !!! Bravo !