J5 - Garden of the bay

Une nouvelle journée partagée entre boulot et tourisme, car nous passons toute la matinée à poursuivre nos recherches de camping-cars et autres vans, ainsi qu'à écrire ou répondre à des contacts que Fred avait activés avant de partir en voyage, ou plus récemment. D'ailleurs, il a rendez-vous ce soir avec une ancienne élève de son école, pour aller boire un verre, en apprendre plus sur les opportunités ici, et se constituer un réseau. Il est donc vite 13 ou 14h, et le petit-déjeuner pris dans la chambre commence à être loin. Nous ne savons d'ailleurs toujours pas s'il fait beau ou si le temps est couvert, car nous n'avons pas mis un pied dehors. La tête un peu pleine, nous montons donc l'étage pour accéder à la piscine, et savoir si nous prenons nos lunettes de soleil ou non. Les coups de soleil pris dimanche commencent à nous faire peler sérieusement, et de manière très localisée, comme au niveau du cou pour Fred.


Nous partons rapidement vers le sud de la ville, pour visiter deux dômes abritant une rainforest recomposée, et un jardin botanique ayant ouvert ses portes il y a environ un an à peine. Direction Marina Bay. Nous sortons dans une rue déserte, sous une grosse chaleur qui nous fait vite transpirer de partout, située derrière l'hôtel Bay Sands. Tout autour, de la végétation, aménagée, mais donnant l'impression que tout cela a poussé naturellement. La route traverse les arbres et les plantes. Nous marchons, et rejoignons après 10 minutes les fameux dômes. Malheureusement, l'un est fermé aujourd'hui. Nous ne verrons donc pas la rainforest, ou sinon plus tard dans la semaine. Nous payons les 14$ (9 euros) pour entrer en revanche dans le jardin botanique. Tout de suite, à l'intérieur, nous sentons l'humidité, bien plus forte que dehors, nécessaire pour l'entretien et la préservation de la végétation du lieu. La température est néanmoins plus basse que dehors, mais cela n'est pas difficile quand il fait 35° dans les rues. Un long couloir nous emmène sous la serre géante que représente le dôme. Sur chaque mur, tout du long, des photos et de petits écrans expliquent le processus de formation de certaines fleurs. Le jardin en lui-même est organisé par thèmes, en fonction des différents climats que l'on trouve autour du monde. Nous sommes un peu surpris quand nous voyons "climat méditerranéen" sur un panneau introductif, et une carte de l'Australie avec la zone sud grisée pour localiser ce type de climat. C'est drôle comme les repères peuvent différer. Cela dit, un peu plus loin, un espace est consacré au climat du sud de la France, de l'Italie et de nos autres voisins. Nous commencons néanmoins par tourner sur notre droite, et passons dans des allées présentant cactus miniatures ou géants, et plantes désertiques. Vivement l'Ouest américain, que l'on puisse voir tout cela en vrai. Viennent ensuite les climats africains, avec de grands baobabs, et asiatiques (pour faire simple). Palmiers, tapis de fleurs, oliviers, roses, lianes, plantes inconnues sont quelques unes des espèces que nous voyons. Parfois, un sympathique serpent rouge ou jaune en fleurs ou en plastique grand de quelques mètres - qui n'a absolument rien à faire là - s'ajoute au décor, tel une décoration de Noël. Nouvel An chinois oblige. Le dôme dans lequel nous sommes est gigantesque, et l'armature métallique dessine de jolies lignes de fuite sublimées par la perspective et la courbure de la structure. Sur un des côtés, derrière les vitres, le grand bâtiment du Bay Sands projette son ombre, lorsque le soleil n'est pas caché par les nuages qui s'accumulent. Nous déambulons ainsi pendant plus d'une heure. Au final, le jardin est agréable, bien fait, mais nos attentes étaient supérieures dans la mesure où certains articles le dépeignaient comme quelque chose de phénoménal et d'unique au monde. C'est très bien, mais nous n'irons pas jusque là (bien que ce soit peut-être effectivement unique au monde). En tous cas, il y a énormément de travail pour réussir à présenter autant de variétés de plantes et de climats. Et comme d'habitude, tout est propre, clean et bien agencé. Les handicapés n'auront par exemple aucun soucis ici, car tout est prévu et bien pensé.


Nous ressortons, et longeons la mer, juste à côté, pour remonter doucement vers le Sands. Le temps est en train de se gâter, mais il ne pleut pas. Dans la continuité, de l'autre côté de la rive, se trouve la grande roue de Singapour, que l'on aperçoit très bien pendant le grand prix de Formule 1 par exemple. Une grande roue - la Singapore Flyer - qui se veut la concurrente du London Eye, autrement dit de celle de Londres, qui permet d'apercevoir la ville de haut. Mais l'asiatique, avec ses 165m de haut, est bien la plus grande au monde. Nous la laissons derrière nous, et nous promenons dans le grand jardin extérieur tout autour, Gardens of the Bay, et qui caractérise cette partie de la ville, très peu construite en dehors des dômes, de l'hôtel... et de grandes structures métalliques dont la forme est celle d'un arbre, sur lesquelles poussent des plantes qui n'ont pas encore atteint le sommet. Nous sommes mitigés sur l'esthétique de la chose, mais cela sera sûrement joli une fois terminé. Un pont - le Skywalk - les relie entre elle, pour une balade à trente mètre de haut, et qui doit peut-être valoir le coup pour admirer le parterre vert de plusieurs hectares dans lequel nous nous trouvons.


Nous nous rapprochons peu à peu de l'hôtel, jusqu'à être à son pied. Sur le chemin, nous faisons bien sûr quelques photos et films, ne serait-ce que pour réussir à capturer le bruit que fait ce drôle d'oiseau que nous n'avons pas réussi à voir mais avons entendu très souvent ici en Asie, car bientôt, nous changerons de continent. La balade est sympa. Les gratte-ciels ne sont pourtant pas très loin, probablement à 25 minutes à pieds, mais la ville a cette qualité d'offrir des espaces verts et jardins qui vous coupent efficacement de tout ce qui est urbain, sans compter que les rues sont toutes bordées d'arbres et plantes de plusieurs mètres de haut, et de large. Certains disent que Singapour est une ville "dans la forêt, dans la jungle". C'est un poil exagéré, mais l'idée est clairement là, et le mix est très réussi, très agréable. "Awesome", comme nous dirions. Nous nous faisons souvent la réflexion, et notre première impression il y a quelques jours a toujours été confirmée. Du coup, nous nous sentons assez bien ici. Et découvrons que nous aimons véritablement la végétation tropicale, verte, imposante, envahissante, pleine de vie, évoquant la chaleur et le soleil rien qu'en la regardant... une vraie découverte personnelle, nous qui n'avions jamais été à son contact. Finalement, nous entrons dans l'hôtel, et retrouvons le grand hall un peu impersonnel que nous avions vu l'autre fois. L'impression est un peu meilleure, mais cela n'a toujours pas le cachet de certains hôtels de luxe réputés. Le mall, ou centre commercial, est agréable, mais sans plus. Maintenant que nous sommes là depuis plusieurs jours, nous sommes pressés de venir déposer nos bagages ici. Nous nous demandons à quel étage nous serons. Nous montons au niveau 2 (sur 3), pour trouver le Bistrot Moderne, de Daniel Boulud, un chef trois étoiles (pas très connu en France) disposant de plusieurs restaurants dans le monde. Nous souhaitons rencontrer Benjamin, le chef patissier, avec qui nous avons été mis en contact par un trentenaire français très sympa, avec qui nous avions bien accroché, rencontré à Siem Reap, au Cambodge. Nous le demandons donc à l'accueil du restaurant, vers 17h30. Le voilà qui arrive. Poignée de main, sourire, puis café autour du comptoir, pour faire connaissance. Très bon moment, beaucoup de choses à se dire, de questions à lui poser (sur son parcours, Singapour, ses clients, les tendances culinaires locales, les produits, les endroits où aller...). Il est très jovial, détendu, et affable. Nous l'écoutons nous raconter son histoire, et saluons également le chef des cuisines, Jonathan, un américain au commande d'une équipe d'une dizaine de personnes, dans cet établissement bistronomique façon Camdeborde. Nous avons du coup l'occasion de goûter les madeleines maisons, encore chaudes lorsqu'elles arrivent. Benjamin nous avait parlé par mail de sa nouvelle création, un soufflé au durian (un fruit local extrêmement odorant), et nous l'interrogeons dessus. Il nous explique qu'il est obligé de faire venir le durian sous forme congelée, car il est sinon impossible ici d'en avoir du frais (le fruit est interdit partout, même à la vente, dans la ville). Il nous raconte aussi que tous les produits viennent de l'étranger, notamment de France, comme le fromage. Nous lui parlons de plats locaux, comme le crabe au poivre noir que nous n'avons pas encore goûté, mais il nous raconte que Boulud n'en veut pas dans le restaurant, car il a entendu que ces crabes géants (une sorte de tourteau qui ferait trois fois la taille de ceux que nous avons) viennent du delta du Gange et se nourissent des restes des crémations qui ont lieu là-bas. Oups. On va peut-être éviter d'en manger alors. Bref, la conversation bat son plein, et nous l'écoutons  nous raconter bien d'autres choses, comme le fait que les étrangers travaillant ici doivent se méfier, car la loi n'est pas en leur faveur, ce qu'il a pu presque constater quand il a tapé sur la table pour faire bosser à sa manière une locale, qui est allé se plaindre aux autorités. Façon de protéger les résidents, et de les privilégier. Cela suscite d'autres questions de notre part, et l'heure se met à tourner. Nous restons ainsi presque une heure avec lui. Nous parlons néanmoins des dining spots à faire avant notre départ, et il nous dit de le contacter pour réserver à notre place, grâce à ses contacts, partout où nous souhaterions aller, car il connaît tout le monde. Comme le chef japonais Tatsuya, présent cette semaine dans le restaurant qu'il possède ici, dans le mall du Marina Sands, ou comme Justin Quek (ayant travaillé avec Piège il y a quelques années), le chef du Sky on 57, LE restaurant de Singapour, situé tout en haut du Marina Sands, à quelques centaines de mètres plus haut que là où nous sommes actuellement. Extrêmement délicat de sa part, et dit tout naturellement. Nous arrivions avec l'envie de rencontrer quelqu'un que nous ne connaissions pas, et dont on nous avais parlé à Siem Reap, et nous ressortons avec un copain qui veut nous aider et nous traite comme des princes. Il nous réserve d'ailleurs une table pour ce soir dans un restaurant français, l'Absinthe, de qualité mais au prix correct, dans un autre quartier de la ville. Nous le laissons, puis allons juste en face, un étage en dessous, manger quelques dumplings... chez Din Taï Fung évidemment !


Il est presque 18h30, autrement dit, plus que l'heure pour Fred de prendre un taxi pour un autre rendez-vous, avec une ancienne élève de son école, Bao, travaillant dans la finance ici. C'est du côté de Dempsey Road que ça se passe, dans un quartier où les rues sont à une voie, et les immeubles sont de deux étages, pour une ambiance dont les airs sont parfois londoniens, avec tous ces bars le long de la rue, et pleins de sociétés ayant leur siège dans les appartements autour. Fred passe une heure et demi à prendre des notes, poser des questions, écouter, et se faire une idée du potentiel qu'il y a ici, ainsi que de la manière de réussir. Le monde est petit, car il apprend au passage que la femme de son boss est danseuse, française, professeur à l'Opéra de Paris, et monte une école de danse. Tiens, cela pourrait intéresser Audrey. Bao lui propose immédiatement de les mettre en contact, d'autant que cette femme est apparemment libre dans les jours qui viennent. Autre coïncidence, le restaurant de ce soir où nous allons ensuite accueille une fois par an la société pour laquelle elle travaille, pour une fête privée annuelle. Fred repart avec plein d'infos, pour rejoindre Audrey près de Clarke Quay, directement au restaurant. Pendant tout ce temps, Audrey est rentrée à l'hôtel et s'est occupée de nos sauvegardes de photos et vidéos sur nos deux disques durs.


Nous dînons très correctement dans ce bel établissement, très classe, accueilli par le propriétaire, Vincent, avec qui Fred discute autour d'un verre de vin en attendant Audrey. Le restaurant est situé au bord de l'eau, face aux gratte-ciels, dans une rue assez populaire. Nous partons quasiment les derniers, vers 23h30. Plutôt que de prendre un taxi, nous marchons le long de l'eau, et rejoignons le coeur du quartier financier, quasiment désert, avant de lever la main pour monter dans une voiture, et regagner notre chambre.

 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0