Jour 5 : Forest bugs

Lever matinal aujourd'hui, car nous avons rendez-vous à 7h30 avec Dany, un américain ayant vécu en Inde, au Togo et au Paraguay avant de rejoindre le Cambodge, passioné d'insectes et de papillons, et aidant aujourd'hui les villages locaux à fabriquer du miel de manière traditionnelle et durable, en évitant de dénaturer l'écosystème. C'est lui dont nous a parlé le gérant de notre ancienne guesthouse, et qui nous emmène aujourd'hui dans la forêt pour faire un tour, et apprendre à "spotter" ses habitants. Nous avons quand même le temps de prendre un petit-déjeuner rapide, notre sac contenant bouteille d'eau, crème solaire, anti-moustiques, pansements et désinfectant, et nous voilà en tuk tuk avec lui et son fils de 7 ans (cambodgien). Il nous raconte son histoire, et nous faisons connaissance. Nous allons aller à 20 minutes de là, à l'extérieur des temples entre Angkor Vat et Angkor Thom, et terminerons par la "Gate of the Dead", une porte en ruine dont la plupart des habitants ici ne veulent pas s'approcher. Brrr... on aime. Il s'y est en effet passé des choses à l'époque en relation avec les esprits, les enterrements, et quelques sacrifices. Bref, les rites tribaux de ces temps anciens. Jason, le fils de Dany, est passioné d'araignées et de mygales, qu'il aime chasser. Un peu comme Fred, à moitié breton, aime chasser les crabes. A chacun sa chasse, en fonction de son pays. Génial, Fred est emballé, lui qui ne pensait pas pouvoir faire ça ici, alors qu'il en avait entendu parler à la télévision. Cela dit, comme nous l'explique Dany, la saison sèche n'est pas la meilleure pour voir la faune. Pendant la saison humide et la mousson, ce sont près de mille fois plus de choses qui sont à disposition des curieux qui s'aventurent dans les bois.


Nous passons le contrôle des billets, que nous n'avons pas (puisque nous n'allons pas voir les temples... nous pourrons donc l'utiliser demain), après que notre guide du jour ait discuté en cambodgien avec les gardes, pour qu'ils nous laissent passer. Puis, un peu plus loin, nous nous arrêtons pour de bon. Nous rentrons dans la forêt par un chemin assez large, très pratiquable, au bord de la rivière. La végétation n'est pas dense. Le pied d'Audrey va beaucoup mieux (la glace a fait son effet). Il nous montre tout de suite des choses que nous n'avions pas remarquées, comme ce nid de "Stingless Bees", ou abeilles sans dard, ou encore cette colonnie de fourmis rouges. Nous marchons, et apercevons par terre, comme lors de la visite des temples, des trous dont l'entrée blanche est caractéristique d'espèces d'araignées que nous n'avons pas chez nous. Jason, avec sa tige en bois souple d'un petit mètre, l'introduit dans les trous pour essayer de déloger son éventuel occupant. Mais rien ne sort. Il nous dit que les mygales vivent dans des trous différents, et un peu plus gros. Il fait de même dans des trous plus larges, plus ovales, pour trouver des scorpions. Rien non plus. Nous continuons, et Dany nous fait découvrir, en voyant des fourmis sur des feuilles ce que cache leur dessous, comme ici une chenille particulièrement velue, ou là des larves ou des cocons. Un peu après, alors que aucun d'entre nous ne l'avait remarqué, Dany nous montre un phasme, que nous prenons sur notre main, en le regardant curieusement. Avant de le reposer doucement sur la feuille. Dans les quatre heures qui suivent, nous voyons des punaises (de la plus petite à une orange grande comme un pouce), de petites araignées d'un jaune fluorescent (il y en a partout) tissant leur toile, des papillons de différentes couleurs, des papillons de nuit tout blancs (et se confondant avec le tronc des arbres), d'autres araignées au camouflage impressionnant (aussi sur le tronc des arbres), ou des centaines de "Lady long legs" - des araignées aux pattes fines qui détalent dans le feuillage au sol à notre approche, et que nous remarquons par le bruit qu'elles font toutes ensemble en marchant.... Audrey n'ose pas mettre son pied dans les feuilles de peur d'en avoir une qui lui grimpe sur la jambe. Plus loin, près d'un étang, là aussi, des centaines de choses bougent autour de nous : en fait, ce sont de toutes petites grenouilles (grandes comme un ongle) sautillant autour de nous, appeurées par notre présence. De temps en temps, une grosse bête noire ou colorée vient s'agiter en l'air près de nous dans un bourdonnement un peu flippant, mais ne reste jamais plus de quelques secondes. En revanche, c'est constamment que nous retirons de notre visage du fil de toile d'araignées, pratiquement tous les 10 mètres. Pas forcément beaucoup, mais il y a toujours des toiles - parfois gigantesques et magnifiques de symétrie - quelque part. Nous avons d'ailleurs l'occasion de regarder pendant plusieurs minutes une de ces petites araignées jaunes tisser la sienne, en voyant bien le fil sortir de l'abdomen, puis le travail des pattes arrières à chaque noeud. Et ce n'est pas très loin ensuite qu'Audrey aperçoit le monstre de la journée. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, elle ne crie pas. Fred est un peu derrière, et elle l'appelle doucement. Dany revient aussi sur ses pas. Il faut alors lever les yeux, et regarder un mètre au dessus de notre tête, décalé sur la gauche. Un magnifique papillon..... non, on rigole. Une superbe araignée noire (mais pas une mygale ou tarantule, qui vivent plutôt au niveau du sol), avec quelques touches de couleurs, et aux pattes longues et dures. Elle fait la taille d'une main. Tout le monde est en admiration. Dany parvient à rabattre la branche à notre hauteur, pour la voir de plus près. Evidemment, nous nous approchons curieusement. Ni une, ni deux, il l'attrape alors pour la poser sur son bras. Whaouuu. Elle le remonte, et vient sur son visage, et se prend un peu dans sa longue barbe. Elle n'a pas l'air très perturbée... mais en fait, on n'en sait rien. On remarque juste qu'elle ne le mord ni ne le pique. Du coup, Fred se sent en confiance et se lance en tendant sa main. Oui. L'arachnide vient marcher sur son bras, de la même manière. Et là, c'est le drame : alors qu'on la regarde fixement, on la voit planter ses crochets au niveau de l'avant bras. Après dix secondes, Fred ne sent plus sa main. Des vertiges le prennent. Audrey l'avait pourtant prévenu. Nan, ce n'est pas vrai, on déconne. L'araignée reste friendly. Fred fait tourner son bras, la fait passer sur l'autre pour éviter de l'avoir dans le cou, et elle se retrouve au creux de sa main. Bien sûr, on a tout filmé. Audrey ose quand même toucher rapidement l'une de ses pattes. Après dix minutes, nous la déposons sur une feuille pour lui rendre sa liberté. Nous voyons ensuite une mante-religieuse, minuscule, apercevons un grand lézard d'une cinquantaine de centimètres caché dans un tronc près de l'eau, un mille-pate mort et recroquevillé dont il ne reste que la peau, ou encore des cigales pétrifiées sur des troncs d'arbres. Avec Jason, nous cherchons des mygales dans leur trou, quand nous en voyons un, en enfoncant doucement une branche un peu longue. Technique apprise, Fred essaie plusieurs fois à son tour. Mais en cette période sèche, nous n'en trouvons pas. Enfin, nous voyons quelques autres insectes, mais rien d'hallucinant, sauf celui qui - on ne sait comment - est posé sur la bretelle droite du sac que porte Fred. Il mesure 7cm. Nous le découvrons en posant le sac par terre. Il est blanc cassé (alors que le sac est noir). Sa forme, et son apparence, nous sont inconnues. Dany, quand il l'aperçoit, est excité. Il le prend, et le pose sur le tronc de l'arbre, avec lequel il se confond parfaitement, et le photographie. Impressionant, comme les araignées camouflées de tout à l'heure. Pendant toute cette marche, Il nous demande de ne pas trop nous éloigner du chemin qu'il emprunte, de peur de mines antipersonnelles, malheureusement encore très présentes dans le pays, même si moins dans cette région que d'autres.


L'heure a bien avancé. Il est 12h. Nous retrouvons le chemin, et passons cette fameuse "Gate of the Dead". Rien de spécial, pas de sorts ou de pièges, et encore moins de malédiction. Par contre, on se demande ce qu'il se passait ici à l'époque. Nous escaladons la ruine pour nous rapprocher de ces quelques fameux visages souriants. Coup de tuktuk jusqu'à un petit sentier où Dany veut nous amener pour voir les restes d'un temple qu'il apprécie, et peu connu des touristes, pour prendre quelques photos. Direction ensuite Angkor Thom, au niveau de la Terasse du Roi Lépreux, pour déjeuner. L'occasion juste après de découvrir finalement un ou deux passages, eux aussi méconnus du public, comme par exemple celui renfermant une grande gravure d'un cheval à cinq têtes, camouflée dans un recoin de la Terasse des Eléphants, à côté.


Retour vers 14h30. Reste de la journée à mettre en forme les derniers articles sur le site, et piscine. Le soir, apéritif, billard, dîner, et dodo.

 

 

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Commentaires: 9
  • #1

    christiane (jeudi, 14 février 2013 09:46)

    ça devait etre un stage pour les phobiques des insectes
    ça marche visiblement!

  • #2

    pyf (jeudi, 14 février 2013 13:34)

    La partie sur les araignees ca aurait clairement ete sans moi ....

  • #3

    rosa la plume (jeudi, 14 février 2013 13:45)

    bizarre que Audrey ne soit pas effrayée c'est probablement parce que vous avez fait cette expédition en forêt en compagnie du père noël

  • #4

    François P. (jeudi, 14 février 2013 20:21)

    Oh putain la vache ! Tu sais que je suis prêt à tenter pas mal d'expériences mais là les insectes... Autant les manger je peux le tenter que ça j'aurais pas pu !

  • #5

    pascaline (jeudi, 14 février 2013 22:08)

    à la vue des insectes et des crocodiles j'ai senti des frissons qui remontaient le long de ma colonne vertébrale !!! pouah !!! c'est courageux de votre part d'avoir tenté l' expérience. bisous.

  • #6

    christiane (vendredi, 15 février 2013 09:25)

    alors indiana jones! pas trop de cauchemars en revenant?

  • #7

    Alex Besombes (samedi, 16 février 2013 12:28)

    Alors là vous m'avez fait peur avec cet article... Moi je lis que l'araignée a mordu Fréd et qu'il a la main paralysée en 10 sec et là j'ai failli défaillir avant de lire 2 lignes plus loin que c'était de la déconne. Audrey, je vais te tuer ! :)))

  • #8

    Marie, Justine, Anaïs et Baptiste (dimanche, 24 février 2013 12:51)

    Marie : "je n'aurai jamais pu faire ça"
    Justine et Anaïs : "moi non plus !"
    Baptiste : " oui mais parrain il est courageux !!"

  • #9

    Sophie (lundi, 10 août 2020 21:14)

    Bien vu le bluff de l’araignée venimeuse, j’ai marché quelques dixièmes de secondes...
    Et bravo à Audrey encore une fois ! Je connais très peu de nana qui t’aurait suivi dans cette expédition Fred....
    Brrr... j’ai encore des frissons partout !