Jour 1 - Angkor Vat et autres temples

Réveil vers 9h, après une nuit reposante, mais sous la chaleur, notre chambre n'étant en effet pas climatisée, le petit ventilateur brassant péniblement l'air. Hier soir, nous avons fait attention à n'allumer la lumière qu'une fois la porte fermée, afin d'éviter les moustiques dans cette région du monde où la dengue est fortement présente. Il fait clairement plus chaud qu'en Thaïlande, déjà plus de 25°C ce matin. La douche froide est agréable, mais dans l'heure qui suit le moindre effort fait rapidement couler des gouttes de sueurs (et pas juste une), nous donnant envie d'en reprendre une. La moyenne d'âge de la Rozy Guesthouse de Siem Reap (à 251km au nord de la capitale) est plus élevée que d'habitude (la quarantaine). Hier soir pendant notre dîner, nous étions entourés de baroudeurs tatoués, anglais pour la plupart. C'est sympa, ça change. Ce matin, pendant le petit-déjeuner, en buvant notre jus d'ananas fraîchement pressé, nous nous renseignons sur la marche à suivre pour visiter les temples d'Angkor. Plusieurs pass existent pour profiter de l'immensité des lieux : un jour, trois jours (pas forcément consécutifs, valables pendant 7 jours) ou une semaine. Sur les conseils de la maîtresse des lieux, et en accord avec ce que nous avions prévu, nous obtons pour  celui de trois jours. Comme cela se fait ici, nous louons également les services d'un tuktuk (stationné juste en face de l'hôtel) pour cette durée. Aujourd'hui, nous ferons le petit circuit, long de 17km.


Moins de 7km après, nous entrons dans le parc d'Angkor, achetons nos pass, et nous dirigeons vers le principal site, et le plus connu, Angkor Vat. Nous longeons la rivière, laissons notre chauffeur, et traversons le pont menant aux portes de la capitale de l'ancien empire Khmer, pour commencer par le plus grand édifice religieux de la planète, avant de poursuivre vers l'un des plus mystérieux (Bayon), ou encore parcourir les ruines du Ta Prohm, dans lequel la végétation triomphe. Ce sont les principaux sites d'Angkor et les plus visités. On peut passer facilement une semaine ici, permettant de visiter tranquillement, de revenir admirer certains temples à divers moment de la journée, et de découvrir des sanctuaires plus lointains. Les temples d'Angkor sont l'âme du royaume Khmer et la fierté nationale des cambodgiens (pour preuve, leur drapeau), qui tentent de reconstruire leur vie après les années de terreur. Les monuments, disséminés à travers la jungle, peuvent être rejoints en tuk-tuk, à vélo (mais sous la chaleur, nous avons vite oublié cette idée) ou quelques fois à dos d'éléphants. Les avis divergent sur la meilleure façon d'explorer le site, et nous décidons de suivre la recommandation de la carte que nous avons obtenue, ainsi que de suivre l'avis de notre chauffeur. Toute la journée, il va faire très chaud, probablement 36°C à l'ombre, et surement 42 ou plus au soleil.


Revue détaillée :


ANGKOR VAT (ou WAT)

Au bout du pont se trouve une grande enceinte semblable à des fortifications, longue de plus d'un kilomètre. Nous la traversons et nous attendons à être impressionnés par la taille du monument, et nous prendre une claque visuelle, comme cela fut le cas avec le Taj Mahal. En fait, première impression moins spectaculaire qu'attendue. Sommes-nous un peu blasés, en attendons nous trop, ou avons nous perdu un peu de notre jugement suite à l'enchaînement de choses vues depuis notre départ ? Il ne serait pas étonnant que nous ayons l'esprit moins neutre qu'en novembre. Nous verrons bien à la fin de la journée, et surtout après les trois jours. Une fois le mur extérieur franchi, nous traversons une vaste étendue, via une allée de presque 500m, bordée d'une ballustrade menant de l'entrée principale au temple central. Nous passons entre deux élégantes bibliothèques puis, entre deux bassins, dont celui au nord (donc sur notre gauche car nous allons vers l'est) est le plus souvent aperçu sur les photos des guides de voyages. Le temple se compose de trois terrasses symétriques - sorte de grands carrés formant une pyramide, chaque terrasse étant empillée sur l'autre, et de plus en plus petite - ceinturées par un labyrinthe de galeries. Une extraordinare série de bas-relief sculptés s'étire facilement sur plus de 500m. Elle raconte l'histoire de différents dieux, notamment Vishnu et Krishna, ou des rois de l'époque, comme Suryavarman II. Nous apprenons qu'auparavant, avant la guerre, la galerie aux 1000 bouddhas enfermait des centaines de statues, dont nombre d'entres elles ont été déplacées ou dérobées. Il n'en reste aujourd'hui que des vestiges brisés. Des tours, coiffées de dômes pointus, occupent les angles des deuxième et troisième niveaux. La tour centrale, que seul Fred pourra découvrir (les épaules d'Audrey n'étant pas couvertes... encore eut-il fallu le savoir !) en empruntant le grand escalier pentu (une façon de démontrer que parvenir aux royaumes des Dieu n'est pas chose facile), se dresse une trentaine de mètres plus haut et donne à l'ensemble sa dimension. Là-haut, le panorama fait prendre conscience de l'étendue du site. La forêt de palmiers, tropicale, verte, luxuriante, toute proche, donne la sensation d'être au centre de celle-ci. En quittant le coeur de l'édifice, dont Fred ressort conquis, et après, préalablement, avoir ensemble fait le tour de chaque enceinte (2h de marche sous le soleil et les pierres), nous corrigeons notre première impression. C'est sûr, nous reviendrons demain pour qu'Audrey puisse aussi découvrir la dernière terrasse. 


ANGKOR THOM

Signifiant "grande ville royale", cette citée fortifiée située au nord d'Angkor Vat, couvre 10Km². A son apogée, la région aurait compté 1 million d'habitants. Cinq portes monumentales hautes de 20m (dont deux à l'Est) percent les remparts, sont décorées de trompes d'éléphants, et d'une cinquantaines de statues de dieux (à gauche de la chaussée) et de démons (à droite). Une des portes Est, bien plus calme que celle du sud que nous empruntons assis sur notre tuktuk, a servi de cadre, comme d'autres endroits ici, au film "Tomb Raider". La porte Ouest, comme un peu partout, s'est complètement effondrée, ne laissant qu'un amas de pierres anciennes. Les principaux monuments de la cité, se regroupent au coeur de l'enceinte fortifiée, les voici :


- Bayon

Unique, Bayon incarne le géni et l'égo du roi légendaire du Cambodge, Jayavarman VII. La structure forme un ensemble de couloirs voutés, d'escaliers, et compte de nombreuses tours gothiques ornées de monumentaux visages au sourire énigmatique, pour certains de Lokesvara (autre nom de bodhisattva Avalokiteshvara) et pour d'autres à l'effigie du souverrain. Ces multiples visages, à la fois sévères et compatissants, veillent depuis tous les angles de l'édifice. Ils symbolisent la puissance, l'autorité et la bienveillance. Où que nous soyons dans le temple, nous apercevons plusieurs visages (au moins douze d'après les guides) de face, de profil, à hauteur d'homme ou en surplomb. Apparemment, bien des mystères restent à élucider, comme la fonction exacte du lieu et son symbolisme. Des mystères qui correspondent bien aux 216 sourires  distants et enigmatiques du temple. Là encore, comme dans tous les temples que nous visiterons, c'est depuis les terrasses supérieures que la magie opère le plus. 

 

- Bapoun

Nous l'atteignons en marchant depuis Bayon, pas très loin. Comme pour Angkor Vat, ce matin, nous traversons une allée bordée de piscines naturelles au vert pale, à côté de palmiers et d'arbres gigantesques, dans une ambiance sonore grâce aux oiseaux, et où quelques pêcheurs apportent leur touche personnelle. Pour la deuxième (et dernière) fois de la journée, Audrey se voit refuser l'accès, malgré sa tentative de corruption (nous savons qu'ici tout se monnaie). Elle peut donc continuer de discuter avec les mêmes filles de ce matin, pendant que Fred gravit les marches des différents niveaux. A l'intérieur, certains renoncent à le faire, vu la pente et la température. Sa construction fût achevée au milieu du 11ème siècle. Hormis son histoire, le temple présente un intérêt visuel relatif. La rénovation du lieu fût interrompue pendant 25 ans à cause de l'éclatement de la guerre civile. Juste avant, le temple fût démonté morceaux par morceaux, selon des principes particulier de restauration. Mais les registres furent détruits sous le régime des Khmers rouges, laissant les spécialistes seuls face à ce grand puzzle architectural.


- Aire du Palais Royal

Des ruines au milieu de la fôret, voici des murs partiellement détruits et recouverts de végétation. C'est une vraie marche dans cet endroit clairsemé de la fôret, à découvrir les différents vestiges. De grands arbres filtrent parfois la lumière, pour créer cet effet volumétrique, que Fred apprécie beaucoup (vous savez, comme par exemple les filets de lumières dans des caves mal éclairées). Audrey se tord le pied sur une marche irrégulière (mais lesquelles ne le sont pas ?) et diagnostique une petite entorse. Le reste de la journée se fera en boitillant. Nous montons néanmoins sur les terrasses du Phimeanakas, seul batiment encore sur pied de cette partie. 


- Terrasse des éléphants et du Roi lépreux

Longue de 300m, haute de quelques mètres, la première servait de tribune géante pour les cérémonies publiques. Avouons-le, nous avons chaud, le pied d'Audrey la lance, et nous commençons à saturer un peu de voir de nouvelles pierres. Cela doit bien faire quatre heures que nous ne faisons que cela. Nous ne nous attardons pas très longtemps, mais prenons quand même quelques instant pour imaginer le faste et la grandeur de l'empire khmer à son apogée, avec infanterie, cavalerie, banderoles et étendards paradants sur la place centrale.


TA PROHM :

Rejoint en tuktuk, Ta Prohm est un des endroits phares d'Angkor. Vous avez sûrement vus, comme nous auparavant, des photos de temples envahis par les racines et les arbres : c'est ça. Pour nous, c'est ce que l'on associe à Indiana Jones. Impossible d'ailleurs de ne pas pousser la chansonnette. C'est probablement le monument qui dégage le plus de charme. Abandonné à la jungle, il donne une bonne idée de l'aspect d'Angkor lorsque les explorateurs européens foulèrent le site pour la première fois. Les racines géantes témoignent du temps écoulé depuis l'abandon du lieu (mais la cité d'Angkor ne l'a jamais totalement été). Quoique protégée de la végétation envahissante (qui prolifère si vite vu le climat de la région), de gros arbres enserrent pierres, portes et murs anciens, et permettent à certaines parties de tenir encore debout. Ici, c'est la puissance de la jungle, et non des dieux, qui est évoquée. A sa construction, l'homme a vaincu la forêt. Cela fait maintenant un bout de temps qu'elle a repris le dessus. Du lychen, de la mousse et des plantes grimpantes recouvrent la plupart des bas reliefs. Un des endroits que nous avons préféré. Malheureusement, pas de trésors, ni de chambres ou de passages secrets truffés de piège. Aurait-on mal cherché ?


Pendant toute cette journée, des femmes et des enfants nous attendent à la sortie de chaque site, pour vendre souvenirs, soft drinks, eau fraîche et ananas tout juste coupés et pelés. Beaucoup de mendicité, répétitive, mais pas agressive, ni trop insistante. Nous essayons toujours de répondre avec le sourire. Les enfants, cartes postales à la main, récitent les nombres de 1 à 10 dans plusieurs langues différentes. Nous sentons l'exploitation qu'en font les parents, et la pauvreté. Nous prenons quelques photos avec certains d'entre eux, mais avons cette impression d'être des touristes curieux voulant rapporter des souvenirs exotiques, ce qui est malheureusement le cas. Cela dit, des regards, des clins d'oeil malins sont echangés, et de jolis sourires éclairent le visage de certaines petites filles quand Fred leur lance un bisous envoyé depuis le creux de sa main. Durant les visites, nous découvrons que plusieurs pays participent à la rénovation et l'entretien des batiments de l'ensemble du complexe touristique, chacun ayant une zone dont elle s'occupe (par exemple, le Japon pour les bibliothèques d'Angkor Vat, la France pour les bas reliefs...).


Notre chauffeur nous raccompagne à la guesthouse, où nous n'avons qu'une envie, prendre une douche. Même si d'innombrables geckos (petits lézards inoffensifs) tapissent les murs. Laver nos affaires est une autre priorité, vu leur état. Ce ne serait pas étonnant qu'il faille faire de même tous les jours. Une autre douche est alors nécessaire (oui, oui !). Ce soir, nous sortons dans Pub Street, pour aller manger cambodgien au Amock restaurant. Nous commençons le trajet à pied mais le terminons en tuktuk. Retour vers 23h, pour un dernier verre sur la terrasse donnant directement sur le trottoir, puis dodo.

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Commentaires: 3
  • #1

    christiane (lundi, 11 février 2013 08:57)

    C EST COMME SI ON Y ETAIT merçi
    je suis impressionée par les racines c est fascinant comme la nature reprent ses droits


  • #2

    François P. (lundi, 11 février 2013)

    Hey ! Je reconnais ce T-shirt...

  • #3

    Sophie (lundi, 10 août 2020 20:39)

    Ah les temples d’Angkor...sur ma bucket list !!!
    Les photos du levé du soleil sont terribles.