Récap Japon : Euh, comment dire?

Le JAS, vous connaissez ? Non ? C'est normal, on n'en entend pas beaucoup parler en général. Nous avions vu le MRP en Inde (pour "Maximum Retail Price", ou prix de vente maximum), ou avons souvent discuté de WAF (Woman Acceptance Factor, le niveau d'acceptation de la gente féminine, par exemple lorsque monsieur souhaite faire une activité particulière qui n'est pas sûr de lui plaire). Maintenant, nous avons le JAS. On aurait dû s'en méfier. JAS...pour "Japanese Acquisition Syndrome". Ca signifie que nous avons très envie de revenir, et que partir aujourd'hui nous fait un peu bizarre. On se sentait bien au Japon. Et puis ce pays, c'est comme le Nesquick : on en avait une énorme envie. Nous en parlions depuis des mois, en nous disant "whaou, nous allons aller au Japon". Et nous n'avons pas été déçus. Petit récap en vrac.

 
A un moment, cet été, on se disait que le Japon, c'était loin, dans longtemps. Ca marquerait une étape. Aujourd'hui, c'est fini. Dit comme ça, ca fait un peu brutal. Dit autrement aussi. On a bien essayé de chercher une manière de ne pas être un peu tristes, nous n'avons pas réussi. La bonne nouvelle, c'est que nous avons vu, savons ce que c'est, et reviendrons un jour. Impression teintée de nostalgie, et petite tristesse de se dire que le voyage avance, rapidement. Déjà 4 pays.


Nous avons découvert certains codes de la société japonaise. Il y a en a tout le temps. Chaque détail signifie quelque chose, bien que vous l'ignoriez la plupart du temps. Une des premières choses que nous avons apprises fut que planter ses baguettes dans le riz est à proscrire. Le faire est quelque chose de très offensant, car cela fait référence au bol de riz que l'on apporte en offrande lors d'un décès. Cela ne se fait donc jamais, hormis dans cette circonstance particulière. Un autre ? Ne pas transmettre de la nourriture de baguettes à baguettes. C'est ultra mal vu. Pourquoi ? Là aussi parce que lors d'un décès, c'est de cette manière que l'on mange et partage le riz (ou d'autres choses bien spécifiques pour des raisons elles aussi bien spécifiques). Encore un autre ? Le degré d'inclinaison du buste, lors du salut (autrement dit toujours, lorsque vous quittez quelqu'un), indique le niveau de respect que vous accordez à l'autre. Ainsi, comme nous en avions parlé, dans les restaurants haut de gamme où nous sommes allés, les personnes nous servant se courbaient complètement, jusqu'à ne plus nous voir du tout, jusque ce que l'on soit parti. Nous avons aussi appris que l'on plie la veste du kimono, ou un châle que l'on porte par exemple, d'abord en rabattant la partie droite, puis celle de gauche par dessus. Le contraire ne se fait que pour les cérémonies funèbres. C'est étrange, toutes ces choses liées à la mort. Enfin, le bol de soupe doit être tenu avec les deux mains, mais nous ne savons pas pourquoi.


Au delà de ces exemples, ce qui est interessant de noter est le niveau d'importance accordé aux détails. De penser au sens de la moindre petite chose. La symbolique de chacune d'entre elles. Le fait qu'il y ait très souvent une raison, et une signification à quelque chose. C'est un peu fou pour nous, occidentaux, européens, français. Le fait que rien ne soit négligé ici. Cela nous a interpellé, plu, donné envie d'en savoir plus, nous a rendu plus curieux. Nous a fait voir aussi à quel point prêter attention aux détails, systématiquement, rendait les choses un peu plus belles, plus élégantes, dans leur forme et dans leur fond. Ce respect du symbole et du sens s'est retrouvé dans bien des choses. On imagine aussi le nombre d'autres codes, tous ceux à côté desquels nous sommes passés, très simples ou beaucoup plus subtils, que l'on aimerait se faire expliquer. Tout ce qu'il faut faire et ne pas faire, et pourquoi. Tout cela nous a fasciné. Nous avons d'ailleurs trouvé un petit livre expliquant certaines de ces choses, mais n'avons pas eu le temps d'en lire beaucoup. On le fera pour préparer la prochaine fois.


Sur la société :
Un principe majeur ici est qu'il faut passer beaucoup de temps pour maitriser quelque chose, que ce soit la découpe du poisson, l'apprentissage des geishas, la fabrication des katanas, le pilotage d'un train... tout ce que vous voulez. La notion d'apprentissage est sacrée, et intimement liée à une certaine vertu, la patience. Etre un vrai chef dans un restaurant de sushi prend 7 ans par exemple. On commence par laver le sol - pour observer, écouter, démontrer sa discipline, sa volonté et sa motivation, sa manière de travailler, et d'apprendre - avant ne serait-ce que de toucher le poisson. La montée en grade se fait graduellement. C'est aussi classique pour un japonais de passer par des postes très différents, pour acquérir une vision transversale d'un métier ou d'un rôle. C'est aussi vrai dans les entreprises, où l'on passe par de nombreux postes, dévalorisants ou gratifiants, avant d'accéder à des responsabilités. Les fonctions tournent. La progression est lente. Société de la patience.


Ici, au Japon :
- On entre dans le bus par le fond, et on sort par l'avant

- On peut fumer dans les restaurants, mais pas dans la rue (en dehors des smoking areas)

- Les japonais parlent tout le temps quand vous êtes à la caisse, dans un restaurant, rentrez dans un lieu, etc..."Aligato Gosaïmaaaaasssss" (à prononcer vite en insistant sur la fin). Ils baragouinent des tas de choses que vous ne comprenez bien sûr pas, en vous demandant tout ce qu'ils peuvent bien vous dire

- On apporte des fruits plutôt que des fleurs quand on est invité quelque part. Les fruits valent très cher (1 euro la banane)

- Il faut faire attention à ne pas apporter un cadeau ayant trop de valeur, car cela peut mettre mal à l'aise, ou renvoyer au revenu inférieur du ménage qui vous invite

- Sur le quai du métro, on fait la queue bien ordonné avant de rentrer dans le wagon

- Les chauffeurs de taxi portent un costume, une cravate, et des gants blancs, comme tout le personnel des transports publics. La classe

- Les trains sont toujours parfaitement à l'heure

- On ne vous comprend pas quand vous dites "yamamoto quisékacé" à quelqu'un

- Télécharger un film de 3 heures en haute définition chez soi depuis son ordinateur prend entre 3 et 5 minutes

- Dans les sushis, le poisson entoure le riz, pas le contraire (il y a donc beaucoup de poisson par sushi)

- La peine de mort n'est pas abollie

- La personne à qui nous avons demandé ne connaissait pas Mireille Mathieu

- Toutes les signalisations (bus, métro, trains...) sont en anglais (et en France ?), bien que les gens ne parlent pas beaucoup cette langue

- Au Mac Donald, le personnel ramasse un bout de papier par terre gros comme votre ongle

- Tout est toujours propre, des rues au métro en passant par les toilettes publiques des restaurants et trains. Rien, absolument rien, ne traine

- La ville est précipitée, mais le rythme est lent. De la patience pour tout, une forme de paix, de serennité (sauf une ou deux fois, où c'était très différent, comme chez nous le 31 décembre)

- Les filles sont sexys, mais classe. On est loin de Londres

- Il existe encore pas mal de mariages arrangés

- Beaucoup de gens travaillent plus de 10h par jour, et on une semaine de vacances par an. A quand les 35 heures ?

- Le paquet de cigarettes coûte 4 euros, et le litre d'essence 2,05 euros

- On attend son tour au passage piéton, même s'il n'y a pas de voitures depuis 2 minutes

Nous serions dégoûtés de rentrer à Paris maintenant. Lors de notre dernier déjeuner, hier vendredi, nous n'avions pas envie de prendre l'avion aujourd'hui. Néanmoins, c'était quand même sympa de se dire que nous allions à Hong-Kong demain, et que cette ville va aussi être quelque chose. Mais au delà de la ville, c'est la culture et l'esprit que nous avons aimés ici. Un excellent exemple de l'esprit japonais est la fabrication de katanas, ou de couteaux de cuisine, ou dérivés, selon la méthode traditionnelle, mélangeant technique, discipline, traditions, patience, et respect. Si différents, les japonais seraient-ils à l'Asie ce que les anglais sont à l'Europe ? 


En se répétant qu'il est à Tokyo, lorsqu'il regarde ces néons ou juste autour de lui, Fred a vraiment l'impression d'être à l'autre bout du monde. Et pourtant, il ne se sent pas loin. Impression étrange, un peu perturbante...


Nous avons juste aperçu un petit bout du Japon. Pas sûr néanmoins que nous emportions la zen attitude dans notre sac. Nous avons encore beaucoup à apprendre, sur bien des sujets, ainsi qu'à apporter.


Nous reviendrons, c'est sûr.

 

 

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Commentaires: 5
  • #1

    Sof (mardi, 15 janvier 2013 19:03)

    Merci d'avoir partagé tout ça avec nous... On réalise le travail immense que représente la tenue du site...
    Grace à vous, j'ai l'impression que le JAS m'a gagnée un peu aussi...
    Merci les amis!
    Gros bisous

  • #2

    Fred (mercredi, 16 janvier 2013 22:12)

    Pour le Metro: de Chine au Japon vous avez en deux pays donc fait les deux extremes de politesse avant de monter dans les wagons je vois !
    Sinon, les filles a Londres pas classe ?! Vois pas de quoi tu parles ...

  • #3

    François P. (vendredi, 18 janvier 2013 21:31)

    Merci pour ce petit résumé de vos impressions et constats. Ce sont les épisodes que je préfère dans votre blog. Le Japon a vraiment l'air d'être un beau pays. Ça donne vraiment envie d'y faire un tour. Pour l'instant on vit ça par procuration et c'est déjà pas mal !

  • #4

    Cathy (lundi, 21 janvier 2013 14:42)

    Mon rêve de voyage ultime....le Japon! Espérons que je puisse y aller un jour et si possible en mai au moment de la floraison des cerisiers. Vous me faites rêver!!!

  • #5

    koffi (lundi, 25 février 2013 16:34)

    j'aime beaucoup la récap, j'ai l'impression d'avoir voyagé avec vous au japon