Jour 6 : Tokyo en verlan

Ca fait là où nous allons aujourd'hui !


Réveil matinal vers 7h, afin de ne pas traîner et de pouvoir prendre le train de 8h33, sans avoir encore acheté nos billets. Sac sur le dos - un seul, l'autre étant resté dans la locker's room de Nui Hostel - nous prenons le métro, coordonnés avec les hommes d'affaires japonais, et arrivons à Tokyo Station. Nous trouvons le JR Ticket Office immédiatement. Aucune queue, nous demandons deux billets pour Kyoto ce matin, deux autres pour aller de Kyoto à Hiroshima dimanche matin, puis deux autres pour rentrer sur Tokyo le même jour en soirée (ces lignes seront d'ailleurs écrites sur le trajet, dans le train, lors du retour). La fille pianote sur son clavier, nous donne les horaires, attend notre réponse, puis imprime nos tickets après avoir présenté nos JR Pass. Tout ça en 5 minutes à peine, et gratuitement. Pas mal, non? Question optimisation, c'était dur de faire mieux. Du coup, nous trouvons notre quai et pouvons prendre le train que nous souhaitions, afin d'arriver à Kyoto vers 11h15, soit 2h45 de trajet. Le train est classique à l'intérieur, malgré quelques détails sur lesquels nous reviendrons, mais hyper moderne et futuriste à l'extérieur. Regardez donc la rubrique "transports du monde" pour vous faire une idée. Un vrai avion de chasse.


Kyoto est plus calme que Tokyo. Nous le ressentons immédiatement. La ville est aussi bien plus basse. En fait, il y a tellement de sites classés à l'Unesco (17 en tout) ici, que les règles d'urbanisme sont pleines de contraintes. Mais ce que nous voyons n'a rien d'une ville ancienne, comme nous l'avions ressenti à Pingyao, en Chine par exemple. Avant Tokyo, Kyoto fut la capitale du Japon, de 794 AD jusqu'en 1868, même si le pouvoir politique s'exerçait parfois depuis Kamakura, entre autres. Kyo-To signifie d'ailleurs "ville capitale". C'est une ville faite de temples anciens, de shrines shintoïstes (de petits édifices religieux), de magnifiques jardins japonais, comme ceux que l'on s'imagine, ou encore de geishas. C'est clairement une ville qui, culturellement parlant, rivalise avec Paris, Rome ou Londres, à notre sens. Mais nous ne le savons pas encore.


Une fois arrivés, nous allons déjeuner. Nous essayons quelque chose de nouveau : du porc pané, servi avec du riz et une soupe miso. Ce n'est pas de la grande gastronomie, mais c'est correct et ça change. Nous faisons vite. Nous prenons ensuite le bus pour rejoindre K's Hostel, notre guesthouse. Sur le chemin, nous cherchons un distributeur de billet, que nous trouvons difficilement. Kyoto est une ville qui fonctionne sur le cash, pas sur les cartes de paiements. Nous l'apprendrons aussi ultérieurement, à nos dépends. Une fois la chambre récupérée, nos affaires posées, et avoir fait notre lit (au Japon, des draps nous sont donnés pour faire notre lit), et étudié un peu la ville et le fonctionnement des métros et des bus, nous repartons, pas très loin, à pieds, pour aller voir - avant qu'il ne ferme, à 17h - le temple Nishi Hongan-Ji, construit en 1591, abritant à l'époque une école de bouddhisme. L'édifice, tout en bois, et impressionnant par sa taille, est classé à l'Unesco depuis 1994. La porte d'entrée, bien que classée "trésor national" ne nous fait pas autant d'effet. Nous repartons au moment où le temple ferme ses portes. Nous nous dirigeons ensuite vers l'Ouest, toujours à pieds, et marchons une bonne demi-heure, pour rejoindre un parc contenant un jardin japonais, que nous ne voyons que rapidement, car la nuit tombe, il fait froid, nous ne trouvons pas la partie du jardin en question, et Fred souhaite aller voir un magasin d'épées et de katana japonais, fermant à 19h. Et, en plus d'aujourd'hui, nous n'avons que deux jours ici. Or la ville est grande. Nous nous en rendons compte en nous rendant dans ce magasin. Une fois là-bas, ce dernier est fermé. Vacances nationales. Quand on vous dit que beaucoup de choses sont fermées autour du jour de l'An ! Dommage, la vitrine était prometteuse, avec trois armures de samouraïs à l'étage, et quelques sabres exposés à côté de la porte. 


Nous partons alors pour le quartier de Sanjo, du nom de la station de métro, et découvrons un lieu très animé, contrairement aux rues que nous avons parcourues jusqu'alors, et qui nous donnaient l'impression que Kyoto était une ville très calme. Ici, il y a de nombreux bars, des jeunes dans les rues, des restaurants, une boulangerie française, et une galerie commerçante, composée de petites boutiques d'objets japonais, qui lui donnent une atmosphère différente des autres. Fred tombe sur un magasin de guitares, et y passe quelques instants, pour de nouveau s'extasier sur la taille, le nombre, les modèles et les coloris des guitares exposés sur 3 étages. Nous tournons ensuite un peu pour trouver un endroit où nous poser. Depuis Tokyo, nous avions essayer de réserver quelques restaurants en les appelant, mais ils étaient tous fermés. Isshin notamment, un spécialiste étoilé de la viande, déclinant de petites portions de viande en une dizaine de préparation, comme des makis de wagyu ou d'autres accompagnés d'une purée de gingembre, ou d'une crème de yuzu. Pas grave, nous nous rabattons sur, d'après ce qu'on dit, le meilleur restaurant tempura de la ville (Yoshikawa), perdu dans une petite rue, et à la devanture plus que banale (autrement dit, jamais vous ne rentrerez si vous ne savez pas que c'est là). Il est 20h, c'est juste, car, dans ce restaurant de 14 places, le dernier service a déjà commencé. N'ayant pas réservé, la personne s'occupant du service, une femme habillée d'une tenue traditionnelle japonaise, probablement une geisha après réflexion, nous fait patienter, puis nous installe sur les deux seules places libres. Apparemment, les deux personnes ayant réservées ne viendront pas. Peu importe. Nous sommes tous assis face au chef, qui ne parle pas un mot d'anglais, dans cette petite pièce, chaude comme l'huile bouillante (dont il contrôle régulièrement la température) dans laquelle il trempe crevettes, aubergines, pinces de crabe, anguilles et autres choses, après les avoir enduits de la pâte qui va bien, préparée devant nous également. A côté, deux français de Paris, et une autre mariée à un américain et vivant aux Etats-Unis. Ce dernier couple partira peu de temps après notre arrivée, et nous passerons la soirée à discuter avec l'autre, elle étant photographe, et lui travaillant pour Canal Plus. Nous leur raconterons nos aventures, leurs yeux plein d'enthousiasme et de curiosité sur les préparatifs, les choix que nous avons faits etc...à tel point qu'en sortant du restaurant, après avoir fait une centaine de mètres ensemble puis pris notre métro, nous ne saurons plus bien (mais pas au même moment) dans quel pays nous sommes, pendant quelques instants. Impression furtive, bizarre. L'occasion de réaliser que, depuis notre départ, nous n'avons pas passé une soirée à parler français, et uniquement français, à penser français, et à être avec des français.


Pendant le repas, la personne s'occupant de nous (nous tous dans la pièce), vient nous voir régulièrement pour nous expliquer quelle sauce va avec quel tempura, dans quel ordre les déguster, comment boire la soupe au miso rouge... . Quand, une fois le repas terminé, elle nous fait signe de passer dans la pièce à côté pour boire un thé et prendre le dessert, nous nous apercevons que nous sommes dans un ryokan. Nous enlevons nos chaussures, puis enfilons de petits chaussons, et nous asseyons, toujours avec le couple de français, autour d'une table au milieu de laquelle trône une énorme théière, posée sur des braises incandescentes. Le décor est feutré, rafiné, japonais. Nous nous asseyons par terre, mais le sol est creusé, pour pouvoir mettre ses jambes et être assis normalement. Génial comme impression. Un peu après, la "geisha", accompagnée d'une autre, nous propose de visiter le jardin japonais juste à côté. Quelques pas sur le sol en teck, afin de longer sur quelques mètres les arbustes et le reste de ce décor que nous aimons beaucoup. Nous terminons tranquillement notre thé, aurions bien pris un peu de saké avec Delphine et Arnaud, mais ne pouvons pas, n'étant pas clients du ryokan. Nous payons, puis partons après de nombreuses inclinaisons réciproques du buste, et une photo souvenir.


Nous ne faisons pas long feu, d'autant que les matelas sont confortables, et que nous nous levons demain, pour visiter au maximum.

 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0