La Chine et sa langue

Par Fred


Après quelques jours ici, à regarder, entendre parler dans la rue, et discuter avec des européens étudiant le chinois, je voulais vous dire quelques mots. Le chinois, c'est un système de pensée complètement différent. Comme toutes les langues, celle-ci est la traduction directe de la manière dont un peuple pense, conçoit et exprime ce qui l'entoure. La manière de communiquer est la traduction immédiate, comme partout, de la manière de penser. Et c'est là que ça devient intéressant, quand, sans rien être capable de décrypter oralement ou visuellement, on comprend juste que cette manière de penser est à mille lieux de la notre.


Ici, il n'y a pas de conjugaison. Comme est-ce possible ? Je ne saurais vous dire. Non plus parvenir à le concevoir. On ne m'en a pas assez dit. Sniff. Un français, un soir à la guesthouse, m'expliquait par exemple qu'il avait un mal fou à expliquer à un chinois le passé composé. Incroyable, pour quelqu'un comme moi qui n'ait étudié que de l'anglais ou de l'espagnol, donc des langues latines ou anglo-saxonnes, relativement comparables dans leur structure, par rapport au système chinois ou japonais. Ces derniers ont d'ailleurs trois "alphabets", dont les idéogrammes chinois. 


Le chinois est une langue tonale. Cela signifie que tout est dans le ton. Il y a 10 dialectes différents, même si le mandarin a une place importante. Il y a 4 tons majeurs, très prononcés. Quelqu'un m'a fait entendre la différence, mais je n'ai pas tout perçu, cela m'a semblé particulièrement subtil. Après, c'est aussi le cas pour un étranger ne connaissant rien au français, en lui expliquant le "é", le "è", ou le "e". Question d'habitude. Il existe néanmoins ici des tonalités que nous ne connaissons pas. Cela est vrai là aussi dans bien des langues, mais cela semble être encore plus le cas ici.


Mais le plus dur n'est pas là. Ce sont les idéogrammes. C'est une chose que de parler, s'en est une autre que d'écrire. Car, contrairement à ce que nous connaissons, un idéogramme ne se prononce pas comme il s'écrit, ou vice-versa, comme c'est globalement le cas chez nous, puisque nous sommes dans cette partie du monde dans un système complètement différent dans sa structure. Je veux dire par là que chez nous, un mot peut être prononcé en le lisant, car il s'écrit plus ou moins comme il se prononce. Ce n'est pas du tout le cas ici. Cela implique que tout passe par la mémoire. Pour connaitre un idéogramme, il faut l'apprendre. Impossible de le prononcer, ni de connaitre sa signification, si on ne l'a jamais vu. Tout est donc basé sur la mémoire. Ca aussi, c'est fou pour moi. Et les phrases ne sont justes que des associations d'idées, car chaque idéogramme signifie quelque chose. Un prénom a donc un sens, car c'est une association d'idées. Par exemple, Mao Zedong veut dire "homme né pour diriger l'Est". De même, l'un des étudiants avec lequel je discutais m'expliquait que son prénom ici n'était pas Jérôme, mais "Ro-Ger". Pourquoi ? Car deux idéogrammes, prononcés "Ro" et "Ger" (pour faire simple), signifiaient "homme imposant". Cela lui plaisait, donc il avait choisi ce prénom. Le mot "train" s'écrit (et se prononce) "feu"+"véhicule". Le mot "ordinateur", c'est "électricité"+"machine".

 

Sans mentionner la beauté du geste en voyant quelqu'un écrire, et également dans les formes en regardant des idéogrammes ultra compliqués.


Le chinois, c'est fou et extrêmement intéressant.... grosse envie d'en savoir plus...

 

 

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