Le trek vu par Audrey

Bon alors, le trek c'est pas vraiment une partie de plaisir ! On monte, on descend, on remonte pour redescendre ! Déjà, rien que le départ de l'aéroport n'est pas très rassurant : petit avion à hélices de 15 places environ et avec comme référence : le même vol que nous s'est écrasé il ya moins de 2 mois, youpi et stresss !!! Finalement, tout c'est bien passé même si, à mon goût, les montagnes étaient bien trop proches, et la piste bien trop courte.

 

Après, c'était parti, bien sûr pour moi qui n'avais jamais vraiment fait de rando, encore moins de trek, et qui n'avais pas mes chaussures à talons. C'était le grand changement ! Les premiers jours c'était sympa, c'est pas non plus la promenade tranquillou, on en bave un peu quand même avec ce nombre incalculable de marches ! En fait, le trek dans l'Himalaya, c'est un peu comme les parks Disney, dans les files d'attente avant les attractions il y a toujours une autre file après ce que l'on pense être le dernier tournant. Ben là, c'est pareil : après avoir contourné une montagne, il y en a encore une autre, voire plusieurs à faire avant d'arriver. Mon truc c'était de me fixer des objectifs, style "là, je dois aller jusqu'au gros rocher au loin"...

 

Niveau exercices physiques, c'est pas mal, les gambettes travaillent, oubliez les heures de stepper les filles, là en 1h, c'est puissance 10 ! Donc on marche, on descend (etc... vous avez compris) puis finalement on arrive. Les lodges, ne vous attendez pas au grand luxe, mais c'est suffisant : en gros 2 lits et voilà (et le top, une couverture en plus). Niveau féminité et hygiène, il faut plutôt faire une croix dessus : la douche c'est une, voire deux fois en tout (ben oui, la douche froide quand il fait 0°C ça donne à réfléchir !), les toilettes au début ça ressemble un peu aux nôtres, et au fur et à mesure, on se retrouve devant un trou, où il ne faut pas mettre de papier toilettes (un seau sur le côté est destiné à le recevoir, une bassine remplie d'eau sert pour l'évacuation manuelle, et je vous laisse imaginer les odeurs !), pour celles qui se lavent les cheveux tous les jours oubliez aussi, ce sera avant de partir et au retour, d'où bandanas indispensable ! Voilà en gros pour les petits trucs du quotidien !


Après, bien sûr, il y a le trek en lui-même, et là c'est quand même sympa de marcher pour se retrouver devant des paysages que je n'aurais jamais imaginé voir, rencontrer des gens qui n'ont aucune idée de comment peut-être la vie ailleurs (et qui ne s'en portent pas plus mal), revoir tous les soirs d'autres trekkeurs, d'échanger avec eux, de se soutenir dans les moments difficiles...


Alors oui, c'est pas facile, la tête tape vers 4000m (pour moi), on a moins d'oxygène, et donc il faut bien tout ralentir, sinon ça devient vite pire. Les nuits, il ne faut pas bouger trop vite, sinon la tête vous rappelle à l'ordre. Mais au fur et à mesure des jours, on voit les paysages changer, la végétation et les animaux ne sont plus les mêmes, il y a beaucoup moins de villages, on se retrouve vite seul au milieu de ces montagnes enneigées qui se retrouvent de plus en plus proches de nous. Ah oui, il y a aussi les ponts suspendus, ma grande hantise, et les chemins étroits au bord du précipice ! Mais bon, il faut bien avancer, donc on y va tout doucement au début, les jambes tremblantes, le regard fixe sur mes pas ou au loin (surtout pas en bas !), une main sur la rambarde et l'autre qui tient fermement les bâtons. Bâtons qui me sont vite devenus indispensables. Dans les montées, ils nous aident à surmonter toutes ces marches, et dans les descentes, ils protègent mes genoux ! Les ampoules, oui j'en ai eues, deux assez grosses aux talons mais bon rien, à voir avec les pieds en sang dans les pointes pendant des heures de répétitions du Lac des Cygnes ! Après, quand c'était dur, ce n'était pas non plus comme danser avec un pied cassé (si vous voyez ce que je veux dire !) excepté peut-être le dernier jour, pour monter ce fameux pic de 5350m d'altitude. Ce n'était pas une souffrance comme celle connue que je sais (malheureusement) bien gérer (entorses, fractures...), mais une autre difficile à expliquer. C'est long (très long), ça monte beaucoup (très à pic), on ne sait pas et on ne voit pas quand on va arriver, il fait (souvent très) froid, par le manque d'oxygène on va tout doucement ("very bistaré"), et puis bien sûr la tête qui tape. Alors une fois arrivée, ben oui, les nerfs ont lâché, les larmes ont coulé car c'était dur mais je l'ai fait, et quelle fierté quand même. De là-haut, j'ai pu voir l'Everest comme personne ne pourra le voir s'il ne fait pas toutes ces journées de marche et cette longue et interminable montée. Tous ces pics enneigés autour de nous, et les fameux lacs que j'attendais tant.

 

Ensuite, pas vraiment envie de descendre, on est pas mal finalement là-haut, la vue est à tomber, tout le monde est heureux d'y être arrivé, une certaine quiétude règne. Après quelques grands écarts et un petit moment de musique, il a fallu redescendre (je lance donc un défi : qui pourra chanter et poser en grand écart à plus de 5000m d'altitude? allez au boulot !!!). Et la descente fut longue, un peu comme si le but ayant été atteint, le reste n'était plus intéressant. Cela ne dura qu'une heure, et pourtant je n'en voyais plus la fin. En croisant les autres qui montaient, certes je les encourageais, leur disais que cela en valait la peine mais au fond de moi je me disais : les pauvres, vous allez en baver c'est encore loin ! 


Une fois installé dans le lodge, je me suis endormie, tout s'est relâché. Et puis il a fallu repartir, le pire moment pour moi je pense. C'était trop long, trop loin, le guide nous avait lâché, était très loin devant, nous laissant seuls, fatigués. Je ne pouvais plus porter mon petit sac à dos (de 3kg environ) (merci, Fred d'avoir pris le relais) et étais en colère contre notre guide qui nous avait dit que ce serait rapide ! Et puis les jours suivants, on descend (on remonte aussi bien sûr, normal) et c'est là que j'ai été un peu malade (allez comprendre) : vomissements, tête qui tape de plus en plus, et le visage qui gonfle ! Et voilà, tout doucement, on retourne à notre point de départ pour reprendre ce petit fameux avion qui ne me laissera tranquille qu'après l'atterrissage à Katmandou. 


Donc finalement ce trek, quelle expérience quand même! Quelque chose que je n'aurais jamais pensé faire, une destination où je ne pensais jamais aller. Et puis je l'ai fait! C'était dur mais c'était beau. Est-ce que je le referai ? Aujourd'hui, il est peut-être trop tôt pour le dire, pas assez de recul. Là, je dirais sans la dernière montée, d'accord allons-y; mais qui sait, je n'avais quasiment jamais porté de basket, de chaussures de randonnée, et je me suis retrouvée à 5350m d'altitude face à l'Everest! A suivre donc... 

 

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Commentaires: 6
  • #1

    Isabelle - Ferrières (mardi, 20 novembre 2012 13:51)

    Bravo, félicitations pour cet exploit.
    J'espère que tu vas vite récupèrer avant d'attaquer la cuisine indienne.
    On a hate de lire la suite.
    Gros bisous

  • #2

    JM- Cousin (mardi, 20 novembre 2012 13:52)

    Récit de malade, j'avais l'impression d'être avec toi (et tes douleurs, doutes, joies)
    Surtout pour un Newbie comme moi ! hate d'entendre la suite de tes avis !

    J'ai une idée de rubrique : les bons petits conseils d'Audrey :-)

    Bon repos en Inde...

  • #3

    Olda cellula (vendredi, 23 novembre 2012 23:20)

    Bisouuuuu!!!!

  • #4

    castillo (jeudi, 29 novembre 2012 16:59)

    Bonjour Audrey! (maman de Julien du même nom).
    On ne te connaissait pas dans de telles tenues vestimentaires, mais le sourire reste le même!
    Bravo pour ce voyage que vous nous permettez d'imaginer!
    Bises, maman Castillo.

  • #5

    marie (samedi, 01 décembre 2012 22:08)

    Bonjour Audrey. Tout simplement admirable ! Courage et détermination habituels en toute occasion. Mais il faut avouer qu'on ne t'attendait pas dans ce domaine. En tout cas bonne continuation et merci de nous faire partager ce grand défi. Bises à tous les deux. Marie carrebl.

  • #6

    Karine (jeudi, 13 décembre 2012 14:11)

    Bravo a tous les deux
    Pensées depuis Paris ou il fait froid...