J43 - Surfing hard

Grand jour aujourd'hui, le plus attendu en tous cas par Fred, car des vagues de 2 mètres ou plus sont attendues. Pas question de rater ça. Premier réflexe au réveil, à peine descendus dans la salle où nous pouvons capter internet (la connexion n'est pas bonne dans la chambre), consulter sweelnet pour avoir confirmation que ça va être bien. Réponse, oui, mais un peu moins qu'attendu. Mince. Bon, pas grave, on va quand même y aller, surtout qu'à partir de demain, il se remet à pleuvoir. Dernière chance donc d'être dans l'eau, de se baigner, et de profiter, bien que le temps soit clairement moins sympa qu'hier. Il y a en effet pas mal de nuages un peu partout, mais la couche n'a pas l'air trop épaisse. Nous faisons donc le trajet habituel, n'oubions pas de prendre nos sandwhichs, et arrivons à 10h à Manly. Il y avait bien moins de monde d'ailleurs sur le ferry. En arrivant, plutôt que d'aller tout de suite sur la plage, nous traînons un peu et nous arrêtons boire un chocolat chaud, qui s'avère divin, avec une épaisse couche de crème sur le dessus (environ 3cm). Miam. D'ici, on ne voit pas bien s'il y a des vagues, mais il semble que ce soit quand même plus gros que les autres jours. Après avoir payé, et en s'approchant près du bord, effectivement, il y a quelques beaux murs d'eau, relativement réguliers. Il y a moins de monde dans l'eau, et sur la plage également. Cependant, au fur et à mesure que les heures vont défiler, la plage va se remplir. Et le soleil se montrer, contrairement à cette fin de matinée. L'ambiance est différente. On sent que l'océan montre un peu plus sa puissance, notamment lorsque l'on voit quelques surfeurs glisser tout le long des vagues, littéralement de notre droite vers l'autre bout à gauche, ou encore lorsque l'on aperçoit la tête et la planche de certains dans l'eau, et la manière dont ils sont soulevés lorsque la lame passe sur eux. Ca a l'air sérieux. L'autre détail révélateur, c'est qu'il y a aujourd'hui presque trois plans d'eau, quand on regarde la mer : un premier, pas très loin, avec de l'écume (en fait un petit mètre) arrivant vers vous, un autre, un peu plus loin, où certaines vagues cassent en s'enroulant joliment, et un autre, derrière, encore plus loin, où l'on peut voir arriver la vague d'après, souvent bien plus foncée, depassant déjà la précédente en terme de hauteur, et qui s'apprête à breaker (et parfois se mettant déjà à casser). Parfois, cela se calme un peu, mais lorsque l'on est sur le sable, voire les pieds dans l'eau, ça devient plutôt impressionnant. Les surfeurs présents s'en donnent à coeur joie, et certains font de belles figures. Fred essaie de capter un peu tout ça en vidéo, ou en photo, sans gros succès, et ne s'attarde pas, car son envie d'y aller le rattrape. Il va donc louer un body et une combi, ainsi que les palmes qui vont avec, car il va falloir passer la barrière avec de pouvoir se mettre en position. Pour Audrey, ce sera lecture et bronzage (si les nuages veulent bien partir un peu), car elle se ferait probablement balayer en moins de deux secondes, vu parfois qu'elle avait du mal à progresser les derniers jours. La plage est aujourd'hui en outre interdite aux baigneurs. Fred se lance à l'eau, et mesure déjà la distance qu'il va falloir parcourir pour passer le mur. Après un peu moins de dix mètres, l'eau au niveau de la taille, les restes des vagues, sous forme d'écume blanche déferlante, l'oblige déjà à bien tenir ses pieds dans le sable, sous l'effet de la poussée. Rien que là, on sent la puissance de l'eau. Il progresse un peu, et se met sur la planche pour avancer grâce aux palmes. Re-belote, une vague d'écume arrive, toujours plus grande et chaotique (mais régulière dans sa largeur, tout le long de la plage), l'obligeant à se mettre sous l'eau à la dernière seconde pour éviter d'être emporté et perdre tout le terrain gagné. Il vaut mieux essayer d'être un petit mètre sous l'eau pour ne pas revenir en arrière, car sinon, c'est comme une avalanche. A chaque fois, il sent l'eau rouler au dessus sa tête. Il parvient néanmoins à progresser pendant les moments plus calmes, où il tente d'accélérer, mais à chaque fois, systématiquement, une vague bien plus grande, un mur d'eau, dont on ne mesure la taille que lorsqu'on s'en approche, arrive, transporte les surfeurs là-bas vers le haut (ils disparaissent ensuite derrière), et vient casser méchamment ving mètres devant. Ca veut dire dans les dix secondes qui suivent un mètre d'écume qui arrive à toute vitesse. Et quand on est sur une planche, avec la tête au niveau de l'eau, c'est d'une part parfois impressionnant, mais surtout épuisant de devoir plonger pour le laisser passer, puis se remettre à pagayer ou palmer avant le prochain. Et généralement, après une période un peu calme, ce sont trois ou quatre grosses vagues, bien grosses, qui déboulent et arrivent. Et quand il arrive à passer la déferlante blanche, avec ensuite une "mer d'huile" bleu clair et blanche sur les dix mètres devant, c'est un courant sérieux qui le tire vers le rivage. Conséquence, on nage à contre courant en essayant d'avancer avant la prochaine, mais on fait du sur-place et on s'épuise, surtout qu'il va falloir dans 10 secondes de nouveau retenir sa respiration et mettre la tête sous l'eau. On est vite essouflé. Tourner la tête parfois pour voir où l'on en est par rapport à un ou deux repères visuels est un peu démoralisant, car la plage en fait n'est pas très loin, et la progression totale faible, au regard des efforts. Pendant 40 minutes, il essaie donc de progresser, sans succès, et décide donc de rentrer se reposer. Il ne s'agit pas non plus de prendre des risques inconsidérés, surtout qu'un long tuyau est émergé pas très loin, recouvert de corail, et pourrait être dangereux. Il retourne donc voir Audrey, laissant derrière lui le bruit rugissant des vagues. Ca va être dur de passer la barrière aujourd'hui, à moins que cela ne se calme. Audrey reste allongée sur la serviette, et lui retourne sur le bord regarder les surfeurs et le roi des océans, le Pacifique. Encore une fois, différents plans se forment et se suivent en regardant au loin. Quand on voit les surfeurs assis sur leur planche à attendre la vague, ou certains debout en train de surfer, on s'aperçoit que certaines mesurent probablement trois bons mètres. Imaginez-vous avoir de l'eau jusqu'au cou, et voir un mur d'eau d'une telle taille arriver. Impressionnant, mais safe quand vous avez passé le break. Beaucoup plus dangereux par contre quand la vague casse à votre niveau, ou juste avant. Les éléments sont souvent superbes à observer. C'est le cas aujourd'hui, même si ce n'est pas du tout la tempête. Cela permet d'ailleurs d'avoir des vagues plutôt régulières les unes après les autres. C'est néanmoins un peu frustrant, car en descendre une ou deux doit être terrible.

 

Après une demi-heure, il décide de ré-essayer, en passant par un autre endroit, un peu plus sur la gauche de la plage, là où les vagues terminent leur course, où elles cassent en dernier, afin d'éviter de prendre le swell de face au niveau de la crête. Il lutte toujours sérieusement, alors que certains surfeurs entrant dans l'eau avancent bien plus vite grâce à leur planche plus grande, offrant une meilleure flotabilité et moins de trainée, et lisent sûrement les vagues mieux que lui. Malgré tout, en persévérant, il arrive enfin à passer. Ouf, enfin, victoire. Le plus dur a alors été de passer l'endroit où l'eau retombe, puis les moments où le mur d'eau tombe presque sur lui. Après, c'est beaucoup plus facile. Les lames qui arrivent vous font monter, en ne voyant rien devant vous que l'eau, puis redescendre d'un coup, un peu comme sur un bateau. Là, tous les surfeurs attendent et scrutent l'horizon. A certains moments, quand une plus grosse que les autres arrive, ils la laissent passer et avancent vers le large, dans un mouvement général, pour être en bonne position pour la suivante, souvent encore plus grosse, et qui cassera plus tôt à cause de sa taille. L'effort paye, car voir l'eau arriver, se dire que c'est son tour, se mettre à pagayer, en regardant vers le bord, se sentir monter d'un coup, mettre le coup de boost, et se sentir partir avec l'accélération qui vous propulse, puis accompagner alors la vague dans son avancée (la clé est de partir et de rapidement se pencher un peu d'un côté, pour ne pas aller tout droit mais au contraire en diagonale) est jouissif. Le moment de glisse semble interminable. On se sent haut, et on voit clairement l'eau se mettre à la verticale juste à côté de vous. Il vaut mieux cependant se jeter à l'eau avant la fin, car plus on avance, plus il va falloir lutter pour revenir, et repasser le break. Il arrive en tous cas à prendre trois belles vagues, puis préfère accompagner l'écume jusqu'au rivage en se laissant porter, car l'effort pour revenir au bon niveau devient trop important, épuisant, et du coup dangereux. Au final, même si beaucoup d'énergie a été dépenseé dans le vide et quelques doutes furtifs sur la confiance en soi sont survenus, la récompense, brève, est suffisante. Il revient voir Audrey excité.


Vers 13h, nous mangeons nos sandwhichs, posés sur la muraille qui surplombe la plage, en face des terrains de beach-volley. Nous voyons arriver les 3 français rencontrés il y a trois jours à la guesthouse, à qui nous avions proposé de nous rejoindre, pour qu'ils puissent voir Manly, et profiter des vagues. L'un d'entre eux va louer un bodyboard, et nous terminons l'après-midi ensemble. Fred et Mathieu, c'est son nom, sont dans l'eau à tenter de nouveau d'approcher les vagues, un peu moins importantes que ce matin. Peine perdue, c'est toujours aussi difficile. Mathieu connait assez bien l'Atlantique, et trouve clairement que les vagues sont ici plus puissantes. En fin d'après-midi, Fred préfère rendre la planche de body, et l'échange au magasin contre une (longue) planche de surf. Mieux vaut en effet de nouveau pratiquer ce que nous avons appris hier pendant le cours, au bord, et essayer de progresser, que d'être frustré et se fatiguer. Il ne sera de toutes manières pas possible de reprendre des vagues aujourd'hui. Avant de rentrer, nous leur faisons découvrir le plaisir du yaourt glacé, à Yogurland, sur la rue piétonne. Nous prenons le ferry, et retournons à Circular Quay. Il s'est mis à pleuvoir, et quelques éclairs balayent le ciel. Nous annulons donc notre projet d'aller tous ensemble à Darling Harbour, pour prendre un verre. Retour à la guesthouse, après un arrêt au supermarché Coles pour acheter de quoi dîner, en l'occurence un poulet roti, des pommes dauphine, et une bouteille de vin. Dans la cuisine, quand nous nous mettons à manger, tout le monde nous envie. Nous finissons la soirée avec les français, puis deux autres, à écouter de la musique, chanter et danser dans la salle commune. Vers 3h du matin, tout le monde est naze et rentre se coucher. 

 

 

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